Analyse de l`enquête « natation dans les collèges du Haut

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Analyse de l`enquête « natation dans les collèges du Haut
Analyse de l'enquête « natation dans les collèges du Haut-Rhin »
année scolaire 2014-15
Le département du Haut-Rhin compte 770000 habitants et 25 piscines y sont utilisées par les collégiens.
Les 57 collèges et leurs équipes pédagogiques EPS sont tenus dans le cadre du socle commun de valider
le savoir nager. La contrainte des installations est toujours forte pour choisir les APSA au sein du projet
EPS d'un établissement. Celle de la natation l'est particulièrement, en effet les « créneaux » accessibles
aux élèves sont limités par le nombre de piscines et la cohabitation avec les écoles primaires, les lycées et
l'accueil du public. Sur certains créneaux ce sont même les clubs sportifs qui sont en concurrence avec
l'enseignement obligatoire d'EPS.
C'est le conseil départemental qui a la compétence « collège » dans ses attributions et donc la mise à
disposition de salles adaptées à toutes les disciplines et enseignements. Mais il n'y a pas de piscine
départementale (elles sont communales ou le plus souvent inter-communales). Même si elles le sont
toutes un peu puisque partiellement financées par des fonds départementaux. De même qu'il ne vient à
l'esprit de personne de concevoir un collège sans salles spécialisées de sciences, il ne vient pas à l'esprit
des responsables politiques Haut-Rhinois de prévoir une salle spécialisée « natation ».
Quelle réalité et même quelles réalités pour l'enseignement de la natation dans le département du
Haut-Rhin
Au cours de cette année scolaire le SNEP-FSU est entré en contact avec 45 professeurs d'EPS de 45 des
57 collèges du 68. Au cours de ces entretiens nous avons pu voir des réalités très différente, nous vous
proposons d'en découvrir davantage sur les conditions d'enseignement et donc d'apprentissage des élèves
du département. Ces données sont utilisables dans les établissements pour argumenter en faveur d'une
meilleure prise en compte des besoins en installations sportives. Les responsables des collectivités
territoriales sont souvent jaloux de l'herbe plus verte du voisin. De son coté le SNEP-FSU Strasbourg
tentera de porter auprès de ces collectivités territoriales son analyse, pour tenter d'améliorer la situation et
de réduire (un peu) les inégalités flagrantes.
Quelques chiffres :
Cette année 2014-15 comptait 30000 collégiens dans le 68. Notre enquête porte sur 45 établissements sur
57, donc environ sur 23700 élèves. 10801 ont effectué un cycle natation, soit 45,6 %.
Sur les 6èmes 97 % participent à un cycle, 58 % des 5èmes, 22 % des 4èmes et moins de 8 % des 3èmes.
1.La capacité d'accueil des piscines du département.
25 piscines accueillent les 43 collèges touchés par cette enquête. 2 piscines accueillent 4 collèges
différents, 2 piscines accueillent 3 collèges, 10 piscines accueillent 2 collèges et 11 piscines accueillent 1
seul collège. 2 établissements ne font pas de cycle de natation. A noter qu'un établissement se rend dans
un autre département pour nager et que les écoles et lycées occupent aussi des créneaux dans ces mêmes
lieux.
6 collèges obtiennent sur tout ou grande partie de leurs créneaux d'évoluer sur 3 lignes d'eau de 25m pour
1 groupe. Au contraire 3 collèges se contentent pour leurs élèves d'1 ligne d'eau ! S'ajoutent dans ces cas
les autres établissements scolaires et le public (pour Guebwiller par exemple). On peut s'inquiéter
légitimement des conditions d'apprentissages de ces élèves ainsi que des conditions de travail de leurs
enseignants.
La « norme » est de 2 lignes d'eau pour le groupe ou la classe, ce qui est le cas pour 33 collèges. Certaines
équipes EPS bénéficient quelquefois du bassin d'apprentissage pour leurs « débutants » ce qui modifie
l'organisation des leçons et désemplit les lignes d'eau du grand bain, encore faut-il avoir un dispositif type
accompagnement éducatif qui rémunère un enseignant en « surnombre ».
2.Le financement
18 collèges se rendent à pied à la piscine, pour 25 qui s'adressent à une compagnie de transports pour les
véhiculer. La prise en charge financière de l'entrée à la piscine ainsi que du déplacement en car n'est pas
toujours connue des collègues interrogés et donc difficile à appréhender.
11 enseignants interrogés connaissent le coût du transport en car et on peut constater un coût moyen de 95
euros par aller-retour. A noter que lorsque le coût n'est pas connu, c'est bien souvent parce que la
commune ou l’intercommunalité le prend en charge directement.
Les créneaux ont également un coût qui n'est pas toujours connu, parce que pris également en charge par
certaines collectivités territoriales. Lorsque c'est le créneau qui est facturé, le coût moyen est de 73 euros
mais cela peut varier de 33 à 250 euros. Lorsque la facturation est calculée selon l'effectif du groupe, le
prix de l'entrée varie de 1 à 3 euros par personne, avec une moyenne de 1,8 euros.
3.Les non nageurs
773 élèves de 6ème sur les 5867 répertoriés dans cette enquête sont considérés comme non nageurs, soit
13,2 %.
197 élèves de 5ème sur 3249 sont également non nageurs, soit 6 %
28 élèves de 4ème sur 1245 et 3 élèves de 3ème sur 440, soit respectivement 2,3 % et 0,7 %.
