Mariage de Pierre Poivre et de Françoise Robin en l`église de Saint

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Mariage de Pierre Poivre et de Françoise Robin en l`église de Saint
Mariage de Pierre Poivre et de Françoise Robin
en l’église de Saint-Cyprien, annexe de Pommiers en Lyonnais.
Le 15 septembre 1766
------------------------------------------------Trois éléments : - l’extrait du registre paroissial
- Le contrat de mariage
- une documentation sur la présence des Colaud à Saint-Cyprien
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Extrait du registre paroissial de St Cyprien-sur-Anse, annexe de Pommiers, année 1766. (Archives du
Rhône, série E. Etat-civil)
Nous Nicolas Navarre sacristain chef chanoine curé de l'église collégiale et paroissiale de Saint -Nizier
de Lyon vicaire général et promoteur général de l’archevêché de Lyon juge en la chambre souveraine
ensuite d'une publication faite dans l'église paroissiale de Vilars en Bresse domicile de droit de
demoiselle Robin, et dans l'église de Saint-Nisier domicile de fait des deux parties, des promesses de
mariage passées entre Messire Poivre d'une part et demoiselle Robin d'autre part par acte reçu
Moutonnat notaire royal à Lyon et son confrère, et encore ensuite de la dispense des deux autres
publications signées de nous et de la remise à nous adressée par Mr le Curé de la paroisse de Villars,
avons donné la bénédiction nuptiale le quinze septembre dans l'église parroissiale de Saint-Cyprien
annexe de Pomiers en Lyonnais à Messire Pierre Poivre commissaire général de la marine intendant
des isles de France et de Bourbon, fils majeur de deffunct sieur Hilaire Poivre, négociant à Lyon et de
dame Marie Pourpallier vivante et de son agrément, et à demoiselle Françoise Robin fille mineure de
Messire Antoine Robin écuyer conseiller secrétaire du Roy honoraire demeurant à Villars-Bresse
présent, et de deffuncte dame Marguerite Colaud, présents sieur Denis Poivre, négociant à Lyon,
Messire Mathieu Colaud écuyer conseiller secrétaire du Roy maison couronne de France, audiencier
en la Chancellerie près le Parlement de Grenoble, sieur de Cherva[?]on, et sieurs Antoine Colaud et
Jean Claude Henry Colaud écuyer bourgeois de Lyon qui nous ont certifié le domicile et la liberté des
parties et ont signé avec les parties et nous
LE POIVRE ROBIN secr. du roy honoraire ROBIN POIVRE M. COLAUD
A. COLAUD COLAUD fils PALERNE COLAUD DEMICOUD ROBIN
M. A. PALERNE Benoit COULAUD POIVRE
NAVARRE sacristain curé de St Nizier
-------------------------------------------------------Copie de l’acte de mariage de Pierre Poivre et de Françoise Robin, dans le registre de la paroisse St
Nizier à Lyon. (Arch. du Rhône, série E : Etat-civil)
Cette copie est identique au texte précédent, sauf l'orthographe des noms suivants :
La mère de Pierre Poivre : Marie Pompallier
Mathieu COLAUD, sieur de Chermusson.
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Copie intégrale du contrat de mariage de
Mr. Pierre POIVRE avec Melle Françoise ROBIN, du 2 septembre 1766,
Par Me Moutonnat, notaire à Lyon, (archives départementales du Rhône, 3 E 9559, n° 287).
Jean-Paul Morel
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Pardevant les Conseillers du Roy notaires à Lyon soussignés furent présens Messire Pierre
Poivre commissaire général de la marine et intendant des Isles de France et de Bourbon, demeurant
Lyon rue Grenette, paroisse St Nizier ; fils de deffunt sieur Hilaire Poivre négociant en cette ville et de
dame Marie Pompallier, époux avenir, d'une part.
Et Françoise Robin demoiselle, fille d'Antoine ROBIN écuyer conseiller secrétaire du Roy
honoraire demeurant ordinairement à Villars-en-Bresse et de deffunte dame Marguerite COLAUD ;
ladite demoiselle Robin demeurante avec ledit sieur son père, épouse avenir, d'autre part.
