Dossier Nouvelle Zélande - Chambre d`agriculture des Côtes d`Armor
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Dossier Nouvelle Zélande - Chambre d`agriculture des Côtes d`Armor
Découverte LA NOUVELLE – ZÉLANDE Une boîte à idées Une vingtaine d’éleveurs finistériens intéressés ou en conversion à l’agriculture biologique se retrouve régulièrement et met en commun les références disponibles sur les systèmes herbagers mondiaux les plus performants. Une formation les a conduits récemment en Nouvelle-Zélande. Ils nous font part de leurs impressions de voyage. n formation, les éleveurs veulent progresser sur la conduite de leurs systèmes herbagers en intégrant les trois piliers du développement durable : le travail, l’environnement et bien sûr l’économie. En Nouvelle-Zélande, ils sont allés chercher des techniques transposables en Bretagne. « Les néo-zélandais ont une orgaLe groupe échange sur la conduite du pâturage à nisation du travail redoutable. Ils la ferme expérimentale de Lincoln. ne se dispersent pas. Leur job, Même si les prairies sont peu denses, souffrant d’attaques d’insectes, de la sécheresse c’est de produire du lait à parou de piétinement, elles produisent malgré tout plus de 12 t MS par ha, plus de 16 t tir d’un point de traite et d’une MS en situation d’irrigation avec une gestion du pâturage optimisée. plate-forme laitière » témoigne Erwan. « Toutes les autres tâches Le parcellaire est très bien orgaDavantage de sont déléguées. Par exemple, les nisé. Comme les vaches doivent charges génisses sont élevées à l’extérieur beaucoup marcher, les chemins sur des exploitations spécialisées Gwen s’attendait à voir des sont aménagés avec moins productives. pâtures magnifiques. Or, le trèfle soin et régulièrement Les vaches taries sont blanc a presque disparu, victime entretenus. David se délocalisées l’hiver sur des insectes, de la sécheresse et d’autres sites où des Des bretons aux souvient de cette lond’une fertilisation excessive. Un gue ligne droite qui, antipodes dérobées sont implanconseiller de Dairy NZ le confirà partir de la salle de tées. Les travaux des me : son taux est passé de 20 % traite, dessert méthodicultures y compris les dans les années 1990 à moins de quement tous les padépandages d’engrais 5 % en moyenne actuellement docks de l’exploitation, Philippe sont délégués à des entreprises. dans les prairies. A l’inverse, la rappelle les véritables carrefours A ce compte-là, les néo-zélandais quantité d’urée proche de zéro de boviducs pour gérer la circulasont capables de gérer des trouil y a 20 ans, représente maintetion des grands troupeaux. peaux de 200 vaches par pernant de 150 à 200 unités d’azote sonne». par hectare. « Et si les camions ne suffisent pas pour l’épandage, il est possible d’avoir recours à l’avion ou l’hélicoptère dans les pentes », exprime Ronan. André se pose des questions sur la pertinence du RGA comme base des prairies. Sur l’île du Nord, après 3 années sèches et, même sur l’île du Sud en situation d’irrigation, le RGA est à la peine avec ses racines peu profondes, presque superficielles. Associé à un système de pâturage ras (3,5 cm de hauteur sortie), de nombreux Le semis direct est la pieds sont arrachés. La couverrègle, y compris pour ture du sol est médiocre. Tout le refaire les pâtures. 10 AVRIL 2011 - N° 53 Isabelle Pailler - Chambre d’agriculture du Finistère [email protected] La chicorée pâturée au fil avant permet un bon niveau de production laitière. 7 semaines après le semis, 4 t MS sont disponibles. Après 18 à 21 jours de temps de repousse, elle sera pâturée de nouveau. monde est d’accord. « Le dernier jour, nous avons vu les plus jolies pâtures. Un ex « All black » a semé, en altitude, un mélange à base de fétuque et de trèfle blanc. Avec une pluviométrie annuelle de 1 500 mm, la productivité de la prairie est vraiment au rendez vous. » Les néo-zélandais sèment, en pur ou en association avec des graminées, de la chicorée et du plantain. Pâturé au fil avant, c’est un fourrage de qualité même en cas de sécheresse. « Quand nos prairies sont en panne en sortie d’hiver, cela peut être une option pour les refaire et disposer quand même de fourrages en été. » précise Jean-Charles. Une commande groupée de semences est en