Jean-Philippe Billarant président du conseil d`administration Brigitte
Transcription
Jean-Philippe Billarant président du conseil d`administration Brigitte
Jean-Philippe Billarant président du conseil d’administration Brigitte Marger directeur général La cité de la musique est heureuse de présenter pour la première fois en France l’Australian Chamber Orchestra dont la réputation internationale est excellente. Dirigé par son premier violon, Richard Tognetti, cet ensemble cherche à la fois à réinterpréter la musique du passé à la lumière des acquis de notre siècle et à développer un répertoire contemporain fait de commandes et de créations. samedi 13 octobre - 20h salle des concerts Carlo Gesualdo « Asciugate i begli occhi » (madrigal vocal transcrit pour orchestre à cordes par Richard Tognetti ; voir traduction p. 5) Brett Dean Carlo durée : 24 minutes Joseph Haydn Symphonie n° 44 en mi mineur, Hob. I/44, « Funèbre » allegro con brio, menuetto, adagio, presto durée : 22 minutes entracte Ludwig van Beethoven Sonate pour violon et piano n° 9, en la majeur, op 47, « à Kreutzer » (arrangée pour violon et orchestre à cordes par Richard Tognetti) adagio sostenuto, presto, andante con variazioni, finale (presto) durée : 40 minutes Richard Tognetti, direction, violon Ivry Gitlis, violon Australian Chamber Orchestra durée du concert (entracte compris) : 1 heure 50 Australian Chamber Orchestra Australian Chamber Orchestra Carlo Gesualdo Asciugate i begli occhi Carlo Gesualdo Séchez vos beaux yeux Asciugate I begli occhi, Deh, cor mio, non piangete Se lontano da voi gir mi vedete ! Ahi, che pianger debb’io misero e solo Che partendo da voi m’uccede il duolo Séchez vos beaux yeux, Ah, mon cœur, ne pleurez pas Si vous deviez me voir loin de vous Ah, je pleurerais malheureux et seul. Car si je vous quittais la douleur me tuerait. traduction Dennis Collins 4 | cité de la musique Brett Dean Carlo Carlo, commandé en 1997 par le Huntington Festival, est écrit pour quinze instrumentistes à cordes, échantillonneur et bande enregistrée. Le titre fait référence à Carlo Gesualdo (v. 1560-1613), prince de Venosa, compositeur estimé d’une musique vocale originale et très aboutie, dans le style maniériste, et auteur de l’un des crimes les plus odieux et les plus célèbres du XVIe siècle, puisqu’il assassina en octobre 1590 son épouse Maria d’Avolos et l’amant de celle-ci, Don Fabrizio Carafa, duc d’Andria. Depuis lors, ce personnage de Carlo est relativement célèbre, ce qui n’est pas pour surprendre. Jusqu’à nos jours, les historiens semblent encore indécis quant aux mérites véritables de Gesualdo « compositeur », incapables de dissocier les caractéristiques de ses œuvres – avec leurs audaces harmoniques, leurs surprises et leur complexité d’écriture – de l’infamie de Gesualdo l’assassin. Il avait sans nul doute de nombreux contemporains dont la musique n’est pas moins digne d’attention – des compositeurs comme Marenzio et Luzzaschi, qui n’ont pas attisé la flamme de la renommée en massacrant leur épouse. Mais je crois qu’avec Carlo Gesualdo, il ne faut pas tenter de dissocier sa musique de sa vie et de son temps. Le tout est intrinsèquement lié. Les textes des derniers madrigaux, dont on pense qu’ils furent écrits par Gesualdo lui-même, abondent en allusions à l’amour, à la mort, à la culpabilité et à l’apitoiement sur soi. Si on ajoute à cela le fait que j’ai toujours considéré les œuvres vocales de Gesualdo comme l’une des grandes expériences les plus fascinantes de la musique, on a le point de départ de mon œuvre. Carlo débute avec du pur Gesualdo… Venant d’une bande, on entend le chœur initial de Moro, lasso, l’une de ses compositions les plus célèbres, empruntée au sixième livre de madrigaux. Après la tragique ligne chromatique descendante de ce début se déploie un collage vocal préenregistré, les diverses citations du madrigal étant initialement liées harmoniquement ; puis elles suivent leur propre chemin, tantôt plus brillantes et notes de programme | 5 