Paris - Les cafés historiques

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Paris - Les cafés historiques
Paris - Les cafés historiques
Extrait du ZigZag magazine
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Paris - Les cafés historiques
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Date de mise en ligne : lundi 13 septembre 2010
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Paris - Les cafés historiques
Au coeur de Paris, il est de cafés qui disent autant de l'histoire de la ville qu'une visite dans
un musée. Connaître la vie des parisiens d'hier et d'aujourd'hui passe par la découverte des
plus célèbres.
Hommage au Procope
Le Procope - La figure de Voltaire Ph : Zigzagthèque
Commençons ce « Tour de Paris » des cafés en rendant hommage au plus respectable de tous au regard de son
grand âge. Le Procope est le plus ancien café de la capitale. Il fut fondé en 1686 par Francesco Procopio dei Coltelli.
L'histoire retiendra que cet italien de Palerme fut le premier à tout comprendre du métier. Outre son intuition que la
boisson appelée « café » serait promise à un bel avenir, ce commerçant entreprenant fut le premier à penser qu'un
bel établissement richement décoré, où le client serait considéré comme un roi, serait une idée d'avenir. Il investit
donc des sommes conséquentes dans un lieu somptueux qui devint le premier café littéraire et artistique de Paris. La
Fontaine, Voltaire, Rousseau, Balzac, Hugo, Verlaine ou Benjamin Franklin y avaient leurs habitudes. Les arts et les
lettres ont toujours tenu une grande place au Procope, parfois rejoint par la politique. Les idées libérales du 18e ou
révolutionnaires menées par Robespierre, Danton ou Marat animèrent les jours et les nuits du lieu. Aujourd'hui, le
Procope tient à la fois d'un musée, tant son cadre est exceptionnel, et d'un lieu incontournable de l'histoire de la ville.
Et le café n'y coûte pas beaucoup plus cher qu'ailleurs, le luxe de s'assoire dans les salons fréquentés par Hugo ou
Rousseau n'est donc pas inaccessible.
Le Procope Ph : Zigzagthèque
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Les Editeurs Ph : Zigzagthèque
Cafés littéraires d'aujourd'hui
Depuis la naissance du Procope, culture et café n'ont cessé de se conjuguer. L'idée est encore valable. « Le Fumoir
» et « les Editeurs » sont deux cafés ouverts récemment. Ils soutiennent l'idée qu'un moment de détente doit
s'accompagner d'un livre. Le premier dont les larges baies vitrées font face au Musée du Louvre joue le rôle d'une
bibliothèque. On peut y déjeuner ou y prendre le thé mais l'originalité se trouve dans la pièce au fond de la grande
salle. 4000 livres, la plupart en français ou en anglais, attendent qu'un amoureux du papier les prennent en main. On
peut lire sur place ou bien repartir chez soi avec son livre. Il est même possible d'échanger ses propres livres contre
un trouvé sur une étagère du « Fumoir ». Insolite, luxueux et intelligent ! Le concept des « Editeurs » situé Carrefour
de l'Odéon, est totalement résumé dans l'appellation. Le lieu est dans le quartier de Paris dédié aux maisons
d'édition. Actes Sud, Albin Michel, Le Diable Vauvert, Grasset, l'Esprit des Péninsules ou Taschen donnent aux «
Editeurs » des exemplaires de leurs dernières parutions. Le lieu se transforme peu à peu en bibliothèque actualisée
régulièrement. Ce café littéraire, unique à Paris, organise différents types de manifestations ponctuelles,
hebdomadaires ou annuelles qui accentuent son rôle de passerelle entre le monde des livres et le monde des
lecteurs : Les propriétaires ont même eu l'idée de créer leur propre prix littéraire.
Le Fumoir Ph : Zigzagthèque
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Le Flore Ph : Zigzagthèque
Entre ces deux générations extrêmes de cafés littéraires, une troisième génération est implantée au coeur du
Quartier Latin. A quelques mètres de distance se tiennent « le café de Flore » et « les Deux Magots ». Par curiosité,
par snobisme ou par plaisir aller déguster un café dans ces deux symboles de la vie artistique de Paris est presque
une obligation ! L'intelligence et la variété des convictions du 20e siècle se sont assis ici. Au début, ce fut Apollinaire,
puis vinrent les existentialistes. Jean Paul Sartre qui y venait en compagnie de Simone de Beauvoir disait : « Les
chemins de la liberté passent par le Flore . » Puis aux écrivains vinrent s'ajouter les célébrités de la chanson et du
cinéma des années 60 : Juliette Gréco, Jacques Prévert, Yves Montant ou Roger Vadim. Aujourd'hui, pour rester au
contact de l'air du temps artistique, le Café de Flore organise des soirées philosophiques ou des rencontres avec des
historiens, des géographes ou des économistes. Tout proche, Les Deux Magots sont de la même époque.
