Biladi n°636
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Biladi n°636
L’OPPOSITION N° 636 du 16 Novembre 2011 - hebdomadaire d’informations générales LUTTE CONTRE AQMI Alger et Nouakchott résignés La Mauritanie ne dialogue pas avec Belmokhtar, ne reconnaît et ne connaît pas Al-Qaïda. “Elle connaît des groupes terroristes qu’elle combat”, a indiqué, lundi dans une conférence de presse, Hamadi Ould Hamadi, ministre des affaires étrangères, en marge de la 10e session du comité de suivi algéromauritanien tenue à Alger. P.3 UPR Les ministres de la république mobilisés Le parti au pouvoir a sorti officiellement les listes de ses missionnaires à l’intérieur du pays dans le cadre d’une approche consistant à utiliser cadres et ministres en plein dans le duel politique qu’il engage contre ses adversaires avant le rendez-vous prévu pour les élections législatives et municipales prochaines. P. 4 AFFAIRE OULD EL MOCTAR Le désastre judiciaire Mohamed Ould Moctar est ce magistrat qui a été radié du corps judiciaire pour avoir émis, en sa qualité de président d’une Cour, une décision de non lieu dans le dossier épineux compliqué et complexe de la drogue. P. 9 Duel à distance Prix : 200 UM A ÉDITO près avoir soutenu pendant quelques mois que le monde rural se portait bien, le gouvernement a accepté, la semaine dernière, l’amère réalité : le déficit pluviométrique provoque de graves problèmes dans le pays. Pour cela, il a décidé, au cours du dernier conseil ministériel une sorte de plan d’urgence pour affronter une situation devenue de plus en plus insoutenable. Le premier ministre, qui donne l’impression de s’excuser d’être là où il est, est monté au créneau pour divulguer la bonne. Il a dit, lors d’une conférence de presse, que le gouvernement a décidé de consacrer une enveloppe financière de 47 millions d’UM pour couvrir les frais de son intervention au secours des populations. Une partie de cette enveloppe, encore non définie, ira aux boutiques bon prix. Le nombre de ces dernières doit être multiplié par trois. Une autre partie sera affectée pour disponibilisation de l’aliment de bétail à un prix raisonnable sur l’ensemble du territoire national. Le plan comporte d’autres actions au profit du monde rural. Il faut dire qu’une grande partie de l’opinion réclamait une telle intervention du gouvernement qui semblait – ou qui a semblé à un moment donnépeu émis par la situation grave détresse provoquée par le manque de pluie cette année dans notre pays. Une demande donc que le gouvernement a fini par honorer. Mais cela ne résout pas tous les problèmes. Loin de là ! L’action que le gouvernement a annoncée n’est pas immédiate. Elle doit, théoriquement, débuté au moins de janvier. C'est-à-dire dans deux mois au cours desquels les ruraux, sans pâturages et sans cultures, doivent continuer à tirer le diable par la queue. Ensuite, le premier était très flou sur les origines de financements de ce plan qui requiert tout de même le quart du budget national. Tantôt, il donnait l’impression que l’Etat avait bouclé, sur ses propres frais, le financement de cette action et tantôt il évoque l’intervention de nos partenaires étrangers. Donc le flou le plus total ! Enfin, ce fameux plan continue de se baser sur une logique très chère au mouvement de la ‘’rectification’’ : l’existence de gens forts qui sucent des pauvres. A cet titre, l’Etat sous le président Aziz cherche à accréditer l’idée qu’il n’intervient qu’au profit des ‘’pauvres’’. Or cette logique est biaisée dans la mesure où en période de catastrophe, tout le monde, riches et pauvres, a besoin d’être secouru. Pour cela, le plan du gouvernement doit être global et doit viser tout le monde. Hebdomadaire d’informations et d’analyses BP : 1122 Nouakchott Tél : 00222 524 02 75 - 00222 524 02 75 Fax: 00222 524 02 75 e-mail : [email protected] www.rmibiladi.com DIRECTEUR DE PUBLICATION : Moussa Ould Hamed Tél : 22- 41-28-68 REDACTEUR EN CHEF: Abdelvetah Ould Mohamed COMITE DE REDACTION : Abdoulaye Ciré Bâ Mohamed Mahmoud Ould Targui Coulibaly Nouhoum Mohamed Mahmoud Ould Taleb Moussa Ould Hamed Ould Bladi RESPONSABLE COMMERCIAL : Mohamed Lemine Tel: 4640 69 76-3307 99 00 CORRESPONDANT A ATAR: Gueye Ahmet Tel: 4640 99 67 COLLABORATEURS Cheikh Sidya Bâ Sileye Charly MAQUETTE : Cheikh Oumar Tel: 4674 67 35 / E-mail: [email protected] Siége: Immeuble BMCI, 5eme Etage, Apt: 508 TIRAGE : Imprimerie Nationale N° 636 du 16 Novembre 2011 2 INSOLITES INSOLITES Vivez la course automobile comme si vous y étiez IL VOLE DES PETITES CULOTTES Shootée sur le circuit Red Bull Ring de Zeltweg en Autriche à l'occasion des 1000 km oldtimer du club Ventilspiel, cette belle série de photos nous entraîne dans les coulisses des courses automobiles. Plongez au sein d'une véritable course auto à l'occasion de cette magnifique série de photos qui convie le spectateur sur le circuit Red Bull Ring de Zeltweg en Autriche à l'occasion des 1000 km oldtimer du club Ventilspiel. Grâce aux sublimes photos de l'Atelier Olschinsky, pénétrez au sein des enceintes et zones de travail réservées d'habitude aux équipes concurrentes des courses automobiles. Un monde d'hommes et de belles mécaniques à la fois mystérieux et fascinant, mais surtout si souvent tenu à l'écart du public. Intitulé 1000km, cette collection de clichés nous permet d'assister ainsi à tous les préparatifs d'une grande course automobile à travers de superbes portraits d'hommes et de véhicules d'exception. Norman réapprend à écrire une lettre Norman fait partie de la génération internet et est donc plus à l'aise avec un clavier d'ordinateur entre les mains. Alors quand il doit adresser un courrier à sa banque, l'affaire se complique... Pour régler ses problèmes, il n'est malheureusement pas toujours possible de passer uniquement par internet ou par son téléphone portable. Norman le sait bien car, s'il utilise Google au quotidien, il doit cette fois... écrire une lettre ! Et c'est un véritable parcours du combattant qu'il nous raconte dans sa dernière vidéo... Car Norman, habitué au clavier de son ordinateur, doit réapprendre à écrire à la main avec un stylo... et à écrire droit ! Il doit ensuite acheter un timbre et envoyer son courrier à la bonne adresse, sans se tromper au moment de la poster. Bref, la dernière vidéo de Norman est très drôle, qui réussit à transformer un geste qu'on pourrait penser banal en une véritable quête épique où le danger est partout. Ce porte-avions a été transformé en terrain de basket A l'occasion du match entre les équipes de l'université de Caroline du Nord et celle du Michigan, un porte-avions de la Marine américaine a été transformé en terrain de basket ! C'est une opération peu courante qui a eu lieu la semaine dernière sur un porte-avions de la Marine américaine. Alors que les équipes de basket de l'université de Caroline du Nord et celle du Michigan devaient s'affronter vendredi lors d'un match comptant pour le championnat, l'USS Carl Vinson a été transformé en terrain de basket, relaie ViralViralVideos. Sur une vidéo en time-lapse tournée lors de la construction du terrain, on peut découvrir que mis à part la place, rien ne prédisposait cet engin de la Marine américaine à recevoir ce genre de manifestations. Des gradins au terrain en passant par les panneaux publicitaires et les projecteurs, tout a été installé en seulement quelques jours. 60 jours de prison À Blois (Loir-et-Cher), un jeune homme est poursuivi pour des vols de sous-vêtements féminins survenus de février à avril 2011, à Romorantin, précise La Nouvelle République. Et l'histoire n'a rien d'une plaisanterie, puisque l'affaire vient d‘être jugée au tribunal correctionnel, suite aux plaintes de quatre personnes. L'accusé reconnaît les vols. D'ailleurs, il a déjà eu une condamnation pour des faits identiques. Les petites culottes et autres sous-vêtements ont été volés soit dans des étendoirs extérieurs, soit à l'intérieur des maisons. Une obsession apparemment irrépressible selon le témoignage, devant le juge, de l'auteur des larcins : "J'ai du mal à résister à la vue des sous-vêtements féminins". Heureusement pour les victimes, l'enquête a permis de rendre une partie des vêtements à leurs propriétaires. Un psychiatre a examiné le jeune homme et a relevé des "troubles de comportement", mais a estimé qu'il pouvait quand même subir une sanction. L'accusé a promis de ne pas recommencer. Insuffisant. Il a été condamné à 60 jours de prison dont "15 avec sursis" assortis d'une mise à l'épreuve. Il doit également verser 700 euros de dommages et intérêts à deux victimes. Ce robot est entièrement coordonné par un humain A l'Université de Keio, le robot Telesar V est un véritable produit de science-fiction. En effet, ce robot peut être contrôlé par un humain se trouvant à des kilomètres de distance. A défaut d'être un humain, ce robot Telesar V est capable de réaliser tous vos mouvements à distance. Il a été conçu pour bouger ses mains et sa tête quand l'humain qui le dirige réalise ces mêmes mouvements. De plus, grâce aux gants immersifs, nécessaires pour le contrôler, l'humain peut alors expérimenter les sensations du toucher des objets que tient Telesar V. C'est à l'Université de Keio, au Japon, que des ingénieurs ont donné vie à ce projet tout droit sorti des livres de science-fiction. Le robot est capable d'être dirigé par une personne se trouvant à des kilomètres de distance. Pour entrer en contact avec son robot, la personne doit simplement se munir d'un casque de réalité virtuelle et de gants pour prendre le contrôle du robot. Ce nouvelle technologie pourrait s'avérer très utile, si après quelques améliorations, ce type de robot est capable de réaliser des actions impossibles à l'homme, dues à la distance ou encore à l'inaccessibilité des lieux. Il sera donc possible à ce moment là de faire appel à un robot entièrement contrôlé par un humain. On pourrait donc les voir dans des blocs opératoires pour réaliser des opérations chirurgicales. Annonce L’Association des Amis de Habib Ould Mahfoudh prie les lecteurs qui détiendraient les éditions suivantes des Journaux Le Calame : 52, Mauritanie Demain: 18 , Al Bayane: 7 - 12 - 66, de bien vouloir les signaler à la direction du journal. Merci 3 À LA UNE L’OPPOSITION L’opposition ‘’dialoguiste’’ et celle ‘’boycotiste’’ ont animé, fin de la semaine dernière, des activités à Nouakchott pour expliquer leurs démarches à leurs cadres. Les premiers avaient salué les résultats du dialogue, tandis que les autres tiraient la sonnette d’alarme sur la situation chaotique du pays. Le pouvoir se frottait les mains et se délectait d’avoir déplacé le débat en le transformant en une lutte sans merci entre ses détracteurs… S amedi dernier, 12 novembre, Messaoud et ses amis avaient convoqué leurs cadres à l’hôtel Emira où ils organisaient une journée à leur intention pour leur expliquer ce qui s’était passé pendant le mois de dialogue avec le pouvoir et la conduite à tenir. Les dirigeants des quatre partis qui participent au dialogue (APP, Wiam, Hamam, Sawab) étaient tous présents au lancement de la manifestation. Prenant la parole à cette occasion, Messaoud Ould Boulkheïr, président de l’Assemblée nationale et président du parti APP, a évoqué les doutes chez certains qui prédisaient l’échec de ce