Enrico cASTELLAni GünThEr UEcKEr
Transcription
Enrico cASTELLAni GünThEr UEcKEr
Enrico Castellani utilise des matériaux évidents, traditionnels afin d’éviter que le résultat ne devienne un objet de contemplation : il conserve ainsi l’utilisation de la toile et joue avec son élasticité à l’aide d’arceaux ou de clous, exerçant une poussée ou enfonçant la surface. En créant ces reliefs, l’artiste ne cherche pas à donner une forme mais élabore un système répétitif d’un tableau à l’autre : ces éléments multipliés à l’infini, ainsi que la monochromie, permettent à l’artiste d’échapper aux dimensions tangibles de la superficie de l’objet pour aller vers la mesure du temps. La surface existe à part entière, elle « est ». Le mouvement n’est ni figuré, ni évoqué par la peinture, mais ce sont les surfaces qui, se modulant grâce à leurs reliefs, captent les mouvements de l’espace par des jeux d’ombre et de lumière. Enrico Castellani définit ses surfaces comme « objet d’assimilation instantanée » 3 : elles agissent comme un révélateur dans la relation espace – spectateur. INFOS pRATIQUES musée d’art moderne de Saint-Étienne métropole Rue Fernand Léger 42270 Saint-Priest-en-Jarez T. +33 (0)4 77 79 52 52 F. +33 (0)4 77 79 52 50 [email protected] www.mam-st-etienne.fr 14 SEpTEmbRE – 15 DÉCEmbRE 2013 GUIDE DU VISITEUR Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h. Fermé le mardi sauf pendant les vacances scolaires de la zone A. Fermé le 1er novembre. Entrée Pour l’artiste il ne s’agit pas de déformer l’espace mais de le structurer de manière à ce que l’on puisse le percevoir et en jouir sensoriellement. Ces surfaces, en tant qu’éléments de compositions, « ne font plus partie du domaine de la peinture ou de la sculpture, et comme ils peuvent assumer le caractère de monumentalité de l’architecture ou redimensionner l’espace, ils sont le reflet de cet espace intérieur total, privé de contradiction, auquel nous aspirons » 4. 3. Enrico Castellani, revue Zéro, n°3, publiée en Allemagne en 1961 par Otto Piene et Heinz Mack. 4. Ibid. Enrico cASTELLAni GünThEr UEcKEr 1. 2. 3. 4. Tony Cragg Enrico Castellani Günther Uecker Jusqu’au 3 novembre : Laura Lamiel (prix AICA). À partir du 15 novembre : Stéphanie Nava (prix des Partenaires) 5. Collection du musée : « Le cortège de l’art » 6. ECHO(s))) Une église, une usine, un musée… exposition collective multi-sites (Firminy ; Saint-Chamond ; Saint-Étienne) en résonance avec la Biennale d’art contemporain de Lyon Couverture Enrico Castellani, Superficie bianca (Surface blanche), 1966, détail. 201 × 201 cm. Courtesy Fondatione Prada, Milan. © Adagp, Paris 2013, C. photo : Giorgio Colombo. Günther Uecker, Ordos, 2008 – 2009. Papier, encre sur toile. 300 × 300 cm. © Adagp, Paris, 2013. C. Photo : Nic Tenwiggenhorn. Günther Uecker et Enrico Castellani sont tous deux nés en 1930, le premier en Allemagne, le second en Italie. Ils appartiennent aux avant-gardes des années 1950 – 1960, une génération d’artistes qui questionne l’Europe de l’après-guerre et ses nombreux bouleversements politiques, sociaux, économiques, scientifiques et artistiques. Cette exposition est un évènement en France où le public n’a pas encore eu la chance de découvrir d’expositions consacrées à ces artistes de légende dans un musée public. Sandmühle (Moulin à sable), 1970. Diamètre : 300 cm. Courtesy de l’artiste. © Adagp, Paris 2013. C. photo : Nic Tenwiggenhorn. 