cours pour essayer. Le système néo-zélandais traditionnel est basé sur des vêlages groupés en sortie d’hiver et la valorisation maximale du pâturage. Il assure 95 % de la ration annuelle des vaches. « Dans le Waïkato, la zone laitière historique, un éleveur fonctionne avec de très bas coûts de production, 3,6 $ NZ par kg de matière utile (150 ` pour 1 000 litres). Il n’a pas de barre de coupe sur la ferme et ne fait ni ensilage d’herbe, ni foin. Il n’achète pas de complément. Il produit uniquement du maïs (280 kg par vache et par an) et des choux en complément de l’herbe » précise Valérie. « Avec d’autres stratégies alimentaires, davantage de fourrages stockés et l’incorporation massive de tourteau de palme, les coûts de production augmentent. Si en plus, on investit dans des bâtiments, le stockage des déjections, une chaîne de distribution des fourrages, les coûts de production dépassent 6,5 $ NZ (270 ` pour 1 000 litres). Le prix du lait fluctue de 4,5 $ NZ (2008) à plus de 7 $ NZ pour la campagne en cours. » quel niveau de restitution organique ! » souligne Jean–François. Le système de transmission basé sur le « sharemilking » permet à des jeunes motivés de mettre le pied à l’étrier. Mais, comme ils restent en général trois ans sur une exploitation, l’approche environnementale et patrimoniale de l’exploitation ne semble pas les toucher. Ils sont prêts, si c’est rentable économiquement, à utiliser beaucoup d’intrants ou à puiser sans limites dans les réserves du sol ou les ressources en eau. Par contre, nous avons vu des propriétaires entretenir les zones de bush protégées, préserver des arbres rares, replanter pour lutter contre l’érosion... Comme chez nous, ils ont à cœur de transmettre un cadre de vie respecté aux générations futures Un nouvel eldorado La Nouvelle-Zélande est un pays jeune. La production laitière n’y est pas encadrée par des quotas. Il y souffle un esprit pionnier, en particulier, sur l’île du Sud où conversion a un tout autre sens. « C’est démesuré. Des fermes ovines sont transformées en fermes laitières intensives. A partir d’un sol vierge, on pose un pivot d’irrigation de 1,2 km de diamètre et un roto de 50 places. Une ferme laitière est née. La seule limite est alors le droit à irriguer. Les rendements d’herbe sont élevés : de l’ordre de 15 à 20 t MS à l’hectare, mais DOSSIER 1 $ NZ = 0,5 ` Certaines exploitations ont conservé un système de production « low cost » : pas de suppléments alimentaires, une salle de traite amortie et très peu de matériel. Un soin tout particulier est porté à l’aménagement du parcellaire. AVRIL 2011 - N° 53 Nouvelle Zélande Cette formation a bénéficié de fonds VIVEA et FEADER. 11 Découverte UN ÉLEVAGE DE L’ILE DU NORD Là où tout devient possible Propriétaires de 500 vaches, un couple d’Anglais doit mettre en valeur une exploitation de 300 ha et dégager au terme de trois ans de « sharemilking » un maximum d’excédent de trésorerie. Ils mettent en place le système dominant pour la région : des vêlages groupés, une production calée sur la pousse de l’herbe et de plus en plus d’achat de suppléments. n 1998, Colin et Hazel Grainger-Allen quittent l’Angleterre. Jeunes, avec peu de capital disponible, ils suivent le parcours néo-zélandais classique pour devenir propriétaires de leur exploitation : après avoir obtenu des postes de managers (salariés responsables de troupeaux), ils achètent en 2005 des vaches et deviennent « sharemilkers », c’est à dire qu’ils partagent avec le propriétaire des terres les recettes laitières et les dépenses, selon un contrat établi à l’avance. En 2008, ils déménagent avec leurs vaches à 60 km. Un nouveau contrat de trois ans leur est proposé sur la ferme de Thornbury. Ils souhaitent poursuivre sur ce site encore 3 ans, rembourser leurs dettes, épargner suffisamment avant, pourquoi pas, devenir propriétaires d’une nouvelle exploitation. 