Only Keep "Don`t Know" Mind - Kwan Um School of Zen Europe
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Only Keep "Don`t Know" Mind - Kwan Um School of Zen Europe
Pour Quoi, et pour Qui ? PAR LE MAÎTRE ZEN SEUNG SAHN Causerie sur le dharma donnée à l'occasion du 30ème anniversaire de l'école, le 6 avril 2002, au Centre Zen de Providence. (Élevant le bâton Zen au-dessus de sa tête ) Ce bâton… ( Frappant la table avec le bâton ) ... ce son… et votre esprit. Sont-ils identiques ou différents ? Ce fut l'un des premiers kong-ans que me posa le Maître Zen Seung Sahn et dont je me souvienne. L'une des choses réellement uniques que j'ai trouvé en venant à Doyle Avenue, c'était l'ardeur et la franchise, l'enthousiasme pour enseigner ce que je recevais de lui, c'était comme un aimant, qui attire… vient, vient, vient. Et j'avais des doutes car cette tradition n'était pas japonaise, avec tout ce que j'avais lu et qui m'avait réellement attirée dans le style japonais, un autel très simple, gris avec des teintes noires et or, mais ceci ( désignant l'autel derrière elle ) c'est ce que nous avons reçu. Un des enseignements les plus importants, c'est que la forme est vacuité, et que la vacuité est forme. Ainsi, dès le départ le maître Zen Seung Sahn a toujours enseigné ces choses très simples : la forme est vacuité, la vacuité est forme; alors il n'y a pas de forme, pas de vacuité; alors la forme est forme, la vacuité est vacuité. Et vous pouvez entendre ces mots, vous pouvez essayer de les comprendre, mais cela nous ramène à nouveau à pratiquer et à percevoir toutes ces choses. Ce kong-an est très simple – ce bâton, ce son et votre esprit sont-ils identiques ou différents – mais certaines personnes ne le comprennent pas du tout. Peutêtre même qu'à la fin de cette causerie je pourrai y répondre, mais la moitié des personnes présentes dans cette pièce ne sauront pas que j'y ai répondu, parce qu'elles ne comprennent pas, et c'est cela la pratique. Certaines personnes sauront que j'y ai répondu et penseront : “je comprends ce kongan”; c'est cela, si simple, si merveilleux. Cependant, parmi ceux d'entre nous qui comprenons le kong-an, la plupart ne l'ont pas réellement atteint. Nous parlons toujours du fait que “comprendre ne peut pas nous aider”. C'est toutes ces choses que j'ai apprises du maître Zen Seung Sahn. En l'espace de cinq semaines d'apprentissage d'un peu d'anglais, il apprit comment dire ces choses avec tant d'enthousiasme ! Michael Konstan a noté que si vous nourrissez bien un étudiant, il restera. Je n'étais pas étudiante, j'étais infirmière, mais je suis restée. La nourriture était réellement bonne. Le maître Zen Seung Sahn avait l'habitude de nous faire des nouilles maison. Il étalait la pâte, prenait un couteau et découpait des nouilles larges et plates et les jetait dans la soupe miso, mettait dedans des tonnes de beurre, de kimchi et de beurre de cacahuète, de tofu et de pommes de terre. Cela pourrait sembler épais… c'était délicieux cependant. Mais je revois une fois où il cuisinait, il coupait les oignons, les peaux tombaient sur le sol et il les poussait du pied sous la cuisinière. J'avais lu tous ces livres sur le style japonais et la cuisine japonaise, et je pensais : “ Oh, Seigneur, il pousse du pied les épluchures sous la cuisinière, comment justifies-tu cela ? Ce n'est pas un Zen correct, non ? “ Et la soupe s'avérait délicieuse. Je commençais à saisir ce point : pour quoi, et pour qui ? Que faites-vous quand vous préparez un bol de soupe ? Est-ce qu'il vous a nourri ? Qu'allez-vous faire de cette nourriture ? Vous attraperez le maître de maison pour nettoyer les oignons plus tard. J'étais la maîtresse de maison. J'ai signalé que les étudiants allaient et venaient. Quand on m'a initialement demandé de donner cet entretien sur le