Programme Cabaret des Poètes 2016 - La Truffe de Saint
Transcription
Programme Cabaret des Poètes 2016 - La Truffe de Saint
Programme Cabaret des Poètes LES MOTS POUR VIVRE PALABRAS PARA VIVIR LIVE THANKS WORD LAS PARAULAS PER VIVRE LE PAROLE PER VIVERE AMAJAMBO ABESHAHO Vendredi 10 Juin 2016 à Sainte—Alvère LES MOTS POU INTRODUCTION L e Cabaret des Poètes vous invite cette année à fêter tous les irréductibles, les enfiévrés, les radicaux de la beauté, la liberté, d’ici et d’ailleurs. Nous avons plus que jamais besoin de la parole libre des poètes qui portent Cette indépendance d’esprit toujours intacte et qui recherchent, comme l’écrivait Marina Tsvetaeva, « l’impossible qui émane du domaine des mots ». Au moment où la création peut sembler menacée dans ce qu’elle a de plus fondamental, il nous faut réaffirmer et défendre avec force la liberté de création et d’expression qui est au coeur du geste poétique. La poésie fait surgir des rapprochements inattendus, dirige l’attention vers les choses les plus humbles comme vers les aspirations les plus élevées. L’image poétique suscite un nouvel espace mental, les jeux avec la langue déplacent les points de vue, l’expression des émotions fondamentales nous relie les uns aux autres. Quoi de plus exaltant, époustouflant, flamboyant que la liberté, ce sentiment grisant qui redonne espoir aux plus opprimés d'entre nous, qui nous permet de vivre ensemble. C’est dans cette optique que cette anthologie aux couleurs de la liberté a été créée. De célèbres poètes ont su faire passer ces émotions que tout homme a connu dans sa vie un jour ou l’autre, et ils ont su par la même occasion nous conforter dans l’idée que la liberté est un luxe qui n’est pas inaccessible et au nom de laquelle il faut se battre. R LE VIVRE Les poèmes seront lus dans les langues d’origines et traduits en Français pour la majorité d’entre eux. Donnons la parole aux poètes et laissons les mots comme les oiseaux s’envoler. « Ne te laisse pas mourir lentement !Ne te prive pas d'être heureux ! » Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou. Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur ! « Changer la vie ». Rimbaud EVE GUILLOU LES MOTS POUR LE VIVRE Sommaire PARTIE 1 1- « Désembourbez l’avenir » Vladimir Maïakovski, 2- « Le Loup et le Chien », Jean de La Fontaine 3- « Poesia », Marcela del Pastre 4- « Hirondelle », Louise Michel 5- « Il meurt lentement », Martha Medeiros 6- « Que la vie en vaut la peine », Louis ARAGON 7- « Freedom », Ambrose Bierce 8- « Bread and roses » 9- Poème arménien 10- Extrait de « Oeuvre Sur l'Eau », Erri de Luca 11- « Toucher la lumière », Adonis ENTRACTE PARTIE 2 1- « Un portrait », Petru Romosan 2- «Trois ethnies », Ketty Nivyabandi 3- Romance Somnambule, Federico Garcia Lorca 4- « Etat de marche » Laurence Vielle 5- Fuoc de Paraulas 6- « Voyage a Barcelone sur le bateau de… » Nazim Hikmet, 7- « La batailla del verso », poemas fidedignos 8- « Vertical » 9- « La cravate », Jacques Charpentrau 1- « DESEMBOURBEZ L’AVENIR » Vladimir Maïakovski, -extraits du recueil Ecoutez, Si on allume les étoiles, écrit entre 1914 et 1925, publié aux éditions Le Temps des Cerises É coutez !Puisqu'on allume les étoiles, c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires? C'est que quelqu'un désire qu'elles soient? C'est que quelqu'un dit perles ces crachats? Et, forçant la bourrasque à midi des poussières, il fonce jusqu'à Dieu, craint d'arriver trop tard, pleure, baise sa main noueuse, implore il lui faut une étoile! jure qu'il ne peut supporter son martyre sans étoiles (Suite) Ensuite, il promène son angoisse, il fait semblant d'être calme. Il dit à quelqu'un :" Maintenant, tu vas mieux, n'estce pas? T'as plus peur ? Dis ? " Écoutez ! Puisqu'on allume les étoiles, c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?c'est qu'il est indispensable, que tous les soirs au-dessus des toits se mette à luire seule au moins une étoile? 2- «LE LOUP ET LE CHIEN », Jean de La Fontaine (Fable I, IV, 1668) U n loup n’avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde, Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde. L’attaquer, le mettre en quartier, Sire loup l'eût fait volontiers. Mais il fallait livrer bataille ; Et le matin était de taille A se défendre hardiment. Le loup donc l’aborde humblement Entre en propos, et lui fait compliment Sur son embonpoint qu’il admire. « Il ne tiendra qu’à vous, beau sire, D’être aussi gras que moi, lui répartit le chien. Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables, Cancres hères et pauvres diables, Dont la condition est de mourir de faim. Car quoi ? Rien d’assuré ; point de franche lippée : (Suite) Tout à la pointe de l’épée. Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. » Le loup reprit : » Que faudra-t-il faire ? -Presque rien, dit le chien, donner la chasse aux gens Portant bâtons et mendiants ; Flatter ceux du logis, à son maître complaire ; Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons : Os de poulets, os de pigeons ; Sans parler de mainte caresse. » Le loup déjà se forge une félicité Qui le fait pleurer de tendresse. Chemin faisant il vit le col du chien pelé. « Qu’est-ce là ? lui dit-il-Rien-Quoi rien ?-Peu de chose. -Mais encor ?-Le collier dont je suis attaché De ce que vous voyez est peut-être la cause. -Attaché ? dit le loup ; vous ne courez donc pas Où vous voulez ?- Pas toujours, mais qu’importe ? -Il importe si bien que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. » Cela dit, maître loup s’enfuit, et court encor. 3- « POESIA », Marcela Delpastre ' Na rauba de fum, un chapeu de lum, 'na manta de saba en lo ciau de junh, l'aubre que s'esgaia...Que t'ai cerchada, poesia ! E sens jamai veire ta facia, onte que sias. Que l'ai jugada a crotz o facia, ma vita paubra, zo sabes !La t'ai jugada a crotz o facia. E sens jamai veire ta facia, ai tots los jorns portat ma crotz. Onte ses ? Onte Eras ? Per te saber, segur ! Mas per te dire...- Un chapeu de fum, un manteu de lum, 'na rauba de saba...au ciau de junh, l'aubre s'esgaia. 3bis- traduction U ne robe de fumée, un chapeau de lumière, une mante de sève...dans le ciel de juin, l'arbre qui s'amuse...Je t'ai cherchée, poésie ! Et sans jamais voir ta face, où que tu sois. Je l'ai jouée à pile ou face, ma pauvre vie, tu le sais bien ! Je te l'ai jouée à pile ou face. Et sans jamais voir ta face, j'ai tous les jours porté ma croix. Où es-tu ? Où étaistu ? Pour te connaître, oui ! Mais pour te dire… Un chapeau de fumée, un manteau de lumière, une robe de sève… au ciel de juin, l'arbre s'amuse. 4- « HIRONDELLE », Louise Michel (1871) H irondelle qui viens de la nue orageuse, Hirondelle fidèle, où vas-tu ? Dis-le moi. Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ? Ecoute, je voudrais m’en aller avec toi, Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages, Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts, Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges, Vers les astres errants qui roulent dans les airs. Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts Des forêts et des vents tu réponds des tourelles, Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers. Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime ! Je ne sais quel écho par toi m’est apporté Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême, Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté. 5- « IL MEURT LENTEMENT », Martha Medeiros Muere lentamente - Falso Neruda es de Martha Medeiros M uere lentamente quien no viaja,quien no lee, quien no escucha música, quien no halla encanto en sí mismo. Muere lentamente quien destruye su amor propio; quien no se deja ayudar. Muere lentamente quien se transforma en esclavo del hábitorepitiendo todos los días los mismos senderos, quien no cambia de rutina, no se arriesga a vestir un nuevo color o no conversa con quien desconoce. Muere lentamente quien evita una pasióny su remolino de emociones; aquellas que rescatan el brillo de los ojos y los corazones decaídos. Muere lentamente quien no cambia la vida cuando está insatisfecho con su trabajo, o su amor, quien no arriesga lo seguro por lo incierto para ir tras de un sueño quien no se permite, por lo menos una vez en la vida, huir de los consejos sensatos...Vive hoy! ¡Arriesga hoy! ¡Haz hoy! No te dejes morir lentamente ! ¡NO TE OLVIDES DE SER FELIZ ! 5bis- traduction I l meurt lentement Celui qui ne voyage pas, Celui qui ne lit pas, Celui qui n’écoute pas de musique, Celui qui ne sait pas trouver Grâce à ses yeux. Il meurt lentement Celui qui détruit son amour-propre, Celui qui ne se laisse jamais aider. Il meurt lentement Celui qui devient esclave de l'habitude Refaisant tous les jours les mêmes chemins, Celui qui ne change jamais de repère, Ne se risque jamais à changer la couleur De ses vêtements Ou qui ne parle jamais à un inconnu Il meurt lentement Celui qui évite la passion Et son tourbillon d'émotions Celles qui redonnent la lumière dans les yeux Et réparent les cœurs blessés Il meurt lentement Celui qui ne change pas de cap Lorsqu'il est malheureux Au travail ou en amour, Celui qui ne prend pas de risques Pour réaliser ses rêves, Celui qui, pas une seule fois dans sa vie, N'a fuit les conseils sensés. Vis maintenant ! Risque-toi aujourd'hui ! Agis tout de suite ! Ne te laisse pas mourir lentement ! Ne te prive pas d'être heureux ! 