1 kg de matière utile (MU) = environ 12 l de lait Le tourteau de palme est stocké en silo et distribué en libre service dans des remorques en sortie de salle de traite. Attention acidose ! Salle de traite : 2 x 40 L’exploitation de Thornbury compte 500 vaches pour une surface de 300 ha. La plate-forme laitière près de la maison d’habitation fait 160 ha de bon potentiel accessibles par le troupeau. A 2 km, 140 ha de « run off » beaucoup plus pentus, permettent de produire les fourrages pour l’hiver et de décharger le site principal en été. Les 2 salariés de l’exploitation traient les mul- Capital vaches Une salle de traite 2x40 simple équipement en ligne haute : un standard sur l’île du Nord 12 tipares (380 vaches) matin et soir dans une salle de traite récente 2 x 40 simple équipement. « Pour des raisons de disponibilité fourragère et d’organisation du travail, un trayeur se déplace sur le deuxième site pour traire les 125 primipares une fois par jour » explique Colin. « Seul, ce trayeur ne peut pas brancher tous les postes, la salle de traite 2 x 40 simple équipement est trop grande. » AVRIL 2011 - N° 53 Depuis leur arrivée à Thornbury, ils ont subi trois années de sécheresse consécutives. « En 2010, nos 500 vaches ont produit 141 t de matière utile (MU), soit 1,6 millions de litres, seulement 280 kg de MU par vache (3 200 litres par vache). Le tarissement a dû être anticipé par manque d’alimentation. Les salles de traite ont été fermées 4 mois. Heureusement, durant cette campagne, les vaches produisent mieux. Nous devrions livrer autour de 160 t de MU à Fonterra en 2011 », témoigne Hazel. « En tant que sharemilkers, nos vaches constituent tout notre capital. Nous voulons des vaches noires, solides et robustes avec un très bon niveau génétique. » Isabelle Pailler - Chambre d’agriculture du Finistère [email protected] Hazel et Colin Grainger-Allen La gestion de la reproduction est prioritaire dans ce système de production calé sur la pousse de l’herbe. Une détection des chaleurs rigoureuse est faite avant la période d’IA. « Les vaches nonvues en chaleur passent dans un lot particulier avec des taureaux de monte et peuvent n’être traites qu’une fois par jour pour favoriser la fécondation. Les vaches cyclées sont inséminées durant 6 semaines. Un taureau assure ensuite le rattrapage. Nos résultats de reproduction sont perfectibles. Les vêlages commencent mi-juillet. 73 % des vaches vêlent en 6 semaines, 83 % des génisses en 3 semaines. 10 % des vaches restent vides après 12 semaines et seront réformées. » Davantage de suppléments « Bien suivre la pousse de l’herbe est prioritaire dans notre système » explique Colin. « Je fais régulièrement des mesures herbomètre en moto et à pied. Un logiciel me permet de prédire la quantité d’herbe à 10 et 20 jours et d’ajuster la conduite du pâturage. Je peux anticiper les décisions et transférer des animaux entre les 2 sites. » La ration annuelle des vaches est principalement composée d’herbe pâturée. Elle est complétée par 180 kg de concentrés (surtout du tourteau de palme), 120 kg d’ensilage de maïs et 280 kg de dérobées pâturées. En hiver, la ration des vaches taries est de 1/3 de dérobées, 1/3 d’ensilage d’herbe et 1/3 de pâturage sur la base de 11 kg MS par vache et par jour. Les « run off » au potentiel limité procurent une grande souplesse fourragère. Ils assurent la production de fourrages pour les génisses et les vaches monotraites en été et les cultures pour l’hiver (10 ha de choux et 60 t MS ensilage de maïs). Colin et Hazel cherchent à produire davantage de matière utile pour augmenter les recettes laitières et espérer dégager un peu plus d’excédent de trésorerie. Le « sharemilking » représente 35 % des troupeaux néo-zélandais. C’est un modèle risqué financièrement, mais il offre de vraies opportunités pour des jeunes motivés. Partis de rien à vingt ans, Colin et Hazel vont en quelques années pouvoir devenir propriétaires de leur exploitation et capitaliser suffisamment pour assurer l’avenir Nouvelle Zélande Avis d’une éleveuse «Trop de tourteau de palme ?» Odile Guillou de Guimiliau est surprise par l’excellent état des vaches en été au pâturage, à 3 mois1/2 de gestation. Le tourteau de palme distribué en sortie de salle de traite n’est bon ni pour le portefeuille, ni pour la déforestation en Indonésie, ni pour la composition en acides gras du lait, mais a pu avoir un effet positif sur l’état des vaches. DOSSIER A retenir Denis Collin est conseiller à Dairy NZ et animateur du groupe d’échange du secteur. Il dresse une analyse inquiète des résultats économiques des dernières années. Les coûts de