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CN D Programme__Anne Collod 27/04/16 14:38 Page1 Anne Collod au CN D Le Parlement des invisibles CN D Programme__Anne Collod 27/04/16 14:38 Page3 Le Parlement des invisibles Anne Collod 11.05 & 12.05.2016 Durée 1 h Conception et direction artistique Anne Collod Chorégraphie Anne Collod en collaboration avec les interprètes, à partir de Sigurd Leeder Collaboration artistique Johann Maheut, Cécile Proust Interprétation Jonas Chéreau, Germana Civera, Marta Izquierdo Muñoz, Laurent Pichaud, Betty Tchomanga Musique Pierre-Yves Macé Musiciens enregistrés Maxime Echardour (percussions), Guénalé Keravec (bombarde ténor), Trami Nguyen (piano) Texte voix off Emilie Hermant, voix de Vincent Dupont Lumières Henri-Emmanuel Doublier assisté de Maxime Paumier Scénographie Johann Maheut Images Jacques Hœpffner Costumes La Bourette Régie générale Juliette Rudent-Gili Production et diffusion Marie Roche Administration Cross Media Culture Production déléguée ...& alters. Coproduction La Briqueterie-CDC du Val-de-Marne, Fontenay-en-Scènes, Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Le Vivat scène conventionnée d’Armentières, Parc de la Villette dans le cadre des Résidences d’artistes, Centre national de la danse, l’Arsenal Metz en Scènes, Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc- Roussillon (programme résidence), Le Phare centre chorégraphique national du Havre Haute-Normandie, Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort. Avec l’aide à la production d’Arcadi Île-de-France. Avec le soutien de l’Adami, la Spedidam, le Théâtre de Vanves scène conventionnée pour la danse, Pact Zollverein - Essen. Remerciements au CDC Toulouse/Midi-Pyrénées, au Théâtre Garonne scène européenne à Toulouse, au T2G – Théâtre de Gennevilliers. Spectacle créé à Fontenay-en-Scènes le 13 novembre 2014. L’association ...& alters est associée à la Brigueterie-CDC du Val-de-Marne (2014-2016) et est soutenue par la Drac Île-deFrance, ministère de la Culture et de la Communication au titre de l’aide à la structuration. Nous remercions chaleureusement les danseurs de Toulouse et le groupe d’étudiants de la formation Extensions du CDC Toulouse/Midi Pyrénées avec qui nous avons recréé La Danse Macabre de Sigurd Leeder : Guillaume Pierron, Inka Romani, Lucia Soto, Agathe Thévenot, Amélie Vallée, Anna Vanneau, Benjamin Forgues, Mélissa Garcia Carro, Clément Garcia, Émilie Labédan, Charlie Anastasia Merlet, Mickaël Mouchon et Lise Vermot. CN D Programme__Anne Collod 27/04/16 14:38 Page4 Gilles Amalvi Pour cette pièce, vous avez travaillé autour du dialogue entre morts et vivants, de la porosité entre ces deux mondes. Comment le motif de la danse macabre est-il intervenu dans votre réflexion ? Anne Collod Ce motif a impulsé mon désir de travailler sur les liens entre les vivants et les morts, il est devenu le fil conducteur du Parlement des invisibles. Ces représentations picturales du Moyen Âge, qui associent en une longue farandole des squelettes dansants entraînant des vivants pétrifiés – les plus puissants partant les premiers – articulent plusieurs dimensions : fictionnelle et documentaire, collective et politique, poignante et grotesque. Ces danses traitent des morts, et non de la mort. C’est une forme populaire qui opère des renversements entre les puissants et les faibles, les vivants et les morts – ces derniers étant les plus « vifs ». On retrouve le motif du carnaval et de la transition vers un ailleurs. Ce sont tous ces points qui ont guidé mon regard. Ces danses macabres m’ont incitée à changer de point de vue : dans le travail de réinterprétation d’œuvres chorégraphiques que je mène depuis de nombreuses années, je me suis rendue compte que je conversais avec des disparus, et que leur étrangeté, leur altérité m’entraînaient vers des contrées que je n’aurais pas explorées sans eux. Ces corps squelettiques faisaient écho aux notions d’altération et de décomposition chorégraphiques que je souhaitais explorer : aborder l’œuvre comme un champ de fouille foisonnant, un gisement à plusieurs strates dont sont excavés des fragments épars et des devenirs autres qui composent la matière d’une nouvelle pièce. Pendant la recherche, j’ai découvert la partition de La Danse Macabre (1935) de Sigurd Leeder, un chorégraphe et pédagogue allemand. Du coup, la pièce s’est construite autour d’une constellation de sources, d’intérêts vers d’autres façons d’envisager ce rapport avec les morts. Ça a été un travail chorégraphique, mais aussi une approche anthropologique qui m’a menée au Mexique et au Japon, grâce à deux bourses, l’Aide à la recherche et au patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication / CND et le programme Hors les Murs du ministère des Affaires étrangères qui ont soutenu en amont mon projet de recherches sur les danses macabres. G.A. À