Noyon, une ville du XVIe siècle
Transcription
Noyon, une ville du XVIe siècle
Noyon, une ville du XVIe siècle Présentation Noyon au 16e siècle connaît une transformation physique et morale : d’une part, le bâti s’enrichit de splendeurs architecturales qui font encore de nos jours le renom de la ville (l’hôtel de ville, la bibliothèque du chapitre et l’évêché). D’autre part, Noyon et ses environs forment le terreau de plusieurs générations d’hommes qui domineront le monde intellectuel : théologiens, scientifiques, musiciens, philosophes… marqueront leur époque et placeront la ville au rang des cités d’humanistes. Objectifs Cette visite souhaite présenter la vie d’une ville de province au 16e siècle à travers l’étude du bâti encore visible de nos jours, mais aussi à travers l’évocation de personnalités noyonnaises particulièrement représentatives de cette période. Si la peinture, l’architecture et la sculpture sont les traits artistiques principaux de la Renaissance noyonnaise, la philosophie, la littérature et la théologie sont les préoccupations essentielles des Noyonnais. La diffusion des idées par le livre fait l’objet d’une troisième thématique mise en pratique aux ateliers du patrimoine. Préparation de la visite Trois thématiques sont abordées au cours de cette visite : la Renaissance artistique, la Réforme à travers ses acteurs, la diffusion des idées par l’imprimerie. Pour faciliter la compréhension de cette période riche en événements politiques, artistiques et religieux, il est nécessaire d’en avoir donné les grandes lignes au préalable aux élèves. Prolongement de la visite La visite de Noyon au 16e siècle peut être complétée par un parcours dans les rues de la ville. Le centre historique et ses abords sont ainsi recommandés avec, notamment, la visite de la cathédrale et de l’ancien évêché devenu musée municipal. La lecture du livret « Noyon 2000 ans d’histoire » permettra aux élèves de comparer le apports du 16e siècle avec ceux des siècles précédents et suivants. Bibliographie ■ Collectif, Evocation du 16e siècle à Noyon, catalogue de l’exposition de 1984, 48p. ■ Collectif, La ville de Noyon, cahier de l’inventaire n°10, 1985, 243p. ■ Collectif, Jean Calvin, guide du musée, 2000, 48p. ■ Collectif, Noyon, 2000 ans d’histoire, 2000, 64p. ■ De Sars Maxime, comte, Noyon à travers l’Histoire, 1942, 355p. ■ Masson André, La bibliothèque du chapitre de Noyon et l’évangéliaire de Morienval, 1956, 24p. SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005 La Renaissance des Arts à Noyon visite de la ville Dès le début du 16e siècle, Noyon frémit au souffle du renouveau artistique. La ville sortait du Moyen Âge en parant de nouveaux atours les édifices civils et religieux. L’Hôtel de Ville Reconstruit de 1485 à 1523 par Matthieu Réaulme puis son fils Gilles, l’hôtel de ville de Noyon est contemporain de l’évêché. De style Renaissance, ce bâtiment pourvu d’un rez-de-chaussée, d’un étage et d’un grenier fut orné d’une décoration extérieure riche en animaux domestiques et sauvages sculptés sur des bandeaux. Incendié partiellement en 1552, l’hôtel de ville connut une importante restauration en 1690 sous la direction de l’architecte et inspecteur des ouvrages publics dans la généralité de Soissons, Pierre Bénard. Fortement touché lors des combats de 1918, il fut reconstruit après la Grande Guerre, sous l’autorité d’André Collin, architecte en chef des monuments historiques. La Bibliothèque du Chapitre Bâtie en 1506 pour le chapitre de la cathédrale, cette bibliothèque à pans de bois possède une architecture originale avec un rez-de-chaussée en forme de halle surmonté d’un étage. L’ancien évêché L’ancien palais épiscopal de Noyon fut en partie reconstruit de 1501 à 1525 à la demande de l’évêque Charles de Hangest. Reconstruite à l’identique au lendemain de la Grande Guerre, la façade donnant sur la rue de l’évêché rappelle ce bâtiment élevé suivant l’inspiration de la Renaissance. Edifiée en briques et pierres, la façade est ornée d’une tourelle et d’une fenêtre