Redalyc.Carnap et les éléments visant le développement d`une
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Red de Revistas Científicas de América Latina, el Caribe, España y Portugal Sistema de Información Científica Magdalena Pradilla Rueda Carnap et les éléments visant le développement d'une ontologie à partir des machines logiques Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia, vol. X, núm. 20-21, 2010, pp. 133-145, Universidad El Bosque Colombia Disponible en: http://www.redalyc.org/articulo.oa?id=41418343006 Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia, ISSN (Version imprimée): 0124-4620 [email protected] Universidad El Bosque Colombia ¿Comment citer? journal Compléter l'article Plus d'informations de cet article Site Web du www.redalyc.org Le Projet Académique à but non lucratif, développé sous l'Acces Initiative Ouverte Carnap et les éléments visant le développement d’une ontologie à partir des machines logiques Magdalena Pradilla Rueda1. R ésumé A la question « si le savoir informatique largement technifié nous présente encore des problèmes qui peuvent être résolus par une réflexion philosophique ou s’il est capable de répondre à ce type de problématique depuis ce savoir même », nous répondons ontologiquement présentant les objets informatiques selon la perspective ontologique interne posée par Carnap, dans laquelle la réalité d`un objet est donnée par un ‹ monde possible › et son existence est procurée par son adaptation aux différents éléments du monde donné. Or, le savoir informatique se présente sous divers mondes de réalité tels que : le monde des phénomènes empiriques, du langage, des calculs, des systèmes formels généraux et de la complexité. Ces mondes sont le support de la construction des objets, c’est donc dedans chacun des mondes que nous trouvons des problèmes philosophiques et épistémologiques authentiques qui, dans la plupart, sont résolus d’âpres réflexions philosophiques. Ainsi même, les divers mondes construits déploient une ‹ généalogie › du savoir en question et l’ensemble d’eux montre un ‹ objet informatique › dans son intégralité. Mots clés: philosophie de la science, logique mathématique, épistémologie de l’Informatique, ontologie, calculabilité. A bstract To the question: “does the widely technified systems information knowledge present problems for us, which could be solved by a philosophic reflection, or can that knowledge answer by itself to this kind of problems?”, we ontologically answer by presenting the information objects according to ‘internal ontological perspectives’ proposed by Carnap, in which an object reality is given by ‘possible worlds’ and the existence by its adaptation to the elements of that given world. So forth, the systems information knowledge exists in various worlds, such as: empirical objects world, language world, calculus world, formal systems and complexity worlds. These worlds are the foundation of objects building, and in each of these worlds the authentic philosophical and epistemological problems appear, which can be solved mostly by philosophical reflections. In addition, these various worlds conforms a ‘genealogy’ of this knowledge, and the total set of these worlds show the existence of an ‘information object’ in its integrality. Key words: philosophy of science, mathematical logic, informatics epistemology, ontology, calculability. 1 Docteur en Philosophie‚ Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne‚ 2008. Carnap et elements [...] - Magdalena Pradilla Rueda Introduction Parler d’informatique est en quelque sorte parler d’une espèce de machines que nous pourrons appeler ‹ nouvelles › ou plus couramment ordinateurs, ce qui nous amène à transformer radicalement la notion de machine qu’on avait jusqu’alors. Nous savons que la création des machines en général a correspondu aux différents ordres de besoins ressentis par l’être humain au long de l’histoire, comme, la prolongation des sens ou fonctions de motricité, mémoire, calcul, …, entre autres. Ainsi, par voie de conséquence, nous trouvons progressivement, depuis des siècles, des machines installées parmi nous : machines pour l’industrie (métiers à tisser, moulins à eaux et à vent, puis moteurs à explosion pour toutes sortes de travaux, etc.), machines destinées à nous transporter (trains, bateaux, avions, etc.), machines pour nous aider dans les tâches quotidiennes (fours, réfrigérateurs, etc.), machines pour l’écriture et le dessin, machines pour nous divertir, machines pour gérer les emplois et nos affaires