• Développement durable • Dynamique des populations et

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• Développement durable • Dynamique des populations et
Mots-clefs MSTP (cf. nomenclature) :
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Développement durable
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Dynamique des populations et développement
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Gestion des milieux
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Géographie de l’environnement et des risques
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Géographie économique et industrielle
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Économie du développement
•
Vieillissement
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Mutations sociales
•
Gouvernance
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Politiques publiques
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Sociologie du développement durable
•
Histoire des religions
•
Droit comparé
•
Histoire du droit et des institutions
•
Sciences politiques
AXE 2 : CONSTRUCTION DES TERRITOIRES EURO MEDITERRANEENS
Les interactions entre les milieux et les sociétés sont produites à travers l’appropriation et la
valorisation des espaces. C’est par ces actions que les territoires se constituent, se transforment et
deviennent plus qu’un support : ils interviennent par leurs composantes et leurs propriétés (naturelles
et sociales) dans les processus qui font évoluer les organisations sociales. Ainsi, la construction des
territoires est impulsée par l’évolution des combinaisons (ou des tensions) des relations de proximité
géographiques avec les relations interterritoriales de plus longue portée.
Une telle approche du territoire, vu comme un système ouvert. Nous y aborderons la construction
permanente des territoires dans le jeu historique de leurs échanges passés, mais aussi dans l’histoire
des grands courants d’échanges mondiaux qui se révèlent aujourd’hui dans la mondialisation, facteur
prégnant du développement territorial. La construction des territoires par les sociétés sera abordée à
travers quatre axes privilégiés qui se recoupent en partie :
1234-
Ressources
Aléas
Développement
Gouvernance
À l’intérieur de ces champs thématiques, des chercheurs des sciences de la terre ou des sciences de
la vie travailleront avec des chercheurs en sciences humaines et sociales autour des interactions
entre les facteurs naturels, sociaux et culturels. Tout en entrant dans un projet nouveau, notre
ambition pluridisciplinaire n'en bénéficie pas moins d'une solide expérience dans le cadre de
recherches conduites ces dernières années. Environnementalistes, géographes, économistes,
politologues, juristes et historiens mènent depuis de longues années des projets communs. Et ces
échanges déjà anciens ont conduit à des études sur l'évolution des milieux de vie et de leur
développement anthropique.
Les collaborations s’étendent en vue d'approfondir des recherches sur les effets de la mise en valeur
agricole ou l’étalement urbain, planifiés ou spontanés, anciens ou récents. Dans ce domaine, les
archéologues pratiquent depuis quelques années des études sur la mutation des systèmes agraires,
développement récent auquel fait défaut une approche économique qu’ouvrirait le dialogue avec les
géographes et économistes, tandis qu’à contrario les études paléo environnementales permettraient
de mieux poser le problème du rapport entre pratiques sociales, gestion des milieux et
développement durable. Il apparaît de plus en plus nettement que nos disciplines ont à travailler de
concert sur les questions d'aménagement, en dépassant les approches actuelles sur le très court
terme, pour s'interroger sur les effets structurants des réseaux et des maillages anciens, sur
l’émergence de nouvelles identités territoriales liées aux mobilités et aux échanges de longue portée
ainsi que sur la résistance ou le déclin des paysages produits.
Les équipes chargées de l’animation scientifique de cet axe sont les suivantes :
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UMR 5045 Mutation des territoires en Europe (UPV UMR-Université de Perpignan-CNRS).
UMR 6012 Espace (UPV UM3-Université d’Avignon de Nice et d’Aix, CNRS).
UMR 5140 Archéologie des sociétés méditerranéennes (UPV UM3- CNRS-Ministère de la
Culture).
UMR 5112 CEPEL (UM1-CNRS).
UMR 175 CEFE (UM2-UM1-UPV UM3-CIRAD-ENSAM-CNRS).
FRE 2742, Religions et sociétés dans l'Egypte des époques tardives.
EA 3766 GESTER (UPV UM3).
Territoires, réseaux et systèmes de peuplement
Les réseaux constituent de nouveaux territoires continus dans des espaces en rupture qui participent
à leur dynamique. Ces réseaux se développent à différentes échelles qui sont inter reliées, mais
ressortent toutefois de logiques indépendantes d’organisation, de polarisation et de hiérarchisation.
Leur étude conduit à s’interroger sur leur rôle dans l’intégration et l’inégalité des territoires. Les
mutations des territoires à travers les réseaux qui structurent et organisent l’espace vont être
abordées par les processus de territorialisation et de transformation des systèmes territoriaux. Les
dynamiques sont abordées sur le moyen et long terme.
Les approches liées à des fonctions nouvelles comme les transports rapides, internet, et les
entreprises multinationales ont une profondeur temporelle de quelques dizaines d’années, et l’on
s’interroge sur les effets territoriaux de leur diffusion spatiale. Par ailleurs, on s’intéresse à la
transformation des systèmes urbains sur le long terme en Europe et en Méditerranée. Dans tous les
cas, les réseaux constituent de nouveaux territoires, quels que soient leurs échelles et leurs types :
réseaux de transport, réseaux virtuels de télécommunications, réseaux d’entreprises. Quelles sont les
relations entre les niveaux d’échelle de ces réseaux ? Dans quelles mesures les réseaux
transforment-ils les territoires qui les créent ?
Ces questions trouveront leurs réponses aux différentes échelles auxquelles les équipes travaillent
déjà : depuis l’espace européen jusqu’à l’échelle locale, en passant par le bassin méditerranéen et le
niveau national, on recherchera comment le territoire se transforme par le jeu des réseaux, et l’on
tentera d’en dégager les invariants et les spécificités.
Identités territoriales
Les mutations du territoire seront également abordées par la mobilité qui lie espace, activité et société
dans de multiples variantes de temps et d’échelles, allant de l’organisation locale du territoire aux
migrations internationales. Dans son aptitude à traduire les recompositions, la mobilité offre une
ouverture rare sur les impératifs d’un aménagement intégrant la nouveauté pour propulser les
territoires dans le long terme. On pourra y étudier le passage progressif de la prégnance du matériel à
la montée en puissance de l’immatériel : formation, information, culture… On y trouvera la traduction
des aspirations dans le domaine de l’architecture, de l’urbanisme. On pourra également connaître les
formes économiques et culturelles qui assoient les nouveaux contours de ces territoires identifiés.
