Note synthese GT image jeunes Partie1et2

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Note synthese GT image jeunes Partie1et2
Août 2010
Note de synthèse suite aux réunions et contributions du groupe de travail
« Image des jeunes »
Groupe de travail réuni à l’initiative
du Ministre de la Jeunesse et des solidarités actives
Paris le 30 août 2010
Suite à la table ronde du 26 mai 2010 mise en place à l’initiative de Marc-Philippe Daubresse,
Ministre de la jeunesse et des solidarités actives, qui a réuni des associations de jeunesse,
d’étudiants, des organismes de cohésion sociale, des associations culturelles, a été lancé un
groupe de travail sur l’image des jeunes. Présidé par le ministère de la jeunesse et des
solidarités actives, l’objectif de ce groupe de travail est, à partir d’un état de la question et du
choix de partis pris, de proposer des mesures permettant d’améliorer l’image des jeunes, de
déconstruire les stéréotypes et de se mobiliser rapidement pour changer le regard de la société
sur sa jeunesse. Au total, le groupe de travail se sera réuni 3 fois (au cours des mois de juin,
juillet et septembre 2010).
Composition du groupe de travail : INJEP, ministère de la jeunesse et des solidarités actives,
Ministère (DJEPVA), protection civile, AFEV, ANACEJ, ANIMAFAC, Canal+, CLEMI,
Confédération étudiante, CNAJEP, CNRS, Croix Blanche, Croix Rouge, CSA, DACP,
ESG/Bondy blog, FAGE, France télévisions, Internet sans frontières, JPA, JOC, Ni putes ni
soumises, L’étudiant, LMDE, MEDEF, Mouvement Etudiant, Ouest-France, PDE,UNEF,
SPQR, USEM, Voiture &Co, la Ligue de l’enseignement
Le document présenté ci-après a été rédigé par l’INJEP et la DJEPVA sur demande du cabinet
du ministre de la jeunesse et des solidarités actives. À partir de différents éléments discutés à
l’occasion du groupe de travail, il s’agit ici de faire un point sur l’état de la question de
l’image des jeunes et de proposer des mesures pour l’améliorer. Il n’a donc pas valeur
d’exhaustivité sur une question aussi complexe.
Cette note comprend deux parties:
1. Etat de la question (INJEP)
2. Parti pris (INJEP – DJEPVA)
1. Un état de la question
La question de l’image des jeunes dans notre société revient régulièrement à l’ordre du jour.
Elle a été à nouveau largement posée à la suite de la publication de l’enquête de l’AFEV. Elle
avait fait au début des années 2000 l’objet d’un important travail du Conseil national de la
jeunesse publié par l’INJEP. Elle est une préoccupation récurrente des mouvements de jeunes
qui continue à avoir en règle générale peu d’écho. Elle n’est pas non plus propre à notre pays.
Nos voisins belges de la communauté francophone par exemple ont engagé un travail sur cette
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question1. Pour mémoire l’INEJP indiquait déjà, dans une note de 2010, consacrée à la
connaissance de la jeunesse l’importance de deux questions : l’autonomie… et « la question
de l’image des jeunes »2.
Une image négative des jeunes
C’est ce qui ressort de l’enquête de l’AFEV sur la perception que l’on a des jeunes
aujourd’hui et sur leur autonomie : 49 % des Français ont une image d’eux très négative, soit
une personne sur deux. Constance de l’opinion française dans sa perception des jeunes, une
enquête sur leur engagement dans la vie publique en 2009 menée également par l’AFEV avait
déjà révélé un jugement très sévère de la population: 51 % avaient alors une forte défiance à
leur égard.
« Dans cette nouvelle étude, la société apparaît non seulement encore fâchée avec sa jeunesse,
qu’elle estime « individualiste et peu tolérante », mais aussi très dépendante des ressources
parentales. Peu enclins à se prendre en main, selon 62 % des Français, les 15-25 ans passent
pour inactifs et irresponsables dans leurs comportements, pour 56 %, et se distinguent à leurs
yeux par un cruel manque de lucidité qui fait reculer leur autonomisation et leur insertion
dans la société ». Elle dégage un certain nombre de stéréotypes : « individualistes »,
« intolérants », « assistés », « peu lucides ».
Une idée qu’il faut relativiser
Les résultats de cette enquête semblent cependant devoir être relativisés. Si 50 % n’ont pas
confiance, à peu près autant ont confiance dans les jeunes (4 % en ont une image très positive
et 47 % plutôt positive soit 51% d’opinions plutôt favorables) : 61 % pensent qu’ils sont
créatifs et inventifs, 65 % qu’ils s’adaptent facilement, 59 % que nous avons des valeurs
partagées et même 83 % que « la relation avec la jeunesse est enrichissante ».
