Gestion et optimisation de l`usaGe des infrastructures
Transcription
Gestion et optimisation de l`usaGe des infrastructures
PREDIT 3 PREDIT 3 carrefour final carrefour final mai 2008 mai Gestion et optimisation de l’usage des infrastructures ferroviaires Rédaction : Bertrand Theys Secrétariat permanent du Predit 2008 Mages : aide à la gestion des sillons Le transport ferroviaire des personnes ou des marchandises présente des avantages certains en terme d’efficacité énergétique sous réserve d’un bon taux d’utilisation des capacités des trains mis en circulation. De plus, du fait qu’il s’agit d’un mode guidé, l’usage de l’électricité comme énergie de traction est relativement aisé à mettre en œuvre. Cependant, le fait même que ce mode soit guidé impose des contreparties, notamment la disponibilité d’infrastructures assez lourdes et l’imposition de règles strictes de circulation afin de respecter des impératifs de sécurité et d’assurer la fluidité du trafic. Réseau Ferré de France gère près de 30 000 km de lignes ferroviaires ouvertes à la circulation commerciale et reçoit annuellement 7 millions de demandes de réservation de sillons : ces chiffres justifient la mise au point de règles de gestion et d’optimisation les plus rigoureuses L’objectif de cette recherche est de proposer un outil de planification et d’ordonnancement de la marche des trains et une gestion optimisée en temps réel des sillons, notamment en situation perturbée. A cet effet, les facteurs de dysfonctionnement dans l’exploitation des lignes ferroviaires, notamment organisationnels, ont été au préalable identifiés. La première phase de l’étude a consisté en un travail d’enquête permettant de connaître les demandes entre différentes gares aussi bien en marchandises qu’en voyageurs. Dans un deuxième temps, les différentes parties des modules constitutifs du système ont été abordées. • évaluation de la demande. • planification prévisionnelle du trafic de trains. • ordonnancement de la circulation. • résolution des problèmes en «temps réel». Les modules développés sont rassemblés dans une bibliothèque de routines permettant de traiter les différents problèmes identifiés dans la gestion ferroviaire. Ils constitueront le cœur numérique des logiciels de gestion de sillons comme ceux développés actuellement par la Direction de la Recherche et de l’Innovation de la SNCF en améliorant leur temps de réponse, la qualité des solutions retenues et leur robustesse. (Université du Havre, Laboratoire de Mathématiques appliquées, Université d’Avignon, Laboratoire d’Informatique, Cirtal, SNCF, financement Ademe dans le cadre du plan VPE). La problématique Et après ? L’augmentation conjointe du trafic ferroviaire et des vitesses de circulation couplée à une exigence plus forte de la clientèle quant au respect des horaires et délais d’acheminement rendent indispensables la poursuite de l’optimisation de l’utilisation des infrastructures ferroviaires, tout en prenant en compte les impératifs d’interopérabilité qui s’imposent désormais. Comme évoqué dans les paragraphes précédents, les technologies de l’information et de la communication seront à l’avenir des outils précieux pour ce faire. Mais, des développements nouveaux sont à prévoir. Au niveau des logiciels, les techniques d’optimisation doivent être encore et toujours améliorées. Diverse approches existent pour développer de tels logiciels. La vitesse de calcul doit être un des facteurs à rechercher en priorité car dans les applications visées ici le temps est un élément déterminant pour des raisons de sécurité et de réactivité face à des situations perturbées. L’optimisation concerne principalement l’établissement d’un nouveau planning des circulations après aléas ainsi qu’une adaptation de l’utilisation des ressources (matériels, agents, etc). Contacts Bertrand Theys 01 40 81 22 73 Stéphanie De Sa Rego 01 40 81 15 68 Si l’optimisation de l’usage des infrastructures est un élément clé, l’optimisation de la marche des trains en est un autre Cette évidence se traduit par la nécessaire prise en compte dans les processus d’optimisation de l’aspect économique (au sens économie d’énergie) de la conduite des trains Il s’agit d’un impératif qui se justifie tant pour des raisons de préservation des ressources énergétiques que pour des motifs de compétitivité économique. Gérer la circulation sur les infrastructures nécessite aussi de connaître avec une précision suffisante la localisation et la vitesse des divers convois afin de pouvoir prendre les mesures appropriées à la situation réelle. La géolocalisation est donc un facteur clé et, même si une voie ferrée est un système à une dimension, des progrès doivent être réalisés pour connaître avec précision la position des trains. C’est là encore un impératif de sécurité mais aussi d’efficacité. Le repérage