En rapport avec le champ des migrations, l’étude des minorités se prêtera bien à l’approche
interdisciplinaire des historiens, des géographes, des juristes et des linguistes. Plus généralement,
c’est dans l’idée et la position explicites de la nécessité de préserver la « diversité territoriale et
sociale » que nous situons la réflexion autour des identités territoriales, de l’aménagement et du
développement durable.
C’est également autour de la question de l’analyse des référents disciplinaires mobilisés ainsi que des
expériences « appliquées » et acquises dans ces domaines de « l’ingénierie territoriale » que se pose
la question des identités territoriales. On peut s’interroger sur la relation entre les « injonctions » de
type planétaire (visant la diversité culturelle et le développement durable promues par les organismes
internationaux) et l’étude des réalités locales. Cela signifie s’interroger sur comment ces injonctions
sont traduites et appropriées par les acteurs sur la scène locale et sur la manière dont elles sont
appliquées par les politiques. La préservation de l’identité - et/ou de la diversité – locale peut devenir
un élément puissant de revendication et de mobilisation sociale et politique dans des contextes
donnés, notamment autour du bassin de la Méditerranée.
Territoires et paysages
Les paysages constituent désormais un enjeu central de l’identité et du développement local, tout en
faisant l’objet de changements lents ou brutaux. Ils sont de plus en plus considérés comme des
éléments du patrimoine environnemental sur la longue durée. Leur gestion va de pair avec la
protection de la biodiversité où coexistent dynamiques naturelles et anthropiques. Les changements
d’utilisation des terres peuvent se combiner avec les changements climatiques. En Europe, et
notamment en Méditerranée, ils sont caractérisés par le développement de l’urbanisation,
marginalisant des pans entiers de l’espace rural où ne subsistent plus, après la disparition des
parcours, qu’espaces forestiers et espaces cultivés. Le succès des politiques publiques pour le
maintien de la diversité des paysages dépend de l’avancement des connaissances sur les
conséquences écologiques des modes d’utilisation des terres. Le suivi des négociations
internationales sur le changement climatique et la biodiversité participe du même intérêt.
L’étude de la dynamique des paysages consistera à comprendre par quelle évolution naturelle ou par
quelles interventions publiques on est passé d’un paysage à l’autre. La mise en place d’un système
d’informations destiné à suivre la gestion des paysages illustre ce type d’approche systémique dont
les trois entrées principales concernent les composantes naturelles du milieu, la mise en valeur du sol
et les facteurs sociaux et culturels. Les risques naturels voient leur importance augmenter avec la
pression démographique, le développement urbain et la mise en place d’infrastructures. Les
approches historiques et archéologiques permettront de mieux définir les dynamiques qui produisent
les changements des unités paysagères. La confrontation temps long / temps court permet une
révision de la perception des durées et une évaluation multiscalaire des dynamiques des interactions
entre milieux et sociétés. Les concepts de crise et de rupture, de stabilité ou d’instabilité des systèmes
sociaux, ou de contraintes, de risques et de limites (environnementales, sociales etc…) sont mobilisés
et appliqués aux espaces euro méditerranéens.
Problématiques transversales
Réseaux, identités et paysages seront traités en relation avec les mutations du territoire en mettant
notamment l’accent sur les capacités de résilience de l’espace en collaboration entre les géographes,
les biologistes, les politologues, les juristes, les historiens et les archéologues. Chacune de ces trois
thématiques sera nourrie de programmes de recherche qui se rejoindront dans trois grandes
problématiques transversales :
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les temporalités et leurs diversités,
les contraintes et les ruptures de lieux, de temps, d’échelles,
la dialectique entre nature et action de l’homme, dynamiques naturelles et dynamiques
sociales.
L’examen des évolutions sur le long terme permettra, en particulier, de mieux définir ce qui relève de
la stabilité d’un « territoire » et ce qui constitue une « crise » en matière d’environnement naturel ou
social. Cela implique la révision de certaines des notions qui servent actuellement à formuler ces
interactions: écosystèmes, patrimoine naturel, risques naturels et sociétaux, durabilité, etc.
Au développement partagé de concepts, s’ajoutera la mise en commun d’outils opératoires dans
l’approche interdisciplinaire. Bases de données, modélisation et SIG sont de nature à renouveler
concepts et démarches d’une approche pluridisciplinaire. Ce travail de théorisation et d’invention
d’outils ne servira pas seulement à armer la démarche interdisciplinaire de la MSH, mais débouchera
aussi sur des modèles puissants qui viendront, à leur tour, soutenir la réflexion des agents de l’État et
des collectivités locales chargés de mettre en œuvre les politiques sectorielles et d’aménagement
pour l’environnement et la prévention des risques. Qu’il s’agisse du développement de nouvelles
formes de tourisme, de la création de nouveaux espaces protégés, de la refonte des politiques
rurales, des phénomènes de périurbanisation et de néo-ruralité, la MSH de Montpellier constituera
un lieu « ressources », riche de compétences diverses, mais ouvert également à des collaborations
avec d’autres acteurs de la recherche.
AXE 3 : AMENAGEMENT ET GESTION DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Alors même que la dynamique de la mondialisation ne cesse de s’accélérer, les sociétés européennes
et méditerranéennes sont confrontées à des transformations internes profondes : économiques,
sociales, technologiques et démographiques. De ces évolutions naîtront de nouveaux comportements,
de nouveaux équilibres, de nouveaux rapports de forces. Et c’est sur ces nouvelles bases que se
construiront leurs avenirs.
Dans ce contexte, alors que les États ont de plus en plus tendance à se désengager, nos sociétés et
surtout les acteurs qui les composent, sont appelés à s’organiser sur leurs territoires, à concevoir et à
gérer leurs propres stratégies de développement tout en s’ouvrant au monde. Qu’il s’agisse de la
construction de leurs futurs, de l’élaboration de leurs stratégies de développement, de l’aménagement
de leurs territoires, du développement de leurs systèmes alimentaires ou de la santé de leurs
populations, c’est ensemble que pays européens et méditerranéens doivent penser leur avenir.
Face à cette situation et à ce défi, les équipes montpelliéraines oeuvrant dans le champ des sciences
sociales appliquées au développement local, au territoire, à l’alimentation et aux ressources naturelles
renouvelables1, sont de plus en plus appelées à se retrouver autour d’une démarche pluridisciplinaire
et à travailler en étroite collaboration dans un espace de recherche fédérateur que nous intitulerons
provisoirement « Sciences sociales pour le développement durable »2.
