La Dengue - IRD Martinique
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La Dengue - IRD Martinique
E xpertise collégiale Présentation de l’expertise La Dengue réalisée par l’IRD à la demande des Conseils généraux de Martinique, de Guadeloupe, et de Guyane et du ministère français de la Santé. Le collège des experts Président André Yébakima (Service de démoustication – Martinique) Chef de projet Bernard Philippon (IRD – Paris) Rapporteur Raymond Corriveau (Université du Québec à Trois-Rivières Québec – Canada) Experts : Philippe Barbazan (IRD – Montpellier) Alain Blateau (CIRE Antilles-Guyane – Fort de France) Diego Buriot (OMS – Lyon) André Cabié (CHU – Fort de France) Pascal Chaud (CIRE Antilles-Guyane – Fort de France) Serge Domi (Fort de France) Anna-Bella Failloux (Institut Pasteur – Paris) Jean-Paul Gonzalez (IRD – Thaïlande) Pierre Guillet (OMS – Genève) Jean-Pierre Hervé (IRD – Montpellier) Bruno Hubert (DDASS – Rennes) Michel Strobel (Institut francophone de médecine tropicale – Laos) dans les départements français d’Amérique Peut-on optimiser la lutte contre cette maladie ? L a dengue est une maladie véhiculée par certains moustiques ; dans les Caraïbes, le moustique vecteur est Aedes aegypti. C’est une des maladies à vecteur les plus répandues dans le monde. Les deux cinquièmes de la population mondiale, soit environ 2,5 milliards de personnes, sont désormais exposés au risque. La dengue est en progression partout sur la planète. D’après l’OMS, il y aurait 50 millions de cas, avec plus de 30 000 décès annuels. Des formes graves, hémorragiques ou compliquées, sont de plus en plus fréquemment signalées en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud. La maladie est maintenant endémique dans plus de cent pays, notamment dans les Amériques (y compris la Caraïbe) et en Asie du Sud-Est. C’est dans ce contexte qu’une expertise a été engagée par l’IRD à la demande des autorités concernées des trois départements français d’Amérique (Conseils généraux de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane) et du ministère de la Santé. L’objectif est d’éclairer les autorités publiques et la population de ces départements. Pas plus qu’ailleurs dans le monde, les moyens actuellement mis en œuvre dans la région n’ont permis jusqu’ici d’enrayer le développement de la maladie. Selon le principe retenu pour les expertises collégiales de l’IRD, les questions posées aux experts ont été définies en commun entre responsables des organismes demandeurs et scientifiques, lors d’un atelier initial tenu à Fort-de-France. Ces questions portent sur l’ensemble des approches de la maladie (entomologique, épidémiologique, clinique), ainsi que sur le système d’information et les impacts socio-économiques de la maladie. Le panel d’experts a été composé de quatre entomologistes, deux cliniciens, trois épidémiologistes, un virologue et un sociologue. Le rapport publié aujourd’hui par IRD Editions est organisé autour des réponses que les connaissances les plus actuelles permettent de donner aux onze questions dégagées dans le cahier des charges (voir encadré). De fait, l’expertise permet également de faire la part de ce qu’on sait de façon claire et de ce que devraient apporter des systèmes d’information plus performants ou des recherches nouvelles. « IRD Éditions » publie dans sa collection « Expertise collégiale » le rapport sur la Dengue dans les départements français d’Amérique (coordination : André Yébakima, Bernard Philippon, Raymond Corriveau), brièvement présenté dans ce document. La première partie (synthèse) du rapport est présentée dans l'ouvrage en français et en anglais et la deuxième partie (chapitres analytiques), sur CD-Rom. Commandes : [email protected] Prix 15 € La dengue : un vecteur « domestique », des manifestations morbides banales, des formes graves difficiles à prédire L e vecteur de la dengue, Aedes aegypti, est un moustique dit « domestique », car il se développe essentiellement dans diverses collections d’eau propre créées par l’homme dans son environnement domestique : vases à fleurs, réserves pour l’eau propre, citernes, récipients usagés abandonnés, vieux pneus, coques de noix de coco, abreuvoirs à volailles, déchets divers, etc. Le virus de la dengue présente quatre sérotypes très proches. Cependant, si une personne atteinte par le virus est immunisée durablement contre le sérotype qui a provoqué l’infection, elle ne bénéficie