dialogue entre le pouvoir et l’opposition et la guerre psychologique exercée contre ses acteurs. Pourtant, dira-t-il, les résultats de ces trouvailles ont prouvé que le dialogue était nécessaire pour sortir le pays de la situation de crise et de frustration qu’il connaissait. Par rapport à leur participation au dialogue, il a expliqué que cela ne veut pas du tout dire qu’ils étaient satisfaits de la gestion des affaires du pays. Au contraire, ‘’nous sommes opposés à la gestion de notre pays par l’actuel gouvernement, son style et distribution des richesses…’’, mais, poursuit-il, ‘’nous dénonçons tout cela dans une atmosphère d’entente pour la simple raison que si l’on respecte ceux qui gouvernent actuellement, ils ne nous respecterons pas quand nous arriverons au pouvoir’’. S’adressant aux acteurs politiques, le leader haratine a dit que ‘’la démocratie exige des partis politiques le respect réciproque et l’action commune dans un climat de liberté, d’entente et de compétition positive’’. Avant de conclure ses propos sur ce point, Messaoud a lancé ‘’celui qui n’a pas eu beaucoup de chance dans le passé, doit travailler dans la tranquillité pour gagner les prochaines échéances’’. Une missive à peine voilée adressée à l’autre camp de l’opposition, ou plus particulièrement au leader de l’institution de l’opposition, Ahmed Ould Daddah. Tout en saluant les résultats du dialogue qui, selon lui, a été applaudi dans tous les coins du pays, Ould Boulkheïr a critiqué le règne des militaires et a appelé les militaires à s’éloigner de la vie politique et à se consacrer à la défense, la sécurité et la stabilité du pays. Il faut noter, dans ce cadre, que les partis de l’opposition dialoguiste s’apprêtent à lancer avec leurs nouveaux partenaires de la majorité une campagne de sensibilisation sur les résultats du dialogue sur l’ensemble du territoire nationale. Leurs détracteurs, les partis de l’opposition boycottiste, nient les résultats du dialogue et ont, eux aussi, lancé une campagne à Nouakchott pour dire que rien n’a changé et que le pays demeure au bord de la banqueroute. ‘’La situation est catastrophique’’ Le même jour, samedi dernier, la COD (Coordination de l’Opposition démocratique’’ a animé une conférence débat au palais des Congrès. Objectif : sensibiliser l’opi- Duel à distance nion sur la dérive du pays à tous les plans. Cette manifestation a attiré beaucoup plus de monde que celle des dialoguistes et a fait un diagnostic très négatif de la situation du pays. Un document a été débattu au cours de cette rencontre. Il aborde, point par point les résultats du dialogue pour démontrer qu’il n’a rien apporté. Sur son premier « Unité nationale et cohésion sociale », note le document de la COD, ‘’ nous ne trouvons absolument rien de concret ou de nouveau par rapport aux dispositions actuelles de la Constitution’’. ‘’Quant au « caractère multiculturel de notre peuple », au « droit à la différence » et à « la promotion et le développement de nos langues nationales », c’est seulement par l’enracinement de la démocratie et sa pratique quotidienne que nous serons tous amenés à considérer nos spécificité culturelles comme un patrimoine commun et que chacun d’entre nous pourra exprimer, sans entraves, cette spécificité et exercer son droit à la différence. Ni dans ce chapitre ni dans les suivants, nous ne relevons quoi que ce soit de significatif et de concret en matière de réforme démocratique, de nature à traduire dans les faits cette orientation’’, conclut-il. Concernant l’esclavage et ses séquelles, point de propositions concrètes, propres à réformer la gouvernance et à traduire en actes les lois prises dans ce domaine… En ce qui concerne le second point : « Le renforcement de la démocratie, réforme de la justice, audiovisuel et statut de l’opposition », là aussi, la COD ne voit pas de changement par rapport à ce qui était en vigueur. ‘’Aucune proposition de nature à corriger la situation actuelle de marginalisation du Parlement et de domestication de l’autorité judiciaire’’, peut-on lire dans le document de la COD. Ils font un long commentaire sur le conseil constitutionnel en définissant les changements qui auraient dû être apportés. D’autres sujets tels que la réforme de la justice l’audiovisuel ont été abordés et l’opposition boycottiste estime que rien n’a changé par rapport à leur situation initiale. Quant à la CENI, elle suscite de leur part un commentaire pas très glorieux : ‘’L’effort fait pour rendre la CENI indépendante n’est qu’apparent, puisqu’à côté de la CENI , est créée une Direction Générale des Services d’Appui au Processus Electoral (DGPE) dépendant du Ministère de l’Intérieur « regroupant tous les services et structures administratifs intervenant dans l’organisation des élections »; cette direction générale est « en charge de l’élaboration et de la conservation du fichier électoral (recensement électoral, analyse, information nominative sur chaque électeur…) ‘’. ‘’En conclusion, note le document des dix partis d’opposition, et comme nous l’avions pressenti dès le départ en refusant de participer à un dialogue sans préalables et sans portée de nature à rendre possible une alternance pacifique au pouvoir, nous venons d’assister à un nouveau « leurre » organisé par le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, leurre destiné, comme ce fût le cas pour l’Accord de Dakar, à piéger l’opposition, et cette fois-ci à la diviser et à la discréditer ; à tromper une opinion publique, dans sa grande majorité déçue par le populisme et la démagogie du Pouvoir ; à induire en erreur une Communauté Internationale qui manque souvent d’une suffisante et correcte appréhension des réalités de la chose publique nationale, et dont les préoccupations premières se situent, de toute façon, ailleurs qu’en Mauritanie. Du reste et au vu de l’expérience récente, quel crédit accorder aux résultats, quels qu’ils soient, d’un dialogue dont la traduction en actes reste du ressort exclusif du pouvoir en place ?’’ En attendant de voir la suite des événements, on assiste en effet à une basse d’armes à distance entre les différentes oppositions du régime. Une situation inédite et plus au moins favorable au pouvoir qui continue de maitriser les cartes d’un jeu politique qui ne convainc plus grand monde. Mohamed Mahmoud Targui Alger et Nouakchott s’accordent sur la lutte contre Aqmi La Mauritanie ne dialogue pas avec Belmokhtar, ne reconnaît et ne connaît pas Al-Qaïda. “Elle connaît des groupes terroristes qu’elle combat”, a indiqué, lundi dans une conférence de presse, Hamadi Ould Hamadi, ministre des affaires étrangères, en marge de la 10e session du comité de suivi algéro-mauritanien tenue à Alger. La rencontre a été dominée, malgré le grand volet de la coopération bilatérale dans les domaines énergétique, agricole, de la pêche, de l’éducation, de l’enseignement et de la formation professionnelle…, par la situation sécuritaire qui prévaut dans la région à la lu- mière des développements induits par le conflit libyen. La déclaration de Ould hamadi fait suite aux affirmations du chef terroriste d’Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, faisant état de contacts entre son groupe et les autorités mauritaniennes. Le diplomate a nié tout contact avec ce groupe qui “tue, commet des attentats et des attaques dans son pays”. “Nous n’avons aucune intention de dialoguer avec ces bandes terroristes”, a-t-il précisé. De son côté, le ministre algérien a rappelé les différentes rencontres initiées dans le cadre des efforts communs pour la lutte contre le phénomène. N° 636 du 16 Novembre 2011 4 ACTUALITÉ LE PARTI-ETAT Les ministres de la république mobilisés Le parti au pouvoir a sorti officiellement les listes de ses missionnaires à l’intérieur du pays dans le cadre d’une approche consistant à utiliser cadres et ministres en plein dans le duel politique qu’il engage contre ses adversaires avant le rendez-vous prévu pour les élections législatives et municipales prochaines. Avec ces missions, les travaux du gouvernement risquent de s’arrêter au détriment des usagers, alors qu’il était plus judicieux et beaucoup moins voyant d’envoyer quelques uns de nombreux autres cadres désœuvrés du parti à la conquête des populations. Mais, la raison de cet engagement ministériel est la volonté de démontrer l’allégeance au Président et prouver une présence supposée ou réelle au centre de la décision politique locale. Ainsi à Nouakchott, cinq ministres en l’occurrence ceux de l’enseignement fondamental (Hamed Hamoudy), de l’habitat (Ismael Ould Bedda), de l’enseignement secondaire (Oumar Ould Maatala), des affaires sociales (Moulaty Mint Mokhtar), de la formation professionnelle (Mohamed Ould Khouna) iront au charbon. Le ministre des finances Thiam Diombar reste à Dakhlet Nouadhibou, là, où les finances sont importantes grâce à l’ancrage de ses services et le lien de la quasi-totalité des ZOUERATE hommes d’affaires investisseurs dans cette wilaya. Le ministre du développement rural, Brahim Ould Mbarek ira au Gorgol, Cissé Mint Boyda va au Brakna à la place de l’Inspectrice Générale d’Etat, qui elle va au Trarza pour dissuader les perturbateurs afin qu’ils deviennent plus sages face à celle qui est chargée de lutter contre la gabegie. Le ministre du transport, Yahya Ould Hademine va au Tagant. Celui de la santé, Bâ Al Housseynou Hamady ira en Inchiri. Le Tiris Zemmour, fief de milliers de travailleurs accueillera la ministre de la fonction publique, Maty Mint Hamady. Visiblement, l’Etat est déterminé à utiliser les personnalités les plus influentes qui détiennent les cordons de l’argent, de l’emploi, de l’eau, de l’agriculture et qui connaissent les détails des dossiers sécuritaires sensibles de l’Etat. Une façon de jouer toutes les cartes de dissuasion avant les élections, malgré les réserves exprimées par les partenaires du parti Etat au cours du dialogue et les promesses faites de ne plus impliquer certains hauts fonctionnaires dans le duel politique. Avec cette campagne qui s’engage, une première clause du dialogue vient d’être piétinée. Quelle sera la suivante ? Pour le développement intégré du Tiris Zemmour Image manquante Le Maire de Zouerate Mr Yacoub Ould Salem Vall a tenu , le 10 novembre 2011 à la Maison des jeunes une réunion d’information et d’explication sur la table ronde pour le développement intégré du Tiris Zemmour prévue du 11 au 14 décembre 2011 dans la ville minière, en présence du député de Zouerate Mr Wane Mamadou Saidou, de plusieurs élus, de représentants des partis politiques , des syndicats et d’autres organisations de la société civile. La date de la tenue de la table ronde a été fixée lors de la réunion interministérielle qui s'est déroulée à Nouakchott, le 17 octobre, et qui avait réuni le Ministre de L’Intérieur et de la Décentralisation, du Ministre des Affaires Economiques et du Développement, du Ministre de l’urbanisme et de l’Aménagement du Territoire et du Comité de pilotage composé de Responsables du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, du Wali du Tiris Zemmour, du Maire de Zouerate , de la Snim et de la Fondation Snim. Mr Yacoub Ould salem Vall a fait une présentation dans SNAT la quelle il a donné l’historique des préparatifs de la Table ronde et son importance