VIOLET, Dominique () IUFM Aquitaine
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VIOLET, Dominique () IUFM Aquitaine
INITIER LES ENSEIGNANTS A LA COMPLEXITE PARADOXALE DES PRATIQUES PEDAGOGIQUES VIOLET, Dominique ([email protected]) IUFM Aquitaine, Université Bordeaux II RESUME Dire que les pratiques pédagogiques sont complexes, c’est considérer que l’on ne parvient pas à expliquer avec certitude ce qui se passe entre enseigner et apprendre. Si le métier de pédagogue est impossible (Freud), c’est peut-être parce que il est impossible d’enseigner ce que l’on veut voir advenir chez l’apprenant. Lucide de l’incertitude qui pèse sur les phénomènes d’enseignement et d’apprentissage, on peut s’appuyer sur le paradoxe pour interpréter la complexité des problématiques de l’éducation et de la formation initiale et/ou continue. Penser l’éducation et la formation avec le paradoxe, c’est adhérer à un paradigme épistémologique ou les contradictions, les conflits, les contraintes sont des vecteurs de développement. Au-delà d’une approche humaniste prométhéenne, cohérente avec une pédagogie inspirée par la philosophie positiviste, qui pose un regard dramatique sur les épreuves du quotidien supposées nuire au développement de la personne, l’adhésion à une approche humaniste plus "hermésienne" favorise une conception tragique de l’enseignement et de l’apprentissage. Un regard tragique incline à transformer les épreuves du quotidien en vecteur de dépassement. Dans cet esprit, on peut espérer que l’homme apprend, se dépasse et donc grandi dans l’épreuve qui le menace. Penser la contrainte comme une facilitation au dépassement (Rogers), c’est concevoir la facette initiatique de l’enseignement de l’apprentissage. Une digression par l’Odyssée homérique est un moyen métaphorique d’expliciter davantage ce que suppose une pédagogie initiatique et paradoxale. On trouve une autre illustration de cela dans les travaux d’anthropologie de G. Bateson. Au plus près des pratiques pédagogiques actuelles, plusieurs cas d’élèves permettent de comprendre que le paradoxe mimétique «imiter sans imiter» structure de façon plus ou moins explicite la relation maître-élève. Appréhender par le biais du paradoxe, la complexité de l’éducation et de la formation implique une ingénierie de formation des maîtres (initiale ou continue) ouverte aux méthodologies initiatiques. C’est une orientation de changement potentiel pour que l’école moderne re-construise des fondements anthropologiques archaïques. En terme de formation initiale des maîtres, cela suppose de concevoir une formation initiatique. C’est notamment au travers du mémoire professionnel, conçu comme un «chef d’œuvre», que l’on peut espérer initier des enseignants à la complexité paradoxale de leurs pratiques pédagogique.