Quatre tableaux de l`école de Véronèse

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Quatre tableaux de l`école de Véronèse
Quatre tableaux de l’école de Véronèse
L’histoire et la provenance de ces quatre œuvres, copies ou œuvres préparatoires attribuées à l’école de Véronèse, ne nous sont
que partiellement connues.
Les versions originales, peintes par Véronèse lui-même, proviennent de la bibliothèque Marciana de Venise, où, à partir de 1556, un
important programme iconographique est initié. En effet, la décoration du plafond, composée de vingt et une peintures, est ensuite
complétée par celle des murs et de l’antichambre. De nombreux artistes sont sollicités, parmi lesquels Battista Franco, Le Tintoret
et Paolo Véronèse. Ce dernier réalise ainsi ces quatre tableaux allégoriques, finalement jugés trop petits et peu harmonieux avec
l’architecture de la grande salle principale. Il est cependant récompensé pour d’autres œuvres allégoriques situées au plafond,
représentant l’Honneur, la Musique et les Mathématiques et se voit remettre un collier d’or par Titien.
Deux de ces œuvres originales, la Navigation et la Théologie ont été léguées au Los Angeles County Museum of Art. Les deux
autres, dont la trace était perdue, ont été retrouvées en 2014 dans une villa néo-renaissance de Verbania en Italie.
Concernant les tableaux de Chartres (copies), la polémique reste entière. Certains spécialistes excluent la possibilité qu’elles
proviennent également de la bibliothèque Marciana, tandis que d’autres évoquent la suivante : les originaux auraient été vendus,
ne s’intégrant pas dans le programme iconographique final, et les copies réalisées par l’atelier de Véronèse accrochées dans
l’antichambre, ou tout au moins conservées si besoin.
Par ailleurs, en 1674, l’auteur Marco Boschini nous livre une description de ces œuvres qu’il situe dans l’antichambre : s’agit-il des
copies ou bien des originaux ?
La même année, Etienne II d’Aligre, conseiller de Louis XIII né à Chartres, rapporte ces quatre tableaux de Venise où il est
ambassadeur. Ils restent propriété de la famille d’Aligre jusqu’au XIXe siècle.
En 1830, le marquis Etienne Jean François d’Aligre lègue ces tableaux à l’Abbaye Notre-Dame de Josaphat (actuelle Fondation
d’Aligre et Marie Thérèse) située à Lèves. Après des travaux dans la chapelle du bâtiment, les tableaux ne peuvent plus y être
accrochés et sont entreposés dans le grenier. C’est ici qu’ils sont retrouvés par Camille Marcille, conservateur du musée de
Chartres, mais également collectionneur et artiste.
En 1864, les tableaux sont rentoilés puis transportés au musée de Chartres où ils sont placés en dépôt, permettant à Marcille de
terminer la restauration, notamment en enlevant de nombreux repeints.
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1. Allégorie de la Théologie, représentée par un homme en costume à l’antique appuyé sur une colonne (Averroès ?),
debout à l’intérieur d’un temple, le regard élevé vers le ciel. Il tient à la main une croix à deux branches appelée croix
patriarcale ou croix archiépiscopale. La branche supérieure, plus petite, matérialise l’inscription « INRI » apposée par Pilate
sur la croix latine du Christ. Le visage de cet homme pourrait être celui de Véronèse.
2. Allégorie de la Navigation, représentée par un vieillard à demi-nu (Ptolémée ?) assis sur une ancre et appuyé sur un
chapiteau. Il serre dans sa main un astrolabe et indique l’aiguille de l’autre main. Cet instrument, dont l’usage remonte à
l’Antiquité, est très utilisé au XVIe siècle.
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3. Allégorie de la Sculpture, représentée par une femme dont le visage serait celui de l’épouse de Véronèse, en robe rose
habillée à la romaine, debout, appuyée sur une colonne et regardant un putto se tenant à ses pieds. Ce dernier tient une
sculpture en bronze ainsi qu’un outil semblant être un ébauchoir.
4. Allégorie de l’Astronomie, représentée par un personnage en costume vénitien, manteau rouge et turban (Zoroastre ?)
appuyé sur un rocher et serrant une sphère céleste. A ses pieds se trouve un globe ainsi qu’un livre.
Paul Véronèse
Né à Vérone en 1528, Paolo di Gabriele ou Paolo Caliari dit
Véronèse est un peintre maniériste du Cinquecento issu de
l’école vénitienne. Il commence la peinture très jeune à l’âge de
13 ans, lorsqu’il entre dans l’atelier d’Antonio Badile.
2. Détail de l’astrolabe
3. Détail de la sculpture
4. Détail du globe
1.Détail de la croix
L’état de conservation de cet ensemble ne permet d’exposer que deux
d’entre elles :
l’Allégorie de la Théologie
et l’Allégorie de l’Astronomie.
Au début des années 1550, il travaille à Vicence ainsi qu’à
Venise, où il participe à la décoration des plafonds des trois
salles du Conseil des Dix du Palais des Doges. En 1555, il installe
son atelier dans cette ville, sous le nom de Paolo Veronese.
Parmi ses nombreuses œuvres, citons notamment La Sainte
Famille avec sainte Catherine et saint Antoine (sa première
commande publique en 1551, Eglise San Fransesco della Vigna),
Les Pèlerins d’Emmaüs (1558-1559), Les Noces de Cana (1563),
toutes deux exposées au Louvre, ou encore Le Repas chez Lévi
(1573, conservée à la Gallerie dell’Accademia de Venise),
initialement intitulée Dernière Cène et qui lui valut une
convocation devant le tribunal de l’Inquisition pour des raisons
d’iconographie religieuse.
On lui doit également sa participation à un certain nombre
d’autres décors : le cycle décoratif de la chapelle Avanzi dans
l’église San Bernardino de Vérone ; la décoration de la voûte du
Grand Salon de la bibliothèque de Saint-Marc à Venise ; celle du
palais Trévisan à Murano ou encore de la villa Barbaro à Maser.
Paul Véronèse meurt le 19 avril 1588 à Venise des suites d’une
forte fièvre, il est enterré à San Sebastiano.