Les résultats de ce sondage semblent par ailleurs démentis par un sondage plus ancien réalisé
en 2009 pour MSN qui faisait apparaître que 70 % des Français auraient une image positive
de la jeunesse (23 % d’opinions très positives et 45 % d’assez positives). Alors où est la
vérité ? Première hypothèse : dans la mesure où ces sondages ont été faits à un an d’écart, il y
a une dégradation dans le temps de l’image des jeunes. En fait si l’on s’attache à une lecture
plus fine des enquêtes, on s’aperçoit que si le sondage de 2009 fait apparaître une image
positive des jeunes c’est que la question posée ne portait pas sur les « jeunes » mais sur la
« jeunesse » en général : « Diriez-vous que la jeunesse évoque pour vous quelque chose de
très positif, d’assez positif, d’assez négatif ou de très négatif ? »
1
.« Le 22 oct. 2009, la direction de l'Egalité des chances du Ministère de la Communauté française de Belgique lance une
enquête sur les Stéréotypes et représentation des jeunes, http://eduquerauxmedias.over-blog.com/article-stereotypes-etrepresentation-des-jeunes-37976407.htm
Une rapide enquête sur le Net fait apparaître des interrogations similaires et récurrentes dans des pays comme la GrandeBretagne, le Canada ou l’Australie.
Pour le Canada : « L'image stéréotypée des jeunes. Comment notre vision de la jeunesse est influencée par les stéréotypes des
médias », www.media-awareness.ca/.../stéréotypes/image_stereotypee_jeunes.cfm
Grande Bretagne : « It seems that we can only be interesting if we are smoking, snorting or stabbing »
www.guardian.co.uk/society/2009/apr/15/stereotypes-young-people
Australie : « Portrayal of young people by the media »
http://www.actnow.com.au/Issues/Portrayal_of_young_people_by_the_media.aspx
2
Jean-Claude Richez, Connaissance de la jeunesse aujourd’hui. Synthèse du rapport, p. 3, INJEP, 2007 et Connaissance de
la jeunesse aujourd’hui, INJEP, 2007.
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Les résultats divergents des deux études confirment qu’en règle générale le mot jeunesse est
connoté positivement et celui de jeunes négativement, cette différence peut permettre
également de rendre compte de certaines variations dans l’enquête pour l’AFEV. Quand nous
avons 83 % de réponses favorables à la question « La relation avec la jeunesse (c’est nous qui
soulignons) est enrichissante » : connotation négative du mot « jeunes » et positive du mot
« jeunesse ». C’est une opposition déjà relevée par Gérard Mauger qui notait que le mot
« jeunesse » est la plupart du temps utilisé avec une connotation très positive, l’emploi du mot
« jeune » est beaucoup plus problématique3. Les stéréotypes n’en restent pas moins résistants
au vu des opinions négatives sur « les jeunes ».
Pérennité et universalité de ces représentations négatives
On ne saurait perdre de vue que cette image négative de la jeunesse n’est pas particulièrement
propre à notre société. Elle est largement partagée dans le monde et est une donnée historique
familière.
Un rapide sondage sur internet met en évidence que cette question se pose aujourd’hui à nos
voisins espagnols ou portugais comme britanniques ou allemands et nous la retrouvons de
l’autre côté des mers aussi bien aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil ou encore en Australie.
Il ne s’agit donc pas d’un phénomène purement national.
Il est également récurrent du point de vue historique. Sans remonter à Babylone, « la jeunesse
d’aujourd’hui n’égalera jamais celle d’autrefois » ou à Socrate « les jeunes d’aujourd’hui
aiment le luxe, sont mal élevés, méprisent l’autorité (…) et bavardent au lieu de travailler4 ».
L’historienne Ludivine Bantigny notait, commentant les résultats de l’enquête de l’AFEV5 :
« Ces chiffres ne me surprennent pas. Je suis plus frappée par l’équilibre strict entre les
Français qui disent avoir un regard positif et ceux qui avouent un regard négatif : c’est
vraiment une tendance structurelle, tout au long du 20e siècle. À la fois le regard sur une
jeunesse saine, porteuse d’avenir, de régénération – un mot qui contient en lui-même le rappel
des nouvelles générations. Et en même temps cette image contraire d’une jeunesse
inquiétante, menaçante, dit beaucoup sur une société inquiète pour son avenir. On peut penser
aux “Apaches” des années 1900-1910, aux “blousons noirs” dans les années 50 puis aux
“loubards”. Aujourd’hui, aux “casseurs”… ».
