CN D Programme__Anne Collod

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Anne Collod
au CN D
Le Parlement
des invisibles
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Le Parlement des invisibles
Anne Collod
11.05 & 12.05.2016
Durée 1 h
Conception et direction artistique
Anne Collod
Chorégraphie
Anne Collod en collaboration avec les interprètes, à partir de Sigurd Leeder
Collaboration artistique
Johann Maheut, Cécile Proust
Interprétation
Jonas Chéreau, Germana Civera, Marta Izquierdo Muñoz, Laurent Pichaud, Betty Tchomanga
Musique
Pierre-Yves Macé
Musiciens enregistrés
Maxime Echardour (percussions), Guénalé Keravec (bombarde ténor), Trami Nguyen (piano)
Texte voix off
Emilie Hermant, voix de Vincent Dupont
Lumières
Henri-Emmanuel Doublier assisté de Maxime Paumier
Scénographie
Johann Maheut
Images
Jacques Hœpffner
Costumes
La Bourette
Régie générale
Juliette Rudent-Gili
Production et diffusion
Marie Roche
Administration
Cross Media Culture
Production déléguée ...& alters.
Coproduction La Briqueterie-CDC du Val-de-Marne, Fontenay-en-Scènes, Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Le Vivat scène
conventionnée d’Armentières, Parc de la Villette dans le cadre des Résidences d’artistes, Centre national de la danse, l’Arsenal Metz en Scènes, Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc- Roussillon (programme résidence), Le Phare centre
chorégraphique national du Havre Haute-Normandie, Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort.
Avec l’aide à la production d’Arcadi Île-de-France. Avec le soutien de l’Adami, la Spedidam, le Théâtre de Vanves scène
conventionnée pour la danse, Pact Zollverein - Essen. Remerciements au CDC Toulouse/Midi-Pyrénées, au Théâtre Garonne scène
européenne à Toulouse, au T2G – Théâtre de Gennevilliers. Spectacle créé à Fontenay-en-Scènes le 13 novembre 2014.
L’association ...& alters est associée à la Brigueterie-CDC du Val-de-Marne (2014-2016) et est soutenue par la Drac Île-deFrance, ministère de la Culture et de la Communication au titre de l’aide à la structuration.
Nous remercions chaleureusement les danseurs de Toulouse et le groupe d’étudiants de la formation Extensions du CDC
Toulouse/Midi Pyrénées avec qui nous avons recréé La Danse Macabre de Sigurd Leeder : Guillaume Pierron, Inka Romani,
Lucia Soto, Agathe Thévenot, Amélie Vallée, Anna Vanneau, Benjamin Forgues, Mélissa Garcia Carro, Clément Garcia, Émilie
Labédan, Charlie Anastasia Merlet, Mickaël Mouchon et Lise Vermot.
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Gilles Amalvi Pour cette pièce, vous avez
travaillé autour du dialogue entre morts et
vivants, de la porosité entre ces deux mondes.
Comment le motif de la danse macabre est-il
intervenu dans votre réflexion ?
Anne Collod Ce motif a impulsé mon désir
de travailler sur les liens entre les vivants et
les morts, il est devenu le fil conducteur du
Parlement des invisibles. Ces représentations
picturales du Moyen Âge, qui associent en une
longue farandole des squelettes dansants
entraînant des vivants pétrifiés – les plus
puissants partant les premiers – articulent
plusieurs dimensions : fictionnelle et
documentaire, collective et politique, poignante
et grotesque. Ces danses traitent des morts,
et non de la mort. C’est une forme populaire
qui opère des renversements entre les puissants et
les faibles, les vivants et les morts – ces derniers
étant les plus « vifs ». On retrouve le motif du
carnaval et de la transition vers un ailleurs. Ce
sont tous ces points qui ont guidé mon regard.
Ces danses macabres m’ont incitée à changer de
point de vue : dans le travail de réinterprétation
d’œuvres chorégraphiques que je mène depuis de
nombreuses années, je me suis rendue compte
que je conversais avec des disparus, et que leur
étrangeté, leur altérité m’entraînaient vers des
contrées que je n’aurais pas explorées sans eux.
Ces corps squelettiques faisaient écho aux
notions d’altération et de décomposition
chorégraphiques que je souhaitais explorer :
aborder l’œuvre comme un champ de fouille
foisonnant, un gisement à plusieurs strates dont
sont excavés des fragments épars et des devenirs
autres qui composent la matière d’une nouvelle
pièce. Pendant la recherche, j’ai découvert la
partition de La Danse Macabre (1935) de Sigurd
Leeder, un chorégraphe et pédagogue allemand.
Du coup, la pièce s’est construite autour d’une
constellation de sources, d’intérêts vers d’autres
façons d’envisager ce rapport avec les morts.
Ça a été un travail chorégraphique, mais aussi
une approche anthropologique qui m’a menée
au Mexique et au Japon, grâce à deux bourses,
l’Aide à la recherche et au patrimoine du
ministère de la Culture et de la Communication /
CND et le programme Hors les Murs du
ministère des Affaires étrangères qui ont
soutenu en amont mon projet de recherches
sur les danses macabres.