6- « QUE LA VIE EN VAUT LA PEINE », Louis ARAGON Les yeux et la mémoire – Chant II – 1954 une chose étrange à la fin que le monde C 'est Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit Ces moments de bonheur ces midis d'incendie La nuit immense et noire aux déchirures blondes. Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit D'autres viennent. Ils ont le cœur que j'ai moi-même Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime Et rêver dans le soir où s'éteignent des voix. D'autres qui referont comme moi le voyage D'autres qui souriront d'un enfant rencontré Qui se retourneront pour leur nom murmuré D'autres qui lèveront les yeux vers les nuages. II y aura toujours un couple frémissant Pour qui ce matin-là sera l'aube première II y aura toujours l'eau le vent la lumière Rien ne passe après tout si ce n'est le passant. C'est une chose au fond, que je ne puis comprendre Cette peur de mourir que les gens ont en eux Comme si ce n'était pas assez merveilleux Que le ciel un moment nous ait paru si tendre. Oui je sais cela peut sembler court un moment Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine Et la mer à nos soifs n'est qu'un commencement. Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches Le sac lourd à l'échine et le cœur dévasté Cet impossible choix d'être et d'avoir été Et la douleur qui laisse une ride à la bouche. Malgré la guerre et l'injustice et l'insomnie Où l'on porte rongeant votre cœur ce renard L'amertume et Dieu sait si je l'ai pour ma part Porté comme un enfant volé toute ma vie. Malgré la méchanceté des gens et les rires Quand on trébuche et les monstrueuses raisons Qu'on vous oppose pour vous faire une prison De ce qu'on aime et de ce qu'on croit un martyre. Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine Malgré les ennemis les compagnons de chaînes Mon Dieu mon Dieu qui ne savent pas ce qu'ils font. Malgré l'âge et lorsque, soudain le cœur vous flanche L'entourage prêt à tout croire à donner tort Indifférent à cette chose qui vous mord Simple histoire de prendre sur vous sa revanche. La cruauté générale et les saloperies Qu'on vous jette on ne sait trop qui faisant école Malgré ce qu'on a pensé souffert les idées folles Sans pouvoir soulager d'une injure ou d'un cri. Cet enfer Malgré tout cauchemars et blessures Les séparations les deuils les camouflets Et tout ce qu'on voulait pourtant ce qu'on voulait De toute sa croyance imbécile à l'azur. Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci Je dirai malgré tout que cette vie fut belle. 7- « FREEDOM », Ambrose Bierce (1892) F reedom as every school boy knows, Once shrieked as Kosciusko fell; On everywind, indeed, that blows I hear her yell. She screams whenever monarchs meet, And parliaments as well, To bind the chains about her feet And toll her knell. (Suite) And when the sovereign people cast The votes they cannot spell, Upon the pestilential blast Her clamors swell. For all to whom the power's given To sway or to compel, Among themselves apportion Heaven And give her Hell 8-« BREAD AND ROSES » A day, s we come marching, marching in the beauty of the A million darkened kitchens, a thousand mill lofts gray, Are touched with all the radiance that a sudden sun discloses, For the people hear us singing: "Bread and roses! Bread and roses!" As we come marching, marching, we battle too for men, For they are women's children, and we mother them again. Our lives shall not be sweated from birth until life closes; Hearts starve as well as bodies; give us bread, but give us roses! As we come marching, marching, unnumbered women dead Go crying through our singing their ancient cry for bread. Small art and love and beauty their drudging spirits knew. Yes, it is bread we fight for , but we fight for roses, too! As we come marching, marching, we bring the greater days. The rising of the women means the rising of the race. No more the drudge and idler - ten that toil where one reposes, But a sharing of life's glories: Bread and roses! Bread and roses! Chant écrit à partir d’un poème de James Oppenheim, USA 1911, qui reprend la phrase de la syndicaliste Rose Schneiderman. Il l’a dédié aux « Femmes de l’ouest », des ouvrières de l’industrie textile qui avaient manifesté pour dénoncer leurs conditions de travail. 