par satellite à ses limites tant au niveau de la précision qu’au niveau des zones d’ombre consécutives aux obstacles naturels (relief...) ou artificiels (tunnels...) et peut être alors remplacé dans ces lieux par des mesures odométriques. La fiabilité des nouvelles techniques d’exploitation des infrastructures tel le cantonnement mobile (à une échéance qui reste à déterminer), est tributaire de localisations fiables et précises. Les moyens de communication sont eux aussi une des clés de l’efficacité globale des dispositifs. Un train est par nature mobile mais il doit à la fois envoyer des informations vers un centre de décision (pour que ce centre choisisse en connaissance de cause) et recevoir des messages (pour connaître et être en mesure d’appliquer les dispositions imposées par le centre de décision). Des techniques de communications existent déjà (GSM-R exploitée dans l’ERTMS) mais des améliorations sont souhaitables pour en améliorer la fiabilité. Les communications à courte distance doivent également être développées. Là aussi divers standards existent mais ils ne sont pas forcément adaptés au monde ferroviaire caractérisé par des risques élevés d’interférence et par un environnement électro-magnétique particulièrement perturbé. Ces communications à courte distance pourraient également être exploitées pour communiquer entre les diverses parties d’un même train : on pourrait ainsi exploiter des trains plus longs et plus lourds en incluant plusieurs engins de traction qui communiquent entre eux au sein de a rame et aussi en assurant un freinage plus homogène en s’affranchissant des délais de propagation de la dépression sur la longueur du convoi. Les voies de chemin de fer et les équipements connexes sont par essence des infrastructures lourdes qui nécessitent que des moyens financiers importants y soient consacrés, notamment lorsque des ouvrages d’art s’avèrent nécessaires. Par ailleurs, hors le simple fait de l’occupation des sols qui est déjà pénalisant, le passage d’une ligne ferroviaire impose des contraintes (bruits, rupture de l’espace, conséquences sur les paysages...). La construction de lignes nouvelles nécessite par ailleurs des procédures d’acceptation souvent longues et difficiles malgré l’intérêt qu’elles représentent pour la collectivité. Ces divers éléments amènent naturellement à minimiser le nombre et l’encombrement des infrastructures. Toutefois, une évidence s’impose : la nécessité de faire face à une mobilité croissante des personnes et des biens. L’optimisation de l’usage des infrastructures existantes s’impose afin d’y faire transiter un trafic plus important et d’en augmenter ainsi la capacité. Mobilité Sécurité des transports Au niveau des infrastructures, même si des progrès ont là aussi été réalisés, des efforts restent à obtenir en ce qui concerne les connaissances de la tenue des infrastructures (voies, caténaires...). Les mécanismes de vieillissement et de dégradation sont en général le résultat de processus physiques complexes qui ne sont pas maîtrisés. Mieux les comprendre permettrait une meilleure gestion de la maintenance préventive, seule à même d’éviter les incidents de circulation consécutifs aux défaillances de l’infrastructure. Le même raisonnement s’applique par ailleurs au matériel roulant. Transport de marchandises A côté de ces travaux à dominante technologique, il faut garder présent à l’esprit que malgré tous les automatismes mis en place, le facteur humain reste d’une importance capitale aux divers niveaux, notamment à celui de la sécurité. Les divers aspects du comportement humain doivent donc aussi faire l’objet de travaux de recherche et la gestion du personnel ne doit pas être oubliée, notamment le personnel de conduite. Politiques de transports Enfin, pour convaincre ceux qui doutent encore de l’opportunité d’une gestion optimisée des infrastructures ferroviaires, les calculs économiques et les études socio-économiques s’avèrent souvent être des instruments d’une grande efficacité... Il faut donc les développer et les affiner ! Environnement Énergie Intégrations technologiques Cette optimisation nécessite le plus souvent le déploiement d’outils d’exploitation sophistiqués. Afin d’assurer la sécurité et la fluidité du trafic, la régulation de la circulation des convois ferroviaires a été assurée et continue à l’être sur nombre de lignes par un système de « cantonnement »1 fixe. Le but est d’assurer le respect d’un espacement minimum entre 2 trains en garantissant la non occupation d’un canton avant la pénétration du train ou d’éviter les collisions lorsqu’une voie vient en rejoindre une autre. Mais cette technique de cantonnement fixe atteint ses limites pour les lignes à fort débit et/ou vitesses de circulation élevées, notamment dans les situations perturbées. Fort heureusement, grâce