interview David Cohen

Transcription

interview David Cohen
Unadréo
%BWJE$PIFODIFGEVTFSWJDFEFQTZDIJBUSJF
EFMµFOGBOUFUEFMµBEPMFTDFOUhMB1JUJn°4BMQpUSJoSF
1FHHZ(BUJHOPMFU"OOF$ISJTUJOF%VQPOUSFTQPOTBCMFTEFT9*7
SFODPOUSFTEµPSUIPQIPOJF
F
-FEFVYJoNFQPSUSBJUEFTJOUFSWFOBOUTEF
EnDFNCSFFTUDFMVJEV1S%BWJE$PIFODIFG
EVTFSWJDFEFQTZDIJBUSJFEFMµFOGBOUFUEF
MµBEPMFTDFOUhMB1JUJn°4BMQpUSJoSF
Peux-tu nous présenter un peu ton parcours
professionnel et universitaire ?
En fait, j’ai une double formation, médicale
avec une spécialité en psychiatrie et psychiatrie
de l’enfant et de l’adolescent et scientifique :
élève à l’école normale supérieure, j’ai obtenu
un master de biochimie et neurosciences puis
une thèse en neurosciences.
J’ai fait toute ma carrière à la Pitié-Salpêtrière
et j’ai été membre de 2 laboratoires, d’abord
cognition et développement à l’université
Paris V qui était un laboratoire de psychologie. Depuis 2009 je suis membre de l’institut
des systèmes intelligents et robotique qui
est un laboratoire de l’UFR d’ingénierie de
l’UPMC.
Nos deux journées portent le titre « Emotions,
Cognition et Communication » ; qu’évoquent
pour toi ces trois mots ?
Ces 3 mots sont au centre de toute ma pratique clinique et ma pratique de recherche.
D’abord les émotions sont au centre des
pathologies de psychiatrie de l’enfant et de
l’adolescent, que ce soit via les tableaux bien
connus d’anxiété, de dépression, de troubles
des conduites, etc.
La question des cognitions également puisque 2 % de la population présente un retard
cognitif ou des dysfonctions cognitives d’ordre
développemental et sont l’une des principales
clientèles de la psychiatrie de l’enfant et de
l’adolescent.
Et enfin pour ce qui concerne les troubles
de la communication, c’est également un
des carrefours de notre activité, que ce soit
autour des troubles spécifiques du langage
ou des troubles intégrés comme dans les
tableaux autistiques.
Quels liens avec l’orthophonie telle que tu
la côtoies ?
Les liens avec l’orthophonie sont à la fois des
liens de discipline, puisque pour une part
l’orthophonie est née grâce à l’activisme de
psychiatres d’enfants et d’adolescents, en particulier en France Ajuriaguerra et Duché. C’est
un lien également institutionnel puisque l’un
des plus importants centres de formation est
à la Faculté Pierre et Marie Curie et sur le site
Pitié-Salpêtrière et je suis membre du directoire. Sur le plan clinique, c’est une activité
importante dans le cadre du centre référent
langage et apprentissages que je coordonne
dans mon service. Et enfin, sur les questions de
recherche, beaucoup de questions tournent
autour du langage, de la communication, de
la pragmatique et autour d’un partenariat très
ancien avec Monique Plaza, mais également
de collègues plus jeunes qui viennent faire
des thèses avec nous.
Comment et dans quelle mesure l’empathie
intervient-elle dans la rééducation et le plan
de soins proposé par les orthophonistes ?
La difficulté avec la notion d’empathie c’est
qu’elle sert un peu à toutes les sauces et que
sa définition n’est pas tout à fait univoque ou
plutôt recouvre différents concepts.
J’ai l’impression que dans la formulation de la
question, il est plutôt question de l’empathie
professionnelle c’est-à-dire de quelque chose
qui est de l’ordre d’une dynamique transférentielle, plus que de l’empathie au sens où
on l’entend d’un point de vue cognitif.
Pour autant, l’empathie d’un point de vue
cognitif peut concerner le travail des orthophonistes au-delà de la relation thérapeutique, quand par exemple un certain nombre
de difficultés en pragmatique du langage
ou en communication sont présentes et
intriquées à des difficultés d’apprentissage
plus générales.
L’Orthophoniste N° 340
31
Juin 2014
Comment l’intervention orthophonique peutelle intégrer les émotions pour réhabiliter
la communication ?
La question d’intégrer les émotions pour
réhabiliter la communication est au centre
d’une perspective élargie de la pragmatique
du langage. Il est clair qu’aujourd’hui il est
difficile de définir la pragmatique du langage
exclusivement sur les aspects linguistiques
puisque l’aspect non linguistique participe
également à la communication et à la dynamique de celle-ci et en particulier un certain
nombre d’indices non verbaux et dont font
partie la reconnaissance et la production
émotionnelle et ce dans leur multimodalité,
à savoir visage, prosodie, posture. Il va de soi
que dans toutes les pathologies intriquées avec
des difficultés de langage et d’apprentissage,
intégrer les difficultés non linguistiques et en
particulier dans le traitement émotionnel
pour réhabiliter la communication s’avère
indispensable, même si parfois les prises en
charge sont multidisciplinaires.