1 KIEFFER Philippe (1899 - ?) 1) Le témoin : Philippe

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1 KIEFFER Philippe (1899 - ?) 1) Le témoin : Philippe
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KIEFFER Philippe (1899 - ?)
1) Le témoin :
Philippe Kieffer est issu d'une famille catholique d'origine alsacienne. Son père ayant fuit
l’annexion, il s'installa en Haïti où il épousa une anglaise avec laquelle ils eurent quatre enfants
dont Philippe né le 24 octobre 1899 à Port-au-Prince. Très bon élève, il poursuit ses études aux
États- Unis et est diplômé d'une école des Hautes études commerciales de Chicago. Très sportif et
même athlétique, il est, dans les années tente, codirecteur de la banque nationale de la République
d'Haïti et secrétaire de la chambre de commerce d'Haïti puis directeur de banque aux États-Unis.
Rentré en France en mai 1939, il est mobilisé dans l'armée de terre avant de passer dans la marine
un mois plus tard. Quartier-maître secrétaire, il sert à l’État-major de l'amiral Nord à Dunkerque
jusqu'en juin 1940.
Le 18 juin 1940, il est évacué de Cherbourg à destination de Southampton. A Londres, il s'engage
dans les forces navales françaises libres, le jour de leur création, le 1er juillet 1940. Il se porte
volontaire comme officier de bataillon de fusiliers marins mais sa parfaite connaissance de
l'anglais le fait rapidement nommer officier interprète et du chiffre de 3e classe. Chargé des
relations avec les services britanniques, il enseigne l'anglais aux élèves de la première promotion
de l’École navale sur le bâtiment école « Président Théodore Tissier ». Souhaitant une affectation
plus active, il obtient de quitter son poste d'interprète en août 1941 et est envoyé en stage
d'officier fusilier le mois suivant. Très bien noté par l'encadrement britannique, il persuade alors
le vice-amiral Muselier de convaincre les Britanniques de constituer une unité de commandos de
fusiliers marins de la France Libre. Après de longues discussions, le principe est accepté. Promu
enseigne de vaisseau de 1ère classe en décembre 1941, il prend à la même date le commandement
d'une compagnie de fusiliers marins commandos dont il assure lui-même le recrutement sur la
base du volontariat. En avril 1942 la trentaine d'hommes ainsi recrutés suit le stage commando en
Écosse au camp d'Achnacarry puis un entraînement spécialisé pendant un an. Incorporé au « n°10
Commando » dès juillet 1942, la compagnie reste sous les ordres de Philippe Kieffer promu à la
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même date lieutenant de vaisseau. Une quinzaine d'hommes du commando Kieffer prennent part
au raid du 19 août 1942 sur Dieppe (Seine-Maritime).
Le 8 octobre 1943, le 1er Bataillon de fusiliers marins commandos (1er BFMC) est crée et la
troupe française, composée de deux compagnies est affectée à l'exécution de quelques raids
nocturnes sur les côtes françaises occupées, en petits groupes, dans le cadre de la préparation au
débarquement. En 1944 les efforts du commandant Kieffer sont récompensés. Le 1er BFMC est
rattaché à l'un des plus glorieux commandos anglais, le n°4 sous les ordres du lieutenant-colonel
Dawson, au sein de la « First Special Service Brigade » du Brigadier Général Lord Lovat. Les
hommes que Kieffer avait réunis et entraînés, allaient être les premiers français à débarquer pour
libérer la France. Peu avant le débarquement, il fut nommé Capitaine de Corvette (d'où
l'appellation de commandant) devenant ainsi le seul officier supérieur français y ayant pris part,
avec ses commandos, seuls français à débarquer le 6 juin 1944. Les 177 « Bérets Verts »
débarquent à Sword et prennent pied à Ouistreham ; puis Benouville, Amfreville et Bavant.