pour le développement du Tiris Zemmour . Il a, par ailleurs, invité les membres de la société civile à unir leurs efforts pour la réussite de cet événement. Dans son intervention le Députe de Zouerate Mr Wane Mamadou Saidou a souligné la nécessité de la participation de la société civile à la réussite de la table ronde. Rappelons que la première réunion préparatoire pour l'organisation de la table ronde sur le développement du Tiris Zemmour en collaboration avec la Région Wallonne de Belgique avait eu lieu le 14 novembre 2010 à Nouakchott dans les locaux du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation avec la participation des cadres du MID ( DGAT, DGCT ), du Conseiller du Ministre des Affaires Economiques et du Développement, du Coordinateur du PDU, du Représentant de la SNIM à Nouakchott, du Wali du Tiris Zemmour et du Maire de Zouerate. Les Zoueratois qui fondent beaucoup d'espoir sur l'organisation de la table ronde comptent participer activement à son organisation. Les travailleurs suspendent leur grève Les Travailleurs de la Société Nationale d’Aménagement du Territoire, société qui exploite un grand périmètre agricole sur la route Rosso-Boghé, ont décidé, samedi, de surseoir à leur mouvement de grève déclenché le mardi 8 novembre courant après les assurances du Directeur de la société de prendre en charge l’ensemble de leurs doléances. Cette décision fait suite à la réunion, du jeudi dernier à l’inspection régionale de travail à Rosso, regroupant les différentes parties sous la présidence de l’inspecteur du travail du ressort. Au cours de ladite réunion, le Directeur de la SNAT s’est engagé à satisfaire toutes les revendications des travailleurs qui à leur tour s’engagent à mettre fin leur mouvement de grève et reprendre le travail. A noter que les travailleurs de SNAT avaient déclenché mardi une grève illimitée pour protester contre le mépris de leurs revendications sociales par la nouvelle direction de la société. N° 636 du 16 Novembre 2011 CARAVANE DU FILM Léger report Initialement prévue du 15 novembre au 4 décembre 2011, la caravane du film a été légèrement décalée, par la commission d’organisation. Cette manifestation culturelle inédite, se déroulera finalement du 19 novembre au 6 décembre 2011. Ce renvoi est imputable à des problèmes au niveau circuit administratif devant mener à la tenue de la manifestation. Cette manifestation cinématographique est parrainée par le ministère de la culture, de la jeunesse et des sports. Elle bénéficie du soutien de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Nouakchott et de plusieurs autres partenaires. La caravane du film « mobilisera 150 individus parmi lesquels 100 enfants des écoles. Elle vise la redynamisation du cinéma en Mauritanie par le biais de la formation, le développement de la culture du cinéma à bas âge et de la diffusion de nouvelles productions cinématographiques réalisés au cours des dernières années, dans un contexte culturel marqué par une profonde léthargie du secteur » selon Hamet Omar Ly, PDG de la structure. L’édition 2011 de la Caravane du Film visitera les 5 régions de Rosso, Kaédi, Selibaby, Kiffa et Nema. Elle se poursuivra par une série de projections dans 5 communes de Nouakchott et aura pour temps fort une projection dans l’enceinte du village de la biodiversité le 28 novembre prochain, date marquant la célébration du 51é anniversaire de l’indépendance nationale. Les œuvres à projeter au cours de cette manifestation (une dizaine) traitent de différents sujets à caractère socio économique : lutte contre le VIH/SIDA (la partenaire idéale), l’environnement et l’assainissement, la polygamie, les problèmes d’insertion des handicapés, la situation sociale des diplômés chômeurs…. Tous ces filmés ont été réalisées en langue nationales : Hassania, Peul, Soninké et Wolof. La caravane du cinéma 2011 fera également du social en distribuant des fournitures scolaires aux élèves. Opérant précédemment en France, le studio HOLPAC production a décentralisé en Mauritanie depuis plus d’une année et organisé plusieurs sessions de formations au profit de candidats réalisateurs. En plus des projections au profit du public de Nouakchott, la caravane du film, composée de 150 individus, se rendra à Rosso, Kaédi, Selibaby, Kiffa et Nema. Elle vise à développer la culture du cinéma surtout chez les enfants âgés de 9 à 15 ans, tout en offrant un creuset d’expression et de dialogue pour les différentes cultures nationales. 5 ACTUALITÉ DROITS HUMAINS Un combattant embastillé en Mauritanie En France, on s’intéresse apparemment beaucoup à l’affaire Ould Dadde. Nous vous proposons un article de l’express qui lui a été consacré. Commissaire aux Droits de l'Homme de 2008 à 2010 dans le gouvernement mauritanien, Mohamed Lemine Ould Dadde est maintenu en prison sans jugement depuis plus d'un an. Son sort atteste la persistance d'archaïsmes et de tabous socio-ethniques. Nul en Mauritanie n'est mieux à même de rédiger un rapport détaillé sur l'appareil judiciaire local et le système carcéral du cru que l'ancien commissaire aux droits de l'homme. Et pour cause: Mohamed Lemine Ould Dadde, 44 ans, croupit depuis près de quatorze mois dans la prison civile de Nouakchott. Réclusion au demeurant illégale à compter du 27 septembre dernier, date de l'expiration de sa détention provisoire. Que reproche un parquet aux ordres à cet activiste libéral, hier farouche opposant au régime autocratique de Maaouiya Ould Taya (1984-2005)? Officiellement, des malversations et détournements d'un montant de 271 millions d'ouguiyas, soit 750000 euros, commis dans l'exercice de ses fonctions. Grief fantaisiste, au regard des incohérences et des à-peu-près d'un dossier d'accusation digne de figurer parmi les études des cas soumises à des étudiants en droit de première année. Sans doute cet informaticien de formation, diplômé de Sciences-Po Paris et marié à une Française, eut-il le tort de soutenir le général Mohamed Ould Abdel Aziz, putschiste sanctifié depuis lors par les urnes, de croire à ses promesses d'ouverture mais plus encore d'accepter en septembre 2008 une mission qui lui conférait un rang ministériel. Deux ans après, il sera donc limogé par décret puis arrêté. Mission commerciale Espagnole en Mauritanie La Délégation de PROEXCA, Société pour la Promotion Extérieure des Iles Canaries, en partenariat avec l’Ambassade d’Espagne à Nouakchott, organise une Mission Commerciale en Mauritanie qui a comme objectif une rencontre des intérêts communs dans différents secteurs économiques, dont les plus importants seront la construction, le secteur minier, l’hydraulique, les travaux publiques, les énergies renouvelables, la pêche et le secteur alimentaire. Le rencontre aura lieu du 14 au 15 novembre et, accueillera un total de quinze entreprises canariennes et deux Chambres de Commerce, Lanzarote et Fuerteventura, ainsi que le représentant du Gouvernement des Îles Canaries en matière de Relations avec l’Afrique, Monsieur Pablo Martin Carbajal. L’organisation souhaite que cet événement renforce les relations économiques et commerciales entre la Mauritanie et l´Espagne. Petite annonce DR Hadja Okiki Tradi praticienne confirmée et visionnaire Tél. : 46544719-36170200 Cabinet ouvert 08 H/22 Adresse CARREFOUR en face du collège SOKA MEkKA Soigne toutes sortes de maladies : Stérilité hommes et femmes ; l’impuissance sexuelle ; la faiblesse sexuelle ; hémorroïdes : tension ; paralysie ; Dermatose ; Fibrome Kyste ; constipation ; Rhumatisme ; l’Asthme ; règles douloureuses ; savon et parfum de chance ; Maux de reins ; Chaude pisse ; Etc. Engagement contre l'esclavage Tout indique que ce noble de la tribu des Tagounanet, fils d'un notable érudit, paie avant tout son engagement résolu contre l'esclavage et autres traditions féodales, tels l'excision ou le gavage des jeunes filles promises au mariage. A l'évidence, ses initiatives en faveur des Haratine, serfs négro-africains affranchis, auront irrité une élite arabe attachée à la perpétuation d'archaïsmes socio-ethniques. Mohamed Lemine avait d'ailleurs d'emblée prêché l'exemple, rendant sa liberté à son " frère de lait " Etman, l'esclave qui, conformément aux usages maures, lui fut alloué à sa naissance. Mais voilà: dans la Mauritanie de 2011, les tabous ancestraux font de la résistance. Le Quai d'Orsay, qui suit de près l'affaire, a fait part le 8 novembre de sa "préoccupation" et réitéré son plaidoyer RADDHO en faveur du "respect de la légalité de la procédure et des droits" du proscrit. Quant à l'épouse de ce dernier, Céline Brard, elle a pu le rencontrer sur place à la Toussaint et envisage un nouveau voyage à Nouakchott fin décembre. On imagine sans peine le cadeau de Noël dont elle rêve. Vincent Hugeux (L’express du 15/11/11) Communiqué de presse La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) exprime sa vive préoccupation par rapport à l’arrestation et la détention arbitraire de Mohamed Lémine Ould Dadde depuis le 27 septembre 2010. En effet Mohamed Lémine Ould Dadde a été mis sous mandat de dépôt le 27 septembre 2010 et conformément à la loi la détention de 6 mois a été renouvelée pour une durée de 6 mois le 23 mars 2011, elle a pris fin le 27 septembre 2011. Cela fait aujourd’hui douze (12) mois et quarante neuf (49) jours que Mohamed Lénine Ould Dadde est incarcéré sans jugement. La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) - Condamne l’arrestation et la détention de monsieur Mohamed Lémine Ould Dadde qui violent les règles à un procès juste et équitable ; - Considère que Mohamed Lénine Ould Dadde est en détention arbitraire et que l’Etat mauritanien a violé les articles 11.1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, 14 al 2 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques et article 7 de la Charte Africaine des droits de l’Homme et des Peuples ; - Exige sa libération après plus d’un (1) an de détention, de surcroit les garanties de procédures pour un procès juste et équitable ont bafouées. Fait à Dakar le 15 novembre 2011 Le Président WWW.Beyrouk.Com C’EST LE NOUVEAU SITE QUE VIENT DE LANCER NOTRE CONFRERE Mbareck Ould Beyrouk et qui est consacré exclusivement à la culture. Il s’agissait d’abord, a-t-il dit, « d’un site d’auteur destiné avant tout à me présenter, à présenter mes œuvres et mes activités Mais j’ai vite décidé d’en faire une vitrine de notre culture et de notre rapport au monde » On y retrouvera une rubrique quotidienne et des articles de haut niveau écrits par des spécialistes et des hommes de lettres. www.beyrouk.com N° 636 du 16 Novembre 2011 ACTUALITÉ OTAGES FRANÇAIS NIGER Les raisons d’une enquête Le 21 octobre dernier, 400 jours après leur enlèvement, les familles des quatre otages français au Niger sont sorties de leur silence en décidant de publier ces portraits de Daniel Larribe, Marc Féret, Pierre Legrand et Thierry Dol, libres. Alors que les pourparlers semblent au point mort, Paris Match a voulu faire le point sur la situation de nos compatriotes captifs du désert. Notre reporter Patrick Forestier a découvert une situation compliquée avec des réseaux de négociation en concurrence. Au risque de compliquer grandement la libération des Français. Depuis que les familles se sont fait entendre, Match a enquêté sur les pourparlers