partir de cette collecte de matériaux, comment avez-vous opéré le travail de composition avec les danseurs ? A.C. Le travail s’est organisé selon deux axes : il y a eu d’abord le travail de transmission aux danseurs de fragments de la partition chorégraphique de Sigurd Leeder – que j’avais déchiffrée en amont et recréée avec des étudiants – selon différentes modalités, afin qu’ils puissent incorporer des motifs ; puis nous avons mené des recherches autour de différentes procédures d’altération de ces motifs. Ce qui nous guidait, c’est ce que mobilise la mémoire – fragmentation, effacement, nécrose, ralentissement et accélérations subites... Je souhaitais également pousser l’altération jusqu’à faire sourdre les éléments qui me paraissaient présents dans l’écriture de Sigurd Leeder sans être complètement exploités. Par exemple tout ce qui concerne l’expressivité, la sur-expressivité, pour faire surgir la dimension grotesque, carnavalesque... Il y a eu également le tissage de liens entre une démarche artistique, chorégraphique et une démarche plus intime. J’étais en recherche d’un renversement : conjurer un mouvement de disparition et d’anéantissement par un mouvement de réinvention, et transformer un processus d’occultation de la mort et des morts en un processus d’exposition et de partage. L’homme que j’aime avait vu disparaître son frère dans des circonstances très douloureuses et était resté exsangue. Des disparus familiaux anciens me hantaient tout en refusant de se laisser appréhender et de se dévoiler. Des mémoires corporelles de chacun – Jonas Chéreau, Germana Civera, Betty Tchomanga, I-Fang Lin et Fabrice Ramalingom (puis ultérieurement Marta Izquiero Munoz et Laurent Pichaud) – nous sommes passés aux souvenirs des disparus qui les accompagnaient et des gestes qui avaient été faits, ou pas, pour ces personnes. Là on retrouve la notion de geste d’offrande, très présente au Mexique. Cette idée de gestes par et pour les morts est devenue très importante dans le spectacle. Les danseurs sont finalement devenus leur défunt sur le plateau. Ce renversement s’est opéré progressivement. CN D Programme__Anne Collod 27/04/16 14:38 Page5 G.A. Comment ces différents niveaux de lecture des danses macabres se retrouvent-ils impliqués dans la dramaturgie de la pièce ? A.C. Ce qui m’a guidée, c’est l’idée d’un voyage : la traversée d’une œuvre qui se transforme et qui transforme notre regard. Dans toutes les lectures que j’ai pu faire, et notamment les ouvrages de la psychologue Magali Molinié et de la philosophe Vinciane Despret, j’ai retrouvé cette idée des morts comme des êtres qui continuent d’agir sur les vivants : c’est une transformation mutuelle au fond. Je voulais donc que la pièce prenne la forme d’une traversée chorégraphique, qui se suspend à un moment donné, et où les paroles des morts font irruption. Au niveau du développement, il y a aussi l’idée de commencer du plus sombre pour aller vers le plus clair, en passant par un moment intensément coloré. G.A. Dans le titre, ce « parlement », il y a l’idée d’une collectivité, d’une construction sociale qui circulerait, et qui déplacerait celle des vivants ? A.C. Ce titre – qui était déjà celui de la pièce bien avant que ne paraisse le livre du sociologue Pierre Rosanvallon – fait écho au renversement opéré dans les danses macabres : ce sont les morts qui conduisent en une chaîne dansante une société où se mêlent morts et vifs. Les morts mènent le dialogue. Dans les fresques du Moyen Âge, les adresses du mort au vivant qu’il emmène sont d’ailleurs écrites sous la farandole, et de fait ces paroles s’adressent à toute la communauté des vivants, rassemblée pour regarder et commenter ces représentations. Ce qui me tenait à cœur avec cette idée de « parlement », c’est l’idée de donner une forme d’existence à des êtres - et à des œuvres- qui n’ont généralement pas voix au chapitre, qui sont occultés, mais qui ont une influence parfois considérable sur les vivants. Ces rencontres avec des groupes de disparus ont amené à se rassembler des groupes de vivants au cours du travail : La Danse Macabre écrite par Sigurd Leeder pour un groupe de 18 étudiants à Dartington Hall, une communauté artistique et artisanale en Angleterre, a été recréée par un autre groupe d’étudiants-danseurs du CDC de Toulouse, qui s’est plongé avec moi dans l’interprétation de cette chorégraphie – afin qu’elle soit filmée par Jacques Hœpffner pour le projet. Ils ont été incroyables d’engagement et c’est là qu’a commencé concrètement le travail. Le Parlement des invisibles est né de croisements très prolifiques avec les collaborateurs artistiques. Nous avons co-construit cette traversée, cette célébration funéraire pour une œuvre et des êtres disparus. L’impact de la fête des morts au Mexique m’a amenée à traiter les différents médiums à importance égale, et ce sont parfois la