Blessé le 6 juin, refusant de se laisser évacuer pendant deux jours, Kieffer retrouve son unité le
13 juillet au moment où elle allait percer vers la Seine et Honfleur. Décidé à rentrer à Paris avec
les premiers, il prend une Jeep, deux hommes et fonce vers la Capitale à travers la Normandie à
peine libérée. Il est le premier à entrer dans Paris par Saint-Cloud ; quelques jours plus tard il a la
fierté d'y faire défiler son unité.
Dans les combats de la libération, il a la douleur de perdre un de ses trois enfants, son fils de 18
ans qui, ayant rejoint un maquis est tué par les allemands en Ile-de-France. En octobre 1944, le
capitaine de corvette Kieffer avec son bataillon porté à l'effectif de trois compagnies conduit son
unité à l'attaque de Flessingue et Walcheren, clé du port d'Anvers. Puis il participe à des raids sur
des îles hollandaises occupées, toujours avec le n°4 Commando britannique.
Nommé délégué à l'Assemblée consultative provisoire en 1945 et conseiller général du Calvados
(1945-1946), il est ensuite fonctionnaire international à l'Etat-major des Forces interalliés
(OTAN). En 1954 il est nommé capitaine de frégate de réserve. Philippe Kieffer sera conseiller
sur le film « Le jour le plus long » en 1962 et décédera la même année de son hémiplégie, le 20
novembre à Cormeilles Parisis. Il a été inhumé à Grandcamp dans le Calvados.
Décorations :
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Commandeur de la Légion d'Honneur le 22/11/1955. Sa croix de chevalier lui a
été remise le 29/05/1945 dans la cour du ministère de la Marine.
Compagnon de la Libération. Décret du 28 août 1944, croix numéro 828.
Croix de guerre 1939-1945 5 citations, 6 palmes de bronze et 1 étoile de
bronze.
Croix du combattant
Military Cross remise le 16/07/1944 par le maréchal britannique Bernard
Montgomery
British Empire Medal
Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre (1940)
Médaille commémorative de la guerre 39-45 avec agrafes "France", "GrandeBretagne", "Libération", "Allemagne"
Médaille de la France libérée
Médaille des Blessés (blessé le 6 juin 1944, évacué le 8 juin)
Médaille d’honneur (bronze) pour actes de courage et de dévouement
1939-45 Star britannique
France & Germany Star britannique
Médaille d’honneur (argent) de la Jeunesse et des Sports Présentation de
l'ouvrage étudié : Son livre de souvenirs intitulé Les Bérets Verts Français du 6 juin
1944 paru pour la première foi en 1948 et sous le nom de Philippe Kieffer aux éditions
France Empire. L'ouvrage sur lequel ce travail est basé date de 1994 et vient de la même
maison d'édition « France Empire » à Paris et imprimé en France. La présentation du récit
ainsi que des commentaires historiques ont été écrit par Eddy Florentin un ancien résistant
et déporté mais aussi historien spécialisé dans la bataille de Normandie. Le quatrième de
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couverture ainsi que la préface furent réalisés par Cornelius Ryan un auteur et journaliste
irlando-américain connu notamment pour avoir écrit le livre Le jour le plus long. Il y
explique comment il connu le commandant Kieffer décrivant cet homme et « soldat dans
toute l'acceptation de ses termes » ainsi que son livre avec une description rapide de sons
contenu et les raisons pour lesquelles il est enrichissant de le lire afin de mieux
comprendre le débarquement de Normandie, et principalement le rôle des commandos
français qui y prirent part. Ce livre est écrit sous une forme de récit, son auteur y
transmet ses souvenirs, réflexions et sentiments tout en décrivant ce qu'il a vu ou vécu,
incluant également dans certaines pages des faits qui lui furent rapportés ou venant de
rapports militaires. Son objectif était de faire connaître l’héroïsme et la bravoure de ses
hommes prêts à tout pour libérer leur pays au sacrifice de leur vie, au plus grand nombre
de personnes possibles. La publication de cet ouvrage était donc clairement une volonté
de l'auteur qui recherchait à témoigner de son vécu mais également à obtenir une
reconnaissance non pas personnelle ou strictement réservée à ses bérets verts mais
générale à tout ceux ayant combattu contre les allemands durant la seconde guerre
mondiale. Nous pouvons donc comprendre qu'il s'agit d'une œuvre chargée d'entretenir la
mémoire de ces hommes morts pour libérer la France, ainsi que tous les autres pays sous
l'emprise nazi durant la Seconde Guerre Mondiale. Et ce même si le commandant Kieffer
décrit principalement le rôle du premier bataillon de fusiliers-marins commandos pendant
la guerre. Ce livre eut de nombreuses éditions toujours chez France Empire en 1948,
1950, 1955, 1962, 1969, 1994 et une édition Press Pocket en 1964.
