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Transcription

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FEV RI ER
AV RI L
MAI
Antony : vendredi 9 janvier à 20h30
Tremblay-en-France : vendredi 16 janvier à 20h30
Antony : jeudi 5 février à 20h30
Tremblay-en-France : vendredi 13 février à 20h30
Antony : jeudi 9 avril à 20h30
Tremblay-en-France : vendredi 10 avril à 20h30
Antony : jeudi 21 mai à 20h30
Tremblay-en-France : vendredi 22 mai à 20h30
LES CHEVAUX DE FEU (Teni zabytykh predkov)
LA VACHE (Gav)
LA GRANDE VILLE (Mahanagar)
LETTRE D’UNE INCONNUE
(Letter from an unknown woman)
De Serguei PARADJANOV
Avec Ivan Nikolaïtchouk, Larissa Kadochnikova,
Tatiana Bestaéva - U.R.S.S., 1965, couleur, 1h37, VOST
De Dariush MEHRJUI
avec Ezzatollah Entezami, Mahin Shahabi
Iran, 1969, noir et blanc, 1h45, VOST
Dans un village des Goutzouls, petit peuple des Carpathes
d’Ukraine, Ivan est un pauvre berger, et Maritchka une jeune
fille issue d’une famille riche. Ils s’aiment mais leurs familles
se haïssent. Ivan part travailler comme valet dans les alpages.
Maritchka tente de le rejoindre, et fait une chute mortelle.
Les Chevaux de feu est l’adaptation d’une œuvre de l’écrivain ukrainien Mikhaïl Kotsioubinski,
Les Ombres des ancêtres oubliés, inspirée des légendes populaires des Carpates. Paradjanov
s’était déjà intéressé à l’Ukraine, y réalisant ses premiers films, assez proches du réalisme
socialiste. Il tourne ici la page pour élaborer une œuvre cinématographique qui s’imprègne
des traditions des régions où il tourne (Ukraine, Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie), animé
par le vœu de faire se rencontrer et dialoguer les différentes cultures. Pour préparer son film,
il passe dix-huit mois chez les Goutzouls, les observe longuement, s’imprègne de leurs us et
coutumes, de leur culture et de leur folklore, de leurs paysages, écoute leurs histoires, « afin
que littérature, histoire, ethnographie et métaphysique se fondent en une unique vision
cinématographique, en un acte unique ». Cette démarche quasi ethnographique n’implique
cependant aucune intention documentaire. La mise en scène est baroque, foisonnante (effets
de contre-plongée, cadrages en surimpression, abondance des zooms, mouvements de
caméra déstabilisants), colorée (ici, le rouge qui souvent inonde l’écran) pour donner forme
à ces traditions ancestrales. Avec ce film, débutent aussi les ennuis de Paradjanov avec le
pouvoir : il a pris position en faveur d’intellectuels ukrainiens dissidents, a tourné en dialecte
houtsoul sans doublage russe (raison pour laquelle des historiens du cinéma le considèrent
comme un film ukrainien) ; il se verra censuré, puis condamné, en 1973, à cinq ans de
camp de travail pour trafic d’icônes et homosexualité.
De Satyajit RAY
Avec Anil Chatterjee, Madhabi Mukherjee
Inde, 1963, noir et blanc, 2h11, VOST
De Max OPHULS
Avec Joan Fontaine, Louis Jourdan
États-Unis, 1948, noir et blanc, 1h26, VOST
Mashdi Hassan est un homme heureux : il possède une vache, la
seule de son village. Elle fait sa fierté, il la cajole, lui achète des
parures. Un jour, en son absence, la vache meurt. Plutôt que de lui
annoncer la terrible nouvelle, le village tout entier décide de lui
mentir (« ta vache s’est enfuie »). Hassan refuse obstinément cette
fable (« elle n’aurait jamais fait ça ») et s’enferme dans l’étable.
À Calcutta, Subrata Mazumdar est un modeste employé de banque.
