LA FLUTE A BEC Au Moyen-âge et à la Renaissance, les flûtes à

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LA FLUTE A BEC Au Moyen-âge et à la Renaissance, les flûtes à
LA FLUTE A BEC
Au Moyen-âge et à la Renaissance, les flûtes à bec, ou flûtes douces, sont d’un usage courant
dans toute l’Europe : employées en formation homogène, ou mêlées à d’autres instruments.
Leur perce est large et leur bois peu dense pour obtenir une sonorité douce et ample. Un
ensemble de telles flûtes sonne comme un petit orgue. Shakespeare mentionne l’utilisation de
« consort » (ensemble) de flûtes à bec pour l’exécution de musique de scène.
Le roi Henry VIII d’Angleterre (1491-1547), dont la chapelle royale est un centre musical
important, possède 76 flûtes à bec. La « famille » des flûtes à bec est étendue : elle va
d’instruments qui n’ont que quinze centimètres de longueur jusqu’à d’autres qui mesurent
plus de deux mètres.
De son côté, S.Ganassi, en 1535, décrit un autre type de flûte à bec : c’est un instrument
soliste dont l’ambitus (étendue des notes; de la plus grave à la plus aiguë) est plus grand que
celui des flûtes d’ensemble. Elle permet une grande virtuosité pour exécuter les
« diminutions »(ornementations rapides), fort en vogue à l’époque en Italie.
Au début du XVIIe siècle, la flûte à bec est également employée dans l’orchestre
(Monteverdi…)
A la fin du XVIIe siècle, sous l’influence de facteurs d’instruments renommés (Hotteterre en
France, puis Denner en Allemagne, Stanesby en Angleterre), la flûte à bec évolue beaucoup :
sa perce devient plus étroite, plus conique, son timbre plus brillant. On utilise davantage des
bois denses, comme le buis. La flûte la plus courante est l’alto en fa. Le répertoire abonde
alors en sonates et concertos (Vivaldi, Telemann, Haendel…). Les compositeurs utilisent
aussi la flûte à bec comme instrument d’orchestre, dans les opéras et cantates, souvent pour
exprimer la douleur, la douceur ou la joie céleste ( Purcell, Haendel…). J.S.Bach l’emploie
dans plus de vingt cantates, dans la passion selon St-Mathieu, dans les 2e et 4e concertos
brandebourgeois. On appelle souvent la flûte à bec « flûte d’Angleterre », alors que la flûte
traversière est appelée « flûte d ‘Allemagne ».
Vers le milieu du XVIIIe siècle, la flûte à bec disparaît pour quelque cent cinquante ans…
(mais il subsiste, au XIXe siècle, le flageolet et le csakan, qui sont des sortes de flûtes à bec à
clés)
Vers 1910, un musicien anglais, Arnold Dolmetsch, reconstitue une flûte à bec d’après des
modèles baroques, mais en adaptant le doigté au tempérament égal et en agrandissant le canal
(ouverture pratiquée dans le bec, qui conduit l’air sur le biseau) pour permettre la production
en série. Cette facture industrielle, avec quelques variantes, se répand dans le monde entier.
En même temps, on redécouvre le répertoire ancien et des compositeurs du XXe siècle
écrivent à nouveau pour flûte à bec (Hindemith, Britten…Berio, Hirose, Thon That Thiet…).
Aujourd’hui la facture artisanale connaît un grand essor : elle répond à une demande
d’instruments personnalisés de qualité.
La première classe de flûte a bec dans un conservatoire français a été créée à Strasbourg, par
Elisabeth Schoch, en 1962. Celle du conservatoire de Clermont-Ferrand existe depuis 1982.
L’enseignement comprend l’étude de la technique spécifique et du répertoire soliste de
l’instrument ; il est également fondé sur la pratique de la musique d’ensemble et l’emploi des
quatre tailles courantes de flûtes (soprane, alto,ténor,basse).