Le facteur « crise » joue également très certainement.
Avec la sociologue Cécile Van de Velde, nous pouvons d’abord retenir que « la perception de
la jeunesse est toujours plus négative en cas de crise : les jeunes font d’autant plus peur quand
le changement social semble menaçant (…). Pour autant, le rapport individuel au jeune, dans
son acception familiale, reste très fort. Regard paternaliste, regard méfiant, c’est un schéma
ambivalent qui a toujours existé6 ».
Jeunesse perçue et jeunesse réelle, quelques éléments de situation
Cette perception négative renvoie à un certain nombre d’éléments objectifs : manque
d’autonomie, permanence de la cohabitation chez les parents, dépendance des aides
familiales. « Le manque d’autonomie des jeunes, écrit Cécile Van de Velde, renvoie à leur
3
Gérard Mauger, « Formes et fonctions des discours sur la jeunesse », dans François Proust, Les jeunes et les autres, CRIV,
1986.
4
Cité par Anne van Laethem, « Une jeunesse qui s’investit » dans Afev 2010, op. cit.
5
Ludivine Bantigny, « La mauvaise image des jeunes, une tendance structurelle » dans Afev, op. cit.
6
Citée dans Delphine de Mallevoüe, « Un Français sur deux a un regard négatif sur les jeunes », lefigaro.fr, 31/03/2010.
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sédentarisation, de plus en plus forte. Les jeunes adultes, dont 50 % vivent encore au domicile
familial à 23 ans, bénéficient non seulement de leur toit de plus en plus longtemps mais aussi
de leur soutien financier qui, bien souvent, se poursuit même au-delà. Une dépendance
condamnée par l’opinion qui pense à 73 % que l’accès à l’autonomie serait favorisé si les
aides publiques accordées aux familles, notamment les allocations familiales, étaient
directement attribuées aux jeunes quand ils deviennent majeurs7 ».
Cette réalité interroge comme le souligne encore Cécile Van de Velde notre « modèle
français » : « le modèle français a des effets pervers: la solidarité familiale est à la fois un filet
de sécurité pour les jeunes, bien qu’elle fasse perdurer les inégalités, mais aussi un frein à leur
indépendance.8 »
Ce « modèle » alimente certainement de nombreuses incompréhensions et renforce ce
sentiment chez les jeunes. Retenons pour mémoire trois questions : l’engagement des jeunes,
le rapport au respect, le rapport au travail.
« Les jeunes ne s’engageraient pas » : en fait ils s’engagent mais autrement que dans les
formes classiques de l’engagement politique, syndical, voir associatif. Cependant par ailleurs
un jeune sur deux en dessous de 25 ans consacre du temps volontaire ou bénévole à une
action de solidarité nationale ou internationale, action éducative, sportive, culturelle, sociale
ou sanitaire. C’est la classe d’âge qui lui consacre le plus de temps !!! Cependant ces
engagements ne se traduisent pas nécessairement par l’adhésion à une association. Avec 40%
ils arrivent cependant juste derrière les seniors (43%) et avant toutes les autres classes d’âge.
Il apparaît aussi que les jeunes se voient rarement confiés des responsabilités (6% seulement)
alors qu’ils représentent 78% des pratiquants et que d’une façon générale la balance actifs /
simples adhérents est beaucoup plus importante chez les jeunes que dans tous les autres
classes d’âge (La moyenne globale est de 55% d’actifs pour 34% de simples adhérents). En
deux mots les jeunes lorsqu’ils sont membres d’une association sont en général actifs mais
sous représentés dans les instances dirigeantes.9
« Les jeunes manqueraient de respect » : paradoxalement le respect apparaît pourtant
comme une valeur particulièrement prisée par les jeunes, associée à l’égalité et à la solidarité.
Cependant quand les jeunes convoquent le respect comme valeur fondamentale ils ne le
prennent pas exactement dans les mêmes termes. Le respect est d’abord celui des individus,
au respect mutuel de chacun sur un pied d’égalité avec une forte dimension contractuelle, de
respect mutuel. Il est notamment fortement associé à la lutte contre les discriminations. « Elle
fait partie intrinsèque de ce fondement qu’est le respect ». Au delà, à l’interpellation sur la
violence ils répondent : « Paix et respect ». Les travaux de Bernard Eme sur les jeunes au
travail mettent en évidence que les jeunes au travail sont d’abord en quête de respect, « qu’ils
sont en attente de reconnaissance10.