avec les ravisseurs. Entre voix officielle et voies parallèles, le message est brouillé. T out commence en septembre 2010 à Arlit, le lendemain du rapt des sept employés des deux grands groupes français, Areva et Satom (filiale du groupe Vinci) par le commando de l’émir Abou Zeid, membre d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Chez Areva, c’est la stupeur. A l’Elysée et au Quai d’Orsay, la colère. Chacun accuse l’autre de négligences. Alors que les avions de reconnaissance français cherchent les 4 x 4 des ravisseurs, un homme, à Paris, est averti de leur passage dans le massif de l’Adrar des Iforas, le repaire du groupe d’Abou Zeid au Mali. Ce Français, que nous appellerons « le directeur », est un des dirigeants d’Air France. Depuis les années 80, il connaît tous les arcanes de l’Afrique, surtout celle de l’Ouest. A l’époque, il était un proche de Thomas Sankara, le jeune leader tiers-mondiste qui transforma la Haute-Volta en Burkina Faso, le « Pays des hommes intègres ». Au ¬Comité catholique contre la faim, dans la compagnie aérienne Point Afrique ou auprès d’Edgard Pisani, conseiller de Mitterrand, il a connu de nombreux Africains qui aujourd’hui occupent des postes clés. A son arrivée à la direction d’Air France, Jean-Cyril Spinetta fait appel à cet homme discret, au carnet d’adresses bien rempli, pour régler les problèmes de sa compagnie en Afrique. Dès la prise d’otages, grâce à ses amis touareg maliens, le directeur « sait tout ». Il en informe son patron qui est aussi le président du conseil de surveillance d’Areva. Jean-Cyril Spinetta avertit Anne Lauvergeon, la dirigeante du groupe, et Claude Guéant. Le secrétaire général de l’Elysée encourage le spécialiste Afrique d’Air France à continuer à travailler à la libération des otages. A Bamako, le directeur est reçu par le président du Mali, « ATT », Amadou Toumani Touré, qu’il côtoie depuis ¬longtemps. Sur le terrain, le directeur peut s’appuyer sur les anciens chefs de la rébellion touareg de 1990 et de 2006. Ils sont ¬rentrés dans le rang mais restent très proches du mouvement Tamasheq dans la région de Kidal, la principale cité de la zone contrôlée par l’Aqmi. A Bamako, « ATT » suit les négociations en amont. Tout comme Blaise Campaoré. Le président du ¬Burkina utilise son homme de confiance mauritanien, Moustapha Chafi. C’est lui qui a déjà négocié la libération d’otages canadiens et espagnols détenus par un autre émir de l’Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, un trafiquant du désert devenu islamiste. Chafi a effectué une dizaine de séjours dans le repaire de Belmokhtar. Le directeur d’Air France le rencontre pour l’entretenir d’AlQaïda. Et Jean-Cyril Spinetta est reçu par les présidents du Mali et du Burkina. Les intermédiaires touareg sont formels. Abou Zeid estime que la prise de deux otages africains est contre-productive pour l’image du mouvement sur le continent noir, N° 636 du 16 Novembre 2011 Rivalités entre négociateurs et il ne sait pas quoi faire de Françoise Larribe. Dans son esprit, une femme ne compte pas. Ces trois-là étant « gratuits », seul Daniel, l’époux de Mme Larribe, a un prix. Il n’est pas encore dissocié du premier groupe sur le point d’être libéré. Un autre français est entré dans la négociation avec « de gros moyens » Le « tarif » coïncide avec les souhaits d’« ATT », qui insiste pour qu’on ne sorte pas de la « jurisprudence Chafi » : deux Espagnols pour 2,5 millions d’euros chacun. Le président malien est prêt à ¬apporter un appui logistique en fournissant véhicules tout-¬terrain, guides et chauffeurs, mais laisse aux Français le soin de régler leurs affaires par l’intermédiaire des Touareg qui, évidemment, lui rendent compte. Pour les quatre, la négociation paraît bouclée, jusqu’à ce que l’émissaire français sente comme une gêne chez ses interlocuteurs touareg. Un député du Nord, en particulier, très bien introduit, lui confie qu’un autre Français, se présentant comme un « ingénieur », est entré dans la ¬négociation avec « de gros moyens » et, selon lui, la bénédiction de Paris. C’est « ATT » lui-même qui annonce au ¬directeur que « l’ingénieur » est en fait un agent des services français. « Dans ce cas-là, on se retire. Ce genre de travail n’est pas notre métier. Laissons faire les professionnels de la République », annonce Spinetta à son collaborateur. A Bamako, le directeur fait dire à « l’ingénieur » qu’il est prêt à le rencontrer pour lui communiquer des informations. Sans succès. Il comprend qu’il doit s’arrêter. Commence alors une série de mésaventures dans la vie de l’agent d’Air France. Fin 2010, il est bizarrement interrogé à Paris à propos de paquets de drogue découverts dans un avion en provenance de Bamako. Un interrogatoire qui semble organisé pour l’impressionner. A Bamako, le véritable pedigree de « l’ingénieur » est rapidement connu. En octobre, « La lettre du continent », un bulletin très bien informé sur les réseaux africains, mentionnera l’existence de « l’ingénieur » sous le titre : « Les discrets émissaires auprès d’Aqmi. » Grâce à une société locale, « l’ingénieur » protège les chantiers de travaux publics de Satom, une filiale du groupe Vinci. Ancien élève de l’école d’officiers de Coëtquidan, il a servi la DGSE. Il aurait été envoyé en mission pendant la rébellion karen, en Birmanie, puis au Kosovo. Lieutenant-colonel sous l’uniforme de l’armée tchadienne, il fait preuve de courage à N’Djamena. Il est officiellement chargé de l’encadrement des hommes de la sécurité présidentielle. En fait, il conseille le président Idriss Déby, avec qui il noue des liens de confiance. Début février 2008, l’officier français est aux côtés du président tchadien dans le palais ¬encerclé par les rebelles. A l’Elysée, Nicolas Sarkozy se marie avec Carla Bruni, mais il suit la situation heure par heure. Il aurait même pris le temps de lui parler au téléphone alors qu’il est dans la nasse avec d’autres militaires du 1er RPima. Mais son exfiltration se passe mal. Et ses relations avec l’attaché de ¬Défense et l’ambassadeur de France vont devenir exécrables. Pire : son nom est cité par l’opposition dans la disparition d’un intellectuel qui aurait été en contact avec la rébellion, et il ¬apparaît encore en mars 2010 dans un rapport d’audition de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Depuis, il a, du moins officiellement, quitté la DGSE. L’officier s’est ¬reconverti dans le privé. On le voit en Côte d’Ivoire et en ¬République centrafricaine auprès du président Bozizé, mais surtout au Sahel, sa terre de prédilection. 6 Le montant de la rançon pour trois otagesdépasse largement ce qui avait été prévu C’est lui qui aurait proposé aux autorités françaises un plan d’action pour libérer les otages. La proposition, en tout cas, semble avoir été acceptée. Est-ce que Paris, après avoir mené deux opérations commandos contre Al-Qaïda au Mali, ne veut pas apparaître dans une négociation de remise de rançon réglée par deux grands groupes industriels français ? Ou bien s’est-on souvenu en haut lieu du courage de l’officier à N’Djamena ? Fort d’un soutien plus ou moins avéré, « l’ingénieur » arbore désormais plusieurs casquettes. Au Niger, il offre à Areva, avec plusieurs associés, de sécuriser grâce à des supplétifs touareg le site d’Imouraren, la future plus grande mine d’uranium d’Afrique… déjà gardée par l’armée nigérienne et une société française. D’un autre côté, il poursuit ses négociations au Mali, sous l’œil très attentif d’« ATT ». En janvier dernier, le président malien apprend que les sommes proposées à l’Aqmi sont cinq fois plus élevées que celles qu’il a autorisées. Pire : il ¬découvre que son directeur des services de renseignement, Mamy Coulibaly, est partie prenante. Convoqué, celui-ci confirme à son président que le montant de la rançon dépasse pour trois otages largement ce qui avait été prévu pour quatre. L’émissaire d’Air France et les Maliens doutent que tout cet ¬argent soit arrivé jusqu’au fin fond du désert. Une partie est larguée par avion, le reste, acheminé par voie terrestre. Les deux otages africains et Mme Larribe sont libérés le 24 février. Peu après, des médiateurs maliens annoncent que l’Aqmi ¬demande 90 millions d’euros pour libérer les quatre derniers otages. Une somme Suite en page 8 Pour avoir des informations sur la Mauritanie, consultez: www.mauritanidees.fr 7 ACTUALITÉ MOUSTAPHA CHAFI, LE JACQUES FOCCART «SANS VALISES » Moustapha Chafi (50 ans) éminence grise de la diplomatie souterraine des « guerriers » des dunes et des antichambres présidentielles. Portrait d’un lobbyiste atypique. Habitué des lambris dorés des palais africains, notamment Koulouba, Niamey, Abidjan et Conakry, Moustapha Chafi n’aime ni le bruit ni l’odeur des affaires. Ouaga 2005. A L’hôtel Kimpesky. Une silhouette frêle attend dans un petit salon discret du palace ses invités de marque. Salif Diallo, François Campaoré, deux éléments clé du système de l’époque, et quelques diplomates de la sous-région accrédités au Burkina, sont reçus par le Mollah du désert et ami inconditionnel de Blaise Campaoré. Une partie de civilité courtoise entre gens d’en haut qui ont pris l’habitude, depuis des années, de s’entretenir avec l’homme. Craint et adulé par la haute hiérarchie politique et militaire burkinabée, Moustapha Chafi est un surdoué de la real politik. Au gré des tumultes de la vie politique qui ont forgé sa personnalité et son tempérament, loin de sa Mauritanie natale, qui l’accusait régulièrement de «coup d’Etat », et de bailleurs de fonds des « cavaliers du changement », mouvance qui faillit venir à bout du régime de Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya un certain 8 juin 2003, il a su tisser sa toile au gré des tempêtes de sable. « Si j’étais faiseur de coups d’Etat ou de rébellions, je pense que je ne bénéficierais pas de toute la confiance et des relations dont je jouis aujourd’hui », confiait-il à l’organe de presse mauritanien Al Akhbar en juin dernier. Aux yeux des groupuscules islamistes évoluant dans ce sanctuaire agité et complexe, il passe pour un allié sûr et un Emir du désert sans turban. Il connait les Cheikh, les chefs de guerre, les intermédiaires, les guides et les habitants nomades. Beaucoup d’inimitiés Celui qui n’a jamais eu à gérer de fonds publics dit avoir commencé sa carrière très jeune dans la... philatélie, avec des partenaires arméniens. C’est là qu’il a gagné suffisamment d’argent avant d’évoluer vers d’autres activités. Lesquelles ? L’homme n’en dit pas grand chose à Al Akhbar, opposant aux journalistes la recommandation du prophète Mohamed : « Scellez-le autour de vos affaires. » Chafi, qui déteste jouer aux apprentis sorciers, est un pur clone du Maréchal Sully et de son mentor Henri IV. A Ouagadougou, où il s’est installé dans une résidence modeste (moins huppée que celles de certains dignitaires qui le courtisent), avec son épouse et ses quatre enfants, il est presque le Blaise bis, le confident et pourfendeur dans l’ombre des détracteurs de l’homme fort du Faso. Difficile de le fréquenter et de mettre la main sur lui. A distance, mais dans le secret des uns et des autres, il maîtrise son univers. Vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi, ergotait-on dans l’entourage de Laurent