quotidiennes, machines pour faire de la musique, machines pour communiquer (télégraphes, etc.), machines pour calculer (piano de Jevons, automate de Leibniz, machine de Babbage, etc.). Or les machines sont de plus en plus nombreuses et proches des façons de faire de l’être humain en tant que tel. Parmi cet ensemble de ‹ machines ›, nous identifions les machines à calculer, dans lesquelles nous pourrions intégrer ces ‹ nouvelles machines ›, mais c’est justement la nouveauté de ces machines ou ordinateurs qui nous conduisent à les classer d’une manière différente des anciennes machines. L’originalité de ces machines se réfère à ‹ l’assimilation de l’esprit dans la machine ›, dont l’innovation réside dans le recours à l’utilisation de la logique. Cette nouvelle caractéristique représente une discontinuité dans la tradition de réaliser des machines qui jusqu’alors n’étaient que des machines matérielles. Ainsi la démarche perd-elle le caractère pragmatique de la résolution de problèmes de calcul et devient-elle essentiellement logique et théorique. Nous voyons comment des calculateurs mécaniques sont devenus logiques et informationnels et servent à accroître nos capacités mentales de calcul, de raisonnement, de mémorisation et de traitement de l’information. Leur invasion change le monde mais aussi notre conception du monde et nos théories sur le monde. Les mathématiques et la logique ont été bouleversées par les concepts nouveaux tirés des théories spécifiques à ces machines comme une nouvelle manière de calculer telle que la calculabilité et d’autres conceptions. On est situé, ainsi, face à des nouvelles théories et des nouveaux concepts, servant de fondement à l’informatique théorique et pratique, tant pour la construction des ordinateurs que pour le développement des applications [134] Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia • Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • Págs. 133-145 permettant l’usage de ces nouvelles machines. Ce savoir dont l’application est du ressort de la pratique de l’homme dans son quotidien et des spécialistes logiciens, mathématiciens ou informaticiens, se présente notamment comme le résultat des représentations logico-mathématiques, linguistiques et relatives au calcul. C’est ici que surgit une question générale qui est de savoir si cette connaissance largement technifiée nous présente encore des problèmes qui peuvent être résolus par une réflexion philosophique ou si elle est capable de répondre à ce type de problématique de manière interne (Caveing 2004)2 . Objets informatiques Pour répondre nous allons nous situer dans une problématique propre de ce savoir : la relation de ces machines et la réalité et dans ce cas nous parlerons des ‹ objets informatiques ›, lesquels se situent au centre du développement des machines logiques. Nous allons utiliser le mot ‹ objet › dans le même sens employé pour les mathématiciens, indiquant les éléments sur lesquels un mathématicien ou informaticien réalise d’abord son activité théorique et ensuite leur applicabilité. Par ailleurs, nous savons que ce terme appartient au langage ordinaire, c’est à dire avec une large charge de polysémie, qui pourra introduire des opacités dans la saisie de la pensée informatique au travers de ces objets. Mais justement, ces divers sens nous ont incités à préciser le sens de ‹ l’objet informatique › en le posant comme but du savoir informatique car elle a affaire à des ‹ objets ›, référés à une certaine ontologie, comme dans le cas des mathématiques. A présent, la question devient alors ‹ ontologique ›3 et peut se poser en termes de : à quel type d’objets appartiennent les objets informatiques, quelle est leur réalité et leur existence? Tout d’abord nous voudrons présenter les différents types d’objets ou entités en mathématiques, selon le caractère de réalité prescrite, lesquels sont le support des objets informatiques. J. Boniface (2004 8 - 14), nous présente cet aspect en mathématiques, dans lesquelles les mathématiques grecques, en partie ‹ empiriques › fondées sur le calcul d’objets concrets, succèdent des mathématiques rationnelles, où aux entités singulières et concrètes de la mathématique empirique, se substituent des entités abstraites. Il ne s’agit plus 2 Maurice Caveing se demande dans le même sens : « Les mathématiques posent-elles encore aujourd’hui des problèmes à la solution desquels puisse contribuer la réflexion philosophique ? Ne sont-elles pas elles-mêmes les seules capables de répondre aux interrogations qu’elles suscitent ? ». 