Lesquels procédant ledit sieur futur époux comme majeur et du consentement qu'il a dit avoir
obtenu de ladite dame Pompallier sa mère dont il promet de justifier, et ladite demoiselle future épouse
comme mineure de l'autorité et consentement dudit sieur son père icy présent, ont promis de s'unir par
les liens du mariage à ces fins se présenter à l'église sur la première invitation de l'un d'eux pour y
recevoir la bénédiction nuptiale après avoir observé les solemnités requises.
En faveur de ce mariage ledit sieur Robin donne et constitue à ladite demoiselle future épouse sa
fille la somme de six mille livres tant pour la remplir des droits qu'elle pourrait prétendre dans les
biens de la deffunte dame Colaud sa mère, qu'en compensation de sa portion dans la somme de deux
mille sept cent livres délaissée par deffunte demoiselle Elisabeth Maure son ayeule veuve de Sr
François Colaud négociant à Lyon, pour être partagée entre les enfans du premier lit dudit sieur Robin
et petits fils de ladite demoiselle deffunte Maure ; sans préjudice neantmoins de ladite demoiselle
Robin des autres avantages qui lui ont été faits soit par ladite demoiselle Maure son ayeule, soit par
demoiselle Magdelaine Colaud sa tante, fille majeure dans leurs testamens ; laquelle somme de six
mille livres ledit Sr futur époux reconnait avoir reçu ce jourd'hui en bonnes espèces du cours dudit
sieur Robin et lui en passe quittance solidairement avec ladite demoiselle sa future épouse düement
autorisée en tant que de besoin par ledit sieur futur époux. Cette constitution faitte par ledit Sr Robin à
condition que si ladite demoiselle future épouse vient à décéder sans enfants, ladite somme de six
mille livres sera réversible tant audit Sr. Robin qu'à ses enfans du premier lit frères germains de ladite
demoiselle future épouse, et ce nonobstant toutes dispositions qu'en voudrait faire ladite demoiselle
future épouse.
Se constitue de son chef ladite demoiselle Robin tous les autres biens et droits qui pourront lui
échoir et pour leur recouvrement, régie et administration, elle fait et constitue ledit Sr. Poivre futur
époux, son procureur général, spécial et irrévocable et lui donne en conséquence tous pouvoirs
nécessaires à condition néantmoins qu’il luy en passera quittances en forme authentique et qu’il en
jouira comme de biens dotaux.
En même faveur ledit Messire Poivre voulant marquer à ladite demoiselle future épouse la
sincère affection qu'il a pour elle, lui a donné par donation entre vifs et à cause de noces, la somme de
quarante mille livres qu'elle aura droit de prélever sur les biens les plus liquides dudit sieur futur époux
après son décès.
Cette donation faitte sous deux conditions. La première qu'elle n'aura d'effet que dans le cas où
ladite demoiselle future épouse survivra ledit Messire Poivre son futur époux.
Et la seconde que si ladite demoiselle Robin survivait ledit messire Poivre et qu'elle décéda
sans enfans issus de ce mariage, en ce cas ladite somme de quarante mille livres fera retour en faveur
des héritiers dudit Messire Poivre et ladite demoiselle Robin n'en aura que la jouissance pendant sa
vie. Ce qui a été accepté par ladite demoiselle future épouse qui en a remercié ledit Messire Poivre son
futur époux.
A été arrêté entre les parties qu'outre la restitution de ladite constitution de six mille livres et le
payement des quarante mille livres cy dessus données, ladite demoiselle future épouse retirera et
emportera sa garde-robe renfermant les habits, linge, nipes et joyaux à son usage tels qu'ils se
trouveront au décès dudit Messire Poivre.
Déclarent lesdits sieur et demoiselle futurs époux qu'ils entendent être régis pour l'exécution des
clauses et conditions contenues en ce contrat et de tout ce qui pourrait y être relatif, par le droit romain
et usage observés en cette ville auxquels ils se soumettent volontairement en quelque lieu ledit sieur
Jean-Paul Morel
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futur époux fixe son domicile, renonçant en conséquence au bénéfice de toutes loix, coutumes et
usages à ce contraires.