surmontée d’une décoration fleurie. SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005 La chapelle Notre-Dame de Bon-Secours de la cathédrale La chapelle Notre-Dame de Bon-Secours, dite alors du trépas, fut construite à l’initiative de l’évêque Charles Ier de Hangest (1501-1525) mais ne fut réalisée qu’entre 1528 et 1532 sous l’épiscopat de son successeur et neveu Jean de Hangest (1525-1577). Longue de 12m, soit l’équivalent de trois travées de la nef, pour une largeur de 6m, cette chapelle déploie une ornementation caractéristique de la Renaissance : les nervures et moulures des contreforts s’épanouissent sous les voûtes resplendissantes dites de l’Assomption, de Monseigneur de Hangest et des Sybilles. La Maison Calvin Au lendemain de la Grande Guerre, la Société d’Histoire du Protestantisme fait l’acquisition des ruines de la maison natale de Jean Calvin. Financée par souscription internationale, la reconstruction de l’édifice est confiée à l’architecte protestant Charles Letrosne (1868-1939) qui dresse les plans d’une maison dans le goût du 15e siècle avec un rez-de-chaussée en pierre et deux étages à pans de bois. Les travaux de cette maison de style « néorégional » s’effectueront entre 1927 et 1930. Le musée ouvrira ses portes en 1931. La Maison de Calvin, 1897 SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005 Un foyer de la Réforme visite du Musée Calvin Au cours du 16e siècle, de nombreux Noyonnais participèrent au mouvement de réforme qui toucha le royaume de France. La plupart d’entre eux furent contraints de quitter leur ville demeurée très catholique. Pierre Robert dit Olivétan ( ? – 1538) Fils de Jehan Robert, bourgeois de Noyon, Pierre Robert est cousin de Jean Calvin qu’il retrouve à Paris durant ses études notamment au collège du Cardinal Lemoine. En 1535, il traduit la Bible en français à partir de la traduction de Lefévre d‘Etaples qu’il corrige à partir des versions connues en hébreu et en grec. Sa Bible, préfacée par Jean Calvin, sera imprimée sur les presses de Pierre de Vingle, à Neufchâtel, dont elle est un chef d’œuvre typographique. Cette première Bible de la Réforme française, caractérisée par la suppression du clergé, servira de base aux révisions protestantes de la Bible jusqu’au 20e siècle. Bible d’Olivétan, 1535 Jean Calvin (1509-1564) Fils de Gérard Cauvin, notaire des chanoines du chapitre de Noyon, et de Jeanne Lefranc, Jean Calvin est né en 1509 à Noyon. Pourvu de bénéfices ecclésiastiques, tout comme son frère aîné Charles, Jean Calvin est chapelain de la cathédrale à l’âge de 12 ans. Après avoir fait ses humanités au collège des Capettes à Noyon puis au collège de La Marche à Paris, il quitte ses études de philosophie pour mener des études en droit à l’université d’Orléans puis de Bourges. Il côtoie durant ces années de brillants esprits. En 1532, il publie un commentaire sur le De Clementia de Sénèque. Suspecté d’avoir participé à l’écriture du discours « luthérien » de Nicolas Cop lors de la rentrée universitaire à Paris, il doit fuir la capitale puis résigne ses bénéfices à Noyon en 1534. Il trouve refuge à Strasbourg puis à Bâle où il rédige en 1535 le texte latin de l’Institution de la religion chrétienne puis les préfaces à la Bible d’Olivétan. Après un passage en France en 1536, il se rend à Genève où Guillaume Farel l’accueille. Ils rédigent ensemble l’année suivante une Instruction et Confession de foi mais seront expulsés de la ville en mai 1538. Appelé à Strasbourg par Martin Bucer, il y professera jusqu’en 1541 et y épousera Idelette de Bure. Rappelé à Genève, cité francophone, il s’y installe et fait de la ville le centre de diffusion de sa réforme. Propagateur infatigable de sa doctrine, iI luttera contre toutes les dissidences religieuses. L’espagnol Michel Servet fut ainsi brûlé comme hérétique en 1553 à Genève. Son influence s’étend au Pays-Bas, en Ecosse et en Europe Centrale. Il meurt le 27 mai 1564. Portrait de Jean Calvin Gravure de René Boyvin (v 1525 - v 1630) SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005 