Quatre minutes / Chris Kraus
Transcription
Quatre minutes / Chris Kraus
Quatre minutes / Chris Kraus - Fox Pathé Europa, 2007 Depuis soixante ans, Traude Krüger enseigne le piano à des détenues. Quand elle rencontre Jenny, jeune femme incarcérée pour meurtre, elle comprend immédiatement qu’elle a affaire à une musicienne prodige. Passionnée par le talent de la jeune fille, Traube veut la préparer pour le concours d’entrée du Conservatoire. Mais la jeune femme, violente et suicidaire, est réfractaire à la moindre discipline. Obstinée, la vieille Traude Krüger ne désarme pourtant pas. Qui ne mériterait pas une seconde chance ? Et si la rédemption n’exigeait que quatre minutes ? Deux rôles très difficiles superbement joués par deux actrices de talent. J’ai beaucoup aimé ce film. MG DVD F KRA Q Juno / Jason Reitman - Fox Pathé Europa, 2008 Juno McGuff, 16 ans, est une jeune fille qui n’a pas la langue dans sa poche mais qui, sous ses airs de dure, se cherche comme toutes les adolescentes de son âge. Alors que la plupart de ses copines de lycée passent leur temps sur Internet ou au centre commercial, Juno ne fait rien comme les autres. C’est ainsi qu’un jour où elle s’ennuie, elle couche avec Bleeker, garçon aussi charmant que peu prétentieux. Mais quand elle tombe enceinte accidentellement, elle décide de trouver le couple de parents adoptifs idéal qui pourra s’occuper de son bébé. Avec l’aide de sa meilleure amie Leah, elle repère dans les petites annonces du journal local Mark et Vanessa Loring qui rêvent d’adopter leur premier enfant. Soutenue par sa famille, Juno fait la connaissance des Loring. Tandis que le terme de sa grossesse approche, Juno va devoir faire preuve de maturité et de courage... MG DVD F REI J Gros coup de cœur pour ce film et belle surprise. Juno est un film plein de charme, d’humour et d’humanité. J’avais peur de cette histoire vue et revue mais au final le personnage de Juno est tout sauf stéréotypé. La jeune Ellen Page est tout simplement géniale dans son rôle. L’histoire est étonnante, pleine de vie, avec une BO magnifique. On rit, on aime… Un film à ne pas rater ! Au final rien ne doit vous empêcher de passer à côté de ce petit bijou. L’Apollonide / Bertrand Bonello - France Télévision, 2011 L’apollonide, souvenirs de la maison close Avec un tel sujet (la chronique du quotidien des filles d’une maison close à l’aube du 20e siècle), le réalisateur Bertrand Bonello prenait beaucoup de risques. Se confronter à d’autres films sur le même sujet (comme l’inoubliable « Fleurs de Shangaï » de Hsiao-Hsien) et éviter le piège du « beau », inhérent aux films d’époque qui, malgré les costumes et les décors, garde parfois le spectateur à distance. L’Apollonide se révèle envoûtant et empoisonné, sans doute grâce à une musique atmosphérique (en partie composée par le réalisateur, mais qui invite également Mozart ou Moody Blues), une science du détail particulière qui replace les personnages dans leur contexte historique avec tact, et un casting formidable, où filles et clients s’éloignent de la pose attendue. TM DVD F BON A La comparaison avec les écrits de Charles Baudelaire est sans doute facile et trop évidente, mais on ne peut s’empêcher de penser à lui, devant ce film superbe, où la beauté n’est jamais très éloignée des ténèbres. L’Apothicaire / Henri Loevenbruck - Flammarion, 2011 « Il vécut à Paris en l’an 1313 un homme qui allait du nom d’Andreas Saint-Loup, mais que d’aucuns appelaient l’Apothicaire, car il était à la fois le plus illustre et le plus mystérieux des préparateurs de potions, onguents, drogues et remèdes que l’on pût trouver dans le pays tout entier ». Un matin de janvier, cet homme érudit découvre dans sa propre maison une pièce qu’il avait oubliée - une pièce que tout le monde avait oubliée. Rapidement, il comprend que vivait jadis ici une personne qui partageait sa vie, mais qui, à présent, a mystérieusement disparu de toutes les