Juin - Cinéma Le Zola

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Juin - Cinéma Le Zola
le
zola
cinéma
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T
A
I
OC
Pour le
cinéma
L’ÉMILE
N°56
JUIN 2011
ÉDITO
Voici le dernier Émile d’une saison qui fut bien pleine au cinéma le Zola. Des
fesvals qui vous ont (et nous ont) enchantés, de par la sasfacon d’associer
qualité de programmaon et réussite en termes de fréquentaon. En effet,
vous avez été nombreux à venir apprécier nos trois fesvals (court métrage,
britannique et ibérique), et nous espérons que vous avez noté les prochaines
dates de ces événements incontournables !
Mais si l’Émile part en vacances, le Zola ne ferme ses portes que fin juillet.
Vous aurez donc tout le loisir de revenir avant la rentrée. À bientôt !!!
www.lezola.com
UNE SÉPARATION (Asghar Farhadi)
Un classique pas si classique...
Fabrice Cilpa
A-enon Grand film ! J'aurais même pu dire
« Aenon chef-d'œuvre » mais n'étant pas
tout seul dans mon salon en train d'écrire un
journal inme, je me dois donc naturellement de tempérer mon enthousiasme et
faire preuve d'un tout pet peu de sang
froid. Mais n'ayez crainte, pas trop quand
même.
Après La Fête du feu sor en 2006 et
l'inquiétant À propos d'Elly sor en 2010, le
talentueux réalisateur iranien Asghar Farhadi
revient sur le devant de la scène avec son
nouveau film Une Séparaon. Récompensé
par l'Ours d'or lors du dernier fesval de Berlin, Une Séparaon s'impose inévitablement
comme l'un des grands films de ce premier
semestre 2011. Brillant, puissant, intelligent,
Asghar Farhadi démontre de nouveau toute
l'étendue de son talent. À parr d'une histoire un brin ordinaire, le cinéaste iranien
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parvient une fois encore à orchestrer un film
d'une très grande ampleur dramaque.
Alors que Simin et Nader, un jeune couple
moderne de la classe moyenne, sont sur le
point de se séparer, Nader se retrouve dans
l'obligaon d'engager une aide à domicile
pour s'occuper de son père aeint de la maladie d’Alzheimer. Une situaon apparemment somme toute banale. Mais voilà, dans
la complexité d'une société iranienne raillée entre ses tabous, ses aspiraons et ses
contradicons, rien n'est jamais aussi simple.
Surtout lorsqu'il s'agit de mixité. Car en présence d'un homme et d'une femme, la
moindre situaon, le moindre événement,
peut immédiatement prendre des proporons démesurées. Qu'importe la généraon
ou la classe sociale. La pression morale et
religieuse écrase avant tout toute logique
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
LE FILM DU MOIS
humaine. Alors quand l'aide ménagère se
retrouve confrontée à devoir laver le vieil
homme de 80 ans devenu inconnent, elle
refuse d'abord tout acte qui impliquerait une
telle inmité, puis après l'avoir laissé mariner
seul dans son urine une bonne demi-heure,
elle se ravise mais décide d'abord d'en référer aux hautes instances religieuses afin de
s'assurer que la toilee du malade n'est pas
un pêché. Ainsi, tour à tour, le réalisateur
nous montre comment une acon qui relève
normalement de l'inconséquence peut se
transformer en enjeu complexe et sibyllin.
Le cinéaste a très bien cerné cee absurdité
et prend un malin plaisir à nous enfermer
dans l'angoisse et la frustraon de ses personnages. Déjà dans ses deux précédents
films - cités juste un peu plus haut - la caméra de Asghar Farhadi auscultait avec beaucoup de minue les maux d'une société qui
ne cesse de faire le grand écart entre rigorisme et modernité. Comme cee image
forte de Simin portant le voile tel un châle et
dissimulant son visage sous une imposante
paire de lunees Ray Ban. Mais ce qui est
encore plus intéressant chez Asghar Farhadi,
c'est cet art bien à lui qu'il a de brasser les
genres cinématographiques. Ses films sont
autant des drames, des études de mœurs
que des thrillers.
Alors si vous souhaitez faire la rencontre
d'un cinéaste qui n'a pas peur d'emprunter
les chemins les plus inaendus, n'hésitez
plus, vous savez maintenant ce qui vous
reste à faire !
À noter que les deux acteurs principaux du
film se sont également vu remere les Ours
d'argent du meilleur acteur et de la meilleure actrice.
