Le concert de Carthagène

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Le concert de Carthagène
 Prix Europa 2012 Radio Investigative Documentary Le concert de Carthagène Charlotte de Beauvoir & Samuel Hirsch Le concert de Carthagène Charlotte de Beauvoir & Samuel Hirsch Comment sonnent des inégalités sociales poussées à l’extrême ? Voyage sonore en Colombie, au cœur d’une ville déchirée. La Colombie est le troisième pays le plus inégalitaire au monde. A Carthagène, au mois de janvier, ces inégalités sociales atteignent leur paroxysme. La vieille ville coloniale reçoit la jet‐set qui vient passer ses vacances, entre les palais du centre historique et les îles paradisiaques des Caraïbes. Les riches se retrouvent le soir aux concerts du très exclusif Festival de musique classique de Carthagène. Mais 70% des habitants de la ville vivent dans la pauvreté… Jefferson, cuisinier dans un restaurant du centre historique, est payé 1.5 dollars de l’heure. Il gagne en un mois ce que les clients du restaurant dépensent facilement en une seule soirée. « Pour se projeter dans l’avenir et avoir une meilleure qualité de vie, il faut s’en aller d’ici ou devenir dealer », remarque‐t‐il. A l’autre extrême, le président d’un grand groupe vient passer ses vacances dans une de ses maisons sur la presqu’île de Baru. On visite avec lui sa dernière acquisition, une île privée de deux hectares. Voici comment il voit ses employés : « Je trouve qu’ils s’amusent beaucoup. Leurs préoccupations, c’est la fiesta, qui a gagné le match de football… Essayez‐donc de les faire travailler, c’est pas facile ! » D’autres voix viennent étayer et illustrer le sujet : un écrivain célèbre qui vit à Carthagène, un vendeur de rue, le Vice‐Président de la République de Colombie… Durée: 37’ Enregistrements : janvier 12 Entretiens & traductions : Charlotte de Beauvoir Prise de son & mix : Samuel Hirsch Voix : Slimane Yefsah, Pascal Sangla, Etienne Guichard Réalisation : Charlotte de Beauvoir & Samuel Hirsch Script: Charlotte de Beauvoir Traduction anglaise : Simon John Production: ARTE Radio en association avec l’Université de Los Andes 2
The concert of Cartagena Charlotte de Beauvoir & Samuel Hirsch Colombia is the third most unequal country in the world. In Cartagena, in January, the disparity between rich and poor reaches a climax. The national jet‐set arrives to spend the holidays in this colonial walled city, between the historical centre’s palaces and the small island paradises of the Caribbean. The wealthy from Colombia and abroad gather at the concerts of the exclusive Cartagena Classical Music Festival. And yet, 70% of Cartagena population lives in poverty… What does a city torn appart like this sound like? Jefferson, a cook, works in a restaurant for $1.50 an hour. In a month, he earns what the clients in the restaurant can easily spend on one evening. “To project myself to the future and find a better quality of life, I have to leave this country, or become a drug dealer”, he says. At the other extreme, the president of a large conglomerate of 35 companies spends his holidays in one of his houses on the island of Baru. We visit him at his new acquisition, a private island of two hectares. He gives his impression of his employees. “They seem to have a lot of fun. All they care about is partying or win the soccer game… It’s not that easy to get them to work !” Other voices take us into the story of Cartagena. We meet a celebrated writer, a street peddler, the Vice President of Colombia… Runtime: 37’ Recorded January 12 Interviews & translations by Charlotte de Beauvoir Sound recording and mixing by Samuel Hirsch French voice artists by Slimane Yefsah, Pascal Sangla, Etienne Guichard Directed byCharlotte de Beauvoir & Samuel Hirsch Transcription by Charlotte de Beauvoir English translation by Simon John Produced by ARTE Radio (France), in association with La Universitad de los Andes (Colombia) 3
Publicités en anglais. Musique entrainante. Pub 1 : Year around perfect weather in an exotic mix of cultures make this wall‐city one of South America’s sexiest. Welcome to Cartagena! Pub 2 : Cartagena is music, rhythm, sea. But Cartagena is much more than that. Musique tropicale. Pub 3 : Différentes voix : Colombia, Colombia, Colombia. Colombia, the only risk is wanting to stay. Mélange de la musique tropicale et de sons de sabots de cheval sur le bitume. Cocher : Al fondo, la iglesia de San Pedro Claver, San Pedro Claver que fue el apóstol de los esclavos. Ahí se encuentran los restos de él. Y aquí vamos sobre la calle del Candilejo. Au fond, l’église de San Pedro Claver; c’était l’apôtre des esclaves. Et maintenant nous prenons la rue du Candilejo. Economiste 1 : Tenemos una Cartagena con una actividad económica dinámica, plural. Es una Cartagena portuaria, industrial, turística, comercial. Pero tenemos una Cartagena inmensamente pobre. El modelo de ciudad de Cartagena exitoso, entre comillas, en la economía es un fracaso en cuanto a ciudad. Il y a une Carthagène à l’économie dynamique, la Carthagène portuaire, industrielle, touristique, mais aussi une Carthagène immensément pauvre. Carthagène est, entre guillemets, un succès économique, mais un échec en tant que ville. Un homme dans la rue : « Hey, Ricardo ! ». Petit cri d’enfant qui rit. Sabots de cheval sur le bitume. Musique dans la rue. Cocher : Aquí es el parque Fernández de Madrid Ici nous sommes au parc Fernandéz de Madrid Sabots de cheval sur le bitume. Bruits de rue. Observateur : Carthagène est un reflet de ce qu’on voit en Colombie. L’inégalité, la manque d’opportunités pour les gens; qui c’est peut‐être la croix la plus dure à emporter, la manque d’option de vie. Cocher : Aquí es el Portal de los Dulces, donde venden los dulces típicos. Le Portail des Dulces, où l’on vend les bonbons typiques. Un rideau de fer se ferme. Sabots de cheval sur le bitume. 4
Upbeat music. Commercial #1: Year‐around perfect weather in an exotic mix of cultures make this walled city one of South America's sexiest. Welcome to Cartagena! Commercial #2: Cartagena is music, rhythm, sea. But Cartagena is much more than that. Tropical music. Commercial #3: Colombia, Colombia, Colombia. Colombia, the only risk is wanting to stay. Horse's hooves clip‐clop on the road. Coachman: Al fondo, la iglesia de San Pedro Claver, San Pedro Claver que fue el apóstol de los esclavos. Ahí se encuentran los restos de él. Y aquí vamos sobre la calle del Candilejo. Over there is the Church of San Pedro Claver, the patron saint of slaves. Now, we're turning into Candilejo Street... Economist #1: Tenemos una Cartagena con una actividad económica dinámica, plural. Es una Cartagena portuaria, industrial, turística, comercial. Pero tenemos una Cartagena inmensamente pobre. El modelo de ciudad de Cartagena exitoso, entre comillas, en la economía es un fracaso en cuanto a ciudad. There is an economically dynamic Cartagena, centered on the port, industry and tourism, but there is also a terribly poor Cartagena. Cartagena is, in quotes, an economic success story, but a failure as a city. Man in the street: "Hey, Ricardo!" Laughing child. Horse's hooves. Street music. Coachman: Aquí es el parque Fernández de Madrid Here, we have Fernández de Madrid Park... Horse's hooves. Street noise. Observer: Cartagena is a reflection of what you see in Colombia—inequality, the lack of opportunities, and that's maybe the hardest cross to bear—not having any choice in life. Coachman: Aquí es el Portal de los Dulces, donde venden los dulces típicos. This is Portal de les Dulces, known for its candy shops... Metal shutters rattle. Horse's hooves. 5