3 Ontologie comprise comme branche de la philosophie qui se référée à ‹ ce qui est ›, des classes et structures d´objets‚ propriétés‚ événements‚ procédures et relations dans leur domaine de réalité. [135] Carnap et elements [...] - Magdalena Pradilla Rueda de considérer un terrain carré, mais d’étudier les propriétés du carré. Cette structure est l’essence même, ‹ réalité › ou cause première des réalités empiriques. De cette façon, la nature de ces nouveaux objets abstraits peut être soit des entités parfaites et purement intelligibles, des ‹ idées › dotées d’une réalité en dehors de l’objet empirique (les platoniciens) ou bien des entités ‹ logiques › (les aristotéliciens). Dans ce cas-ci, par exemple, si le carré est étudié en dehors de toute réalité physique, il n’existe aucun carré en soi subsistant dans un monde sépare, il est clair que dans ce premier moment il existe des mathématiques empiriques et abstraits suivant la façon d’aborder leur réalité. Ce problème de la réalité et de l’existence d’objets abstraits resurgit à la fin du XIXe siècle sous deux aspects : a) les tenants d’une mathématique ‹ réelle ›, adossée à l’intuition et aux mathématiques conceptuelles dont la non-contradiction souvent suffit à justifier l’existence: les objets simples sont considérés comme existants et la version courante est appelée ‹ platonicienne › et prend la voie de la transcendance et de la théorie ; b) sur ce que l’on peut considérer comme existence véritable, employée au sens de l’effectivité réelle dont la formule algébrique peut remplacer la figure géométrique, couramment appelée ‹ non-platonicienne › et qui prend la voie de l’immanence, de la pratique et de la construction de l’objet. Cet aspect peut prendre diverses formes, selon la conception de l’objet : ‹ nominaliste › où les classes d’objets sont des ‹ façons de parler ›, et non des objets proprement dits ; ‹ empiriste › où une analogie entre les mathématiques et les sciences de la nature se met à jour : il faut que l’objet apparaisse dans une évidence sensible, pour que l’objet existe ; ‹ intuitionniste › où l’objet apparaît dans l’intuition sensible ou conceptuelle. Dans ces trois cas, il est nécessaire de procéder à la construction de l’objet, et au-delà la forme est ‹ constructiviste ›, et les objets mathématiques sont engendrés à partir d’objets primitifs. Cette typologie générale d’objets mathématiques est le support des objets informatiques appartenant ceux-ci, en principe, aux objets abstraits qui suivant leur développement correspondent à la forme ‹ empiriste › ou ‹ constructiviste ›. L a realité des objets informatiques La question sur la réalité des objets nous pose déjà un choix ontologique. Pour cela c’est R. Carnap (1997) qui nous présente une notion d’ontologie ne concernant seulement le monde en soi même mais aussi théories‚ langages ou croyances. Il établit deux types : une ontologie externe et une interne. L’externe fait référence à la forme traditionnelle de ‹ prendre › l’objet‚ type platonicien‚ muni d’une [136] Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia • Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • Págs. 133-145 réalité et une existence par soi-même. Pour Carnap cette sorte d’ontologie est une ‹ pseudo-question › qui pose des problèmes insolubles et pour autant elle n’a aucune applicabilité. L’interne est prise‚ comme l’étude ontologique des théories spécifiques ou systèmes des croyances‚ pouvant construire des modèles avec des propriétés qui leurs correspondent. Ainsi l’ontologie dans le sens traditionnel est remplacée par l’étude de comment un langage ou science donnée devient une théorie du contenu ontologique des certaines représentations. Ainsi, l’ontologie traditionnelle cherche des principes se constituent en vérités de la réalité des phénomènes‚ par contre‚ les praticiens de l’ontologie interne cherchent des principes qui peuvent ou ne pas être vrais d’après cette réalité phénoménique‚ nous pourrons parler alors ‹ d’alternatives de mondes possibles › de Carnap dans lesquels les objets ou entités sont représentés dans le domaine ou monde donné. Dès lors‚ la réalité des objets est donnée par chacun de ces ‹ mondes possibles ›. Ainsi même‚ Carnap présente la notion d’existence dans cette ontologie interne comme l’adaptation ou cohérence de l’objet avec les différents éléments du domaine ou monde donné tels : les règles‚ les propriétés‚ les relations‚ ainsi que les concepts et notions conformant les théories de base du domaine. En conséquence‚ les objets