Il s’agit, dans cette démarche, d’aborder les problèmes de développement durable en utilisant les
différents outils que nous fournissent les sciences humaines et sociales, en s’assurant de leurs
complémentarités, en minimisant les risques de concurrences et d’exclusivités. Cette démarche
apparaît indispensable si l’on désire éclairer de manière efficace les décisions des acteurs privés et
publics oeuvrant dans un monde de plus en plus complexe. Le concept de développement durable
peut être symbolisé en français par les 3 « E » ou en anglais par les 3 « P » : écologie (planet),
économie (profit), équité (people). Et comme il s’agit d’un concept global qui concerne aussi bien les
pays du sud que ceux du nord - même si les spécificités locales restent fortes – la région euro
méditerranéenne et les dynamiques croisées qui s’y jouent, constituent pour la recherche un espace
privilégié de réflexion et d’action.
Cette approche va nécessairement exiger un élargissement des horizons scientifiques des équipes de
recherche impliquées, tout en appelant à un regroupement des thématiques traitées par chaque
partenaire et en favorisant les ponts interdisciplinaires.
Les recherches réalisées dans cet axe, regrouperont autour de trois UMR : MOISA, LAMETA et
Innovation, des équipes du pôle Agropolis, des trois universités de Montpellier et de l’Université de
3
Perpignan .
Trois axes émergent des premières discussions qui éclairent le programme scientifique en
construction au sein de la MSH-M.
1
Unités du « champ agro » : UMR Innovation (économie, sociologie, biotechniques), et Moisa (économie,
gestion, socio-anthropologie), et unités « multi champs dont agro » : UMR Lameta (économie), équipes
d’accueil Laser (économie), Erfi, Gesem (UM1, gestion), Crego (UM2, gestion), équipes non reconnues à ce
jour Greg (UM3, gestion), Cerom (Sup de Co, gestion)
2
Ce thème pouvant lui-même s’inscrire dans un axe « Développement et Sociétés » regroupant des approches
en termes de sciences sociales et de sciences biotechniques, constitutif de l’affichage de la Faculté Agropolis.
3
Des contacts existent actuellement entre d’une part MOISA, LAMETA et Innovation avec les équipes d’accueil
Laser (économie), ERFI, GESEM (UM1, gestion), CREGO (UM2, gestion), et certaines équipes encore non
reconnues à ce jour comme le GREG (UM3, gestion), CEROM (Sup de Co, gestion) auxquelles
pourraient se joindre certaines équipes de l’Université de Perpignan.
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Le premier concerne les Sociétés en transformation et les stratégies de développement. Il
s’intéresse plus spécifiquement aux acteurs vivant sur les territoires et aux formes
d’organisation dont ils se sont dotés. Cette approche, socioéconomique et institutionnelle, en
redonnant la primauté aux acteurs économiques, à leurs stratégies et à leurs comportements
individuels ou collectifs (institutions), entend replacer les hommes au sein des problématiques
de développement durable.
Le second traite plus particulièrement de l’ Aménagement et de la gestion du développement
durable.
La troisième concerne les systèmes alimentaires, leur développement et leur sécurité. Ces
derniers y sont étudiés dans l’ensemble de leurs composantes qui vont de l’amont de
l’agriculture à l’assiette des consommateurs. Les recherches y seront de type économique et
gestionnaire. Elles contribueront à mieux comprendre le fonctionnement des systèmes
alimentaires : au niveau des entreprises (micro), au niveau des marchés et des filières (méso)
et au niveau de l’ensemble du secteur analysé en tant que composante de l’économie globale
(macro).
Sociétés en transformation et stratégies de développement durable
Ce premier champ concerne plus particulièrement les Institutions et le développement, c’est-à-dire
l’ensemble des règles d’origine gouvernementale ou intergouvernementale et des organisations de
droit privé ou encore informelles ayant un impact sur le développement dans les secteurs agricoles,
agroalimentaires et l’espace rural. L’objet des recherches entreprises s’articule autour des quelques
idées force suivantes :
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Mieux cerner et mieux comprendre les défis socio-économiques complexes et
interdépendants auxquels l’espace euro méditerranéen est confronté, tels que la croissance,
l'emploi et la compétitivité, la cohésion sociale et la durabilité des actions de développement,
la qualité de la vie, l'éducation, les problèmes culturels dans un contexte d'interdépendance
mondiale et de construction régionale.
Contribuer à mettre en évidence les mécanismes par lesquels se forme cet espace au travers
des rapports qui s’établissent entre les langues, les systèmes de valeur, les droits, les
religions, etc.
Mieux saisir les composantes de leurs identités sur lesquelles les populations de la zone
souhaitent construire leur avenir.
Participer par ces analyses et par une réflexion prospective à l’élaboration des politiques et
des actions futures qui pourraient être conduites dans cette zone.
L’identification et l’opérationnalisation de ces spécificités liées au milieu physique et aux productions,
à l’histoire et à la culture, s’avèrent particulièrement fortes dans l’espace méditerranéen. Elles
permettent d’envisager une approche comparative particulièrement féconde, dans des domaines
aussi divers que les mesures d’impact des stratégies de développement local et d’organisation de
l’espace sur le fonctionnement et les performances des économies locales et plus particulièrement
agroalimentaires et artisanales, l’analyse des liens qui s’établissent entre les activités de production et
les activités tertiaires (tourisme) et plus généralement la question du développement des zones
rurales. Ces questionnements font appel à des fondements et à des outils théoriques utilisés dans de
nombreuses disciplines : géographie, histoire, droit, économie, sciences humaines, économie
institutionnelle, économie industrielle, etc. et nous forcent à adopter des approches plus
transdisciplinaires.
Trois angles d’approche ont été retenus pour conduire cette réflexion :
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La place et le rôle joués par l’innovation sur le développement local et sur la transformation
des territoires,
Le rôle de plus en plus déterminant qu’y jouent aussi bien les institutions locales sous toutes
leurs formes, que des politiques publiques renouvelées
et enfin l’amélioration des indicateurs permettant de mieux mesurer la situation observée sur
le terrain, de suivre plus précisément les évolutions et d’éclairer ainsi les preneurs de
décisions aussi bien publics que privés.
Innovation : changement technique, dynamique des territoires et construction des marchés.
Par innovation, on identifiera ici les dynamiques qui traversent les formes sociales, causes et
conséquences des changements techniques et organisationnels dans les activités humaines. De ce
fait, une grande partie des recherches intègrent la nécessité de l’interface avec les disciplines
biotechniques et les sciences de la modélisation.