que d’une immunité passagère et partielle contre les trois autres. Ce virus est inoculé à l’homme par la piqûre d’un moustique femelle. Le moustique adulte peut vivre pendant un à deux mois. Une femelle infectée conserve le virus pendant toute sa vie et elle peut même le transmettre à sa descendance. L’homme constitue le seul réservoir connu du virus de la dengue. Chez l’homme, la dengue se manifeste sous deux formes principales. La forme « bénigne» comporte une forte fièvre à début brutal, des céphalées, des myalgies et des arthralgies. Les formes sévères ou graves, dont la forme hémorragique, peuvent être mortelles et constituent actuellement une des premières causes de mortalité infantile dans la plupart des pays du Sud-Est asiatique. Le diagnostic de certitude de la dengue nécessite des prélèvements biologiques et des analyses en laboratoire. Les mécanismes d’apparition de la dengue hémorragique et des autres formes sévères de dengue sont controversés. Jusqu’à présent, on n’a pas véritablement pu identifier de facteurs permettant d’évaluer le risque d’évolution d’une dengue « banale » vers une dengue sévère, ou de prédire la fréquence et la létalité des cas de dengue sévère au cours d’une épidémie. Les dengues sévères sont polymorphes ainsi que les signes présomptifs. Seule une grande vigilance du médecin traitant dans l’observation du tableau clinique peut lui permettre, dans les premiers jours de l’épisode fébrile, d’intervenir pour déclencher la prise en charge symptomatique, en milieu hospitalier, de manifestations qui peuvent accompagner des formes sévères de dengue. Mais encore faut-il que le médecin soit consulté, or la bénignité initiale des symptômes peut dissuader le patient de le faire comme d’accepter la surveillance nécessaire. Les personnes atteintes par la dengue, même dans une forme bénigne, peuvent être dans l’incapacité de vaquer à leurs occupations pendant plusieurs semaines, de sorte que les conséquences socio-économiques de la dengue sont importantes, en particulier en termes d’absentéisme. Elles sont insuffisamment étudiées. Les outils actuels de lutte contre la dengue dans les DFA ont une efficacité limitée I l n’existe actuellement ni vaccin contre la dengue, ni médicament spécifique. Le principal moyen d’éviter une épidémie est de lutter contre le vecteur, en supprimant ou en traitant les gîtes larvaires. Toute la population peut contribuer utilement à la lutte antivectorielle par quelques gestes simples : éviter et éliminer tout ce qui peut retenir inutilement l’eau autour de la maison, changer l’eau des vases à fleurs (deux fois par semaine) ; empêcher le moustique d’avoir accès à l’eau de réserve en couvrant soigneusement les récipients de stockage… Toutefois, les populations concernées sont actuellement peu motivées par cette lutte et peu mobilisées car ce moustique ne constitue généralement pas une nuisance suffisante. Des actions publiques de lutte contre Aedes aegypti ont été mises en place par le ministère de la Santé dans les DFA en 1968 dans la perspective de l’éradiquer. Ces actions reposent sur des systèmes de surveillance, des traitements insecticides (larvicides, pulvérisations) et des actions quotidiennes au contact de la population pour éliminer les réservoirs potentiels d’eaux stagnantes domestiques. Aujourd’hui, il est admis que l’objectif d’éradication du vecteur est illusoire et on préfère parler de contrôle. Toutes les actions menées rencontrent en effet des limites sérieuses : Les systèmes actuels de surveillance de la dengue, fondés sur un recueil des données auprès de réseaux sentinelles de médecins libéraux (Guadeloupe, Martinique) et des laboratoires réalisant des sérologies, ne sont pas assez sensibles et exhaustifs. ● Les tentatives de prévision de la survenue, de l’ampleur et de la gravité des épidémies se sont montrées inopérantes. ● Les modes d’organisation des actions quotidiennes de lutte varient selon les départements, ce qui complique l’action au niveau régional (voir encadré) ● Les services de lutte contre les moustiques cherchent à impliquer les communautés en faisant des visites domiciliaires, des réunions publiques d’information, des journées événements, des opérations d’enlèvement d’objets pouvant former des gîtes, des formations dans les écoles mais il s’agit là d’un investissement sur le long terme dont les retombées immédiates sont très limitées. ● La prévention repose aujourd’hui