La Dengue - IRD Martinique

Transcription

La Dengue - IRD Martinique
E
xpertise collégiale
Présentation
de l’expertise
La Dengue
réalisée par l’IRD à la demande
des Conseils généraux
de Martinique,
de Guadeloupe,
et de Guyane
et du ministère français
de la Santé.
Le collège des experts
Président
André Yébakima
(Service de démoustication – Martinique)
Chef de projet
Bernard Philippon
(IRD – Paris)
Rapporteur
Raymond Corriveau
(Université du Québec à Trois-Rivières
Québec – Canada)
Experts :
Philippe Barbazan (IRD – Montpellier)
Alain Blateau
(CIRE Antilles-Guyane – Fort de France)
Diego Buriot (OMS – Lyon)
André Cabié (CHU – Fort de France)
Pascal Chaud
(CIRE Antilles-Guyane – Fort de France)
Serge Domi (Fort de France)
Anna-Bella Failloux
(Institut Pasteur – Paris)
Jean-Paul Gonzalez (IRD – Thaïlande)
Pierre Guillet (OMS – Genève)
Jean-Pierre Hervé (IRD – Montpellier)
Bruno Hubert (DDASS – Rennes)
Michel Strobel (Institut francophone
de médecine tropicale – Laos)
dans les départements français d’Amérique
Peut-on optimiser
la lutte contre cette maladie ?
L
a dengue est une maladie véhiculée par
certains moustiques ; dans les Caraïbes,
le moustique vecteur est Aedes aegypti. C’est
une des maladies à vecteur les plus répandues
dans le monde. Les deux cinquièmes de la
population mondiale, soit environ 2,5 milliards
de personnes, sont désormais exposés au
risque. La dengue est en progression partout
sur la planète. D’après l’OMS, il y aurait 50
millions de cas, avec plus de 30 000 décès
annuels. Des formes graves, hémorragiques
ou compliquées, sont de plus en plus
fréquemment signalées en Asie du Sud-Est et
en Amérique du Sud. La maladie est maintenant endémique dans plus de cent pays,
notamment dans les Amériques (y compris la
Caraïbe) et en Asie du Sud-Est.
C’est dans ce contexte qu’une expertise a été
engagée par l’IRD à la demande des autorités
concernées des trois départements français
d’Amérique (Conseils généraux de la
Martinique, de la Guadeloupe et de la
Guyane) et du ministère de la Santé. L’objectif
est d’éclairer les autorités publiques et la
population de ces départements. Pas plus
qu’ailleurs dans le monde, les moyens actuellement mis en œuvre dans la région n’ont
permis jusqu’ici d’enrayer le développement
de la maladie.
Selon le principe retenu pour les expertises
collégiales de l’IRD, les questions posées aux
experts ont été définies en commun entre
responsables des organismes demandeurs et
scientifiques, lors d’un atelier initial tenu à
Fort-de-France. Ces questions portent sur
l’ensemble des approches de la maladie (entomologique, épidémiologique, clinique), ainsi
que sur le système d’information et les
impacts socio-économiques de la maladie. Le
panel d’experts a été composé de quatre
entomologistes, deux cliniciens, trois épidémiologistes, un virologue et un sociologue. Le
rapport publié aujourd’hui par IRD Editions est
organisé autour des réponses que les connaissances les plus actuelles permettent de
donner aux onze questions dégagées dans le
cahier des charges (voir encadré). De fait, l’expertise permet également de faire la part de
ce qu’on sait de façon claire et de ce que
devraient apporter des systèmes d’information plus performants ou des recherches
nouvelles.
« IRD Éditions » publie dans sa collection
« Expertise collégiale » le rapport sur la Dengue
dans les départements français d’Amérique
(coordination : André Yébakima,
Bernard Philippon, Raymond Corriveau),
brièvement présenté dans ce document.
La première partie (synthèse) du rapport
est présentée dans l'ouvrage en français
et en anglais et la deuxième partie
(chapitres analytiques), sur CD-Rom.
Commandes : [email protected] Prix 15 €
La dengue :
un vecteur « domestique »,
des manifestations morbides
banales, des formes graves
difficiles à prédire
L
e vecteur de la dengue, Aedes aegypti, est
un moustique dit « domestique », car il se
développe essentiellement dans diverses collections d’eau propre créées par l’homme dans
son environnement domestique : vases à
fleurs, réserves pour l’eau propre, citernes, récipients usagés abandonnés, vieux pneus,
coques de noix de coco, abreuvoirs à volailles,
déchets divers, etc.