Ce concept est abordé comme l’articulation des processus de décision individuelle et d’innovation
collective dans des domaines empiriques issus des questionnements de la Société : « Agriculture
Multifonctionnelle et Développement Durable dans les pays du Nord et du Sud ».
Dès lors, ce champ transversal repose sur un ensemble de concepts traités par les différentes
disciplines des sciences sociales; les institutions et les modalités de coordination, les interactions et
les processus d’apprentissage.
Dans ce champ thématique, l’objectif général est d’analyser et d’appuyer les transformations des
pratiques productives dans l’organisation de base de la production agricole qu’est l’exploitation, en
partant des activités de celui, et de ceux, qui conçoivent et réalisent la production.
Il s’agit de renouveler nos approches en donnant de l’importance à des entrées sous-estimées
jusqu’ici (par exemple le regain d’intérêt pour une entrée comme le travail) ou en s’attachant à des
niveaux d’analyse intermédiaires (par exemple « l’îlot » d’irrigation en Camargue) ou aux
représentations des praticiens (par exemple le concept de variétés dans les agricultures
traditionnelles des pays du Sud).
Les travaux engagés visent à éclairer :
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La pertinence de l’unité économique de base (l’exploitation agricole, le ménage, la petite
industrie rurale, etc.) en tant que lieu de conception et de décision. Il s’agit de questionner la
pertinence de son niveau d’organisation et son autonomie réelle par rapport à d’autres
niveaux de décision. Cela suppose que l’on soit à même de caractériser les espaces de
conception et de décision afin de déterminer ce qui relève de l’entité unité socio-économique,
ce qui relève de sous entités (ex : l’aygadier pour la gestion de l’eau en Camargue, le berger
salarié dans les grands élevages ovins du Sud-est de la France, le saigneur en hévéaculture)
ou de sur entités (ex : la coopérative pour les choix de cépage en viticulture, la CUMA Coopérative d’Utilisation de Matériels Agricoles - ou le groupe d’entraide pour les chantiers de
travaux) .
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Le changement comme processus dynamique de recherche de solutions pour répondre à la
mise à l’épreuve, voire la faillite de la routine. Il convient d’identifier d’abord les moments et
les raisons de la remise en cause de cette routine ainsi que les stratégies de recherche de
solutions qui sont mises en œuvre par les agents économiques. Ce processus de
changement qui s’inscrit dans la durée et qui nécessite une démarche par étapes, met en jeu
à la fois des règles biotechniques (concernant la parcelle ou l’animal, le groupe de parcelles
ou d’animaux, les systèmes de culture et les troupeaux) et des conditions de fonctionnement
technico-économiques plus globales de l’exploitation insérée dans une filière, un territoire, un
réseau de producteurs (formalisé ou pas).
Institutions, politiques publiques et développement durable
Dans ce deuxième espace de réflexion, il s’agit d’étudier aussi bien les règles d’origine
gouvernementale et intergouvernementale que celles qui relèvent des organisations de droit privé ou
encore celles de caractère plus informel, qui auront un impact sur le développement durable des
territoires, dans leurs activités économiques (agricoles, agroalimentaires, de services, artisanales,
industrielles, etc.) dans la gestion de l’espace rural.
Deux questions y seront plus spécifiquement abordées :
Une première série d’interrogations nous conduit à revisiter et à repenser (voire reconceptualiser) les
politiques agricoles et rurales. En effet, constatant que les politiques de développement affichent en
général des résultats assez décevants, il est urgent de réfléchir à un renouvellement au plan
« idéologique » et opérationnel (quels outils, quels moyens, quelles procédures, avec quels
acteurs ?), de ces politiques dans un objectif de développement durable.
Dans les pays riches, il s’agit de redéfinir des politiques agricoles et rurales qui intègrent les trois
piliers de la multifonctionnalité : production, environnement et diversification (objet de recherche :
réforme de la PAC dans un contexte d’élargissement de l’UE et de négociation OMC). Les
fondements théoriques concernés sont : économie institutionnelle, économie agricole, économie
internationale, sociologie économique, sciences politiques, histoire et anthropologie du
développement.
Dans le Monde en développement, ou la faillite des politiques de développement est encore plus
visible, il s’agit de poursuivre les travaux de recherche en cours sur la stratégie des acteurs et des
ménages et sur les outils de conception, de gestion et d’évaluation des projets de développement
local participatifs.
La deuxième concerne les politiques publiques et les interactions sociales autour de l’accès aux
ressources. En effet, l’étude des processus de changement qui sont induits à la fois par le cadre légal
et les médiations sociales supposent la prise en compte des dimensions intergénérationnelles,
l’analyse des conséquences sur les systèmes productifs et la coordination des acteurs. Les
ressources considérées sont les suivantes : foncier, eau, forêt. Elle suppose que soit conduite en
parallèle une approche compréhensive issue du terrain. Les fondements théoriques concernés sont
les suivants : économie institutionnelle, socio anthropologie, anthropologie économique et géographie
rurale.
Travail, compétences et durabilité des territoires
Le métier d’agriculteur change et avec lui, celui de l’ouvrier agricole et ceux du vulgarisateur et de
l’agronome. Le développement durable et ses paradigmes nouveaux ou rénovés (agriculture
biologique, raisonnée, production éthique, … ) apparaissent et se traduisent dans des contrats
impliquant des contraintes supplémentaires (traçabilité, cahiers des charges…) et des acteurs plus
nombreux et hétérogènes (pouvoirs publics, collectivités territoriales, associations d’usagers de
diverses ressources collectives ou publiques sur lesquelles l’agriculteur agit…). Pour exercer son
activité et pour l’adapter, l’agriculteur se présente de moins en moins souvent en acteur isolé.
Les contrats publics ou privés, mais aussi les engagements informels, impliquent des collectifs, le plus
souvent localisés, dans lesquels reposent la légitimité et les connaissances nécessaires à l’action.
Ces engagements et ces savoirs s’objectivent dans l’évolution des pratiques de conduite du champ
cultivé , objet de l’agronomie et dans le développement de systèmes d’activités complexes incluant la
production de services.
