Questions du Planning Familial aux candidates et candidats à la
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Questions du Planning Familial aux candidates et candidats à la
Questions du Planning Familial aux candidates et candidats à la Présidentielle 2012 Réponse de M. Nicolas Sarkozy 1/ Politiques publiques Organiser au plus haut niveau de l’Etat la visibilité de ces politiques, leur cohérence et construire une action coordonnée et transversale est devenu primordial. Mettrez-vous en place un Ministère des droits de la femme de plein exercice, doté de moyens spécifiques, seul capable de répondre à ces nécessités ? La création du Ministère des droits de la Femme par François Mitterrand a eu pour objectif d’appeler l’attention de nos concitoyens sur les inégalités entre femmes et hommes dans la France de 1981. Je crois aujourd’hui que c’est chose faite et que la cause de l’égalité des sexes est désormais partagée par nombre de nos concitoyens. Par conséquent, je ne pense pas que ressusciter cette recette du passé soit aujourd’hui utile à la condition féminine : ce dont nous avons besoin dans la France du 21ème siècle, ce n’est pas tant d’affirmer l’égalité que de faire en sorte qu’elle soit réellement respectée dans la vie quotidienne des Françaises et des Français. J’ajoute que la question des droits des femmes est l’une des principales attributions du Ministre de la Cohésion sociale, de même que la famille, l’enfance, la parité ou encore l’égalité professionnelle : autant de questions qu’il me paraît indispensable de traiter de front avec celle des droits des femmes. 2/ Droits sexuels L’Etat doit être, pour Le Planning Familial, garant d’un égal accès à l’information et à la contraception sur l’ensemble du territoire français, dans l’hexagone comme dans les DOM. La mise en place de réseaux de territoire, appuyés sur les centres de planification et les EICCF est à défendre. Soutiendrez-vous cette action ? Les centres de planifications et d’éducation familiale (CEPF) ainsi que les établissements d’information, de consultation et de conseil familial (EICCF) apportent une offre spécialisée, dont le professionnalisme est largement reconnu. Pour autant, la cohérence d’ensemble de notre dispositif, en termes de gouvernance et de pilotage, doit aujourd’hui encore évoluer : nous devons en effet non seulement améliorer son accessibilité sur l’ensemble du territoire français, mais aussi lui donner plus de puissance. La mise en place de réseaux de territoires autour des EICCF et des CEPF constitue l’une des voix les plus prometteuses de cette amélioration attendue par nos concitoyens. Elle pourrait se traduire, durant le prochain quinquennat, par la mise en place, autour des EICCF et des CEPF, d’un réseau de médecins volontaires, par la création d’antennes des CEPF et par la mise en place, en prolongement de nos centres et établissements, d’un volet internet en liaison avec l’INPES. Je m’impliquerai naturellement personnellement dans cette démarche qui m’apparait indispensable et qu’il nous faudra conduire en étroite relation avec les départements au titre de leur compétence dans le domaine de la protection maternelle et infantile. 3/ Accès à l’avortement Etes-vous mobilisé à nos côtés pour défendre cet acquis qu’est l’IVG, toujours menacé en France comme au niveau européen ? vous engagez-vous à faire de ces luttes les vôtres ? Le Planning Familial exige que les obligations de soins des établissements publics inscrites dans la loi de 2001 soient respectées. Les ARS doivent veiller à une réelle égalité dans l’accès aux soins partout pour toutes et tous conformément à leurs objectifs. Remettrezvous en place les centres d’orthogénie, actuellement démantelés, dans chaque centre hospitalier, comme le prévoyait la loi ? L’IVG est un acquis considérable. Il ne saurait être remis en question, ni directement, ni indirectement. La loi hôpital, patients, santé, territoires de 2009 confère aux agences régionales de santé la responsabilité de développer une offre de soins adaptée à chaque territoire, en conciliant l’accessibilité avec la qualité et la sécurité des actes médicaux. Cet objectif est aujourd’hui en cours de réalisation, à travers la mise en place des schémas régionaux d’organisation de soins (SROS-PRS). 