Le virus de la dengue présente quatre sérotypes très proches. Cependant, si une personne
atteinte par le virus est immunisée durablement contre le sérotype qui a provoqué l’infection, elle ne bénéficie que d’une immunité
passagère et partielle contre les trois autres.
Ce virus est inoculé à l’homme par la piqûre
d’un moustique femelle. Le moustique adulte
peut vivre pendant un à deux mois. Une
femelle infectée conserve le virus pendant
toute sa vie et elle peut même le transmettre à
sa descendance. L’homme constitue le seul
réservoir connu du virus de la dengue.
Chez l’homme, la dengue se manifeste sous deux
formes principales. La forme « bénigne»
comporte une forte fièvre à début brutal, des
céphalées, des myalgies et des arthralgies. Les
formes sévères ou graves, dont la forme hémorragique, peuvent être mortelles et constituent
actuellement une des premières causes de mortalité infantile dans la plupart des pays du Sud-Est
asiatique.
Le diagnostic de certitude de la dengue nécessite
des prélèvements biologiques et des analyses en
laboratoire. Les mécanismes d’apparition de la
dengue hémorragique et des autres formes
sévères de dengue sont controversés.
Jusqu’à présent, on n’a pas véritablement pu
identifier de facteurs permettant d’évaluer le
risque d’évolution d’une dengue « banale » vers
une dengue sévère, ou de prédire la fréquence et
la létalité des cas de dengue sévère au cours d’une
épidémie. Les dengues sévères sont polymorphes
ainsi que les signes présomptifs. Seule une grande
vigilance du médecin traitant dans l’observation
du tableau clinique peut lui permettre, dans les
premiers jours de l’épisode fébrile, d’intervenir
pour déclencher la prise en charge symptomatique, en milieu hospitalier, de manifestations qui
peuvent accompagner des formes sévères de
dengue. Mais encore faut-il que le médecin soit
consulté, or la bénignité initiale des symptômes
peut dissuader le patient de le faire comme d’accepter la surveillance nécessaire.
Les personnes atteintes par la dengue, même
dans une forme bénigne, peuvent être dans l’incapacité de vaquer à leurs occupations pendant
plusieurs semaines, de sorte que les conséquences socio-économiques de la dengue sont importantes, en particulier en termes d’absentéisme.
Elles sont insuffisamment étudiées.
Les outils actuels de lutte
contre la dengue dans les DFA
ont une efficacité limitée
I
l n’existe actuellement ni vaccin contre la
dengue, ni médicament spécifique. Le principal moyen d’éviter une épidémie est de lutter
contre le vecteur, en supprimant ou en traitant les
gîtes larvaires.
Toute la population peut contribuer utilement à la
lutte antivectorielle par quelques gestes simples :
éviter et éliminer tout ce qui peut retenir inutilement l’eau autour de la maison, changer l’eau des
vases à fleurs (deux fois par semaine) ; empêcher
le moustique d’avoir accès à l’eau de réserve en
couvrant soigneusement les récipients de stockage… Toutefois, les populations concernées sont
actuellement peu motivées par cette lutte et peu
mobilisées car ce moustique ne constitue généralement pas une nuisance suffisante.
Des actions publiques de lutte contre Aedes
aegypti ont été mises en place par le ministère de
la Santé dans les DFA en 1968 dans la perspective
de l’éradiquer. Ces actions reposent sur des systèmes de surveillance, des traitements insecticides
(larvicides, pulvérisations) et des actions quotidiennes au contact de la population pour éliminer
les réservoirs potentiels d’eaux stagnantes domestiques. Aujourd’hui, il est admis que l’objectif
d’éradication du vecteur est illusoire et on préfère
parler de contrôle. Toutes les actions menées
rencontrent en effet des limites sérieuses :
Les systèmes actuels de surveillance de la
dengue, fondés sur un recueil des données
auprès de réseaux sentinelles de médecins
libéraux (Guadeloupe, Martinique) et des
laboratoires réalisant des sérologies, ne sont
pas assez sensibles et exhaustifs.
● Les tentatives de prévision de la survenue, de
l’ampleur et de la gravité des épidémies se
sont montrées inopérantes.