informatiques peuvent être considérés comme appartenant aux divers domaines ou mondes de réalité tels que le cerveau ou pensé‚ le langage‚ les calculs numériques‚ les systèmes formels et la complexité. Or l’existence des objets est définie par leur ‹ adaptation › aux éléments du domaine. Nous voudrons montrer le développement de la construction de chaque domaine‚ référé aux objets informatiques et aux machines logiques‚ en signalant les enjeux philosophiques et épistémologiques qui se présentent et leur solution donnée à l’intérieur de chaque domaine‚ répondant ainsi à la question principale posée. Ontologie interne : différents domaines des objets informatiques et machines logiques Nous identifions deux périodes dans le développement des machines logiques, prisent comme objets informatiques généraux, qui suivent aussi la construction des différents mondes ou domaines. Dans une première période des ‹ machines logiques ›, le cerveau, les réseaux nerveux, l’organisme en général d’une part, et de l’autre, l’esprit et la pensée, sont représentés directement par ces machines, par exemple les réseaux neuronaux développés ou milieu du siècle dernier. Or si [137] Carnap et elements [...] - Magdalena Pradilla Rueda le cerveau fonctionne comme une machine à calculer4 nous sommes dans le cas de la machine comme ‹ modèle du cerveau ›. De même, si les machines peuvent réaliser certaines fonctions semblables aux fonctions réalisées par quelqu’un qui calcule, la machine peut devenir un ‹ modèle de la fonction de calculer › et par extension le modèle d’un ‹ cerveau pensant ›. L’enjeu philosophique‚ dans ce cas‚ porte sur le statut du modèle des machines dont elles ne sont pas des cerveaux mais les cerveaux une variété, très mal comprise, de machines logiques. Pour cela, il fallait représenter le monde neurophysiologique et celui de l’esprit : il ne s’agit pas ici d’humaniser la machine, mais bien de mécaniser l’humain dans son ensemble. Or le rapport de ces premières machines logiques est direct avec la réalité des phénomènes, de l’organisme ou de la pensée et on pourra les qualifier des ‹ objets abstraits empiriques ›. Ici, le logicien agissant en tant qu’épistémologue va se demander : comment un calculateur humain effectue les calculs, pour pouvoir ensuite représenter logiquement la méthode résultante. Et lorsqu’il agit en qualité de philosophe, il va se demander si ces machines sont capables de réaliser des processus similaires à la pensée, et dans quel sens. Penser est donc pour Turing ‹ imiter › (1950 263-269). Ici il pose la pensée des machines non pas en termes philosophiques, mais en termes épistémologiques, bien entendu, elle ne peut prendre corps qu’à l’intérieur du champ de ces connaissances. Si la pensée n’est identifiable que dans et par ses produits, il faut abandonner l’idée qu’on puisse l’appréhender a priori mais accepter de la concevoir comme un constat, le fruit d’une inférence[…] La pensée est aujourd’hui posée comme génératrice de logiques, non comme enfermée dans l’une d’elles […] (Pélissier & Tête xxxi –xxxii). Celle-ci se fonde sur un constat, en principe sur le plan formel, ensuite avec les développements de la construction des machines computationnelles sur le plan matériel. La théorie de la connaissance développée dans ces recherches, se propose d’exprimer l’idéalité du calcul, or elle s’interroge sur les conditions de possibilité entre le sujet de connaissance (machine) et la réalité à connaître (comportement ou phénomènes) à travers la logique. Ces réalisations des logiciens et des mathématiciens ont renouvelé à fond la manière dont on explique comment la connaissance traite ses contenus. Ainsi, 4 Shannon, C. E. et McCarthy, J. (1956) . Ils nous signalent que le système nerveux souvent comparé à un échangeur téléphonique ou machine à calculer dirige les données sensorielles et motrices. [138] Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia • Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • Págs. 133-145 dans ce cas, produire de la connaissance requiert de passer par cette ‹ machine logique › qui instaure un statut de machines sans précédent. Dans une deuxième période de machines logiques, le besoin de formes de représentation symboliques et numériques s’est fait ressentir rapidement, telles les formes langagières, les numériques dans les calculs‚ les systèmes formels et la complexité. Or la représentation de la réalité par les machines logiques a dû passer par ces intermédiaires. Les objets informatiques ainsi résultants sont des ‹ objets abstraits