aux possibilités nouvelles offertes par les technologies de l’information et de la communication (TIC) de nouvelles techniques d’exploitation et de régulation des lignes peuvent être envisagées. Le déploiement progressif du système d’exploitation ERTMS, commun à différents réseaux européens et fondé sur une gestion innovante du système de cantonnement, en est une illustration, en particulier pour ERTMS3, la version la plus avancée incluant les cantons mobiles. Ce système étant rendu obligatoire par les « spécifications techniques d’interopérabilité » (STI), il permet en outre d’envisager à relativement court terme la généralisation de la notion d’interopérabilité afin de faciliter les échanges internationaux, au départ sur de grands corridors 1. La voie est divisée en tronçons fixes (« cantons »). Grâce a un dispositif adapté, un convoi marque sa présence dans un canton donné. Un convoi ne peut pas entrer dans le canton devant lui si un autre convoi s’y trouve déjà. PREDIT 3 carrefour final mai 2008 PREDIT 3 Gestion et optimisation de l’usage des infrastructures ferroviaires carrefour final mai 2008 Les actions du Predit 3 Au sein du Predit, la gestion des infrastructures ferroviaires relève de plusieurs groupes car le sujet peut être traité sous différents angles : GO 6 (pour l’exploitation des trains), GO 9 (apport des technologies de l’information et de la communication) et GO 4 (sécurité). Les financements sont issus de la DGMT et de la Drast du Medad, de l’Ademe et de l’ANR. L’optimisation de l’exploitation a été appliquée à diverses situations. La gestion, toujours délicate, des nœuds et étoiles ferroviaires où se succèdent différentes catégories de trains (TGV, TER, trains de fret) a fait l’objet d’une étude ayant pour but de maîtriser la fluidité du trafic, la ponctualité ainsi que la consommation d‘énergie en intervenant sur la vitesse des convois en amont. La gestion des sillons a également été l’objet d’une recherche : elle nécessite une rigueur accrue au fur et à mesure que la densité de trafic augmente et que de nouveaux opérateurs font circuler des trains. Elle doit également intégrer la nécessité d’un retour rapide à la normale à l’issue d’une perturbation. Les points-frontière avec les réseaux voisins ont aussi été l’objet d’une attention particulière. Ces lieux sont sensibles car ils sont caractérisés par des discontinuités sur le plan de la signalisation, des règles de circulation et de sécurité, des moyens de traction... Il faut donc améliorer la régulation des corridors internationaux afin de minimiser les conséquences de ces discontinuités et optimiser les flux pour réduire les temps de parcours. L’intégration de la notion d’interopérabilité entre les différents réseaux s’avère une nécessité pour aplanir ces obstacles au libre franchissement des frontières des états par les convois ferroviaires. La mise en service de l’ERTMS apportera des améliorations mais ne résoudra pas toutes les difficultés. Il faut voir au-delà. Hormis les aspects de gestion des circulations, l’optimisation de la gestion des infrastructures ferroviaires implique de prendre en considération les infrastructure en elles-mêmes, notamment, la maintenance et la prévention des dégradations des voies et des plates-formes. Une recherche a été consacrée aux effets sur les rails des sollicitations liés à l’augmentation du trafic et à la croissance des charges des convois. Celles-ci nécessitent d’être prises en considération pour mieux apprécier la tenue des dites infrastructures et les besoins d’évolution des procédures et règles de maintenance qui en découlent. Au niveau des transports ferrés urbains et périurbains, la croissance prévisible des sollicitations de service rend indispensable la mise au point de plates-formes performantes au niveau de la durabilité, de la maintenance, des coûts... Une étude sur ce thème a été consacrée à la sélection de matériaux dans le but d’éviter le vieillissement prématuré et d’aller vers plus d’efficacité et de rentabilité de ces infrastructures tout en réduisant les délais de réalisation, les frais de maintenance et les perturbations d’exploitation qu’entrainent les .../... Safir++ : fluidification des nœuds ferroviaires complexes La marche des trains peut subir des aléas qui occasionnent des retards plus ou moins importants. Pour les convois de fret, ces retards peuvent être très importants car ils circulent parmi les trains de voyageurs plus rapides et la perte d’un sillon peut avoir un impact appréciable sur les délais de la livraison au client, et partant sur la fidélité de ce client à ce mode de transport. Ce phénomène est à l’origine d’une perte significative des parts de marché du fret ferroviaire. Une raison bien identifiée de ce manque de fiabilité est la priorité accordée aux trains de voyageurs sur les