Le CEPF, acteur de la protection de la biodiversité dans l`Outre

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Le CEPF, acteur de la protection de la biodiversité dans l`Outre
Le CEPF, acteur de la protection de la
biodiversité dans l’Outre-mer européen
L’OUTRE-MER : UN ENJEU MAJEUR POUR LA BIODIVERSITÉ EUROPÉENNE
L’Union Européenne s’étale sur toute la planète : reliées aux vingt-sept Etats-membres du continent, 4,4 millions de km2 de
terres émergées possèdent le statut de Région ultrapériphérique ou Territoire d’outre-mer. La plus grande part de ces territoires
est répartie entre les masses continentales du Groënland, de la Terre Adélie et de la Guyane. Les 58 000 km2 restant, soit
environ deux fois la superficie de la Belgique, sont constitués de plusieurs centaines d’îles tropicales, tempérées ou polaires.
Conséquence de la diversité des climats et milieux, mais également de leur insularité, les territoires ultramarins hébergent
un nombre d’espèces considérable. La flore de la seule Nouvelle Calédonie compte ainsi près de 3 500 espèces
endémiques, soit plus que l’ensemble de l’Europe continentale ! L’outre-mer donne une responsabilité particulière à
l’Union Européenne et à ses Etats-membres pour la conservation de la biodiversité au niveau mondial.
Si les territoires ultramarins abritent une riche biodiversité, les menaces y sont aussi exacerbées. Les écosystèmes
insulaires sont extrêmement sensibles aux changements climatiques, peu résistants aux espèces envahissantes
introduites par l’homme, et dans certains cas sont l’objet d’une artificialisation croissante due au développement du
tourisme, de l’urbanisation ou des industries extractives... Ainsi, 23% des espèces insulaires sont considérées comme
en danger d’extinction contre 11% sur le reste de la planète.
L’Outre-mer Européen est présent dans 5 Points Chauds ou « Hotspots » de biodiversité, espaces où la
biodiversité est à la fois la plus riche et la plus menacée, qui constituent les zones d’intervention du CEPF :
les « Hotspots » des îles des Caraïbes, de Madagascar et des îles de l’océan Indien, de Polynésie-Micronésie,
du Bassin Méditerranéen et enfin de Nouvelle-Calédonie, cette dernière constituant d’ailleurs un « Hotspot » de
biodiversité à part entière.
L’OUTRE-MER EUROPÉEN ET LA BIODIVERSITÉ C’EST :
• 70% des îles (~40 000 km2) dans des « Hotspots » de biodiversité
• 20% des récifs coralliens et lagons de la planète
• Plus de 1100 espèces menacées (Source : Base de donnée IUCN)
Avec son Outre-mer, la France est le seul pays au monde présent dans 5 Hotspots de biodiversité
LE CEPF, ACTEUR MONDIAL DE LA PROTECTION DE LA BIODIVERSITÉ
Créé en 2000, le Fonds de Partenariat pour les Ecosystèmes Critiques est l’une des principales initiatives mondiales
permettant à la société civile d’influencer et de participer à la conservation des écosystèmes les plus critiques au
monde, les Hotspots de biodiversité. Le CEPF est une initiative conjointe de l’Agence Française de Développement
(AFD), de Conservation International, du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), du gouvernement du Japon, de
la fondation John D. et Catherine T. MacArthur et de la Banque Mondiale. Ce mécanisme de financement unique se
concentre sur des zones biologiques prioritaires, au-delà des frontières politiques, et analyse les menaces à l’échelle
des paysages.
Par son appui ciblé le CEPF permet à la société civile d’influencer et de
participer plus efficacement à la conservation de la nature. Le CEPF a aussi
pour objectif de soutenir des activités économiques durables, favorables
au maintien de la biodiversité, et apporte un soutien aux populations pour
qu’elles puissent tirer parti des écosystèmes qui leurs sont essentiels. Le
CEPF construit ses stratégies de manière participative, en mobilisant des
acteurs locaux, régionaux et internationaux du secteur public et privé pour
créer et parvenir à une vision commune de la conservation pour chaque
Hotspot. Ce processus dit d’élaboration de “profils d’écosystème” permet
d’identifier et d’énoncer la stratégie suivie pour les 5 années ou le CEPF
investira dans une région. Chaque profil traduit une évaluation rapide
des priorités écologiques et des causes fondamentales de la perte de
biodiversité dans un Hotspot donné.