Ecrivain: El Centro Histórico es una tarjeta postal independiente. No viven pobres. Es un parque temático. Y el resto es periferia. Se calcula que estrato 1, 2 y 3, que son clases sociales bajas, representan más del 70%. Le Centre Historique est une carte postale, un parc d’attraction. Les pauvres n’y vivent pas. La périphérie, c’est‐à‐dire les classes populaires, représentent plus de 70% de la ville. Oiseau. Sons de sabots de cheval sur le bitume. Cocher : Plaza de los Coches y la Torre de Reloj, símbolo de Cartagena. La Place des Coches et la Tour de Reloj (la Tour del’Horloge), le symbole de Carthagène. Sirène de paquebot. Une porte de voiture claque. Des jeunes jouent au foot dans la rue. Exclamations. L’arbitre siffle. De la musique populaire envahit la rue ; elle provient d’un haut‐parleur très puissant. « Estoy mamado » (« je suis crevé »). « ¡ Oye ! » (« Ecoute ! »). « Mucha bulla » (« Beaucoup de boucan »). Des enfants courent ; un vélo passe. La musique continue. Jefferson : Mi barrio es Nuevo Paraíso. Tu encuentras casas de cartón, de lata, de madera, incluso… Soeur Era lo que le decía, a medida que vas bajando, que vas caminando, caminando, caminando, tu vas a encontrar otro ambiente, donde vas a ver rebusque, los niños, muchos niños en una casa. Jefferson Hay personas aquí, actualmente en este barrio que no conocen el centro. No conocen el centro ni conocen la playa. ¡Hay personas que viven aquí en Cartagena y no conocen el mar! C’est mon quartier, c’est Nuevo Paraíso. Tu vois, tu as des maisons en carton, en bois, en alu… Sœur : Si tu avances dans le quartier, là l’ambiance est différente. On voit de la débrouille, et beaucoup d’enfants dans une seule maison. Jefferson Il y a aussi des gens qui ne connaissent pas le centre, ni même la plage. Tu vois, ils vivent à Carthagène et ils n’ont jamais vu la mer ! La musique continue. Jefferson : Mi nombre es Jefferson, vivo en Nuevo Paraíso. Trabajo en un restaurante aquí de la ciudad, del centro de la ciudad. Mon nom c’est Jefferson. Je travaille dans le centre, enfin je suis cuisiner dans un restaurant. La musique continue. Une grille s’ouvre. 6
Writer: El Centro Histórico es una tarjeta postal independiente. No viven pobres. Es un parque temático. Y el resto es periferia. Se calcula que estrato 1, 2 y 3, que son clases sociales bajas, representan más del 70%. The old town center is a postcard, an amusement park. No poor people live there. The working‐class suburbs represent over 70% of the city. Bird. Horse's hooves. Coachman: Plaza de los Coches y la Torre de Reloj, símbolo de Cartagena. Plaza de los Coches and the clock tower, the symbol of Cartagena. Ship's foghorn. Car door slams. Young people play soccer. The referee whistles. Pop music booms out of loudspeakers. "I'm beat!" "Listen up!" "Too much noise!" Children run. A bicycle passes. The music keeps playing. Jefferson: Mi barrio es Nuevo Paraíso. Tu encuentras casas de cartón, de lata, de madera, incluso… Soeur Era lo que le decía, a medida que vas bajando, que vas caminando, caminando, caminando, tu vas a encontrar otro ambiente, donde vas a ver rebusque, los niños, muchos niños en una casa. Jefferson Hay personas aquí, actualmente en este barrio que no conocen el centro. No conocen el centro ni conocen la playa. ¡Hay personas que viven aquí en Cartagena y no conocen el mar! This is my neighborhood, Nuevo Paraíso. You see? There are houses made out of cardboard boxes, wood, tin… Jefferson's sister: Further into the neighborhood, the atmosphere changes—
people scraping a living, lots of children in the houses. Jefferson: There are people who have never been to the town center, or even the beach. They live in Cartagena and they've never seen the sea! Music keeps playing. Jefferson: Mi nombre es Jefferson, vivo en Nuevo Paraíso. Trabajo en un restaurante aquí de la ciudad, del centro de la ciudad. My name's Jefferson. I work in the town center, as a cook in a restaurant. Music keeps playing. A gate opens. 7
Jefferson : Está es mi casa, estamos en la cocina. No estamos preparando nada de comida todavía; es muy temprano (sa mère rigole). Este es mi hermana, mi sobrino (son de la télévision derrière). Neveu: ¿Y esto qué? ¿Esto qué? (« Et ça, c’est quoi « ? ») Mère : Hay jugo de guayaba ahí arriba (rires bébé). ¡Esa es mi familia! (« Il y a du jus de goyave, en haut (rires bébé). C’est ma famille ! ») Alors, voici ma maison, avec la cuisine. Il y a rien encore de près mais il est un peu tôt, tu nous excuses (sa mère rigole). Il y a ma sœur, mon neveu (son de la télévision derrière). Bruits de cuisine: des verres choquent, un filet d’eau coule. Jefferson : Yo tenía otro propósito, estudiar otra carrera. Me gustaba la carrera militar. Luego me salió esta oportunidad en el Sena e ingrese a estudiar cocina y me ha ido por esa carrera y quiero seguir especializándome. J’avais un autre objectif moi, je voulais être militaire à la base. Et puis j’ai eu cette opportunité, alors j’ai étudié la cuisine et je suis resté dans cette filière. Maintenant je veux continuer à me spécialiser en cuisine. L’eau coule du robinet de la cuisine. Jefferson : Sí, como te contaba yo, aquí hay ricos y pobres, desigualdad. Cartagena tiene dos caras, como siempre le digo, dos caras. Podemos observar la Cartagena que siempre le mostramos al turista, que es la muralla, la playa, lo lindo. Y tiene la otra cara que es los barrios marginales, las calles dañadas, los niños desnutridos, las pandillas, la delincuencia, la prostitución, las drogas. Nosotros trabajamos para los ricos, para subsistir, y ellos no trabajan, sino que generan dinero. ¿Quiénes les genera dinero? Nosotros, los pobres. Tu vois, ici il y a des riches, il y a des pauvres, et des inégalités. Carthagène a deux visages. Il y a la Carthagène qu’on montre aux touristes : la muraille, la plage, tout ce qui est joli. Et puis tu as l’autre visage. Tu as les rues défoncées, les enfants mal nourris, les gangs, la délinquance, la prostitution, et puis la drogue. En fait nous on travaille pour les riches. Eux, ils ne travaillent pas ; ils génèrent de la richesse. Mais au fond, qui produit leur argent, hein ? Nous, les pauvres. Sons de vagues douces. Des bruits de pas, sur un chemin de sable. Un moteur au loin et un chien qui aboie. 8
Jefferson: Está es mi casa, estamos en la cocina. No estamos preparando nada de comida todavía; es muy temprano. Este es mi hermana, mi sobrino (son de la télévision derrière). Neveu: ¿Y esto qué? ¿Esto qué? What’s that? Mère : Hay jugo de guayaba ahí arriba (rires bébé). ¡Esa es mi familia! There is goyavejuice.It’s my family ! This is my house, and the kitchen. There's nothing to eat. It's too early, sorry (his mother laughs). There's my sister and my nephew (TV on in the background). Glasses clink. A tap runs. Jefferson: Yo tenía otro propósito, estudiar otra carrera. Me gustaba la carrera militar. Luego me salió esta oportunidad en el Sena e ingrese a estudiar cocina y me ha ido por esa carrera y quiero seguir especializándome. I had another aim in life. I wanted to be a soldier. Then, this opportunity came up, so I studied to be a cook and made it my profession. Now, I want to specialize further as a chef. The kitchen tap runs. Jefferson: Sí, como te contaba yo, aquí hay ricos y pobres, desigualdad. Cartagena tiene dos caras, como siempre le digo, dos caras. Podemos observar la Cartagena que siempre le mostramos al turista, que es la muralla, la playa, lo lindo. Y tiene la otra cara que es los barrios marginales, las calles dañadas, los niños desnutridos, las pandillas, la delincuencia, la prostitución, las drogas. Nosotros trabajamos para los ricos, para subsistir, y ellos no trabajan, sino que generan dinero. ¿Quiénes les genera dinero? Nosotros, los pobres. Here, there are rich people and poor people—lots of inequality. Cartagena has two faces. There's the Cartagena the tourists see—the city walls, the beach, all the pretty things. Then, there's the other face of Cartagena—
potholes in the road, kids going hungry, gangs, delinquents, prostitution and drugs. Basically, we work for the rich. They don't work, they generate wealth. But who really earns them their money? Us. The poor. Lapping of waves. Footsteps on a sandy path. An engine ticks over. A dog barks. 9