Marié, père de deux enfants, ayant ses parents à charge, il a du mal
à joindre les deux bouts. Malgré la réprobation de son entourage, sa
femme Arati prend la décision de travailler temporairement pour
améliorer l’ordinaire en attendant des jours meilleurs. Mais sa réussite
professionnelle attise les tensions.
Et si le plus beau film sorti sur nos écrans en 2014 était un film iranien de 1969 ? La Vache est
une splendeur graphique, toute en contraste : des noirs charbonneux (silhouettes à contre-jour
qui se découpent sur le ciel, nuits d’encre) et des blancs aveuglants (murs blancs du village,
fondus au blanc ponctuant les ellipses), épurant le décor et le paysage de leurs détails, les
simplifiant (version iranienne de la « ligne claire » ? On pense en tout cas à l’œuvre de Marjane
Satrapi). Le film se révèle une date essentielle du cinéma iranien : célébré par la critique lors de
son passage dans les festivals occidentaux (Prix international de la critique à Venise en 1971,
notamment), il fait exister l’Iran sur la scène internationale et marque les débuts d’une nouvelle
vague (le cinéma "Motafavet", c’est-à-dire "différent") : tournage en décor naturel, casting
mêlant acteurs et non-professionnels, vérité de la représentation du village - ce qui lui valut les
foudres de la censure du Shah, irritée par l’absence de toute trace de la modernité tant vantée
par le régime. Après la Révolution, alors que la production cinématographique se voyait
menacée en terre islamique, La Vache, diffusé à la télévision, plut à l’Ayatollah Khomeyni qui
se prononça, contre toute attente, en faveur du maintien d’une production nationale. Mais
la variation iranienne autour de l’héritage néo-réaliste est largement débordée par la fable
déroutante déployée : l’obstination de Hassan à refuser le mensonge de ses amis l’entraînera
à prendre place à l’étable, donc à prendre la place de la vache.
« Aucun cinéaste digne de ce nom, conscient de ses responsabilités envers le public,
ne saurait accepter de s’évader longtemps de la réalité. Il doit accepter le défi du
monde contemporain, examiner les faits, les jauger, les passer au crible et choisir
ceux qui peuvent former la matière première d’un film ». Ce manifeste, héritage
de sa découverte enthousiaste du Voleur de bicyclette de De Sica qui le décida à
devenir cinéaste, Satyajit Ray le met en pratique dans La Grande Ville dont il a
écrit le scénario (ainsi que la musique). Rare film indien plongeant dans la réalité
contemporaine de l’Inde pour traiter de l’émancipation féminine dans et par le monde
du travail, La Grande Ville dresse le portrait d’Arati, timide et réservée, dévouée à
sa famille, qui va peu à peu changer de personnalité, se révéler à elle-même en
plongeant dans "la grande ville" qu’elle arpente pour vendre des machines à tricoter
aux côtés d’une anglo-indienne qui devient sa meilleure amie et l’initie au rouge à
lèvres. Il lui faut subir l’opprobre de ses beaux-parents, les reproches de son jeune fils
qui vit mal son absence, et bientôt le conflit avec un mari qui, d’abord consentant,
se trouve humilié par sa réussite professionnelle qui la voit progresser au sein de
son entreprise. Au-delà du tableau sociologique d’une certaine classe sociale, Ray
observe le couple et l’évolution de leurs sentiments par rapport au travail - en prise
avec l’effervescence de sa ville, Calcutta : plus qu’un décor, elle est sans nul doute
l’autre sujet du film.
Le distributeur du film (Splendor), à l’origine de la restauration du film (effectuée à Téhéran) et de sa
sortie en salles, nous fera l’amitié de sa présence.
MARS
À Vienne, en 1900, un séduisant pianiste autrefois renommé,
s’apprête à fuir le duel réclamé par un mari trompé. Il reçoit la
longue lettre d’une inconnue : une femme qu’il a rencontrée trois
fois (adolescente, jeune femme, femme mariée), et qu’il n’a jamais
reconnue. Elle l’a follement aimé.
