Papier tissu: nouveau joueur sur le marché

Papier tissu: nouveau joueur sur le marché
Écrit par Mathieu Régnier, Le Maître papetier
Mercredi, 17 juin 2015 00:00
Résolu annonçait le 1er juin dernier quelle investissait dans le papier tissu. La plupart des
médias québécois se sont penchés sur la nouvelle. Des papiers essuietout et des papiers
hygiéniques sortiront dès 2017 de l'usine de Calhoun, au Tennessee. En tout, l'entreprise dont
le siège social est à Montréal déboursera 270 millions de dollars (US $) pour convertir une
usine existante.
Les actionnaires se demandaient vers quel segment de marché Résolu se tournerait pour
contrecarrer la diminution de la demande à l'endroit du papier journal et du papier commercial
qui a énormément fait souffrir l'entreprise au cours des dernières années. Les fermetures
d'usines et les mises à pied ne pouvaient pas suffire, il fallait aller vers le tissu ! Ce segment de
marché est en croissance continue depuis plusieurs années.
Diversification tardive
Les analystes vantent beaucoup la direction prise par Domtar en lien avec les produits
d'incontinence pour adultes (achat de Attends Amérique du Nord en 2011). À quelques rues
vers l'ouest du siège de Domtar, la haute direction de Résolu devait bel et bien se retrousser
les manches et tourner la page pour choisir, comme son voisin, une nouvelle ligne de produits
orientée vers les besoins des consommateurs. Dans le secteur du papier tissu, Résolu entre
toutefois dans un marché déjà occupé par des joueurs importants : Kruger (aussi au
Tennessee), Georgia-Pacific, Kimberly-Clark et, au Québec, Cascades qui vient d'investir 35
millions de dollars dans une usine de l'Oregon pour renforcer sa position dans le marché
nord-américain des papiers tissu. Une machine à papiers spécialisés devait y être reconfigurée
pour produire 55 000 tonnes de papiers tissu par année. Cascades y produira du papier
essuie-mains et des serviettes de papier. Résolu, elle, souhaite produire environ 60 000 tonnes
métriques de papiers tissus destinés aux marques privées pour des clients comme Walmart.
Back to the future !
Petit clin d'œil historique ; il y a 25 ans, une ancienne filiale de Résolu possédait une importante
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part de marché dans le secteur du papier hygiénique. Royale Facelle a pourtant été vendue à
Procter & Gamble par Produits Forestiers Canadien Pacifique ltée (PFCP) en 1991. Son usine
principale était à Toronto. En 1990 le bénéfice d'exploitation de Facelle était de quelque 13
millions de dollars. Ses ventes : 170,5 millions. PFCP a conclu la vente au géant américain pour
185 millions. Avec Facelle Procter & Gamble achetait aussi Pronto, Dove, Festival, Florelle, et
Facettes. À Cincinnati, les dirigeants du nouvel acquéreur considéraient que le Canada était un
choix logique pour l'expansion d'un marché qu'ils avaient déjà approché aux États-Unis avec
des marques comme Bounty, Puffs et Charmin. La proximité du pays, la disponibilité de la
ressource et l'avènement du nouvel accord de libre-échange Canada/États-Unis étaient des
arguments vendeurs. À l'époque, Procter & Gamble possédait une seule usine de papier au
Canada à Belleville, pas très loin de l'usine Facelle. On y fabriquait des couches. PFCP,
auparavant, « CIP » ou Canadian International Paper, allait devenir Avenor qui serait ensuite
achetée en 1998 par Bowater. Bowater allait elle-même devenir AbitiBowater, puis, Résolu en
2007.
Plusieurs se sont demandé pourquoi Résolu n'investissait pas au Canada. Le Tennessee serait
en meilleure position sur le plan géographique selon Karl Blackburn, directeur principal, Affaires
publiques et relations gouvernementales chez Résolu. L'idée est de desservir l'est des
États-Unis. Selon le Groupe TVA , monsieur Blackburn aurait expliqué « que la quantité de
fibres disponibles au Québec à un prix concurrentiel est incertaine, depuis l'entrée en vigueur
du nouveau régime forestier ». On apprend aussi que Résolu aurait aussi eu droit à des
avantages fiscaux avantageux au Tennessee.
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