La jalousie

Transcription

La jalousie
Petit-déjeuner du vendredi 27 mai 2005
La jalousie de Dieu
« […] car moi, l’Éternel ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. »
Exode 20.5
« […] car l’Éternel ton Dieu, est un feu dévorant, un Dieu jaloux. »
Deutéronome 4.24
« […] car je suis jaloux à votre sujet d’une jalousie de Dieu,
parce que je vous ai fiancés à un seul époux,
pour vous présenter au Christ comme une vierge pure. »
2 Corinthiens 11 2
Ainsi, Dieu serait jaloux ! Il y aurait selon la Bible une jalousie de Dieu !
Heureusement, nous qui sommes ici rassemblés ce matin, savons ce que cela signifie
de merveilleux pour nous comme nous le rappelle la vibrante déclaration de l’apôtre Paul
aux Corinthiens.
Mais il faut reconnaître qu’à première vue, si vous me permettez ce langage familier,
« c’est un peu difficile à avaler ».
Ne dit-on pas, en effet, que la jalousie est un « vilain défaut » ? Qu’il s’agisse de celle
d’un enfant, ou, plus tard, celle de l’adulte jaloux de la réussite d’un collègue de travail ou
qui envie ce que possède son voisin, ou, enfin, celle d’amoureux méfiants qui épient et se
rongent les sangs ?
Non, la jalousie n’est jamais sympathique, et nous avons tous déjà lu ou entendu que
dans des cas extrêmes elle peut même conduire au meurtre ! L’histoire de Caïn et Abel,
dès le premier livre de la Bible illustre, hélas ! de façon dramatique notre propos (relire
Genèse chapitre 4).
Si l’apôtre Paul voulait parler d’une jalousie de ce genre, nous pourrions penser, à
juste titre, qu’il se trompe lourdement et qu’il défigure le Dieu de la Bible. Pire encore, un
tel Dieu, avec de semblables sentiments, ne saurait être qu’une pauvre invention des
hommes. Un dieu à l’image des hommes !
Oui, si Paul se trompe ainsi, en s’adressant à ses Corinthiens bien-aimés, c’est toute
l’Écriture Sainte qui est dans l’erreur, car l’apôtre n’est pas le seul à dire que Dieu est jaloux. Il s’en faut même de beaucoup, puisque près de vingt textes évoquent expressément
la jalousie de Dieu !
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Petit-déjeuner du vendredi 27 mai 2005
Vous pourriez néanmoins me rétorquer que ces mots de « jaloux » et de « jalousie »
ne sont pas prononcés par Jésus-Christ quand il parle de son Père, et vous auriez raison !
Mais certaines paroles veulent bien exprimer la même idée ; ainsi :
« […] nul ne peut servir deux maîtres […] » (Matthieu 6.24) ;
« […] vous ne pouvez servir Dieu et Mamon » (Matthieu 6.24) ;
« […] quiconque n’est pas avec moi est contre moi » (Matthieu 10.32 et 33).
La vie de Jésus-Christ montre qu'il a également accompli des actes qui vont dans un
sens identique, comme, par exemple, lorsqu’il chasse les vendeurs du Temple, exigeant
avec violence que la maison de Dieu n’appartienne qu’à Dieu seul ! (Jean 2.13 à 17).
Voilà en fait ce qu’est la jalousie de Dieu.
Pendant les quelques minutes qui nous restent, nous allons voir ce que signifie cette
jalousie de Dieu, et ce qu’elle a de magnifique pour nous.
Premièrement, il ressort de toute la Bible que Dieu nous aime passionnément, et que
son amour pour nous est sans faille.
Son désir le plus profond est de nous garder bien à LUI, attachés à LUI. Cela, il ne se
lasse pas de le vouloir. Il ne délie jamais les liens qu’il a tissés, même si ceux-ci s’allongent
et s’étirent au point d’être aussi ténus qu’un fil. L’Écriture précise qu’il les a tissés entre
LUI et les hommes avec persévérance, en nous créant (Genèse 1.27 et 2.7), en scellant avec
nous l’Alliance de sa providence, enfin, en envoyant sur terre son Fils, lui le Juste, pour
prendre notre condition humaine, pour vivre puis mourir d’une mort infâme et ressusciter,
pour que nous qui étions morts devenions vivants !