On aura reconnu là bien sûr l’argument de la nouvelle éponyme de Stefan Zweig. En exil
depuis 1940, Ophuls s’impatiente de prendre enfin pied dans le cinéma hollywoodien.
Après un film d’aventures, L’Exilé, iconoclaste dans sa filmographie, il se voit proposer
un projet qui lui va comme un gant : un portrait de femme amoureuse - et malheureuse
en amour ; la Vienne du tournant du siècle qu’il a déjà arpentée dans Liebelei (1933)
et De Mayerling à Sarajevo (1939) et qu’il retrouvera avec La Ronde (1950), ville de
pure représentation qui s’avère l’écrin idéal à cette histoire cruelle d’un amour malade,
totalement fantasmé, peut-être même rêvé. C’est l’actrice Joan Fontaine et son mari, le
producteur William Dozier, qui sont à l’initiative de ce film pour leur première réalisation
au sein de leur société Rampart Productions. Le scénario préexiste donc à l’embauche
d’Ophuls, mais ils acceptent de le laisser le réécrire complètement - si la trame du récit de
Zweig, à quelques détails près, est respectée, le cinéaste ajuste son propos, quittant le
registre plaintif de la nouvelle (la femme comme victime) pour explorer celui, autrement
plus retors, de la victimisation pleinement consentie. Les arabesques du récit (ces flashback imbriqués, un des modes de récit privilégié chez Ophuls), celles des mouvements
de caméra (ces circonvolutions traduisant les états d’âme de son personnage) couplés
aux décors tortueux (ces escaliers nombreux que parcourt sans cesse l’héroïne) figurent
la subjectivité, passionnée et fougueuse, de l’amoureuse.
J U I N
Antony : jeudi 5 mars à 20h30
Tremblay-en-France : vendredi 13 mars à 20h30
Antony : jeudi 25 juin à 20h30
Tremblay-en-France : samedi 13 juin à 20h30
ADALEN 31 (Ådalen ’31)
LE SOLEIL BRILLE POUR TOUT LE MONDE (The Sun shines bright)
De Bo WIDERBERG
Avec Roland Hedlund, Peter Schildt, Kerstin Tidelius, Marie de Geer
Suède, 1969, couleur, 1h50, VOST
De John FORD
Avec Charles Winninger, Arleen Wheelan, John Russel, Stepin Fetchit
États-Unis, 1952, noir et blanc, 1h40, VOST
À Ådalen, au nord de la Suède, en 1931, la grève paralyse la région entière depuis de longues semaines, et le conflit s’envenime lorsque la direction d’une
usine fait appel à des "jaunes" pour casser le mouvement social. L’armée est appelée en renfort. Dans le même temps, Kjell Andersson, fils d’ouvrier, s’éprend
d’Anna, la fille d’un directeur d’usine.
À Fairfield, petite ville du Kentucky où palpitent encore les feux mal éteints de la guerre civile, le juge Priest – alcoolique débonnaire, vétéran sudiste – se
représente aux élections locales. Il met en danger sa campagne en défendant du lynchage un jeune homme noir, et en participant à la procession funéraire
d’une prostituée.