mémoires. L’Apothicaire, poursuivi par d’obscurs ennemis, accusé d’hérésie par le roi Philippe le Bel, pourchassé par l’Inquisiteur de France, décide alors de partir à la recherche de son propre passé, de Paris à Compostelle, et de Compostelle au Mont Sinaï… au risque de disparaître à son tour. CB Corpus LOEV A Extrêmement bien documenté et porté tout au long par l’ironie et l’humour d’un personnage aussi attachant qu’il peut-être imbuvable, l’apothicaire vous promet un moment de pur délice où chaque page est un nouveau cadeau offert par un auteur qui maîtrise visiblement tant son sujet que sa prose. Truffé d’humour et d’anecdotes dont on peut parfois se demander dans quelle mesure elles sont basées sur la réalité historique, ce roman extraterrestre se déguste avec bonheur et laisse sur la langue comme un petit goût d’encore. À lire, à dévorer, à garder à proximité pour s’y replonger à l’occasion. La mécanique du cœur / Mathias Malzieu - Flammarion, 2007 Le jour de la naissance de Jack, en 1874 à Edimbourg, est si froid que son cœur en reste gelé. La sage-femme qui l’a mis au monde, mi-sorcière, mi-chaman, remplace l’organe défectueux par une horloge qu’il ne faut pas oublier de remonter tous les matins. Le garçon doit aussi éviter toute émotion : pas de colère, pas d’amour. Mais il va rencontrer une chanteuse de rue au regard de braise... « Je l’effleure de toutes mes forces, elle m’est fleur de toutes les siennes. ». « Une complicité s’installe, qui ressemble de si près à celle que nous avions dans le temps que des larmes me montent en plein sourire. ». « Il faisait le mystérieux comme vous. Il croyait à ses mensonges, enfin à ses rêves. Moi je pensais qu’il faisait ça pour m’impressionner, mais lui y croyait vraiment. ». FMP Corpus MALZ M « La Mécanique du cœur » commence un jour exceptionnel, alors qu’un événement fantastique survient dans un endroit préservé. Les personnages sont étranges, tous abîmés ou brinquebalants. Et pourtant, si étonnant soit le monde dans lequel se déroule cette histoire, il ne saurait échapper aux affres de la vie. Ici les héros sont d’abord des enfants, qui semblent souvent réagir en adultes. Imagée, versatile, l’écriture de Mathias Malzieu rebondit et s’envole, joue sur les multiples sens de mots choisis avec soin et excelle dans l’art de la description et des formules percutantes. Piochant dans des univers propices à l’exercice de l’imaginaire, il nous replonge dans notre insouciance originelle en donnant à son héros des airs de Pirouette Cacahuète. Il se réfère aussi ingénieusement aux maîtres actuels du genre que sont Tim Burton, Jean-Pierre Jeunet ou encore Michel Gondry. Ainsi, son petit homme au cœur sonnant voit le jour à Édimbourg, puis quitte son cocon pour se retrouver à Paris en prenant un train dans lequel il rencontre Jack l’Éventreur. Il voyage ensuite en direction du sud en compagnie de Georges Méliès, mais croise Lyon puis Auxerre avant d’atteindre Valence. Puis vient ce que Mathias Malzieu considère comme le Grand Sud, avec Orange, Perpignan et l’Espagne… L’auteur restitue habilement l’ambiance feutrée et irréelle, à la fois merveilleusement douce et inexplicablement inquiétante, propre aux contes fantastiques. Même les belles histoires peuvent mal se terminer, mais « La Mécanique du cœur » reste une délicate et pudique ode à l’amour, délicieusement décalée, qui aborde la difficulté de se confronter à la réalité sans jamais délivrer de morale. La Mécanique du cœur / Dionysos - Barclay, 2007 La Mécanique du cœur est le sixième album studio du groupe de rock français Dionysos, enregistré d’après le roman du même nom. Il est sorti le 5 novembre 2007. L’album est organisé selon le schéma classique d’un conte, à l’instar de l’album précédent, Monsters in Love. Il peut être considéré comme la suite logique de celui-ci : on y retrouve certains personnages tels que Giant Jack et Miss Acacia. L’album est une retranscription du livre de Mathias