N’est-ce pas merveilleux qu’il en soit ainsi ? que Dieu veille toujours et attende toujours le retour de l’enfant prodigue (Luc 15.11 à 32) ? qu’il ne soit pas un Dieu qui laisse aller, qui ne se soucie pas de sa créature, mais au contraire un Dieu tout proche ? « […] tu
es proche, ô Éternel », déclare le psalmiste (Psaume 119.151).
Deuxièmement, il me semble que cette jalousie de Dieu signifie que son amour est
fort, mais parfois aussi sévère ; que son amour peut se mettre en colère !
La plupart des textes bibliques où Dieu se présente comme un Dieu jaloux dénoncent
la menace des idoles (Exode 34.13 ; Deutéronome 32.1 ; Jérémie 3.9 ; etc.) et des fauxdieux. Les paroles de l’Éternel sont prononcées au moment où les hommes se mettent à
jouer un double-jeu, à croire qu’on peut servir Dieu d’un côté et les idoles de l’autre (quelles que soient ces idoles). C’est alors que la jalousie de Dieu éclate :
« Tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu ;
car l’Éternel porte le nom de jaloux,
il est un Dieu jaloux. »
(Exode 34.13)
Dans son amour Dieu est exclusif !
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Petit-déjeuner du vendredi 27 mai 2005
Quelle protection pour nous que la vigilance de Dieu ! sa jalousie ! sa colère !
Dieu a des raisons de se méfier de nous, n’est-il pas vrai ? Quand les hommes sont
jaloux, c’est souvent sans motif valable. Dieu, en revanche, sait bien à quoi s’en tenir, et il
a des raisons de ne pas avoir confiance en nous. S’il nous oblige alors à choisir, s’il ne veut
pas d’un amour partagé, c’est le signe qu’il n’est ni aveugle, ni naïf. Mais sa présence efficace est là pour nous préserver du mal.
« Éternel, tu protèges ceux qui se confient en Toi » (Psaume 5.12) ;
« […] la main de Dieu protège ceux qui le recherchent » (Esdras 8.22) ;
« Dieu leur accorde d’être en sécurité, et de gagner de l’assurance sur le chemin
qu’ils suivent » (Job 24.23).
Voilà, me semble-t-il, ce que veut dire cette jalousie de Dieu à l’égard de ses enfants.
Troisièmement, revenons-en aux paroles de l’apôtre Paul. Il ne dit pas seulement que
Dieu est jaloux. Il souligne qu’il l’est aussi lui, Paul, et, précisément, de la jalousie même
de Dieu.
Le texte que nous avons lu nous montre que l’apôtre Paul est jaloux comme Dieu et
jaloux pour Dieu. Il aime ces Corinthiens. Il est jaloux de ces Corinthiens qui lui ont
pourtant causé tant de problèmes, qui ont reçu tant de dons spirituels, mais qui les ont
parfois tellement gâchés, par leurs petites histoires, leurs querelles, leurs scandales, leur
ingratitude, leurs reproches, ces chrétiens qui lui ont mis tant de bâtons dans les roues.
Tant pis, l’apôtre ne les laissera pas. S on amour est un amour tenace, profond. Paul
les aimera malgré tout, comme Dieu et il les aimera pour Dieu ! Pas pour sa propre satisfaction, il n’en a cure ! Pas même pour être aimé des Corinthiens :
« […] dussé-je, en vous aimant davantage, être moins aimé de vous »,écrit-il e 2 Corinthiens 12.15.
Mais il souhaite les garder unis au Dieu qui s’est lui-même uni à eux par son Fils Jésus-Christ, pour être simplement fidèle au ministère qu’il a exercé auprès d’eux en les
« fiançant à un seul époux ». Et tant pis si les Corinthiens trouvent son amour encombrant, il sera là auprès d’eux, envers et contre tout.
En conclusion, chers amis, j’ai l’intime conviction qu’une Église qui se réclame du
Dieu vivant et vrai, notamment comme celle que nous représentons ce matin, ne peut qu’être jalouse de cette manière ! Pas pour elle-même, bien-entendu, pas pour sa propre gloire
ou sa propre notoriété. Car alors, c’est contre elle-même qu’elle provoquerait la jalousie de
Dieu ! Non… mais jalouse comme son Seigneur, jalouse pour son Seigneur, afin d'être le
témoin fidèle de son amour qui ne nous abandonne pas ! — quitte à paraître, s’il le faut, un
peu fou, à l’instar de l’apôtre Paul (2 Corinthiens 11.1).
« Oui, Seigneur, notre Dieu, que ton amour inspire à ton Église et à tous tes enfants
une sainte jalousie, reflet de la tienne ! »
Daniel Masson
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