● Les modes d’organisation des actions quotidiennes de lutte varient selon les départements, ce qui complique l’action au niveau
régional (voir encadré)
● Les services de lutte contre les moustiques
cherchent à impliquer les communautés en
faisant des visites domiciliaires, des réunions
publiques d’information, des journées événements, des opérations d’enlèvement d’objets
pouvant former des gîtes, des formations dans
les écoles mais il s’agit là d’un investissement
sur le long terme dont les retombées immédiates sont très limitées.
● La prévention repose aujourd’hui essentiellement sur le repérage et la destruction des gîtes
larvaires, le traitement chimique des gîtes
utiles pour la population (réserves d’eau), des
pulvérisations spatiales de produits insecticides. Ces actions manquent d’indicateurs
opérationnels permettant de cibler les interventions et d’outils performants pour évaluer
leur impact sur la prévention ou le contrôle des
épidémies.
Les pulvérisations d’insecticides, en particulier, qui
visent les moustiques adultes, n’ont pas nécessairement l’efficacité escomptée et leur impact
entomologique n’est presque jamais évalué.
Par ailleurs, à plus ou moins long terme, la lutte
chimique entraîne le développement de résistances des insectes cibles. Dans la Caraïbe, l’efficacité
du téméphos, insecticide dont les propriétés d’applicabilité, de spécificité, de rémanence sont très
intéressantes, a considérablement diminué au
cours des vingt dernières années. A terme, une
menace pèse sur le téméphos comme outil de
prédilection de lutte contre le vecteur de la
dengue, utilisé seul ou en alternance avec d’autres insecticides : les DFA, en tant que départements français, sont soumis à la législation européenne dont un projet prévoit l’interdiction des
insecticides chimiques dans la lutte contre les
moustiques. Une demande de dérogation a été
introduite pour ce produit auprès du Parlement
européen.
●
Les questions posées
aux experts (résumé) :
La lutte antivectorielle
Comment définir des indicateurs pertinents de détection
précoce des risques épidémiques ?
Quel est le rôle de la participation communautaire ?
Les cyclones ont-ils des conséquences sur la dengue ?
La surveillance épidémiologique
Quels objectifs assigner à un système de surveillance
et d’alerte?
Comment déterminer des seuils d’intervention ?
De quels outils de détection et de caractérisation
des virus a-t-on besoin ?
La clinique
La recherche sur les mécanismes physiopathologiques
des formes sévères de la dengue peut-elle améliorer
la prise en charge?
Les facteurs organisationnels
et systèmes d’information
Qu’attendre d’un système d’alerte, de procédures
standardisées de circulation de l’information,
d’une information de la population ?
Qu’attendre d’un réseau d’échanges et d’information
entre pays de la Caraïbe ?
Qu’attendre des nouvelles technologies de l’information ?
Impact économique de la maladie
Peut-on évaluer les conséquences des épidémies ?
Conclusions
et recommandations
Cinq principes stratégiques
de la lutte insecticide contre Aedes aegypti
L
Concentrer les traitements sur les gîtes les plus productifs
et planifier les traitements pendant la période à laquelle
les populations de moustiques sont les moins abondantes,
juste avant la saison de transmission.
es perspectives à court ou moyen terme
concernant la mise au point de vaccins
ou de médicaments ne permettent pas d’envisager de transformation profonde des stratégies de lutte contre la dengue. La seule
perspective immédiate d’amélioration du
contrôle de la dengue réside dans le renforcement des actions de lutte contre le vecteur,
impliquant les personnels spécialisés, mais
aussi la communauté elle-même. En attendant, l’amélioration de la prise en charge des
malades est une nécessité.
Cinq types d’intervention sont susceptibles
d’améliorer la lutte contre le vecteur :
1
Développer la participation
communautaire à la prévention
Dans les DFA, les communautés d’habitants
peuvent être mobilisées par différents types de
structures, qui peuvent devenir des partenaires
Pratiquer de préférence la « démoustication généralisée »
c’est-à-dire contrôler la nuisance engendrée
par tous les moustiques, quels que soient leur espèce
et leur rôle éventuel de vecteur.
Promouvoir une « lutte intégrée ». La lutte contre Aedes
aegypti suppose la mise en œuvre simultanée
et coordonnée d’un ensemble de mesures qui,
prises séparément, ne montreraient peut-être pas
une efficacité suffisante.
Obtenir la participation active des individus
et des collectivités, fondée sur une connaissance
et une prise de conscience des problèmes, et, en particulier
éliminer les déchets domestiques et les épaves.
