Cours : Le contenu des pensées et la signification des mots M. Nida
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Cours : Le contenu des pensées et la signification des mots M. Nida
1 Cours : Le contenu des pensées et la signification des mots M. Nida-Rümelin Hiver 05-06 Cours 10 Thème : A. Les noms d’espèces naturelles (suite) B. La dépendance du contenu des pensées de l’environnement (Putnam) A. Les noms d’espèces naturelles (suite) Explication de K1 (voir handout du cours 9) : Exemple 1 : On trouve une autre planète dans un autre système solaire qui est en partie couverte (comme la terre) d’un liquide transparent, sans goût et sans odeur et qui est buvable pour les êtres humains. Ce liquide tombe du ciel comme la pluie terrestre, forme des nuages, se trouve dans les lacs et les océans de cette planète. Au début on croit que c’est de l’eau. Mais les scientifiques découvrent qu’il ne s’agit pas de H20, mais d’une substance avec une structure très différente. Ils appèlent cette structure XYZ. (Variante d’un exemple de Putnam). Thèse (Kripke/ Putnam) : Le liquide sur la planète en question n’est pas de l’eau. Il serait inapproprié de l’appeler « eau ». L’argument pour cette thèse: Selon notre compréhension du mot « eau » un liquide est de l’eau si est seulement si ce liquide a la même structure scientifique cachée comme le liquide qui se trouve dans nos lacs, océans etc. sur la terre. Mais ce liquide sur la terre est H20. Donc, le liquide en question ne tombe pas dans l’extension du mot « eau ». Cet argument contient une prémisse conceptuelle (ou sémantique) et une prémisse empirique : Prémisse 1 (une thèse conceptuelle/ sémantique) : Selon notre compréhension du mot «eau » un liquide tombe dans l’extension de ce mot si et seulement si ce liquide a la même structure scientifique cachée comme le liquide sur la terre que nous appelons « eau ». Remarques : • Par rapport à cette thèse on parle de ‘essentialisme scientifique’. Explication de cette terminologie : selon cette prémisse la nature de l’eau (ce qui est essentiel de l’eau) est ‘cachée’ et peut être découverte par la science. • Par rapport à cette thèse on parle aussi de ‘l’indexicalité caché des noms d’espèce naturelles’. Explication de cette terminologie : En général, un indexical est un mot dont la référence dépend du contexte de l’usage. Exemple typique : « Je ». Selon prémisse 1, « eau » est introduit par une ostension (« ce liquide sur terre ») dont la référence dépend ‘du contexte dans lequel on fait cette ostension. A discuter : Est-ce que ceci est une bonne analogie ? S’agit-il vraiment de ‘indexicalité’ ? Prémisse 2 (thèse empirique) : La structure cachée scientifique de l’eau est celle d’être composé de H20. Conclusion : Un liquide tombe dans l’extension du mot « eau » ssi le liquide est composé de H20. 2 Remarques : • Selon la thèse en question cette conclusion est vraie aussi pour l’usage du mot « eau » avant la découverte chimique en question ! • Selon la thèse en question cette conclusion est vraie aussi pour le discours contrefactuel ! Exemple 2 : On s’imagine un monde contrefactuel dans lequel la terre est couvert d’un liquide avec les propriétés superficielles de l’eau, mais est composé de XYZ. Question : S’agit-il d’eau ? Réponse selon la thèse en question : Non. (« eau » est un désignateur rigide ; sa référence est fixée dans le monde réel et reste la même dans le discours contrefactuel). Pour décrire ce phénomène de la dépendance de la référence d’un mot du monde réel et du monde contrefactuel, on a introduit une sémantique bidimensionnelle. Feau (w1,w2) = x X serait l’extension du mot « eau » dans le monde w2 si w1 était le monde réel. (A expliquer pendant le cours) La différence entre stéréotype et les propriétés essentielles : - Dans le cas de l’eau, les propriétés de l’eau que le locuteur compétant connaît sont celles d’être buvable, transparent, ….. Ses propriétés ne déterminent pas l’extension actuelle et ne détermine pas l’extension contrefactuelle ! - Dans le cas de l’eau la propriété essentielle de l’eau est sa structure chimique. C'est-à-dire : Nécessairement( !), un liquide est de l’eau ssi ce liquide est composé de H20. A discuter : Statut épistémique et modale de « L’eau est H20 ». B. La dépendance du contenu des pensées de l’environnement (Putnam) Exemple 3 (de Putnam/ l’exemple de la terre jumelle) La terre jumelle est exactement ( !) comme la terre avec une seule différence : le liquide qui se trouve sur la terre jumelle n’est pas de l’eau mais de XYZ. Oskar sur terre pense une pensée qu’il pourrait exprimer en disant : « L’eau est buvable. » Twin-Oskar sur la terre-jumelle a une pensée qu’il pourrait exprimer en disant : « L’eau est buvable. » Thèse (Putnam) : • • Le contenu des deux pensées n’est pas le même ! La signification du mot « eau » utilisé par Oskar et du mot « eau » utilisé par Twin-Oskar n’est pas la même ! (« Meanings ain’t in the head. »)