construits › par opposition aux ‹ objets abstraits empiriques › de la première période. Nous avons ainsi leur construction sous les domaines ou mondes suivants. Le L angagière La définition de langages produit une abstraction grandissante dans le rapport machine-réalité à cause du fort degré de formalisation des langages. Celle-ci requiert une ‹ technicité › très poussée, indispensable à leur intelligibilité, maîtrisée par un logicien-informaticien spécialisé qui contrôle l’appareil conceptuel lié à la technicité du langage et non par un philosophe traditionnel. Mais si, à l’origine de ces machines, nous n’avons que des éléments concrets du réel (pensée ou organisme) comme objets de réflexion philosophique, dans cette deuxième période, nous retrouvons d’avantage la réalité dans le cadre des langages formels propres à la réflexion philosophique dans la tradition de Wittgenstein, Frege et Russell, qui n’échappent pas non plus à des interrogations de type linguistique, comme celles de Chomsky (1957). La structuration de ces langages en un ensemble de symboles, d’un côté, et l’ensemble de règles de formation et transformation, d’un autre côté, est une de leurs bases essentielles, car cet ensemble de symboles peut être le but d’une étude ou transformation logico-mathématique indépendamment de tout contenu. De cette façon, la manipulation de symboles ne se fait qu’à partir de règles sans avoir tenu compte d’un quelconque contenu, c’est ainsi que les formes de représentation de langages se placent en correspondance avec les machines ou procédures opératives. Pareillement, la théorie des grammaires syntaxiques formalisée par les études de Chomsky (1957) produit un tournant en faveur de langages de programmation qui s’affirment prioritairement. Nous voyons aussi comment le besoin de définir des niveaux linguistiques nous mène à une scission interne qui affecte le langage (métalangage et langage) conduisant à tenir, en langage naturel, un discours sur lui-même. De même, [139] Carnap et elements [...] - Magdalena Pradilla Rueda la définition du statut et du sens des signes se constituent en enjeux philosophiques. La question ici est de savoir sur quel statut philosophique ces langages se constituent. Par ailleurs, nous savons que construire un langage formel, est affaire de logicien, mais le soumettre à la critique dépasse le domaine de la logique dans une réflexion qui s’exerce sur le détail technique des expressions. C’est donc cette réflexion critique, de style wittgensteinien, qui nous présente le noyau philosophique de cette période de développement de la théorie, d’autant plus que ces réflexions sur les langages formels et la mise en ‹ technique › postérieure nous conduit aux langages informatiques (Wittgenstein 1993). Nous avons ainsi repéré alternatives capitales de la logique mathématique, en établissant un nouveau type de rapport entre celle-ci, le langage et la philosophie. Des lors, un niveau de construction de la connaissance de l’objet informatique est issu de ces réflexions dans ‹ l’objet langagier ›. Le calculable: Ces machines logiques ayant pour but la réalisation des calculs, ont également nécessité de déterminer une réalité et une ‹ épistémologie du calcul › qui est du ressort du logicien, prenant appui par ailleurs sur l’appareil de la plus stricte technicité, comme les fonctions calculables, la récursivité, la décidabilité, la complétude ou la consistance. De sorte que la pensée philosophique est susceptible d’intervenir dans les choix initiaux aussi bien que sur les résultats obtenus, la réflexion philosophique nous permettant encore de marquer les limites entre une démonstration et la vérité, le traitement de domaines infinis ou de l’axiomatique, en précisant ces notions; ainsi par exemple nous avons, les réflexions consécutives à la démonstration des théorèmes ‹ d’incomplétude ›, ‹ de limitation des formalismes › et les essais philosophico-épistémologiques et techniques de Hilbert (2002 [1968]), Gödel (1989 [1931]), Turing (1937; 1950), Church, Kleene (1956), Post, etc. Or, la forme et la nature des rapports entre philosophie et calcul sont-elles transformées, comparativement à ce qu’elles étaient pour les classiques et même pour les criticistes d’origine kantienne. Nous présentons ainsi, un autre niveau de construction de la connaissance de l’objet informatique : ‹ l’objet calculable ›. Le système formel général La notion de calcul existante jusqu’alors est largement touchée par l’accès d’un système formel général, en nous présentant un autre