8bis—Traduction « DU PAIN ET DES ROSES » T andis que nous marchons, marchons dans la beauté du jour, un million de cuisines sombres, un millier de mornes greniers de filatures, s’illuminent, révélés par l’éclat d’un soleil soudain, car on nous entend chanter : « Du pain et des roses ! Du pain et des roses ! » Tandis que nous marchons, marchons, nous nous battons aussi pour les hommes, parce qu’ils sont les enfants des femmes et que nous prenons à nouveau soin d’eux. Nous ne suerons pas la vie entière, de la naissance jusqu’à ce que s’éteigne la vie ; les cœurs tout comme les corps meurent de faim : « Donnez-nous du pain mais donnez-nous aussi des roses. » Tandis que nous marchons, marchons, d’innombrables femmes mortes, à travers notre chant, pleurent leur éternel cri pour du pain. Leur âme de trimardes connaissait l’art modeste, l’amour et la beauté. Oui c’est pour le pain que nous nous battons, mais nous nous battons aussi pour les roses. Tandis que nous marchons, marchons, nous amenons des jours meilleurs. Le soulèvement des femmes signifie le soulèvement de la race humaine. Plus de trimards ni d’oisifs, dix qui peinent pendant qu’un se repose, mais le partage des beautés de la vie: « Du pain et des roses, du pain et des roses ! » 9- Poème arménien—Yéghishé Tcharents (1897-1937) Ե ղիշե Չարենց «Ես իմ անուշ Հայաստանի» Ես իմ անուշ Հայաստանի արևահամ բարն եմ սիրում, Մեր հին սազի ողբանվագ, լացակումած լարն եմ սիրում, Արնանման ծաղիկների ու վարդերի բույրը վառման ՈՒ նաիրյան աղջիկների հեզաճկուն պարն եմ սիրում: Սիրում եմ մեր երկինքը մուգ, ջրերը ջինջ, լիճը լուսե, Արևն ամռան ու ձմեռվա վիշապաձայն բուքը վսեմ, Մթում կորած խրչիթների անհյուրընկալ պատերը սև ՈՒ հնամյա քաղաքների հազարամյա քարն եմ սիրում: ՈՒր էլ լինեմ – չեմ մոռանա ես ողբաձայն երգերը մեր, Չեմ մոռանա աղոթք դարձած երկաթագիր գրերը մեր, Ինչքան էլ սուր սիրտս խոցեն արյունաքամ վերքերը մեր, Էլի ես որբ ու արնավառ իմ Հայաստան յարն եմ սիրում: Իմ կարոտած սրտի համար ոչ մի ուրիչ հեքիաթ չկա, Նարեկացու, Քուչակի պես լուսապսակ ճակատ չկա, Աշխարհ անցիր, Արարատի նման ճերմակ գագաթ չկա, Ինչպես անհաս փարքի չամփա` ես իմ Մասիս սարն եմ սիրում: 9bis—traduction anglaise O f my motherland Armenia, its sun-soaked word I adore, Of our old, mourning saz, the deep, moving string I adore, The radiant scent of blood-red roses and sun-dipped flowers I adore, And the humble, graceful dance of women of Nairi I adore. I love our sky – deep blue and high, the waters – clear, and the lucent lake, The sun in summer, and the winter’s ferocious frost outbreak, The black, dreary walls of the old huts – drowned in the dark, And the thousand-year-old, tattered stones of the ancient cities I adore. Never will I ever forget the mournful tunes of our songs, Will not forget the iron-script books that have become prayers long, However deep my heart is hurt by our blood-drained wounds of fate, Still, time and again, though orphaned, weak, but my Armenia I adore. For my homesick, yearning soul there is no better tale told, Than Narekatsi’s and Kuchak’s, there are no brighter shining thoughts. Cross-pass the world, yet Ararat is the whitest peak to be sought, As an everlasting walk to fame, my Mount Masis I adore! 10- Extrait de « OEUVRE SUR L'EAU », Erri de Luca, éditions poésie Seghers, traduit de l'italien par Danièle Valin C onsidero valore ogni forma di vita, la neve, la fragola, la mosca. Considero valore il regno minerale, la repubblica delle stelle. Considero valore il vino finché dura il pasto, un sorriso involontario, la stanchezza di chi non si e risparmiato, due vecchi que si amano. Considero valore quello que domani non varrà piu niente e quello che oggi vale ancora poco. Considero valore tutte le ferite. Considero valore risparmiare acqua, riparare un paio di scarpe, tacere in tempo, occorrere a un grido, chiedere permesso prima de sedersi, provare gratitudine senza ricordare di che. Considero valore sapere in una stanza dov'è il nord, qual è il nome del vento che sta asciugando il bucato. Considero valore il viaggio del vagabondo, la clausura della monaca, la pazienza del condannato, qualunque colpa sia. Considero valore l'uso del verbo amare e l'ipotesi che esista un creatore. Molti di questi valori non ho conosciuto 10bis- traduction de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la J 'attache fraise, la mouche. J'attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles. J'attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s'est pas épargné, à deux vieux qui s'aiment. J'attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd'hui vaut encore peut de chose. J'attache de la valeur à toutes les blessures. J'attache de la valeur à économiser l'eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s'asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi. J'attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive. J'attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale, à la patience du condamné quelque soit sa faute. J'attache de la valeur à l'usage du verbe aimer et à l'hypothèse qu'il existe un créateur. Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues. 11- « TOUCHER LA LUMIÈRE », Adonis (Syrie) P ar une nuit de pleine lune essaye de fixer la galaxie Tu verras qu’elle est cours d’eau avec tes bras pour affluents ta poitrine pour estuaire Aujourd’hui le ciel a écrit son poème à l’encre blanche Il l’a appelé neige Ton rêve rajeunit tandis que tu vieillis Le rêve grandit en marchant vers l’enfance Le rêve est une jument qui au loin nous emporte sans jamais se déplacer Le nuage est las de voyager Il descend à la plus proche rivière pour laver sa chemise A peine a-t-il mis les pieds dans l’eau que la chemise se dissout et disparaît Une rose sort de son lit prend les mains du matin pour se frotter les yeux Le palmier parle avec son tronc la rose avec son odeur Le vent et l’espace vagabondent main dans la main Arc-en-ciel ? Unité du ciel et de la terre tressés en une seule corde Il marche sur les versants de l’automne appuyé au bras du printemps Le ciel pleure lui aussi mais il essuie ses larmes avec le foulard de l’horizon Quand vient la fatigue le vent déroule le tapis de l’espace afin de s’y allonger Dans la forêt de mes jours aucune place sauf pour le vent Pour toucher la lumière tu dois t'appuyer sur ton ombre Je sens parfois que le vent est un enfant qui crie porté sur mes épaules Comment décrire à l’arbre le goût de son fruit ? A l’arc le travail de la corde ? Telle une main la lumière se déplace sur le corps des ténèbres C’est l’épaule de l’espace qui s’effondre là-bas sous les nuages noirs L’espace dans l’œil de la guillotine est lui aussi tête à couper Tu ne peux être lanterne si tu ne portes la nuit sur tes épaules Je conclurai un pacte avec les nuages pour libérer la pluie Un autre avec le vent pour qu’il nous libère les nuages et moi La parole est demeure dans l’exil chemin dans la patrie Qu’il est étrange ce pacte entre les vagues et le rivage – le rivage écrit le sable les vagues effacent l’écriture Mémoire – ton autre demeure où tu ne peux pénétrer qu’avec un corps devenu souvenir Adonis, in Toucher la lumière, Ed. Fata Morgana, 1 997. Ouvrage d’artiste en édition limitée à 30 exemplaires, comportant chacun une peinture originale de Farid Belkahia. Texte traduit de l’arabe par Anne Wade Minkowski. 1- « UN PORTRAIT », Petru Romosan (Roumanie), publié dans « les cahiers de l'Est » n°17, traduit par Sanda Stolojan C 'est moi qui écrit les vers dans les vécés à la craie Dans les vécés du quartier que j'ai appelé Ithaque j'écris à la craie rouge Dans les vécés du quartier que j'ai appelé Ithaque j'écris à la craie verte Dans les vécés du quartier que j'ai appelé Ithaque j'écris à la craie blanche la nuit j'entends par la ville des femmes et des hommes clamant mes poèmes il y en a un qu'ils ont chanté à l'église à ce qu'on dit un poème à la craie blanche un acteur célèbre l'a récité à la télévision la milice me recherche mais moi je vais d'un vécé à l'autre j'écris un poème rouge un poème vert j'attends que ma photo paraisse dans les journaux « 100 000 lei à celui qui attrapera le poète des vécés » salut ! Je m'en vais de ce pas écrire un poème à la craie verte 2- « TROIS ETHNIES », Ketty Nivyabandi (Bur undi), Texte composé pour l’exposition 'Recyclage d’armes en œuvres d’art’ Maoni (Collectif d'Art)/Bujumbura, Janvier 2010 T rois ethnies Trois jolis sourires, Trois jeunes destins. Trois petites filles, Trois éclats de rires qui chatouillent les manguiers… Elles jouent en cercle en se tenant la main, Sandales et peurs au vent... Trois rêves ludiques, Trois chansons. Un, deux, trois, elles sautillent, Et petites nattes se hissent à l’horizon. Un, deux, trois, elles sautillent, Six petits pieds se posent sur la terre fébrile; Fraîchement violée par ses fils, Féconde et porteuse en son sein de l’Infâme. Un, deux, trois, et la terre minée s’ouvre. Rugissante et béante, Purulente de petits monstres, Elle avale les trois chansons. Trois petits bouts d’enfance s’envolent en éclats. Trois rêves déchiquetés, trois rires muets. Trois destins étouffés, trois boutons de fleurs écrasés. Trois chants inachevés… Un, deux, trois pleurs identiques s’élèvent dans un ciel désastré. Trois silhouettes vêtues d’imvutano noirs s’allongent, cheveux rasés, âmes calcinées. Trois mères. Trois plaies. Trois cœurs fendus à jamais. Hutu. Tutsi. Twa. Trois ethnies. Une seule agonie. Un seul fleuve de larmes qui s’écoule et s’écoule, à l’infini. Et ce silence… Le silence lourd et écarlate du sang des innocents. 