Australian Chamber Orchestra Australian Chamber Orchestra plus rapides, tantôt plus lentes et plus solennelles. Peu à peu, l’orchestre se mêle à ce processus, remplaçant au début les citations enregistrées de Moro lasso par d’autres motifs de Gesualdo et nous conduisant ensuite dans des mondes sonores beaucoup plus proches du XXe siècle. Par moment, l’échantillonneur nous ramène provisoirement dans l’univers de Gesualdo, uniquement pour que l’orchestre se lance dans sa propre interprétation et élaboration du matériau. Au fil de ce voyage entre deux époques différentes, les madrigaux de Gesualdo sont finalement réduits à de simples murmures de ses textes et à des sons de respiration nerveuse – croissant en intensité jusqu’à ce qu’on peut considérer comme un écho orchestral de cette nuit funeste à Naples le 26 octobre 1590. Cette composition n’aurait pas été possible sans l’aide de Marcus Creed et des solistes de son RIAS Kammerchor de Berlin, ainsi que de Peter Gross, ingénieur du son au Philharmonique de Berlin. Pour leur contribution à l’enregistrement de la bande et aux passages vocaux échantillonnés, mes plus sincères remerciements. Carlo est dédié à Richard Tognetti et à l’Australian Chamber Orchestra. © Brett Dean traduction Dennis Collins Joseph Haydn Symphonie n° 44 en mi mineur, Hob. I/44, « Funèbre » 6 | cité de la musique Composée très certainement entre 1770 et 1772, la Symphonie n° 44 de Joseph Haydn (1732-1809) s’engage dans la voie de l’esthétique de la « sensibilité préromantique » jusqu’à devenir aujourd’hui l’une des œuvres les plus représentatives du Sturm und Drang (littéralement « tempête et passion »), ce courant littéraire et musical qui prônait, en Europe centrale vers 1770, le désordre des sentiments et leur exaltation. La tonalité mineure accompagne ce caractère bouillonnant, tout comme les féroces unissons initiaux, les oppositions de nuances, les sforzandi (accents), les effets de profondeur de timbre (sourdines du troi- sième mouvement), le contrepoint exubérant (plutôt que sérieux) et les articulations volontairement discursives. La Symphonie n° 44 témoigne, dans le même temps, d’une profonde unité, puisque le mouvement lent, placé en troisième position à la place du menuet, conserve l’intensité des mouvements précédents et rompt avec la tradition des adagios cantabile et légers. Marc Vignal rapproche même ce mouvement lent de la troisième partie de l’oratorio La Création de Haydn, passage dans lequel le compositeur, avec la même tonalité de mi majeur, évoque le Paradis terrestre. C’est d’ailleurs ce mouvement que Joseph Haydn aurait voulu que l’on jouât à son enterrement, d’où le qualificatif de « Trauer » (funèbre). Emmanuel Hondré Ludwig van Beethoven Sonate pour violon et piano n° 9, en la majeur, op 47, « à Kreutzer » (tr. Richard Tognetti) L’art de l’arrangement, de la transcription et de la traduction a une longue et noble histoire. Des solides traductions d’Aristote que fit Boèce à la bouleversante traduction poétique de Rubaiyat d’Omar Khayyam due à Edward FitzGerald, la littérature est parsemée de beaux et précieux exemples d’œuvres qui, en traduction, préservent leur essence tout en portant l’empreinte du traducteur et en exprimant l’esprit et le contexte de l’époque où elles virent le jour. En musique, ces arrangements sont une tradition séculaire qui se poursuit sainement jusqu’à nos jours. Mozart fit son adaptation du Messie de Händel pour le public viennois des années 1780, dans un esprit et des circonstances que l’on pourrait rapprocher aujourd’hui des remix de chansons de variétés – c’est-à-dire la mise au goût du jour les mélodies d’il y a trente ans pour la clientèle des discothèques à la mode. Et on connaît les arrangements monumentaux (tels l’arrangement que fit Bach lui-même de sa Partita pour violon en mi majeur en ouverture avec trompettes et timbales), les brillantes adaptions hautes en couleur de Bach signées par Stokowski, ainsi que les nombreuses fantaisies et paraphrases de Liszt, pour