adaptation au changement climatique en bourgogne élevage
Transcription
adaptation au changement climatique en bourgogne élevage
ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN BOURGOGNE ÉLEVAGE & Fiche thématique – Septembre 2012 1 1 Les principaux interlocuteurs de la filière Amélioration génétique Conduite de l’élevage Commercialisation et transport Transformations Coopératives et groupements Abattoirs et industries agro-alimentaires Éleveurs Fournisseurs d’intrants et d’aliments Instituts techniques et de recherche 2 2 Les impacts du changement climatique sur l’élevage Le changement climatique peut avoir des incidences directes sur l’élevage (animaux et fourrages) ou indirectes (arrivée de nouvelles maladies traditionnellement méridionales). Certaines incidences ont déjà été observées : on parle d’impacts observés. D’autres sont pressenties « à dire d’experts » ou à partir de modélisation : les impacts pressentis. Dans tous les cas, l’incertitude demeure quant à l’arrivée des phénomènes, la fréquence de leur occurrence et la force des impacts. Crédit : ADEME Bourgogne 1 ► Impacts sur les ressources alimentaires Les ressources fourragères risquent de souffrir d’un déficit hydrique et/ou thermique : - Des pertes quantitatives de fourrages ont des impacts économiques sur les exploitations : achat de complémentation pour l’alimentation des animaux, réimplantation des prairies détruites, ventes d’animaux moins valorisées à cause de leur poids plus faible… VULNÉRABILITÉ Prairies en sol superficiel avec faible réserve utile. - La composition florale des prairies naturelles pourrait évoluer avec le changement climatique : moindre qualité et quantité ? influence des sols ? Décalage des fenaisons : la fenêtre temporelle pour réaliser les travaux de fenaison risque de se réduire. Cela peut obliger l’éleveur à réorganiser son calendrier de travail, à acheter du matériel plus performant pour réaliser els travaux en un temps plus restreint. OPPORTUNITÉ Meilleur état sanitaire et prophylaxie du troupeau ; besoins moindre de fourrages hivernaux. Besoins en fourrage moindres l’hiver et séjours plus longs en pâture lsont probables si les troupeaux sont rentrés en stabulation de plus en plus tard du fait des automnes plus cléments. Cela représente un gain économique pour les exploitants. En revanche, certains prés pourraient souffrir de surpâturage. VULNÉRABILITÉ Risque de surpâturage, compactage du sol. 2 ► Impacts sur la santé animale Les risques sanitaires sur le troupeau sont multiples : Des surmortalités chez les jeunes animaux pourraient être enregistrées lors d’événements caniculaires, comme ce fut le cas en 2003. Les surmortalités du cheptel bourguignon constatées ont été la conséquence d’un déficit alimentaire et hydrique. Problèmes de « coups de soleil » : un rayonnement solaire plus intense provoque des dépilations et des brulures du cuir. VULNÉRABILITÉ, facteur aggravant Disparition progressive des lieux d’ombrage dans les prairies (haies, arbres isolés...). Recrudescence des pneumopathies : cela serait à craindre en cas de changements brusques et fréquents de températures. Possible évolution du parasitisme : les effets du changement climatique sont antagonistes. D’un côté les températures estivales plus chaudes risquent de favoriser les parasites, de l’autre la sécheresse constitue un frein très fort à leur survie. De plus, les animaux sont davantage exposés, ils s’alimentent dans les endroits qui restent humides et où pourront survivre les parasites. Possible remontée de maladies à vecteurs exotiques : l’émergence de trois maladies infectieuses vectorielles « exotiques » est tout particulièrement à craindre : la fièvre catarrhale qui a déjà touché la France en 2006 et 2007, la fièvre de West Nile qui est une transmissible à l’homme et la fièvre de la Vallée du Rift (également une maladie du bétail). VULNÉRABILITÉ Les conduites d’élevage actuelles (vaccinations systématiques, traitements puissants, génétique…) pourraient accroître la vulnérabilité des troupeaux à de nouvelles maladies. En effet, l’immunité s’acquiert de plus en plus difficilement. AdCC & Élevage – Fiche thématique – p 2 3 ► Impacts sur la fécondité Des incertitudes demeurent quant aux impacts du changement climatique sur la fécondité des troupeaux. Ovins : : les épisodes pluvieux en août favorisent une repousse d’herbe lors de la mise à la reproduction en septembre. La prolificité augmente de 150 à 180 %. Mais les tendances ne sont pas nettes et l’évolution est difficile à estimer. Bovins : la fécondité est favoriée par une herbe de bonne qualité, elle-même favorisée par des temps relativement secs au printemps. Risque d’avortement en situation de canicule : les carences alimentaires provoquent des avortements chez les animaux ou encore l’absence de retour en chaleur comme cela a pu ête constaté lors de la canicule en 2003. VULNÉRABILITÉ Les systèmes bocagers peu vulnérables car les animaux sont souvent dehors et les haies fournissent de l’ombrage. 