DES TÉMOINS AUX HÉRITIERS UNE HISTOIRE DE L `ECRITURE

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DES TÉMOINS AUX HÉRITIERS UNE HISTOIRE DE L `ECRITURE
DES TÉMOINS AUX HÉRITIERS
UNE HISTOIRE DE L’ECRITURE DE LA SHOAH
LE
COLLOQUE ORGANISÉ PAR
CENTRE DE RECHERCHES SUR LES ARTS ET LE LANGAGE (CNRS-EHESS)
AVEC LE SOUTIEN DE
LA FONDATION POUR LA MÉMOIRE DE LA SHOAH
RESPONSABLES :
LUBA JURGENSON
ALEXANDRE PRSTOJEVIC
ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES
105, BD RASPAIL 75006 PARIS
PRÉSENTATION
Le colloque « Des témoins aux héritiers : une histoire de l’écriture de la Shoah ? » s’inscrit dans
la droite ligne du séminaire « Récit, fiction, Histoire ». Ce séminaire de recherche, fondé en 2005
est devenu un séminaire de master inscrit dans le programme pédagogique de l’EHESS. Dirigé
par Jean-Marie Schaeffer, Alexandre Prstojevic et Luba Jurgenson, il est consacré principalement
à la question du rapport entre le récit littéraire et l’Histoire dans ses multiples acceptions : à la
fois comme événement objectivement survenu dans le passé, expérience personnelle de celui qui
y a pris part, récit que la science en fait et mémoire qui modèle la culture dans laquelle cette
transmission s’inscrit. C’est dire que l’axe principal d’interrogation reste celui du rapport entre
l’événement survenu, sa mise en récit (historiographique, testimoniale, littéraire) et la culture. À
partir des œuvres portant sur l’extermination des Juifs d’Europe perpétrée pendant la Seconde
guerre mondiale, des spécialistes venus d’horizons divers – historiographie, littérature, mais aussi
sociologie, esthétique, philosophie, histoire de l’art – tentent, depuis trois ans, de saisir dans un
dialogue interdisciplinaire la logique des rapports complexes entre plusieurs formes de
connaissance et de transmission de la Shoah. La question n’est donc plus uniquement comment
un tel événement a pu se produire, mais aussi comment il est vécu, puis narrativisé avant d’être
intégré dans la culture européenne et comment cette narrativisation a influencé non seulement la
formation de la conscience de la Shoah, mais le cadre même de son émergence, c’est-à-dire la
culture européenne et occidentale. Quels sont les rapports, les influences mutuelles, les « allées et
venues » du sens opérés à partir d’une expérience historique (le témoin, le survivant) qui entend
aboutir à une connaissance partagée par tous (la société, la culture) ? Quelle en est la « gestion »
symbolique pratiquée par nos institutions ? Enfin, comment une expérience historique est
littérarisée, comment elle devient, pour le lecteur aussi une expérience artistique ? Quand et
comment s’opère le passage du dire testimonial dépourvu d’aspirations littéraires à un récit
clairement formé à partir d’un projet poétique ? Quelles conséquences ce passage générique a
pour la connaissance de la Shoah ? Enfin, peut-on parler d’une poétique des récits de la Shoah ?
Les trois années de cette réflexion polyphonique ont abouti à une évidence : celle de l’absence
d’une histoire proprement littéraire des récits de la Shoah, alors que la plupart de spécialistes
invités semblent s’accorder sur le fait que, loin d’être taillée d’une seule pièce, la bibliothèque de
l’anéantissement est composée d’ouvrages de genres, de langues, de formes variés dont la lecture
doit prendre en compte l’évolution du contexte socio-politique dans lequel ils sont apparus. Ainsi,
semble se profiler un hiatus entre les recherches sociologiques et historiographiques qui ont suivi
avec attention le cheminement de la mémoire de la Shoah dans les sociétés occidentales et un
relatif silence de la critique et théorie littéraires qui semblent minorer la question de la
périodisation.
Par rapport à l’expression littéraire de la Shoah, la question se pose donc, de savoir quel regard
rétrospectif l’on peut jeter sur le chemin parcouru. Quelle est la composition générique de ce
vaste corpus ? A-t-elle changé au cours du temps ? De quelle manière la succession des
générations d’auteurs (des premiers témoins oculaires aux jeunes écrivains de la fin du
millénaire), façonne-t-elle cet espace littéraire ? Quelle influence les changements opérés dans
nos sociétés occidentales depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ont-ils eu sur la
littérature qui s’y rapporte ? Existe-t-il une logique des changements thématiques et formels
survenus entre 1945 et 2008 ? Enfin, est-il possible d’établir des périodes clairement délimitées
dans l’évolution de l’écriture du désastre et si oui, à quels facteurs littéraires et socio-culturels
peut-on les rattacher?