2) Description et analyse du contenu du livre :
La personne s'exprimant dans cet ouvrage est le Commandant Kieffer lui-même et la première
personne du singulier est donc employée. Cependant se désignant souvent avec ses hommes, il
emploie également beaucoup le « nous » tout au long de l'ouvrage lorsqu'il combat aux côtés de
ses commandos, dont il cite les noms tout au long de son ouvrage. Il désigne les nazis par «
l'ennemi », « les Allemands », « les boches »... Il possède donc un point de vu subjectif, en tant
que soldat il n'a aucune gêne à manifester sa haine de l'ennemi en prenant clairement position. Il
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décrit dans son récit les exploits individuels de chacun de ses hommes, les citant et rajoutant ses
commentaires personnels à leur sujet. On voit donc clairement sa volonté d'entretenir la mémoire
de ses hommes pour lesquels il est clair qu'il détient un immense respect.
Le livre et l'organisation de ses chapitres font offices de rubriques en reprenant les thèmes
principaux comme il est possible de le voir à la Table des matières page 253. Ainsi Kieffer divise
son livre de façon précise, traitant dans chaque chapitre différents aspects, et surtout l'histoire des
bérets verts Français de façon chronologique.
Face à la guerre :
L'attitude de l'auteur face à la guerre est celle d'un patriote motivé par le rêve de libération de sa
patrie et la destruction du nazisme dans le monde. On ne le voit pas hésitant mais souvent il
montre dans ses écrits l'état d'esprit de ses hommes et le plus souvent leur héroïsme au combat.
Lors de combats particulièrement violents comme lors du débarquement sur les plages
normandes, Kieffer se contente de décrire objectivement la scène dont il est témoin sans pour
autant montrer de dégout, d'hésitations ou autre. On le trouve plutôt sur de lui et fier des missions
lui étant proposé, se sachant à la tête de commandos surentraînés en qui il peut avoir une pleine
confiance, on ne le trouve pas hésitant mais au contraire confiant bien que conscient des risques
et des dangers de sa mission. En tant qu'officier et commando très bien entraîné même lors de
situations difficiles, Kieffer ainsi que ses hommes d'après sa description parviennent à toujours
garder la tête froide et continuer leurs missions afin de les mener à bien. Ainsi l'on ne s'étonne
pas que lorsqu'il nous décrit la mort d'hommes par dizaines et de blessés, comme si il s’agissait
d'un fait naturel car conscient qu'il s'agit d'une guerre les pertes bien que parfois difficiles à
admettre arrivent toujours. Cependant on peut remarquer que tout au long de son récit il cite les
noms de camarades commandos tombés ou non au combat écrivant toujours quelques mots à leur
sujet afin d'entretenir leur souvenir. Philippe Kieffer est un vrai combattant destiné à se trouver
au front avec ses hommes. On peut le voir notamment lorsque suite à sa blessure lors du
débarquement il doit se voir rapatrié en Angleterre « c'est avec des larmes de rage que je passais
mon commandement et le fanion du bataillon que je portais sous ma vareuse » (p114). Lors de
son retour sur le terrain il manifeste au contraire sa joie ainsi que le moral de ces hommes « je
retrouvais bientôt, et avec quelle joie, tous mes braves gars, très fatigués mais le moral
inébranlable » (p. 114).