4/ Accès aux structures de soins et maternités de proximité Etes-vous prêt à réorganiser la carte sanitaire, notamment des maternités, pour assurer une prise en charge conforme aux recommandations de bonne pratique médicale sur l’ensemble du territoire ? La mise en place des Schémas Régionaux d’organisation des soins (SROS-PRS) par les agences régionales de santé répond en tous points à cette préoccupation. 5 / Education sexualisée Ferez-vous de la question de l’éducation sexuelle un enjeu prioritaire de l’éducation ? Quelles actions comptez-vous mettre en place dès 2012 pour faire appliquer la loi ? L’école a un rôle majeur à jouer sur cette question, comme le prévoit d’ailleurs le code de l’éducation. Elle doit ainsi permettre aux jeunes garçons et filles d’adopter un comportement responsable à l’âge où ils découvrent l’amour et les risques qui lui sont liés. Le meilleur moment pour le faire est pour moi le collège, car c’est à cet âge que les questions de sexualité se révèlent. Je souhaite notamment que l’on mette l’accent sur l’information des jeunes filles sur la contraception, afin de limiter au maximum les grossesses précoces non désirées, dont le nombre est encore beaucoup trop important. 6/ Lutte contre les violences faites aux femmes Comment comptez-vous aller plus loin dans la lutte contre les violences faites aux femmes et soutenir les propositions portées par Le Planning Familial ? La loi du 9 juillet 2010 a constitué un progrès majeur. Depuis 2002, en tant que ministre de l’intérieur, je n’ai cessé de m’impliquer dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Ce texte s’inspire directement des lois espagnoles de 2004 et 2008 qui ont instauré un système de protection des victimes et ont renforcé la répression des auteurs de violences, en concentrant les contentieux pénal et civil auprès d'un seul juge, ainsi qu’en développant des moyens techniques modernes de protection et de surveillance. De fait, la loi du 9 juillet 2010 crée notamment une ordonnance de protection, qui permet d'organiser l'éviction de l'auteur des violences du domicile familial ou d'organiser le relogement de la victime, si elle choisit de quitter le domicile. Elle crée un nouveau délit de « harcèlement moral au sein du couple », puni de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d’amende (voire cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, selon la gravité du dommage). Elle généralise en outre la circonstance aggravante pour les infractions commises au sein du couple, introduit un suivi de l'auteur mis en cause ou condamné et consacre un droit au logement pour la victime. Des formations ont été mises en place pour les acteurs des forces de l’ordre, de la justice et des intervenants sociaux et associatifs ; en 2011, plus d’1,2 millions d’euros ont été consacrés à des actions nouvelles en faveur des victimes. Ce sont des agents spécialisés qui accueillent désormais les femmes dans les commissariats et les brigades de gendarmerie. Bien sûr, il faudra aller plus loin : en 2012, on ne peut accepter que trois millions de femmes souffrent chaque année de violences. C’est pourquoi le Gouvernement a lancé l’année dernière son troisième plan interministériel et triennal de lutte contre les violences faites aux femmes, dont les moyens sont en augmentation de 30 % par rapport au plan précédent. 7/ Politique familiale Soutiendrez-vous l’autorisation d’adoption pour tous les couples ainsi que le mariage homosexuel ? Je ne suis pas favorable au mariage ni à l’adoption homosexuels. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’avais proposé en 2007 d’ouvrir un contrat d’union aux homosexuels, similaire en tous points au mariage, sauf sur la question de l’adoption. Si nous n’avons pas pu instaurer ce contrat, c’est parce qu’il aurait été inconstitutionnel de le réserver aux seuls couples homosexuels. Malgré cette impossibilité, je crois être parvenu à un équilibre en supprimant toutes les différences entre mariage et PACS sur les questions de succession ou de fiscalité. 