Une Séparation (Jodaeiye Nader az Simin, Iran,
2011 — 2h03)
Scénario : Asghar Farhadi
Réalisation : Asghar Farhadi
Musique : Sattar Oraki
Avec : Leila Hatami (Simi), Peyman Moadi (Nader),
Shahab Hosseini (Hodjat), Sareh Bayat (Razeh),
Sarina Farhadi (Termeh), Babak Karimi (le juge)...
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CINÉQUIZZ
: LE CINÉMA IRANIEN
CINÉ
Rassurez-vous, ici il n'est absolument pas queson de nucléaire civil ou militaire ! Mais juste d'un pet quizz qui vous perme-ra tout de même de mesurer votre taux de «cinéacvité».
1) Quel est le tre du film musical réalisé en 2009 par le cinéaste Bahman Ghobadi ?
a. Les Chiens persans
b. Les Chats persans
c. Les Rats persans
d. Les Aigles persans
2) Séleconné parmi les membres du jury à Cannes en 2010, quel cinéaste retenu en prison par les autorités
de son pays a dû laisser sa chaise vide pendant toute la durée du fesval ?
a. Abbas Kiarostami
b. Mossen Makhmalbaf
c. Jafar Panahi
d. Nuri Bilge Ceylan
3) Quel est le tre du film d'animaon franco-iranien réalisé en 2007 par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud ?
a. Polisse
b. La Perse et le Lys
c. Une Iranienne
d. Persepolis
4) Parmi ces cinéastes, lequel n'est pas de naonalité iranienne ?
a. Fah Akin
b. Asghar Farhadi
c. Niki Karimi
d. Mossen Makhmalbaf
5) Avec quel film Abbas Kiarostami obent en 1997 la Palme d'or à Cannes ?
a. Le Goût de la cerise
b. L'Anguille
c. Le Goût du saké
d. L'Enfant
6) Parmi ces cinéastes, lequel est le père de deux jeunes réalisatrices dont les oeuvres sont : A cinq heures de
l'après-midi, Le Tableau noir, La Pomme ou encore Le Cahier ?
a. Abbas Kiarostami
b. Jafar Panahi
c. Mossen Makhmalbaf
d. Bahman Ghobadi
7) Avec quel film Jafar Panahi remporte-t-il le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 ?
a. Le Cercle
b. Le Triangle
c. La Ronde
d. Le Carré
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8) Quel trio d'actrices prête sa voix au film Persepolis ?
a. Annie Girardot, Jeanne Moreau, Sophie Filières
b. Danielle Darrieux, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni
c. Michèle Morgan, Nathalie Baye, Valérie Donzelli
d. Marthe Villalonga, Isabelle Huppert, Charloe Gainsbourg
QUIZZ
9) Quelle est la parcularité du film Ten de Abbas Kiarostami ?
a. Le film est composé de 10 séquences
b. La durée du film est de 10 minutes
c. C'est le 10ème film du réalisateur
d. C'est un remake des « 10 pets nègres»
10) Réalisé en 2006, que dénonce le film Hors-jeu de Jafar Panahi ?
a. L'interdicon pour les femmes de monter en vélo
b. L'interdicon pour les femmes d'entrer dans un stade de football
c. L'interdicon pour les femmes d'aller à la piscine
d. L'interdicon pour les femmes de jouer en jupe au tennis
11) Grâce à quel film de Abbas Kiarostami Julie-e Binoche remporte-t-elle en 2010 le prix d'interprétaon
féminine à Cannes ?
a. Caché
b. Copie conforme
c. Code inconnu
d. L'Heure d'été
12) Parmi ces films, lequel n'a pas été réalisé pas Asghar Farhadi ?
a. À propos d'Elly
b. La Fête du feu
c. Une Séparaon
d. La Guerre du feu
Vous avez un résultat entre 7 et 10
C'est sûr, le cinéma iranien n'a aucun secret pour vous. Dès qu'un film venu de la lointaine Perse fait sont apparion sur les écrans, pas queson de laisser votre siège vide dans votre salle de cinéma préférée. Eh oui,
comme le dit un dicton iranien : Monsieur Mahmoud Ahmadinejad n'a qu'à bien se tenir.
Vous avez un résultat entre 3 et 6
L'Iran fait pare des terres de cinéma que vous n'avez pas encore complètement conquises. Vous y travaillez
mais ils vous reste un pet bout de chemin à parcourir. Alors, que diriez-vous de prendre rendez-vous À cinq
heures de l'après-midi devant Le Tableau noir pour une pete séance de rarapage ?
Vous avez un résultat entre 0 et 2
Sans mauvais jeu de mots, le cinéma iranien n'est pas votre tasse de thé. Pourtant, ce ne sont pas les parfums qui manquent. La Pomme par exemple vaut bien Le Goût de la cerise. Alors laissez-vous tenter une fois
pour toutes par ces effusions persanes, car leur arôme unique provient d'un fruit toujours fraichement Persé.