Personnage riche : Bonjour. Comment allez‐vous ? Bienvenue. Sa femme : Viens dire bonjour, ma chérie. Oh là, vous allez faire les timides ! Petite fille : Bonjour ! Vagues, un moteur passe au loin. Personnage riche Au téléphone : Bonjour Thierry. Bien ! Tu veux que j’aille te chercher, alors ? Tu arrives en bas, on va déjeuner sur la plage, d’accord ? Mais non, qu’est‐ce que tu as commandé un bateau... Tu es où maintenant ? (moteur de bateau au loin) Et bien on va vous chercher, je vais vous chercher tout de suite ! (vague) Allo ? Bah, tu viens à la maison. Allo ? Allo Thierry ? C’est coupé. Sons de couverts. Personnage riche : Téléphoniste ! Vous avez vu, je passe ma vie à répondre au téléphone ! (rires) On appelle ça téléphoniste ! Non ? Je préside un groupe de 35 entreprises dans le secteur des services et de l’hôtellerie (vagues). Je suis arrivé ici à l’âge de 13 ans. Et la vérité, j’ai eu très peu d’expériences d’emploi dans ma vie. J’ai été prof de maths, j’ai collé des timbres pendant une après‐midi dans une usine en Belgique, ah non, j’ai été aussi garçon de café à New York pendant trois mois. Mon oncle venait de décéder et c’est comme ça que sa femme m’a demandé, qui était elle‐même très malade, si je pouvais m’occuper de l’entreprise, ou rentrer travailler avec elle dans l’entreprise. Et de là, j’ai présidé le groupe. C’était il y a 45 ans. Et voilà, c’est ça l’histoire ! Vagues. Personnage riche : Oui, ça fait facilement 40 ans qu’on vient tous les ans, soit aux îles du Rosaire autrefois on louait des maisons, soit ici. Nous avons connu tous les endroits qu’on aurait pu désirer connaître donc on est toujours très contents de revenir ici (vagues). Vin blanc ? Sa femme : Tu veux des glaçons ou pas ? C’est une presqu’île Barú mais qui a été séparée du continent par le Canal du Dique. Il va vous montrer la carte de Google, c’est plus simple. Personnage riche : Approchez‐vous. Ça c’est la côte caraïbe... alors là vous avez la vieille ville de Carthagène… alors ça c’est la presqu’île, de Barú… ça c’est la partie du canal… Sa femme : ¡Sheno, te estoy mirando ! (« Sheno, je te vois ! »)… Lui et nous sommes ici. Sa femme : ¡Cuidado ! (« Attention ! »)… Lui : Nous sommes ici. On va aller se promener à cette île‐ci, ici… Sa femme ¡Cuidado que un…! Mira le estas echando a la cara a Nano. (« Attention ! Regarde, tu en jettes sur la figure de Nano »). 10
Wealthy man: Hello, how are you? Welcome. His wife: Come and say hello, sweetie. C'mon, don't be shy! Little girl: Hello. Waves. A motorboat in the distance. Wealthy man (on the phone): Hi, Thierry. Fine. You want me to pick you up? Meet us at the dock and we'll have lunch on the beach, okay? No, why did you book a boat? Where are you now? (motorboat in the distance) We'll come and get you. I'll be right there. (waves) Hello? Come up to the house. Hello? Thierry? Cut off. Silverware. Wealthy man: Telephonist! See that? I spend my whole life answering the phone! (laughs) That's a telephonist, right? I run a group of 35 companies in the hotel and tertiary sector (waves). I arrived here when I was 13. To be honest, I've had very few employment experiences in my life. I was a math teacher. I stuck stamps on envelopes for an afternoon in a factory in Belgium. Oh, and I was a waiter in New York for three months. My uncle had just passed away and his wife, who was also very sick, asked me to take over the company, or come and run it with her, at least. Now I'm chairman of the group. That was 45 years ago. There you go! Waves. Wealthy man: Yes, we must have been coming here every year for 40 years now. Either the Rosary Islands, where we rented a house, or here. We've been everywhere you could possibly dream of going, so we're very happy to come back here. (waves) White wine? His wife: Do you want ice or not? Barú is a peninsula, but it was separated from the mainland by the Dique canal. He'll show you on Google maps. That's much easier. Wealthy man: Come closer. That's the Caribbean coast… Here's Cartagena old town… That's the Barú peninsula… That's the canal there. His wife: Sheno, I can see you! Wealthy man: And we're here. His wife: Watch out! Wealthy man: We're here and we're heading out for this island here. His wife: Be careful! You're getting it all over Nano's face. 11
Sons de caisses jetées et trainées sur le trottoir. Des pas. Economiste 2 : Es interesante porque Colombia está, comparado con otros países, con unos niveles de crecimiento relativamente bueno, alto. Uno ve un aumento del ingreso per cápita. Sin embargo, eso, lo que da, (musique caribéenne: percussion, flûte) es un síntoma del promedio pero no de la distribución. La distribución de ese ingreso es bastante desigual, cuando uno mira que el 10% de las personas más ricas está capturando el 46% de los ingresos del país mientras que el 10% más pobre está capturando apenas el 0.7%. Y en este sentido, hace que Colombia sea uno de los países más desiguales. Par rapport à d’autres pays, la Colombie a des niveaux de croissance assez hauts. On observe une augmentation du revenu par tête. Mais ça, cela nous donne moyenne (musique caribéenne : percussion, flûte). La répartition de ce revenu, par contre, est assez inégale. Les 10% des Colombiens les plus riches captent 46% des revenus du pays, alors que les 10% les plus pauvres captent à peine 0.7%... Et c’est donc pour cela que la Colombie est un des pays les plus inégaux. D’après les chiffres des Nations Unies, après Haïti et l’Angola, c’est le troisième pays le plus inégal au monde. Dans un théâtre, un orchestre s’accorde ; rumeur dans la salle. Le morceau commence. Hymne de la Colombie : ¡Oh gloria inmarcesible! ¡Oh júbilo inmortal! ¡En surcos de dolores El bien germina ya! ¡El bien germina ya! Oh gloire impérissable! Oh joie immortelle! Dans des sillons de douleurs Le bien pousse maintenant! Le bien pousse maintenant! Directeur du Festival International de Musique de Carthagène: Esta noche marca el comienzo oficial del Cartagena sexto Festival Internacional de Música, en esta tierra mágica llamada Cartagena. Cette soirée marque l’ouverture officielle du 6ème Festival International de Musique. Piano mystère. 12
Crates unloaded and dragged along the sidewalk. Footsteps. Economist: Es interesante porque Colombia está, comparado con otros países, con unos niveles de crecimiento relativamente bueno, alto. Uno ve un aumento del ingreso per cápita. Sin embargo, eso, lo que da, (musique caribéenne: percussion, flûte) es un síntoma del promedio pero no de la distribución. La distribución de ese ingreso es bastante desigual, cuando uno mira que el 10% de las personas más ricas está capturando el 46% de los ingresos del país mientras que el 10% más pobre está capturando apenas el 0.7%. Y en este sentido, hace que Colombia sea uno de los países más desiguales. Compared to other countries, Colombia has a healthy rate of growth. Per capita income is increasing, but that's on average. (Caribbean music) The distribution of that income, on the other hand, is pretty unequal. The richest 10% of Colombians control 46% of the country's income, whereas the poorest 10% represent barely 0.7% ofthis income. That's why Colombia is one of the countries with the most income inequality. According to UN statistics, after Haiti and Angola, it's the third most unequal country in the world. An orchestra tunes up. Buzz of the audience. The music strikes up. Colombia's national anthem: ¡Oh gloria inmarcesible! ¡Oh júbilo inmortal! ¡En surcos de dolores El bien germina ya! ¡El bien germina ya! O, undying glory! O, immortal joy! In furrows of pain Good is growing now! Good is growing now! Director of the Cartagena International Music Festival: Esta noche marca el comienzo oficial del Cartagena sexto Festival Internacional de Música, en esta tierra mágica llamada Cartagena. This evening marks the official opening of the Sixth International Music Festival. Piano. 13
Ecrivain: Ahora viene por ejemplo el Festival Internacional de Música que es un festival de música clásica de elite, muy importante para la ciudad. Pero los pobres no van al teatro. Y no van al teatro porque sea música clásica, no van al teatro porque es el espacio reservado para los ricos. On a maintenant le Festival International de Carthagène, un festival de musique classique très important pour la ville. Mais les pauvres ne vont pas au théâtre. Pas parce que c’est de la musique classique, mais parce que c’est un espace réservé aux riches. Les violons montent en puissance, sur une ambiance de klaxons. Reprise de la partie de foot. Sifflets et encouragements des spectateurs. Changement de bande son : un morceau de salsa. Une feuille de papier se froisse. Jefferson : Este es la hoja de reporte de la quincena. La quincena ha ido por 400 000 pero trabaje muchas horas. Por ejemplo la hora diurna vale 2790 pesos, como un dólar, un dólar con cincuenta y pagan es por hora. Una mesa de dos con entrada, un fuerte y una botella de supirio se puede gastar 800, 600 000 pesos. Lo que se gastan en una noche yo me lo gano en un mes. Entonces hay cosas que uno dice, ay, si me gasto este poco plata, ¿qué come, que visto, con que me transporto? Esta calidad de vida, para obtenerla aquí, es muy dura. Como, tú me preguntaste al principio que cómo es tu Cartagena en proyección. Sí, bien, se sostiene bien, tu comida, tu arriendo, tu familia… pero de pronto, para proyectarte en un futuro, tener una mejor calidad de vida, tienes que salir de aquí. Tu vois, ça c’est ma feuille de paye sur 15 jours. J’ai gagné 400 000 pesos, mais attention j’ai travaillé beaucoup d’heures. Une heure en journée, ça vaut 2790 pesos, à peu près un dollar, un dollar cinquante. Ici, on est payé à l’heure. Ici, disons une table pour deux personnes, avec entrées, plats et puis du vin, ça coûte, 600 ou 800 000 pesos. Ce qu’ils dépensent en une soirée, moi je le gagne en un mois. Et je fais comment après ? Comment je mange ? Comment je m’habille ? Je me déplace comment ? Cette qualité de vie ici pour l’obtenir c’est dur. Tu me demandais, au début, comment je me projette dans l’avenir… bah bien, on se maintient. La bouffe, le loyer, la famille. Mais pour se projeter et avoir une meilleure qualité de vie, il faut s’en aller d’ici ! Bruits de cuisine. Mer et moteur de bateau qui s’arrête. Ami du personnage riche : C’est ça l’île que t’as acheté ? Personnage riche : Oui ! On allait faire un hôtel sur cette île. Son ami : Finalement tu peux ? Lui : Oui, on a toutes les permissions, ça y est ! Mais on a changé d’avis (rires). 14