Ces analyses demandent une quantité d’informations et un niveau de connaissances accrus. Elles
exigent d’une part des compétences d’observation, de diagnostic, d’anticipation et d’autre part des
compétences d’intégration et de gestion. Pour autant, les compétences relationnelles sont au cœur
des problématiques dans la situation professionnelle de l’agriculture durable, où la cognition est
distribuée et située et où le développement des services et de nouveaux modes de mise en marché
multiplie les interactions avec l’Autre. La question de la genèse et du développement de ces
compétences (des ouvriers agricoles et des agriculteurs) se pose alors à deux niveaux : celui des
dispositifs d’appui et de formation dont c’est la vocation et celui des collectifs au sein desquels
s’exercent et se combinent ces compétences.
Modélisation et évaluation du développement durable
Analyse et modélisation du développement durable
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Animateur : Mabel Tidbal.
Enseignants-chercheurs et chercheurs : J.-M. Boisson, V. Clément, C. Figuières, R. Kast, R. Lifran, G.
Miclet, J-M. Salles, D. Serra, J.-P. Terreaux, S. Thoyer, M. Tidball, F. Valette, M. Willinger
L’analyse économique de la durabilité renvoie à plusieurs notions et concepts, tels que : les sentiers
de croissance optimale, les dynamiques de croissance endogène, la non-décroissance de la
consommation individuelle, la viabilité des dynamiques, l’adaptabilité des systèmes économiques aux
changements. Chacun de ces cadres d’analyse soulève de multiples questions et ce programme
fédère un ensemble de travaux en cours ou en perspective dans ce champ hétérogène.
On doit d’abord souligner l’importance de la dimension éthique du développement durable. Dans le
prolongement des travaux menés avec le soutien du programme GICC du MEDD et de l’ADEME sur
les enjeux d’équité dans les stratégies de prévention du changement climatique (thèse de E. Brahic
sous la direction de D. Serra et J-M. Salles), plusieurs travaux sont en cours qui s’appuient sur
l’abondante littérature qui s’est développée à l’interface de l’économie politique et de la philosophie
analytique sur l’éthique environnementale. Ces problèmes concernent, à priori, trois dimensions de la
dynamique du développement : l’équité intra-générationelle, le statut de la valeur accordée aux actifs
naturels et leur caractère substituable ou complémentaire aux autres actifs économiques.
La question des critères formels de durabilité doit être appréhendée dans le contexte de la gestion
durable d'une ressource naturelle, modélisée en temps discret. Dans un premier temps notre étude
nous amènera à l'identification des trajectoires issues de différents critères : la règle d'or, le critère
utilitariste actualisé, le critère de Ramsey. Pour évaluer ces trajectoires à l’aune de la soutenabilité,
nous nous réfèrerons à l’axiomatique de Chichilnisky. Deux de ces axiomes ont un contenu très clair
au regard de l’idée de soutenabilité: i) absence de dictature des générations présentes et ii) absence
de dictature des générations futures.
Sur cette base l’équipe prévoit d’explorer une version du modèle à deux pays stratégiquement
interdépendants dans l’exploitation d’une ressource naturelle commune, chacun étant doté de
préférences soutenables. De cette extension, on peut attendre la toute première étude théorique (à
notre connaissance) de la relation entre soutenabilité et absence de coopération internationale. Il
restera alors à imaginer des instruments permettant de rendre soutenables des politiques
d’exploitation non coopérative. Cette dernière étape, mais sans doute aussi des étapes préliminaires
visant à confronter les critères sur lesquels se fondent les sujets pour faire leurs choix, devrait pouvoir
donner lieu à une approche en économie expérimentale.
Au delà de la caractérisation des objectifs, la question des moyens d’orienter la croissance
économique vers un développement durable est évidemment déterminée par les choix technologiques
des agents. L’objectif est ici d’étudier les faisceaux d’incitations et de désincitations à l’innovation
exercées sur les entreprises par la politique environnementale et par la demande sociale en termes
de développement durable. Il s’agit tout d’abord d’étudier les incitations fournies par les mécanismes
de régulation, avec une approche fondée sur la micro-économie de la diffusion des technologies plus
respectueuses de l’environnement. Dans la lignée des récents travaux de Fischer, Parry and Pizer
(JEEM, 2003) et Requate and Unold (EER, 2003), on comparera les divers instruments économiques
(taxes/subventions, permis négociables) afin d’étudier les effets incitatifs pour une entreprise
d’adopter une technologie plus respectueuse de l’environnement. Il n’existe pas encore de résultats
concluants quant à l’ordre de préférence entre instruments de la politique environnementale pour le
régulateur. Nous voulons en particulier appliquer cette étude à la distinction entre technologie
d’abattement en bout de chaîne et technologie propre que la plupart des études théoriques existantes
ignorent.
Dans cette approche, il est important de prendre en compte les incitations que reçoit la demande
sociale d’engagements de développement durable de la part des entreprises, dans un contexte
d’information imparfaite. La sensibilité des consommateurs à l’environnement peut en effet inciter les
entreprises à se différencier de leurs concurrentes en investissant en qualité environnementale (en
technologies moins polluantes ou moins consommatrices de ressources naturelles). Récemment,
Amacher, Koskela et Ollikainen (2003) ont étudié spécifiquement le problème du choix endogène de
qualité environnementale en se limitant au cas de l’éco-labellisation, donc dans une situation
d’absence d’incertitude sur la qualité environnementale du produit. Or, dans le cas de la
Doctorants et post doc. : E. Brahic, N. Gallai, F. G. Enjolras, F. Guri, M. Heugues, F. Prieur, T. H. Rahmoun,
S. Roussel
Partenariat scientifique : A. Hailu et S. Schilizzi (Univ. Of Western Australia), K. Schubert (EUREQua - U.
Paris 1), M. Colombier et L. Tubiana (IDDRI)
différenciation verticale, Bester (1998) montre que l’imperfection de l’information peut introduire une
distorsion dans les comportements de différenciation. Les firmes peuvent alors réduire cette distorsion
en investissant en publicité. Néanmoins, dans un contexte où la notion de développement durable est
appréhendée par les différents acteurs de façon floue et où les engagements des entreprises en ce
sens sont souvent non vérifiables à des coûts raisonnables, certaines firmes pourraient au contraire
exploiter l’asymétrie d’information ainsi créée et utiliser de façon stratégique la communication sur
leurs efforts de réduction de leur pression environnementale.
Nous nous proposons ainsi de construire un modèle de choix endogène de R&D en qualité
environnementale, en présence de consommateurs imparfaitement informés et demandeurs de
communication sur les engagements des firmes en termes de développement durable.