Gbagbo, lors du déclenchement de la rébellion en 2002, où, sans la moindre preuve, le nom de ce seigneur du désert a été cité par les ultras. La règle semble bien assimilée chez les hauts dignitaires de la République du Faso. Ce statut d’éminence grise lui vaut beaucoup d’inimitiés. Urbi et orbi, ce Mauritanien polyglotte (il parle haoussa, tamacheck, hassanya, dioula et peulh) est un raccourci sûr pour être dans les grâces de Blaise Campaoré. Ce dernier, dit-on, lui a donné carte blanche dans ses missions de « bons offices » en Afrique et dans le monde. Un proche du conseiller occulte nous a révélé qu’il était un bon trait d’union entre la famille du président Campaoré et le chef. Ceux qui le fréquentent disent que sa loyauté envers ses amis est demeurée inoxydable. Malgré la tempête des épreuves. Le Foccart « sans valises » «sans valises » Cette proximité avec Blaise Campaoré lui a permis d’aller au chaudron des dunes du no man’s land sahélien pour négocier la libération des deux otages espagnols et des Canadiens, en 2010. Avec un carnet d’adresses qui s’étale de Nouakchott aux Comores, il sait mettre en musique ses opérations. Même au moment critique où les espoirs sont minces. C’est lui qui a mis à contribution ses connexions dans l’univers implacable des guerriers et seigneurs du désert, sur demande des services de renseignements occidentaux et avec la bénédiction du chef de l’Etat burkinabé, l’an dernier, pour passer à table avec le chef de guerre rebelle algérien islamiste, Moktar Belmoktar. « Personne ne pouvait fléchir la position de Belmoktar. Sauf lui », a reconnu un officiel nigérien contacté par Les Afriques. Après neuf mois de captivité, les otages sont libérés. Et Chafi redore son blason le 23 août 2010 en s’imposant comme une puissante machine souterraine dans le Sahara malien. Aux yeux des groupuscules islamistes évoluant dans ce sanctuaire agité et complexe, il passe pour un allié sûr et un émir du désert sans turban. Il connaît les Cheikh, les chefs de guerre, les intermédiaires, les guides et les habitants nomades. A l’opposé du spécialiste emblématique du village francoafricain, Jacques Foccart et de « son héritier », Robert Bourgi, empêtré dans une sulfureuse affaire de mallettes d’argent entre l’Elysée et ses ex-colonies, le goguenard Moustapha Chafi n’est pas un mondain. Il tient à rester un éternel conseiller de l’ombre auprès de bons nombre de chefs d’Etat africains qui le sollicitent pour sa maîtrise des enjeux géostratégiques de la région. « L’argent dénature les rapports et tue la vertu de la lucidité », aimait-il lancer à ses proches. Nos informations recoupées soutiennent que son argent, tiré de ses prestations de service, est en grande partie injecté dans des activités caritatives. Habitué des lambris dorés des palais africains, notamment Koulouba, Niamey, Abidjan et Conakry, Moustapha Chafi n’aime ni le bruit ni l’odeur des affaires. A Ouaga, il continue de fréquenter son ami, ex-président guinéen, qui a échappé à une tentative d’assassinat, le capitaine Moussa Dadis Camara. Ce dernier lui doit la prouesse d’être évacué à bord d’un avion médicalisé à destination de Rabat. Aussi, il a beaucoup manœuvré pour lui trouver un point de chute dorée auprès de Blaise. Ses détracteurs, pour le discréditer, balancent tout de go, qu’il est un espion chocolaté (jargon diplomatique) ou un honorable correspondant (jargon militaire). Faux, s’emballe cet officier malien, proche de l’homme. «C’est vrai qu’il est un vrai renard, bien connecté, mais pas ce genre de personne.» Fils d’une grande tribu Son pater, Limam Chafi, membre influent de la tribu maraboutique, les Tajakkane, orfèvre du Coran et du négoce, a beaucoup forgé la personnalité du jeune bédouin-marabout dès sa tendre enfance. Très connecté jadis dans les milieux à Niamey, sous l’ère Hamani Diori, ancien président du Niger, Limam Chafi y a laissé une empreinte indélébile. Ici, la piété et le privilège tribal ont permis à la famille Chafi d’étendre son ascendant sur la région du Niger, sur l’Algérie, en passant par le Mali. A la faveur de la chute de son ex-ami et disciple de président, la donne change. Limam Chafi n’attend pas l’arrivée des nouveaux barons du régime. Cap sur Nouakchott. Moustapha Chafi le suit, laissant derrière lui des hommes sur qui il peut compter. Une corde de plus à son arc. Il sait que son heure de gloire va sonner. Le rêve du petit devient réalité. Le vent tourne. Défenseur des opprimés et combattant de la liberté et de la démocratie, sa fougue de jeunesse panafricaniste le rapproche des convulsions révolutionnaires de Thomas Sankara. Ouagadougou devient sa forteresse idéologique. Son destin partira d’ici, avant d’étendre ses connexions dans les autres capitales du Sahel. Il découvre Tripoli, après son soutien sans faille à Gougouni Ouedei, et se rapproche des éminences grises du système, comme Ali Tréki, la famille Warfalla et Dr Omar Charif. Seul trait de différence avec son père, Limam Chafi, Moustapha n’est pas un fou d’Allah. L’équation Ould Abdel Aziz Nouakchott n’est plus en odeur de sainteté avec l’émir du désert depuis l’arrivée aux affaires de l’actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz. Amis d’hier, ennemis d’aujourd’hui, les deux hommes ont coupé les ponts. Moustapha Chafi, mentor de l’ancien président Sidi Cheikh Abdellahi, n’a pas digéré la pilule de la destitution de celui-ci, le 6 août 2008. « Chafi a beaucoup contribué à la mise en selle de Sidi Abdellahi, quand les militaires cherchaient un cobaye civil pour le retour à la démocratie en Mauritanie », clame un connaisseur du dossier. C’est lui aussi qui a huilé les relations entre Sidi Abdellahi et l’opposant historique et ancien président de l’assemblée nationale mauritanienne Messaoud Ould Boukheir, en 2007, au moment où tout le monde soutenait que c’était impossible. Le coup d’état du président Ould Abdel Aziz a été la goutte de trop. A Nouakchott, une source se veut formelle : « Je suis au courant de la tentative de médiation avortée du président Aziz auprès de Chafi, via des missi dominici. La rencontre devait avoir lieu à Bamako ». C’est Chafi qui y opposa un refus. Les relations sont devenues exécrables. Dernier coup de massue : la mort des cinq combattants d’AQMI, suite au raid franco-mauritanien dans les sables mouvants du Sahara malien. Pourtant, Chafi compte beaucoup d’amis : Ely Ould Mohamed Vall, le capitaine Diop Moustapha, réfugié politique à Paris, Saleh Ould Hanana, ancien chef des « cavaliers du changement » reconverti en honorable député pacifique d’Aioun, Sarr Ibrahima, opposant et candidat aux présidentielles de 2007, Lahcen Dedew, leader islamiste mauritanien... C’est toujours la passe d’armes entre Nouakchott et le conseiller lobbyiste en chef de Blaise. Lors de l’investiture du président Ouattara, beaucoup d’officiels ont été très gênés de voir que les deux hommes se détestaient à tel point... Jusqu’avant le coup d’Etat d’Ely Ould Mohamed Vall en 2005, l’homme était à la fois le mentor et l’hébergeur attitré des putschistes dénommés « cavaliers du changement », qui ont longtemps fugué dans les dunes du no man’s land sahélien. Pour échapper à la traque des services secrets mauritaniens, gracieusement budgétisés par un compte logé à la présidence. Chafi, qui aurait échappé à une tentative d’enlèvement à Lomé en 2004, par les mêmes services mauritaniens, est aujourd’hui au zénith de sa carrière, en étant conseiller spécial du président Alassane Ouattara et conseiller spécial du président nigérien Mamadou Issoufou. Ismael Aidara (Les Afriques) N°636 du 16 Novembre 2011 8 ACTUALITÉ OTAGES FRANÇAIS NIGER Rivalités entre négociateurs Suite de la page 6 des protagonistes qui, ¬visiblement, bénéficient d’appuis importants. « Je connais Abou Zeid. On se comprend parce qu’on parle le même langage. Aussi Air France et Areva ont intérêt à travailler avec moi », lâche « l’ingénieur » avant de partir. Comme rien ne bouge au tribunal de Bobigny, le directeur se constitue partie civile en septembre. Depuis, ses ennuis ont recommencé, sans qu’il sache s’ils sont fortuits ou délibérés. Le 3 octobre, vers 21 heures, un véhicule le percute de plein fouet alors qu’il ¬rentre de Roissy au volant de sa Nissan. Le conducteur est un Guinéen qui parle à peine français, sa compagne, une auxiliaire de police qui l’assiste opportunément pour le constat. Quelques jours plus tard un incendie ravage sa maison de ¬campagne dans le Sud-Ouest. Puis c’est le bouchon de la ¬vidange du liquide de refroidissement de sa vieille voiture qui, dévissé, entraîne l’arrêt du moteur. Depuis quatorze mois, des familles espèrent la libération des otages. Mais leur sort risque d’être lié à la situation au ¬Sahel, qui ne fait que se compliquer depuis la chute de ¬Kadhafi. L’Aqmi n’est pas seule à avoir récupéré des armes. Des milliers de combattants touareg sont rentrés de Libye ¬suréquipés. A tel point que l’armée malienne renforce Le sort des otages risque d’être lié ses garnisons au Sahara par crainte d’une nouvelle rébelà la situation ausahel, qui ne fait que lion. Ainsi, pour Niamey, la priorité n’est plus seulement se compliquer depuis la chute de ¬kadhafi L’officier donne l’impression d’être impuissant devant l’Aqmi. Le Niger et le Burkina espèrent entamer des négociations extravagante ! Personne ne peut affirmer ce qui reviendra réellement aux preneurs d’otages. Pour le ¬directeur d’Air France, les ennuis continuent. Il vit sous protection après s’être aperçu qu’il était suivi et photographié dans tous ses déplacements. Au cours de l’été, il porte plainte contre X au tribunal de Bobigny. Juste avant, il a raconté son histoire à son interlocuteur habituel, un diplomate à la cellule Afrique de la présidence de la République. Suite à cet entretien, il est appelé par un général de la DGSE au siège du boulevard Mortier. « Comment se fait-il que vous n’ayez jamais pris contact avec nous ? » lui demande l’officier. « Comment se faitil que vous ne soyez pas au courant de ce qu’il m’arrive ? » rétorque le civil. Dans la conversation, il comprend qu’on le soupçonne de mettre des bâtons dans les roues à « l’ingénieur » dans le but d’obtenir une part de la rançon ! Afin d’apaiser le différend, l’officier organise un déjeuner dans un restaurant de la place de la République. L’ambiance est glaciale. « Est-ce vrai que vous êtes prêt à attenter à la sécurité de ce monsieur ? » demande le général. « Si c’était le cas, il ne serait pas là pour en parler », répond sèchement « l’ingénieur ». avec les groupes islamistes. Le 29 juillet dernier, un haut responsable touareg d’Areva est envoyé en mission par le nouveau gouvernement nigérien chez l’émir Belmokhtar, responsable du rapt, en janvier dernier, de deux jeunes Français à ¬Niamey, tués au cours d’une opération française. Après avoir effectué trois voyages dans l’Adrar des Iforas pour rencontrer les groupes de l’Aqmi qui détiennent les otages, l’émissaire touareg se rend, cette fois, à 70 kilomètres de Tombouctou, où il a trouvé l’émir assis tranquillement au pied d’un arbre, entouré d’une vingtaine de combattants. Quand l’émissaire annonce que « le Niger et le Burkina Faso souhaiteraient que l’Aqmi n’utilise plus leurs ¬territoires pour commettre des enlèvements d’Occidentaux », Belmokhtar répond que la discussion est possible. Une fois les trois autres chefs de l’Aqmi informés, il proposera une date pour rencontrer une délégation d’officiels. Mais où le propos de l’émir devient plus délicat, c’est quand il informe l’émissaire nigérien « des démarches effectuées par un Français [il cite le nom de “l’ingénieur”] qui est dans le circuit des négociations pour la libération des otages ». L’émissaire note : « Ce Français a créé une société de sécurité au Mali, il propose aux gens d’Aqmi de travailler avec lui ! Il propose aussi d’être leur intermédiaire pour leur trouver de l’argent… » Patrick Forestier - Paris Match RIM-SÉNÉGAL Retour sur les événements de 89 N ou v ea u SALAM TRANSPORTS Nouvelle Ligne Nouakchott-Dakar et Dakar-Nouakchott Départ Nouakchott: tous les dimanche à 7 heures du matin. Départ de Dakar: tous les lundi à 23 heures. N° 636 du 16 Novembre 2011 ALAKHBAR (Noukchott)-«C'est quoi (les événements de 89)? Un incident presque banal entre des bergers et des cultivateurs, des bergers venant de Mauritanie et des cultivateurs étant des Sénégalais. Et sur la base de cet incident le ton a monté, les affrontements ont eu lieu, la situation s'est dégradée, a dit Ibrahima Fall candidat déclaré à la présidentielle sénégalaise de 2012. Ibrahima Fall , ministre sénégalais des affaires étrangères sous Abdou Diouf, au moment des «événements douloureux entre le Sénégal et la Mauritanie», était interviewé par le quotidien sénégalais, Le Populaire. Pour lui, «le point d'achoppement, c’est où se trouve la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal. Le Sénégal se fondant sur la délimitation coloniale qui place la frontière sur la rive droite du fleuve Sénégal défendant la position selon laquelle le fleuve appartenait au Sénégal, la Mauritanie se fondant sur d'autres considérations estimait que la frontière se trouvait au milieu du fleuve Sénégal». Le candidat a rappelé «j'ai reçu un mandat de m'impliquer dans la recherche de solutions. J'ai dirigé la délégation sénégalaise qui a rencontré la délégation mauritanienne conduite par le ministre de l'Intérieur, à Bamako où nous avons négocié. Nous avons effectué plusieurs négociations». En outre, Ibrahima Fall dit avoir « vécu douloureusement cette affaire pour trois raisons. Un parce que je suis convaincu qu'une frontière constituée par un fleuve dans une région sahélienne où le principal problème est où trouver de l'eau, doit unir plutôt que séparer. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que ce fleuve a servi pour créer l'Omvs. Deux, je considérais historiquement que les peuples sénégalais et mauritaniens avaient partagé tant de choses que tout devait être fait pour fructifier les relations et non remettre en cause ces relations. Trois, je suis panafricaniste et que je considère les frontières héritées de notre colonisation doivent être dépassées pour construire l'unité africaine». 9 IDÉE COLLECTIF DE LA DÉFENSE DU MAGISTRAT MOHAMED LEMINE OULD EL MOCTAR Le désastre judiciaire Mohamed Ould Moctar est ce magistrat qui a été radié du corps judiciaire pour avoir émis, en sa qualité de président d’une cour, une décision de non lieu dans le dossier épineux compliqué et complexe de la drogue. Des leaders politiques, des représentants de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme ont assisté dans une salle archi comble de l’hôtel Wissal à la première sortie médiatique du magistrat radié et sa défense pour expliquer son cas à l’opinion publique. Et si les avocats de la défense avaient axé leurs interventions sur les lacunes et entorses judiciaires, l’intéressé, quant à lui, a trouvé les mots simples pour plaider sa cause. Il a entretenu l’assistance sur son parcours professionnel sans faute. Plusieurs avocats avaient intervenu au cours de cette soirée pour souligner sa rectitude et son sérieux. En ce qui concerne son cas, il tenait à expliquer que la décision de cours est collégiale, qu’il était un magistrat de siège et qu’à ce titre, il ne répond qu’à son intime conviction. Et même, expliqua-t-il, si on dépassait toutes ces considérations, on devrait le juger en fonction de faits concrets, comme par exemple l’accuser de corruption ou de toute autre chose… Mais rien de tout cela, son dossier était vide et la manière avec laquelle il a été traité est contraire à la logique et à la loi. On voulait tout simplement un bouc émissaire pour donner l’impression d’être rigoureux dans les dossiers chers à certains partenaires étrangers. Biladi vous propose le communiqué de presse du collectif de défense du Magistrat Mohamed Lemine Ould El Moctar: “ La défense du Magistrat Mohamed Lemine Ould El Moctar a saisi, par requête le 10 novembre 2011, le Conseil Supérieur de la Magistrature aux fins de réexamen de la décision disciplinaire portant sa radiation pour excès de pouvoir caractéristique de la décision prise le 11 septembre 2011 par sa formation disciplinaire. Conseil Supérieur de la Magistrature dans sa formation entière avant que la formation disciplinaire connaisse du dossier - La demande par le Ministre des la Justice dans sa lettre de saisine de sanction précise alors que son rôle se limite à porter à la connaissance du conseil des faits sans le Pour asseoir le recours ainsi présenté, le collectif de la moindre avis à l’effet de garantir le principe de l’indépendéfense a exposé un certain nombre de moyens (griefs) dance des juges du pouvoir exécutif et pour préserver la entachant la décision disciplinaire dans tous ses aspects confidentialité des délibérations. de forme, de contenu et des éléments de fait sur lesquels elle s’est fondée. - L’empêchement de trois membres du conseil – formaIl s’agit des moyens ou griefs suivants : tion disciplinaire- de prendre part aux délibérations du - Le défaut de saisine par le Ministre de la Justice du conseil en vertu d’un prétexte artificiel tiré du fait qu’ils sont en congé. - Absence de la décision du moindre motif juridique en ce sens que le grief fondamental évoqué contre la formation que présidait notre client réside du fait que l’arrêt de la chambre n’a pas tenu compte des procès verbaux d’enquête préliminaire alors que d’autres impliqués dans le dossier que le Ministre de la justice qualifient, dans sa lettre de saisine de la formation disciplinaire du conseil supérieur de la magistrature, de criminels notoires avaient déjà bénéficié de remises de peines ou de grâces entières avant même l’examen du dossier. Il convient de rappeler que le juge ne statue qu’en vertu de son intime conviction sauf les cas où la loi prescrit le recours aux éléments de preuve de culpabilité ou d’innocence pour limiter le juge dans sa décision. L’indépendance des juges est antinomique à sa révocation de ses fonctions et à son humiliation pour des considérations inavouées au seul motif qu’il a écarté des procès verbaux d’enquête préliminaire établis par la police judiciaire que la loi considère comme moyens supplétifs à condition qu’ils soient établis dans les formes et conditions définies par la loi. Le collectif de la défense, tout en saisissant le Conseil Supérieur de la Magistrature dans sa formation complète, sollicite l’examen de ce recours exercé contre une décision portant violation de la loi pour que le droit soit rétabli et les principes de justice et d’équité sauvegardés. Nouakchott, le 14 novembre 2011 Le collectif de la défense” N°636 du 16 Novembre 2011 10 ÉCONOMIE OBAMA ITALIE a encore du travail Mario Monti, l'anti-Berlusconi, prépare le nouveau gouvernement L’Europe à faire pour se stabiliser Mario Monti, Premier ministre désigné de l'Italie, a passé avec succès lundi son premier examen sur les marchés et s'est attelé à la formation de son équipe, après le départ de Silvio Berlusconi, accusé d'avoir miné la crédibilité du pays. M. Monti, économiste respecté de 68 ans, a entamé vers 9H30 GMT des consultations avec les principaux partis politiques et les partenaires sociaux qui dureront toute la journée ainsi que mardi, avant la présentation attendue d'une liste restreinte de 12 ministres. Les marchés ont applaudi le choix de M. Monti, avec une forte hausse de la Bourse de Milan (+2% peu après l'ouverture) et une nouvelle détente des taux obligataires à 10 ans à 6,35%. L'Italie a en outre réussi sans problèmes à placer 3 milliards d'euros d'emprunts d'Etat à 5 ans lundi. Les taux à 10 ans avaient dépassé les 7% la semaine dernière, un record qui avait alimenté les craintes d'une faillite de la troisième économie de la zone euro. Le Premier ministre désigné, surnommé parfois le "cardinal" pour sa prudence, devrait constituer d'ici 48 heures une équipe composée en majorité de technocrates mais qui pourrait inclure une trentaine de secrétaires d'Etat "politiques" afin de s'assurer un ample soutien au parlement. Il verra lundi les petites formations politiques puis mardi matin les plus grands partis et l'après-midi les syndicats et le patronat. La presse a souligné que l'arrivée de Monti représentait un "changement d'époque" pour l'Italie après 17 ans de "berlusconisme", le "professeur" symbolisant "le défi du sérieux" et une "autre Italie". M. Monti, fort d'une réputation de compétence et d'indépendance comme commissaire européen pendant dix ans (1994-2004), s'est fixé pour ambitieux programme d'à la fois "assainir" les comptes italiens et "de reprendre le chemin de la croissance tout en restant attentif à l'équité sociale". Selon les commentateurs, "Super Mario" veut discuter avec les forces politiques d'un programme de gouvernement dosant savamment des mesures acceptables pour la majorité de droite sortante et celles réclamées par l'opposition de gauche. Pour le quotidien de référence Corriere della Sera, plus les réformes du gouvernement Monti seront équitables socialement, "plus elles seront acceptées par les citoyens et plus ample sera la majorité qui soutiendra le gouvernement". La grande inconnue sera la durée de cet exécutif. Le président Giorgio Napolitano a déjà dit qu'il voudrait éviter des élections anticipées au printemps prochain alors que l'Italie doit d'ici avril 2012 placer pour 200 milliards CRISE DE LA DETTE d'euros d'obligations d'Etat. Mais par bravade ou volonté d'éviter une explosion de son parti, Silvio Berlusconi a averti que sa formation, PDL, qui reste malgré les récentes défections, la plus grande à la Chambre des députés avec plus de 200 sièges, "peut retirer son soutien à n'importe quel moment" à M. Monti. M. Berlusconi, qui reste en charge des affaires courantes jusqu'à la prestation de serment du futur gouvernement, pourrait notamment utiliser sa capacité de nuisance si le gouvernement Monti ne se contentait pas de mettre en oeuvre les mesures demandées par l'Union européenne et se mettait aussi à réformer la loi électorale. Sur le plan économique, M. Monti devrait annoncer rapidement un nouveau tour de vis budgétaire, comme le demande l'Union européenne qui juge que Rome ne tiendra pas son objectif d'équilibre budgétaire en 2013 malgré les plans d'austérité adoptés ces derniers mois, en raison d'une croissance au point mort. Dans ce cadre, il pourrait rétablir la taxe foncière sur la résidence principale abolie par M. Berlusconi et mettre en place un impôt sur la fortune, que même le patronat appelle de ses voeux mais