Laurent de Normandie (1510-1569) Petit fils de Guillaume de Normandie, procureur du roi à Noyon, et fils de Jehan de Normandie, seigneur de la Molle, Laurent de Normandie est né vers 1510 à Noyon. Après des études en droit à Orléans, le jeune licencié ès-lois exerce la profession d’avocat à Noyon. Marié à Anne de La Vacquerie en 1540, il devient lieutenant au bailliage du Vermandois mais aussi secrétaire du dauphin Henri et du roi de Navarre avant d’être élu maire de Noyon en 1546 et 1547. Ami de Jean Calvin et de Théodore de Bèze, il anime le mouvement réformiste à Noyon et accueille dans sa ville l’arrageois Jean Crespin, auteur d’un Martyrologe. La profanation d’un crucifix en 1547 puis d’une statue de saint Quirin en 1548 conduiront la bourgeoisie protestante noyonnaise à fuir leur ville. Laurent de Normandie quitte Noyon et rejoint Genève avec sa femme et ses enfants. Le registre des habitants indique : « Réception de Noble respectable et honoré Laurent de Normandie natif de la ville de Noyon en Picardie, faite 1549, le 2 mai ». Peu de temps après, son père, sa femme et l’une de ses filles décèderont. Réfugié dans la cité de Calvin, il se consacre à la profession d’imprimeur-libraire et participe de manière importante à la diffusion de la littérature réformée. Considéré en fuite par le conseiller Gayant, il fut condamné le 7 septembre 1552 à la confiscation de ses biens et à être pendu en effigie avec seize autres « déserteurs et défaillans » sur le grand marché de Noyon. En 1561, Laurent de Normandie prend part au Colloque de Poissy avec Théodore de Bèze. L’année suivante, profitant de l’édit de tolérance du 17 octobre permettant l’exercice du culte en dehors des villes fermées, Laurent de Normandie se rend à Noyon où il reçoit l’hospitalité chez son successeur au bailliage du Vermandois, Louis Chastelain. Il décède à Genève en 1569. Pierre de La Ramée dit Ramus (1515-1572) Fils du laboureur La Ramée et de Jeanne Charpentier, Pierre de La Ramée est né à Cuts en 1515. Brillant écolier, après deux tentatives d’installation à Paris, le jeune La Ramée à peine âgé de douze ans parvient à se faire admettre au collège de Navarre en qualité de domestique du sieur de la Brosse. Etudiant en plus de son travail, il suivit la classe de philosophie de Jean Hennuyer. En 1536, Ramus publie une thèse contre Aristote, maître souverain de la pensée médiévale dominant alors les collèges et Universités. Considéré comme philosophe contestataire, ce redoutable orateur deviendra célèbre en France. Enseignant aux collèges du Mans et de l’Ave Maria, il devient en 1546 principal du collège de Presles, rue de Carmes à Paris. En 1551, il est nommé lecteur royal en ce qui deviendra le Collège de France. Il y enseigne la philosophie grecque et latine et y prône l’autorité de la science et de la religion sur l’athéisme. En 1555, il écrit La Dialectique qu’il dédie au Cardinal de Lorraine. Converti au protestantisme au lendemain du Colloque de Poissy, Ramus doit quitter Paris pour Fontainebleau puis Vincennes. L’édit d’Amboise lui permet de recouvrer sa chaire du Collège royal. En 1567, il quitte de nouveau Paris et se range sous le drapeau du prince de Condé et de l’Amiral de Coligny. En 1568, il s’exile à Bâle puis à Lausanne en 1570. Après un voyage en Allemagne, il revient à Paris et prend de nouveau la direction du collège de Presles. Il publie un éloge du réformateur suisse Œcolampe, qu’il dédie au peuple bâlois. Le 26 août 1572, au cours de la Saint-Barthélemy, il fut égorgé dans son cabinet de travail, précipité du cinquième étage et traîné dans la Seine. Portrait de Laurent de Normandie « Du temps que vous étiez lieutenant du Roi à Noyon, et maire de la ville, il me faisait mal de vous voir éloigné du Christ ; maintenant je vous tiens pleinement nôtre, et vous embrasse comme au sein de l’Eglise » Jean Calvin, préface au Traité des scandales, 1550 Pierre La Ramée « Je supporte sans peine, et même avec joie, ces orages, quand je contemple dans un paisible