Samedi 14 avril 2012 Et si l`on retrouvait les ossements de Jésus

Transcription

Samedi 14 avril 2012 Et si l`on retrouvait les ossements de Jésus
 Samedi 14 avril 2012
Et si l’on retrouvait les ossements de Jésus ; serait-ce la fin de la foi
chrétienne ?
Miette
Jésus sauvé des os
1 Cor 15,35-41
1 Cor 15,42-50
Jean 12,1-10
Encore enfant, Albert Schweitzer se demandait comment les évangélistes
avaient pu connaître les termes de la prière de Jésus dans la jardin de
Gethsémané.
Les disciples dormaient.
Et personne n’était là pour entendre Jésus prier.
Pour ma part, je me suis toujours demandé ce qu’il était advenu du corps de
Jésus.
De ses os.
Je sais trop bien ce que la mort réserver à notre chair.
A nos os.
Né de la poussière tu retourneras à la poussière !
1 En 2007, une nouvelle fait le tour du monde.
Les médias relaient avec complaisance ce qu’ils pensent être le scoop du
ultime.
« On a retrouvé la tombe de Jésus ».
Une chaîne de télévision américaine s’apprêtait à diffuser un documentaire au
titre évocateur et provocateur :
« The Lost tomb of Jésus ».
La tombe perdue de Jésus.
Que ce documentaire ait été produit par James Cameron, le réalisateur du film
Titanic, ajoutait encore du crédit au contenu.
Entre Jérusalem et Béthléem, une tombe a en effet été découverte.
A l’intérieur six ossuaires.
Et des inscriptions.
Des noms pouvant prêter à confusion.
Maryah (forme héllénisée de Mariam, Marie);
Matyah (Mathieu);
Yosah (José ou Joseph)
Yeeshoua bar Yehosef (Jésus, fils de Joseph);
Yehouda bar Yeshoua (Judas, fils de Jésus);
Mariamènou e Mara que certains se sont empressés de déchiffrer MarieMadelaine.
2 Les uns à la suite du Da Vinci Code ont crié au complot de l’église, qui nous
cache tout !
D’autres ont conclu à la fin de la foi chrétienne.
Ce qui est sûr, c’est que la découverte de la tombe a fait l’effet d’une bombe.
Les milieux chrétiens se sont indignés.
A vrai dire, je m’étonne toujours que des nouvelles de la sorte suffisent à
ébranler les croyants.
Lors de la diffusion de « La dernière tentation du Christ » de Scorcese.
Des chrétiens avaient fait exploser une bombe devant un cinéma.
Bilan 14 blessés.
Le roman de Kazantsakis avait en son temps, été mis à l’index par le Pape.
Et à la mort de l’écrivain grec, auteur de « Zorba le grec », l’église orthodoxe
grecque lui a refusé une sépulture chrétienne.
Ces réactions me consternent et m’affligent.
La figure de Jésus n’appartient pas aux chrétiens.
Et lorsqu’un écrivain, un artistes’en empare à sa manière, c’est l’occasion rêvée
de débattre.
D’exposer nos convictions.
D’entrer en discussion.
3 Mais non point de jouer et surjouer l’indignation.
De brandir la condamnation,
D’interdire.
De jeter l’anathème.
Ce sont des réactions tellement convenues.
Tellement caricaturales des milieux chrétiens qu’elles les discréditent.
Le documentaire de la prétendue tombe perdue de Jésus fut vite contredit par
des historiens et des archéologues que l’on ne peut soupçonner de
complaisance avec la foi chrétienne.
En fait les fouilles filmées par le documentaire n’avaient rien du scoop.
La découverte de cette tombe datait des année huitante.
Lorsqu’un nouveau quartier se construisait dans la périphérie de Jérusalem.
A Talpioth.
Un quartier que l’on emprunte pour se rendre de Jérusalem à Béthléem.
En 1980, la découverte avait fait l’objet d’études très poussées, toutes
accessibles et publiées.
Toutes concluent qu’il n’y a aucun lien entre Jésus crucifié et le Yeshouha
De la tombe.
Les prénoms tels que Yeshouha, Yoseif, Mariam sont des noms très courants
dans le judaïsme de l’époque de Jésus.
4 Il n’empêche.
La question demeure.
Et il faut oser se la poser.
Et si demain on retrouvait la tombe de Jésus.
Et si demain on retrouvait ses ossements.
Qu’adviendrait-il de la foi chrétienne.
Ou plutôt « Qu’adviendrait-il de ma foi ? »
L’éventualité d’une telle découverte n’est pas à exclure.
Et cette éventualité nous interroge :
Quelle compréhension ; quelle représentation est-ce que je me fais de
la résurrection ?
La résurrection ?
C’est d’abord une affirmation, une conviction.
Forte.
Celle que Dieu a agit dans l’histoire du crucifié.
Un temps au Golgotha.
Sur la croix.
On avait pu croire Dieu absent.
Même Jésus le pense.
5 Mais la résurrection de Jésus c’est Dieu qui choisi de relever Jésus-Christ.
La résurrection de Jésus c’est Dieu qui prend fait et cause pour celui qui a été
abandonné, renié, humilié.