Ce modèle devrait permettre de répondre en particulier à trois questions :
•
•
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La politique environnementale et la demande de communication incitent-elles les entreprises
à mettre en œuvre des technologies propres ou à arbitrer entre différenciation réelle ou
différenciation seulement apparente ?
La communication sur leurs engagements en termes de développement durable est-elle un
signal fiable de l’effort d’investissement des firmes ?
Enfin, quelles sont les conditions dans lesquelles un marché compétitif peut préserver un
pluralisme technologique conservant des options d’adaptation face aux surprises des crises
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environnementales .
Les problèmes posés par l'évaluation des risques environnementaux amènent à s'intéresser à deux
types de questions. La première question concerne l'évaluation collective de risques controversés. La
seconde préoccupation est plus générale, elle concerne le problème de la mise en pratique du
principe de précaution, notamment sa référence à un "coût économiquement acceptable" qui reste à
définir. Deux articles de considérations générales sont parus sur le risque et l'éthique que ce principe
évoque mais il reste à les approfondir sur la base d'applications à des problèmes précis.
Ces recherches nécessitent un travail transdisciplinaire dans la mesure où elles font appel à
l'élaboration de procédures d'enquête, à une analyse du discours et des représentations sociales ainsi
qu'à la prise en compte de l'évolution de la responsabilité juridique. Les objectifs consistent à proposer
des méthodes de calcul des risques et de leur évaluation qui soient adaptées aux problèmes posés
par les décideurs publics, les entreprises et les individus. Autrement dit, il s'agit de proposer des
instruments de mesure et d'évaluation des risques ainsi que des méthodes de gestion de ces risques
qui répondent aux problèmes posés, notamment, par les risques environnementaux et de santé
publique, la responsabilité industrielle, l'assurance individuelle ou collective de catastrophes
naturelles. Cependant, ces domaines appliqués ont fait ressortir le manque de théorie fondamentale
justifiant les taux d'actualisation à utiliser. Une théorie de l'évaluation du temps et de l'incertitude est
en cours de progression, elle remet en question les conditions sur les préférences des agents qui leur
donnent la forme que l'on connaît (une thèse qui débute).
Par ailleurs, s’appuyant sur une expérience accumulée dans plusieurs domaines sectoriels, un
ensemble de réflexion en cours visent à l’élaboration d’une modélisation plus opérationnelle de la
dimension territoriale du développement durable au niveau local et régional.
L’ensemble de ces opérations constitue le cœur de notre contribution au programme interdisciplinaire
de recherche de la Maison des Sciences de l’Homme (MSH) de Montpellier dont l’unité est partie
constituante.
Des outils d’évaluation macro-économique : les indicateurs de développement
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En effet, la question de l’adaptabilité apparaît à la fois innovante et délicate. Étudier la robustesse des
solutions de modèles déterministes à l’introduction d’aléas permet d’avoir une idée de l’intérêt des solutions
obtenues dans un monde aux aspects aléatoires difficiles à négliger. Des modèles, en général plus
compliqués, permettent d’intégrer directement les risques, probabilisés, les incertitudes, non probabilisées,
ou même les surprises, c'est-à-dire les événements inattendus ou dont la probabilité a été négligée. Une
manière différente peut consister à mettre en place des solutions adaptables à l’évolution du contexte,
quelles que soient les sources de cette évolution. Des travaux en ce sens seront entrepris dans le domaine
de la tarification de l’eau pour l’irrigation.
Tout développement durable est indissociable de l’amélioration du niveau de vie, du niveau de santé,
du niveau de formation, de qualification et de compétences, et plus généralement du bien-être de
l’ensemble de la population. Si l’intelligence est au cœur de la mutation informationnelle et de
« l’économie de la connaissance », il convient de ne plus se centrer sur la production matérielle pour
mettre en évidence, les nouveaux facteurs de la croissance économique, dans le cadre de la
« révolution Informationnelle ». Si le développement humain est une finalité dont la croissance
économique est seulement un moyen, il convient de se doter d’indicateurs de moyens et d’indicateurs
de résultat de ce développement humain.
Les instances internationales ont développé depuis une quinzaine d’années des indicateurs de
développement centrés sur les Hommes pour les uns, sur la Nature, pour d’autres, indicateurs
écologiques, ou couplant les deux. La panoplie d’indicateurs proposés par le PNUD ambitionne de
placer l’Homme et la Nature au centre de l’évaluation du développement, en ne se limitant pas à la
simple mesure des performances du marché, au travers d’indicateurs de productivité et de rentabilité
financière. Ces indicateurs de développement tendent à intégrer toutes les formes économiques l'économie marchande évidemment - mais aussi l'économie sociale et solidaire et des indicateurs
anthropologiques (mesure des conditions sociales et sanitaires minimales et de besoins sociaux dans
leur évolution).
Ces nouveaux indicateurs, conçus comme des outils de classement, d’évaluation des performances
et, in fine, comme des éléments d’aide à la décision, renvoient à de nombreux débats d'ordre
conceptuel et méthodologique. Il convient de procéder à un état des lieux d’élaboration de ces
indicateurs de développement humain pour différents pays de l’euro méditerranée, éventuellement,
des différentes tentatives spécifiques de construction d’indicateurs par les instituts de nationaux de
statistiques, par des instances gouvernementales ou par des recherches universitaires. Comment
mesurer le « produit » d’activités immatérielles, d’activités non marchandes ? Ces difficultés
méthodologiques et statistiques à leur établissement conditionnent un débat sain quant à leur
utilisation en matière de politique d’aide internationale et d’arbitrage intra nationaux.
Plus fondamentalement, se pose la question de l’universalité de ces indicateurs. Pourquoi les
causalités mises en évidence pour les « pays les plus avancés » fonctionneraient-elles
systématiquement pour les « pays émergeants» ? Les indicateurs établis pour les pays les plus
avancés, tel : « l’indicateur de bien-être économique », élaboré par L. Osberg et A. Sharpe, pour le
Canada, sont-ils transposables aux pays en voie de développement ? Comment construire des
indicateurs intégrant les spécificités historiques, institutionnelles, économiques et sociales de chaque
pays ? Le concept de capital non tangible élaboré par J. W. Kendrick est-il transposable à d’autres
cultures, comment intégrer l’apport des savoirs informels, des cultures traditionnelles ?
Aménagement et gestion du développement durable
Alors même que la dynamique de la mondialisation ne cesse de s’accélérer, les sociétés européennes
et méditerranéennes, riches de leur passé, sont confrontées à des transformations internes
profondes : économiques, sociales, technologiques et démographiques. De ces évolutions naîtront de
nouveaux comportements, de nouveaux équilibres, de nouveaux rapports de forces.