Faute des relais nécessaires du côté de la distribution comme de l’édition de DVD, on avait complètement oublié ce prix spécial du jury au Festival de Cannes, comme d’ailleurs le reste de
l’œuvre de son auteur, Bo Widerberg. C’est bien dommage. Le passage à la réalisation de ce critique cinématographique d’un journal de Stockholm n’est pas sans rappeler les débuts des
cinéastes de la Nouvelle Vague. En 1962, Widerberg publie Visions du cinéma suédois, anthologie d’articles qui s’en prend violemment au peu d’intérêt des cinéastes de son pays pour la
réalité contemporaine, et qui déboulonne la statue du Commandeur, Ingmar Bergman, accusé de se retrancher dans des questions métaphysiques somme toute fort éloignées des préoccupations
quotidiennes (les films de Bergman sont qualifiés de « verticaux ») au lieu d’explorer celles-ci (les films « horizontaux »). À la lecture de ce brûlot, un producteur adresse au critique un
télégramme : « Voici 250.000 couronnes. Filmez donc la vérité ! ». Un cinéaste est né. Refus des studios, découverte de jeunes comédiens et recherche de la spontanéité, dialogues à improviser,
sincérité, voire audace, dans la représentation des émois adolescents : il y a là des préoccupations d’époque, que Widerberg avait appréciées chez Truffaut et Godard, ou encore Cassavetes, et
qu’il s’approprie par un travail photographique en lumières naturelles, qui emprunte à la palette des impressionnistes. Et qu’il met au service, ici, de la reconstitution d’un événement historique,
la répression sanglante de la grève de 1931. Un peu comme en un croisement de Rohmer et d’Eisenstein.
« The Sun Shines Bright », ce sont les premières paroles d’une chanson populaire vantant la quiétude du Kentucky, My Old Kentucky Home. Sous ce titre, Ford agrège trois nouvelles
d’Irvin S. Cobb ayant pour personnage principal le juge Priest, déjà mis en scène vingt ans auparavant (Judge Priest, 1934). Le film ne relève pas de la veine épique fordienne ; c’est une
petite production, dont l’apparente désinvolture (un récit fait d’épisodes disjoints qui prend en écharpe un nombre important de personnages et de situations, la multiplicité des moments
collectifs et rituels en tous genres : bal, parades, réunions d’anciens combattants, cérémonies et défilés) fut brocardée par la critique américaine et boudée par le public. Il s’agit pourtant
du film préféré de Ford (« le seul que je ne me lasse pas de revoir »), convaincu qu’il était que ses « plus beaux films [n’étaient] pas des westerns » mais « de petites histoires sans grandes
vedettes sur des communautés de gens très simples ». Les critiques fustigèrent également le regard nostalgique porté sur le Vieux Sud, notamment dans la confrontation de Priest à son rival
politique, Nordiste enrichi à la faveur de la défaite sudiste, et dans le paternalisme teintant les relations du juge et de son serviteur noir, Jeff. Pourtant, Stepin Fetchit, l’interprète de Jeff
dans les deux versions du Juge Priest, et dont on peut noter qu’il fut le premier acteur afro-américain cité dans un générique de film (il s’agissait d’un film de Ford), affirmait que le cinéaste
avait tourné ce remake pour pallier la censure d’une scène de lynchage dans la première version : « Ils l’ont coupée parce que nous étions en avance sur notre temps ».
Satyajt Ray
JANV I ER
Ciné-Club
2014-2015
Histoire(s) de cinéma en 9 chapitres
O C T O BR E
Fabienne Duszynski
Enseignante de cinéma à Paris-III et Lille-III
Co-programmatrice et animatrice du Ciné-Club
Soyez attentifs…
Outre le Ciné-Club, les cinémas d’Antony et de Tremblay-enFrance vous proposent tout au long de l’année, au gré de leur
programmation, de voir ou revoir d’autres films de répertoire.
Séances scolaires :
Comme pour tous les films programmés au Sélect et au Jacques
Tati, les titres du ciné-club peuvent faire l’objet de séances
scolaires. Les enseignants intéressés sont invités à nous
contacter.
La programmation 2014-2015 a bénéficié du concours
de l’Agence pour le Développement Régional du
Cinéma (ADRC). Plus d’informations sur www.adrc-asso.org.