S’appuyer sur une communication « moderne » : il faut faire
appel aux professionnels de la communication pour organiser
des campagnes de sensibilisation structurées et innovantes.
Des responsabilités administratives
à géométrie variable :
Depuis la loi de décentralisation de 1983, les services
de l’Etat sont chargés de la lutte antivectorielle,
les collectivités locales de la lutte contre les insectes nuisibles.
En Guadeloupe (en pratique dans les DFA), la lutte
contre les moustiques porteurs de la dengue dépend
uniquement des services de l’État.
En Guyane, elles relèvent du Conseil général pour
les interventions de terrain et de l’institut Pasteur de
Cayenne
pour leur supervision et pour la recherche entomologique.
En Martinique, une action de démoustication « généralisée »
associe l’Etat et le Conseil général dans le cadre d’une
convention de mise en commun
des moyens humains et matériels.
Les activités de surveillance relèvent, au niveau régional,
de la Cellule inter-régionale d’épidémiologie (CIRE)
de la région Antilles-Guyane.
Un réseau d’information et d’intervention
qui doit inclure:
● Les agents chargés des actions quotidiennes de lutte
contre la dengue, en relation quotidienne avec la population pour la surveillance et la destruction des gîtes
● Les médecins libéraux, notamment les généralistes,
● Les laboratoires d’analyse virologique,
● Les établissements hospitaliers (services d’urgence,
des maladies infectieuses et de biologie)
● Les organismes d’éducation sanitaire,
● Ainsi que des partenaires de proximité (services
techniques et sanitaires des communes,
associations…).
Aedes aegypti.
© IRD / Jean-Paul Hervy
Mettre en place des outils de surveillance
des pouvoirs publics dans la lutte contre la
dengue : peuvent être associés à cette lutte à la
fois des personnalités particulières (habitants
relais, élus municipaux, leaders de quartiers, de
paroisses), des associations (groupes formels et
informels, associations à vocations locales ou plus
étendues), des institutions officielles (l’école en
premier lieu, les municipalités, mais également les
médias par ex.). Ces différents agents peuvent
être de très bons relais en assurant la réception ou
la retransmission des données, le suivi d’une expérimentation ou d’une action pilote, en facilitant et
accompagnant des démarches d’éducation, et in
fine, en contribuant à transformer les perceptions
et les comportements. Il est essentiel de ne pas
négliger la participation des groupes informels.
Des actions intéressantes en association avec ces
partenaires ont déjà été lancées (voir encadré),
mais elles sont peu efficaces face à une population trop faiblement sensibilisée et motivée.
Portées notamment par des moyens médiatiques
bien adaptés et ciblés, de telles actions pourraient
contribuer significativement à l’élimination des
gîtes larvaires dans et hors des propriétés, dans les
espaces communs ou non lotis des périmètres
urbains et péri-urbains.
2
Organiser la surveillance
épidémiologique et les systèmes
d’alerte, en s’appuyant sur les progrès
de la technologie de recueil
d’information, dans le cadre d’une
coordination interdépartementale
et régionale renforcée
Recueil, transmission et analyse intégrée des
données, puis circulation des informations validées, sont aujourd’hui des conditions essentielles
pour améliorer la réactivité, la fiabilité et la cohérence des systèmes de veille et d’intervention.
L’organisation de ces fonctions devrait apparaître
comme une priorité pour organiser une lutte efficace contre la dengue dans les DFA.
Un service de surveillance participant à la lutte
contre la dengue devrait :
● fournir à son unité de lutte antivectorielle,
quasiment en temps réel, des indications
permettant à celle-ci de déclencher et
d’orienter les opérations de destruction du
vecteur ;
● produire des informations pertinentes, assimilables et utilisables par les populations
elles-mêmes ;
● faire un retour d’information auprès des
services et personnes participant au dépistage et à la prise en charge de la dengue,
pour faciliter les actions locales et pour soutenir la motivation des fournisseurs d’information à s’impliquer dans l’effort général.
© Service de Démoustication de la Martinique
Lutte contre la dengue :
qui fait quoi dans les DFA ?
Fûts non couverts :
des gîtes potentiels pour Aedes aegypti.
Améliorer la surveillance implique aussi d’organiser de façon rigoureuse :
● le contrôle de qualité du diagnostic biologique
de la dengue ;
● la disponibilité permanente du diagnostic
sérologique et virologique ;
● un suivi des sérotypes et un génotypage dans
des cas particuliers tels que début d’épidémie,
apparition d’un nouveau sérotype ou dengue
sévère.
