Le Régional, 14 mai 2014, Un employé du SIGE licencié pour vol de

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Le Régional, 14 mai 2014, Un employé du SIGE licencié pour vol de
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14 au 21 mai 2014 - N° 708
Oron
Région Riviera
Savigny
Châtel-StDenis
Vevey
Montreux
Cully
Aigle
Lausanne
Un employé du SIGE
licencié pour vol de matériel
VEVEY
Le procureur Eric Mermoud
prévoit de classer la plainte
relative à la caisse noire du
Service intercommunal de
gestion de la Riviera. Une annonce qui laisse sceptiques
plusieurs personnes proches
du dossier. Par ailleurs, un
cas isolé de détournement
de matériel à des fins privées
survenu ultérieurement a été
sanctionné par un licenciement.
Priska Hess et Serge Noyer
A
près une année d’enquête,
le procureur de l’Est vaudois
Eric Mermoud a annoncé son
intention de classer la plainte
concernant la caisse noire du SIGE, le
Service intercommunal qui gère les
eaux et l’abattoir de la Riviera. Pour
rappel, cette caisse noire avait été mise
en place par des employés de l’unité de
Distribution de St-Légier et était alimentée par la revente de matériel récupéré
sur des chantiers. Rien qu’entre 2006 et
2012, le système, qui existait depuis une
quarantaine d’années, avait permis de
vendre entre 100 et 200 tonnes de matériel, pour un profit de plus de 50’000
frs. Cet argent était dépensé pour des
achats d’alcool, des cadeaux, des repas
et des voyages. En avril 2013, le Comité
de direction déposait une plainte pénale
contre X pour abus de confiance, gestion déloyale des intérêts publics et faux
dans les titres commis dans l’exercice de
la fonction. «J’ai entendu toutes les personnes utiles dans ce dossier. L’enquête
a permis d’établir exactement ce qui
s’est passé et le rôle de chacun des acteurs», relève le magistrat, en précisant
que «les parties ont jusqu’au 16 mai pour
se prononcer sur cet avis et demander
de nouvelles mesures d’instruction».
Détournement de matériel
«Compte tenu de l’enquête menée par
le procureur, nous nous en remettons à
son appréciation et à ses conclusions»,
relève en substance le Comité de direction du SIGE (Codir) dans un communi-
qué diffusé le 6 mai. Le Codir souligne
unanimement que «le service a retrouvé
sa sérénité et il y règne une ambiance de
travail positive et constructive». Le viceprésident du SIGE Jean-Marc Emery
précise que «un système de contrôles au
niveau des procédures de récupération
du matériel a été mis en place, afin de
veiller à ce que ce genre de pratique ne
se reproduise plus». Ce qui n’a pas empêché un cas ultérieur de détournement
de matériel. Selon nos informations,
un employé de l’unité de distribution
de St-Légier, celle-là même dont une
dizaine d’employés étaient concernés
par la revente de matériel alimentant la
caisse noire, a été licencié pour vol de
matériel. Ce licenciement est survenu
en novembre 2013. Mais «cela n’a rien
à voir avec la caisse noire, assure JeanMarc Emery. Il s’agit d’un cas particulier
assez dramatique. Le collaborateur en
question agissait seul.»
«Comédie fantoche»
S’agissant du classement annoncé par le
procureur, certaines sources proches du
dossier qualifient l’affaire de «comédie
fantoche», où plaignants et prévenus
auraient «accordé leurs violons», voire
«tiré à la même corde», dans l’objectif de
minimiser leurs agissements – au motif
que les directives internes en la matière
n’étaient pas claires et qu’ils ne pouvaient pas savoir que de telles reventes
Ce licenciement
«n’a rien à voir avec la
caisse noire», assure
Jean-Marc Emery,
vice-président du SIGE.
de matériel n’étaient pas autorisées –
voire de reporter la responsabilité sur
le directeur licencié, Christophe Higy,
sous prétexte qu’il n’aurait pas sévi à
temps pour mettre un terme à ces pratiques. Pourtant, ce dernier avait alerté
le président du Codir Marcel Martin dès
2008, avant d’exiger que ce système de
revente cesse. Mais le système a perduré
jusqu’en 2012, avant que l’affaire n’éclate
publiquement début 2013 sur fond de
mobbing et de règlement de comptes
(voir encadré). L’affaire a également mis
en lumière des conflits d’intérêts au sein
de ce service public. D’ailleurs, dans le
cadre du dépôt de sa plainte pénale,
le Codir avait dans un premier temps
sollicité l’assurance protection juridique
du SIGE pour assurer la défense de ses
employés impliqués dans ce système de
revente de matériel. Prise en charge qui
avait été refusée par la dite assurance,
la CAP (Compagnie d’assurance et de
protection juridique), qui jugeait dans
un courriel «très problématique que
le SIGE dépose plainte pénale contre
des collaborateurs, puis s’arrange pour
assurer que leur audition se déroule en
présence d’un avocat payé par le SIGE
ou par la CAP».
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Dysfonctionnements mis en lumière
Si l’affaire de la «caisse noire» devrait être bientôt classée sur le
plan pénal, elle a révélé en toile de fond d’importants dysfonctionnements. Lesquels ont été mis en lumière et sanctionnés par Christophe
Higy, le directeur qui a par la suite été licencié. A cela sont venues
s’ajouter des accusations de mobbing concernant deux employés.
Au point qu’en novembre 2012, le Codir ordonnait deux audits
organisationnels, relationnels et comportementaux sur les unités
Administration (Vevey) et Distribution (St-Légier), en vue notamment
de faire la lumière sur les problèmes de mobbing. «Ces entretiens
démontreraient l’existence de manifestations de pressions (harcèlement) psychologiques», avait conclu l’auditrice concernant l’unité
Administration, tandis qu’elle signalait «des lacunes relationnelles,
des comportements inadéquats et difficiles» chez sept personnes
en tout entre les deux unités. Au retour de ces audits, parmi différentes options, l’auditrice préconisait quatre sérieux recadrages,
voire licenciements. Mais très rapidement, dès janvier 2013, le Codir
décidait de licencier le seul directeur. Officiellement en raison «de
divergences de vues» - le Codir lui reprochait d’avoir tardé à l’avertir
des pratiques liées à la caisse noire. Officieusement, il a été la cible
d’un «règlement de comptes», comme l’a d’ailleurs reconnu le Codir,
qui s’est manifesté dans les audits, notamment pour avoir dénoncé
ces dysfonctionnements. Quant aux autres personnes mises en cause
dans les audits, dont celles accusées de harcèlement, elles travaillent
toujours au sein du SIGE. «Il y avait une ambiance très délétère
en 2012. Les audits ont permis de remettre les choses en place et
l’ambiance est vite redevenue positive», relativise Jean-Marc Emery.
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