7
Ibid.
Ibid. Sur cette question du « modèle français » on se reportera au dossier remarquable dirigé par André Masson, Le choc
des générations, dans Regards croisés sur l’économie, n° 7, mai 2010, La Découverte.
8
9
INSEE, Enquête permanente sur les conditions en 2004, « Taux d’adhésion à au moins une association
selon l’âge », « Degré de participation à la vie associative selon l’âge ».
10
Bernard Eme, « Jeunes salariés en quête de respect », Sciences humaines, n°172, juin 2006 et Bernard Eme
et alii, Identités au travail des jeunes dans trois entreprises, archipel identitaire et désir de trajectoire, (enquête
menée auprès de Adia-France, La Poste et PSA-Peugeot-Citroën, 2005.
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« Les jeunes ne voudraient pas travailler » : rappelons tout d’abord pour mémoire que la
situation de l’emploi ne leur est pas nécessairement favorable et que les spécificités de notre
marché du travail, plus protecteurs pour les salariés en CDI déjà bien intégrés, tendent à faire
de la jeunesse une variable d’ajustement de celui-ci… Le travail reste cependant pour les
jeunes comme pour le reste de la société la première valeur après la famille et avant l’amitié.
Il constitue chez les jeunes comme dans les autres classes d’âge l’un des pôles sur lesquels se
construit l’identité sociale des individus. On note cependant chez les jeunes un glissement. La
valeur travail représente désormais chez les jeunes moins la réalisation de soi, le sentiment de
réussite, la responsabilité, mais davantage la dimension matérielle d’une activité attachée aux
salaires, aux horaires, à la sécurité de l’emploi. Une enquête BVA « Les jeunes et l’entreprise
mettait en évidence que les jeunes dans leur recherche d’un emploi étaient surtout guidés par
« l’intérêt du travail proposé », qu’ils sont « conscients de la nécessité d’être mobiles »11. On
peut aussi noter pour exemple, que chez les étudiants, près de 40% travaillent pour financer
leurs études et que 20% d’entre eux travaillent au minimum à mi-temps tout au long de
l’année…
Le ressenti des jeunes
Les jeunes en général font preuve d’une extrême sensibilité à l’image que leur renvoie la
société. Au delà du « jeunisme » essentiellement exploité par le discours publicitaire, voire
exacerbé par celui-ci, on remarque l’attachement des jeunes au respect et au delà à la
reconnaissance. Ils sont sensible aux logiques de confiance plutôt que de défiance, qu’ils
perçoivent comme étant malheureusement leur lot quotidien. Les travaux de Bernard Eme sur
les jeunes en entreprise soulignent que « les jeunes en entreprise mettent à jour différentes
formes de reconnaissance négative, telle l’annihilation ou l’ « invisibilisation ». L’action du
MEDEF autour de l’image des jeunes rend compte d’une prise de conscience de cette donne.
Les associations et mouvements de jeunesse comme le CNJ se font régulièrement l’écho de
ces préoccupations. Associations et mouvements ont tant au niveau national que local engagés
des initiatives autour de ces questions dont le groupe de travail s’est fait l’écho. La question
de l’image des jeunes dans notre société revient régulièrement à l’ordre du jour. Elle a été à
nouveau largement posée à la suite de la publication de l’enquête de l’AFEV. Elle avait fait
au début des années 2000 l’objet d’un important travail du Conseil national de la jeunesse
publié par l’INJEP. Elle a fait dans un premier temps l’objet du rapport « Image des jeunes
dans les médias » publié par l’INJEP en 2002. Elle figure également comme question ayant
fait l’objet de travaux dans les rapports d’activité du CNJ de 2002/2003 « Comment améliorer
l’accès des jeunes aux médias ? La prise en compte de leur parole ? De leur image ? (p.16 et
sq.), et « Favoriser l’entrée des jeunes dans les médias » en 2005/2006 (pp. 27 et sq.) dans une
perspective plus centrée sur l’éducation aux médias.
11
« Les jeunes et l’entreprise », Baromètre BVA / ESSCA en partenariat avec le quotidien Les Echos, 11 mars
2004.
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2. Partis pris
Nous reprenons ici un certain nombre de points qui ont fait consensus ou au moins l’objet
d’un large accord au sein du groupe de travail. Nous les avons repris ensuite dans le cadre des
recommandations.