L'établissement a accompagné les Surréalistes : André Breton, Robert Desnos ou Raymond Queneau. Quant au
couple Sartre - Beauvoir, il passait du Flore aux Deux Magots avec un égal plaisir enfumé.
Le Flore Ph : Zigzagthèque
L'Auvergne à Paris
La Galoche d'Aurillac Ph : Zigzagthèque
Au 19e et au 20e beaucoup d'Auvergnats ont émigré vers Paris. Ils venaient principalement du Puy de Dôme, du
Cantal ou de l'Aveyron. Un grand nombre d'entre eux installaient des boutiques de vente de charbon, de bois puis ils
reçurent le droit de vendre la limonade, le vin et les spiritueux. La « colonie » auvergnate eut rapidement la main
mise sur les cafés de la capitale. Jean et Nicole Bonnet sont les descendants d'une de ces familles du Cantal. Leur
café, « La galoche* du Cantal » appartient au patrimoine historique des Auvergnats de Paris. Il est situé dans le
quartier de la Bastille, autrefois appelé la « petite Auvergne. » L'endroit est sombre, exigu et sa façade ne paye pas
de mine ; pourtant, c'est une des adresses les plus authentiques de Paris. Les Galoches d'Aurillac pendent au
plafond alignées comme des bataillons de soldats, les couteaux de Laguiole en exposition rappellent que l'Auvergne
est une terre dotée d'un riche artisanat. Les jambons et toutes les autres charcuteries qui décorent la salle prouvent
qu'il y a encore des savoirs faire culinaires traditionnels. Ici, tout est familial ou régional. On y trouve toutes les
informations culturelles ou touristiques sur le Cantal et l'Auvergne. « La Galoche d'Aurillac » est aussi le siège de
plusieurs associations culturelles auvergnates : On y chante, on y danse, on y mange auvergnat ! Quoi de plus
parisien qu'un café auvergnat !
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Paris - Les cafés historiques
* galoche : sorte de sabot en bois
La Galoche d'Aurillac... les galoches au plafond ! Ph : Zigzagthèque
Post-scriptum :
Café en France, diminution du nombre et changement d'habitude
Le petit café de village, le bar près de l'usine ou le « troquet » proche du lycée sont-ils en voie de disparition ? Sans être alarmiste, il faut bien
reconnaître que le nombre d'établissements diminue peu à peu. Ils étaient 80 000 au début des années 80, et ne sont plus aujourd'hui que 50
000. Derrière ces chiffres se cachent plusieurs explications : Les campagnes et les centres-villes se dépeuplent au profit des banlieues où la
convivialité est moins facile à vivre. Les cafés n'ont plus la clientèle suffisante pour vivre. Ils se transforment alors en restaurant, en bureau de
tabac, ou sont intégrés à des galeries marchandes dans les centres commerciaux. Peu à peu, ces cafés perdent leur identité. Le personnel
change sans cesse, les patrons perdent le goût du métier et ne savent plus créer une atmosphère de copains. Les raisons de cette crise sont
aussi économique ou politique. Beaucoup de sites industriels sont en déclin et la population ouvrière diminue. Parfois, les difficultés économiques
conduisent à des changements de comportements. On privilégie davantage la vie de famille et la télévision occupe les temps libres. Dans ce
déclin du nombre de cafés, on ne peut négliger l'impact des luttes contre l'abus d'alcool et le tabagisme. Ce sont des freins à l'activité de ces lieux
ou l'hygiène de vie n'est sans doute pas la plus saine ! L'ensemble de ces causes fait que le métier n'est pas très en vogue auprès des jeunes
professionnels de la restauration ou de l'hôtellerie au sens large du terme. Aussi beaucoup de commerçants proches de la retraite, souhaitant
vendre leur café ne trouvent pas de repreneurs. Autrefois, les enfants prenaient presque automatiquement la suite, aujourd'hui ce n'est plus vrai.
Ce problème de transmission d'entreprise touche toutes les petites entreprises, et naturellement le commerce est directement pénalisé. En région
parisienne et dans Paris même le rachat des cafés semble être l'affaire des immigrés d'origine asiatique. Les « Asiatiques » reproduisent l'ancien
schéma des Auvergnats : Le premier installé emploie et forme un membre de sa famille avant de lui prêter de l'argent pour lui permettre de
reprendre un autre commerce à proximité. Après les épiceries achetées par les nord-africains, voici les cafés monopolisés par les chinois ou les
vietnamiens ! L'Europe s'élargit !
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