production, en particulier les frais d’alimentation, grimpent. Les suppléments, concentrés ou fourrages achetés, se développent dans l’alimentation des vaches en lien avec les sécheresses successives et la hausse du prix du lait sur le marché mondial. La valorisation de l’herbe pâturée diminue passant de 16 t MS/ha à 13 t MS/ha en moyenne. Les choix techniques sont plus variés, de 0 à plus de 35 % de la ration annuelle des vaches est achetée à l’extérieur. En parallèle, la durée moyenne de lactation fluctue de 250 jours à 310 jours, le niveau de production et le gabarit des vaches suit. Ces choix de stratégie alimentaire n’ont pas de réelle différence de performance économique. Les repères utilisés en Nouvelle-Zélande sont qu’un kilo de supplément permet de produire 120 g de MU, soit 1,6 l de lait à 75 g MU (la gestion du pâturage est sévère : hauteur sortie 3,5 cm). Les suppléments ne sont donc à utiliser qu’en cas de déficit d’herbe et si leur prix est au maximum de 5 % du prix du kilo de MU, soit 350 $/t (190 `/t) avec un prix du lait à 6,90 $ (285 `/1 000 litres). Le troupeau, c’est le capital en vif des « sharemilkers ». AVRIL 2011 - N° 53 13 Découverte RAKAIA ISLAND DAIRY Un élevage de 5 000 vaches L’élevage de la famille Turner sur l’île de Rakaia illustre les transformations récentes du paysage agricole de l’Ile du Sud. out est plus grand dans l’Ile du Sud : les troupeaux, les SAU, la productivité par vache et par hectare. La région du Canterbury est une plaine fertile très peu arrosée (500 mm/an). Les systèmes y sont exclusivement basés sur l’herbe, les températures n’étant pas suffisantes pour cultiver du maïs. Dans ces conditions, les chargements sont très élevés, grâce à l’irrigation, à la fertilisation azotée et au recours à l’ensilage d’herbe (1 t MS/VL/an en moyenne). 17 km de long sur 2,5 de large L’île de Rakaia est un ruban d’environ 17 km sur 2,5, située dans le lit de la rivière Rakaia. En quelques années cette île de galets est devenue l’une des plus grandes exploitations laitières néozélandaises. Les frères Turner, David et Doug l’ont achetée en 1994. Ils y ont vu une possibilité de disposer d’une très grande SAU pour produire du lait : sur 14 km de long, la SAU est d’environ 2 600 ha dont 1 580 sont maintenant exploités et enclos de fils électriques ; 921 ha sont des zones naturelles en préservation. Un îlot complémentaire de 62 ha sert aux cultures de David Turner devant la salle commune luzerne. 1 500 ha sont désormais irrigués, soit par digues d’inondation, soit par asperseurs, soit par sprinklers espacés de 30 mètres (8 000 en tout). Une dizaine de pivots complètent le dispositif. L’eau arrive par deux canaux et 10 forages. Tous ces aménagements ainsi que la réalisation et l’entretien des ponts vers le «continent» ont été financés par les éleveurs. Ces derniers disposent d’un quota d’irrigation qui peut être restreint en période de sécheresse. Sur ces 1 700 hectares, 1 100 sont destinées aux VL et le reste aux élèves. Un vingtaine d’UTH C’est par une route empierrée poussiéreuse qu’on passe le pont menant à l’île. Près de la maison de la famille de David, un petit groupe de bâtiments redonne une atmosphère de « village » : les Turner sont très soucieux du bien-être des salariés et leur mettent donc à disposition le logement, une salle de « récréation » et un restaurant avec cuisinière à plein temps. La propriété dispose en tout de deux maisons de propriétaires, plus 12 maisons pour les employés. Les vaches sont réparties sur 3 «unités laitières» de 1 680 vaches en moyenne avec 7 employés (dont 1 manager) en charge de la traite, la gestion de l’herbe, l’irrigation et de petits travaux de maintenance. L’élevage emploie en plus un responsable administratif, un technicien pour l’entretien du matériel et une cuisinière. Douze temporaires sont embauchés à la période des vêlages. Les Turner ont investi en 2002 dans une ETA qui réalise les travaux du sol, les semis, les ensilages et la distribution des fourrages. Ce sont d’autres ETA qui réalisent les travaux d’assainissement-irrigation, les clôtures et les chantiers d’épandage d’engrais. Cette année ce sont 5 100 vaches croisées Holstein/Jersey (Kiwi cross) X Holstein, dont 1 150 primipares, qui ont vêlé. Les