Writer: Ahora viene por ejemplo el Festival Internacional de Música que es un festival de música clásica de elite, muy importante para la ciudad. Pero los pobres no van al teatro. Y no van al teatro porque sea música clásica, no van al teatro porque es el espacio reservado para los ricos. Now, we have the Cartagena International Festival, a classical music festival that is very important for the town. But poor people don't go to the theatre, not because it's classical music but because it's a place that's only for the rich. Violins swell against a background of car horns. The soccer match starts up again. The crowd whistles and cheers. A salsa track plays. Rumpled paper. Jefferson: Este es la hoja de reporte de la quincena. La quincena ha ido por 400 000 pero trabaje muchas horas. Por ejemplo la hora diurna vale 2790 pesos, como un dólar, un dólar con cincuenta y pagan es por hora. Una mesa de dos con entrada, un fuerte y una botella de supirio se puede gastar 800, 600 000 pesos. Lo que se gastan en una noche yo me lo gano en un mes. Entonces hay cosas que uno dice, ay, si me gasto este poco plata, ¿qué come, que visto, con que me transporto? Esta calidad de vida, para obtenerla aquí, es muy dura. Como, tú me preguntaste al principio que cómo es tu Cartagena en proyección. Sí, bien, se sostiene bien, tu comida, tu arriendo, tu familia… pero de pronto, para proyectarte en un futuro, tener una mejor calidad de vida, tienes que salir de aquí. This is my paycheck for the last two weeks. I've earned 400,000 pesos, but I worked a stack of hours. An hour in the daytime is paid 2,790 pesos, roughly a dollar, a dollar‐fifty. We're paid by the hour. Here, a table for two, with appetizers, main courses and wine, would cost 600‐800,000 pesos. What they spend in one evening, I earn in a month. What do I do then? How do I eat? Buy clothes? Get around? Quality of life is very hard to achieve here. You asked me at the start how I saw my future… Fine, in terms of keeping our heads above water. Food, rent and family. But to have any prospect of a better quality of life, you have to leave here! Kitchen noise. Sea. Motorboat cuts out. Wealthy man's friend: That's the island you've bought? Wealthy man: Yes! We planned to build a hotel on the island. Wealthy man's friend: You can, in the end? Wealthy man: Yes, we've got all the permits we need now. But we've changed our minds (laughs). 15
Son ami : C'est à dire, vous n’allez plus en faire ? Lui : Ici on va faire seulement une maison pour nous. On va laisser l’île, absolument vierge. On va enlever toutes ces constructions. On est en train de se construire ici une maison. On a 180 mètres de plage là. On construit comme d’habitude sans architecte, sans plan (rires) ! Son ami : Moi je fais comme ça aussi ! Lui : Ah, toi aussi ? Les résultats sont très bons. C’est joli comme endroit, non ? Son ami : Super ! Vagues et grillons. Personnage riche : Les gens ne meurent pas de faim en Colombie, d’accord ? Et construire ça, n’importe où, des toits de paille et des hamacs, c’est à la portée de tout le monde. Moi, faut que je travaille toute l’année et que je me tape une dizaine de cocktails par jour, entre dîner et petit‐déjeuner, pour pouvoir me donner ce luxe à la fin de l’année. Je connais beaucoup d’habitants de Barú qui font la même chose (rires) avec moindre d’efforts que moi ! Je caricaturise pas tellement (sic). Donc, c’est plutôt un style de vie (rires). On peut vivre avec pratiquement rien en Colombie ! Bruits de cuisine. Jefferson : Esta mierda, de tanto trabajar… tanta vaina y tanto día y tanta labor. Entonces siempre entre más trabaja y menos gana… ¡Que chimba! Entonces uno dice y es ahí que viene el pensamiento… ay, si fuera traqueto, si fuera narcotraficante. C’est la merde, de travailler autant. Plus je travaille, moins je gagne… quel merdier ! Ah, ça donne des idées… si je devenais dealer ! En cuisine, ça râle : « Fait chier, chier ! » « C’est ça, ouais ! »; une cuillère remue dans un saladier en inox. Rumeur de la foule, dans un hall d’hôtel. Jefferson : Entre ese, siento como repudio a veces. Ca me dégoutte, parfois. Rumeur de la foule. Musique d’ambiance. 16
Wealthy man's friend: You mean you're not going to build it? Wealthy man: We're just going to put a house here, for us. We'll leave the island completely untouched. We're going to raze all these buildings. We've started construction of the house there. We have 180 meters of beach. As usual, we're building it without an architect or plans (laughs)! Wealthy man's friend: That's how I work, too. Wealthy man: You do? The result's always very good. It's pretty here, isn't it? Wealthy man's friend: Wonderful! Waves and crickets. Wealthy man: Nobody's starving to death in Colombia. Okay? Building this anywhere, straw roofs and hammocks, is within everybody's price range. I have to work all year around, showing up at a dozen cocktail parties a day between dinner and breakfast to buy myself a little luxury at the end of the year. I know a lot of people in Barú who do the same (laughs) with a lot less effort than me! Seriously, I'm hardly exaggerating. So, this is more of a lifestyle (laughs). You can live with almost nothing in Colombia! Kitchen noise. Jefferson: Esta mierda, de tanto trabajar… tanta vaina y tanto día y tanta labor. Entonces siempre entre más trabaja y menos gana… ¡Que chimba! Entonces uno dice y es ahí que viene el pensamiento… ay, si fuera traqueto, si fuera narcotraficante. It's absolutely crap, having to work so much. The more I work, the less I earn. It's shit! It gives you ideas… about becoming a dealer! Grumbling in the kitchen. A spoon in a bowl. Buzz of a crowd. Jefferson: ese, siento como repudio a veces. It disgusts me sometimes. Buzz of the crowd. Music. 17
Vice Président de la République: De esto es plenamente consciente el gobierno nacional. Y obviamente que es uno de los países que a nivel internacional, a nivel mundial, tiene unos niveles de desigualdad muy grandes. Aquí no quiero comprometer al gobierno voy a comprometerme yo como persona. Le gouvernement a pleinement conscience de cette question. Il n’y a pas de doute que c’est un des pays qui a les niveaux d’inégalité les plus élevés au monde. Je ne veux pas engager le gouvernement, donc je vais parler en mon nom. Mi nombre es Angelino Garzón, soy el vice presidente de la Republica de Colombia. Angelino Garzón, vice Président de la République de Colombie. Yo sí creo que en Colombia hay que mejorar la redistribución de la riqueza. Los que más ingresos tienen, tienen que ceder para que los que menos ingresos tengan puedan vivir mejor. Colombia y muchos países del mundo tienen que rediseñar una política mucho más democrática en materia de redistribución de la riqueza, porque al final es muy difícil consolidar una democracia con la miseria. Es imposible. Oui, je crois qu’en Colombie, il faut améliorer la répartition des richesses. Ceux qui ont plus doivent donner pour que ceux qui ont moins puissent vivre mieux. La Colombie, comme beaucoup d’autres pays, doit revoir sa politique de répartition de façon plus démocratique. Car au bout du compte, c’est très difficile de consolider une démocratie dans la misère. Musique. Rumeur de la foule. Bruits de cuisine. Jefferson : Cuando estaba yo de niño, cuando ibamos a la playa, fuimos a un hotel, una playa de un hotel , que no es privada, habia una serie de niños que eran los niños de los huespedes del hotel. Y estabamos jugando futbol, todo un paseo del barrio y los vigilantes pusieron como une vallas que por ahi no se puede pasar porque estan los otros niños que no se que… restricciones que llaman que no se que no se acerque al tursita o cualquier cosa por el estilo buscan una forma de disimular las cosas, si sea eres blanco o paisa, ingresa. Entonces siempre uno, los blancos ahi negros aca los bancos ahi los negros aca, une estupidez ! Un jour, quand j’étais petit, on était sur la plage d’un hôtel qui n’était pas, comment on dit, « pas privé », entre guillemets. Il y avait un groupe de gamins, c’était les enfants des clients de l’hôtel. On jouait au foot avec les copains du quartier et les gardiens ont mis des filets, en disant : « par là on ne passe pas », je sais pas quoi, « les autres enfants, il faut faire attention »… Les restrictions, comme ils disent, il ne faut pas s’approcher des touristes… ils cherchent le moyen de dissimuler les choses. Mais si tu es blanc, tu rentres ! Donc c’est toujours la même. Tu as les blancs d’un côté, les noirs de l’autre. Quelle bêtise ! Retour à la rumeur de la foule dans le hall d’hôtel. Musique d’ambiance. 18
