Partir, revenir dans l`Otan, autres choix, mêmes raisons

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Partir, revenir dans l`Otan, autres choix, mêmes raisons
28 FEV/01 MARS 09
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Partir, revenir dans l'Otan, autres choix, mêmes raisons
de nos principaux alliés européens plus que logique de participer
ne souhaite qu'elle se transforme
à l'organisation militaire intégrée
de l'Otan.
en organisation politique
qui accréditerait l'idée
d'un Occident replié sur lui-même.
La présence de la France au sein
de tous ses organes, qui décident
à l'unanimité, conforte cette
conviction à l'intérieur même
de l'Alliance où elle n'est pas isolée.
L'Otan doit garder un objet
géographiquement limité
à l'Atlantique Nord. Si nous
ne voulons pas être entraînés
malgré nous dans des conflits
qui ne sont pas les nôtres, il faut
être dans l'Alliance. L'élection
de Barack Obama permet d'espérer
une politique militaire plus
raisonnable parce qu'il partage
et le protocole, signé le 22 août
davantage la vision européenne
1966, maintenait nos forces
multilatérale d'un monde organisé
en Allemagne « sous contrôle
dans lequel le seul recours à la
opérationnel de l'Otan,
force ne suffit pas à garantir la paix.
pour une mission et un temps
L'Otan doit s'adapter
donnés, en cas d'agression
aux nouvelles menaces terroristes,
extérieure ».
Faute de défense européenne, numériques, criminelles et ne plus
l'Otan s'est élargie, a contribué à la se contenter d'additionner
des bataillons d'armes lourdes.
stabilité du continent et, de facto,
créé des standards qui constituent La multipolarité comme la crise
économique lui imposent
un début d'identité européenne
de
s'inscrire dans le siècle nouveau.
de sécurité entre les différentes
Enfin, l'Europe de la défense
forces armées de l'Europe.
n'est plus contestée et George W.
Indispensable pour faire cesser
Bush lui-même l'a officiellement
les guerres des Balkans, elle est
reconnue au sommet de Bucarest
devenue un instrument politique. en avril 2008. Le rôle de la France
C'est pourquoi la France
est ici déterminant. Longtemps
s'est associée de plus en plus
isolée en Europe, sa nouvelle
à ses opérations sur le terrain,
posture la remet dans le jeu
réintégrant en 1995 son Conseil
avec une légitimité inégalée
des ministres et son Comité
sur le théâtre principal
militaire, tout en lançant, avec
de ses intérêts prioritaires qui sont
les Britanniques, une politique
en Europe. Elle y est attendue et
européenne de défense. Celle-ci
souhaitée parce qu'elle porte avec
existe, au point d'avoir déjà
ses alliés européens une vision
conduit, de son fait, 12 opérations pacifique de l'usage de la force.
militaires sur des théâtres
L'accompagnement politique
extérieurs. En avril 2008,
et l'aide au développement
à Bucarest, la France
sont aussi des armes efficaces.
et l'Allemagne se sont opposées
On combat les idées fausses
à l'élargissement de l'Alliance,
avec de vraies valeurs.
qui ne leur paraissait pas conforme
n ce domaine, le rôle
à une bonne et stable organisation
de l'Union européenne et
de la sécurité en Europe.
de la France est reconnu. Vis-à-vis
A ujourd'hui, la réintégration
de l'Otan, en 2009 les mêmes
/ A . dans l'organisation militaire
objectifs qu'en 1966 conduisent
intégrée de l'Otan répond
à des conclusions exactement
exactement aux mêmes motifs
inverses. Si nous voulons conforter
qui ont conduit la France
notre indépendance, si nous
à s'en éloigner. L'Otan doit rester
voulons promouvoir notre vision
un outil militaire et aucun
du monde, il est aujourd'hui
\ \ L'Otan doit
rester un outil
militaire et aucun
de nos principaux
alliés européens
ne souhaite qu'elle
se transforme
Par Jean-Dominique en organisation
politique qui
Giuliani
accréditerait l'idée
Le président de la Fondation
d'un
Occident replié
Robert-Schuman considère
sur lui-même
que les mêmes motivations
qui nous ont fait quitter
l'Alliance atlantique en 1966
justifient le retour de la France
dans l'organisation aujourd'hui.
e 7 mars 1966,
par une simple lettre,
le général de Gaulle
informait le président
des États-Unis de sa décision
de quitter l'organisation militaire
intégrée de l'Otan. « [La France...]
croit devoir, pour son compte,
modifier la forme de l'alliance,
sans en altérer k fond »,
expliquait-il ensuite aux Français.
Les raisons de cette décision
presidentielle étaient daires.
La France refusait que l'alliance
militaire se transforme peu à peu
en une organisation politique
qui aurait porté atteinte à notre
indépendance et au plein exercice'
de notre souveraineté. Était visé
le changement de doctrine
nucléaire américaine, donnant
aux commandants sur le terrain
la capacité de déclencher
un conflit planétaire sans décision
politique indépendante
des puissances concernées.
Elle considérait, par ailleurs,
qu'il fallait réformer J'Otan
qui interdisait une vision
et une organisation européennes
de la défense.
Pour autant, elle ne rompait
pas cette alliance stratégique
et elle n'a jamais failli à la solidarité
atlantique, ajoutant sa propre
contribution à la guerre froide.
Sa force de frappe nucléaire
n'a jamais été pointée ailleurs
que sur des cibles soviétiques
L
SCHUMAN
0622909100508/GNK/MAF/1
E
Eléments de recherche :
FONDATION ROBERT SCHUMAN : centre de recherche sur l'Union Européenne et structure de soutien à l'intégration
de nouveaux États membres, toutes citations