Question d’image, question de société
S’il y a une question d’image des jeunes, les jeunes ne sont pas seulement une question
d’images et cette question renvoie fondamentalement à une situation sociale, à la place qui est
faite ou qui n’est pas faite aux jeunes dans notre société. La « mauvaise » image des jeunes
peut être interprétée comme une réaction de défense, une place que l’on ne voudrait pas leur
faire.
Logique de confiance versus défiance
Pour modifier l’image des jeunes, la faire changer « Il faut passer d’une société de défiance à
une société de confiance », à des logiques qui considèrent la jeunesse d’abord comme une
ressource et non pas comme un danger, une difficulté, un problème.
Déconstruire les stéréotypes
Si l’on revient à l’image des jeunes proprement dite, celle-ci est largement nourrie par un
certain nombre de stéréotypes. Les stéréotypes les plus souvent relevés par le groupe de
travail sont :
Ne prennent pas de responsabilité, ne s'engagent pas, individualistes, manquent de respect, ne
veulent pas travailler, violents.
Tous ces stéréotypes appellent à la fois un travail de déconstruction, de mise en rapport de ces
stéréotypes avec les réalités qu’elles occultent ou travestissent et appellent de façon plus
générale un meilleur partage des connaissances autour de la jeunesse et des questions de
jeunesse.
Question de visibilité
De façon plus générale, la lutte contre les stéréotypes appelle à une plus grande visibilité des
jeunes, notamment dans les médias. C’est notamment la façon dont aujourd’hui cette question
est traitée au Canada ou en Espagne. On considère au Canada que la question de l’image des
jeunes doit être abordée par une démarche semblable à celle utilisée pour les « minorités »
que sont les indiens, les « gays », les femmes… En Espagne, on privilégie la promotion de
bonnes pratiques et il a même été élaboré un manuel de bonnes pratiques autour des questions
d’image des jeunes.
Question de place
La question de la place, c’est la question que tous les membres du groupe de travail ont été,
d’une façon ou d’une autre, amenés à poser. Pour mémoire, le MEDEF a publié pour ses
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membres une plaquette intitulée « Place aux jeunes »12. La question de la visibilité est
inséparable de la question de la place qui est faite ou pas aux jeunes dans l’espace public : où
peuvent-ils se retrouver, se réunir, se rassembler, quels espaces sont à leur disposition ?
Question que soulève fortement par ailleurs le phénomène des « apéros géants ». Et au-delà,
de façon plus générale : quelle place notre société leur fait-elle ? Quel partage des ressources
entre générations ? C’est bien le paradoxe d’une société qui d’une part développe un véritable
culte de la jeunesse à travers notamment les messages véhiculés par la publicité, principal
vecteur du jeunisme, et une image plutôt négative des jeunes de la société « adulte » ?
« Jeunesse active »
Une autre façon de lutter contre la mauvaise image des jeunes c’est de donner une place plus
importante à la jeunesse qui bouge, qui s’engage, qui prend des initiatives, que ce soit dans le
monde du sport, de la culture, de l’humanitaire ou de l’entreprise en prenant garde cependant
de ne pas opposer bons jeunes et mauvais jeunes, ceux qui bougent à ceux qui seraient passifs
et instaurer un rééquilibrage de la situation sans aller jusqu’à un encensement des jeunes.
Il s’agit d’avantage de faire la démonstration par l’exemple de la réalité de la jeunesse
d’aujourd’hui pour sortir des fantasmes de la société à leur égard. Plus qu’un discours, il faut
« donner à voir » les multiples visages de la jeunesse d’aujourd’hui : jeunes engagés, jeunes
entrepreneurs, jeunes chercheurs, jeunes élus…
Stigmatisation
Sans relâche, doit être poursuivie la lutte contre la stigmatisation des jeunes à travers un
travail de déconstruction des stéréotypes et de « visibilisation » des jeunes dans les médias.
La nouvelle donne du numérique
Le numérique contribue à bouleverser le paysage médiatique et les modalités de socialisation.
C’est une nouvelle donne qui est à prendre en compte. Les jeunes et les associations de jeunes
s’en sont souvent emparés dans le but de donner une autre image, une image positive en
utilisant aussi bien les possibilités nouvelles en termes de communication (réseaux sociaux
notamment) que de production d’images (images numériques). Cette dynamique ouvre les
questions d’une ré-articulation de ces formes nouvelles dont les jeunes se sont emparés ; de la
communication (médias traditionnels) et de la diffusion d’image (ciné, télévision) institués.
12
Disponible sur http://publications.medef.com/ebook/plaquette/PAJ/show.html.
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