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Face à l'autorité :
Dans son ouvrage Kieffer nous présente un grand nombre d'officiers le plus souvent en citant leur
nom cependant ceux dont il était le plus proche étaient les officiers liés aux commandos. Il
présente notamment le brigadier Lord Lovat commandant de la première brigade ce commandos
« de vieille noblesse écossaise, Pair à la Chambre des Lords [...] qui connaissait et aimait les
Français, avait eu la noble idée de leur accorder le bonheur et l'honneur d'être les premiers à
fouler le sol de France... ». Il est donc présenté comme un officier important et respecté pour ses
prises de décision notamment en faveur des commandos français.
Lors des opérations visant à
libérer les accès au port d'Anvers notamment l'opération Walcheren, le 4 Commando dont
dépendait les français passe sous le commandement de la 4e Brigade Commando. Encore une foi
Kieffer présente sont commandant le général de Royal Marines B.-W Leicester appelé
familièrement « Jumbo » notamment à cause de sa stature imposante. Il le présente comme un
homme conscient de l'expérience de ses commandos sur lesquels il fonde la réussite d'une
opération difficile décidée par le Haut Commandement.
Kieffer se montre tout le long de son ouvrage en accord avec sa hiérarchie exécutant les objectifs
demandés. Le fait qu'il ne trouve le plus souvent rien à redire aux ordres lui étant donné vient
bien entendu de son statut de militaire mais aussi du fait que les commandos avec leurs
techniques propres créent eux-mêmes leurs plans d'attaque sans se heurter des désaccords de
leurs supérieurs. Il ne présente cependant pas les officiers du Haut commandement, ne le
mentionnant que peu souvent juste de nom sans détailler ses membres ou seulement ses grandes
décisions.
Les remises de décorations individuelles ou collectives sont généralement citées de façon rapide
sans le moindre détail si ce n'est l'acte ayant valut leur octroi. Les citations du 1er Bataillon de
fusiliers-marins sont également reportées dans le livre, notamment sur certains de leurs faits
d'armes comme la prise de l'île de Walcheren « relaté par le Commandant Suprême des Armées
comme l'un des plus braves et des plus audacieux de cette guerre » (p. 188).
Les prises d'armes sont en générales décrites comme des moments attendus par Kieffer et ses
hommes préférant l'assaut à l'inaction. Lors de la retraite des allemands de Normandie et de leur
poursuite, il écrit « qu'il fait bon de passer à l'offensive de nouveau ! La poursuite commence, le
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moral est haut ; l'ennemi, désorganisé, est en retraite. ». Cette phrase traduit certes la joie de voir
les allemands reculer mais également celle de Kieffer et ses hommes à retourner dans une
progression sur le front.
Comme nous avons pu le voir, Kieffer entretient une profonde relation de respect à l'égard de ses
hommes qu'il appelle « mes braves gars ». Ce respect est du aux sélections et à la formation
excessivement difficile par lesquelles ils sont passés mais aussi à la bravoure de chacun de ses
hommes. Il les nomme tous précisément de leur nom comme Trépel, Hagneray, Rivière,
Cabanella, Guy, Madec, Navrault... Il s'applique pour décrire ne serait-ce qu'en quelques mots
chacun de ses hommes et mis en situation de combat pour beaucoup. Au cours de la guerre ses
proches sont ses hommes, ils vivent et combattent ensembles passant le plus clair de leur temps
entre entraînements, planifications d'opérations et missions. L'esprit de corps et la cohésion sont
donc extrêmement importants au sein de son unité.