cadre de réalité, [140] Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia • Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • Págs. 133-145 dans lequel convergent le langage formel et les calculs, intriquant démonstration et calcul, question également abordée par la réflexion philosophique, depuis Leibniz jusqu’à Hilbert. Ainsi même, nous retrouvons le calcul logique dont le discours logique se présente sous forme de suites d’écriture symbolique à caractère logico-mathématique dans lesquelles s’articulent signes logiques et procédés mathématiques pour la réalisation des calculs, notamment formalisés et issus d’une constructivité. De sorte qu’après ces réflexions, cette identification démonstration et calcul, ne s’avère valable que pour des petits fragments des mathématiques qui, formalisés, peuvent présenter cet avantage, telles les expressions décidables, propres à l’informatique. L’objet de réalité dans ce cas est le système formel général. Le développement poussé de systèmes formels généraux nous conduit aux conditions nécessaires pour effectuer le passage d’une machine logique à une machine physique ou ordinateur et de cette façon nous obtiendrons un autre niveau de construction de l’objet informatique : ‹ l’objet programmable ›. La suite de la construction de l’objet informatique requiert dès lors la référence de la structure d’une ‹ machine matérielle ›, c’est á dire le dispositif matériel que vo-réaliser les opérations. Le complexe Trois méthodes de complexité, celle de Kolmogorov (aléatoire), celle du calcul et celle dite organisée, nous présentent des réponses aux questions sur le type de complexité informatique requise et les méthodes pouvant la mettre en place, afin de franchir les limites actuelles du temps, espace et du matériel d’un ordinateur. C’est-à-dire que précisions et abstractions des notions sur la complexité, l’information, l’évaluation, ‹ l’aléatorité ›, s’amplifient de plus en plus, et les réflexions sur elles sont du ressort du logicien-technicien réfléchissant comme philosophe et épistémologue. Ainsi même, la recherche de nouveaux matériaux physiques pour la construction des processeurs et leurs modèles correspondants de calcul ont fait tourner le regard des chercheurs vers la nature, soit le biologique, le physique ou le cerveau. C’est donc parce qu’on est arrivé à trouver une ‹ souplesse › dans ces méthodes théoriques de la complexité qu’on peut atteindre le champ du ‹ physique ›. Mais dans ce cas, les représentations qui en résultent et les modèles de calcul sont beaucoup plus abstraits, quoique plus précis, structurés, effectifs et performants que dans la première période, mêlant également réflexions philosophiques et épistémologiques. L’objet de réalité dans ce cas réside d’une part dans la nature (objet abstrait empirique) et d’autre part dans les structures de la complexité (objet abstrait construit). [141] Carnap et elements [...] - Magdalena Pradilla Rueda Nous présentons ainsi, un autre niveau de construction de la connaissance de l’objet informatique : ‹ l’objet traitable ›. Nous voyons comment la construction de ces objets informatiques présente différents mondes ou domaines de réalité, dans lesquels se précise tant le domaine du réel des phénomènes - premier niveau des machines - comme les domaines du réel correspondants au langage, calcul, systèmes formels et complexité - deuxième niveau des machines -. Ainsi même‚ nous identifions l’existence interne des objets informatiques dans les domaines suivant leur adaptation et dans ce cas la construction des objets correspondant aux éléments internes du monde donné. Il nous reste encore une perspective de cette existence interne‚ non présentée par Carnap‚ mais que pour le cas des objets informatiques est pertinent. Nous allons nous référer à l’intégralité ou totalité de l’objet informatique‚ appréhendée sous un seul monde en entier‚ assemblant les divers mondes et pouvant saisir son identité et son universalité ‹ d’un seul coup ›. Ontologie interne : l’objet informatique intégral. C’est donc à partir de cet objet intégral que nous pourrons parler‚ tout diabond pour les machines logiques‚ d’un objet abstrait par rapport aux objets concrets, matériels du monde physique‚ mais ceci nous pose déjà un problème car pour saisir l`existence de l’objet informatique dans son intégralité, il est nécessaire de prendre en compte une condition déterminante de l’objet qui est l’espace et la temporalité de la machine ‹ physique ›. C’est ainsi que les développements des objets présentés