La résurrection de Jésus c’est Dieu qui prend fait et cause pour celui que l’on a
mis à mort en son nom.
La résurrection c’est d’abord la prise de distance de Dieu d’avec tous ceux qui
pensaient que Jésus était mort en réprouvé de Dieu.
En ignoré de Dieu.
En maudit de Dieu.
Les premières confessions de foi chrétienne en la résurrection sont formulées
simplement :
« Christ a été ressuscité ! ».
On les trouve dans les lettres Paul, antérieures aux quatre évangiles.
Et lorsque les évangélistes vont essayer de mettre en récit cette confession de
foi en Jésus-Christ ressuscité.
Lorsqu’ils vont essayer de raconter ce qui s’est passé chez les disciples.
Ils vont parler de « tombeau vide », d’apparitions.
De doutes.
D’hésitations.
Samedi dernier.
Je rappelai – ici - la difficulté de dire la résurrection.
De dire l’extraordinaire avec nos mots ordinaires.
6 Nos mots terre à terre.
Comment dire avec nos mots : l’agir de Dieu !
C’est mission impossible.
En fait les récits des évangiles parlent moins de l’agir de Dieu, que de l’effet de
la résurrection sur les disciples.
Leur retournement.
Leur bouleversement.
Leurs hésitations.
Dans les récits des évangiles, il est vrai que l’on trouve des textes où il est
question du ressuscité revêtu d’un corps physique.
Mais ces récits ne sont pas les plus courants.
Par contre, la majeure partie des textes qui évoquent le ressuscité s’accordent
sur un point :
Jésus ressuscité a une tout autre apparence que celle de son vivant.
C’est ce qui rend sont indentification difficile.
Au tombeau, les femmes ne le reconnaissent pas.
Chez Jean, Marie de Magdala, confond le ressuscité avec le jardinier.
En chemin, les disciples d’Emmaüs cheminent avec un inconnu.
7 Dans l’évangile de Jean, au bord de la plage, alors qu’ils étaient retournés à
leur métier de pécheurs, une nouvelle fois, les disciples ne reconnaissent pas
Jésus venu les attendre sur le rivage.
La résurrection est un mot piégé.
Lorsque nous le prononçons, nous pensons :
Régénération
Réanimation,
Revivication …
Mais la résurrection n’est pas une affaire de ligament et de tendons.
D’ossements et de chairs recomposés.
Régénérés.
Revitalisé.
Il est vrai que dans l’évangile de Jean, un récit peut prêter à confusion.
Il s’agit de la résurrection de Lazare.
Jean y consacre un chapitre entier : le onzième.
Dans ce récit, Jésus ramène Lazare à la vie.
Lazare est – selon le texte –relevé d’entre les morts, corps et âme.
Son corps est comme régénéré.
En fait, il s’agit plus d’une réanimation que d’une résurrection.
Pour Lazare, plus qu’un retour à la vie ; il s’agit d’un surplus de vie.
D’un supplément.
8 D’une prolongation.
Mais ce supplément se fait aux mêmes conditions.
Avec les mêmes limites.
Que celles qu’impose notre existence.
Lazare est soumis aux lois de la pesanteur et celles de la biologie.
Lazare n’échappe pas à l’emprise du temps.
Biologiquement, Lazare n’a pas changé.
Il est le même avant qu’après.
Ce qui n’est pas le cas de Jésus crucifié.
Lazare reste le même.
Toujours exposé à la maladie.
A l’usure, et ultimement à la mort.
Dans le récit qui suit sa réanimation, les grands prêtres se font intrigants.
Ils complotent.
Comme Jésus, Lazare est devenu gênant.
Et ils cherchent à le faire périr.
C’est dire que Lazare doit encore mourir.
La résurrection de Jésus est d’un tout autre ordre.
Jésus est bel et bien mort.
9 Mort de chez mort, comme on dit – aujourd’hui !
Et sa mort ne fut pas juste un mauvais moment à passer.
Et sa résurrection n’est pas de la vie en supplément.
De la vie en complément.
Comme une rallonge.
Un bonus.
Jésus est vivant.
Mais il faut être clair : Jésus échappe désormais aux règles de la biologie et de
la chimie.
Il échappe à la pesanteur.
Et à la morsure du temps.
Et si l’on peut parler de corps, il faut le faire avec Paul.
Lui qui évoque un corps charnel et un corps spirituel.
Si demain.
Près de Jérusalem, on retrouvait la tombe de Jésus.
Ses restes.
Ses ossements.
Je n’en croirais pas moins en la résurrection.
Les ossements n’y changeraient rien.
10 Tout juste apporterait-il la preuve de l’existence terrestre de Jésus.
Mais cela mis à part, les ossements retrouvés de Jésus n’y changeraient rien.
Le crucifié ressuscité n’est pas le même qu’avant.
Et oui, résolument OUI, je crois qu’en le ressuscitant, Dieu a pris fait et cause
pour le crucifié.
Et oui, résolument OUI, je crois que Dieu s’est reconnu dans la vie, la
personne de ce Jésus crucifié.
Et oui, résolument OUI, je crois que Jésus est désormais vivant auprès de Dieu,
à sa droite.
Amen
11 12