Face à l'ennemi :
L'adversaire est désigné par «les allemands», «l'ennemi» ou encore «le Boche». L'allemand étant
l'ennemi des Alliés Kieffer le considère comme l'ennemi parfois sans apporter plus de précision à
son sujet mais l'on retrouve tout de même des traductions de haine et de mépris dans ses écrits. «
de temps à autre, nous cueillons sur notre passage des débris lamentables de l'armée allemande
traînant sur les routes, les pieds en sang » (p. 131), « des tranchées abandonnées et encore
chaudes du corps boche qui a laissé son odeur fétide de musc dans la paille » (p. 132), « le
colonel Reinhart est appelé le premier dans un abris pour subir l'interrogatoire [...] il pousse
quelques phrases incohérentes dans des hoquets, pleure, urine abondamment dans ses pantalons
[...] les autres officiers, interrogés, entonnent tous le refrain désenchanté de l'inondation » (p.
178). Ces quelques extraits montrent le mépris qu'entretient Kieffer à l'égard de ses ennemis
allemands. Cependant il n'en reste pas néanmoins un officier français devant traduire une certaine
ligne de conduite dans le traitement des prisonniers «deux blessés légers soutiennent un
lieutenant allemand. La jambe droite ballante, l'os déchiqueté, les mains rouges de sang et
comprimant son ventre où il est aussi atteint, il continue à hurler [...] Je fais signe à l'infirmier de
lui panser ses blessures » (p. 134-135). Bien qu'en guerre et prêt à tuer l'ennemi sans regrets
Kieffer appliquant ainsi des préceptes de traitement correct de ses prisonniers portés par les
premières conventions de Genève.
Il ne mentionne aucune trêve ou fraternisation mais des
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redditions faites dans le plus grand respect comme lors de la prise de l'île de Walcheren où
l'officier commandant le régiment allemand et son état major « se mettent au garde à vous et
saluent les commandos à leur descente de voiture. La politesse leur est retournée... » (p. 185). Il «
demande que ses hommes soit traités avec dignité [...] suivi de ses trente-quatre officiers. Un à
un, ils passent et saluent les commandos puis déposent leurs armes sur la table du Q.G. Allemand
» (p. 185).
Les alliés avec lesquels Kieffer et ses hommes sont amenés à travailler sont bien entendu les
américains, canadiens, hollandais et surtout les anglais qui les forment, les entraînent et avec qui
ils opèrent au sein des commandos. Cependant il mentionne également la résistance française à
plusieurs reprises. Lors d'opérations où la récupération de commandos était impossible, souvent
ces derniers devaient se cacher sur le territoire français avant de pouvoir rejoindre leur bataillon
en Angleterre. Kieffer en mentionne plusieurs exemples et beaucoup rejoignaient la résistance
afin d'apporter leur expérience et d'obtenir de l'aide pour traverser la Manche. Il raconte
également sa rencontre avec « le commandant Gilles, chef de la résistance de Caen, accompagné
de « Janine » et de Mme Vion, toutes deux résistantes notoires, et de deux ou trois autres officiers
de la Résistance » (p. 123). En temps que militaire français combattant les allemands, Kieffer
possédait un grand nombre d'alliés qu'il traite tous avec respect car peu importe leur nationalité
ou leurs origines, tous combattaient contre un ennemi commun, chacun à leur manière.
Les attaques :
La fonction première des commandos était d'effectuer des raids de sondage ou d'assaut contre des
points stratégiques, en territoires occupés par les allemands. Un grand nombre d'exemples nous
en sont fournis dans son livre. Des missions d'attaques pour tâter les réactions ennemies, de
destruction de radars, de kidnappings de soldats allemands sont aussi effectuées par les
commandos qui harcèlent les allemands en territoire occupés. Les pertes lors de ces opérations
étaient relativement minimes car une mission réussie se voulait secrète et personne ne devait
avoir vu ou entendu les commandos remplir leur mission. Cependant on retrouve également le
récit des campagnes de Normandie, et de Hollande, notamment dans le but de nettoyer les îles
empêchant l'accès des navires alliés vers le port d'Anvers. Ces dernières furent des opérations où
les commandos français se trouvèrent sur le terrain pendant des mois s'exposant à d'importantes
pertes. Toutefois d'autres étaient formés en Angleterre prêt à renforcer leur corps une foi
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prêts.