Vice President of Colombia: De esto es plenamente consciente el gobierno nacional. Y obviamente que es uno de los países que a nivel internacional, a nivel mundial, tiene unos niveles de desigualdad muy grandes. Aquí no quiero comprometer al gobierno voy a comprometerme yo como persona. The government is fully aware of this issue. There's no doubt that this is a country with one of the highest levels of inequality in the world. I can't speak for the government, so I'll give my personal opinion. Mi nombre es Angelino Garzón, soy el vice presidente de la Republica de Colombia. My name is Angelino Garzón. I'm Vice President of the Colombian Republic. Yo sí creo que en Colombia hay que mejorar la redistribución de la riqueza. Los que más ingresos tienen, tienen que ceder para que los que menos ingresos tengan puedan vivir mejor. Colombia y muchos países del mundo tienen que rediseñar una política mucho más democrática en materia de redistribución de la riqueza, porque al final es muy difícil consolidar una democracia con la miseria. Es imposible. Yes, I believe that we must improve the distribution of wealth in Colombia. Those who have more must give something so that those who have less can have better lives. Colombia, like a lot of other countries, must take a more democratic approach to wealth distribution. In the final analysis, it's very difficult to consolidate democracy in poverty. It's impossible. Music. Buzz of the crowd. Kitchen noise. Jefferson: Cuando estaba yo de niño, cuando ibamos a la playa, fuimos a un hotel, una playa de un hotel , que no es privada, habia una serie de niños que eran los niños de los huespedes del hotel. Y estabamos jugando futbol, todo un paseo del barrio y los vigilantes pusieron como une vallas que por ahi no se puede pasar porque estan los otros niños que no se que… restricciones que llaman que no se que no se acerque al tursita o cualquier cosa por el estilo buscan una forma de disimular las cosas, si sea eres blanco o paisa, ingresa. Entonces siempre uno, los blancos ahi negros aca los bancos ahi los negros aca, une estupidez ! One day, when I was little, we were on the beach of a hotel, which wasn't "private," as they say. There was a group of kids, the children of hotel guests. We were playing soccer with friends from our neighborhood and the guards put up nets, saying, Don't go beyond this point and stuff like, Watch out for those kids. The restrictions, as they call them, are meant to keep you away from the tourists. They try to cover things up, but if you're white you're allowed in. It's always the same—whites on one side, blacks on the other. It's stupid! Buzz of the crowd in the hotel lobby. Music. 19
Economiste 1 : Hay muchas cosas que están en la mente de las personas. La desigualdad se percibe como algo normal. C’est dans la tête des gens. Les inégalités sont perçues comme quelque chose de normal. Yo soy Alberto Abello Vives. Soy economista. Je suis Alberto Abello, économiste. Es normal que siempre haya salsa VIP, es normal que siempre haya separación entre unos y otros, hay muy pocos espacios para el encuentro. Hay muchas cosas en el campo de la desigualdad que están en la cabeza de las personas y que se dan por hechas. Que se dan porque son una realidad y el mundo es así, y Cartagena es así y ¡punto! Il y a toujours des endroits VIP, des séparations entre les uns et les autres, et très peu d’espaces de rencontre. Pour les gens c’est comme ça, les inégalités sont une donnée. Parce que c’est une réalité, le monde est comme ça, Carthagène est comme ça, point final ! Une fontaine s’entend, au loin, dans le hall d’hôtel. Economiste 1 : Bueno en términos generales esta es una ciudad ruidosa. Es una ciudad que habla en voz alta. Y hacen ruido unos y otros (le son de la ville commence à monter, en plan large). Si te subes al cerro de la popa vas a sentir un palpitar de la ciudad, el corazón de la ciudad palpitando. Bon, d’une façon générale, c’est une ville bruyante. C’est une ville qui parle à voix haute. Tout le monde fait du bruit (). Si tu montes sur la colline de la Popa, tu vas sentir battre le cœur de la ville. Le son de la ville monte, en plan large. Klaxons, de loin. Musique tropicale. Economiste 1 : Ustedes pueden comparar los sonidos de estas muchas Cartagenas que existen pero que son muestra de la desigualdad de la ciudad. Tous les sons de ces multiples Carthagène; ce sont autant de preuves des inégalités de la ville. Musique techno. Klaxons, gros plan. Grincement de suspensions. Economiste 1 : Palpitando con sus picos. Il bat dans les haut‐parleurs. Palpitando con su sistema de transporte. Dans les transports. Grincement de suspensions. Alarme de voiture, au loin. 20
Economist #1: Hay muchas cosas que están en la mente de las personas. La desigualdad se percibe como algo normal. People have got it into their heads that inequalities are completely normal. Yo soy Alberto Abello Vives. Soy economista. My name is Alberto Abello. I'm an economist. Es normal que siempre haya salsa VIP, es normal que siempre haya separación entre unos y otros, hay muy pocos espacios para el encuentro. Hay muchas cosas en el campo de la desigualdad que están en la cabeza de las personas y que se dan por hechas. Que se dan porque son una realidad y el mundo es así, y Cartagena es así y ¡punto! It's normal to have VIP places, it's normal to have barriers between people, and very few places where they can mix... People just accept it now—
inequality is a given because it's a reality. That's how the world works. That's how Cartagena works, period. Fountain in the hotel lobby. Economist #1: Bueno en términos generales esta es una ciudad ruidosa. Es una ciudad que habla en voz alta. Y hacen ruido unos y otros. Si te subes al cerro de la popa vas a sentir un palpitar de la ciudad, el corazón de la ciudad palpitando. Generally speaking, it's a noisy city. It's a city that talks out loud. Everybody makes noise. If you go up Popa Hill, you'll feel the beating heart of the city. The noise of the city rises. Distant honking horns. Tropical music. Economist #1: Ustedes pueden comparar los sonidos de estas muchas Cartagenas que existen pero que son muestra de la desigualdad de la ciudad. The sounds of so many different Cartagenas are so much proof of the city's inequalities. Techno music. Honking horns nearby. Suspension creaks. Economist #1: Palpitando con sus picos. It beats in the loudspeakers. Palpitando con su sistema de transporte. In mass‐transit. Suspension grates. Car alarm in the distance. 21