Ainsy convenu, accepté respectivement et promis observer par les parties, chacune en ce qui 1a
concerne, aux peines de droit et par obligation de leurs biens présens et avenir et nottamment de ceux
dudit Messire Poivre qui les affecte et hypothèque spécialement tant à la restitution de ladite
constitution de six mille livres qui sera faite à ladite demoiselle future épouse ou à ceux qui la
représenteront le cas arrivant à la forme du droit écrit et usage observés en cette ville, qu'au payement
de ladite somme de quarante mille livres donnée par ledit Messire Poivre futur époux, sous les
soumissions et renonciations requises et nécessaires. Fait et passé à St-Cyprien-en-Lyonnais dans la
maison de campagne de Mathieu Colaud écuyer conseiller secrétaire du Roy, oncle de ladite
demoiselle future épouse, où toutes les parties se sont assemblées, ce jourd-huy deux septembre mil
sept cent soixante six après midy, lesdits sieur et demoiselle futurs époux ont signé avec ledit sieur
Robin et leurs parens et amis qui ont été invités de le faire.
[Suivent les signatures :]
POIVRE
ROBIN
DEMICOUD ROBIN
ROBIN secr. du Roy honoraire
PALERNE COLAUD M. COLAUD
A. COLAUD
GRANDCHAMP
COLAUD fils
Je consans au mariage du dix sieur Poivre mon fils Marie POMPALLIER Vve Poivre
CAULAUD POIVRE
POIVRE SONNERAT
D. POIVRE
BOUCHER COLAUD
Pierrette POIVRE
[ ?]. COULAUD Claude SONNERAT
PACHOT
MOUTONNAT
PAGANNECI POIVRE
A. POIVRE
Controllé et insinué à Lyon le 10 septembre 1766. Reçu cent quarante quatre livres six sols, plus reçu
vingt six livres pour supplément du droit de controlle en conséquence de la lettre de [ ?] du 5 février
1768 1 signé MONIN
-------------------------------------------------------Ancêtres maternels de Françoise Robin2,
la famille Colaud de Saint-Cyprien en Lyonnais
La célébration du mariage de Françoise Robin et de Pierre Poivre eut lieu en « l'église paroissiale de
Saint-Cyprien annexe de Pommiers en Lyonnais » peut-on lire dans l’extrait du registre paroissial.
N’est-ce pas plutôt l’inverse : Pommier annexe de St Cyprien en Lyonnais ? Non, réponse dans
l’article ci-dessous.
Le contrat de mariage eut lieu : « Fait et passé à St-Cyprien-en-Lyonnais dans la maison de campagne
de Mathieu Colaud écuyer conseiller secrétaire du roy, oncle de ladite demoiselle future épouse. »
On pourrait s’étonner qu’on ait choisi la paroisse et la propriété d’un oncle de Françoise Robin pour
les formalités de son mariage. Mais tout s’éclaire en revenant un peu en arrière.
Françoise Robin a perdu sa mère dans sa toute jeune enfance. Son père s’est remarié et a eu de sa
seconde femme dix enfants qui venaient après les huit du premier lit. En revanche la sœur de sa mère,
Elisabeth Colaud (1727-1770), mariée et sans enfant, fut très proche de sa nièce (tout laisse à penser
que c’est elle qui l’éleva.3), on remarque de plus que son époux n’était autre qu’un certain Denis
Poivre ... frère du futur époux. Ceci explique cela.
1
Voir le Registre de Contrôle des actes au 5 février 1768 f°6v°, case 4.
On trouvera sur ce site la généalogie de Françoise Robin.
3
Ce sujet est abordé dans l’introduction de l’étude « Eloges lyonnais ». (Base docu=>Sans date n°9)
2
Jean-Paul Morel
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Il reste à dire quelques mots sur la propriété des Colaud à Saint Cyprien. Pour cela, nous choisissons
de reproduire le début d’un article de Joseph Balloffet dans l’Almanach du Beaujolais de l’année
1943.4
LE MARIAGE DE M. PIERRE POIVRE
grand voyageur et naturaliste (1719-1786)
Aux siècles anciens et jusqu'à la Révolution, la petite agglomération de Saint-Cyprien,
quoiqu'appartenant au temporel au Lyonnais, la limite de cette province avec le Beaujolais étant la
croix de la Bonne, ou mieux de la Borne, à quelques centaines de mètres au sud de Pommiers, SaintCyprien, dis-je, était une simple annexe de ce dernier village, quant au spirituel. La paroisse était
desservie par un vicaire, qui, sans presbytère, demeurait à Pommiers. L'état de l'église était lamentable.