antérieurement ont toujours été déterminés par le physique (cerveau, organisme) ou les différents matériels de construction des ordinateurs, de sorte que ces éléments conditionnent l’aspect logico-mathématique des ordinateurs comme la décidabilité, la finitude, la complétude, la consistance, les procédures effectivement calculables et les théories de la complexité. De cette façon, saisir l’objet dans son intégralité nécessite des éléments ‹ concrets ›, qui distinguent clairement un objet mathématique d’un objet informatique. Il nous reste donc à déterminer ces éléments concrets, dont Kolmogorov nous donne une esquisse. Nous savons qu’il a utilisé les suites de 0 et 1 ou ‹ bits › pour donner une notion d’évaluation ou mesure de l’information contenue dans une suite ou un ensemble de suites de bits. Pour lui, dans ces suites nous trouvons l’ensemble général d’un algorithme, programme et données dont nous avons besoin pour la réalisation des applications en informatique. Or, [142] Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia • Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • Págs. 133-145 une suite de bits est sous-jacente aux structures informatiques. C’est donc le ‹ bit › qui forme synthétiquement l’objet informatique, en totalisant toutes les notions et formes différentes structurantes de l’objet, en ayant une identité ‹ concrète › et saisissable d’un seul ‹ coup d’œil › et une universalité par laquelle l’objet peut être le support de nombreuses applications se rapportant aussi bien à des sujets du monde réel qu’aux mondes logico-mathématiques. A son tour, il peut cependant être d’une part, la représentation du monde logico-mathématique (en binaire) et d’autre part, la représentation dans le plan matériel ou physique (le circuit), c’est-à-dire saisissable dans le concret. Le développement de l’objet informatique ainsi présenté comporte certaines caractéristiques propres, telles que la temporalité avec le passage d’un niveau intuitif à un niveau formel – abstrait et finalement à un niveau concret, la constructivité comme notion ‹ dénombrable ›, rendant les diverses manipulations formelles et effectives et l’applicabilité ou plasticité comme l’aptitude à ‹ modéliser › dont sont dotés les objets informatiques. Un tel objet intégrerait le champ accessible à l’intuition mais en même temps il serait complètement détaché de toute référence à l’intuition, il serait l’acquis de toute la démarche de formalisation et d’abstraction ultérieure représenté concrètement. Nous pourrions découvrir en lui les différentes structures et virtualités inscrites en vertu du cadre opératoire qui le caractérise. Conclusion La nouveauté de la quête ontologique interne proposée par Carnap nous situe a fortiori dans une problématique épistémologique, en utilisant et présentant des ‹ outils formels ›. Ces outils hautement technifiés sont employés conjointement avec les langages de la logico - mathématique, supportant et assistant aux philosophes, logiciens et épistémologues à exprimer des idées et notions intuitives de manière plus claire et avec une plus grande rigueur. Ainsi des enjeux philosophiques exprimés par ces moyens formalisés ont la possibilité de trouver des solutions plus précises. En conséquence, nous voyons comment en construisant les théories de base des objets informatiques, des intuitions peuvent se formaliser en explorant des situations logico-mathématiques dans lesquelles ces tentatives de formalisation des concepts de base sont enrichies progressivement. Un concept ainsi élaboré s’affirme et solidifie également par la proposition des projets concurrents et équivalents de manière qu’un nouveau pas est franchi dans l’histoire des idées où des thèses ou postulats deviennent un point d’appui sur lequel la théorie résultante (dans ce cas l’informatique) continue sa construction. [143] Carnap et elements [...] - Magdalena Pradilla Rueda Bibliographie Boniface, Jacqueline. Hilbert et la notion d’existence en mathématiques. Paris: Librairie Philosophique J. Vrin, 2004. (Mathesis: Michel Blay- Hourya Sinaceur). Carnap, Rudolph. Signification et Nécessité. Trad. francesa F. Rivenc& Ph. De Rouilhan. Collection Bibliothèque de Philosophie. Paris: Ed. Gallimard, 1997. Caveing, Maurice. Le problème des objets dans la pensée mathématique. Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre. Paris: Lib. Philosophique J. Vrin, 2004. Chomsky, Noam. Syntactic Structures. Mouton, 1957. [Trad. Francesa: Structures Syntaxiques. 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