Police municipale : l`exposition des agents oppose les syndicats

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Police municipale : l`exposition des agents oppose les syndicats
Police municipale : l'exposition des agents
oppose les syndicats
Publié le vendredi 20 novembre 2015
Vive polémique parmi les syndicats de police municipale. Alors que les maires s'étaient retrouvés,
mercredi 18 novembre, lors un rassemblement national au Palais des Congrès pour assurer l'Etat
de leur mobilisation dans la lutte contre le terrorisme, les syndicats, eux, s'écharpaient sur la
question de leur participation. Quatre organisations représentatives (CGT, CFDT, Unsa et FAFPT) se sont ainsi fendues d'un communiqué pour dénoncer "l'indécence" d'autres
syndicats appelant "l'ensemble des policiers municipaux à abandonner la voie publique
et par là même la protection de celles et ceux qu'ils se sont engagés à protéger". "Nous
dénonçons ces communiqués irresponsables, les rédacteurs de ceux-ci ne peuvent se
prévaloir d'appartenir à un corps de police", fustigent-ils. Les quatre syndicats
demandent au contraire à l'ensemble des policiers municipaux d'être présents "au plus
près de nos concitoyens dans l'espace public" et d' "opérer avec la plus grande visibilité
pour rassurer celles et ceux à qui les événements du vendredi 13 novembre font craindre
pour leur sécurité au quotidien". Ils les invitent par ailleurs "à exercer leurs missions
avec la plus grande vigilance, à se doter de tous les éléments de sécurité ou d'armement
dont ils peuvent être dotés, à l'intérieur comme à l'extérieur des postes de police".
La charge visait l'initiative de syndicats minoritaires, qui, samedi, ont appelé au retrait des agents
au motif qu'ils n'étaient pas équipés pour faire face à des armes de guerre. Visée au même titre
que le SNPM-CGC ou l'USPPM, la Fnact-CFTC a démenti, jeudi, tout appel au retrait. "Si nous
pouvons comprendre le besoin de certains agents d'user de leur droit de retrait face à une situation
critique, au cas par cas, nous restons cependant convaincus que les personnels publics doivent
rester mobilisés et assurer leurs missions vitales, en particulier dans des situations d'urgence
comme celle-ci", a-t-elle tenu à rectifier. "Aussi, si certains de nos policiers municipaux ont pu
exprimer leur souhait de retrait face aux risques encourus, cette situation n'a été que l'expression
d'une infime minorité. La plupart de nos représentants CFTC de la police municipale sont et ont été
fortement investis dans leur rôle pour faire face au drame de ces attentats et prévenir toute
récidive."
Dans son intervention au rassemblement des maires de France, mercredi, le président de la
République a promis de "protéger nos policiers municipaux en finançant leur équipement et en
apportant aux maires qui le souhaitent les armes qui seront prélevées sur les stocks de la police
nationale", sans préciser s'il s'agissait de mesures nouvelles ou bien de celles déjà décidées après
les attentats de janvier au cours desquels Clarissa Jean-Philippe, une policière municipale de 26
ans, avait été assassinée (voir ci-contre notre article du 19 novembre 2015). Dès lundi, dans un
courrier adressé au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, la FA-FPT a relancé la
question de l'armement. "Vous connaissez notre attachement à la libre administration
des collectivités territoriales, mais dans ce cas particulier le seul choix qui doit être
laissé c'est le choix d'avoir une police municipale armée ou de ne pas en avoir", fait
valoir le syndicat qui demande également de rendre possible le port de l'arme de service
en dehors des heures de travail.
Les policiers nationaux pourront garder leur arme hors service
S'agissant de la police nationale, la Direction générale de la police nationale (DGPN) a donné son
feu vert ce 19 novembre : les agents (les policiers actifs à l'exception des élèves, des adjoints de
sécurité et des réservistes) vont désormais être autorisés pendant la durée de l'état d'urgence à
détenir leur arme de service 24h/24. Jusqu'à présent, le port de l'arme était autorisé sous de
strictes conditions, durant le trajet du policier entre le domicile et le travail, et à la condition de
porter systématiquement un gilet pare-balles. La décision assouplit considérablement les conditions
de port d'arme des policiers hors service, pour leur permettre en cas de danger de se protéger
voire de protéger la population dans les lieux publics.
Ce droit à être armé s'accompagnera toutefois de certaines contraintes : il faudra aviser sa
hiérarchie de la conservation de son arme, porter un brassard de police sur soi pour pouvoir
s'identifier et respecter le nombre de séances de tirs réglementaires. "C'est finalement le b-a-ba
pour chaque policier", a estimé Patrice Ribeiro, du syndicat Synergie Officiers, le 19 novembre sur
BFMTV.
Michel Tendil