Economiste 1 : Palpitando en las relaciones interpersonales. Il bat entre les gens. O un punto en la ciudad bastante congestionado, especialmente en las horas pico, que es la India Catalina. Et dans les embouteillages à India Catalina. Un bus démarre, en gros plan. Ça grince. « ¡Muévale ! ¡Muévale! » (« Bouge‐le ! »). « ¡Chinito ! » (« gamin ! »). On est au marché ; un charriot passe. Economiste 1 : Sería muy bueno que ustedes escucharan los sonidos del mercado popular de Basurto. Au marché populaire de Basurto. “A 1200 la mano” (“à 1200 la poignée”). Sifflements, claquements, voix, cris. Un vélo passe, des graines sont renversées. Des violons démarrent fort, un piano. Economiste 1 : Podrán hacer el reporte del festival de música de Cartagena que es un festival que es sofisticado. Et au très chic festival de musique. Montage musical du piano et des violons sur les sons de la ville (des oiseaux curieux, un homme qui lave une voiture, des caisses de bière traînées sur le trottoir, un balai brosse dans le caniveau). Economiste 1 : Sería muy bonito que también se escucharán los sonidos de la ciudad en las distintas horas del día, a la medida que va transcurriendo el día. Ustedes pueden por ejemplo pararse en el parque Fernández de Madrid, desde las seis de la mañana, y ver como los sonidos van evolucionando y como estos sonidos también van mostrando cambios en las diferencias en la población que va transcurriendo por ahí. Ce serait joli d’écouter la ville à différents moments de la journée, aller au parc Fernandez de Madrid à partir de 6 heures du matin, et sentir comment les sons évoluent, suivant les différentes populations qui passent par là. Oiseaux curieux et jingle radio: « son las seis en punto… » (« il est exactement six heures, … »). À l’autre bout de la place, un Ave Maria s’échappe d’une église. On s’approche, une voiture passe, la techno à fond. L’Ave Maria reprend. On s’en approche. C’est un enregistrement : une jolie voix claire et un orgue. Quelques pigeons s’envolent sur le parvis de l’église. Economiste 1 : De todos modos estamos hablando de una ciudad tremendamente ruidosa. De toutes les façons, on parle d’une ville extrêmement bruyante… 22
Economist #1: Palpitando en las relaciones interpersonales. It beats in people's interactions. O un punto en la ciudad bastante congestionado, especialmente en las horas pico, que es la India Catalina. And in the rush‐hour traffic jams around India Catalina. A bus pulls away. Creaks. "Move it!" "Kid!" In a market, a cart passes by. Economist #1: Sería muy bueno que ustedes escucharan los sonidos del mercado popular de Basurto. In the open‐air market at Basurto. " 1200 for the handle." Whistling, clunking, shouting. A bike goes past. Grains are spilled. Violins cut in. Piano. Economist #1: Podrán hacer el reporte del festival de música de Cartagena que es un festival que es sofisticado. And at the very sophisticated Cartagena music festival. Musical montage of piano and violins set to the sounds of the city (birds, a man washing a car, crates of beer dragged along the sidewalk, a street sweeper at work...). Economist #1: Sería muy bonito que también se escucharán los sonidos de la ciudad en las distintas horas del día, a la medida que va transcurriendo el día. Ustedes pueden por ejemplo pararse en el parque Fernández de Madrid, desde las seis de la mañana, y ver como los sonidos van evolucionando y como estos sonidos también van mostrando cambios en las diferencias en la población que va transcurriendo por ahí. It would be great to listen to the city at different times of the day, to set up in Fernández de Madrid Park from six in the morning and listen to the variations in sounds as different classes of people come through. Birds. Radio jingle: "It is precisely six o'clock." Across the plaza, an Ave Maria filters out of a church. We move closer. A car passes, techno music booming out. Closer to the church. It's a recording—a clear, pretty voice and organ. Pigeons scatter. Economist #1: De todos modos estamos hablando de una ciudad tremendamente ruidosa. At any rate, we're talking about an extremely loud city. 23
On entre dans l’église. L’Ave Maria est repris par un chœur. Economiste 1 : Y este ruido para algunos es factor de cultura de la cultura Caribe y de lo que somos. Esto es algo que tendríamos que discutir más adelante. Et pour certains, ce bruit est un aspect de la culture des Caraïbes et de ce que nous sommes. L’Ave Maria continue, cette fois au violon et piano, sans chant. Ce n’est pas une version enregistrée ; nous sommes à un concert privé. Fin du morceau. Applaudissements. Directeur du Festival International de Musique de Carthagène: Y entonces yo le pido cual es su canción favorita y me contestó… una de Ave Maria, por violín y piano… ¡Y lo encontré ! Je lui demande quelle est sa chanson favorite et il me répond l’Ave Maria pour violon et piano ! Et bien je l’ai trouvée ! Ambiance de cocktail. « Mi niñita, ¿cómo estas ? » (« Comment ça va ? »). Des glaçons dans un verre à whisky. Rumeur de la foule des invités. Observateur : On est chez un industriel colombien qui est le propriétaire de la maison. C’est une maison 17ème siècle, rue de l’inquisition. C’est la partie la plus importante de la Carthagène coloniale. Le propriétaire, il appuie beaucoup le festival de musique de Carthagène et il a toujours un petit concert, enfin c’est une façon de montrer la ville, montrer qui on est. Un Blues joué par un petit orchestre accompagne l’ambiance. Observateur : Ça va ? Carlos est un avocat, fils d’un président de la République des années 60. Lleras. Et de toutes façons je sais qu’il parle français très bien. L’ambiance reprend, plus forte. La musique a changé. Avocat : C’est une ville assez curieuse. Si vous voyez la réalité de la vie, Carthagène, c’est une ville qui a des moments magnifiques, mais si vous sortez des grands bastions etc., vous allez trouver une pauvreté affreuse, affreuse ! J’écris de temps en temps dans les journaux et j’ai écrit un article, il n’y a pas mal d’années, dans lequel je disais qu’on avait bâti ces murailles, ces châteaux, etc. pour se défendre des pirates et des corsaires mais qu’un jour les pauvres de Carthagène qui sont dehors vont surmonter ces murailles et vont envahir la ville ! Détonations. 24
We enter the church. The Ave Maria is taken up by a chorus. Economist #1: Y este ruido para algunos es factor de cultura de la cultura Caribe y de lo que somos. Esto es algo que tendríamos que discutir más adelante. For some people, noise is part of Caribbean culture... ... and of what we are. The Ave Maria continues—piano and violin, no voice. This is not a recording. It's a private recital. The piece ends. Applause. Director of Cartagena International Music Festival: Y entonces yo le pido cual es su canción favorita y me contestó… una de Ave Maria, por violín y piano… ¡Y lo encontré ! I asked him what his favorite song was and he said Ave Maria for Violin and Piano. And I found it! Cocktail party atmosphere. "How are you?" Ice cubes in a glass. Observer: We're in the home of a Colombian industrialist. It's a 17th century house on Inquisition Street, the most important part of colonial Cartagena. The owner is a major backer of the Cartagena music festival and he always hosts a small concert. It's a way of showing the city... showing who we are. A small blues band plays in the background. Observer: How are you? Carlos is a lawyer, the son of a 1960s Colombian president. Lleras. Anyway, I know he speaks excellent French. The background music changes. Louder. Lawyer: It's an odd city. If you look at real‐life here, Cartagena is a city with magnificent monuments but as soon as you venture beyond the city walls, you come across dreadful poverty. Dreadful! I write for the newspapers from time to time, and I wrote an article some years ago, in which I said we had built these walls, castles and so on to defend ourselves against pirates and corsairs, but one day Cartagena's poor will swarm over the walls and invade the town! Explosions. 25
Ecrivain : Es una alegoría un poco alarmante pensar que alguna vez esas murallas van a servir para que las ataquen los pobres. Pero no estamos lejos de una posibilidad. C’est une allégorie inquiétante. Un jour, les pauvres vont attaquer les murailles de Carthagène. Nous n’en sommes plus très loin. Détonations. Ecrivain : Soy Oscar Colazos, escritor colombiano, vivo en Cartagena hace 12 años. Je suis Oscar Collazos, écrivain colombien. Je vis à Carthagène depuis 12 ans. Détonations. Ecrivain : El proyecto de novela sería, de la noche a la mañana, empiezan a aparecer brigadas de pobres que penetran la ciudad. La ciudad rica se da cuenta que corre peligro y entonces crea unos sistemas de policía y de seguridad muy estrictos, blindados como si fuera una guerra. Se crea una situación de preguerra. La ciudad rica responderá agresivamente con un poder militar y con un poder mucho más grande pero los otros son más. Habrá mucho más muertos del lado de los pobres. Hasta que se den cuenta que es una guerra que podría haberse evitado. ¡Ojala la pueda escribir así como la cuento! Voilà le roman que j’imagine : du jour au lendemain, des brigades de pauvres pénètrent dans la ville. La ville riche se rend compte qu’elle est en danger, et elle répond avec un système sécuritaire et policier très strict, quasi militaire. On est presque en guerre. La ville riche répond de façon agressive, et augmente sa puissance de feu, mais les autres sont bien plus nombreux. Il y a beaucoup plus de morts du côté des pauvres, jusqu’à ce qu’on réalise que cette guerre aurait pu être évitée. J’espère pouvoir l’écrire comme je le raconte. Détonations. Des assiettes choquent dans une cuisine de restaurant. « La dos va a salir en dos minutes, ¿ok? Falta la pita, solamente. » (« La deux sort dans deux minutes, ok ? Il manque juste la pita. ») Jefferson : Soy Colombiano. De los derechos, soy colombiano. Pero en cuestión de estatuto económico, siempre no me siento como colombiano porque vale el dinero en Colombia. Mi amigo dinero, como dice uno aquí. Je suis Colombien. Mais pour ce qui est de mon statut économique, je ne me sens pas Colombien. Parce que c’est l’argent qui compte en Colombie… Mon ami l’argent, comme on dit ici ! On s’affaire en cuisine. Cuisinier : ¿Qué riqueza tengo yo para vivir ? Et moi, avec quelle richesse je vis ? 26