essentiellement sur le repérage et la destruction des gîtes larvaires, le traitement chimique des gîtes utiles pour la population (réserves d’eau), des pulvérisations spatiales de produits insecticides. Ces actions manquent d’indicateurs opérationnels permettant de cibler les interventions et d’outils performants pour évaluer leur impact sur la prévention ou le contrôle des épidémies. Les pulvérisations d’insecticides, en particulier, qui visent les moustiques adultes, n’ont pas nécessairement l’efficacité escomptée et leur impact entomologique n’est presque jamais évalué. Par ailleurs, à plus ou moins long terme, la lutte chimique entraîne le développement de résistances des insectes cibles. Dans la Caraïbe, l’efficacité du téméphos, insecticide dont les propriétés d’applicabilité, de spécificité, de rémanence sont très intéressantes, a considérablement diminué au cours des vingt dernières années. A terme, une menace pèse sur le téméphos comme outil de prédilection de lutte contre le vecteur de la dengue, utilisé seul ou en alternance avec d’autres insecticides : les DFA, en tant que départements français, sont soumis à la législation européenne dont un projet prévoit l’interdiction des insecticides chimiques dans la lutte contre les moustiques. Une demande de dérogation a été introduite pour ce produit auprès du Parlement européen. ● Les questions posées aux experts (résumé) : La lutte antivectorielle Comment définir des indicateurs pertinents de détection précoce des risques épidémiques ? Quel est le rôle de la participation communautaire ? Les cyclones ont-ils des conséquences sur la dengue ? La surveillance épidémiologique Quels objectifs assigner à un système de surveillance et d’alerte? Comment déterminer des seuils d’intervention ? De quels outils de détection et de caractérisation des virus a-t-on besoin ? La clinique La recherche sur les mécanismes physiopathologiques des formes sévères de la dengue peut-elle améliorer la prise en charge? Les facteurs organisationnels et systèmes d’information Qu’attendre d’un système d’alerte, de procédures standardisées de circulation de l’information, d’une information de la population ? Qu’attendre d’un réseau d’échanges et d’information entre pays de la Caraïbe ? Qu’attendre des nouvelles technologies de l’information ? Impact économique de la maladie Peut-on évaluer les conséquences des épidémies ? Conclusions et recommandations Cinq principes stratégiques de la lutte insecticide contre Aedes aegypti L Concentrer les traitements sur les gîtes les plus productifs et planifier les traitements pendant la période à laquelle les populations de moustiques sont les moins abondantes, juste avant la saison de transmission. es perspectives à court ou moyen terme concernant la mise au point de vaccins ou de médicaments ne permettent pas d’envisager de transformation profonde des stratégies de lutte contre la dengue. La seule perspective immédiate d’amélioration du contrôle de la dengue réside dans le renforcement des actions de lutte contre le vecteur, impliquant les personnels spécialisés, mais aussi la communauté elle-même. En attendant, l’amélioration de la prise en charge des malades est une nécessité. Cinq types d’intervention sont susceptibles d’améliorer la lutte contre le vecteur : 1 Développer la participation communautaire à la prévention Dans les DFA, les communautés d’habitants peuvent être mobilisées par différents types de structures, qui peuvent devenir des partenaires Pratiquer de préférence la « démoustication généralisée » c’est-à-dire contrôler la nuisance engendrée par tous les moustiques, quels que soient leur espèce et leur rôle éventuel de vecteur. Promouvoir une « lutte intégrée ». La lutte contre Aedes aegypti suppose la mise en œuvre simultanée et coordonnée d’un ensemble de mesures qui, prises séparément, ne montreraient peut-être pas une efficacité suffisante. Obtenir la participation active des individus et des collectivités, fondée sur une connaissance et une prise de conscience des problèmes, et, en particulier éliminer les déchets domestiques et les épaves. S’appuyer sur une communication « moderne » : il faut faire appel aux professionnels de la communication pour organiser des campagnes de sensibilisation structurées et innovantes. Des responsabilités administratives à géométrie variable : Depuis la loi de décentralisation de 1983, les services de l’Etat sont chargés de la