musique de Pierre-Yves Macé, les images de Jacques Hœpffner, les lumières de Henri-Emmanuel Doublier, la scénographie de Johann Maheut ou les costumes de La Bourette qui ont déterminé les choix de ce qui se passe sur le plateau, autant que la chorégraphie. G.A. Au fond, les danseurs sont des intercesseurs entre différentes mémoires, différents « royaumes » ? A.C. Oui, ils sont eux-mêmes des archives vivantes qui ne cessent de convoquer d’autres présences/absences – sous différentes formes, gestes, spectres filmiques, images. La pièce joue du trouble des présences. Les spectres des images deviennent vivants, tandis que les danseurs glissent vers le royaume des morts, se camouflent, deviennent ombres par un jeu d’effacement à travers les masques, ou se surexposent. Dans cette pièce je me suis laissée contaminer et entrainer par les morts du côté du « fantastique ». On peut être à la fois très rationnel avec les morts et très irrationnel, c’est toujours sur le fil ! Entretien réalisé pour le CN D en février 2016 CN D Programme__Anne Collod 27/04/16 14:38 Page6 Biographie Initialement diplômée en biologie et en environnement, Anne Collod est danseuse contemporaine et chorégraphe. En parallèle à un parcours d’interprète auprès de différents chorégraphes, sa rencontre avec la cinétographie Laban (système d’écriture du mouvement) la conduit à s’intéresser à la recréation, à partir de partitions, d’œuvres chorégraphiques du XXè siècle et à cofonder le Quatuor Albrecht Knust (1993-2001), collectif d’interprètes. À partir de 2001, elle poursuit ce travail de réinterprétation en l’axant sur les « utopies du collectif ». Ce thème l’amène à travailler au long cours avec la chorégraphe américaine Anna Halprin, pionnière de la danse post-moderne, et à proposer une réinterprétation in-extenso de son œuvre majeure Parades and Changes (1965). Créé en 2008, Parades & changes, replays, suivi en 2011 d’une nouvelle version Parades & changes, replay in expansion tourne depuis intensivement en France et à l’étranger et a été récompensée par un Bessie Award à New York en 2010. Anne Collod a été lauréate en 2010 et 2011 de l’Aide à la recherche et au patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication et du programme hors les murs de l’Institut français / ministère des Affaires étrangères pour son projet Danses Macabres, qui l’a menée au Mexique et au Japon. Elle crée en 2014 Le Parlement des invisibles, fruit de ces recherches. Elle prépare pour 2017 une nouvelle création, Exposure, une proposition immersive pour une performeuse et des sites de production d’énergie avec l’éclairagiste Caty Olive, le compositeur Francisco Lopez et le scénographe Alexis Bertrand. Elle est par ailleurs membre du collectif Dingdingdong – Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington, qui rassemble des artistes, des chercheurs et des philosophes. Elle enseigne régulièrement en France et à l’étranger et est diplômée de la méthode Feldenkrais. CN D Centre national de la danse 1, rue Victor-Hugo, 93507 Pantin cedex – France 40 ter, rue Vaubecour, 69002 Lyon – France Licences 1-046304 / 2-1046305 / 3-1046306 SIRET 417 822 632 000 10 Présidente du Conseil d’administration Marie-Vorgan Le Barzic réservations et informations pratiques + 33 (0)1 41 83 98 98 cnd.fr Conception graphique Casier / Fieuws Le CND est un établissement public à caractère industriel et commercial subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication Directrice générale Mathilde Monnier Typographie Trade Gothic — Papier Munken Lynx 170 gr/m2 Impression I.M.S. Pantin Retrouvez l’ensemble de la programmation Printemps 2016 sur cnd.fr CN D Programme__Anne Collod 27/04/16 14:38 Page7 à venir Camping Plate-forme chorégraphique internationale Workshops, conférences, spectacles 20.06 > 01.07.2016 Camping est une plate-forme internationale qui propose une programmation qui rend possible toutes les expériences poétiques de la danse. À Pantin, en Île-de-France et à Lyon, Camping s’adresse à tous les acteurs de la danse, qu’ils soient étudiants, enseignants, interprètes, chorégraphes, chercheurs, mais aussi à un large public d’amateurs et de spectateurs. Spectacles Robert Cantarella, Colin Dunne et eRikm, Simon Mayer, Sophie Perez, Min Tanaka, Gábor Varga et József Trefeli. Conférences Les petites conférences de Jean-Christophe Bailly et Agnès Guillot, orchestrées par Gilberte Tsaï. Workshops François Chaignaud, Lucinda Childs, Volmir Cordeiro, Raphaëlle Delaunay, Colin Dunne, Brigel Gjoka, Jennifer Lacey, Xavier Le Roy, Daniel Linehan, Diane Madden, Valérie Mréjen, Rachid Ouramdane, Sophie Perez, Emmanuèle Phuon, Noé Soulier, Min Tanaka, Claudia Triozzi, Arkadi Zaïdes, La Ribot, Mette Ingvartsen, et deux workshops thématiques (santé et administration). Informations et réservation sur cnd.fr CN D Programme__Anne Collod 27/04/16 14:38 Page8