Writer: Es una alegoría un poco alarmante pensar que alguna vez esas murallas van a servir para que las ataquen los pobres. Pero no estamos lejos de una posibilidad. It's an alarming allegory. One day, the poor will attack Cartagena's city walls. We're approaching that moment. Explosions. Writer: Soy Oscar Colazos, escritor colombiano, vivo en Cartagena hace 12 años. My name is Oscar Colazos, a Colombian writer. I've lived in Cartagena for 12 years. Explosions. Writer: : El proyecto de novela sería, de la noche a la mañana, empiezan a aparecer brigadas de pobres que penetran la ciudad. La ciudad rica se da cuenta que corre peligro y entonces crea unos sistemas de policía y de seguridad muy estrictos, blindados como si fuera una guerra. Se crea una situación de preguerra. La ciudad rica responderá agresivamente con un poder militar y con un poder mucho más grande pero los otros son más. Habrá mucho más muertos del lado de los pobres. Hasta que se den cuenta que es una guerra que podría haberse evitado. ¡Ojala la pueda escribir así como la cuento! I have an idea for a novel, in which brigades of poor people suddenly burst into the city. The town's rich inhabitants realize they are in danger and riposte with a very strict, quasi‐military security system. It's almost a civil war. The rich fight back aggressively and increase their firepower, but they are heavily outnumbered. There are many more casualties among the poor, until it dawns on them all that the war could have been avoided. I hope to write the story as I tell it. Explosions. Plates bang together in a restaurant kitchen. "Table two will be ready in two minutes, ok? We just need the pita." Jefferson: Soy Colombiano. De los derechos, soy colombiano. Pero en cuestión de estatuto económico, siempre no me siento como colombiano porque vale el dinero en Colombia. Mi amigo dinero, como dice uno aquí. I'm a Colombian, but in terms of my economic status I don't feel Colombian. Money is all that matters in Colombia. My friend Money, as people here say. Busy kitchen atmosphere. Chef: ¿Qué riqueza tengo yo para vivir ? What riches do I have to live off? 27
Chef: Soy rico más que tu. Sin problème. Es mi capital señor. Es mi capital. J’ai investit, ¿cómo se llama ? Inversión. Je suis plus riche que toi, sans problème. Comment on dit j’ai investit? J’ai investit dans un restaurant pour gagner de l’argent. Je suis pas riche comme les gens de Bocagrande qui ont des grosses maisons, des grosses voitures… Cuisinier : La camioneta, que se va en su yate para las islas. Y yo, ¿para dónde me voy? Pa Tolú, ¡en bus! Ils ont le 4X4, le yacht pour aller dans les îles... Et moi, je vais où? Je vais à Tolú, en bus ! Chef: No tengo camioneta, no tengo voiture, ¡tengo bicicleta nomas! J’ai pas de 4x4, moi, j’ai juste un vélo ! Jefferson : ¡Tiene una mejor seguridad usted aquí, en su casa, que donde vivo yo ! La sécurité est meilleure chez vous que chez moi ! Chef: Si, seguro Oui, ça c’est sûr. Cuisinier : La ciudad más cara que tiene Colombia es Cartagena. Pero el aumento salarial es a nivel nacional. La ville la plus chère de Colombie, c’est Carthagène . Mais le salaire minimum, il se décide au niveau national. Chef: Si, je crois qu’il a augmenté de 30.000 pesos, cette année. ¡Nada ! Jefferson : ¡Un pollo ! Pour 30.000 pesos t’as quoi? Un poulet… Cuisinier : Vas a Mac Donald’s, compras un combo, 30 mil pesos. Au Mac Do, pour 30 000, t’as un menu. Chef: No mais c’est locura, non mais, c’est du vol ! Cuisinier : Legalmente, con el sueldo mínimo, nadie va a alcanzar a comprar una casa. Légalement, avec le salaire minimum, personne ne peut s’acheter une maison. Chef: Sauf s’il y a une aide de l’Etat. Si, je vois de la pub à la télé ou dans les journaux, maintenant vous allez pouvoir acheter votre maison, mais faut voir les maisons... 28
Head Chef: Soy rico más que tu. Sin problème. Es mi capital señor. Es mi capital. J’ai investit, ¿cómo se llama ? Inversión. I'm richer than you, no problem. What's the word? I invested. I invested in a restaurant to make money. I'm not as rich as the people from Bocagrande, who have big houses and big cars... Chef: La camioneta, que se va en su yate para las islas. Y yo, ¿para dónde me voy? Pa Tolú, ¡en bus! They have SUVs and yachts to sail out to the islands. And me, where do I go? To Tolú, by bus! Head Chef :No tengo camioneta, no tengo voiture, ¡tengo bicicleta nomas! I don't own an SUV. All I have is a bicycle. Jefferson: ¡Tiene una mejor seguridad usted aquí, en su casa, que donde vivo yo ! It's safer where you live than in my neighborhood. Head Chef :Si, seguro That's for sure. Chef: La ciudad más cara que tiene Colombia es Cartagena. Pero el aumento salarial es a nivel nacional. The most expensive town in Colombia is Cartagena, but the minimum wage is decided on a national level. Head Chef : Actually, I think it went up by 30,000 euros this year. Nada! Jefferson: ¡Un pollo ! That buys you a chicken! Chef: Vas a Mac Donald’s, compras un combo, 30 mil pesos. Go to MacDonald's and you get a meal for 30,000 pesos. Head Chef :: It's daylight robbery! Chef: Legalmente, con el sueldo mínimo, nadie va a alcanzar a comprar una casa. Earning the minimum wage, it's impossible to buy a house legally. Head Chef :Without the help of the State. I've seen ads on TV and in the papers. You'll be able to buy yourself a house now, but what kind of house? 29
Cuisinier : Tengo una pregunta : una persona que se gana 535.000 pesos al mes, pagando un arriendo, un cuartico de 150.000 pesos, y que saque 60.000 pesos más para comer, ¿cuánto le queda ? No le está quedando nada porque tiene que pagar el transporte para venir a trabajar. ¿Cómo ahorra esa persona para ni siquiera comprar un terreno para construir una casa de un solo cuarto? J’ai une question à te poser. Une personne qui gagne 535.000 pesos par mois, qui paye un loyer de 150.000 pour une petite chambre et puis qui sort encore 60.000 pour manger, combien il lui reste ? Il lui reste rien parce qu’il doit aussi payer pour aller travailler. Alors comment elle fait pour acheter ne serait‐
ce qu’un terrain, pour construire une petite maison? Jefferson : Bueno aquí Gilles no tiene culpa de eso. Es el gobierno. Es lo que estipula el gobierno y es lo que va a pagar Gilles ! Bon, c’est pas la faute de Gilles. C’est le gouvernement. Gilles il paye ce qu’on lui demande. Bruits de cuisine. Jefferson : Entonces ya es algo que viene de generación en generación. Los ricos de aquí ya se criaron en este ambiente, desde el papa mandando a la empleada. Entonces, el niño que va viendo como maneja la empleada, luego que crece ve lo mismo. Así es como una cadena. Ça se transmet de génération en génération. Ici les riches ils sont élevés comme ça. Tu as le père qui commande à l’employé, bah t’as l’enfant qui voit ça et ensuite il fera pareil. Les cuisiniers en chœur : Los que tratan de cambiar las cosas, a todos los han matado. Los de izquierda. Mira, el mismo gobierno los asesina. Porque aquí no les conviene que los pobres surjan. No les conviene: se les acaba el negocio. Los han matado, a todos que han intentado: Luis Carlos Galán, Pizarro… Ceux qui ont essayé de changer les choses, les gens de gauche, ils ont tous été tués. Même le gouvernement assassine. Alors l’ascension des pauvres, ça serait la fin de leur business. Luis Carlos Galán, Pizarro… Tous ceux qui ont essayé ont été assassinés. Un moteur de bateau. Une voix de petite fille, au loin : “Voy con ella”(« je vais avec elle »). Des vagues et des grillons. Personnage riche : 4 ici, 5 ici, 2 autres sur l’île plus le pilote, ça fait une dizaine de personnes, entre les cuisinières… J’ai l’impression que y en a beaucoup qui s’amusent beaucoup. Les préoccupations c’est la partie de football, c’est qui va gagner, c’est la fiesta. Essayez de faire travailler… moi j’ai des pilotes de bateaux, y avait des engagements pour le 1er ou le 31 décembre, ah non, non, on remet notre démission. Tout sauf accepter de travailler le 1er janvier ou le jour des Reyes alors j’ai trouvé la solution, on fait venir un majordome de Bogotá, (rires) la cuisinière de Carthagène. On s’adapte ! 30