ne citer que quelques exemples de l’art de l’arrangeur. notes de programme | 7 Australian Chamber Orchestra Australian Chamber Orchestra Tout au long du XVIIIe siècle et pendant une grande partie du XIXe siècle, l’art de l’arrangement fut une activité musicale estimée et lucrative. Les nombreux arrangements d’airs d’opéras célèbres sous forme de Harmoniemusik (datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle) en témoignent. Mozart écrit en 1782 : « Ce n’est pas une mince tâche qui m’attend d’arranger mon opéra [Die Entführung aus dem Serail] pour instruments à vent d’ici dimanche de la semaine prochaine, de crainte que quelqu’un d’autre ne le fasse avant moi et n’en récolte les bénéfices. » Les copistes professionnels se livraient notoirement à ce genre de travail devant arrondir joliment leur rémunération. L’arrangement et l’orchestration faisaient également partie de la formation de l’apprenti-compositeur. Mozart orchestra et augmenta des sonates pour clavier connues de J. C. Bach, Schobert, Eckhardt et d’autres en 1767 et 1772, alors qu’il avait respectivement onze ans et seize ans. Il les transforma en concertos pour clavier, ajoutant des cadences et un accompagnement orchestral. Les transcriptions de quatuors à cordes, symphonies et opéras de compositeurs appréciés, publiées par les grandes maisons d’édition européennes, étaient monnaie courante au XIXe siècle et répondaient à une vive demande de la part du public. Ces versions, souvent pour piano à quatre mains, permettaient aux œuvres de grande envergure d’être jouées et entendues sous une forme plus simple, plus facile et plus accessible. Souvent, on ne disposait que d’un piano pour entendre et jouer ce genre de compositions. Les œuvres populaires étaient diffusées par les éditeurs sous des formes étonnamment variées. Le grand succès de Beethoven, Wellingtons Sieg op. 91, fut ainsi publié du vivant du compositeur dans des versions pour vents, septuor à cordes, quintette à cordes, quatuor à cordes, trio avec piano, piano à quatre mains, piano seul et deux pianos... Beethoven arrangea lui-même, à la demande de Clementi, son Concerto pour violon op. 61 en version pour piano 8 | cité de la musique « avec et sans touches supplémentaires ». Clementi ajoute ensuite dans la même lettre adressée à son associé : « Vous pourriez demander à Cramer, où à quelque autre individu très habile, d’adapter les quatuors, etc. pour le piano-forte. » Les transcriptions de la Sonate « à Kreutzer » ont déjà une longue histoire, et cette version pour violon solo et orchestre à cordes en est la continuation naturelle. Après sa première publication en avril 1805, on vit paraître des versions pour piano à quatre mains (Grand Duo brillant) pour piano seul (Czerny, 1827), pour quintette à cordes (avec deux violoncelles, 1832, œuvre d’un arrangeur habile et anonyme), et pour quatuor avec piano (Hartmann, 1839). Ces diverses versions, largement diffusées par Simrock à Bonn et Diabelli & Cie à Vienne, en même temps que la version originale pour violon et piano, témoignent de la popularité de l’œuvre. Dans son arrangement de cette sonate en concerto pour violon, Richard Tognetti a été influencé par un certain nombre de facteurs. Premièrement, le brillant arrangement publié par Simrock relevait déjà d’un style très concertant, et la partie de piano avait été orchestrée de manière experte. La transformation de la partie de piano en tuttis orchestraux a donc un précédent. Deuxièmement – et notre arrangeur anonyme en avait certainement conscience –, Beethoven luimême soulignait la nature concertante de cette « Grande Sonate » (ainsi que la baptise Carl Beethoven) dans une note sur une esquisse que l’on retrouve sur la page de titre de la première édition. « Sonata scritta in un stilo brillante molto concertante quasi come d’un Concerto », dit Beethoven ; ce qui signifie : « Sonate écrite dans un style brillant [biffé] très concertant, presque comme un concerto ». Cette description relativement détaillée