avenir, sous l’influence d’une philosophie plus humaine, les hommes devenus meilleurs, plus policés et plus éclairés » SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005 La famille de Barbançon Né vers 1511, Michel de Barbançon est le digne héritier des Maisons de Canny et de Barbançon qui détenaient la seigneurie de Varesnes, près de Noyon. Homme de guerre, il s’illustre auprès de son roi lors des guerres contre la Savoie, le Piémont et la Flandres. Capitaine d’une compagnie de gendarme et premier feudataire de l’évêque comte de Noyon, il est aussi chambellan du duc d’Orléans lorsqu’il meurt le 15 mai 1547 à l’âge de 36 ans. Il était marié à Péronne de Pisseleu (sœur d’Anne, duchesse d’Etampes et maîtresse de François Ier) laquelle lui a donné onze enfants. Encline aux doctrines de Luther, la famille de Barbançon crée dès 1531 une « petite église » au village de Varesnes qui devient le refuge des protestants menacés. Ainsi, en 1552, après de nouvelles attaques contre des crucifix à Noyon, le Parlement est averti que des « délinquants » se retirent à Varesnes. Dix ans plus tard, en 1562, c’est à Varesnes que les protestants expulsés de Noyon trouvent refuge de même qu’en 1568 lorsque l’édit de Saint-Maur-les-Fossés interdit l’exercice de toute autre religion que la catholique. François de Barbançon, le fils aîné, épousera Antoinette Wasiers de qui il eut trois enfants. Accusé d’avoir entretenu des relations avec le chef protestant Louis Ier de Bourbon, prince de Condé, et d’entreposer des armes dans son château de Varesnes, François de Barbançon est arrêté en 1560 mais est libéré sur ordre d’autorités influentes. François de Barbançon prendra les armes et trouvera la mort sur le champ de bataille de Saint-Denis le 10 novembre 1568. Paschal de l’Estocart (vers 1539- ?) Né à Noyon vers 1539, Paschal de l’Estocart voyagera durant sa jeunesse en Italie. Le musicien sera le protégé de Guillaume de la Marck, duc de Bouillon, du Comte Jean, son frère, et de Charles III, duc de Lorraine, lequel l’appela à sa cour en 1582. Il composa pour lui les Cent Vingt-Six quatrains. Influencé par Antoine de Chandieu, pasteur parisien réfugié à Genève après la Saint Barthélemy, Paschal de l’Estocart séjournera à Bâle en 1583 chez son ami Jean de Sponde où il écrira ses Psaumes dédiés à Henri III de Navarre. Passé en 1584 au service de Nicolas de Bréhant, abbé de Valmont (près de Rouen), il remporte le prix de la harpe d’argent au concours du Puy de musique d’Evreux pour un motet à cinq voix « ecce quam bonum ». Tombeau de Michel de Barbançon construit par son fils François dans la chapelle centrale de l’abbaye d’Ourscamp dite « de tous les saints ou des Canny ». Il renfermait les restes de ses descendants. Paschal de l’Estocart Quelques émigrés noyonnais Parmi les protestants noyonnais émigrés, on note au milieu du 16e siècle la présence à Genève d’une partie de la famille de Jean Calvin et notamment son frère Antoine Cauvin, chapelain de la Gésine et de Tournerolle à Travecy et sa première épouse Anne le Fert, de même que Marie Cauvin, sa sœur. Des alliés de la famille se rendirent aussi à Genève, en l’occurrence Catherine le Fert et Nicolas le Fert mais aussi son cousin Guillaume du Bois, curé de Pont-l’Evêque (Bosius, dit Caïm). Des religieux émigreront également tels le chanoine Henri de Collemont et le chapelain Antoine de la Marlière. La plupart étaient bourgeois de Noyon, tels le maire des drapiers Nicolas Picot et son épouse, Nicolas Néret et son épouse Jacqueline Esgret, François de Montigny, Lancelot de Montigny et son épouse, Antoine d’Artois, Claude Martine, le chirurgien Christophe Lefèvre, les potiers d’étain Nicolas Néret et Mathieu Réaulme, le marchand Gilles Cullot. SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005 Noyon, une ville de livres animation aux ateliers du patrimoine Ville de robes, Noyon est au 16e siècle un centre intellectuel et théologique animé par l’évêché, le chapitre cathédral et les nombreux monastères. La Bibliothèque ou Librairie du