auquel le Cavaliere, troisième homme le plus riche d'Italie, s'est toujours opposé. Un autre grand chantier devrait être aussi la réforme des régimes retraites. Afin de relancer la croissance, il devrait libéraliser le marché du travail, au risque de fâcher les syndicats. Pendant que l'Italie attendait son nouveau gouvernement, le nouveau Premier ministre grec Lucas Papademos se préparait à prononcer dans la soirée un important discours de politique générale. L’axe franco-allemand crée "des remous" en Europe, selon Prodi L'ancien président de la Commission européenne et ancien Premier ministre italien, Romano Prodi, a estimé que l'axe franco-allemand dans la conjoncture de la crise de la dette créait "des remous" en Europe, dans un entretien publié dimanche par le journal grec To Vima. "Mon inquiétude est que l'axe franco-allemand n'est pas suffisant dans une Union européenne (UE) de 27 pays et une zone euro de 17 pays. Par conséquent ce tandem ne peut pas prendre de décisions, il tente de les imposer aux autres, a déclaré M. Prodi. Il s'est dit d'autant plus inquiet "qu'il y a de nombreux désaccords entre eux". "Dans un contexte de graves problèmes de dette dans certains pays, cela crée de remous" a-t-il ajouté. Romano Prodi a réitéré qu'une des solutions pour faire face à la crise serait "l'émission des euro-obligations par les banques centrales de la zone euro (...), le but étant de collecter 2.000 milliards d'euros pour renforcer l'euro et 1.000 milliards pour mettre sur pied une structure euroN° 636 du 16 Novembre 2011 péenne d'investissement". "Les euroobligations sont une solution viable, juste et claire, je ne dis pas qu'elle sont la seule solution mais on est devant un problème politique et s'il n'y a pas de volonté politique, on ne peut pas parvenir à une solution viable", a estimé M. Prodi. Sans la volonté politique, "la solution viendra après une longue et douloureuse procédure", a-t-il souligné. Romano Prodi a présidé la Commission européenne de 1999 à 2004 après avoir dirigé l'exécutif italien en tant que Premier ministre de 1996 à 1998. L'Europe a encore du travail à faire pour stabiliser la situation financière de la zone euro, en dépit des évolutions positives en Italie et en Grèce, a estimé samedi le président américain Barack Obama. S'exprimant en marge du sommet de l'Asie-Pacifique à Hawaii, M. Obama s'est dit "satisfait de constater que les dirigeants européens prenaient au sérieux la nécessité de résoudre non seulement la crise grecque mais aussi la crise de la zone euro en général". "Il y a eu des évolutions positives pendant la semaine écoulée: un nouveau gouvernement potentiel en Italie et un nouveau gouvernement en Grèce, déterminés tous deux à mettre en oeuvre des réformes structurelles qui pourront redonner confiance aux marchés", s'est félicité le président des Etats-Unis. Mais "il reste du travail à faire dans la communauté européenne au sens large pour donner aux marchés la ferme assurance que des pays comme l'Italie pourront financer leur dette", a-t-il prévenu. "Ce problème doit être traité par l'Italie mais cela ne se fera pas du jour au lendemain", a remarqué M. Obama. "Il est donc important que l'Europe tout entière soit solidaire de ses partenaires de la zone euro". "Il n'y aura pas de croissance forte en Europe tant que le problème (de la dette) n'aura pas été résolu", a prédit le président américain, disant compter sur la région AsiePacifique pour prendre le relais de la croissance mondiale. M. Obama s'exprimait quelques minutes avant l'annonce à Rome de la démission du chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, par la présidence italienne. Accusé d'avoir miné la crédibilité de son pays, M. Berlusconi a remis sa démission après l'adoption par le Parlement de mesures économiques destinées à rassurer les marchés et ses partenaires internationaux. Elle a été acceptée par le président de la République Giorgio Napolitano qui devrait, sauf énorme surprise, nommer à sa place l'ex-commissaire européen Mario Monti, 68 ans. En Grèce, un nouveau gouvernement a prêté serment vendredi sous la houlette de l'ex-banquier central européen Lucas Papademos. Le ministre des Finances Evangélos Vénizélos, socialiste de 54 ans, conserve son poste après avoir joué un rôle clé ces derniers mois lors de l'aggravation de la crise grecque. L'UE SALUE LA NOMINATION DE MONTI Continuera à surveiller les réformes L'Union européenne a salué dimanche soir la désignation de l'ancien commissaire européen Mario Monti pour succéder à Silvio Berlusconi, tout en assurant qu'elle continuerait à surveiller les efforts de l'Italie pour diminuer sa dette colossale. Sa nomination "est un nouveau signal encourageant (...) de la part des autorités italiennes, qui manifestent leur détermination à surmonter la crise actuelle", ont estimé le président de la commission José Manuel Barroso et le président de l'UE Herman Van Rompuy dans un communiqué commun. Mais, comme décidé lors du dernier sommet européen les 26 et 27 octobre, "la Commission continuera à surveiller l'application des mesures prises par l'Italie pour mener des politiques favorisant la croissance et l'emploi", ont-ils ajouté. 11 INTERNATIONALES AFGHANISTAN Un homme muni d'explosifs tué près du site de la Loya Jirga Un homme transportant des explosifs a été abattu lundi à Kaboul, près du site de la Loya Jirga, la grande assemblée traditionnelle qui doit discuter à partir de mercredi de la stratégie de négociation de paix avec les talibans et des futurs liens avec Washington, selon des sources officielles. L'homme, "un kamikaze" qui transportait des explosifs dans un sac, a été tué par les forces de sécurité près de l'Université polytechnique de Kaboul, sur le campus de laquelle est prévue la Loya Jirga, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Sediq Seddiqi. "Personne d'autre n'a été tué", a-t-il ajouté. Selon Luftullah Mashal, porte-parole de l'agence afghane du renseignement (NDS), "un kamikaze qui tentait d'entrer dans l'Université polytechnique, a été identifié et abattu". "Il transportait des explosifs dans une mallette du type de celles utilisées pour transporter les ordinateurs portables. Ils ont détonné quand il a été abattu. Il est mort et personne d'autre n'a été touché", a-t-il expliqué à l'AFP. La Loya Jirga, qui rassemble des représentants des provinces, des tribus, des ethnies et des différentes composantes de la société civile, est réunie très exceptionnellement pour décider des grandes orientations en Afghanistan. Le président afghan Hamid Karzaï l'a chargée de se prononcer sur le futur partenariat stratégique que Kaboul négocie avec Washington et de définir une nouvelle stratégie de paix avec les insurgés, après l'assassinat en septembre de son négociateur en chef, l'ex-président Burhanuddin Rabbani, par un prétendu émissaire des talibans. Les insurgés talibans, qui combattent le gouvernement de M. Karzaï et ses alliés de l'Otan depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001, ont refusé d'y prendre part et ont menacé les participants de "sévères représailles". En juin 2010, ils avaient tiré plusieurs roquettes à l'ouverture de la précédente Loya Jirga, sans parvenir à perturber la cérémonie. Des kamikazes avaient été abattus non loin du site de la réunion. Lundi, les talibans ont dévoilé sur leur site internet et dans un communiqué à plusieurs médias ce qu'ils présentent comme "le dispositif de sécurité" de la Loya Jirga, mais les responsables des services de sécurité et des forces internationales ont assuré qu'il s'agissait d'un faux. MOLDAVIE Parmi les documents publiés figurent une carte satellite du lieu de réunion de l'Assemblée, les numéros de téléphones mobiles de hauts responsables de la sécurité et des détails sur le déploiement des forces de sécurité. Ces documents avaient été obtenus "grâce à ses membres infiltrés dans les rangs de l'ennemi", ont affirmé les talibans. Le ministère de l'Intérieur a qualifié dans un communiqué les allégations des talibans d'"énorme mensonge", entrant "dans le cadre de la guerre psychologique des talibans destinée à perturber la Loya Jirga". "Si ce document était authentique, ils l'auraient utilisé pour attaquer la Loya Jirga et l'auraient fait fuiter plus tard. Si c'est authentique, pourquoi le publier?", a souligné le vice-ministre de l'Intérieur Abdul Rahman Rahman lors d'une conférence de presse à Kaboul. Un porte-parole du commandement de la Force de l'Otan en Afghanistan (Isaf), le contre-amiral William Truelove, a qualifié ce document de "pièce de propagande créée de toute pièce". Par ailleurs, Sediq Sediqqi a affirmé à la presse que l'un des principaux porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, avait été arrêté lundi dans le sud-est du pays. Toutefois, un porte-parole de l'Isaf, le sergent Christopher DeWitt, citant le gouverneur de la province de Paktika, a indiqué que l'individu arrêté n'était pas ce porte-parole, en dépit de leur homonymie. Faute de candidat, l'élection du président n'aura pas lieu L'élection du président de Moldavie par le Parlement prévue le 18 novembre n'aura pas lieu, aucune candidature à ce poste vacant depuis plus de deux ans n'ayant été approuvée faute d'une majorité, ont rapporté dans la nuit de lundi à mardi les médias moldaves. "Il est clair que le premier tour de l'élection du président n'aura pas lieu" comme prévu vendredi, a indiqué le Premier ministre Vlad Filat. Le délai de dépôt de candidature a expiré à minuit heure locale (22H00 GMT lundi). Depuis avril 2009, aucune force politique n'a disposé de la majorité de 61 députés sur 101 pour élire le chef de l'Etat, la coalition de trois formations pro-européennes actuellement au pouvoir ne disposant que de 59 sièges et le Parti communiste de 42. Mais la récente défection de trois députés communistes a conduit à des négociations pour sortir le pays de cette impasse. Ceux-ci refusent de voter pour le candidat souhaité par la coalition majoritaire, l'actuel président du Parlement Marian Lupu. Ces trois transfuges insistent sur la candidature de l'un d'entre eux, l'ex-Premier ministre du pays Zinaïda Greceanii, ou alors sur un "candidat indépendant". "Tant qu'on n'a pas la garantie d'avoir 61 voix, ça n'a aucun sens de déposer une candidature", a souligné Marian Lupu, selon les médias moldaves. Le Parlement a depuis 2009 été dissout deux fois faute d'avoir pu élire un chef de l'Etat. S'il échoue de nouveau deux fois de suite une nouvelle dissolution sera prononcée. La Moldavie est une petite république roumanophone d'environ quatre millions d'habitants, frontalière de l'Ukraine et de la Roumanie. Avec un PIB par habitant de 2.500 dollars, un niveau équivalent au Pakistan et au Nigeria selon les statistiques du gouvernement américain, la Moldavie est le pays le plus pauvre d'Europe. QATAR Ouverture du sommet des principaux exportateurs de gaz, sans le président iranien Le sommet des principaux pays exportateurs de gaz dont les géants russe et qatari s'est ouvert mardi à Doha, sans le président iranien Mahmoud Ahmadinejad dont la présence avait été annoncée par Téhéran. Dans son allocution d'ouverture, l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, a affirmé que "la défense des intérêts des pays producteurs ne se fera pas