Il convient enfin de favoriser :
● une surveillance clinique et épidémiologique
des syndromes « dengue-like » (syndromes ressemblant à ceux, assez banals, de la dengue,
qu’une analyse sérologique peut seule identifier comme dus à une autre cause) ;
● le signalement et le suivi actif des cas hospitalisés ;
● le signalement obligatoire des cas biologiquement confirmés et des décès par dengue.
Le développement de la micro-informatique et
des communications met désormais à disposition
des acteurs des données et des outils pour les
traiter, les stocker et les transmettre. Des capacités
informatiques accrues et une organisation rigoureuse des transmissions de données entre organismes participant à la lutte contre la dengue sont
indispensables à une amélioration de la surveillance. Compte tenu des déplacements de plus en
plus fréquents et intenses de groupes d’individus
ou de populations, les épidémies « migrent « elles
aussi. Aussi, les réseaux de surveillance épidémiologique des DFA doivent-ils s’organiser en réseau
interdépartemental. Ce réseau interdépartemental doit lui-même demeurer en relation étroite
avec les organismes sous-régionaux et internationaux spécialisés de coordination et d’échange
Faute de tels outils, les mécanismes épidémiques
régionaux ne pourront être compris et maîtrisés.
La formalisation d’un réseau de transmission des informations
permet de coordonner l’action des différents acteurs.
© Service de émoustication de la Martinique
Le programme S2E.Dengue. Il se met en place en Guyane.
Il pourrait être étendu à la Martinique et à la Guadeloupe.
Il mobilise des technologies numériques dédiées
à la surveillance spatiale des épidémies (syndromes fébriles
en général, dengue en particulier), pour automatiser autant
que possible la collecte, l’analyse et la restitution
des informations épidémiologiques aux acteurs de la santé.
Il doit intégrer progressivement des modèles d’analyse
et de prévision des émergences morbides
dans des populations à risque et faciliter la prévention.
Un système d’information géographique (SIG).
Il permettrait de mieux comprendre la dynamique
de transmission de la dengue dans la région
et d’identifier les zones à risque.
Pneus usagés abandonnés : des gîtes potentiels pour Aedes aegypti.
mobiliser les chercheurs
pour apporter aux acteurs
du développement, dans un bref délai,
des réponses à des questions posées
dans des domaines opérationnels.
La méthode :
●
●
●
●
un groupe pluridisciplinaire
d’une dizaine de chercheursexperts
une analyse approfondie
de la littérature scientifique
une synthèse collégiale
des conclusions claires
pour le décideur
et pour l’opinion publique
Les expertises collégiales
sont réalisées avec l’appui
du Département
Expertise et Valorisation de l’IRD.
d’information, ce qui peut se concrétiser par
exemple par l’harmonisation des réseaux informatisés, l’officialisation de la relation avec le CAREC1, une
collaboration élargie avec les réseaux épidémiologiques existants.
L’insertion des trois DFA dans les dispositifs régionaux de surveillance sanitaire, et en particulier de
surveillance de la dengue, a fait des progrès significatifs au cours de la dernière décennie, avec la prise
de conscience de l’appartenance à un ensemble
géographique concerné. Mais des améliorations
restent possibles dans plusieurs directions : harmonisation des réseaux informatisés, collaboration
élargie avec tous les réseaux existants et en cours de
création.
4
●
L’opération Toussaint,
Aujourd’hui, les agents municipaux
de 20 communes préconisent
et facilitent le remplacement de l’eau
des vases par du sable mouillé.
Directrice du département :
Marianne Berthod-Wurmser
Mél : [email protected]
Secrétariat : 01 48 03 75 67
Fax : 01 48 03 75 89
◆◆◆◆◆◆◆◆◆◆◆
Dossier
réalisé par le Département
Expertise et Valorisation
avec l’appui de la Délégation
à l’Information et à la Communication
de l’IRD
Mise en page : Marie-Agnès Bray
Ces actions de formation et d’information
doivent être conçues comme un tout : une meilleure information de tous est de nature à favoriser la compréhension globale des processus,
chaque acteur situant mieux son rôle dans la
dynamique de la maladie, la surveillance épidémiologique et la lutte. Elle répond également à
La participation communautaire à la lutte
contre la dengue : deux exemples
La maladie progressant pour l’instant plus vite
que la recherche, les facteurs organisationnels
offrent un des rares espaces d’optimisation de la
lutte contre la dengue. Une organisation en
IRD
213, rue La Fayette
F – 75480 Paris Cedex 10
Sensibiliser, former et informer
les professionnels et la population
Enfin, devraient être mis en place des programmes de formation, de recyclage, de mise à jour
en continu et de contrôle de qualité, adaptés
aux diverses corporations d’acteurs de la lutte
contre la dengue.