Chapitre Le projet des chanoines de Noyon d’établir une bibliothèque apparaît dès 1422 mais ne deviendra réalité qu’en 1506. Les dons des évêques Radboad Ier (mort en 997) et Radboad II (mort en 1098) formeront le noyau de la librairie. Parmi les premiers manuscrits décrits par deux catalogues des 13e et 14e siècles figurent une Bible, les quatre Evangiles, les Actes des Apôtres, les vies des Pères du désert, un corpus canonum, deux livres des apôtres et des confesseurs, quatre livres d’homélies et cinq psautiers. Viendra s’ajouter le legs du chanoine Guillaume de Camba (mort en 1417) au chapitre des Décrétales, des Clémentines, la Somme de saint Thomas et le Miroir du Droit. L’évêque Raoul de Coucy (1415-1425), quant à lui, donnera un traité de droit civil en cinq volumes à condition de construire une bibliothèque. Au fil du temps, la Librairie du Chapitre s’enrichira de nombreux ouvrages parmi lesquels des manuscrits et des incunables pour l’essentiel théologiques. A la Révolution française, la librairie comptera environ 3.000 ouvrages. Une imprimerie nomade Malgré le potentiel intellectuel de Noyon, les premières imprimeries n’y viendront que de manière nomade. L’exemple de Jean de Tournes, né en 1504 à Noyon, le démontre : il quittera sa ville natale pour s’établir imprimeurlibraire à Lyon en 1535, où il donnera naissance à une dynastie d’éminents et de savants typographes qui poursuivront son œuvre à sa mort en 1564. Il faudra attendre la deuxième moitié du 17e siècle pour qu’un imprimeur s’installe à demeure à Noyon, initiant ainsi une histoire de l’imprimerie noyonnaise longue de trois siècles. Ecrivains et humanistes du 16e siècle Fils d’un prévôt royal de Noyon, Antoine Le Comte (dit Contius,1526-1586) fit ses humanités à Noyon puis ses études de droit à Bourges. Professeur de droit à 22 ans, il fut un célèbre jurisconsulte qui commenta de nombreux ouvrages juridiques. Nicolas de Nancel (1534-1610) fit lui aussi ses premières études à Noyon avant d’étudier au collège de Presles à Paris. Natif de Tracy-le-Mont, ce disciple de Pierre La Ramée devint lecteur, enseigna le latin, le grec et l’hébreu et suivit des études en mathématiques et en médecine. La bibliothèque du chapitre vers 1900 Marque de l’imprimeur Jean de Tournes Antoine Le Comte SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005 Médecin à Soissons (1568), à Tours (1570-1587) puis à Fontevrauld, il se distingua par son savoir universel à travers ses écrits. Il publia ainsi un « discours très ample de la peste », un « discours sur l’immortalité de l’âme », un « Vie de Ramus », une « Antologia ad microcosmon ». Charles de Bovelles (1479-1566), quant à lui, rayonna sur le Noyonnais par la diffusion de ses connaissances. Après des études à Paris au Collège du Cardinal Lemoine, ce disciple et ami de Lefèvre d’Etaples connaît très tôt la célébrité en publiant en 1501 la première géométrie imprimée en langue française. Auteur d’ouvrages de théologie et de sciences, il enseigne à Paris après de nombreux voyages en Europe. Chanoine à Noyon en 1520, il se consacre aux activités religieuses et intellectuelles publiant en 1527 un commentaire en latin de 650 proverbes en usage en son temps, en 1532 des ouvrages de philosophie et d’étymologie faisant de lui le premier grammairien picard, et en 1547 une « Géométrie pratique ». Il sera enterré dans la chartreuse du Mont-Renaud. Charles de Bovelles Activités proposées par le Service Animation du Patrimoine ► Découverte d’ouvrages originaux du 16e siècle et de leurs particularités : matière, décor de la reliure, organisation des cahiers, typographie, composition des pages, orthographe du texte, illustrations… ► Découverte de l’imprimerie au 16e siècle à partir d’une maquette d’un atelier d’imprimeur ► Initiation à la technique de l’imprimerie par la réalisation d’un texte imprimé. ► Visite du Musée Calvin avec évocation de la Réforme et du livre imprimé SERVICE EDUCATIF DU PATRIMOINE ET DES MUSEES DE NOYON Animation du Patrimoine – Jean-Yves Bonnard - Mars 2005