Réponses : 1b. 2c. 3d. 4a. 5a. 6c. 7a. 8b. 9a. 10b. 11b. 12d.
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BELLEVILLE TOKYO (Élise Girard)
Charles Lemaitre
En cee période presque esvale où le soleil et le beau temps raniment notre joie de vivre, nous
donnant envie de parr en vacances, de nous amuser et de rencontrer des gens, le Zola nous a concocté un pet programme pour nous remere les idées en place et nous rappeler le drame quodien
qu’est notre condion humaine : séparaons, deuils, drames familiaux se sont donnés rendez-vous
ce mois de juin dans votre salle obscure.
Dans cee veine, Belleville Tokyo d’Élise Girard nous raconte l’implosion silencieuse ou la
rupture molle du couple Tourelle. Elle, enceinte, aachée de presse dans un cinéma spécialisé dans les chefs d’œuvre classiques, lui,
journaliste dans une revue de sepème art et
poète velléitaire à ses heures.
Pour tout vous avouer, je suis assez dubitaf
sur ce film ; dubitaf, pour ne pas dire partagé
à moi tout seul. Aussi j’avais décidé de me forger deux anagrammes et de jouer à la fois les
« an » et les « pro » pour reprendre le bon
vieux plan classique thèse / anthèse / prothèse. Mais je m’aperçois que points forts et
axes de progrès (comme on dit dans ma boîte)
ne relèvent pas de la même approche, et que,
s’il est des films où le fond et la forme sont en
total accord pour abour à un senment géné6
-ral cohérent, Belleville Tokyo en est l’exact
opposé.
On découvre le couple sur un quai de gare ; il
part pour la Mostra, il lui dit qu’il la quie pour
en rejoindre une autre…. Il la laisse donc seule,
enceinte, entourée d’amis déplorables qui ne
trouvent rien à dire pour la réconforter (ce qui
donne à peu près « tu sais, c’est dur pour nous
de ne pas savoir comment t’aider, il faut nous
comprendre… »). Il y a pourtant les gérants du
cinoche où elle travaille (Philippe Nahon et
Jean-Christophe Bouvet dont on aurait aimé
que les rôles soient plus étoffés), deux vieux
cinéphiles bourrus mais débordant d’affecon
pour elle. Puis il revient. Sans explicaon. Et en
quelques tableaux il réussit à personnifier à lui
seul mauvaise foi, lâcheté, hypocrisie, cruauté,
égoïsme et puérilité, dans un jeu de va-et-vient
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AU PROGRAMME
avec elle, de rapprochements et de fuites, de mensonges et de colères aussi subites qu’inexpliquées
(« tu as l’air d’une baleine », « je voudrais que tu
sois morte », « essaye de comprendre pourquoi tu
me dégoûtes… fais un effort »)… Cernée de toutes
parts par un mari à la limite du cas pathologique et
des amis qui n’assurent pas, elle ne décide rien,
laisse venir, laisse menr, se laisse faire sans comprendre.
Elle reste mystérieusement stoïque face à ces caricatures, dans une a]tude de mère courage silencieuse. Alors forcément, ça la rend belle…
Car le film est beau, et rythmé. Élise Girard manie
bien l’espace, offrant un cadre à la fois précis et
rigoureux, sans pour autant être rigide à ces faux
dialogues qui s’achèvent toujours au moment où
l’un des personnages semble enfin prêt à s’expliquer ou à prendre une décision. Chaque séquence
est alors une nouvelle case de cee histoire inme,
un nouveau tableau qui s’oppose à la séquence
précédente, rythmé et sans temps mort, sans hésitaon ou atermoiement malgré l’effarant spectacle
de ce couple mangé de l’intérieur. Élise Girard alterne ainsi l’exposion des petes cruautés injusfiées, des velléités de retour à un apparent bonheur conjugal, des hypocrisies, sans jamais nous
lasser, ou nous donner envie de passer à la suivante. On reste fasciné, du début à la fin, comme
devant un microscope.
Élise Girard a été aachée de presse pour les
cinémas Acon, à Paris ; elle a puisé dans cee
expérience une pare de ce film à forte tendance
autobiographique ; pour l’autre pare, elle voulait faire un film loin des caricatures sur la situaon des femmes enceintes abandonnées par leur
mari. Souhaitons-lui juste d’être mieux entourée
que son héroïne.