CI NÉ
Antony : jeudi 9 octobre à 21h
Tremblay-en-France : samedi 18 octobre à 20h45
Antony : vendredi 14 novembre à 20h30
Tremblay-en-France : samedi 15 novembre à 20h30
Antony
DEUX FILLES AU TAPIS (All the marbles)
LES CROIX DE BOIS
9 octobre
De Raymond BERNARD
Avec Charles Vanel, Pierre Blanchar, Gabriel Gabrio
France, 1931, noir et blanc, 1h50
De Robert ALDRICH
Avec Peter Falk, Vicki Frederick, Laurene Landon
États-Unis, 1981, couleur, 1h53, VOST
Iris et Molly, accompagnées et maternées par leur manager,
Harry, forment un duo de catch féminin, les California Girls.
Elles combattent vaillamment, lassées cependant de ne
participer qu’à des rencontres de seconde zone. Leur victoire
surprise lors d’un match amical contre les Toledo Tigers,
championnes nationales en titre, les galvanise : elles veulent participer au championnat
qui doit se dérouler prochainement à Reno.
Ça commence comme un road-movie aux accents sociaux : une traversée à bord d’une
décapotable hors d’âge de l’Amérique pauvre et industrielle, celle des motels sinistres
de bords de route et des snacks bon marché. Iris, Molly et Harry y sont des prolétaires
du spectacle, des intérimaires qui démarchent opiniâtrement pour trouver un contrat,
négocient âprement leurs pauvres gains, subissent bien des humiliations et quelques
défaites amères. Dopage, tricheries, corruption, grossièreté des spectateurs : le monde du
sport se voit démystifié, avec cette verve critique si représentative du cinéma de Aldrich. Ça
se termine en pure comédie musicale (les jingles accrocheurs des équipes qui s’affrontent,
le show des entrées sur le ring, la chorégraphie du combat). Comme toujours, Aldrich
donne l’impression d’y aller avec de gros sabots (une trivialité certaine, une violence
assumée), mais c’est ainsi qu’il touche au sublime. Le combat final, tourné quasiment en
temps réel, commenté par la verve truculente d’un journaliste sportif professionnel, est un
très grand moment de montage (raccords, changements d’axe, rythme), accompagnant
physiquement les corps en (violent) mouvement et suscitant chez le spectateur le désir
impérieux (quoiqu’a priori déplacé dans une salle de cinéma) de se lever et de crier pour
encourager les catcheuses. Les actrices, Vicki Frederich et Laurene Landon, ont suivi un
entraînement intensif afin de tourner elles-mêmes (sans trucages ni doublures) les scènes
de catch les opposant à de véritables championnes. Ça se voit.
En 1914, dans l’exaltation de la mobilisation, l’étudiant en droit
Demachy s’engage sous les drapeaux. Au front, il partage l’âpre
et cruelle vie quotidienne de ses camarades - autrefois ouvrier,
boulanger, ou cuisinier. Idéaliste au départ, Demachy va peu à
peu perdre ses illusions, tandis que le paysage se couvre de sinistres croix de bois.
Les Croix de Bois est l’adaptation du roman de Roland Dorgelès, paru en 1919 et grand
succès de librairie. La représentation de la Grande Guerre, alors même qu’en ce début
des années trente un nouveau conflit se profile à l’horizon, se teinte d’un pacifisme
militant dans une série de films : À l’Ouest rien de nouveau (Milestone, 1930), Quatre
de l’infanterie (Pabst, 1930) et bientôt La Grande Illusion (Renoir, 1937). Les tranchées,
la boue, le froid et la terreur permanente, Dorgelès les a connus, et c’est à partir de ses
souvenirs encore frais qu’il rédige sa chronique découpée en chapitres comme autant
de tableaux de situations propres à la guerre. Raymond Bernard est lui aussi un ancien
combattant, tout comme la majorité de ses acteurs, et c’est animé par une volonté de
réalisme qu’il entreprend le film. Pour les figurants, il congédie les jeunes recrues fournies
par l’Armée française - insatisfait de leur manière de se tenir dans la tranchée -, décide
d’employer des anciens de 14-18, à l’attitude plus véridique, et reconstitue les batailles sur
leurs lieux historiques, en Champagne, « là où les traces des tranchées creusées quinze
ans auparavant n’étaient pas encore effacées ». Le désir d’authenticité impressionne dans
le rendu documentaire des scènes de bataille (imperfections techniques, flou, mouvements
de caméra heurtés), et surtout dans le rendu sonore des combats : afin de restituer le
vacarme incessant, Bernard enregistra les sons lors des prises de vues, installant de
nombreux microphones sur le terrain, se livrant à une véritable expérimentation sonore
(premier film français utilisant le mixage sonore multipiste).