Dharma, j'ai pensé, oh non, ne me dites pas que je suis la seule, la plus ancienne, que je suis là depuis trente ans ! J'ai pensé, ça alors, où sont tous ces gens, ils me manquent… Certains sont partis et si seulement nous avions fait les choses de cette façon là, si seulement nous avions fait cette autre chose de telle façon, si le maître Zen Seung Sahn avait fait cela de cette manière ou d'une autre plus de gens seraient restés, plus de gens seraient ici aujourd'hui. Et c'est cela que nous appelons “examiner”. C'est l'esprit qui rumine. La chose la plus importante est d'être ici, ici. Soyez ( en faisant claquer ses doigts ) juste ici et soyez conscients et soyez vivants maintenant. Il y a tellement d'histoires sur mon maître. Un jour je conduisais avec lui de Cambridge à chez moi. Il était environ 22 heures et nous étions tous les deux fatigués. C'était l'été, alors il y avait beaucoup d'insectes dans la lueur des phares. Un insecte atterrit sur notre pare-brise. Je conduisais à environ 100 km/h. L'insecte tapa sur le pare-brise, et ses ailes continuèrent à bouger. Il tapa à 100 et c'était juste un petit insecte, alors mon esprit pensa en toute logique… il est mort. Mais il continuait à bouger comme s'il était vivant. Le maître Zen Seung Sahn le regarda, il le regardait depuis le siège passager et il dit soudain : “ Stop !” Je déboîtai. Il sortit, rampa sur le capot et examina l'insecte. Les voitures le fouettaient. Logiquement, oui, il était mort, mais il semblait vivant. Cette petite chance que, peut-être, il souffrait, que peut-être il y avait encore une chance de le déposer sur l'herbe était dans sa conscience. C'est mieux que n'importe quel discours sur le Dharma que j'ai jamais entendu. Simplement cela, vivre cette vie avec “comment pourrais-je vous aider ?”. Y-a-t-il encore quelque chose que je puisse faire, même si cela semble impossible ? Peut-être y a-t-il quelque chose, peut-être. Actuellement, il est très malade. Je suis infirmière en soins palliatifs. J'entends parler de cette histoire d'hôpital, il est sous assistance respiratoire, il est sous dialyse, et des tas de machines différentes gardent ses organes vitaux en état de marche, et une part de moi s'en va, s'en va de tout ça, alors à quoi bon… Si votre cœur s'arrête, pourquoi repartirait-il ? Mais c'est simplement moi. Je n'ai pas son corps. Je ne suis pas là-bas, je ne suis pas avec lui, les gens veulent qu'il vive et il veut vivre pour eux. Il adore la médecine. Tous ceux qui le connaissent… les pilules, les bouteilles… il a toujours eu des tas de médicaments dans sa chambre et autour de lui, avec beaucoup, beaucoup de médecins. Alors, bien sûr, c'est ce qu'il fait. Il utilise ses médecins, il utilise ses médicaments, il utilise toutes ces machines modernes et le fait dans ce sens. Et comme cet insecte sur le pare-brise, peut-être est-ce encore là, peut-être ya-t-il encore de la vie, peut-être a-t-il encore deux, trois années à vivre, peutêtre verra-t-il la réunification de la Corée, peut-être verra-t-il la Sangha coréenne de New York déménager vers Manhattan ? Nous ne savons pas. Alors il y a cet esprit de “ne pas s'en aller”, “ne pas s'en aller”, “ne pas s'en aller”. A nouveau, ce n'est ni juste ni faux, que vous vous en alliez simplement, que vous laissiez tomber progressivement et mouriez assis dans un temple de montagne, ou que vous soyez à l'hôpital, ce n'est pas la question. A nouveau, c'est pour quoi, et pour qui vivez-vous, et que suis-je ? Je vais juste vous raconter deux de mes histoires favorites qui sont dans “Cendres sur le Bouddha”. C'est un très, très beau livre. A deux reprises j'ai fait deux longues retraites en solitaire et j'ai emporté ce livre. Il contient 100 titres, alors chaque jour je pouvais lire un chapitre de ce livre. L'un d'eux est à propos du Dharma qui