● Les médecins cliniciens chargés du diagnostic
doivent recevoir une formation médicale
spécifique et une information régulière.
● Les équipes de lutte antivectorielle, qui sont
au plus proches des réalités du terrain, et
notamment des habitants rencontrés au
cours de leurs visites domiciliaires, doivent
pouvoir échanger et mettre régulièrement à
jour leurs connaissances.
● Enfin il convient d’intensifier l’information
des populations sur la dengue, sa prévention
et la conduite à tenir en cas d’accès fébrile,
particulièrement en période épidémique.
La création d’un système d’information performant doit aller jusqu’à traduire une masse de
données spatialisées en informations accessibles
et utiles aux différentes catégories d’intervenants.
un réseau structuré
3 Créer
d’intervenants pour optimiser
les actions
Département Expertise et Valorisation
5
Mettre en place dans les DFA
un Système d’information
géographique SIG-Dengue
(projet pilote de la ville de Schœlcher)
sensibilise depuis quatre ans
les Martiniquais à la multiplication
des gîtes larvaires d’Aedes aegypti
lors du fleurissement des tombes
à la Toussaint.
Contact :
gies numériques dédié à la surveillance spatiale
des épidémies qui a débuté en Guyane avec
l’impulsion de l’Institut Pasteur et l’appui de
l’IRD, pourrait être étendu aux deux autres
départements, et pourrait apporter une contribution déterminante.
réseau des intervenants (services de démoustication, médecins, laboratoires, hôpitaux…) pourrait améliorer les performances du dispositif
actuel, sans qu’il soit nécessaire de le modifier
radicalement, par mise en synergie des compétences. Doivent en effet être mobilisables les
compétences suivantes :
● L’entomologie et la lutte antivectorielle :
collecte de l’information sur les vecteurs,
conduite et évaluation des opérations antivectorielles, diffusion des messages de sensibilisation, recherches sur le vecteur et l’efficience de la lutte antivectorielle.
● La clinique, au contact des cas de dengue.
● La surveillance épidémiologique : suivi de l’épidémie des décisions opérationnelles.
● L’épidémiologie : centralisation, analyse, validation des données.
● La communication en matière d’éducation
sanitaire : traduction des observations scientifiques en messages appropriés.
● D’autres apports peuvent être occasionnellement nécessaires. Par exemple ceux des
sciences de l’environnement, de la météorologie, de l’hygiène du milieu, de la géographie, des sciences humaines et sociales.
●
Une campagne d’éducation
en milieu scolaire
a été lancée en 1999 pour cinq années
dans toutes les classes de CE1
de la Martinique pour « développer
des attitudes responsables
volontaires et réfléchies face
aux moustiques et à la dengue ».
La création d’un système d’information géographique contribuerait à intégrer du point de vue
spatio-temporel les données de nature différente dont la lutte contre la dengue a besoin. On
peut en attendre l’identification des indicateurs
épidémiologiques pertinents, une meilleure
adéquation des méthodes d’information de la
population, l’évaluation de l’efficacité des
opérations de lutte antivectorielles et l’amélioration des interventions, grâce en particulier à l’interprétation conjointe des résultats entomologiques et épidémiologiques. Le projet S2E.
Dengue, projet de développement de technolo-
© Service de Démoustication de la Martinique
Qu’est-ce qu’une expertise
collégiale ?
Un objectif,
une méthode
L’objectif :
Opération Toussaint :
banderole et animateurs dans le cimetière.
Commune du Marigot.
Ces deux expériences
sont des modèles intéressants, aisément
extensibles, d’interventions s’appuyant
sur des célébrations collectives ou visant
des tranches bien ciblées de la société.
l’exigence de plus grande accessibilité aux
données pour le citoyen. Informée, la société
devrait être mieux à même d’accorder au dispositif de prévention et de lutte une participation
active et motivée, pleinement intégrée à son
mode de vie et à ses comportements.
1 Caribbean Epidemiology Center, organisme
administré par la PAHO et couvrant 21 pays des
Petites Antilles et des Guyanes.