Dans ce contexte, alors que les États ont de plus en plus tendance à se désengager, nos sociétés et
surtout les acteurs qui les composent sont appelés à s’organiser sur leurs territoires, à concevoir et à
gérer leurs propres stratégies de développement tout en s’ouvrant au monde. Qu’il s’agisse de la
construction de leurs futurs, de l’élaboration de leurs stratégies de développement, de l’aménagement
de leurs territoires, du développement de leurs systèmes alimentaires ou de santé, c’est en tenant
compte de leurs spécificités et de leur Histoire partagée que pays européens et méditerranéens
doivent ensemble penser leur avenir.
Le volet des recherches conduites au sein de la MSH de Montpellier en matière de développement
durable, trouve ses fondements dans les connaissances et dans les potentiels accumulés dans les
institutions de formation et de recherche qui font de la région l’une des plus grande concentration de
compétences oeuvrant dans ce domaine au niveau mondial.
Identités territoriales, aménagement et développement durable
La préoccupation première, exprimée par les équipes de la MSH-M impliquées dans ce champ, est de
contribuer par leurs recherches au maintien de la « diversité territoriale et sociale » par une réflexion
conduite autour des identités territoriales, de l’aménagement et du développement durable.
L’articulation de ces trois « champs », qui est aussi bien disciplinaire qu’opérationnelle, permet de
faire se rencontrer et interagir : savoirs et savoir-faire, postures scientifiques et praxis dont le
cheminement est souvent parallèle mais rarement convergent. Dans cette approche, il est aussi
possible d’analyser les référents disciplinaires mobilisés ou les paradigmes fondateurs, qu’ils soient
énoncés ou sous-jacents, et de confronter ces dernières à des expériences «concrètes » menées
sous couvert de ces référents dans le domaine de « l’ingénierie territoriale ».
Cette démarche permet d’interroger des paradigmes aussi consensuels que « développement
durable » ou « diversité culturelle », non pas en tant que concepts stabilisés, mais plutôt en tant que
notions ou préconcepts dont le caractère apparemment opératoire vis-à-vis des territoires (en
témoigne la prolifération des agendas 21 locaux par exemple) tient à un fort pouvoir de mobilisation.
Si ces paradigmes relèvent incontestablement de l’injonction et revêtent de ce fait un caractère très
normatif, il n’en demeure pas moins qu’ils font l’objet d’expériences – voire d’expérimentations –
clairement situées dans le temps et dans l’espace. Ainsi, il paraît intéressant de confronter la
« teneur » des «injonctions» planétaires visant la diversité culturelle et le développement durable,
avec l’examen minutieux d’expériences menées au titre de ces principes dans des territoires de
natures et d’échelles diverses autour du bassin de la Méditerranée. Cette démarche suppose que
nous nous interrogions sur les façons avec lesquelles ces injonctions sont appropriées par les acteurs
des différentes scènes locales et sur les manières par lesquelles elles se traduisent dans les
politiques et les praxis de l’aménagement du territoire. Cela nous pousse aussi à nous interroger sur
la manière dont - dans le passé comme dans le présent - la préservation de l’identité - et/ou de la
diversité – locale peut devenir un élément puissant de revendication et de mobilisation sociale et
politique dans des contextes donnés.
Le croisement entre les champs disciplinaires portant le volet des identités territoriales et du
développement durable suggère trois thèmes articulés allant de la problématique de la construction
des savoirs aux politiques d’action :
L’interface entre ces divers champs devrait se traduire par un préalable méthodologique et en priorité
par une mise en commun des vocabulaires conceptuels en usage dans chaque discipline. Dans cette
optique, il apparaît opportun de procéder à un travail de déconstruction des concepts, des outils et
des praxis mobilisés par les diverses disciplines concernées (géographie, aménagement, agronomie
sociologie, économie, sciences environnementales, sciences politiques, droit, histoire, etc.) pour
analyser et/ou agir sur la diversité et le développement des territoires.
Pour confronter les « injonctions » concernant la diversité culturelle et patrimoniale et le
développement durable à la réalité des expérimentations locales, il convient d’examiner dans le détail
les dispositifs opérationnels mis en place pour traduire ces principes à visée planétaire. Ces dispositifs
concrets sont à rechercher dans les politiques et les praxis de l’aménagement du territoire et se
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traduisent par exemple par la mise en place des Agendas 21 locaux dont il a été question plus haut,
la création de parcs naturels, les opérations visant la patrimonialisation des centres historiques, etc.
Ce dernier thème s’attache à révéler les manières dont – hier comme aujourd’hui - la préservation de
l’identité et/ou de la diversité locales peut devenir un élément puissant de revendication et de
mobilisation sociale et politique dans des contextes donnés. Cette question de recherche est
particulièrement intéressante dans le contexte du bassin de la Méditerranée qui se caractérise par
une grande complexité, par une forte diversité ethnique, confessionnelle, linguistique, etc. et par une
forte présence des minorités.
Les acteurs et les institutions dans le processus d’émergence des territoires ruraux et des stratégies
de développement local en Méditerranées
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Par exemple projet sur le Développement urbain Durable, porté par les équipes Gester et Cirus-Cieu
(Toulouse) financé par le PUC
Tout projet de développement s’ancrant dans un espace donné et concernant une population bien
définie, les chercheurs sont de plus en plus confrontés de nos jours à la question du développement
territorial7. Au centre de cette approche, on retrouve le concept de territoire qui se définit comme « le
concours d’acteurs qui cherchent à identifier puis à résoudre des problèmes vécus comme communs
sur un espace géographique donné ». Parmi ces problèmes, ceux qui relèvent de la dimension
économique occupent une place importante étant donné le risque de standardisation de la production
que fait courir la globalisation. L’identité représente alors une « sortie » par le haut qu’un certain
nombre de territoires s’attachent à développer.
Cette perspective est particulièrement intéressante quand on l’applique au monde rural qui de par sa
soumission encore importante à l’activité agricole prend de plein fouet les problèmes de compétitivité
qui sont au cœur du fonctionnement de l’agriculture. De plus l’émergence de « territoires d’activité,
économique et sociale » qui sont pris en charge par des « acteurs locaux » constitue un phénomène
très particulier. L’espace méditerranéen représente de ce point de vue un terrain très pertinent dans la
mesure où il offre à la fois les deux cas de figure, territorialisation pour lutter contre la désertification
(pays méditerranéens du Nord) et territorialisation pour maîtriser la pression sur les ressources
naturelles (pays méditerranéens du Sud et de l’Est).