Chef: Tengo una pregunta : una persona que se gana 535.000 pesos al mes, pagando un arriendo, un cuartico de 150.000 pesos, y que saque 60.000 pesos más para comer, ¿cuánto le queda ? No le está quedando nada porque tiene que pagar el transporte para venir a trabajar. ¿Cómo ahorra esa persona para ni siquiera comprar un terreno para construir una casa de un solo cuarto? I have a question for you. A guy who earns 535,000 pesos a month and spends 150,000 to rent a small room and another 60,000 on food, how much does he have left over? He has nothing left over because he still has to pay to get to work. So, how can anybody buy so much as a plot of land to build a tiny house? Jefferson: Bueno aquí Gilles no tiene culpa de eso. Es el gobierno. Es lo que estipula el gobierno y es lo que va a pagar Gilles ! Sure, but it's not Gilles' fault. It's the government. Gilles pays what he’s asked. Kitchen sounds. Jefferson: Entonces ya es algo que viene de generación en generación. Los ricos de aquí ya se criaron en este ambiente, desde el papa mandando a la empleada. Entonces, el niño que va viendo como maneja la empleada, luego que crece ve lo mismo. Así es como una cadena. It's passed on from generation to generation. The rich raise their kids like that. If the father orders the employee around, the kid sees that and soon enough he'll do the same. Cooks: Los que tratan de cambiar las cosas, a todos los han matado. Los de izquierda. Mira, el mismo gobierno los asesina. Porque aquí no les conviene que los pobres surjan. No les conviene: se les acaba el negocio. Los han matado, a todos que han intentado: Luis Carlos Galán, Pizarro… Anybody who tried to change things, the leftwingers, they all got killed. Even the government assassinates people. If the poor rise up the ladder, it's closing time for them. Luis Carlos Galán, Pizarro... Anybody who tried got assassinated. A motorboat. Little girl: "I'm going with her!" Waves and crickets. Wealthy man: Four here, five here, two others on the island, plus the pilot, that makes a dozen people with the cooks... I get the impression a lot of them have a great time. All people think about is who's going to win the soccer game and partying. Try to get them to do some work... I have people driving my boats, and we had commitments on the 1st or December 31, and they hand in their resignation. Anything but work on New Year's Day or New Year's Eve. I found a way around it. We brought in a butler from Bogotá (laughs) and a cook from Cartagena. We adapt! 31
Musique Folklorique: flûtes et percussions. Economiste 2: Los Colombianos pareciera que somos capaces de aguantar demasiada desigualdad. Y en ese sentido no generamos la protesta social en contra de esas situaciones, que probablemente podría mejorar la condición social de la inmensa mayoría de la gente. Todavía hace falta incorporar o interiorizar en la gente el concepto de desigualdad como un mal para la sociedad. C’est comme si nous, les Colombiens, on était capables de supporter cet excès d’inégalités. Il n’y a donc pas de révolte sociale, pas de protestation qui pourrait améliorer la condition du plus grand nombre. Les gens n’ont pas encore intériorisé le fait que l’inégalité, c’est mauvais pour la société. Musique Folklorique: flûtes et percussions. Ambiance de foule, à l’entrée d’une salle de concert. « Hi, how are you, Elisita ? » L’ouvreur déchire les tickets. Observateur : Le problème c’est qu’on peut pas oublier d’où venons‐nous. Il y a 10 ans, il y avait des problèmes de sécurité terribles… narco trafique, guérilla… Quand vous avez un problème de ce gendre (sic), il faut premièrement attaquer ce problème‐là et après on peut songer aux autres problèmes. Je vais vous poser une question. À Paris, entre les Marocains et les gens de Neuilly, c’est pas la même chose ? Ambiance de foule. « Good morning Elisita ! » « I’m very happy I got my camera back ! » C’est exactement la même chose, c’est pas convenable, c’est pas juste. Mais c’est la vérité, c’est la méculture humaine (sic). Rires mélangés. Quelqu’un a raconté une blague. Vagues, grillons. Personnage riche : Les salaires en Colombie ne sont pas merveilleux, il y a beaucoup d’écarts encore. Mais la Colombie malgré tout a la… dans les études de bonheur, la Colombie se dispute le premier rang avec le Vanuatu. Le Vanuatu il y a 10.000 habitants, c’est plus facile. Rires mélangés. Personnage riche : ¡Freddy! ¡¡Venga a ver !! (aboiements de Berger Allemand) ¿La gente vive muy infeliz en Barú ? Freddy, viens voir ! Dis‐moi, les gens sont malheureux à Barú ? Freddy : ¡Feliz! Sí señor. En serio, feliz. Yo que no soy de aquí, ¡vivo feliz! Ils sont très heureux, monsieur ! Moi qui ne suis pas d’ici, mais je suis très heureux ! 32
Folk music. Economist #2: Los Colombianos pareciera que somos capaces de aguantar demasiada desigualdad. Y en ese sentido no generamos la protesta social en contra de esas situaciones, que probablemente podría mejorar la condición social de la inmensa mayoría de la gente. Todavía hace falta incorporar o interiorizar en la gente el concepto de desigualdad como un mal para la sociedad. It's as if we Colombians are able to put up with enormous inequality. There's no social unrest, no protests that aim to improve the general population's situation. People haven't yet come to terms with the fact that inequality is bad for society. Folk music. A crowd gathers at the entrance to a concert. "Hi, how are you, Elisita?" The attendant tears tickets. Observer: The problem is we can't forget where we come from. Ten years ago, there were terrible security problems—narco‐traffickers, guerrillas... When you have problems like that, that's the first issue you need to resolve. Then, you can think about other problems. Let me ask you a question... In Paris, between Moroccan immigrants and people in an upscale suburb like Neuilly, isn't it the same? Buzz of the crowd. "Good morning, Elisita!" "I'm very happy I got my camera back." Observer: It's exactly the same. It's unacceptable, it's unfair. But the reality is that it's human nature. Laughter. Somebody's cracked a joke. Waves and crickets. Wealthy man: Wages in Colombia aren't great. There are still huge discrepancies, but even so in polls about happiness, Colombia places first with Vanuatu. Vanuatu has 10,000 inhabitants. That makes it much easier. Laughter. Chatter. Wealthy man: ¡Freddy! ¡¡Venga a ver !! (aboiements de Berger Allemand) ¿La gente vive muy infeliz en Barú ? Freddy, come over here! (German Shepherd dog barks) Tell me, are people in Barú unhappy? Freddy: ¡Feliz! Sí señor. En serio, feliz. Yo que no soy de aquí, ¡vivo feliz! They're happy, sir. Very happy. I'm not from around here, but I'm very happy. 33
Personnage riche : Se despreocupan del futuro… Bueno, gracias (rires). Ils ne se préoccupent pas de l’avenir… Merci Freddy (rires). Freddy : Gracias a usted. Merci à vous, monsieur. Vagues. Grillons. Sa femme : Le déjeuner est servi. Personnage riche : J’y vais. Des petites filles s’interpellent : « ¡No te vas a comer esto, es carne asada ! » (« Mais tu vas pas manger ça, c’est de la viande grillée ! ») Voix, couverts. « Bueno niñas, ¡vamos a almorzar ! » (« Bon, les filles, on va déjeuner ! »). Vagues « Samuel, servez‐vous ! » Freddy ! Voix générique 1 : Arte Radio Francia Freddy ! Voix générique 1 : punto com Freddy ! Freddy ! Voix générique 2 en chuchotant : Universidad de Los Andes Rires Vague 34
Wealthy man: Se despreocupan del futuro… Bueno, gracias (rires). They don't fret about the future. Thanks, Freddy (laughs). Freddy: Gracias a usted. Thank you, sir. Waves and crickets. His wife: Lunch is served. Wealthy man: I'll check. Little girls. "You can't eat that, it's grilled meat!" Voices, silverware. "Okay, girls, time for lunch." Waves. "Samuel, help yourself." "Freddy!" Voiceover #1: Arte Radio Francia "Freddy!" Voiceover #1: punto com "Freddy!" "Freddy!" Voiceover #2 (whisper): Universidad de Los Andes Laughter. Waves. 35

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