vêlages ont débuté le 31 juillet, 50 % des vêlages avaient eu lieu au 10 août. La plupart des vaches sont inséminées avec de la semence fraîche de taureau Kiwi-cross. L’élevage prévoit une production totale de 20 millions de litres. Monotraite comme outil de gestion Dans le Canterbury, des vaches et des pivots 14 AVRIL 2011 - N° 53 La topographie de l’île, tout en longueur, a entraîné l’installation de 3 salles de traite équidistantes : un roto de 62 places et deux Valérie Brocard – Institut de l’Elevage [email protected] Les 12 troupeaux de Rakaia Island Dairy Unité 1 400 Unité 2 400 400 1 traite 1 traite 470 2 traites 1 traite 400 Unité 3 400 400 1 traite 1 traite 470 2 traites 1 traite 400 400 1 traite 1 traite 470 2 traites 1 traite 400 Soit 1 670 vaches par unité et 5 000 au total (3 600 en une traite/jour et 1 400 en deux traites) Un troupeau en monotraite à l’abri d’arbres natifs de 54. Pour que les vaches ne marchent pas plus de 3.5 km pour rejoindre leur salle de traite, les chemins et le parcellaire ont été adaptés. Les éleveurs ont mis également en place depuis 2004 la monotraite toute l’année. La distance maximale à parcourir par jour reste quand même de 7 km et la gestion du risque « boîterie » par le bon entretien des chemins est prioritaire. « Heureusement les vaches sont légères et disposent d’une longue période de repos au champ entre deux traites ». L’élevage fonctionne avec 12 troupeaux (figure). Les troupeaux en deux traites sont constitués des vaches plus âgées et plus productives ; elles « fréquentent » les installations de traite en horaires décalés avant et après les vaches « monotraite ». Les vachers se relaient en salle de traite de 6 h à 13 h. Tout le personnel a fini sa journée à 17 h. La monotraite a aussi été choisie pour améliorer les conditions de travail et maximiser les performances de reproduction : en 2004, le taux de vaches vides était d’environ 12 % ; il est tombé sous les 4 % l’an dernier. Une gestion rigoureuse de l’herbe En 2010/2011, 1 780 t de matières utiles seront produites sur 1 425 ha. Le colostrum est aussi vendu à la laiterie. Côté fertilisation, 330 tonnes d’urée seront épandues à raison de 220 unités de N/ha. L’inhibiteur de nitrification EcoN sera utilisé pour limiter les fuites de nitrates sur 1 400 ha, à l’automne. Les vaches seront nourries à l’herbe pâturée avec un complément de 200 t de MS d’ensilage d’herbe, 750 t MS de maïs ensilage acheté et 1 400 t MS de luzerne enrubannée (ce qui représente en tout 461 kg MS de stocks/VL/an, plus 90 ha de navets et colza fourrager pâturés). Le rendement moyen de l’herbe est inférieur aux moyennes de l’île du Sud : 12 t à 16 t MS/ha. L’herbomètre général sur l’ensemble des parcelles est réa- lisé tous les 10 à 15 jours mais aussi à chaque entrée et sortie de paddock (herbomètre électronique fait… à moto), confronté à l’œil du manager. Objectif de hauteur de sortie : 3,5 cm environ avec une offre de 17 kg de MS par vache et par jour. Tous les ans, 100 à 300 ha de prairies sont renouvelés. Faire face aux effectifs Nouvelle Zélande DOSSIER Aujourd’hui, les vaches en monotraite produisent 365 kg de MU/an contre 430 en deux traites. Quatre contrôles laitiers sont réalisés tous les ans. Le niveau cellulaire moyen est de 179 000/ ml. Le type de vache recherché est celui le mieux adapté à la monotraite : perte de lait réduite et ligament de la mamelle solide. Les Turner utilisent l’index monotraite pour le choix des taureaux et privilégient les taureaux « génomique » pour accélérer le progrès génétique. Ils ont changé le type de manchons en salle de traite pour des manchons « carrés » plus adaptés au débit des vaches une traite par jour. En période de vêlages, le pic de naissances est de 200 par jour ; une analyse ADN est réalisée systématiquement pour assurer la filiation. Un salarié perché sur un mirador assure toute la journée la surveillance des chaleurs en période de reproduction. En période d’inséminations, un seul inséminateur assure jusqu’à 200 IA sur chaque site. Aujourd’hui les éleveurs estiment leur coût de production à 3,80 NZ $ par kg MU (172 `/1 000 l lait) pour un prix de vente de 7,0 (318 `) Paddocks irrigués par sprinkler ouvert et fermé manuellement à moto. AVRIL 2011 - N° 53 15