lutte antivectorielle, les collectivités locales de la lutte contre les insectes nuisibles. En Guadeloupe (en pratique dans les DFA), la lutte contre les moustiques porteurs de la dengue dépend uniquement des services de l’État. En Guyane, elles relèvent du Conseil général pour les interventions de terrain et de l’institut Pasteur de Cayenne pour leur supervision et pour la recherche entomologique. En Martinique, une action de démoustication « généralisée » associe l’Etat et le Conseil général dans le cadre d’une convention de mise en commun des moyens humains et matériels. Les activités de surveillance relèvent, au niveau régional, de la Cellule inter-régionale d’épidémiologie (CIRE) de la région Antilles-Guyane. Un réseau d’information et d’intervention qui doit inclure: ● Les agents chargés des actions quotidiennes de lutte contre la dengue, en relation quotidienne avec la population pour la surveillance et la destruction des gîtes ● Les médecins libéraux, notamment les généralistes, ● Les laboratoires d’analyse virologique, ● Les établissements hospitaliers (services d’urgence, des maladies infectieuses et de biologie) ● Les organismes d’éducation sanitaire, ● Ainsi que des partenaires de proximité (services techniques et sanitaires des communes, associations…). Aedes aegypti. © IRD / Jean-Paul Hervy Mettre en place des outils de surveillance des pouvoirs publics dans la lutte contre la dengue : peuvent être associés à cette lutte à la fois des personnalités particulières (habitants relais, élus municipaux, leaders de quartiers, de paroisses), des associations (groupes formels et informels, associations à vocations locales ou plus étendues), des institutions officielles (l’école en premier lieu, les municipalités, mais également les médias par ex.). Ces différents agents peuvent être de très bons relais en assurant la réception ou la retransmission des données, le suivi d’une expérimentation ou d’une action pilote, en facilitant et accompagnant des démarches d’éducation, et in fine, en contribuant à transformer les perceptions et les comportements. Il est essentiel de ne pas négliger la participation des groupes informels. Des actions intéressantes en association avec ces partenaires ont déjà été lancées (voir encadré), mais elles sont peu efficaces face à une population trop faiblement sensibilisée et motivée. Portées notamment par des moyens médiatiques bien adaptés et ciblés, de telles actions pourraient contribuer significativement à l’élimination des gîtes larvaires dans et hors des propriétés, dans les espaces communs ou non lotis des périmètres urbains et péri-urbains. 2 Organiser la surveillance épidémiologique et les systèmes d’alerte, en s’appuyant sur les progrès de la technologie de recueil d’information, dans le cadre d’une coordination interdépartementale et régionale renforcée Recueil, transmission et analyse intégrée des données, puis circulation des informations validées, sont aujourd’hui des conditions essentielles pour améliorer la réactivité, la fiabilité et la cohérence des systèmes de veille et d’intervention. L’organisation de ces fonctions devrait apparaître comme une priorité pour organiser une lutte efficace contre la dengue dans les DFA. Un service de surveillance participant à la lutte contre la dengue devrait : ● fournir à son unité de lutte antivectorielle, quasiment en temps réel, des indications permettant à celle-ci de déclencher et d’orienter les opérations de destruction du vecteur ; ● produire des informations pertinentes, assimilables et utilisables par les populations elles-mêmes ; ● faire un retour d’information auprès des services et personnes participant au dépistage et à la prise en charge de la dengue, pour faciliter les actions locales et pour soutenir la motivation des fournisseurs d’information à s’impliquer dans l’effort général. © Service de Démoustication de la Martinique Lutte contre la dengue : qui fait quoi dans les DFA ? Fûts non couverts : des gîtes potentiels pour Aedes aegypti. Améliorer la surveillance implique aussi d’organiser de façon rigoureuse : ● le contrôle de qualité du diagnostic biologique de la dengue ; ● la disponibilité permanente du diagnostic sérologique et virologique ; ● un suivi des sérotypes et un génotypage dans des cas particuliers tels que début d’épidémie, apparition d’un nouveau sérotype ou dengue sévère. Il convient enfin de favoriser : ● une surveillance clinique et