Une visite de 1719 la dit complètement en ruines, le clocher fait de vieux bois est prêt à choir... M. de
Valorge, riche et puissant abbé de l'Ile Barbe, dont dépendait le prieuré de Pommiers, se souciait peu
d'un aussi mince sanctuaire, qu'il avait cependant gratifié en 1704 d'un ciboire, d'un soleil et d'une custode, coûtant en tout 119 livres, mais c'était bagatelle en face des grosses réparations de l'église.
Je pense que pour le mariage dont il est ici question, les ruines furent habilement dissimulées et que
le clocher put résister au joyeux carillon de l'unique cloche mise en branle... C'est dans ce décor assez
singulier d'une pauvre église de campagne à moitié démolie, entourée d'un triste cimetière dévasté et
ouvert aux passants et aux animaux, que se déroula pourtant un brillant cortège à moitié rassuré, mais
ravi, à n'en pas douter, d'un si pittoresque contraste. Il s'était formé non loin de là, au hameau de la
Bourlatière, dans une de ces confortables gentilhommières, comme on en voit encore disséminées dans
notre riche et plantureux Beaujolais.
Vous la trouverez en prenant, au carrefour du Tréchin (Trois Chemins ?) la route qui descend à
l'ouest sur le Leynard et le proche bois d'Alix. Là, sur la gauche, se carre une maison large et massive
dont la face occidentale s'élève toute sur une pente rapide, regardant Theizé et la montagne beaujolais,
tandis que l'orientale est à demi enterrée dans les vignes voisines.
Bâtie au XVIIIe siècle par un riche marchand de toiles de Villefranche, François Dépinay, dont les
successeurs entreront dans la noblesse et se titreront un jour de marquis, cette vaste demeure des
champs passa à Jean, son fils, à Léonard, son petit-fils, tous deux également marchands, puis
secrétaires du roi. C'est, sans doute, ce dernier qui s'en défit en en passant vente à Messire Mathieu
Colaud, d'une famille des Hautes-Alpes, transférée à Grenoble, qui se qualifiait d'écuyer, conseiller
secrétaire du roi, maison et couronne de France, audiencier en la Chancellerie près le Parlement de
Grenoble et sieur de Chermusson,
Ce nom de Colaud est depuis resté attaché à la maison et au domaine qui l'entoure, et a donné lieu à
une certaine confusion avec celui du fameux conventionnel, qui présida de Limonest au siège de Lyon.
A Pommiers, encore, on est persuadé que Collot d'Herbois habita à la Bourlatière, dont les anciens
montrent toujours avec orgueil l'immeuble plein de son souvenir, glorieux pour les uns, sinistre pour
les autres.
Quoiqu'il en soit, nous trouvons, vers le milieu du XVIIIe siècle, Mathieu Colaud propriétaire à
Saint-Cyprien. Il était marié à Jeanne-Louise Paleure, d'une riche et imposante famille lyonnaise, dont
il eut au moins trois enfants, soit deux fils et une fille : Louise-Henriette qui épousera, en 1775, à
Saint-Cyprien également, noble Claude Guillot du Châtelard.
Mathieu avait pour sœur Demoiselle Marguerite Colaud qui épousa Messire Antoine Robin,
écuyer, conseiller-secrétaire du roi, demeurant, décoré de l'honorariat, à Villars-en-Bresse. Deux filles
naquirent de cette union. De Françoise l’aînée ...
[La suite de l’article est intéressante mais n’apporte rien à notre connaissance.]
Joseph Balloffet
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4
Merci encore à Mme Laurence Petit, responsable du secteur patrimonial de la Médiathèque de Villefranche sur
Saône de m’avoir communiqué ce document.
Jean-Paul Morel
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