trains de marchandises dans les situations perturbées. Une des causes principales de perturbation est le franchissement des nœuds ferroviaires tels que, par exemple, l’ «étoile» de Lyon, où les trains se succèdent à une fréquence très élevée sur certaines portions de voies. Par effet «boule de neige», le retard, même infime, d’un convoi peut créer des perturbations significatives sur l’ensemble des circulations. Afin de minimiser ces inconvénients, la régulation du trafic autour de ces nœuds doit être particulièrement performante. Elle implique d’intervenir sur les vitesses des trains en phase d’approche. Optimiser la gestion des circulations permettra d’augmenter les débits, de réduire les retards et d’amoindrir les conséquences néfastes des situations perturbées. Outre la mise au point d’algorithmes spécifiques pour le traitement informatique d’optimisation (simulation des circulations et recherche des vitesses optimales des divers convois circulant dans la zone), les études ont démontré la nécessité d’équiper les engins de traction avec des moyens de positionnement précis et performants. Des solutions pour pallier les faiblesses des systèmes de localisation en cours d’exploitation ont été proposées. (Direction de l’Innovation et de la Recherche de la SNCF, financé par la DGMT). Novum : performances des rails sous accroissement des sollicitations de service Du fait notamment de l’accroissement simultané du trafic, de la vitesse et du tonnage fret sur certains axes ferroviaires, une meilleure appréhension du comportement des rails en réponse à des sollicitations plus fortes s’avère nécessaire. L’optimisation des opérations de maintenance et des techniques de réparation est également opportune. Face à ce constat, cette étude a poursuivi deux objectifs majeurs : l la maîtrise des impacts, sur la sécurité et l’exploitation, de l’apparition dans le rail de phénomènes nouveaux (fatigue de contact, fluage sous charge, impacts dynamiques) qui se superposent aux modes déjà connus de dégradation (usure, corrosion…). l la prévision de la croissance des fissures et d’autres défauts du rail compte tenu du mode de sollicitation, en vue d’adapter les cycles de maintenance. La recherche a fait appel à la simulation numérique suivie d’une phase de validation et de calage expérimentaux des modèles. De ces résultats, le bilan de l’endommagement des rails en fonction du trafic et des paramètres caractéristiques de l’infrastructure a pu être tiré et les cycles optimum de surveillance, de maintenance ont pu être déterminés en vue d’augmenter la durée de vie du rail et de prévoir avec fiabilité les besoins de renouvellement. Tous ces éléments bénéficieront à la régularité et donc au service rendu aux chargeurs. Ce travail a permis la réalisation de carte des endommagements par fatigue, la connaissance approfondie des sollicitations et l’adaptation des cycles de surveillance et des matériaux. Recherche effectuée dans le cadre du programme franco-allemand Deufrako. (SNCF, RATP, Insa Lyon, École Polytechnique - LMS -, Sogerail, financée par la DGMT). .../... chantiers. Une technique basée sur l’utilisation d’outils informatiques pour l’établissement de diagnostics de l’état des divers éléments de l’infrastructure ferroviaire a été mise au point. Elle permet une surveillance fine de l’état de ces éléments et, consécutivement, une prévision et donc une prévention...) des défaillances par une programmation adaptée des opérations de maintenance. Les aspects de sécurité participent également d’une bonne gestion des infrastructures ferroviaires. Cependant, les propositions de recherches reçues par les groupes du Predit sur ce thème n’ont pas été aussi nombreuses qu’espéré malgré l’importance et l’actualité de ce sujet. Toutefois, une étude significative y a été consacrée : elle consiste à établir la démonstration de la sécurité de la globalité d’un système ferroviaire en intégrant les automatismes, le règlement d’exploitation et les opérateurs. Les enjeux qui en découlent sont à la fois de pérenniser les règles d’exploitation ferroviaires issues d’un siècle d’expérience grâce à un formalisme non ambigu et de modéliser efficacement les interactions entre les systèmes «temps réels» et les opérateurs, notamment dans les modes dégradés. Quant à l’optimisation économique du système d’infrastructures, elle a aussi été prise en considération. Une comparaison de diverses formules de tarification des péages d’infrastructures a été établie afin de déterminer la solution la plus efficiente en termes technico-socio-économique. Dans le même domaine, la notion de « droit d’accès au sillon » a été définie et évaluée. Ce droit négociable pourrait se substistuer au « sillon » afin d’autoriser une plus grande souplesse, en vue d’une meilleure efficacité dans la gestion des infrastructures.