-
CL UB
20 1 4/ 20 1 5
Tremblay
18 octobre
DEUX FILLES AU TAPIS
14 novembre
LES CROIX DE BOIS
15 novembre
12 décembre
DRESSE POUR TUER
13 décembre
9 janvier
LES CHEVAUX DE FEU
16 janvier
5 février
LA VACHE
13 février
5 mars
ADALEN 31
13 mars
9 avril
LA GRANDE VILLE
10 avril
21 mai
LETTRE D’UNE INCONNUE
22 mai
25 juin
LE SOLEIL BRILLE POUR TOUT LE MONDE
13 juin
-
DÉCEMB RE
Antony : vendredi 12 décembre à 20h30
Tremblay-en-France : samedi 13 décembre à 20h30
DRESSÉ POUR TUER (White Dog)
Cinéma JACQUES TATI
29 bis av. du Général de Gaulle
93290 TREMBLAY-EN-FRANCE
RER B : station Vert-Galant
Renseignements : 01 48 61 87 55
tremblay-en-france.fr
Cinéma LE SÉLECT
10, av. de la Division Leclerc
92160 ANTONY
RER B : station Antony
Renseignements : 01 40 96 64 64
leselect.ville-antony.fr
Tarif normal : 6,90 €
Tarif réduit : 4,90 €
Tarif abonné : 2,50 €
Tarif normal : 6,50 €
Tarif réduit : 5,50 €
Robert Aldrich
À ceux qui nous découvriraient : les cinémas Le Sélect d’Antony et
Le Jacques Tati de Tremblay-en-France ont mis en place il y a huit ans
un ciné-club jumelé. « Histoire(s) de cinéma en 9 chapitres » propose,
chaque mois d’octobre à juin, un film dit "de répertoire" : présenté
en ouverture de séance, il est analysé à l’issue de la projection, puis
discuté avec les spectateurs. Comme à l’habitude, nous avons épluché
consciencieusement les catalogues des distributeurs en privilégiant
l’actualité (abondante) des ressorties. Comme à l’habitude, la sélection,
motivée par le désir d’une "histoire" du cinéma qui embrasse la diversité
- des pays, des genres et des registres, des époques -, s’est avérée ardue
(neuf mois, ça ne fait jamais que neuf films). Comme à l’habitude, nous
sommes très impatients de vous les montrer. Mais commençons par
vous les présenter.
Notre programmation a cette année un petit air d’arche de Noé
emportant chevaux, vache et chien. Les Chevaux de feu (1965) offrira
l’occasion d’un grand dépaysement : Sergueï Paradjanov est un cinéaste
soviétique (plus précisément : géorgien d’origine arménienne) et son
film est tourné en dialecte houtsoul (les Houtsoules sont une minorité
ethnique du sud-est des Carpates ukrainiennes) - ces détails peuvent
sembler anecdotiques, ils sont cependant essentiels dans l’appréhension
de l’œuvre de ce réalisateur si peu fréquenté. La Vache (Dariush
Mehrjui, 1969) est une fable iranienne relatant les amours d’un homme
et de sa vache (c’est l’amour fou version soufie). Et puisque le chien
est le meilleur ami de l’homme, c’est à partir de cet animal que Samuel
Fuller interroge les tares humaines dans White Dog.