8/ Moyens alloués aux associations pour développer la vie démocratique et la participation citoyenne Donnerez-vous au Planning Familial les moyens de jouer son rôle ? J’ai toujours soutenu l’action du Planning Familial, qui assure la gestion d’environ un tiers des EICCF et place au cœur de ses priorités l’information et l’éducation des jeunes en matière de sexualité. C’est la raison pour laquelle j’ai veillé, malgré la crise sans précédent qui nous a touchés, à ce que les moyens du planning familial soient préservés. Ils se monteront à 2,6 millions d’euros pour cette année, auxquels viendra s’ajouter une subvention complémentaire de 263 000 euros, notamment pour la promotion des droits des femmes. L’accueil et l’information sur les questions relatives à la vie affective et à la sexualité, la préparation des jeunes à leur vie de couple et à la fonction parentale, les entretiens liés à l’interruption volontaire de grossesse, l’aide et le conseil aux familles en difficulté…. sont autant de missions essentielles pour notre société. C’est la raison pour laquelle il m’apparait nécessaire de consolider dans la durée l’action du Planning Familial. Une convention pluriannuelle d’objectifs et de moyens, conclue entre l’Etat et Le Planning Familial, serait à même d’ancrer votre action dans la durée. 9/ Réforme des collectivités locales Reviendrez-vous sur la réforme des collectivités territoriales prévue pour 2014, qui nuit à la parité politique ? La réforme de 2010 permet une simplification de notre organisation territoriale, tout en renforçant la démocratie locale. C’est un pas important pour clarifier les compétences de chaque échelon et redonner de la lisibilité à l’action locale. L’élection des conseillers communautaires permettra également de voir plus de femmes élues au sein des assemblées exécutives locales. Nous faisons par ailleurs le choix de la confiance et de la responsabilité des acteurs de la vie politique pour les élections des conseillers territoriaux. J’ajoute que la volonté de favoriser l’accès des femmes à des postes de responsabilité ne doit pas concerner uniquement la sphère politique. C’est pourquoi la loi « CopéZimmermann » du 27 janvier 2011 a permis de rendre obligatoire la présence d’au moins 40% de femmes au sein des conseils d’administration des grandes entreprises. Parce que l’administration doit aussi participer à cet effort, la loi du 12 mars 2012 sur la fonction publique a également fixé un objectif de 40 % d’ici 2018 dans les nominations aux postes clés de la sphère publique. 10/ International Comment envisagez-vous de développer et d’améliorer les droits des personnes, en particulier ceux des femmes au plan politique et dans le cadre de la coopération internationale ? Quelles actions envisagez-vous pour que les droits sexuels et reproductifs soient formellement reconnus en Europe et à l’international comme des droits fondamentaux ? L’attachement de la France au caractère universel des droits de la personne humaine doit nous conduire à refuser tout relativisme culturel ou cultuel. Cette position a d'ailleurs été réaffirmée à de nombreuses reprises ces dernières années, notamment lors des sessions à la commission de la condition de la femme des Nations-Unies. A l’avenir, j’entends maintenir un niveau élevé d’engagement politique dans les instances onusiennes pour défendre le droit des femmes. C’est cet engagement qui permettra de plaider avec une voix forte pour la mise en œuvre effective de tous les droits des femmes, y compris en matière de santé sexuelle et génésique ou d’éducation affective et sexuelle, car la maitrise de sa fécondité est bien pour chaque femme un droit fondamental. La diplomatie française restera également mobilisée auprès des Etats comme des ONG pour promouvoir les grands textes issus de la conférence du Caire sur la population et le développement (1994), de la plateforme d’action en faveur des femmes de Pékin (1995), ainsi que de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979). Au niveau européen, la France soutiendra les initiatives législatives que lancera la Commission européenne dans le domaine des droits économiques, qu’il s’agisse de la révision de la directive sur l’égalité professionnelle, ou d’une régulation imposant des quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises, sur le modèle de la loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011.