Bien évidemment sur ces 2 derniers niveaux, il y a bien trop peu d'élèves se rendant à la piscine pour en
tirer un enseignement représentatif.
Pour le site« Atlantico » c'est 21 % des 15-85 ans qui ne savent pas nager. Pour le journal « La croix » la
moitié des enfants de 10 ans ne sait pas nager. Pour l'INPES sur la base du déclaratif ( nager au moins
10m) il n'y aurait que 15 % des élèves de CM2 non nageurs. On voit qu'il est difficile de savoir !
Pour ce qui concerne cette enquête, il nous paraît que 13 % de non-nageurs (au sens du savoir nager des
textes officiels en EPS) est une hypothèse basse, en effet on devrait ajouter que ceux qui ne vont pas à la
piscine, ont d'autant plus de chance d'être non-nageurs ou mauvais nageurs...
Sur les 9 collèges déclarant le plus de non nageurs en 6ème (+ de 20%) 7 sont en REP ou REP+ et 5 se
trouvent sur Mulhouse, 2 sur Colmar et les 2 derniers dans la couronne mulhousienne.
4.Les remédiations
7 de ces 9 établissements déclarant le plus grand nombre de NN proposent de la remédiation (29 sur les
43). Si l'on ne peut que saluer la volonté et la créativité des enseignants d'EPS qui viennent en surnombre
ou proposent des créneaux supplémentaires on doit aussi regretter que quasi-systématiquement c'est sur
leur volontariat. Mis à part un sous service comblé par ce biais cette aide essentielle ne fait jamais partie
du service des enseignants.
7 établissements proposaient en 2014-15 de l'accompagnement éducatif volet sportif « savoir nager » et 6
collègues viennent en surnombre.
Les remédiations sont rétribuées sur la base d'HSE ou d'heures d'accompagnement éducatif. Quand on sait
qu'à la rentrée 2015 l'AE disparaîtra (à l'exception des REP) nous pouvons légitimement nourrir quelques
inquiétudes sur l'enseignement de la natation.
5.Durée de la leçon
La durée effective dans l'eau ne dépasse jamais 1h. A l'emploi du temps il est pourtant bien indiqué 2h
d'EPS. Même lorsque la proximité le permet, il n'existe pas de temps d'enseignement de la nation
supérieur à 1h. Quel dommage !
14 collèges ont un temps de leçon d'1h et 29 restent moins d'1h dans l'eau. Les raisons sont doubles: des
horaires décalés entre l'établissement et la piscine, ainsi que le temps des trajets. Le temps moyen passé
dans l'eau est de 50 min.
6.Réforme des rythmes dans le primaire
La réforme des rythmes a contraint les municipalités à prévoir des activités péri-éducatives pour les
écoliers. Les installations sportives ont été préemptées par les communes et les piscines n'ont pas fait
exception. Au moins 5 fois les enseignants d'EPS relèvent cette difficulté: les créneaux ont été moins
nombreux ou les contraintes plus grandes pour programmer l'enseignement de la nation.
7.Quelles classes vont nager ?
Il n'y a que 2 collèges dont les 4 niveaux de la 6ème à la 3ème vont nager. Les piscines sont proches de
ces établissements et surtout les communautés de communes financent largement cette politique. 3
collèges emmènent 3 niveaux, 20 collèges emmènent 2 niveaux et 18 collèges n'emmènent que les 6èmes.
2 établissements ont renoncé, face aux contraintes budgétaires et pratiques, à programmer l'enseignement
de la natation.
8.Temps de trajet
Les groupes mettent de 3 à 30 minutes pour se rendre sur leur lieu de pratique. A pied ou en bus cela
représente en moyenne 13 min et 40 sec de déplacement. Trop souvent ça empiète sur le temps de la
leçon. A noter que quelquefois (aussi) il reste du temps « à tuer » lorsque l'on est très près de la piscine, le
temps de pratique étant limité à 1h. Étrangement le coût du transport en car n'est pas rédhibitoire : parmi
les 25 établissements concernés on trouve ceux qui emmènent plusieurs niveaux (15 de ces collèges
emmènent 2,3 ou les 4 niveaux).
En conclusion il me semble que la natation est la pratique en EPS où les contraintes horaires et
financières sont les plus fortes. Pour si peu de temps passé dans l'eau, il y a un temps conséquent passé à
commander des bus, se réunir pour attribuer les créneaux, faire le lien entre la piscine et la direction du
collège…
Trop souvent le poids du coût des entrées et du transport nous est reproché par des chefs d'établissement,
des gestionnaires voir même des parents ?
Combien de cycles n'ont pas lieu faute de crédits ou de créneaux ?
Les élèves de l'éducation prioritaire sont ceux qui habitent les villes et se trouvent proches des piscine et
pourtant il s'avère que c'est parmi eux que l'on trouve le plus grand pourcentage de non nageurs. Même si
les enseignants d'EPS relèvent les difficultés culturelles et religieuses il faudrait prendre ce défi social à
bras le corps, être issu d'un quartier ne doit plus être synonyme de non-nageur.
Les installations sportives qui sont sources d'emploi non délocalisables doivent être rénovées,
construites, agrandies au plus près des utilisateurs majoritaires que sont les scolaires de la maternelle
à l'université.
Christophe ANSEL

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