du parapluie - L`ouverture fine des serrures

VOBSERVATEUR
DE.
AUTOMOBILE
Suite de la page 59
tais inclinant au doute dans les propos de Françoise : « Absence de rêves en rapport. avec le
exercer sur elle une grosse influence Françoise a
choc. traumatiqtté... Manque d'intérêt, évident
finalement repoussé les tests qu'on lui tendait,
pour les. autres cas de fantômes routiers...
se contentant d'égrener une nouvelle fois le récit
Impossibilité de décrire le visage de la dame
de son aventure. Crainte de la science peut-être,
blanche pourtant, dotée avec .beaucoup d'assupour cette adolescente sans prétention dont
rance d'une cinquantaine d'années... »
l'unique espoir est de « faire coiffeuse »...
Puis le psychologue ajoute, après un silence
Oui, Vincent Melgoso est somme toute plutôt
« Pourtant, j'aimerais quand même bien savoir
sceptique. « C'est une affaire beaucoup trop
banale, précise t il. Il y manque des éléments de ..ce qui a pu motiver leur frayeur. » •
vraisemblance. » Suit une longue liste de cons-"
ALAIN LE GOUGUEC
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Depuis que les portes sont blindées, les
voleurs ne fracturent plus : ils ouvrent. Comment ? Les
associations de consommateurs ont leur idée...
• On jurerait que le communiqué émane d'un
quelconque mouvement d'autodéfense :- vitupérant contre « l'ère des blousons noirs », dénori:
çant « la viblence gratuite, phénomène de plu.
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en plus répandu : canapé éventré, encre sur
murs, fruits écrasés Sur la mbquette », il s'indigne, pour finir, de la « mentalité d'assistés », ce
« mal qui sévit én France et dans tous les paY5.
occidentaux : nous avons tendance à oublier qué
la protection de nos biens passe avant .tout pal
nous-mêmes ».
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60 Lundi 22 juin 1981
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deSormais soumis à la dialectique de l'obus et de
la Cuirasse. De nds jours, une "serrure, cela se
démode, cela vieillit, il faut en changer périodiquement. »
.
Le prospectus publicitaire, car c'en'est un, ne
va pas jusqu'à conseiller le port du 'flingue en
toutes circonstances. Il n'incite même Pas au
Le fric-frac de Grenoble
réarmement moral pour tordre le cou aux turpi'En
effét,
l'art 'de la cambriole évolue à toute
tudes ambiantes. Non. Il rie s'intéresse qu'à nos
portes, comme l'ennemi — le Cambrioleur '— vitesse. Les gentlemen-Virtuoses du rossignol
qui est à nos portes précisément, et de plus en n'ont Pas survécu aux années soixante. Ces artiplus.'Tremble, bonnes gens selon le Prospec- Sans modestes et 'silencieux crochetaient avec
tus, il y aurait à Paris, par milliori d'habitants, l'élégante de leur temps' révolu. Un ou deux verexactement deux fois plus de cambriolages rOUS supplémentaires pouvaient suffire à les
Chicago ! Et quatre-vingt-trois pour cent . arrêter, tant ils avaient horreur de la casSe. Vindes cambrioleurs entrent tout bonnement par la .- rent les démolisseurs'.•Dixit la littérature Fichetporte, qui leur résiste en général moinS•de cinq Banche : « L'aube de la société de consonunel
minutés. Moralité : il faut d'urgence ' blinder à tion vit apparaître une nouvelle race de malfaioutrante, se munir de serrures « haute sécurité teurs qui ne prenaient pas le temps de finasser.
incrochetables multipoints » à 'cinq, 'sept, voire Portes défoncées et serrures brisées remplisSaient
quatorze pênes, ne pas oublier les cornières et les colonnes des faits divers. »
D'où l'invention de la serrure 'de sûreté, à
paumelles renforcées en acier au titane — le
plusietirs pênes et plusieurs points 'de fermeture,
métal des avions supersoniques, rien de moins...