Belleville Tokyo (France, 2011 —
1h15)
Scénario : Isabelle Pandazopoulos et
Élise Girard
Réalisation : Élise Girard
Musique : Bertrand Burgala
Avec : Valérie Donzelli (Marie Tourelle), Jérémie Elkaïm (Julien Tourelle), Philippe Nahon (Jean-Jacques),
Jean-Christophe Bouvet (Jean-Loup),
Dominique Cabrera (la mère), JeanPierre Girard (le père)...
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MON EXPERIENCE À CANNES...
Notre reportrice de terrain, Lorraine Lambinet, s’est rendue sur la Croisette pour en
prendre plein les mirettes. Et elle n’a pas été déçue. Retour sur expérience...
Après une 63ème édion plutôt morose et décevante, la
Palme revenant aux vies antérieures d'un certain Oncle
Bonmee et de nombreuses stars ayant décliné l'invitaon
du Fesval suite aux caprices de mère Nature, cee année,
autant dire que les beaux films, le glamour, les paillees, les
belles robes auront été au rendez-vous.
Magique, à l'image du film de Woody Allen, Midnight in
Paris, présenté en Ouverture. Un retour en grâce, entre
romansme et conte de fée, pour le célèbre new-yorkais
qui avait un peu déçu avec son précédent film et qui réussit
son Pari(s). Hors-compéon, le réalisateur refuse qu'il en
soit autrement, même si le film aurait amplement mérité de
concourir... Inspiré, Woody déclare son amour à Paris avec
ce voyage dans le temps à la rencontre d'Hemingway, Picasso ou Dalí. Un savoureux voyage qui augurait déjà de ce
grand voyage cannois qui m'aendait...
Cee 64ème aura été ma première expérience fesvalière
cannoise. Mon accréditaon en poche, me voici donc en
possession du sésame qui allait me permere de vivre, 4
jours durant, un rêve éveillé et magique, du moins le
croyais-je... Très vite, je réalise qu'en guise de sésame je me
retrouvais en possession d'un simple badge qui ne permeait pas grand chose si ce n'est celui de faire la queue
aux aurores dans l'espoir d'obtenir une quelconque invitaon pour une quelconque séance...
Donc pas queson de choisir et encore moins espérer voir
un film de la compéon officielle... Je n'aurai ainsi pas vu
Dujardin (même en noir et blanc et muet) dans le film de
Michel Hazanavicius The Arst (projet que j'aendais avec
impaence depuis un an et évoqué par son réalisateur lors
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de la Remise du Prix Jacques Deray pour OSS 117 à l'Instut
Lumière), ni Michel Piccoli en pape et encore moins Le Melancholia de Lars Von Trier... Je n'aurai malheureusement vu aucun de ces films et suis donc dans l'impossibilité
de vous en dire davantage...
En effet, pour ceux qui l'aurait oublié, on vous le rappelle
d'ailleurs assez vite, le Fesval De Cannes est un fesval de
et pour les professionnels. Ne sont crédités que les professionnels de la profession, comprenez les exploitants, journalistes ou producteurs.
Le Fesval de Cannes est une plateforme mondiale où,
pendant 10 jours, l'avenir des films se joue. Son Marché du
Film est l'un des événements les plus importants de l'industrie cinématographique mondiale, un lieu d'échange, de
rencontres et de négociaons pour les producteurs et réalisateurs du monde ener.
Les grands hôtels de la Croisee se transforment à cee
occasion en immenses panneaux publicitaires (la façade du
presgieux Carlton se négocie jusqu'à 45 000 euros la journée) et les rues en une scène géante où il n'est pas rare de
croiser un acteur célèbre, un présentateur viré d'une
chaîne de télévision ou encore un réalisateur en compéon. Je me suis ainsi abstenue d'aborder Robert Guédiguian, perdu dans les rues cannoises et à qui, en échange
de ma géolocalisaon, j'aurais aimé négocier une invitaon
pour découvrir son film Les Neiges du Kilimandjaro... Et
cela après avoir aendu 1h30 sous un soleil de plomb pour
voir le film de Valerie Donzelli, La Guerre est déclarée... en
vain. De ce film, je ne vous dirais rien non plus, mais je ne
m'inquiète pas, au vu des journalistes arrivés en dernière
minute et qui me sont passés sous le nez...
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
BLACK SWAN (Darren Aronofsky)
La magie cannoise a cependant et malgré tout opéré en
m'offrant de magnifiques films que je ne serai pas forcément allée voir de moi-même. J'aurai ainsi découvert
d'autres films, moins médiasés, mais tout aussi intéressants, dans des secons parallèles comme la Semaine de
la Crique (qui célébrait cee année son 50ème anniversaire et qui a révélé les non-moindres Ken Loach, Wong
Kar Wai ou Jacques Audiard) ou la Quinzaine des réalisateurs. Des cinématographies rares et exigeantes de jeunes
cinéastes souvent méconnus. Pour ces premiers films ou
seconds films pour la plupart sans distributeurs, Cannes
est une véritable rampe de lancement. Kaa Lewkowicz
(réalisatrice de Pourquoi tu pleures ? avec Benjamin Biolay et présenté en clôture de la Semaine de La Crique)
m'a confié que présenter un film à Cannes, c'est gagner 5
ans dans une carrière.