souligne le caractère virtuose de la partie de violon et l’architecture épique de l’ensemble de l’œuvre, tout en s’éloignant de manière significative de la forme de la « grande sonate » alors en vogue. Et c’est une œuvre extraordinaire. Beethoven écrivit à notes de programme | 9 Australian Chamber Orchestra Australian Chamber Orchestra l’origine la sonate pour le virtuose George Polgreen Bridgetower (1779-1860). Le père du violoniste était africain, et lui-même était le page personnel du patron de Haydn, le prince Nicolaus Ier Esterházy. Sa mère était polonaise, et on le considérait donc à l’époque comme un mulâtre. La dédicace de Beethoven à Bridgetower dit : « Sonate mulatique / Composée pour le mulâtre Brischdauer [sic], grand compositeur lunatique et mulatique ». Mais, comme le note H. C. Robbins Landon, ils se disputèrent au sujet d’une jeune fille, et Beethoven préféra dédier la sonate à Rudolphe Kreutzer. Pour Beethoven, Kreutzer était un « homme très cher, qui m’a donné beaucoup de plaisir quand il était ici – sa modestie et son naturel me plaisent beaucoup plus que tout l’extérieur ou inférieur de la plupart des virtuoses. » L’œuvre s’ouvre sur le violon solo seul, et Beethoven instaure presque aussitôt l’opposition concertante entre soliste et piano ou, ici, entre le violon et l’ensemble de l’orchestre – effet visuel marquant, concertant. Comme le note Tognetti, ce premier mouvement (adagio sostenuto conduisant au presto) est un débat de proportions massives. Les oscillations entre demitons (petits intervalles) et octaves (grands bonds) nous font constamment passer du déchiqueté au lisse. Un décalage de demi-ton sert de procédé de transition entre l’introduction lente et le presto en mode mineur, dense et débridé. Les formules virtuoses sont aussitôt apparentes dans un contexte sans précédent parmi les Sonates pour violon de Beethoven – ou, du reste, de ses contemporains. Sur les pages de titre des sonates pour violon du début des années 1800 et au-delà, ces duos étaient encore annoncés comme étant pour piano (ou clavecin !) avec accompagnement de violon. C’était manifestement un héritage de la fin du XVIIIe siècle, et le rôle du violon dans ces duos a peu à peu gagné en importance structurelle à partir de Boccherini et de Mozart (autrement dit dans les années 1770 et 1780) ; mais ici, dans 10 | cité de la musique l’Opus 47, il est évident que Beethoven s’éloigne délibérément de l’ancienne forme. Le répit qu’apporte l’apparition du second thème est éphémère, et la dispute reprend lorsque le piano (ou l’orchestre) réussit à énoncer, pour protester, un thème rythmique et passionné, accompagné par les accords pizzicato du violon solo. Le développement est un immense enchevêtrement de motifs et de thèmes, sur un mouvement de croches presque incessant. Les rares moments de silence et de calme semblent d’autant plus éloquents. Selon Tovey, ce mouvement est « très fougueux et passionné, mais c’est la passion du combat homérique, non celle de la tragédie eschyléenne : et la riche série de variations ornées qui suit apporte juste le contraste de ton qu’il faut ». Il est intéressant de noter que Czerny qualifie ces élégantes variations de « Variations brillantes » par dans son arrangement pour piano seul. Le développement est épique, et la transition est habilement conçue pour nous préparer au finale (que Beethoven emprunta à l’Op. 30 n° 1). C’est une gigue heureuse et enthousiaste qui fait oublier le ton péremptoire et les rivalités des mouvements précédents. Le rythme à 6/8 et le caractère de rondo rappellent les derniers mouvements du Concerto pour piano op. 19. Comme le dit Tovey ailleurs : « Le meilleur finale est celui qui est le plus rafraîchissant après ce qui s’est passé auparavant. » La recette est bonne et naturelle. Les arrangements et les adaptations nouvelles peuvent également paraître « rafraîchissants après ce qui s’est passé auparavant », à la fois pour le public, pour le compositeur et pour l’interprète. Et ce soir