3- extrait de « EL ROMANCERO GITANO » Federico Garcia Lorca, Tr aduction J ean Pr évost V erde que te quiero verde. Verde viento. Verdes ramas. El barco sobre la mar y el caballo en la montaña. Con la sombra en la cintura ella sueña en su baranda, verde carne, pelo verde, con ojos de fría plata. Verde que te quiero verde. Bajo la luna gitana, las cosas le están mirando y ella no puede mirarlas. Verde que te quiero verde. Grandes estrellas de escarcha, vienen con el pez de sombra que abre el camino del alba. La higuera frota su viento con la lija de sus ramas, y el monte, gato garduño, eriza sus pitas agrias. ¿Pero quién vendrá? ¿Y por dónde...? Ella sigue en su baranda, verde carne, pelo verde, soñando en la mar amarga. Compadre, quiero cambiar mi caballo por su casa, mi montura por su espejo, mi cuchillo por su manta. Compadre, vengo sangrando, desde los montes de Cabra. Si yo pudiera, mocito, ese trato se cerraba. Pero yo ya no soy yo, ni mi casa es ya mi casa. Compadre, quiero morir decentemente en mi cama. De acero, si puede ser, con las sábanas de holanda. ¿No ves la herida que tengo desde el pecho a la garganta? Trescientas rosas morenas lleva tu pechera blanca. Tu sangre rezuma y huele alrededor de tu faja. Pero yo ya no soy yo, ni mi casa es ya mi casa. Dejadme subir al menos hasta las altas barandas, dejadme subir, dejadme, hasta las verdes barandas. Barandales de la luna por donde retumba el agua. Ya suben los dos compadres hacia las altas barandas. Dejando un rastro de sangre. Dejando un rastro de lágrimas. Temblaban en los tejados farolillos de hojalata. Mil panderos de cristal, herían la madrugada. Verde que te quiero verde, verde viento, verdes ramas. Los dos compadres subieron. El largo viento, dejaba en la boca un raro gusto de hiel, de menta y de albahaca. ¡Compadre! ¿Dónde está, dime? ¿Dónde está mi niña amarga? ¡Cuántas veces te esperó! ¡Cuántas veces te esperara, cara fresca, negro pelo, en esta verde baranda! Sobre el rostro del aljibe se mecía la gitana. Verde carne, pelo verde, con ojos de fría plata. Un carámbano de luna la sostiene sobre el agua. La noche su puso íntima como una pequeña plaza. Guardias civiles borrachos, en la puerta golpeaban. Verde que te quiero verde. Verde viento. Verdes ramas. El barco sobre la mar. Y el caballo en la montaña. 3bis- traduction V ert et je te veux vert. Vent vert. Vertes branches. Le bateau sur la mer, le cheval dans la montagne. L'ombre autour de la ceinture, elle rêve à son balcon, chair verte, verts cheveux avec des yeux d'argent froid. Vert et je te veux vert. Dessous la lune gitane, toutes les choses la regardent mais elle ne peut pas les voir. Vert et je te veux vert. De grandes étoiles de givre suivent le poisson de l'ombre qui trace à l'aube son chemin. Le figuier frotte le vent à la grille de ses branches et la montagne, chat rôdeur, hérisse ses durs agaves. Mais qui peut venir? Et par où? Elle est là sur son balcon, chair verte, cheveux verts, rêvant à la mer amère. L'ami, je voudrais changer mon cheval pour ta maison, mon harnais pour ton miroir, mon couteau pour ta couverture. L'ami, voilà que je saigne depuis les cols de Cabra. Si je le pouvais, petit, l'affaire serait déjà faite. Mais moi je ne suis plus moi et ma maison n'est plus la mienne. L'ami, je voudrais mourir dans mon lit, comme tout le monde. Un lit d'acier, si possible, avec des draps de hollande. Vois-tu cette plaie qui va de ma poitrine à ma gorge? Il y a trois cents roses brunes sur le blanc de ta chemise. Ton sang fume goutte à goutte aux flanelles de ta ceinture. Mais moi je ne suis plus moi et ma maison n'est plus la mienne. (Suite) Laissez-moi monter au moins jusqu'aux balustrades hautes. De grâce, laissez-moi monter jusqu'aux vertes balustrades. Jusqu'aux balcons de la lune là-bas où résonne l'eau. Ils montent déjà, tous les deux, vers les balustrades hautes. Laissant un sentier de sang. Laissant un sentier de larmes. Sur les toitures tremblaient des lanternes de fer-blanc. Mille tambourins de verre déchiraient le petit jour. Vert et je te veux vert, vent vert, vertes branches. Ils ont monté, tous les deux. Le vent laissait dans la bouche un étrange goût de fiel, de basilic et de menthe. L'ami, dis-moi, où est-elle? Où estelle, ta fille amère? Que de fois elle t'attendait! Que de fois elle a pu t'attendre, frais visage, cheveux noirs, à la balustrade verte! Sur le ciel de la citerne la gitane se berçait. Chair verte, cheveux verts avec ses yeux d'argent froid. Un petit glaçon de lune la soutient par-dessus l'eau. La nuit devint toute menue, intime comme une place. Des gardes civils ivres morts donnaient des coups dans la porte. Vert et je te veux vert. Vent vert. Vertes branches. Le bateau sur la mer, le cheval dans la montagne. 