Autre découverte que celle de Clémence Poésy (loin des
grosses producons hollywoodiennes) qui incarne une
Jeanne d'Arc sans armure, cloisonnée dans son silence et
qui vit ses derniers instants avant de monter sur le bûcher
dans le film de Philippe Ramos, Jeanne capve.
Le film le plus incroyable (inspiré d'un fait divers) est 17
Filles de Muriel et Delphine Coulin : l'histoire de ces adolescentes d'un même lycée qui décident de tomber enceintes, en même temps. Un portrait de groupe à la fois
passionnant et dérangeant. Autre film (peut-être le plus
osé du fesval) qui aura fait se vider la salle en un temps
record, The Slut (traduisez “la salope” ou “la trainée”) de
l'Israélienne Hagar Ben Asher, sur les amours libres et
l'appét sexuel dévorant d'une mère de famille.
De belles surprises donc, souvent de beaux portraits de
femmes et de belles découvertes aussi avec des films pour
certains encore sans distributeur et dont les sores en
France ne sont, pour le moment, pas encore assurées...
mais comme à Cannes tout est possible... Paence !
Mon fesval à moi s'achèvera ici, avec des souvenirs plein
la tête et la chance d'avoir assisté à la séance hommage
au Fesval de Tribeca assise juste derrière le Président,
Robert De Niro... Vivement l'année prochaine !
J'aurai ainsi vu des films audacieux. Parmi eux, je reendrai le plus beau et le plus poignant (mais aussi le plus
glauque), récompensé à un Certain Regard, Halt auf Freier
Strecke (Arrêt en pleine voie) de l'Allemand Andreas Dresen (déjà remarqué en 2008 à Cannes avec 7ème Ciel) : le
récit des derniers mois de la vie d'un homme frappé par
une tumeur au cerveau.
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
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CANNES 2011
Si certains films de la compéon ne m'auront pas été
accessibles, c'était sans compter mon enthousiasme légendaire, ma passion insaable du 7ème Art et ma déterminaon sans faille, que j'allais, moi aussi et à mon tour,
gravir les marches du palais. J'en aurai ainsi tout de
même, vu deux qui concouraient pour la célèbre palme, si
l'un est une décepon, l'autre est une révélaon. Le premier, Footnote de Joseph Cedar (qui remporte pourtant le
Prix du Scénario) m'aura laissée insensible. Un film bavard,
maladroit et sans profondeur sur la rivalité entre un père
et son fils, tous les deux chercheurs.
Si les femmes étaient parculièrement à l'honneur cee
année (pour preuve, la récompense de Maiwenn pour
Polisse, que je n'ai également pas vu), j'ai été touchée par
un autre film de la compéon (qui repart pourtant perdant), celui de la britannique Lynne Ramsay. We need to
talk about Kevin brise les tabous de la maternité et offre à
Tilda Swinton, un beau portrait de femme, à travers ce
rôle de mère tourmentée dont le fils a commis un crime
atroce la veille de ses 16 ans. Une très bonne surprise que
ce film à la mise en scène maîtrisée et onirique et certainement un des portraits d'enfants les plus terrifiants que
le Cinema nous ait jamais livré. J'espérais un Prix d'interprétaon pour son actrice principale mais n'ayant pas vu
Kirsten Dunst dans Melancholia, je ne suis donc pas en
mesure de juger....
DU CINÉMA POPULAIRE A VILLEURBANNE...
Le 27 mai dernier, l’associaon Asiexpo invesssait le Zola pour le transformer en temple bollywodien et présenter un classique du cinéma d’exploitaon indien des années 70. Retour sur une soirée décalée autour d’un genre
incontournable et cependant sous-représenté du cinéma populaire.
Prenez les plans d’une machine ultra sophisquée au design très 1970, ajoutez un
joueur professionnel, une alerte à la
bombe, un mariage arrangé, un gang internaonal, un super agent des services secrets indiens, une danseuse espionne, des
jumeaux séparés à la naissance, des
courses poursuites en bateau ou en voiture, des casinos, des boules à facees, des
moustachus en chemise à carreaux et cravate à rayures ; étalez le tout sur 3 connents, saupoudrez de suspense, de romance et de comédie musicale et vous obendrez The Great gambler, le film de
Shak Samanta qui était présenté ce soir-là.