Les commandos français ayant bénéficiés de l'entraînement le plus dur à cette époque,
étaient extrêmement bien formés et bien équipés également. Nul cas de débandade ou de fuite
n'est mentionné mais seulement des actes de bravoure.
L'expression de la violence de la guerre :
Comme dans tout récit de guerre, Kieffer mentionne la mort et les blessures tout au long de son
ouvrage. Lors du Débarquement de Normandie par exemple, les scènes de combat et leur
violence sont décrites par l'auteur : « bombes de mortiers, sifflement d'obus, jappements agaçants
de mitrailleuses, tout semblait concentré sur nous [...] un obus de 75mm emportait les passerelles
de la barge dans un déchirement de bois et de métal [...] les pertes étaient énormes... » (p. 94).
La violence des combats et les horreurs endurées par certains hommes sont également présentées
« touché sérieusement à la jambe par trois balles de mitrailleuse [...] il est touché sérieusement et
perd beaucoup de sang. Sa jambe morte l'empêche de bouger et il reste étendu dans son fossé... »
(p. 117). De même ; il aborde d'autres aspects de la guerre comme les emprisonnements et la
torture « Meunier, lui, fut arrêté, enfermé dans une prison parisienne, torturé. » (p. 67).
Les
armes utilisées pour tuer sont aussi bien des mitrailleuses que des grenades, pistolets, baïonnettes
ou encore mains nues. Il n'est fait aucune mention de crimes de guerre ni d’exécutions sommaires
cependant certains passages montrent clairement la rage des adversaires à s’entre-tuer.
« Le
lieutenant allemand surgit nez à nez avec lui. Chausse lui déchargea son Colt dans le ventre, sans
s'arrêter, entraînant avec lui dans son élan toute la section vers le carnage du bois de L’Épine »
(p. 135). Kieffer ne fait pas forcément de commentaires par rapport à ce genre de mises à mort
car il est certain qu'il les considère comme normales dans un cadre de conflit armé.
La
souffrance due à la mort de camarades est également présente «A quelques mois du
Débarquement de Normandie, la perte de Charles Trépel, ami personnel et officier de grande
valeur, et de six de mes commandos les plus intrépides, était une dure épreuve » (p. 70).
Cependant il ne fait preuve d'aucune compassion quand à tuer ses ennemis en accomplissant son
devoir de soldat et son devoir de Français.
Dans les facteurs de ténacité évoqués dans le livre, celui qui ressort comme le plus important est
avant tout la volonté de libérer la France et l'Europe de l'emprise nazi. Agissant en tant que soldat
on trouve une notion de patriotisme et d'accomplissement du devoir importante. Une foi au front,
les soldats tiennent parce que leur entraînement fait qu'ils sont prêts à endurer n'importe quelle
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souffrance, mais surtout parce qu'ils agissent en tant que libérateurs de leurs pays. On retrouve
une notion commune aux commandos qui fait qu'ils combattent comme dans une sphère leur
étant propre, en mourant les uns pour les autres. En effet, liés par une très forte cohésion, tous
étaient prêts à secourir l'un des leurs même sous le feu ennemi.
Il n'est presque jamais question de l'arrière le récit se concentrant plutôt sur les missions des
hommes au front. Ainsi l'une des rares fois où il en est fait mention lors du rapatriement de
Kieffer suite à ses blessures, ce dernier ne décrit qu'en quelques lignes son retour en Angleterre et
ses soins mentionnant rapidement son retour au front et reprenant le récit de ses opérations. Cela
montre clairement sa volonté manifeste à se trouver au front avec ses hommes plutôt que seul à
l'arrière.
Pierre JONCKHEERE (Université Paul-Valéry Montpellier III)