Malzieu : les personnages et l’intrigue de l’histoire sont les mêmes que dans l’album. À ce titre, il peut être considéré comme la bande sonore de ce dernier. Les différents personnages du roman sont incarnés sur l’album par des artistes invités : Émily Loizeau, Arthur H, Olivia Ruiz, Rossy de Palma, Grand Corps Malade, Jean Rochefort, Alain Bashung et Éric Cantona. La violoniste du groupe, Babet (Élisabeth Maistre), apparaît seulement sur le morceau « Cunnilingus mon amour » en raison de son indisponibilité lors de l’enregistrement de l’album. En effet, elle était alors en train de travailler sur son album solo. Toutefois, elle est présente lors de la tournée du groupe à partir de mars 2008. L’album a été arrangé par Olivier Daviaud. La pochette du disque a été réalisée par Karim Friha et Joann Sfar. CD 2 DIO Un vrai bonheur cet album... Pour moi le meilleur Dionysos. J’ai lu le livre au rythme des morceaux de l’album. J’ai pris un réel plaisir à suivre les deux. Cette histoire originale nous embarque dans une fantaisie digne de l’esprit très ingénieux de Mathias Malzieu (auteur du livre et leader du groupe). Nous découvrons la jeunesse de Jack, héros déjà présent dans le précédent livre de Mathias Malzieu et dans l’album « Monster in love »... De sa naissance, de son parcours étonnant à son histoire d’amour avec miss acacia (Olivia Ruiz... étonnante dans cet album !). À découvrir d’urgence ! Purge / Sofi Ok sanen - Audio Libre, 2011 En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes. Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quelqu’en soit le prix. À travers les personnages de ce magnifique livre, c’est une multitude de sentiments que l’on ressent, de l’effroi à l’amour, l’étonnement et le désespoir, et plein d’autres encore… Quoique l’on pense, il ne nous laisse pas indifférent et c’est vraiment un livre très fort. SJ CD OKS Minuit à Paris / Woody Allen - TF1 Vidéos, 2011 Gil et Inez sont deux jeunes fiancés américains préparant leur mariage. Ils passent quelques jours à Paris, accompagnant les parents d’Inez venus en France pour affaires. Alors que Gil est sous le charme de la capitale française et envisage de s’y installer, ni sa promise, ni ses futurs beaux-parents ne l’apprécient outre mesure. La rencontre inopinée avec un autre couple américain dont le mari est un ancien flirt d’Inez, suffisant et imbuvable, va contribuer à éloigner un peu plus les jeunes fiancés. Gil parcourt la ville à la recherche de l’inspiration pour son prochain roman et, alors que les douze coups de minuit ont sonné, il est invité à monter dans une vieille voiture qui va l’emporter vers le Paris des années 1920. Au fil des nuits, il va alors rencontrer Zelda et F. Scott Fitzgerald, Cole Porter, Ernest Hemingway, Juan Belmonte, Gertrude Stein, Pablo Picasso, T. S. Éliot, Salvador Dalí, Luis Buñuel, Man Ray, Toulouse Lautrec, Henri Matisse… Il va peu à peu tomber amoureux d’Adriana, qui est alors l’égérie de Picasso après avoir été celle de Modigliani. Pourtant celle-ci ne rêve que du Paris et du Maxim’s de la Belle époque, où ils finissent par se retrouver tous deux et où Adriana restera. Gil se séparera d’Inez et restera à Paris, où il rencontrera une jeune contemporaine aimant comme lui la ville sous la pluie. CLT DVD ALL M Pourquoi j’ai adoré ce film ? - D’abord pour l’ambiance musicale : « Manhattan », s’ouvrait sur plusieurs minutes en noir et blanc, sur fond de « Rhapsody in blue », de Gershwin. « Minuit à Paris » débute sur plusieurs minutes en couleurs, aux soins de Sidney Bechet qui joue un de ses morceaux les plus mélancoliques : « Si tu vois ma mère... ». - Ensuite pour les images de Paris : c’est quoi, Paris, pour l’œil amoureux de Woody Allen ? Une douceur de vivre. Une plénitude. Cette ville qui s’imagine le centre du monde, il la filme ocre et dorée, d’abord sous le soleil et, très vite, sous la pluie parce qu’il n’aime que les villes qui bruinent. « Quand le soleil