épidémiologique des syndromes « dengue-like » (syndromes ressemblant à ceux, assez banals, de la dengue, qu’une analyse sérologique peut seule identifier comme dus à une autre cause) ; ● le signalement et le suivi actif des cas hospitalisés ; ● le signalement obligatoire des cas biologiquement confirmés et des décès par dengue. Le développement de la micro-informatique et des communications met désormais à disposition des acteurs des données et des outils pour les traiter, les stocker et les transmettre. Des capacités informatiques accrues et une organisation rigoureuse des transmissions de données entre organismes participant à la lutte contre la dengue sont indispensables à une amélioration de la surveillance. Compte tenu des déplacements de plus en plus fréquents et intenses de groupes d’individus ou de populations, les épidémies « migrent « elles aussi. Aussi, les réseaux de surveillance épidémiologique des DFA doivent-ils s’organiser en réseau interdépartemental. Ce réseau interdépartemental doit lui-même demeurer en relation étroite avec les organismes sous-régionaux et internationaux spécialisés de coordination et d’échange Faute de tels outils, les mécanismes épidémiques régionaux ne pourront être compris et maîtrisés. La formalisation d’un réseau de transmission des informations permet de coordonner l’action des différents acteurs. © Service de émoustication de la Martinique Le programme S2E.Dengue. Il se met en place en Guyane. Il pourrait être étendu à la Martinique et à la Guadeloupe. Il mobilise des technologies numériques dédiées à la surveillance spatiale des épidémies (syndromes fébriles en général, dengue en particulier), pour automatiser autant que possible la collecte, l’analyse et la restitution des informations épidémiologiques aux acteurs de la santé. Il doit intégrer progressivement des modèles d’analyse et de prévision des émergences morbides dans des populations à risque et faciliter la prévention. Un système d’information géographique (SIG). Il permettrait de mieux comprendre la dynamique de transmission de la dengue dans la région et d’identifier les zones à risque. Pneus usagés abandonnés : des gîtes potentiels pour Aedes aegypti. mobiliser les chercheurs pour apporter aux acteurs du développement, dans un bref délai, des réponses à des questions posées dans des domaines opérationnels. La méthode : ● ● ● ● un groupe pluridisciplinaire d’une dizaine de chercheursexperts une analyse approfondie de la littérature scientifique une synthèse collégiale des conclusions claires pour le décideur et pour l’opinion publique Les expertises collégiales sont réalisées avec l’appui du Département Expertise et Valorisation de l’IRD. d’information, ce qui peut se concrétiser par exemple par l’harmonisation des réseaux informatisés, l’officialisation de la relation avec le CAREC1, une collaboration élargie avec les réseaux épidémiologiques existants. L’insertion des trois DFA dans les dispositifs régionaux de surveillance sanitaire, et en particulier de surveillance de la dengue, a fait des progrès significatifs au cours de la dernière décennie, avec la prise de conscience de l’appartenance à un ensemble géographique concerné. Mais des améliorations restent possibles dans plusieurs directions : harmonisation des réseaux informatisés, collaboration élargie avec tous les réseaux existants et en cours de création. 4 ● L’opération Toussaint, Aujourd’hui, les agents municipaux de 20 communes préconisent et facilitent le remplacement de l’eau des vases par du sable mouillé. Directrice du département : Marianne Berthod-Wurmser Mél : [email protected] Secrétariat : 01 48 03 75 67 Fax : 01 48 03 75 89 ◆◆◆◆◆◆◆◆◆◆◆ Dossier réalisé par le Département Expertise et Valorisation avec l’appui de la Délégation à l’Information et à la Communication de l’IRD Mise en page : Marie-Agnès Bray Ces actions de formation et d’information doivent être conçues comme un tout : une meilleure information de tous est de nature à favoriser la compréhension globale des processus, chaque acteur situant mieux son rôle dans la dynamique de la maladie, la surveillance épidémiologique et la lutte. Elle répond également à La participation communautaire à la lutte contre la dengue : deux exemples La maladie progressant pour l’instant plus vite que la recherche, les facteurs organisationnels offrent un des rares espaces d’optimisation de la lutte contre la dengue. Une organisation