est hors de prix. Il est intitulé “Mon Dharma est trop cher”. C'est simplement une remarquable petite histoire, elle me rappelle notre voyage ici. Un étudiant rencontre un enseignant et dit : “S'il vous plaît enseignez-moi. Donnez-moi votre Dharma.” Et l'enseignant répond : “Oh, mon Dharma est beaucoup trop cher pour toi. Qu'est-ce que tu as ?” Et l'étudiant extirpe peutêtre 75 cents, tout ce qu'il a, et dit: “C'est tout ce que j'ai. C'est là tout mon argent. Je vous donne tout.” Et le maître dit: “Si tu avais dix milliards de dollars ce ne serait pas assez.” Alors l'étudiant repart, s'assoit et s'interroge, qu'est ce que cela ? Qu'est-ce qui est cher ? Ah! Alors il y retourne et dit : “Je vous donne ma vie. Je travaillerai pour rien dans le temple pour le restant de mes jours. Je ferai n'importe quoi pour vous.” Et le maître dit: “Dix millions de vies comme la tienne ne sont rien, ce n'est pas assez. Mon Dharma est bien plus cher que cela. » Et alors l’étudiant repart, s’assoit et y repense, reconsidère tout cela... ah ! , Maintenant je le tiens. “Je vous donne mon esprit”, dit-il au maître. Le maître répond: “Ton esprit est un tas d'ordures, je n'en veux pas. Mon Dharma est bien plus cher que cela.” A nouveau l'étudiant repart et s'assoit ... qu'est-ce que cela ? Il s'assied vraiment très longtemps, et alors il obtient ( claquant des mains ) KATZ! Il obtient la vacuité, l'esprit “ne sais pas”. Juste ainsi. Vraiment clair, vraiment bon. Le maître dit: « Oh, mon dharma est bien plus cher que cela ! Tu plaisantes ?” Alors l'étudiant est réellement perplexe, vraiment bouleversé. Qu'y a-t-il de mieux que la vacuité ? Qu'y a-t-il de mieux que ce moment unique où il n'y a pas d'idée, rien ? Et alors après six mois ou six années l'étudiant obtient cette seconde illumination dont nous parlons et il court voir le maître et dit: “Maintenant je l'ai.” Et le maître dit: “Quoi ?” L'étudiant répond: “Le ciel est bleu, l'herbe est verte.” Et le maître dit: “Oh mon Dieu ! C'est horrible. Quel genre d'étudiant es-tu ? N'importe qui peut faire cela !” Et le maître commence à s'éloigner. L'étudiant est vraiment bouleversé, réellement en colère et dit: “Vous savez, vous pouvez prendre votre Dharma et vous le mettre au cul !” Le maître continue à s'éloigner, et alors il se retourne et dit: “Toi !” L'étudiant fait demi-tour et le maître dit: “Ne perds pas mon Dharma !” Alors c'était la chose la plus authentique, la plus sincère, simplement “mettez-vous le au cul !” Mais l'étudiant l'avait déjà en sa possession. C'est venu de ses entrailles, simplement en ayant confiance et en croyant en lui. Quand je repense au maître Zen Seung Sahn, c'est à cet encouragement total à croire en moi et pour chacun de nous à croire en soi. Qu'êtes vous ? Que suisje ? Qu'est-ce que cela ? Et c'est tout ce qu'il a enseigné. Au cours des années, j'ai parfois entendu les gens dirent: “Qu'allons nous faire à la mort du maître Zen Seung Sahn ? Que va-t-il arriver ?” Le fait que nous devrions être capables de simplement travailler à croire en nous-mêmes, en sachant qui nous sommes, et quoi faire... cela ne meurt pas. Il avait l'habitude de me dire : “Vous deviendrez nonne.” Je répliquais: “Et bien, ça me plaît vraiment d'être infirmière.” “Oh, il y a des tas d'infirmières. Les infirmières, on en trouve à la pelle. Combien de femmes atteignent réellement le Dharma et deviennent un maître renommé ?” Je ruminais, ruminais, ruminais. Et je suis simplement restée infirmière. Il m'a dit de ne pas faire cela, mais c'est encore mieux – c'est croire en soi. Cela vient de là ( désignant son centre, hara). Qu'êtes-vous ? Qu'est-ce que cela ? J'ai lu jadis que le signe distinctif d'un maître éminent, c'est quand ses étudiants sont plus clairs qu'il ne l'est. Vous croyez en vous et vous arrêtez d'écouter le maître