brille, je déprime », a-t-il dit un jour... - Troisièmement pour ce voyage dans le temps qui permet à Owen Wilson (Gil) de rencontrer ses idoles et de se retrouver comme un enfant ébloui devant eux. Si cela était possible, qui souhaiteriez-vous rencontrer ? Et puis, Paulette... / Barbara Constantine - Calmann-Levy, 2012 Ferdinand vit seul dans sa grande ferme vide. Et ça ne le rend pas franchement joyeux. Un jour, après un violent orage, il passe chez sa voisine avec ses petits-fils et découvre que son toit est sur le point de s’effondrer. À l’évidence, elle n’a nulle part où aller. Très naturellement, les Lulus (ses petits enfants de 6 et 8 ans) lui suggèrent de l’inviter à la ferme. L’idée le fait sourire. Mais ce n’est pas si simple, certaines choses se font, d’autres pas… Après une longue nuit de réflexion, il finit tout de même par aller la chercher. De fil en aiguille, la ferme va se remplir, s’agiter, recommencer à fonctionner. Un ami d’enfance devenu veuf, deux très vieilles dames affolées, des étudiants un peu paumés, un amour naissant, des animaux. Et puis, Paulette… CLT Corpus CONS E Après « Tom, petit homme, tout petit homme, Tom » (que nous avions mis à l’honneur deux fois dans nos coups de cœur !), Barbara Constantine nous livre à nouveau un magnifique roman très touchant et drôle. Pas de sensiblerie larmoyante dans cette histoire mais beaucoup d’humour, de sensibilité et de tendresse pour évoquer, à travers la vie des ses personnages, la solitude, la misère, la dépendance aux autres et même un sujet aussi controversé que le « déni de grossesse »… Barbara Constantine n’a pas son pareil pour rendre ses personnages forts et attachants et on les aime, même avec leurs petits défauts. Le grenier des enfers / Douglas Preston & Lincoln Child - R. Laffont, 1999 Deux cadavres atrocement mutilés sont retrouvés dans les eaux boueuses des égouts de Manhattan. Apparemment, tout porte à croire que « la créature » qui les a tués n’est ni humaine, ni animale. Il s’agirait d’une sorte de mutant, à mi-chemin entre l’homme et la bête. Aussitôt s’engage, pour les policiers et les scientifiques, qui sont sur l’enquête, une folle course poursuite dans le repaire des « taupes », ces marginaux, SDF, parias de la société, qui vivent dans les tunnels abandonnés du métro de New-York, dans ses galeries désertes, dans un labyrinthe de lieux étrangers, au sein duquel se trouve « le grenier des enfers » et son terrible secret. MG Corpus GRE Même s’il est souhaitable d’avoir lu « Relic » en guise d’amuse-bouche, et ce pour mieux comprendre les protagonistes du « grenier », vous vous trouvez dans un grand Preston & Child. Le duo parvient à écrire une œuvre particulièrement intéressante par son côté « documentaire ». En effet, comme dans chaque bouquin de la saga, les auteurs réalisent un véritable travail d’investigation sur un thème précis (ici les souterrains de NY et ses habitants). Un très bon rythme, une lecture d’un trait, des personnages que l‘on adore revoir et surtout la description d’un monde souterrain et de ses habitants qui nous rend avide de curiosité. Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde / Étienne Klein, Jacques Perry-Salkow - Flammarion, 2011 Le physicien Étienne KLEIN et le pianiste Jacques PERRY-SALKOW unissent leurs talents et poussent très loin le jeu des anagrammes (pratique qui consiste à mélanger les lettres d’un mot pour en former un autre) dans ce petit recueil très surprenant. Et nous voilà entraînés vers la conviction que les mots, les noms et les expressions ont un « sens caché ». Pour « Le commandant Cousteau » quoi de plus naturel que pour lui « Tout commença dans l’eau ». « Marie-Antoinette d’Autriche » aurait pu voir son destin caché dans son nom : « Reine, ta tête a dû choir matin ». Quant à l’essentielle question « être ou ne pas être, voilà la question », la réponse est bien renversante : « Oui, et la poser n’est que vanité orale ». GB 793.7 KLE