en IRD 213, rue La Fayette F – 75480 Paris Cedex 10 Sensibiliser, former et informer les professionnels et la population Enfin, devraient être mis en place des programmes de formation, de recyclage, de mise à jour en continu et de contrôle de qualité, adaptés aux diverses corporations d’acteurs de la lutte contre la dengue. ● Les médecins cliniciens chargés du diagnostic doivent recevoir une formation médicale spécifique et une information régulière. ● Les équipes de lutte antivectorielle, qui sont au plus proches des réalités du terrain, et notamment des habitants rencontrés au cours de leurs visites domiciliaires, doivent pouvoir échanger et mettre régulièrement à jour leurs connaissances. ● Enfin il convient d’intensifier l’information des populations sur la dengue, sa prévention et la conduite à tenir en cas d’accès fébrile, particulièrement en période épidémique. La création d’un système d’information performant doit aller jusqu’à traduire une masse de données spatialisées en informations accessibles et utiles aux différentes catégories d’intervenants. un réseau structuré 3 Créer d’intervenants pour optimiser les actions Département Expertise et Valorisation 5 Mettre en place dans les DFA un Système d’information géographique SIG-Dengue (projet pilote de la ville de Schœlcher) sensibilise depuis quatre ans les Martiniquais à la multiplication des gîtes larvaires d’Aedes aegypti lors du fleurissement des tombes à la Toussaint. Contact : gies numériques dédié à la surveillance spatiale des épidémies qui a débuté en Guyane avec l’impulsion de l’Institut Pasteur et l’appui de l’IRD, pourrait être étendu aux deux autres départements, et pourrait apporter une contribution déterminante. réseau des intervenants (services de démoustication, médecins, laboratoires, hôpitaux…) pourrait améliorer les performances du dispositif actuel, sans qu’il soit nécessaire de le modifier radicalement, par mise en synergie des compétences. Doivent en effet être mobilisables les compétences suivantes : ● L’entomologie et la lutte antivectorielle : collecte de l’information sur les vecteurs, conduite et évaluation des opérations antivectorielles, diffusion des messages de sensibilisation, recherches sur le vecteur et l’efficience de la lutte antivectorielle. ● La clinique, au contact des cas de dengue. ● La surveillance épidémiologique : suivi de l’épidémie des décisions opérationnelles. ● L’épidémiologie : centralisation, analyse, validation des données. ● La communication en matière d’éducation sanitaire : traduction des observations scientifiques en messages appropriés. ● D’autres apports peuvent être occasionnellement nécessaires. Par exemple ceux des sciences de l’environnement, de la météorologie, de l’hygiène du milieu, de la géographie, des sciences humaines et sociales. ● Une campagne d’éducation en milieu scolaire a été lancée en 1999 pour cinq années dans toutes les classes de CE1 de la Martinique pour « développer des attitudes responsables volontaires et réfléchies face aux moustiques et à la dengue ». La création d’un système d’information géographique contribuerait à intégrer du point de vue spatio-temporel les données de nature différente dont la lutte contre la dengue a besoin. On peut en attendre l’identification des indicateurs épidémiologiques pertinents, une meilleure adéquation des méthodes d’information de la population, l’évaluation de l’efficacité des opérations de lutte antivectorielles et l’amélioration des interventions, grâce en particulier à l’interprétation conjointe des résultats entomologiques et épidémiologiques. Le projet S2E. Dengue, projet de développement de technolo- © Service de Démoustication de la Martinique Qu’est-ce qu’une expertise collégiale ? Un objectif, une méthode L’objectif : Opération Toussaint : banderole et animateurs dans le cimetière. Commune du Marigot. Ces deux expériences sont des modèles intéressants, aisément extensibles, d’interventions s’appuyant sur des célébrations collectives ou visant des tranches bien ciblées de la société. l’exigence de plus grande accessibilité aux données pour le citoyen. Informée, la société devrait être mieux à même d’accorder au dispositif de prévention et de lutte une participation active et motivée, pleinement intégrée à son mode de vie et à ses comportements. 1 Caribbean Epidemiology Center, organisme administré par la PAHO et couvrant 21 pays des Petites Antilles et des Guyanes.