10
Mais ce qui aurait pu être une agréable
séance devant un film qu’on ne peut prendre qu’au deuxième voire au troisième degré, a rapidement viré à la soirée délirante.
Réagissant comme un seul homme, le public ponctuait chaque perfidie de « oooooo
ooooh » désapprobateurs, chaque baiser
d’applaudissements sinon émus, du moins
amusés. Pour les chansons, la salle se
transformait en dancefloor indie version
sevenes ; des micros, circulant dans les
travées, permeaient aux plus inspirés de
réviser intrigue, bruitages et dialogues sur
le vif… À l’entracte (on appuie sur le bouton « pause » et on rallume la lumière
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
quelques minutes), dans le hall, on pouvait prendre un thé, grignoter des samoussas et comparer les performances de postsynchronisaon.
Je vous avouerais que cela n’a pas aidé à
la compréhension du film déjà pas très
clair. Mais qu’importe, cee honorable
instuon labellisée GRAC, CNC, ACID,
ADRC, AFCAE etc. qu’est le Zola s’est
transformée l’espace d’un soir en dancingkaraoké-stand à casse-croûtes au plus
grand plaisir des spectateurs.
tout une envie commune de partager un spectacle.
Et quand le spectacle déborde à ce point dans
la salle, on ne peut qu’en redemander !
SOIREE BOLLYWOOD
Aujourd’hui, la simple évocaon de ces
hôtesses en sari, de cee séquence où un
chauve presque costaud et peint en noir
(si, si…) aaque le héros à la machee sur
des dialogues improvisés à l’arrache, me
rappellent une fois de plus que le cinéma,
ce n’est pas seulement un film, mais avant
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
11
LES DISPARUESPAR
DISPARUESPAR LOULOU
10. Juin 2011
(Résumé des épisodes précédents : Des bénévoles disparaissent, et tout le monde s'en
fout ! )
La nuit est belle, mais je n'ai franchement
pas le temps de l'admirer, non, vraiment
pas. Accompagné de Paulo, l'ami d'Olivier je
retourne fouiller la maison de Michel, le président de l'associaon, que je ne trouve vraiment pas blanc-bleu dans cee histoire de
disparions. Je n'ai plus de nouvelles d'Alain,
non plus de ma chère Pauline, et pour couronner le tout, Pascale, « le rire sonore » du
Zola, vient, elle aussi de disparaître. Si vous
pensez que je ferais mieux d'aller au bar
PMU « Le Zenith » afin de vous laisser tranquillement regarder votre film, vous avez
foutrement raison et je ne suis pas loin de
penser comme vous, mais Olivier, mais Pauline et toute ces disparues qui hantent mes
nuits depuis bientôt un an. Mon devoir
m'appelle ! Pour ne pas rencontrer l'irascible
voisine de l'autre soir, nous contournons,
cee fois, l'immense propriété de Michel.
Franchir la grille est un jeu d'enfant, et nous
nous retrouvons rapidement face à une pete porte à l'arrière de la maison. Paulo, qui
prend son rôle très au sérieux, commence à
sorr son matériel avec mille précauons.
Quand il me déclare pompeux : « Mate un
peu l'arste », je baisse le loquet de la poignée par automasme et évidemment la
porte qui n'était pas fermée s'ouvre sous le
regard furieux du pet repris de jusce, qui
pour masquer son irritaon, se la joue
« pet chef de gang ». « Toi, va voir les
étages, je m'occupe du rez-de-chaussée ». Il
commence à sérieusement me courir sur le
12
râble le pet malfrat. Malgré la grandeur
de la baraque, il ne me faut que quelques
minutes pour faire le tour des chambres.
