Roland Pratte

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Roland Pratte
I N S P I R AT I O N
Roland Pratte
« C’est lorsque ça va bien qu’il faut prévoir le pire. »
PHOTO : JAMES WAGNER
par Alexandre Daudelin
n janvier 2010, les sociétés Towers Perrin et
Watson Wyatt fusionnaient pour créer l’une des
plus importantes firmes en consultation au monde.
Cette fusion a par ailleurs entraîné certains
changements majeurs au sein de la direction de la
nouvelle firme à Montréal.
L’un d’eux a été le départ de Roland Pratte, jusque-là sociétaire
chez Towers Perrin. À l’emploi de cette firme depuis 1979,
M. Pratte a pu profiter d’un programme de préretraite. « À
53 ans alors, après 31 ans de service, j’ai fait un bilan de ma
carrière et j’ai voulu prendre du recul pour profiter davantage
de la vie. Comme bien d’autres,
je n’avais pas compté les heures au
bureau pendant de nombreuses
années. J’ai donc voulu explorer
d’autres passions que j’avais laissées
de côté, en plus de vouloir passer
plus de temps avec ma famille. »
Malgré cette retraite
circonstancielle, M. Pratte a
continué à œuvrer dans le milieu de
la consultation en gestion de l’actif
en travaillant à temps partiel sur
quelques mandats précis. Une fois
ces mandats terminés, la tentation
était grande d’effectuer un retour au
travail. C’est ainsi qu’en avril 2011,
il est donc revenu à ses anciennes
amours pour prendre en charge la
pratique Investissement, une
responsabilité qu’il avait assumée
chez Towers Perrin depuis 1991.
« Ce répit de 15 mois m’a permis
d’établir ce que je voulais vraiment
faire sur le plan professionnel. Je me
suis également rendu compte que
j’avais encore envie de contribuer à
la profession, déclare-t-il. Les défis énormes qui persistent dans
l’industrie de la retraite, le contact avec les collègues et les gens
du milieu ainsi que les nombreux défis reliés à la fusion m’ont
incité à revenir ».
Depuis son retour, il se concentre davantage dans la gestion et
le développement du personnel et des affaires, deux aspects qui le
passionnent énormément. Même si son rôle l’amène à faire
moins de consultation, il s’implique plus que jamais auprès des
conseillers moins expérimentés pour les aider dans la réalisation
de certains mandats et dans leur développement de carrière grâce
à sa vaste expérience.
30 / Avril 2012 ›
« Les plus jeunes conseillers ont souvent tendance à travailler
de manière autonome, probablement dans le but de s’affirmer.
Après un certain temps, on apprend qu’il est préférable de
partager et d’échanger avec ses collègues ainsi qu’avec divers
intervenants de l’industrie. Ceci permet d’élargir ses
connaissances et ses compétences afin de proposer les meilleures
solutions aux clients. Cela est d’autant plus vrai en gestion de
l’actif, un domaine en constante évolution », dit-il.
Selon M. Pratte, la gouvernance constitue le plus important
problème des caisses de retraite puisqu’elle chapeaute tous les
aspects de la gestion. Il explique que plusieurs responsables de
régimes de retraite gèrent selon
leurs convictions, en particulier par
rapport aux marchés financiers, sans
adéquatement évaluer les risques et
leurs conséquences potentielles, et
en espérant que la situation se
replacera par enchantement.
« On a créé des outils
performants et développé des
pratiques de gestion plus évoluées;
plusieurs responsables de caisses de
retraite ont d’ailleurs pu bien cerner
leurs risques et adopter de mesures
d’atténuation adéquates, et ainsi
résister à la tempête des dernières
années avec brio. Malheureusement,
encore trop peu de promoteurs de
régimes déploient les efforts requis
sur les stratégies de placement et de
gestion des risques financiers.
Pendant ce temps, les régimes
deviennent de plus en plus lourds à
« Trop souvent, on
pour les employeurs. C’est
est prêt à appuyer supporter
lorsque ça va bien qu’il faut prévoir
sur le bouton de
le pire. Trop souvent, on est prêt à
panique lorsqu’un
appuyer sur le bouton de panique
lorsqu’un coup dur survient parce
coup dur survient
qu’on n’a pas suffisamment
parce qu’on n’a
planifié », prévient-il.
pas suffisamment
M. Pratte insiste : « Pour gérer
planifié. »
efficacement un régime de retraite,
il faut définir et appliquer des
paramètres qui fonctionnent en matière de capitalisation, de
placement et de gestion des risques notamment. De plus, un
leader doit prendre l’initiative lors du processus décisionnel pour
que l’on progresse. Ce sont les deux clés indispensables de la
réussite », termine-t-il.