Diane de Poitiers Diane de Poitiers Diane de

Transcription

Diane de Poitiers Diane de Poitiers Diane de
Diane de Poitiers
R
circonstances ne manque pas de finesse, ni
d’humour : « Enfin, elle a fini par vieillir ! ».
La reine pendant vingt ans fut jalouse de cette
favorite qui eut le droit d’apposer ses initiales
sur celles de son époux, qui recevait tous les
jours du courrier de son mari, quand de son côté, elle, la pauvre Catherine de Médicis se consolait âprement d’avoir une fois de temps en
temps un mot doux de son cher et tendre qui
selon les bruits qui couraient, aurait fini par lui
faire des enfants en prenant le parti de souffler
les bougies avant de passer à l’acte car la reine
n’avait pas la réputation d’être particulièrement
appétissante avec son teint olivâtre et ses cheveux plaqués à l’italienne en un chignon rigide
comme le reste de sa personne. In fine, sa vie
allait s’avérer plus austère que celle de Diane
et de ses cosmétiques fatals qui devaient l’empoisonner et la tuer à petit feu.
frais et ravissant jusqu’à un âge avancé où elle
consomme encore les amants les plus jeunes,
piégés par son apparente juvénilité. A plus de
soixante ans, on lui en donne à peine trente !
eine de beauté, assoiffée d’éternité,
Diane de Poitiers entretenait sa légendaire beauté en élixirs d’or afin d’obtenir la jeunesse éternelle et les faveurs de son royal amant : Henri II, de vingt
ans son cadet !
En qualité de Duchesse de Valentinois et
d’Etampes, l’audacieuse Diane faisait tout pour
lui plaire allant jusqu’à pratiquer intensivement
ses sports quotidiens (natation, équitation,
chasse…), se baignant chaque matin dans les
rivières d’eau glacée afin de tonifier sa peau
remarquable et son sculptural corps d’athlète.
Portrait de Diane de Poiers, François Clouet
l’on sait nombreux. Cette athlète hédoniste, séductrice, un tantinet « cougar » sur les bords
est réputée pour avoir eu de nombreux amants
jusque tardivement mais l’audacieuse, à la fois
bonne cavalière d’amant comme de monture,
est aussi une casse-cou de première catégorie.
Lors d’une séance d’équitation en 1565, soit un
an avant sa mort, elle chute et se blesse à la
jambe. Le diagnostic tombe : fracture ouverte
au tibia. Très vite, la belle est prise en charge
par son médecin royal : le chirurgien Ambroise
Paré qui avec une rare efficacité la soigne si
bien que la voilà sur pied en un éclair. Guérie,
et prête à affronter la vie, bien qu’âgée et empoisonnée à petit feu par ses cures de beauté,
elle continue à poursuivre de ses assiduités le
roi Henri II et use toujours à outrance de ses
élixirs de jouvence pour y parvenir, tant et si
bien qu’usant de ces breuvages empoisonnés
chaque matin avant d’aller courir, celle-ci finit
par s’anémier et se fragiliser au niveau osseux,
elle finit même par perdre ses dents. Sa peau
conserve cependant son cachet éternellement
Portrait de Henry II of France (1519-1559) , François Clouet
Au XVIème siècle, la belle Diane fait figure de
pionnière, devançant l’ère moderne et le culte
du corps si cher au XXIème siècle. Sa recette
de l’éternelle beauté passe par celle de l’éternelle jeunesse. Diane aime courir à Chenonceau mais également dans les jardins du château d’Anet. Il n’est pas rare d’apercevoir sa
silhouette élancée parcourir ses domaines que
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Catherine de Médicis, François Clouet
Récemment en 2008, à l’hôpital Raymond
Poincaré, les recherches du professeur Philippe
Charlier ont mis à jour de solides découvertes.
Ce chercheur a exhumé les restes présumés de
Diane de Poitiers au cimetière d’Anet pour y
pratiquer des tests toxicologiques. Les résultats
sont implacables. Empoisonnement à l’or ! Une
concentration anormale d’or a été relevée dans
les échantillons, soit cinq cents fois la valeur
moyenne de référence. La quête d’éternelle
beauté de Diane lui aura été fatale. Ses élixirs,
véritables drogues destructrices n’étaient là que
pour servir l’éphémère beauté de cette femme
obsédée d’elle-même qui stupéfiera ses profanateurs révolutionnaires lorsqu’en 1795, ceuxci poussent un cri d’effroi en voyant son corps
parfaitement conservé dans le caveau de la chapelle d’Anet…
Notons que l’écrivain Brantôme, contemporain
de la belle, évoquait déjà une cause possible
d’empoisonnement à long terme lorsqu’il évoquait ses « quelques breuvages matinaux », à
l’origine de sa mort en 1566. Pendant près de
vingt ans, la reine Catherine de Médicis,
épouse d’Henri II, dissimulera sa rancœur secrète envers cette favorite en titre du roi son
époux parce qu’elle aurait eu le droit de posséder sa propre chambre juste en dessous de celle
des époux royaux. La jalousie de la reine n’en
sera que plus grande à l’égard de cette rivale à
la fois maîtresse de son mari pendant près de
vingt ans et qui beaucoup plus âgée qu’elle,
n’en est n’était pas moins magnifique et d’une
beauté rare et inaltérable. Si bien qu’apprenant
son décès, Catherine de Médicis se pourfendra
d’un commentaire qui à l’époque et au vu des
Sophie Herfort
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