Mais qu'est-ce que j’espérais trouver,
hein ? Par acquit de conscience, je fouille
en vain les roirs et les placards avant de
redescendre au rez-de-chaussée retrouver mon complice. Il a disparu le monteen-l'air et je vais l'appeler quand je vois
une porte ouverte, sur un escalier. La
cave sans aucun doute. J'allume ma frontale pour éviter de me prendre la gamelle
du siècle. C'est frais et humide, et je me
mets à chuchoter des « Paulo, Paulo » un
peu chevrotants. En bas je découvre en
premier lieu une pete pièce de terre
baue où sont stockés des milliers de
grands crus. Mince, il ne s'emmerde pas
le président. Plus loin, ma tête heurte un
objet qui fait tomber ma lampe. Je me
baisse pour la chercher à tâtons quand je
sens des goues qui me tombent sur la
nuque. Putain, c'est humide ici ! Je refixe
la lampe à mon front. J'éclaire mes mains
pour découvrir qu'elles sont poisseuses
de sang. Je vais prendre un malaise quand
les néons s'éclairent soudain me permeant de découvrir une charmante
scène bucolique : Paulo pendu par les
pieds à un croc de boucher, se vide tranquillement de son sang, dans une rigole
aménagée à cet effet. Il a la gorge ouverte d'une oreille à l'autre. Je suis en
train de me dire que j'ai bien fait de
mere des couches quand Michel que je
n'avais pas vu me demande d'une voix
enjouée : Alors, tu apprécies mon « pet
chez moi ? » D'un geste ample, il désigne
toute cee pare de la cave carrelée de
blanc avec son étal de boucher et ses
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
queson muee, il hoche la tête : « Oui,
cee année aussi. Il était bon, non ? » Je
serre les dents pendant qu'il me serre un
génépi de gala. « J'adore travailler la
viande. Alors, comme il y avait quelques
bénévoles qui me gonflaient parculièrement et que l'on ne peut compter chaque
année sur une bonne canicule, j'ai trouvé
ce moyen de nous faire un peu de fric, et
d’alléger l'associaon. Comme elles
n'avaient pas de famille, il n'y avait aucun
problème. » « Mais, Pauline ? » Il me regarde genment : « Ouais, Pauline, c'est
ma seule erreur. Mais elle buvait trop,
elle parlait trop et commençait à avoir
des soupçons. Comment m'imaginer
qu'un type comme toi allait se mere à
fouiller partout ? » Un long silence s'installe, bref hommage à ma pete fée avant
que je reprenne : « Et Alain ? Et Pascale ? » Il éclate de rire : « Tu n'es pas au
courant ? Ces deux-là cachent leur amour
sur une île en Méditerranée, tu me
prends pour un monstre ? » « Tu vas me
tuer, moi aussi ? Mais Olivier est au courant, tu es foutu. » « Pas sûr. Toi je t'aime
bien, si tu me promets de ne rien dire, tu
auras la vie sauve. Mais il faudra me
rendre un service tout d'abord ». Hébété
par tout ce que je viens d'apprendre (et
par l'alcool) je reste coi. « Arrange-toi
pour faire venir Olivier ici, cee nuit. Je
manque de viande. » J'ai pesé le pour et
le contre pendant quelques secondes,
mais qu'est-ce que vous auriez fait à ma
place ? Olivier fera un bon plat du jour
pour la rentrée prochaine, qui s'annonce
décidément, fesve et... gastronomique.
LA CHRONIQUE DE LOULOU
quatre ou cinq congélateurs. Michel se
lave les mains dans un grand évier en
m'invitant à faire de même. « Allons làhaut, je finirai plus tard, nous avons à discuter. » Je me dis que ma seule chance de
m'en rer, c'est Olivier. Oui, vous pensez,
comme moi, hein ? : que je suis fichu !
Dans la cuisine, Michel m'invite à
m’asseoir en sortant deux verres et une
bouteille poussiéreuse. « C'est une pete
poire que je fais moi-même. Après tu
goûteras mon génépi ». Je suis terrifié, j'ai
mille quesons à poser, mais je ne peux
faire de phrases : « Tu, tu, tu, tu... »
« Bois, tu parleras après. » Sans réfléchir
je m'enfile la valeur d'un verre à vin de sa
gnôle. La brûlure me fait venir les larmes,
alors il rit. Oui, il rit. Le boucher au mains
souillées de sang rit, comme si tout cela
n'était qu'une blague. Je vais me réveiller,
c'est certain. L'alcool m'a donné du courage : « Mais Michel... Ne me dis pas... »
« Quoi ? Évidemment que j'ai tué Paulo,
je n'aime pas les fouille-merde ! » Il me
remplit mon verre avant de se lever pour
prendre une nouvelle bouteille : « Du génépi, cueilli avec amour, dans la montagne ! » « Mais, Michel, on ne peut
pas... » Il rugit : « Mais si, on peut. La
preuve ! Commençons par le début, j'ai
un BEP de boucherie et des frangins chasseurs. Alors, c'est moi qui depuis toujours
m'occupe de la viande. Quand je suis devenu président de l'associaon, la première bénévole c'était un accident. Je te
le jure, elle a glissé dans l'escalier. Alors,
comme on approchait de la fiesta ibérique et que l'on avait besoin de fric, j'ai
eu l'idée du chili con carne. J'ai l'estomac
qui se révulse, et comme il comprend ma
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L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
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L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
QUI SOMMESSOMMES-NOUS ?