et vous dites : “Que suis-je ?”, et vous faites. Vous ne cessez pas d'écouter les enseignements, c'est différent. Donc, prêtez attention, d'instant en instant, que suis-je ? C'est cela. Je suis très fière de voir tout le monde ici et très fière de cesser de ruminer, et d'être capable d'apprécier que chacun de nous vienne et reparte, et et fasse des efforts. L'autre histoire que je voulais raconter, issue de “Cendres sur le Bouddha”, concerne le moine batelier. Ces deux étudiants étaient disciples d'un maître Zen très âgé qui était mourant, et il leur donna la transmission. L'un était décrit comme étant grand, fort et large, à l'enseignement remarquable, avec une grande technique, un grand Dharma. Il reprit le temple à la mort de son maître. Il enseigna à des centaines de moines; il était tout simplement brillant, un gars formidable. Et l'autre moine était plus petit de stature, plus calme, il aimait davantage la solitude et beaucoup de gens ne le remarquaient pas du tout. De temps en temps il disait quelque chose dont les gens se souvenaient, mais il était très tranquille. Alors il décida de partir et d'assurer simplement des aller et retour en ferry, à la rame, de part et d'autre d'une rivière, dans une autre province. Il laissa pousser ses cheveux et cessa de faire le moine et d'en porter les vêtements. Il ne se maria jamais; il était toujours moine mais simplement sans signe extérieur. Avant de quitter le temple il déclara à son frère dans le Dharma: “ Je suis très différent de toi, mais un jour envoie-moi quelqu'un, un disciple, que je puisse m'acquitter de ma dette envers mon maître.” Les années passèrent, et finalement le moine qui était resté et était devenu un grand maître Zen trouva un étudiant pour ce moine, celui qui transportait simplement des gens d'un côté à l'autre de la rivière en ferry. Cet étudiant était très attaché aux mots, mais c'était quelqu'un à l'esprit très clair, et une personne épatante. Alors il partit, rencontra le moine batelier, et ils ramèrent lentement sur la rivière. Ils eurent un bref échange sur le Dharma. Ce n'étaient que des paroles. C'était bien, mais bien souvent le combat de Dharma n'est qu'une collection de mots. Finalement le moine saisit sa rame et envoya simplement l'étudiant à l'eau. Et il dit : “Tu sais, même le plus grand discours du monde est comme un pieu auquel tu attaches un âne, et il tourne et tourne encore, et cela n'atteint pas réellement la cible.” L'étudiant tentai de nager jusqu'au bateau, et le moine le rejeta à nouveau à l'eau. Et avec ce second coup de rame, cette gifle, l'esprit de l'étudiant s'ouvrit et il saisit. Il fut libéré des mots. Alors ils s'assirent simplement dans le bateau et passèrent du temps ensemble, en communion totale. Alors le moine déposa l'étudiant de l'autre côté de la rivière, rama jusqu'au milieu, renversa le bateau et ne réapparut plus jamais. Qu'est ce que l'enseignant, qu'est-ce que la disparition ? Cela n'apparaît ni ne disparaît, c'est simplement – pouvez-vous entendre, pouvezvous vous éveiller et aller au-delà des mots et ( tapant des mains ) sentir la gifle et alors faire votre travail ? Je veux vraiment remercier le maître Zen Seung Sahn. Je sais qu'il aimerait être ici maintenant, et il est ici. Je veux le remercier pour tout ce travail et pour ne pas baisser les bras. Et je souhaite que chacun de nous trouve sa voie, que ce soit voyager à l'avant d'un camion, ou quoi que ce soit que nous ayons besoin de faire, mais le faire de tout son cœur, et le faire non pour nousmêmes mais pour tous les autres. Merci beaucoup. (Élevant le bâton Zen au-dessus de sa tête ) Ce bâton… ( Frappant la table avec le bâton ) ... ce son… et votre esprit. Sont-ils identiques ou différents ? Merci. – Traduit par Pierre Gaujal This article copyright © 2008 Kwan Um School of Zen