aux dépens des pays consommateurs". Le sommet avait été précédé d'une réunion dimanche des ministres de l'Energie du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), sorte d'Opep du gaz. Le FPEG contrôle près de 70% des réserves mondiales de gaz, comptant notamment dans ses rangs la Russie, premier producteur au monde, l'Iran, le Qatar, l'Algérie et le Venezuela. L'Iran avait annoncé que M. Ahmadinejad participerait à ce sommet, mais il n'était pas présent à l'ouverture du sommet, à laquelle assistaient le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Moustapha Abdeljalil. La réunion vise à "coordonner les efforts des pays producteurs pour promouvoir l'industrie gazière mondiale" et à établir un mécanisme pour des prix équilibrés du gaz qui seraient indexés sur les prix du pétrole selon les organisateurs. Les principaux pays exportateurs de gaz se sont dotés en décembre 2008 d'une organisation officielle, une démarche qui a fait craindre aux pays consommateurs qu'une telle structure n'influe sur les prix. TURQUIE Nouvelle réplique de 5,2 dans l'est, pas de victime Une tremblement de terre d'une magnitude de 5,2, réplique d'un séisme de magnitude 7,2 qui a ravagé le mois dernier la province orientale turque de Van, a secoué dans la nuit de lundi à mardi cette zone, sans faire de victime, selon les autorités citées par les médias. La secousse tellurique survenue vers 22H30 GMT a provoqué un mouvement de panique parmi les habitants de la région dont une partie vivent dans des camps de toile, a indiqué la chaîne d'information CNN-Türk. Les autorités locales ont souligné que cette nouvelle réplique n'avait pas non plus provoqué des dégâts matériels. Deux étables d'une zone rurale se sont effondrées et plusieurs dizaines de têtes de bétail ont péri, selon la chaîne NTV. Le séisme de 7,2 survenu le 23 octobre à Van a tué 604 personnes. Une réplique d'une magnitude de 5,6 qui a eu lieu la semaine dernière a aussi coûté la vie à 40 personnes, dont un secouriste japonais et des journalistes qui séjournaient dans un hôtel fragilisé par la première grande secousse. Des dizaines de milliers d'habitants de Van ont quitté la ville de Van, la capitale régionale, depuis la grande secousse du mois dernier, désertant une agglomération qui comptait 400.000 personnes avant le sinistre, rapportent mardi les journaux turcs. "Ville fantôme", titre le journal Milliyet, soulignant que les habitants de Van, qui sont pour la plupart des Kurdes, ont fui la ville pour se rendre dans des provinces voisines ou dans l'Ouest industrialisé de la Turquie. N° 636 du 16 Novembre 2011 12 SPORTS REMISE DU TROPHÉE LE POUVOIR SPORTIF FCNDB champion 2010-2011 Le FC Nouadhibou a fêté dignement son titre de champion de Mauritanie 2010-2011 vendredi soir. Le trophée de vainqueur du championnat a été remis par M.Ely Ould Lekhdeim, deuxième viceprésident de la FFRIM. Le beau trophée a été touché par des centaines de mains : celles du président du club Aziz Boughourball, du coach Moussa Khassoum, Yaghoub Fall le capitaine courage, Avelouatt, de tous les joueurs du club et d’autres supporters. L’ambiance était électrique. Cerise sur le gâteau, FC Nouadhibou avait dominé Rosso 2-0. Un chèque de cinq millions d’ouguiyas (5 millions UM) a aussi été remis au vainqueur. CF Cansado qui avait fini troisième a reçu un chèque de 500.000 Um. Des centaines de personnes ont fêté le titre comme il se doit. L’ovation avait commencé dans le stade même puis s’est poursuivi avec un défilé motorisé qui a sillonné les deux principales artères de la capitale économique. Toute la nuit, un concert offert gratuitement sur la place de l’aéroport a réuni plusieurs personnes venues féliciter les vainqueurs. Aucun incident n’est venu ternir la fête. Le dernier titre de champion de Mauritanie remonte à la saison 2001-2002. Le FC avait gagné son premier titre en 2000 -2001. C’est donc le troisième titre de champion de DI. FC Nouadhibou avait terminé la saison dernière devant le FC TVZ, à égalité de points, mais avec une meilleure différence de buts. Le titre sera par la suite attribué à TVZ suite à des accu- Aziz Boughourbal se félicite de la sentence du TAS sations –sans fondements- d’irrégularités dans le match Imraguen-FC Nouadhibou lors de l’ultime journée de la saison. L’affaire a fini devant le TAS qui a donné raison au FC Nouadhibou. Le verdict a lavé le club de toutes tentatives supposées ou avérées de corruption. Il est important de rappeler que FC Nouadhibou est champion de Mauritanie 2010-2011 pour les moins de 17ans. Le club a été crée en 1999 seulement mais son palmarès est éloquent : Champion 2000 - 2001 2001 - 2002 2010 – 2011 Vainqueur coupe nationale 2003 et 2008 Champion des moins de 17ans (U- 17) 2010 -2012 Chronique Contester un morceau, changer un morceau On osera dire que l’année 2011, si on devait en faire le bilan, a été, en Mauritanie, celle de la jeunesse. Toute la jeunesse. Je veux dire, celle qui conteste, le pouvoir en place, dans un présent très indicatif, celle qui le contestait, dans un imparfait très imparfait, celle qui le contesta, dans un passé simple très simple, et celle, bien sûr qui le soutient, dans un présent indicatif, mais à valeur historique et atemporelle, celle qui le soutenait, dans un imparfait, bien parfait, et celle qui le soutiendra, dans un futur simple, mais éternel, tant qu’il demeurera, et autant qu’elle, aussi, existera. Les deux jeunesses, celle qui dit oui et celle dont le non n’est qu’une transition temporaire vers un oui durable, ont marqué l’année qui décline. Commençons d’abord par celle connue sous l’appellation du mouvement de 25 février. Celle-là qui a tempêté et bourdonné pour dénoncer les dérives d’un pouvoir qu’elle considérait comme une dictature et criait même parfois la nécessité de sa destitution. Celle-là. Où est-elle, en ce moment ? Que sont devenues ses revendications ? Ses manifestations ? Ses rendezvous à la place des blocs rouges ? Puis, l’autre jeunesse, celle qui soutient le président de la République et qui envisageait s’arrimer sur un crédo, dit-on, très chez à celui-ci : le renouvellement de la classe politique. L’année touche à sa fin. On retiendra que l’une et l’autre avait, chacune, une ambition louable. Les frondeurs voulaient un peu plus de justice sociale, plus de liberté, plus de démocratie, plus d’implica- N° 636 du 16 Novembre 2011 tion de la frange jeunesse. Les courtisans espéraient un changement de la classe politique. Les premiers se sont scindés en mille morceaux. Les morceaux se haïssent désormais comme pas possible. Mais, ils se haïssent en revendiquant chacun un peu plus de justice sociale, plus de liberté, plus de démocratie, plus d’implication de la frange jeunesse. Ce qui change tout. Puisque, même si le pouvoir devait répondre favorablement à toutes ces doléances, il y répondra, forcément, mais d’une manière fragmentaire. En morceaux. Un petit morceau de justice. Une petite cuillérée à soupe de liberté. Une pincée de démocratie. Un soupçon d’implication de la jeunesse dans les affaires publiques. Les seconds, eux aussi, ont vécu au cycle d’une cascade d’avatars impressionnante. Chaque jour, ils s’appropriaient un nouveau nom, une couleur nouvelle. Ils changeaient de noms, de directoire au fil des journées. Mais, avec une constance qui demeure le leitmotiv chez chaque avatar : le changement de la classe politique. On le sait le changement de la classe politique en question porte sur les générations politiques qui tiennent le pays depuis l’indépendance. Mais, en attendant que survienne ce changement au sein de cette classe obsolète, la jeunesse, celle qui fait de ce projet son cheval de bataille s’essaie au changement, à son propre changement. Et, à chaque métamorphose, elle change un morceau. L’année 2011 aura été, donc, dirons-nous, plus tard, véritablement, en Mauritanie, en tout cas, celle de la jeunesse. Toute la jeunesse. Celle qui conteste un morceau. Et, celle qui change un morceau. Mouna Mint Ennas Le président du FC Nouadhibou, Aziz Boughourbal s'est félicité de la sentence rendue par le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) en faveur de son club. Par ce jugement, le tribunal a blanchi le FC. Nouadhibou, en son ensemble, et, en particulier, son staff " des fausses accusations colportées à notre encontre [lors de la dernière journée du championnat], ainsi que du montage grossier fait autour de cette affaire". "Le titre n'est pas une finalité, pour nous, d'autant plus que les titres se gagnent sur le terrain mais se perdent dans les bureaux", a affirmé Aziz. En dépit de ce jugement favorable, le président du FC Nouadhibou déclare "n'en vouloir à personne" et qu'il n'était animé par un quelconque esprit de vengeance, en portant cette affaire devant la juridiction du sport. "Nous avons voulu manifester notre opposition à l'injustice, en refusant qu'on nous piétine, de manière arbitraire, sous un prétexte fallacieux. Nous ne pouvions pas laisser perdurer cette situation intolérable", a indiqué le dirigeant du club. La grande satisfaction d'avoir obtenu gain de cause les dirigeants du FC Nouadhibou se gardent, donc, de tout "triomphalisme" et autre "esprit vengeur". Ils restent sportifs et tiennent à préciser qu'ils n'ont de problèmes "avec qui que ce soit. Le pouvoir sportif a commis, à un moment, une faute et l'on ne pouvait rester sans réagir". Aziz avance que le bureau sortant avait cherché à profiter d'un incident sensationnel, pour tenter de déstabiliser la liste du Changement, lors de l'élection du comité directeur de la FFRIM. "Le président sortant", souligne Boughourbal, "a cherché à faire d'une pierre trois coups mais c'est raté. La justice a fini par donner raison au FC Nouadhibou contre lui", ajoutant: "une véritable équipe ne tient qu'à gagner et obtenir des titres sur le terrain, pas ailleurs". En conclusion, il a indiqué que cette sentence fermait un douloureux chapitre de l'histoire du football mauritanien et qu'il était nécessaire de repartir sur des bases assainies, en appelant tous les sportifs à soutenir la nouvelle équipe fédérale et à l'accompagner ,dans l'œuvre entreprise, depuis son élection. LE MARATHON INTERNATIONAL Nouadhibou s'annonce sous les meilleurs auspices 2.000 athlètes dont 200 membres d'équipes étrangères, tenteront de parcourir, le 26 novembre prochain, la distance mythique des 42,195 kilomètres du marathon International de Nouadhibou. Des coureurs algériens, allemands, français et marocains, ainsi, bien sûr, que de nombreux mauritaniens, ont confirmé leur participation à cette épreuve, seconde du genre, après celle de l'an dernier. 500 coureurs de10 à 16 ans - garçons et filles - battront, eux aussi, les principales artères de la capitale économique mauritanienne, sur une distance de six kilomètres. L'an dernier, l'évènement avait connu un franc succès, avec une forte mobilisation des athlètes et une bonne organisation. Cette année, le ministère des Sports accompagne la manifestation, en octroyant trois millions d'ouguiyas destinés à rehausser le montant des récompenses. De nombreuses sociétés privées, mauritaniennes ou non, ont, elles aussi, décidé de soutenir le marathon, en participant à l'hébergement et à la restauration des athlètes étrangers. Rassemblés par Saydou Nourou T.