4- « ETAT DE MARCHE », Laurence Vielle, « Ouf », O n peut être assis, on peut être debout. On peut rester sur place, On peut être en mouvement. On peut rester sur place en étant assis Ou rester sur place en étant debout. On peut être en mouvement pour avancer Ou être en mouvement pour bouger sur place. On peut avancer en étant assis, On peut avancer en étant debout. On peut avancer assis lentement, On peut avancer assis à très grande vitesse. On peut avancer debout sans bouger les pieds, On peut avancer debout en marchant. Tout homme véritable respire par les talons, a dit Tchouang Tseu. On peut marcher vite, On peut marcher doucement. On peut marcher avec des chaussures ou sans chaussures, à l'intérieur ou à l'extérieur, tout nu ou habillé. On peut marcher avec un sac à dos un sac à main ou sans sac. On peut marcher seul ou accompagné, avec un but ou sans but, avec un domicile fixe ou sans domicile fixe, avec des papiers ou sans papiers, avec une carte ou sans carte, en étant joignable avec un portable ou sans être joignable sans portable. (Suite) On peut marcher en prenant le chemin le plus court entre deux points ou en prenant le chemin le plus long entre deux points. On peut marcher pour flâner On peut marcher pour rêver On peut marcher pour rire On peut marcher pour pleurer On peut marcher pour prier On peut marcher pour marcher On peut marcher pour rien. Quand je suis morte je ne marche pas. Quand je marche je ne suis pas morte. Quand je marche je défie l'attraction terrestre : entre deux pas je flotte un tout petit moment c'est vrai. Je peux marcher en Asie en Afrique en Amérique en Australie en Patagonie au Mexique. Je peux marcher sur le bitume sur la poussière sur la terre sur l'eau sur le verre sur le plastic sur le feu dans le vent sur la lune, depuis 1969 je peux marcher sur la Lune. Quand je marche dehors je suis en relation avec l'univers. 5- « FUOC DE PARAULAS » fuoc brusla dins mon silenci, Q ual quala esbaudada dins ma nuèt ! Cor-pres vos gaiti, nècias paraulas, vos torcer vivas dins la flambada. O poderosa voluptat de nonmàs bufar sus la brasa per qu'espelissan las flors de la papieralha cussonada. Amaras de sens, paraulas pesugas, orbas, paraulas baujas, fonsalhas de la votz, paraulas polsosas, n'ai pro de vos, vos escupissi, perqué me rimariatz las potas, perqué me fariatz crasenar las dents ? Vos sètz pro garçadas de ieu, quantas fèures m'avètz donadas ! Uèi vos crami al vostre torn dins un grand revol d'alas rojas bronzinantas, que lor rebat dança dins lo blu de mos uèlhs. 5bis-traduction (non lue) feu brûle dans mon silence, Q uel dans ma nuit quel flamboiement ! Le cœur serré, je vous regarde, mots stupides vous tordre vivants dans les flammes. Ô puissante volupté de n'avoir qu'à souffler sur la braise pour que s'épanouissent les fleurs de la paperasse mangée des vers. Mots d'un sens amer, Pesants, aveugles, mots détraqués, tartre de la voix, mots poussiéreux, j'en ai assez de vous, je vous recrache, pourquoi gerceriezvous mes lèvres, pourquoi me feriez-vous grincer les dents ? Vous êtes-vous assez moqué de moi, que de fois m'avez-vous donné la fièvre ! Aujourd'hui, c'est à vous de brûler dans un grand vol d'ailes rouges et bourdonnantes, dont le reflet danse dans le bleu de mes yeux. 6- « VOYAGE A BARCELONE SUR LE BATEAU DE... » "Sur la vie", "De la vie", du poète turc Nazim Hikmet, extraits du recueil Il neige dans la nuit et autres poèmes, publié chez Gallimard (1999) E n prison, sur la pierre de la fontaine Yousouf l’Infortuné a dessiné son bateau. Un prisonnier qui boit à la fontaineRegarde la proue effilée du bateau Glisser sur des mers sans murs. Près de la fontaine un arbre tout blanc Un prunier. Ouvre encore une voile, Yousouf l’Infortuné Attire vers toi le port où tu vas Et arrache une branche au prunier Pour que les pigeons de la prison suivent ton sillage. Prends-moi aussi Yousouf Sur ton bateau. Mon bagage n’est pas lourd: Un livre, un cahier et une photo. Allons-nous-en, frère, allons-nous-en Le monde vaut la peine d’être vu. La mer s’est calmée Rougeurs dans le ciel C’est l’aurore La nuit qui nous semblait infinie Est finie. Voici devant nous la Barcelone du Frente popular Fini notre