vous entendrez cette sonate transformée (pour citer Beethoven) in stilo d’un concerto. © Erin Helyard traduction Dennis Collins notes de programme | 11 Australian Chamber Orchestra biographies Richard Tognetti étudia au Conservatoire de Musique de Sydney avec Alice Waten, puis au Conservatoire de Berne avec Igor Ozim, où il fut récompensé par le Prix Tschumi en 1989. Dans la même année, il prit la tête de l’Australian Chamber Orchestra (ACO) et en devint également le directeur artistique. Il y développa une sensibilité mordante dans l’interprétation de la musique, que ce soit sur des instruments électriques, modernes ou d’époque, tout en ayant l’esprit pionnier des interprètes du début des années 70. Ses arrangements des œuvres de Janàcek, Szymanowski, Paganini, Beethoven, Ravel ou Satie ont servi à étendre le répertoire de la musique de chambre. En 1996, il ouvrit même le Festival de Vienne avec Sissy sings the blues..., présenté au Penny Arcade Show. En association avec les producteurs de vin Susie & Bob Roberts, Tognetti 12 | cité de la musique Australian Chamber Orchestra produit et assume également la fonction de directeur artistique du Festival annuel Hutington qui se tient à l’entreprise vinicole Hutington de Mudgee. Le Festival est renommé pour son approche originale de la programmation, de la présentation et de l’engagement de ses artistes. Tognetti dirige l’ACO et apparaît en tant que soliste sur plus de vingt tournées internationales. Les points culminants de celles-ci furent la série des concerts de l’Orchestre de Chambre du Musikverein de Vienne, les concerts de la BBC au Royal Albert Hall, le Festival d’été du Concertgebouw, les nombreux concerts au Wigmore Hall, ainsi que les concerts à Carnegie Hall et au Teatro Colon de Buenos Aires. Il s’est également produit au Festival de Salzbourg en tant qu’invité de Steven Isserlis. Tognetti a aussi amené son orchestre en tournée aux États-Unis, en Alaska, en Californie ou encore en NouvelleAngleterre. Avec le musicien rock Iva Davies, il a co-écrit et interprété sur un violon électrique The Ghost Time accompagné du Sydney symphonic Orchestra pour une émission internationale lors du passage à l’an 2000, au Wydney Opera House. Tognetti est membre d’un comité créé par le Conseil australien dans le but d’élaborer des stratégies pour améliorer la perception des arts dans le pays. Le succès incontesté du Festival de Sydney 2001, au cours duquel il a dirigé Mitridate Re di Ponto de Mozart, marque les débuts de Tognetti en tant que chef pour le lyrique. Ivry Giltis Violoniste israélien, Ivry Giltis a eu son premier contact avec l’instrument à l’âge de cinq ans. Bronislav Huberman l’entendit jouer pour la première fois trois ans plus tard et l’encouragea à poursuivre ses études musicales en Europe. Le jeune Giltis étudia avec Jacques Thibaud, Georges Enesco et Carl Flesh à Paris. Puis, réfugié politique à Londres, il fit ses débuts au Royal Albert Hall. Sa première tournée américaine, soutenue par Sol Hurok, lui permit de jouer en compagnie d’Eugène Ormandy et l’Orchestre de Philadelphie, de George Szell et du Philharmonique de New York. Ivry joue élégamment, avec une sophistication et une intelligence débordantes de spontanéité. Il a joué en compagnie des plus grands orchestres internationaux : Vienne, Berlin, Londres, New York, Los Angeles, Philadelphie, Toronto, Israël, Leningrad, Tokyo, Paris, Amsterdam, ainsi qu’avec les principaux chefs d’orchestre dont Zubin Mehta, Daniel Barenboim, Jascha Horenstein, Michael Tilson Thomas, Eliahu Inbal et Charles Dutoit. Son premier enregistrement, le Concerto d’Alban Berg « à la mémoire d’un ange » reçut le Grand Prix du Disque. Il reçut également, pour son interprétation du Concerto et de la Sonate pour violon seul de Bartók, le Prix du Meilleur Disque de l’année du New York Herald Tribune. Bien que sans doute moins largement connu en tant que musicien de chambre, Ivry Giltis a joué avec un grand nombre d’artistes durant ces dernières dizaines