Le cinéma Le Zola est géré par l’Association Pour le Cinéma. Ses membres, volontaires et bénévoles s’investissent pour maintenir cette salle de proximité de 240 places en veillant à la qualité de la programmation.
L’Association Pour le Cinéma est membre du GRAC (Groupement Régional d'Actions Cinématographiques)
qui fédère 52 salles afin de préserver une certaine idée de la qualité et de l’indépendance.
Nous vous proposons une programmation “art et essai”, des courts-métrages, des films en version originale
sous-titrée, des animations avec des réalisateurs et des professionnels, des classiques et tout cela dans de
bonnes conditions de projection (grand écran, son numérique). Le cinéma est accessible aux personnes à
mobilité réduite (plain-pied, toilettes équipées, places de parking).
Nous organisons tous les ans trois festivals :
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Le Festival du Film Court (créé en 1979) se déroule en novembre, et dure 10 jours. Il est reconnu parmi les 5 meilleurs festivals de ce genre en France.
Le Ciné O’Clock, Semaine du Cinéma britannique et irlandais (créé en 1995) se déroule en février.
Les Reflets du Cinéma Ibérique et Latino américain (créé dans les années 80) se déroule en mars et
dure 15 jours. De nombreuses manifestations artistiques l’accompagnent : expositions, rencontres,
moments musicaux…
Le Zola bénéficie du soutien de partenaires institutionnels : la Ville de Villeurbanne, la Région Rhône-Alpes,
le Conseil Général du Rhône, le Centre National de la Cinématographie, le Ministère de la Jeunesse, de l’Éducation et de la Recherche, la Direction Régionale des Affaires Culturelles et de nombreux partenaires privés.
I N F O R M A T I O N S
P R A T I Q U E S
Tarifs : 6.50 € tarif normal ▪ 5,50 € tarif réduit (chômeurs, étudiants, - 26 ans, - 18 ans, + 60 ans) ▪ 4,20 € tarif
enfant (-14 ans) ▪ CinéCiné-Carte 29€10
29 10 les 6 places ou 45€
45
les 10 places (valable 1 an, nonnon-nominatif)
Réduction pour tous le mercredi (5,50€)
Une prévente est possible, une semaine à l’avance pour les séances signalées par une étoile dans le programme
du Zola (hors période de festival).
Proximité du métro (Ligne A / station République), garages à vélos et nombreuses stations Velo’V à proximité,
parking (piscine Boulloche, entrée rue Francis de Pressensé).
B u l l e t i n
d ’a d h é s i o n
a n n é e
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Retournez-nous ce coupon dûment complété, accompagné du règlement de la cotisation (16 €).
Nous vous enverrons votre carte par retour de courrier.
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Souhaite adhérer à l’Association pour le Cinéma pour un montant de 16 euros. L’adhésion est valable du 1er
janvier au 31 décembre de l’année en cours.
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LE MOT D’ÉMILE
Lors de ma dernière séance de réflexologie plantaire, benoîtement bercé par la main experte de
cette adjointe au maire d’une petite commune de la lointaine banlieue ouest (qui cumule ainsi
deux fonctions par obligation), je me sentais gagné par une douce euphorie somnolente propice
à la rêverie. À ce moment-là, je ne saurais dire pourquoi, j’ai pensé au film L’Empreinte du Dieu
que j’ai vu très jeune adolescent. Ce drame de 1940 (je l’ai vu beaucoup plus tard !) de Léonide
Moguy raconte l’histoire de deux sœurs de lait, Wilfrida et Karelina. La première est mariée à un
ingénieur, Van Bergen, et la seconde est l'épouse d'un cabaretier-contrebandier, Gomar. Le jour
de l'arrestation de Gomar, Karelina se réfugie chez sa sœur. Une histoire d'amour va commencer entre Karelina et Van Bergen. Le schéma classique s’installe alors : adultère puis enfant illégitime (non reconnu par le géniteur). Enfoncé dans mon fauteuil, dominé par ce « dieu », je sentais confusément qu’il se passait quelque chose que la morale de l’époque n’acceptait pas. Incapable de comprendre les sentiments qui animaient les personnages, je suis sorti bouleversé de
cette séance, et je me demande si mon goût actuel pour le massage des pieds ne vient pas de là.
Emile
À bientôt au Zola !
Olivier Calonnec
Loulou Esparza
Fabrice Cilpa
Lorraine Lambinet
Jean-Guy Chaphard
Charles Lemaitre
Émelyne Guillier
… ont parcipé à ce numéro
Le Zola, 117 cours Émile Zola 69100 Villeurbanne
Contact : [email protected] / 04 78 93 42 65
Pour L’Émile : [email protected]
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