G.A. À partir de cette collecte de matériaux,
comment avez-vous opéré le travail de
composition avec les danseurs ?
A.C. Le travail s’est organisé selon deux axes :
il y a eu d’abord le travail de transmission
aux danseurs de fragments de la partition
chorégraphique de Sigurd Leeder – que j’avais
déchiffrée en amont et recréée avec des
étudiants – selon différentes modalités, afin
qu’ils puissent incorporer des motifs ; puis
nous avons mené des recherches autour de
différentes procédures d’altération de ces
motifs. Ce qui nous guidait, c’est ce que
mobilise la mémoire – fragmentation,
effacement, nécrose, ralentissement et
accélérations subites... Je souhaitais également
pousser l’altération jusqu’à faire sourdre les
éléments qui me paraissaient présents dans
l’écriture de Sigurd Leeder sans être
complètement exploités. Par exemple tout ce
qui concerne l’expressivité, la sur-expressivité,
pour faire surgir la dimension grotesque,
carnavalesque...
Il y a eu également le tissage de liens entre
une démarche artistique, chorégraphique et
une démarche plus intime. J’étais en recherche
d’un renversement : conjurer un mouvement
de disparition et d’anéantissement par un
mouvement de réinvention, et transformer un
processus d’occultation de la mort et des morts
en un processus d’exposition et de partage.
L’homme que j’aime avait vu disparaître son
frère dans des circonstances très douloureuses
et était resté exsangue. Des disparus familiaux
anciens me hantaient tout en refusant de
se laisser appréhender et de se dévoiler.
Des mémoires corporelles de chacun – Jonas
Chéreau, Germana Civera, Betty Tchomanga,
I-Fang Lin et Fabrice Ramalingom (puis
ultérieurement Marta Izquiero Munoz et Laurent
Pichaud) – nous sommes passés aux souvenirs
des disparus qui les accompagnaient et des
gestes qui avaient été faits, ou pas, pour ces
personnes. Là on retrouve la notion de geste
d’offrande, très présente au Mexique. Cette idée
de gestes par et pour les morts est devenue très
importante dans le spectacle. Les danseurs sont
finalement devenus leur défunt sur le plateau.
Ce renversement s’est opéré progressivement.
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G.A. Comment ces différents niveaux de lecture
des danses macabres se retrouvent-ils
impliqués dans la dramaturgie de la pièce ?
A.C. Ce qui m’a guidée, c’est l’idée d’un
voyage : la traversée d’une œuvre qui se
transforme et qui transforme notre regard.
Dans toutes les lectures que j’ai pu faire, et
notamment les ouvrages de la psychologue
Magali Molinié et de la philosophe Vinciane
Despret, j’ai retrouvé cette idée des morts
comme des êtres qui continuent d’agir sur les
vivants : c’est une transformation mutuelle au
fond. Je voulais donc que la pièce prenne la
forme d’une traversée chorégraphique, qui se
suspend à un moment donné, et où les paroles
des morts font irruption. Au niveau du
développement, il y a aussi l’idée de
commencer du plus sombre pour aller vers le
plus clair, en passant par un moment
intensément coloré.
G.A. Dans le titre, ce « parlement », il y a l’idée
d’une collectivité, d’une construction sociale qui
circulerait, et qui déplacerait celle des vivants ?
A.C. Ce titre – qui était déjà celui de la pièce
bien avant que ne paraisse le livre du
sociologue Pierre Rosanvallon – fait écho au
renversement opéré dans les danses macabres :
ce sont les morts qui conduisent en une chaîne
dansante une société où se mêlent morts et
vifs. Les morts mènent le dialogue. Dans les
fresques du Moyen Âge, les adresses du mort
au vivant qu’il emmène sont d’ailleurs écrites
sous la farandole, et de fait ces paroles
s’adressent à toute la communauté des vivants,
rassemblée pour regarder et commenter ces
représentations. Ce qui me tenait à cœur avec
cette idée de « parlement », c’est l’idée de
donner une forme d’existence à des êtres - et à
des œuvres- qui n’ont généralement pas voix au
chapitre, qui sont occultés, mais qui ont une
influence parfois considérable sur les vivants.
Ces rencontres avec des groupes de disparus
ont amené à se rassembler des groupes de
vivants au cours du travail : La Danse Macabre
écrite par Sigurd Leeder pour un groupe de
18 étudiants à Dartington Hall, une
communauté artistique et artisanale en
Angleterre, a été recréée par un autre groupe
d’étudiants-danseurs du CDC de Toulouse, qui
s’est plongé avec moi dans l’interprétation de
cette chorégraphie – afin qu’elle soit filmée
par Jacques Hœpffner pour le projet. Ils ont
été incroyables d’engagement et c’est là qu’a
commencé concrètement le travail.