d’années : Jascha Heifetz, Gregor Piatigorsky, William Primrose, Isaac Stern, Leonard Rose, Steven Isserlis, Truls Mørk, Gary Hoffman, Mischa Maisky et Martha Argerich... Il a enregistré les Sonates de Franck et Debussy, puis les Sonates de Brahms, Beethoven et Hindemith. Ivry Giltis est aussi un pédagogue renommé, qui donna des masterclasses à travers toute l’Europe. De même, il passe souvent des étés au Mozarteum de Salzbourg et en France. Il compose et joue fréquemment pour le cinéma (Truffault et Schlöndorff). En 1981, son autobiographie, L’Âme et la Corde, a été accueilli de façon unanime par la critique. Basé à Paris, Ivry Giltis se produit considérablement à travers le monde. Son triomphal retour au London Stage en 1996, après une longue absence, marque le 50e anniversaire de ses débuts au Wigmore Hall. Australian Chamber Orchestra Fondé en 1975, l’Australian Chamber Orchestra (ACO) s’est forgé une réputation internationale grâce à son excellence artistique et sa programmation pionnière. Inégalé dans sa provocante extension du répertoire de l’orchestre de chambre, l’ACO joue sur des instruments d’époque, en tant que petit groupe de chambre, petit orchestre symphonique ainsi qu’en tant qu’ensemble électro-accoustique. Le directeur artistique et président de l’ACO, Richard Tognetti, assume ses fonctions depuis 1989. La rencontre de l’orchestre avec ce talentueux violoniste australien a donné naissance à un nouveau et séduisant chapitre dans l’histoire artistique de l’ACO. Sous son patronat, l’orchestre a travaillé en compagnie de nombreux solistes tels Stephen notes de programme | 13 Australian Chamber Orchestra Hough, Lorraine Hunt, Yvonne Kenny, Steven Isserlis, Robert Levin, Christian Lindberg, Barry Tuckwell, John Williams, Peter Wispelwey ou Imogen Cooper. La saison nationale de l’ACO se déroule chaque année à travers plus de 80 concerts à Melbourne, Adelaide, Brisbane, Canberra, Newcastle, Perth, Sydney ou encore Wollongong. De même, ils effectuent des tournées régionales, regroupant à chaque représentation, de nombreux spectateurs. De régulières tournées en Asie, en Europe et aux États-Unis ont permis à l’ACO de multiplier d’excellentes critiques grâce à leurs concerts dans les plus prestigieuses salles telles le Concertgebouw d’Amsterdam, le Wigmore Hall de Londres, Carnegie Hall et le Lincoln Center de New York, le Musikverein de Vienne, ou encore le Symphony Hall de Birmingham et le Kennedy Center de Washington. En 1999, l’ACO créa un nouveau chœur de chambre, ACO voices, qui déclencha les louanges des critiques pour son interprétation du 14 | cité de la musique Messie de Händel. De nombreux enregistrements de l’orchestre interprétant un répertoire varié de Bach, Mozart, Beethoven et Schubert à Janàcek, Shostakovich, Sculthorpe et Dean, sont disponibles. Quant à celui du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, accompagné d’un livre écrit et illustré par Michael Leunig, il eut un succès si fulgurant, qu’il a rapidement rejoint la liste des best sellers lorsqu’il fut publié en novembre 2000. Cette année, l’ACO célèbre plus de trente cinq ans de musique en invitant des musiciens tels que les pianistes Ana-Maria Vera et Piotr Anderszewski, la mezzo-soprano Bernada Fink, le violoncelliste Daniel Muller-Schott, le ténor Steve Davislim et le violoniste Pekka Kuusisto. Pour la saison 2001, il est prévu un partenariat avec le chef d’orchestre britannique Stephen Layton ainsi qu’avec le chœur national d’enfants Gondwana Voices, dirigé par Lyn Williams. hautbois Anthony Chesterman Ngaire de Korte cors Darryl Poulsen Matthew Coorey violons Richard Tognetti Helena Rathbone Zoë Black Lorna Cumming Alice Evans Aiko Goto Mark Ingwersen Elizabeth Jones Cary Koh Airena Nakamura altos Caroline Henbest David Wicks Sally Boud violoncelles Emma-Jane Murphy Molly Kadarauch Melissa Barnard contrebasse Maxime Bibeau technique régie générale Les membres de l’Orchestre sont habillés par Akira Isogawa. Joël Simon régie plateau Eric Briault