voyage (Suite) Amenez les voiles, l’ancre à la mer! Les pigeons qui suivaient notre sillage s’en retournent dire aux copains que nous sommes arrivés à bon port. Et Yousouf, envoyant un juron magnifique Aux fers et aux murs de là-bas Agite vers la ville qui nous fait face Sa branche fleurie de prunier. Mon regard va de lui à Barcelone: Et sur la ville, là-bas, tout au fond Je vois des flammes se tordre là-bas je vois côte à côte Lénine, Bakounine, Robespierre et le paysan Mehmet qui gît à Doumloupinar… C’est ainsi que Yousouf et moi Passagers d’un bateau Né de la fontaine d’une prison Nous avons vu à Barcelone dans l’aurore La liberté se battre en chair et en os Nous l’avons regardée les yeux en flammes Et comme la peau brune et chaude d’une femme De nos mains d’hommes affamés Nous avons touché la Liberté. 7- « LA BATALLA DEL VERSO », poemas fidedignos, 1967 C on un verso, es verdad, no botas a un tirano. Con un verso no llevas pan y techo al nino vagabundo, ni llevas medicinas al campesino enfermo. Sobre todo, no puedes hacerlo ahora mismo. Pero, vamos a ver :Un verso bien nacido y vigoroso, y otro màs encendido, y otro màs desvelado, y otro màs fuerte y màs veraz, le dan vida a un sueño que recogieron tierno, y este sueño de mucho, ya nutrido, se vuelve una conciencia, y esta conciencia, una pasion, un ansia...Hasta que une dia, Todo -sueño, concienca, anhelo-,compacto se organiza...Y entonces viene el grito, y el puño, y la conquista...En la esfigie de la conquista brilla un diadema : el verso. 7bis– traduction « LA BATAILLE DU POÈME » Traduction Julio Fausto Auguera (Guatemala, 1929) A vec un poème, C’est vrai, Tu ne chasses pas un tyran. Avec un poème tu n’apportes ni pain ni toit À l’enfant vagabond, Ni remèdes Au paysan malade. Surtout, tu ne peux pas Le faire à l’instant même. Mais…Nous allons voir. Un poème Bien né et vigoureux, Et un autre plus enflammé, Et un autre plus vigilant, Et un autre poème plus fort et plus véridique, Donne vie À un rêve qu’ils ont cueilli tout tendre, Et ce rêve de beaucoup d’hommes, une fois nourri, Devient une conscience, Et cette conscience, une passion, un désir angoissé… Jusqu’au jour où, Tout -rêve, conscience, désirs’organise, compact…et alors vient le cri, et le poing, et la conquête… Dans l’effigie de la conquête Brille un diadème : le poème. 8- « VERTICAL » W ho told me my place ? It takes generations To breed such true believer, Centuries to produce Someone who instinctively knew The only movement possible Was up or down. No spaceFor me on the earth's surface : Horizontal equates with delusive When only the vertical Remains open to my use. But I am released by language, I escape through speech : Which has no dimensions, Demands no local habitation Or allegiance, which sets me free From whomsoever's definition : Jew. Woman. Poet. 8bis- traduction « VERTICALITÉ » Q ui m'a dit ma place ? Il faut des générations Pour engendrer un tel véritable croyant. Il a fallu des siècles pour produire Un être qui savait d'instinct Que le seul mouvement possible Etait vers le haut ou le bas. Pas d'espace Pour moi à la surface de la terre. Horizontal égale illusoire Quand le seul vertical Reste ouvert à mon usage. Mais Je me libère par le langage, Je m'évade par le discours, Qui n'a pas de dimensions, N'exige pas de localisation Ni d'allégeance, et me libère De toute définition : Juive. Femme. Poète. 9- « LA CRAVATE », Jacques Charpentreau (2015) O ui, j’ai découpé la cravate De mon père, J’ai brûlé la robe écarlate De ma mère. J’ai décousu le grand rideau Du salon, J’ai rempli de deux litres d’eau Le violon. J’ai mis de l’encre rouge dans L’aquarium, J’ai passé tous les cure-dents Au minium. J’ai frotté le chien à la crème Chantilly, J’ai fait cuire les chrysanthèmes En bouillie. J’ai décoré notre loggia De boudins, J’ai piétiné les hortensias Du jardin. J’ai peinturé tous les portraits. Et alors ? Je croyais qu’en France on était Libre encor ! Remerciements LECTRICES Monique BURG Liliane BODIN Eve NUZZO Marta SANTA PAU INVITES Venant NZOJIYOBIRI Mahalia MUSIQUE PAPILLON « Raphael CARTON » ORGANISATION Eve GUILLOU RESTAURANT LA P’TITE FACTORY ASSOCIATION SESAM COMMUNE DE SAINTE-ALVERE-SAINT-LAURENT LES BÂTONS La collation qui vous a été proposée a été réalisé MAISON par des petites mains bénévoles et celles expertes de La P’tite Factory. CONTACT Office de Tourisme de Sainte-Alvère 22 Rue de la République, Sainte-Alvère 24510 Sainte-Alvère-Saint-Laurent Les Bâtons Tél. : 05.53.73.55.85 Courriel: office –[email protected] Imprimé par nos soins—Ne pas jeter sur la voie publique