Ce colloque a pour objectif de donner la parole, dans une perspective à la fois interdisciplinaire et
internationale, à des historiens et des littéraires à travers quatre grands axes d’interrogation :
méthodologique, historique, culturel et littéraire.
Penser le fait littéraire issu de la Shoah, en prenant en compte des éléments historiques,
sociologiques et poétiques multiples : tel est donc l’objectif de ce colloque. Nous espérons ainsi
aboutir à une vision diachronique de l’écriture du génocide juif, à une périodisation qui lui est
inhérente et finalement à … une première esquisse d’une histoire littéraire de la littérature de la
Shoah.
PROGRAMME
VENDREDI 5 JUIN
SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT POUR L’INDUSTRIE NATIONALE
SALLE DES TROIS CONSULS
4, PLACE SAINT GERMAIN DES PRES
75006 PARIS
Matinée
10h : accueil des participants
10h 15 – 12h 45
Questions de méthodologie (Séance présidée par Régine Robin)
Histoire de la littérature, histoire de l’écriture de la Shoah : quels rapports, quels outils
méthodologique ?
10h 15 Alexandre Prstojevic (INALCO, CRAL)
Une histoire de la littérature de la Shoah est-elle possible ?
10h 45 Anny Dayan-Rosenman (Paris VII)
Ecritures orphelines : Perec, Appelfield, Koffmann.
11h 15 Michael Rinn (Université de Bretagne Occidentale)
Poétique de la véhémence ; au sujet du Sang du ciel de Piotr Rawicz
11h 45 Philippe Mesnard (Haute Ecole de Bruxelles - ISTI)
Approches critiques
(Approches critiques de trois notions fortes des études sur le témoignage : périodisation, ancrage
biographique, récit.)
12h 15 Discussion
13h – 15h Pause déjeuner
Après-midi
15h – 17h
Histoire, témoignage, écriture (Séance présidée par Susan Suleiman)
L’historien dépossède-t-il le témoin de son vécu ? Le témoin menace-t-il la cohérence du savoir
historiographique ? Construction des représentations à deux voix : antagonisme ou dialogue ?
15h
Annette Wieviorka (CNRS)
Récit du témoin, récit de l'historien
15h 30 Delphine Bechtel (Paris IV)
Les pogromes de 1941 en Galicie: chronique d'une représentation en pointillés
16h
Frédéric Rousseau (Université Paul Valéry – Montpellier)
L’histoire des catastrophes du XXe siècle et les courants relativistes
16h30 Clara Royer (Paris-Budapest)
D’une épingle à cheveux retrouvée : la naissance du dialogue sur la Shoah entre fiction et histoire
dans la Hongrie des années 1970.
SAMEDI 6 JUIN
EHESS
105 BD RASPAIL
75006
SALLE 8
Matinée
9h 00 – 11h 00 Expérience, culture et transmission (Séance présidée par Anny DayanRosenman)
Il n’y a pas de transmission hors de la culture commune au narrateur et au récepteur. Comment la
culture européenne a-t-elle modelé la mémoire de la Shoah ? Comment cette mémoire a-t-elle à
son tour œuvré au sein de la culture ?
9h Régine Robin (UQAM)
Entre témoin et héritier: une certaine inquiétude
9h 30 Susan Suleiman (Université de Harvard)
Transmission et performance : pourquoi j’aime Les Bienveillantes
10h Rachel Ertel (Paris VII)
L’écriture e(s)t le lien
10h 30 Catherine Coquio (Université de Poitiers)
Les bourreaux en héritage : historiographie, témoignage et fiction.
11h Charlotte Lacoste (Paris X)
L'irrésistible ascension du héros nazi (une brève histoire du romanesque de l’extermination)
11h 30 Discussion
12h – 14 h Pause déjeuner
Après-midi
14 – 16 h Périodisation : enjeux théoriques (Séance présidée par Philippe Mesnard)
Est-il possible de faire une périodisation de la littérature de la Shoah ? A partir de quels critères ?
14h Pierre Ouellet (UQAM)
Du témoignage à l’âge de la fiction
14h 30 Fransiska Louwagie (Université catholique de Louvain)
Historicité du témoignage
15h Régine Waintrater (Paris VII)
La temporalité mélancolique
15 h 30 Luba Jurgenson (Paris IV)
Le présent du témoignage
16 h Discussion
17 h Clôture