1. Otto Piene, « Der Neue Idealismus » (Le Nouvel Idéalisme), 1963. Ce texte est considéré comme le manifeste du groupe ZERO. 2. Günther Uecker, « Günther Uecker : Opus liber 1960 – 2005 Verzeichnis der bibliophilen Bücher und Werke 1960 – 2005 » (Catalogue des livres et œuvres bibliophiles 1960 – 2005), Mainz München, Chorus Verlag, 2007, p.9. Günther Uecker Enrico Castellani Enrico Castellani ouvre avec Piero Manzoni la galerie Azimuth à Milan, en 1959. Ils éditent deux numéros de la revue du même nom et y développent les notions de « la nouvelle conception artistique » qui n’est ni un mouvement, ni un manifeste puisqu’ils se refusent à l’inscrire dans un courant de pensée artistique quel qu’il soit. Cette génération d’artistes se dégage du climat d’anxiété et de malaise existentiel d’après-guerre, sans pour autant participer à l’optimisme de la reconstruction lié à l’évolution industrielle et qui entraîne une course à la consommation. Große Zeichnung (Grand dessin), 2010, 300 × 180 cm. Courtesy de l’artiste, © Adagp, Paris 2013. En corrélation avec la conquête de l’espace, le travail de ces artistes explore une dimension excédant la surface de l’œuvre et ne se limite plus à l’objet tableau ou sculpture. Ils sont les héritiers de la pensée de Lucio Fontana (1899 – 1968), qui ouvre l’œuvre par le geste radical d’entaille de la toile. L’œuvre peut devenir une installation, elle prend en compte le vide, l’espace, la lumière, le mouvement, le lieu, l’expérience du spectateur. Au lendemain du chaos de la guerre et du vacillement de l’idée-même d’humanité, ces composants immatériels nous révèlent un rapport sensible et objectif au monde. Günther Uecker vit et travaille à Düsseldorf, en Allemagne. Avec Otto Piene et Heinz Macke, ils fondent le groupe ZERO et font table rase du passé ; c’est le point de départ nécessaire pour de nouvelles recherches artistiques. « ZERO est silence, ZERO est commencement, ZERO est rond, ZERO tourne… » 1. La carrière de Günther Uecker s’amorce avec ses œuvres martelées de clous, caractéristiques de son rapport à la matière. Il marque, inscrit, trace et structure la matière comme on structure une pensée avec le langage. Le clou est envisagé à la fois dans ses qualités fonctionnelles d’outil et dans ses qualités esthétiques et symboliques. Le clou fixe, assemble, réunit, transperce éventuellement la chair, ou agit comme un élément qui pointe et guide le regard. Verletzung-Pfeilschießen (Blessures-tirs de flèches), 2008. Colle, craie et bois sur toile. 300 × 300 cm. Courtesy de l’artiste. © Adagp, Paris 2013. C. photo : Nic Tenwiggenhorn. Au-delà des questions de représentation, d’expression ou d’abstraction, il s’agit de rompre avec l’idée même de composition – sachant qu’elle existe déjà avec la présence d’une simple tache ou d’une bichromie – afin d’exclure toute possibilité d’interprétation. Les clous, le bois, la pierre, la ficelle, les cendres, le latex, la toile, l’encre ou le sable, constituent les bases matérielles d’une écriture sensible considérant que « le tableau commence là où les mots s’arrêtent » 2. La quête de l’intensité du geste est aussi essentielle dans le travail de Günther Uecker. Par la répétition mécanique, l’ordonnancement et la concentration, l’artiste recherche une profondeur méditative, qui s’acquiert dans la pleine conscience du corps et la semi-conscience de l’esprit. En effet, dans Sandmühle (Moulin à sable), œuvre réalisée en 1970, Günther Uecker matérialise une surface circulaire de sable dans laquelle des cercles concentriques sont tracés par un geste mécanique. Le spectateur est ainsi placé dans un cycle infini. L’œuvre devient la manifestation d’un temps et d’un espace, une expérience à vivre. Elle invite le spectateur à laisser errer ses pensées dans les différentes strates de l’œuvre : matérielle, symbolique, philosophique et spirituelle. Il muro del tempo (Le mur du temps), 1968. 162 × 21 × 241 cm. Courtesy de l’artiste. © Adagp, Paris 2013. C. photo: Giorgio Colombo.