4 ► Impacts sur le marché Évolution des habitudes alimentaires à la fois sur les types de viande (bœuf, porc…), sur les pièces (à griller comme les cuisses ou à bouillir comme les épaules…) et sur les quantités achetées. 3 3 Pistes d’adaptation Parmi les pistes d’adaptation identifiées dans la littérature et au cours des entretiens menés avec des experts, certaines font « plutôt » l’unanimité, d’autres font débat. 1 ► Assurer la disponibilité des ressources alimentaires Irriguer les fourrages pour régulariser la production : cette solution est « impensable » dans un contexte de tension sur la ressource en eau. Changer les espèces fourragères actuelles pour des graminées et des légumineuses plus résistantes à la sécheresse de type luzerne ou à la chaleur. Le maïs pourrait être remplacé par le sorgho, espèce moins gourmande en eau. PRÉCAUTIONS La mise en place de nouvelles ressources fourragères peut se heurter à des contraintes, notamment de milieux (sols hydromorphes, en pente, pierrosité…). Beaucoup de prairies sont naturelles en Bourgogne (80 % en Saône-et-Loire). La composition n’est pas choisie. Avec un risque d’alternance d’années humides et d’années sèches, la diversité des espèces est à privilégier pour « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Améliorer la corrélation entre les besoins des troupeaux et l’offre fourragère : décaler les vêlages, développer des systèmes plus économes en paille, baisser le chargement... Assurer l’alimentation en eau des troupeaux troupeaux par des systèmes de récupération des eaux de pluie sur les toits des bâtiments, par exemple. Être prévoyant et ne pas sous-estimer les besoins en stocks fourragers : on ne peut pas prévoir si un été sera sec ou non. La pratique du stockage fourrager permet de pallier aux incertitudes du climat. Les stocks permettent de complémenter l’alimentation des animaux en cas de sècheresse. Sinon, ils sont reportés pour l’année suivante. Rechercher l’autonomie alimentaire : éviter la spécialisation trop forte des territoires et trouver un équilibre entre les surfaces en prairies naturelles et en prairies temporaires en rotation avec des céréales. Sans revenir au système de polyculture-élevage, les échanges entre filières peuvent être améliorés à l’échelle du département, voire de la région. AdCC & Élevage – Fiche thématique – p 3 2 ► Prévenir les risques sur la santé des animaux Adaptation des animaux : la race charolaise peut s’adapter à l’évolution du climat. Elle est par exemple présente au Brésil et en Argentine. Sa forte variabilité génétique permet de sélectionner les individus les plus adaptés. Recréer/sauvegarder des espaces ombragés pour les animaux dans les prairies. Surveiller et informer : relier les différents observatoires de maladies, communiquer avec le réseau de vétérinaires sur les maladies qui risquent de se développer afin que ceux-ci sachent comment les reconnaître et quelles actions entreprendre. Anticiper les conséquences économiques : une épizootie mal gérée peut avoir des conséquences désastreuses sur l’économie de la filière. Ce fut le cas avec la fièvre catarrhale en 2006- 2007. EXEMPLES Avec son logiciel « Parasite-Info», la Fédération régionale des groupements de défense sanitaire (FRGDS) réalise des prévisions de risques parasitaires, notamment en fonction des conditions climatiques. Schéma des impacts du changement climatique sur les espèces et les habitats Changement climatique Impacts sur les rendements Impacts sur la santé Grandes cultures en Bourgogne Marché mondial des céréales Baisse de rendement lors de sécheresses Tensions Impacts sur les prix Fourrages produits dans l’exploitation Paille et céréales achetées Impacts sur les quantités Baisse estivale Cheptel Baisse des naissances Vente de broutards Baisse du poids Exploitation de bovins allaitants Impacts sur le résultat économique Cette fiche résume les principaux points à retenir de l’étude « Changement climatique en Bourgogne : analyse des impacts et pistes d’adaptation », co-portée par l’ADEME Bourgogne et Alterre Bourgogne. Elle a été réalisée par Alterre Bourgogne en 2011 à partir de données bibliographiques et d’enquêtes menées auprès d’experts et financée dans le cadre du Programme Énergie Climat Bourgogne. AdCC & Élevage – Fiche thématique – p 4