Notre arche de Noé traversera le monde : outre l’Iran et l’Ukraine, nous
croiserons l’Inde et La Grande Ville de Satyajit Ray (1963) ; la Suède
(Adalen 31 de Bo Widerberg, 1969) - histoire de vérifier que Bergman
n’était pas le seul cinéaste suédois ; Vienne, vue depuis Hollywood par
un cinéaste allemand en exil, Max Ophuls (Lettre d’une inconnue,
1948) ; et la France, engluée dans la première Guerre mondiale (Les
Croix de bois de Raymond Bernard). Enfin, c’est par un "petit film"
méconnu que nous aborderons le continent John Ford : Le Soleil brille
pour tout le monde (1952) - et de quel éclat ! Ignoré également, car
méprisé à sa sortie, Deux Filles au tapis (1981) démontrera le talent
truculent de Robert Aldrich à filmer les corps à l’effort : on aime
tellement qu’on en a fait notre film d’ouverture de saison.
Samuel Fuller
Ciné-Club 2014-2015
Histoire(s) de cinéma en 9 chapitres
Présentation de la saison
Jeudi 9 octobre de 20h à 21h dans l’Atelier du Sélect (entrée
libre) et samedi 18 octobre à 20h45 au Jacques Tati (précédé
d’un apéritif à 20h au Café Lutétia), Fabienne Duszynski
présentera l’ensemble des films et cinéastes programmés, avec
des extraits.
NO V EMB RE
De Samuel FULLER
Avec Kristy McNichol, Paul Winfield, Burl Ives
États-Unis, 1982, couleur, 1h30, VOST
Julie Sawyer, jeune actrice vivant à Hollywood, renverse un chien errant. Elle le recueille chez elle en attendant de retrouver son maître. Un soir, le chien la
défend contre un rôdeur mal intentionné. Mais il attaque également, sans raison apparente, une amie noire de Julie. Elle conduit l’animal à l’Arche de Noé,
centre où l’on sait déconditionner les chiens d’attaque. Mais le chien s’avère être un "white dog", dressé pour tuer… les Noirs.
Samuel Fuller, dont le premier acte de cinéaste fut de filmer l’ouverture du camp de concentration de Falkenau, a dit un jour que tous ses films étaient des films de guerre. White Dog ne déroge
pas à la règle, si l’on se souvient que le réalisateur racontait aussi avoir rêvé d’installer une mitrailleuse derrière l’écran pour tirer sur les spectateurs. C’est bien aux spectateurs que les films de
Fuller font la guerre, en nous confrontant - frontalement, sérieusement - à la question de la violence, du Mal, son grand sujet. Le Mal est ici le racisme et s’il prend forme canine - magnifique pelage
blanc, babines rouges retroussées en une grimace terrifiante -, la perversion est bien celle de l’homme (celui qui a dressé son chien à tuer les Noirs) et le Mal une construction sociale (la malignité
du chien n’est pas innée). C’est ce qu’explique Keys, anthropologue afro-américain, avant de relever le défi : rééduquer le chien.
À l’origine de cette fable (Fuller ne voulait pas « aller vers le documentaire social […] pour moi, les idées passent par le spectacle, les émotions »), un roman de Romain Gary, Chien blanc (1969),
qu’on présente souvent comme autobiographique (l’écrivain et Jean Seberg, sa compagne, avaient recueilli à Los Angeles un chien errant qui attaquait exclusivement les Noirs). Dans un entretien
au journal Le Monde (1982), Fuller se souvenait avoir raconté à Romain Gary une histoire de guerre, alors qu’il combattait dans la Big Red One : « celle d’un chien dressé par les Allemands pour
repérer les soldats américains à leurs uniformes et à leur odeur » (J. Siclier).
Cinéma JACQUES TATI
Cinéma LE SÉLECT
29 bis av. du Général de Gaulle
93290 TREMBLAY-EN-FRANCE
Renseignements : 01 48 61 87 55
tremblay-en-france.fr
10, av. de la Division Leclerc
92160 ANTONY
Renseignements : 01 40 96 64 64
leselect.ville-antony.fr
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