gni « compliqua sérieusement la tâche *du cam«
DISTRIBUTEUR t=i4L—II:=I I
cent cinquante milliôns de chiffre d'affaires,
quarante millions lourds 'de bénéfice : la sécurité
paie. Elle "paiera davantage encore lorsque les
Français, rompant avec leur coupable mentalité
d'assistés, se" décideront tous comme un seul
homine 'à., galvaniser leur huis., Alors, hélas ! les
cambrioleurs auront perfectionné et adapté leurs
techniques. « Hé oui, dit Michel Vaslin; directent' ccimmercial de Fichet-Bauche, nous sommes
-
,
.
.
.
Le serrurier du duc d'Orléans »
Cela va vous coûter très cher ? Certes, admet
le prospectus qui a tout prévu. Mais n'allez surtout pas répondre : « Il n'y a rien à voler, chez
moi. » Car « personne n'est insensible à la dis-
parition ou à la dégradationd'objets familiers à
forte valeur sentimentale : qui remplacera la
chaîne de montre de grand-père ou le camée de
Mamy ? ».
Cette curieuse publicité vient de chez Fichet,
plus exactement de la division serrurerie de
Fichet-Bauche, maison sérieuse et discrète, réputée clans le monde entier, fondée en 1825 par
Alexandre Fichet, « serrurier du duc d'Orléans
et fournisseur de la Couronne », dont le siège
social occupe aujourd'hui un vaste immeuble de
verre et d'acier dans le quartier le plus futuriste
de Vélizy. Deux mille six cents employés et huit
brioleur. Renonçant à s'attaquer à la 'serrure, il
entreprit de découper la porte en .son milieu" ».
Alors 'on inventa' le blindage: Qui rendit la
découpe très difficile: Ne restait *Plus, ultime
point faible, que le côté paumelles et gonds. Le
cambrioleur s'attaqua aux gonds et aux paumelles On inventa les protège-gonds én' acier
e-monseigneur définitisophistiqués. Exit la pinc
vement inopérante : depuis quelques années, la
porte parfaite est née, qui peut tenir tête assez
longtemps au passe-muraille le plus chevronné.
Par chance — pour le cambrioleur —, ce ren, forcement des 'portes s'est' accompagné d'un
affaiblissement dés structures et du gros oeuvre
à mesure que les serruriers 'épaississaient la carapace de l'huis, les architectes et maçons construisaient de plus en plus léger. Murailles en
'
?
.
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papier et chambranles-châteaux de cartes se
révèlent inadaptés à ces portails-dinosaures, si
lourdement caparaçonnés qu'un simple coup
d'épaule suffit parfois à les renverser et à
entraîner toute la maison dans leur chute.
Mais le vent vient brusquement de tourner : la
cambriole tendance années quatre-vingt fait de
nouveau dans la douceur. Depuis quelques
mois, on ne compte plus les casses perpétrés
avec un tact infini, malgré les serrures les plus
coûteuses et les plus garanties inviolables. Vous
dépensez cinq mille ou dix mille francs chez
votre serrurier. Vous « partez tranquille » —
comme disait la publicité. Vous revenez tranquille. Vous ouvrez. Et c'est l'horreur, le désastre absolu derrière le blindage intact. Pis : vous
aurez bien du mal à tirer un sou de votre assureur, dont les contrats n'admettent que le vol
avec effraction.
C'est le résultat d'une étonnante histoire
celle de la pompe et du parapluie. Les serrures
modernes, à haute sûreté, sont en effet des serrures à pompe : la clé doit enfoncer un ressort
avant d'actionner le pêne. La sûreté — cette
découpe à laquelle la clé doit se conformer — se
trouve dans l'axe. Elle est de plus très proche du
trou, voire à l'extérieur de la serrure proprement
dite. « Les gens n'admettent plus de traîner de
longues clés dans leurs poches, dit Michel Vaslin. Ils exigent de petites clés. Conséquences : les
serrures actuelles, même très sophistiquées, sont
parfois plus facilement crochetables que les
anciennes. » Les bonnes grosses vieilles serrures
en fer rouillé, à longue et lourde clé et à trou
panoramique, qui montraient tout de la pièce
voisine mais cachaient leur secret loin au coeur
de la porte, se laissaient moins aisément violer
que ces petits mécanismes contemporains
_d'accès immédiat : encore une illusion qui s'en
va.