Le Parlement des invisibles est né de croisements très prolifiques avec les collaborateurs
artistiques. Nous avons co-construit cette
traversée, cette célébration funéraire pour une
œuvre et des êtres disparus. L’impact de la fête
des morts au Mexique m’a amenée à traiter les
différents médiums à importance égale, et ce
sont parfois la musique de Pierre-Yves Macé,
les images de Jacques Hœpffner, les lumières
de Henri-Emmanuel Doublier, la scénographie
de Johann Maheut ou les costumes de La
Bourette qui ont déterminé les choix de ce qui
se passe sur le plateau, autant que la
chorégraphie.
G.A. Au fond, les danseurs sont des
intercesseurs entre différentes mémoires,
différents « royaumes » ?
A.C. Oui, ils sont eux-mêmes des archives
vivantes qui ne cessent de convoquer d’autres
présences/absences – sous différentes formes,
gestes, spectres filmiques, images. La pièce
joue du trouble des présences. Les spectres
des images deviennent vivants, tandis que les
danseurs glissent vers le royaume des morts,
se camouflent, deviennent ombres par un jeu
d’effacement à travers les masques, ou se
surexposent. Dans cette pièce je me suis laissée
contaminer et entrainer par les morts du côté
du « fantastique ». On peut être à la fois très
rationnel avec les morts et très irrationnel, c’est
toujours sur le fil !
Entretien réalisé pour le CN D en février 2016
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Biographie
Initialement diplômée en biologie et en environnement, Anne Collod est danseuse contemporaine et
chorégraphe. En parallèle à un parcours d’interprète auprès de différents chorégraphes, sa rencontre
avec la cinétographie Laban (système d’écriture du mouvement) la conduit à s’intéresser à la
recréation, à partir de partitions, d’œuvres chorégraphiques du XXè siècle et à cofonder le Quatuor
Albrecht Knust (1993-2001), collectif d’interprètes.
À partir de 2001, elle poursuit ce travail de réinterprétation en l’axant sur les « utopies du
collectif ». Ce thème l’amène à travailler au long cours avec la chorégraphe américaine Anna Halprin,
pionnière de la danse post-moderne, et à proposer une réinterprétation in-extenso de son œuvre
majeure Parades and Changes (1965). Créé en 2008, Parades & changes, replays, suivi en 2011
d’une nouvelle version Parades & changes, replay in expansion tourne depuis intensivement en
France et à l’étranger et a été récompensée par un Bessie Award à New York en 2010.
Anne Collod a été lauréate en 2010 et 2011 de l’Aide à la recherche et au patrimoine du ministère
de la Culture et de la Communication et du programme hors les murs de l’Institut français / ministère
des Affaires étrangères pour son projet Danses Macabres, qui l’a menée au Mexique et au Japon.
Elle crée en 2014 Le Parlement des invisibles, fruit de ces recherches. Elle prépare pour 2017
une nouvelle création, Exposure, une proposition immersive pour une performeuse et des sites de
production d’énergie avec l’éclairagiste Caty Olive, le compositeur Francisco Lopez et le scénographe
Alexis Bertrand.
Elle est par ailleurs membre du collectif Dingdingdong – Institut de coproduction de savoir sur la
maladie de Huntington, qui rassemble des artistes, des chercheurs et des philosophes.
Elle enseigne régulièrement en France et à l’étranger et est diplômée de la méthode Feldenkrais.
CN D
Centre national de la danse
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et de la Communication
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Impression
I.M.S. Pantin
Retrouvez l’ensemble de la programmation Printemps 2016
sur cnd.fr
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à venir
Camping
Plate-forme chorégraphique internationale
Workshops, conférences, spectacles
20.06 > 01.07.2016
Camping est une plate-forme internationale qui propose une programmation qui rend possible toutes
les expériences poétiques de la danse. À Pantin, en Île-de-France et à Lyon, Camping s’adresse à
tous les acteurs de la danse, qu’ils soient étudiants, enseignants, interprètes, chorégraphes,
chercheurs, mais aussi à un large public d’amateurs et de spectateurs.
Spectacles
Robert Cantarella, Colin Dunne et eRikm, Simon Mayer, Sophie Perez, Min Tanaka, Gábor Varga et
József Trefeli.
Conférences
Les petites conférences de Jean-Christophe Bailly et Agnès Guillot, orchestrées par Gilberte Tsaï.
Workshops
François Chaignaud, Lucinda Childs, Volmir Cordeiro, Raphaëlle Delaunay, Colin Dunne, Brigel
Gjoka, Jennifer Lacey, Xavier Le Roy, Daniel Linehan, Diane Madden, Valérie Mréjen, Rachid
Ouramdane, Sophie Perez, Emmanuèle Phuon, Noé Soulier, Min Tanaka, Claudia Triozzi, Arkadi
Zaïdes, La Ribot, Mette Ingvartsen, et deux workshops thématiques (santé et administration).
Informations et réservation sur cnd.fr
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