A l’intérieur de l’espace méditerranéen, le Maghreb constitue probablement un cas d’école qui peut
être étudié avec profit si l’on prend soin de prendre en compte les différences manifestes que
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représentent à la fois l’histoire ancienne et celle des 40 dernières années .
L’étude des processus d’émergence des territoires en Méditerranée conduit à faire un double constat :
On assiste à des degrés divers selon les pays à un double phénomène de déconcentration et de
décentralisation
Celui-ci émerge à des degrés divers dans l’ensemble des pays de l’étude. L’histoire de chaque pays
reste irréductiblement spécifique notamment dans le rapport de l’Etat avec les acteurs des sociétés et
des économies de ces pays.
On doit clairement distinguer dans chacun des pays :
•
D’une part, ce qui procède d’une volonté de déconcentration. Cette pratique constitue un
nouveau mode d’organisation de l’Etat qui transfère à ses représentants sur les espaces
infranationaux un nombre de plus en plus important des missions qu’il réalisait auparavent au
niveau central ; Cette manière de procéder leur permettant de mieux relayer l’action
centralisée de l’administration et donc de maintenir, voire de renforcer, cette action étatique.
•
D’autre part les efforts de décentralisation qui sont eux de nature franchement différente et qui
remettent en cause l’essence même de l’action étatique par un transfert de compétences à
des autorités locales (au sens anglo-saxon de « local authorities qui correspondent aux
collectivités locales d’après la décentralisation de 1982 en France). Dans ce cas, l’action
publique se dédouble et l’on voit notamment apparaître une double administration (une
fonction publique nationale et une fonction publique territoriale).
Un rôle de plus en plus grands accordé aux acteurs locaux
Dans les zones rurales le retrait de l’état s’est accompagné d’une extraordinaire floraison de nouvelles
organisations relevant principalement de la société civile. Ces acteurs sont locaux dans la mesure où
leur espace d’action est infranational et non étatique. Il peut s’agir d’acteurs individuels : habitants,
usagers, citoyens, consommateurs, mais aussi d’acteurs collectifs : associations (internes au pays et
aussi les ONG investissant et décidant dans le pays) et collectivités territoriales, ou enfin d’acteurs
privés comme c’est le cas des entreprises implantées dans l’espace géographique de référence.
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Ce projet qui au départ a été conçu dans le cadre du FSP sur la Méditerranée géré par la MSH de Paris
entre l’IAM de Montpellier, ses partenaires Méditerranéens et l’institut de géographie alpine (Université Jean
Fourier de Grenoble) est appelé à s’ouvrir à d’autres composante de la MSH de Montpellier.
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Afin d’analyser ces dynamique, une analyse comparée est en cours. Elle permettra de mettre en parallèle
d’une part la territorialisation rurale au Maghreb et celle que connaît la France et d’apporter, d’autre part,
deux éclairages complémentaires avec 3 pays méditerranéens de l’Union Européenne, 2 pays du Moyen
Orient et 2 pays de l’Europe non communautaire.
Cette arrivée en force des acteurs locaux dans la dynamique des territoires constitue un changement
institutionnel majeur dont il faut tenir compte.
Ce double constat de la décentralisation et de l’émergence de l’acteur local produit une structuration
des économies et des modes de coordination des populations qui vivent sur un territoire qui est à la
fois locale et territoriale.
•
La notion de « local » renvoie au concept d’échelle : le local étant, du point de macroéconomique, une fraction de l’entier et du point de vue micro-économique, une recomposition
intermédiaire et partielle de la collection d’individus que postule l’approche micro-économique.
On peut sans doute qualifier l’analyse de ces regroupements hybrides, de « mésoéconomie ».
•
La notion de territoire quant à elle renvoie à un mouvement de discrimination spatiale entre un
« dedans » et un « dehors » indépendamment de l’échelle. Avec la notion de territorialisation,
on explore précisément les stratégies que se donnent les acteurs en vues de trouver des
solutions à des problèmes qu’ils ont diagnostiqués. Ainsi, le territoire contient une dimension
de réactivité et d’appropriation par les acteurs que le local ne contient pas.
Le substrat sur lequel se bâtit le territoire est lui même un espace-territoire qui s’est construit dans le
passé. La construction territoriale s’inscrit donc dans un processus de très longue durée cristallisé et
stabilisé dans un référentiel reconnu qui sert de cadre au redéploiement du processus de
construction.
Dans le cas des pays du Maghreb, on a par exemple, un socle traditionnel de partage en tribus ou en
groupe ethniques, de partition du territoire, d’espaces de friction et de passage entre nomades et
sédentaires, de terres Arch, … Ce territoire construit de longue date, devient un territoire donné sur
lequel (en réaction à, ou pour le casser ou le minorer) s’est construit l’espace administratif qui, avec la
colonisation puis les indépendances, affirme la figure de l’Etat. Notre hypothèse centrale nous amène
à analyser un nouveau processus de construction territoriale sur la base du territoire donné qu’est la
structure géo-administrative de ces pays, s’élabore de nouveaux territoires (en réaction à, ou pour
sinon le casser, du moins le minorer) qui cherchent à résoudre des problèmes plus récemment
identifiés mais pour lesquels l’Etat n’apporte plus de réponses satisfaisantes.
Il faut donc maintenir la distinction entre deux types de territoire (donné et construit) qui coexistent et
dont le passage de l’un à l’autre et le jeu de l’un et de l’autre offre une clé de compréhension des
dynamiques de gouvernance dans nos terrains d’observation.
Ainsi, l’émergence de pratiques territoriales pose en termes nouveaux l’approche du développement.
Nous ne sommes plus dans un cadre macroéconomique de combinaison optimale de facteurs de
production (matière première, travail, capital) mais dans une problématique de transformation de
ressources. La ressource territoriale ex ante peut être réelle, potentielle, latente ou virtuelle. L’action
des acteurs vise à révéler puis transformer ces ressources qui, ex post deviennent des actifs plus ou
moins spécifiques. L’analyse du développement rural et des politiques agricoles dans les pays
Méditerranéens permettra d’évaluer le changement d’état de ces ressources à travers des processus
de coordination institutionnelle appelés gouvernances territoriales.

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