Au cours de ses 12 années d’existence, le CEPF a aidé près de 1 700
groupes de la société civile à mettre en œuvre des projets très variés
pour préserver la biodiversité dans plus de 50 pays et territoires,
répartis dans 20 Hotspots différents. Avec l’aide du CEPF, 12,5 millions
d’hectares ont été classés en aires protégées, et 21 millions d’hectares
ont bénéficié d’une meilleure gestion – en particulier dans des espaces
agricoles. Le CEPF a investi plus de 110 millions d’euros – qui ont
permis aux bénéficiaires de lever des fonds additionnels pour plus de
255 millions d’euros pour la conservation des Hotspots.
LE CEPF EN SOUTIEN AUX ACTEURS
ULTRAMARINS DE LA CONSERVATION
Dans le Hotspot de Polynésie-Micronésie, le CEPF intervient
depuis 2008 en soutien à la société civile des territoires
d’outre-mer français et britanniques. A ce jour, huit projets y ont
été mis en œuvre, pour un montant total d’environ 500 000 €.
Les territoires de l’outre-mer européen ne sont généralement pas
éligibles aux financements du CEPF. Une décision exceptionnelle
du conseil des bailleurs a permis aux territoires ultramarins de
Polynésie-Micronésie de recevoir des subventions.
L’ESPACE MARITIME DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE C’EST :
Plus de 5 millions de km2, (plus grand que l’ensemble de l’Union
européenne)
12 800 km2 de lagons
176 espèces de coraux
1 024 espèces de poissons
Plus de 1 200 espèces de mollusques.
QUELQUES EXEMPLES...
En Polynésie française, le patrimoine naturel a une grande importance culturelle mais aussi économique,
à travers le tourisme et le « bird watching ». Il est donc essentiel de sauvegarder ce patrimoine souvent très
menacé. Le CEPF a ainsi décidé de soutenir la protection de la Gallicolombe érythroptère, un oiseau unique au
monde de la famille des pigeons et tourterelles et classé en danger critique d’extinction. En cause, les rats introduits
accidentellement sur les îlots dans lesquels elle nichait autrefois, pour qui les poussins Gallicolombes sont des proies
faciles… La Société d’Ornithologie de Polynésie (SOP-MANU), a lancé en 2011 un programme d’étude qui permettra
d’établir une stratégie à long terme pour la conservation de cette espèce. Se fondant sur le succès de leur projet de
sauvegarde du Monarque de Tahiti, déjà financé par le CEPF, l’association développe actuellement un programme
de sauvetage autour de trois axes : meilleure connaissance de l’espèce et des sites à protéger, maintien des sites
indemnes de rats et sensibilisation des communautés locales.
En 2010, pour la première fois en Polynésie, un double programme de recherche a permis de suivre à grande
échelle les effectifs, la reproduction et le comportement de deux espèces de tortues marines : la tortue verte
et la tortue imbriquée, toutes deux menacées d’extinction. En mer, l’association Te Mana o te Moana a appliqué
autour de six îles de l’archipel de la Société la technique du manta-tow, protocole de comptage innovant permettant
d’estimer avec une bonne précision les populations d’animaux marins. En parallèle, le projet a formé un réseau de
bénévoles pour surveiller les sites de pontes, et mené tout un ensemble d’actions de sensibilisation des populations
locales, des pêcheurs aux écoliers. Le CEPF a cofinancé avec le Ministère français de l’Environnement ce projet qui
pose les bases d’une protection plus efficace des tortues marines en Polynésie.