D'autant que des outils spéciaux, stupéfiants
passe-partout, existent, spécialement conçus et
fabriqués pour ouvrir les serrures à pompe : les
parapluies — vendus en principe aux seuls professionnels, mais trois cents jeux ont été dérobés
en 1977 à Grenoble chez un fabricant. Ces parapluies sont des faisceaux de tiges minces et
rétractables. Enfoncés dans une serrure à
pompe, ils en épousent la forme caractéristique.
Un tour de vis pour bloquer les tiges dans cette
configuration, et hop ! on a une clé adaptée à
ladite serrure. Il faut,, certes, un fameux tour de
main, un doigté particulier. Mais quatre années
déjà se sont écoulées depuis le fric-frac de Grenoble : les récipiendaires des trois cents parapluies ont eu le temps de s'entraîner.
.
-
Le triomphe modeste
Et — on l'a dit — ils ont commencé à sévir, à
faire fructifier cette technologie de la pompe et
du parapluie. Dans leurs numéros de mai, les
mensuels « Que choisir ? » et « Cinquante Millions de consommateurs » publiaient une série
de témoignages, provenant de particuliers, ahuris d'avoir retrouvé leur appartement visité — et
même saccagé — derrière une porte intacte dont
la prétendue inviolabilité leur avait coûté une
fortune. Tous les fabricants de serrures à pompe
sont ainsi menacés.
Un seul d'entre eux — Picard, le serrurier de
l'Assemblée nationale, du château de Versailles
et de la Samaritaine — a eu le courage d'avertir
ses clients. Et de leur proposer un changement
de pompe, pour rendre leurs serrures invulnérables aux parapluies de Grenoble — moyennant
tout de même une dépense supplémentaire de
trois cent cinquante francs. Les autres nient,
persistent et continuent de signer des publicités
qui promettent l'inviolabilité. Fichet-Bauche a
même poussé le bouchon jusqu'à « défier quiconque d'ouvrir l'une de [ses] serrures »... à
condition de le faire en moins de deux minutes
et de n'utiliser « aucun outil spécialisé ». Donc
pas de parapluie...
Personne n'a relevé le défi. Ni les cambrioleurs — qui n'ont pas pour habitude d'administrer devant huissier la preuve de leur compétence. Ni les serruriers « qui, dit-on à l'Institut
national de la Consommation, éditeur de " Cinquante Millions ", sont trop liés aux fabricants
pour prendre le risque de leur déplaire ». Ni les
organisations de consommateurs qui se sont
attaquées aux « marchands de fausse sécurité ».
« Nous n'avons jamais prétendu que nous pouvions ouvrir les serrures de sûreté, explique-t-on
à l'I.N.C. Nous voulions seulement attirer
l'attention du public sur le fait que certains sont
en mesure de le faire. »
Chez Fichet, on a le triomphe modeste. On se
borne à constater que « personne n'a relevé le
défi ». Et on fait valoir que « la nouvelle porte
Vertiblind, munie de la serrure Vertibar S, de la
barre de pivotement -Vertigond et du superbouclier Tolède » ,— coût : six mille francs —
est déductible du revenu imposable : car faute
de pouvoir garantir qu'aucun cambrioleur ne la
fracturera jamais, on a au moins pris la précaution de la bourrer de laine de verre. Pour la rendre conforme aux dispositions de la loi sur les
économies d'énergie : ce que les cambrioleurs
vous prendront sera (très partiellement) remboursé par le fisc.
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F. G.