Dans la mare aux grenouilles
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Dans la mare aux grenouilles
Regard d’ESPERANCE N°261 - Décembre 2011 Editorial - Yvon Charles « Dans la mare aux grenouilles » ? « Le premier gredin qui me mettra en colère me tuera ». C’est ce que déclarait le célèbre physiologue John Hunter. Quelques jours plus tard, lors d’un congrès médical, un intervenant fit des remarques blessantes le concernant. Lorsqu’il se leva pour attaquer durement son contradicteur, sa colère causa une telle contraction des vaisseaux du cœur, que soudain il tomba mort sur place, à la consternation de l’ensemble de ses confrères. Ce fait authentique que rapporte le Dr Mac Millen dans son ouvrage «Maladie ou Santé… » illustre les terribles dégâts que la colère, l’orgueil blessé, la soif de vengeance, la haine… peuvent occasionner à ceux qui s’y livrent ! mais aussi hélas à ceux qui sont victimes de ces mauvais sentiments et des comportements qu’ils entraînent. Avec beaucoup de sagesse, le Dr Mac Millen déclare : « Dans la mare aux grenouilles de la vie, il est bien possible que nous arrivions à couvrir tous les autres coassements… mais alors il serait aussi juste de mettre sur des milliers de certificats de décès que la victime est morte de «rancune ». Nous avons entendu des gens déclarer les dents serrées : « Je rendrai à cette canaille la monnaie de sa pièce, même si c’est la dernière chose que je puis faire » et, trop souvent, c’est exactement ce qui est arrivé ! » Que de souffrances les êtres humains se sont occasionnées à eux-mêmes et à d’autres… L’Histoire le souligne et l’actualité l’illustre. Que ce soit entre les nations, les tribus… les races… les classes… les villages parfois, et au sein des familles ! que de souffrances, que de drames engendrés par la jalousie, l’envie, la soif de posséder, l’orgueil… que de calomnies, de violences verbales et même physiques ont marqué la vie des hommes. «La mare aux grenouilles»! L’expression est volontairement péjorative et ramène ceux qui l’oublieraient à la mesure des péripéties modestes et éphémères de la vie ici-bas. Même, ceux que l’on appelle «les grands» sont si petits face à leur destinée et à leur existence si fragile, si courte ! Et pourtant combien, selon l’expression populaire «sacrifient père et mère» pour obtenir quelque colifichet de supposées distinctions ou quelques instants de «gloire»! Non point que rien n’ait de valeur, loin s’en faut. Dans les chemins de l’altruisme, du don de soi, de l’assistance aux blessés de la vie, il y a des lauriers qui mériteraient d’être donnés, tout comme dans les actes quotidiens qui expriment la volonté de partager, d’accueillir, de permettre l’épanouissement de chacun… Mais souvent les hommes et femmes qui se dévouent ainsi n’attendent pas de récompense, peut-être simplement un peu de reconnaissance. «La mare aux grenouilles». Combien s’y rendent malades en voulant s’imposer et imposer, au lieu de rechercher la paix et ce qui est le meilleur pour tous. Que de maladies psychosomatiques et autres ont pour origine des tempêtes émotionnelles ou une animosité rancunière. Ecoutons à nouveau le Dr Mac Millen : « Dénigrer notre prochain ne nous empêche cependant pas de contracter quantité de troubles physiques et mentaux. L’animosité verbale produit la sécrétion d’hormones provenant des glandes pituitaire, surrénales, thyroïde ou autres, dont l’excès peut causer des troubles en diverses parties de l’organisme. Bien des maladies peuvent éclore quand nous cultivons des griefs en les répétant devant des tiers. Dès l’instant où je commence à haïr quelqu’un, je deviens son esclave. Je ne peux plus prendre plaisir à mon travail parce qu’il contrôle jusqu’à mes pensées. Mes ressentiments produisent trop d’hormones dans mon organisme et je suis fatigué après seulement quelques heures de travail. Ce que je faisais auparavant avec plaisir est empoisonné par le ressentiment. Même les vacances ne sont plus source de joie… L’objet de ma haine me poursuit où que j’aille… » Quel exposé, et quel avertissement. Est-ce à dire qu’il faille être idéaliste, ou naïf, en décrétant que “tout le monde est bon et gentil ”? Certes non ! Il faut être lucide ; notre monde ressemble parfois à une jungle ! Prudence et discernement sont plus que nécessaires. Mais l’on peut être vigilant, ferme et fort, sans pour autant se laisser gagner par des sentiments bas et aliénants. « Je ne permettrai à personne d’abaisser mon âme au niveau de la haine » a écrit B.T. Washington, et ce malgré les nombreuses insultes qu’il eut à subir. « Autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous », dit la Bible. Mais hélas, il est des personnes avec lesquelles cela est impossible. Alors, éloignons-nous d’elles comme le conseillait un éminent responsable de police. Et l’on peut toujours espérer que le temps, ou des circonstances ou des épreuves amèneront les cœurs durs à découvrir la joie du pardon et de la paix. N’est-ce pas le message de Noël que le Christ est venu apporter dans notre pauvre monde de matérialisme et de violence ? La paix de Dieu offerte comme une main tendue, à qui veut la saisir. Y.CH.