La Royal Society for the Protection of Birds a lancé en 2010 une véritable croisade contre le rat du pacifique,
espèce envahissante qui menace de nombreux oiseaux endémiques de Polynésie. Embarqués sur un navire
de 80 mètres convoyant deux hélicoptères, les équipes de la RSPB et leurs partenaires ont déployé des moyens
technologiques impressionnants. Le CEPF à soutenu plus particulièrement les opérations pour l’île Henderson
du groupe de Pitcairn (Grande-Bretagne). Terre parmi les plus reculées au monde, ce joyau du Pacifique héberge
55 espèces uniques, la plupart menacées de disparition. D’où l’importance du succès de l’éradication des rats
d’Henderson ! Cette opération, la première de cette ampleur jamais mise en œuvre dans une île tropicale ou
subtropicale, aura d’après les premières observations de contrôle permis une formidable récupération de la végétation
et la multiplication significative du nombre de poussins atteignant l’âge adulte.
HOTSPOT DE POLYNÉSIE MICRONÉSIE
5330 espèces de plantes (57% endémiques)
242 espèces d’oiseaux (68% endémiques)
476 espèces menacées sur un territoire terrestre
équivalent à la surface de la Suisse (46 315km2)
Budget CEPF pour le Hotspot : 5 350 000 €
Projets en territoires français et britanniques :
494 000 € pour 8 projets
Budget pour des programmes régionaux :
plus d’un million d’euros
Appui aux dynamiques régionales dans le
Pacifique, les Caraïbes et la Méditerranée
Le CEPF a été conçu avec la volonté de dépasser les frontières administratives, en considérant que la conservation de
la biodiversité était plus efficace lorsqu’envisagée à l’échelle des « Hotspots », ensembles biologiquement cohérents.
C’est donc tout naturellement que le CEPF a soutenu, partout dans le monde, des initiatives transfrontalières. Faciliter
la coopération et développer des réseaux régionaux au sein de la société civile est une priorité du CEPF dans plusieurs
régions, notamment là où les moyens de chaque Etat ou territoire sont limités. En Polynésie-Micronésie, le CEPF
soutient ainsi une quinzaine de programmes régionaux, principalement sur les espèces envahissantes, à l’instar de la
Pacific Invasives Initiative, réseau des acteurs de la conservation des îles du Pacifique qui soutient techniquement les
projets de terrain, organise des formations et diffuse l’information sur les espèces envahissantes.
Le CEPF investit aussi depuis 2010 dans le Hotspot des îles des Caraïbes et depuis 2012 en Méditerranée, dont
les frontières du « Hotspot » comprennent les îles de Macaronésie. Les Régions ultrapériphériques et Territoires
d’outre-mer ont été pris en compte lors de la définition des stratégies régionales, lors de la rédaction des profils
d’écosystème, en particulier pour la définition des Zones Clefs pour la Biodiversité (ZCB).
Si les territoires ultramarins concernés ne sont pas éligibles aux financements du CEPF, les acteurs locaux de la
biodiversité peuvent participer aux comités consultatifs régionaux. Ils peuvent aussi bénéficier de subventions pour
des projets de coopération régionale mis en œuvre dans des pays éligibles – par exemple pour des partenariats
ou des échanges bénéficiant aux pays en développement de leur région, comme la Jamaïque, la République
Dominicaine ou Haïti dans les Caraïbes ou le Cap-Vert en Macaronésie. Les projets du CEPF sont ainsi une
opportunité pour renforcer les relations et collaborations entre pays et territoires voisins, tout en améliorant la
capacité des acteurs de la protection de la biodiversité à agir à l’échelle régionale. Les projets du CEPF sont
ainsi une opportunité pour renforcer les relations et collaborations entre pays et territoires voisins, tout en
améliorant la capacité des acteurs de la protection de la biodiversité à agir à l’échelle régionale.
POUR EN SAVOIR PLUS : WWW.CEPF,NET
PROFIL D’ÉCOSYSTÈME POUR LA POLYNÉSIE-MICRONÉSIE
PROFIL D’ÉCOSYSTÈME POUR LES ILES DES CARAÏBES
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