Luniforme " bleu horizon"

Transcription

Luniforme " bleu horizon"
11
h
poitiers en 1914
Jeudi 27 novembre 2014
L’uniforme “ bleu horizon ”
Pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, Gérard Simmat et Jean-Marie Augustin
nous font vivre Poitiers en 1914. Aujourd’hui, la présentation des uniformes des poilus.
E
1915, la tenue s’est adaptée
à la guerre de tranchée.
n 1914, les soldats français sont équipés de capotes de couleur dite
« gris de fer bleuté », de képis
et de pantalons rouge garance.
Très visibles de loin, ces uniformes constituent des cibles
idéales pour la mitraille allemande, lors des premières offensives. C’est pourquoi, dans
l’urgence, sont distribués des
couvre-képis et des couvrepantalons de couleur bleue afin
de dissimuler le rouge par trop
voyant, puis le commandement
militaire, au lendemain de la
victoire de la Marne, part à la
recherche d’une tenue plus appropriée. Son choix se porte
sur un drap bleu composé d’un
mélange de laine blanche (35
%), de laine bleu foncé (15 %) et
de laine bleu clair (50 %), ce qui
lui confère une tonalité bleugris.
Dans son numéro du 25 novembre, le Journal de la Vienne
rend compte du changement
opéré : « On commence à rencontrer dans les rues un assez
grand nombre de militaires vêtus d’un uniforme tout bleu, depuis le képi jusqu’au pantalon,
en passant par la capote et le
manteau.
Le soldat Albert Richard pose ici, le 15 novembre 1914, avec trois de ses camarades du 125e RI dans
la cour de la caserne Rivaud et dans la tenue spécifique du début de la guerre ; dommage que le
cliché d’origine soit en noir et blanc…
Ce sont tout simplement nos
braves petits troupiers d’infanterie et de cavalerie, les premiers revêtus de la nouvelle tenue que bientôt auront tous
leurs camarades. Mais, à notre
époque de sens pratique, ce
n’est pas ce ton si agréable à
l’œil qui a fait adopter cette
nuance bleu-gris.
Grâce à la tonalité indécise de
tous les effets, jusqu’aux
bandes molletières qui, elles
aussi, seront de la même
nuance, nos lignes de tirailleurs devien dront en core
Le soldat français en 1914 : 30 kg de barda, uniforme modèle 1877
avec capote en drap de laine gris de fer bleuté, pantalon rouge
garance type 1867, képi de modèle 1884 et fusil Lebel type 1886
modifié 1895…
moins visibles que celles des
troupes allemandes.»
Course frénétique
vers le
camouflage
«Jusqu’à douze ou quinze cents
mètres, la teinte du nouvel uniforme se confond avec l’horizon, d’où le surnom de “bleu
horizon” qu’on commence à lui
donner. Aux distances plus
rapprochées et jusque vers six
ou sept cents mètres, sa tonalité uniformément grise rend
l’appréciation de toutes distances des plus difficiles ».
En réalité, la distribution des
nouveaux uniformes prend
beaucoup de temps, le nombre
d’hommes à équiper est colossal et la fabrication va être longue. Le premier semestre 1915
est synonyme d’anarchie vestimentaire. Dans cette course
frénétique vers le camouflage,
les anciens effets côtoient les
nouveaux et pas un soldat n’est
vêtu comme son voisin.
Carte photo écrite le 30 novembre 1914, par le soldat Escaffié, et représentant le personnel de la
sous-intendance militaire de la station magasin de Poitiers.