Cérémonie de la citoyenneté

Cérémonie de la citoyenneté :
remise de la carte d’électeur aux jeunes accédant à la majorité
Samedi 16 mars 2013
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Lequel d’entre vous, jeunes gens, n’a jamais interpellé ses parents avec cette sacrosainte formule : « Quand j’aurai 18 ans… » ou encore « Quand je serai majeur… ».
Ce début de phrase en dit long sur la perception qu’ont les jeunes de l’acquisition de
la majorité. Il est vrai que ce n’est pas un pas que vous franchissez le jour de votre
dix-huitième anniversaire, mais bien une frontière qui se situe entre deux mondes :
celui de l’enfance et l’âge adulte. Personne ne passe la barrière dans l’indifférence.
Je suis sûr que ce jour a été fêté à sa juste mesure par chacun d’entre vous, au sein
de votre famille et avec vos amis. Certains disent que ce jour-là, ils ont eu
l’impression d’être plus grands. À ce moment précis, ils se regardent différemment.
Qu’en est-il dans les faits ? Il faut bien l’avouer l’ombre des parents n’est jamais très
loin. Si vous êtes encore au lycée, vous savez que ce sont eux qui sont destinataires
de toute correspondance. Bien sûr, vous avez le droit d’ouvrir un compte, mais la
banque va s’empresser de demander qu’une personne solvable se porte caution. Ce
ne sont que des exemples parmi d’autres ! L’indépendance de l’âge adulte est
souvent encore loin !
Mais il y a un endroit où vous serez réellement libres de vos choix, c’est l’isoloir du
bureau de vote. Ce lieu est tout à fait symbolique de votre majorité nouvellement
acquise. Protégé des regards indiscrets, le bulletin que vous mettrez dans
l’enveloppe restera secret.
Devenir majeur signifie avant tout être responsable de soi-même et de fait, prendre
des décisions et les assumer. C’est bien ce que vous ferez dans l’isoloir, seul, sans
le regard de vos parents, vous exprimerez votre propre choix. Et ce simple geste est
bien loin d’être anodin. On vous l’a sans doute répété à plusieurs reprises au cours
de votre scolarité : le droit de vote est un des droits civiques de base d’une
démocratie. Il s’agit d’un contrat par lequel les citoyens délèguent à leurs
représentants la responsabilité de diriger le pays. Le pouvoir politique appartient à la
Nation, c’est-à-dire à l’ensemble des citoyens dont vous faites maintenant partie
intégrante. Je suis sûr qu’il est très différent de lire cette phrase dans un livre
d’éducation civique au collège ou au lycée et de la vivre comme vous allez le faire
lors des prochaines élections municipales qui auront lieu en mars 2014.
Certains diront ou penseront que la politique ne les concerne pas ou pire, qu’ils n’ont
pas d’opinion. Il est vrai que l’abstention chez les jeunes entache sérieusement la vie
politique française. Les statistiques de révèlent que 57 % des jeunes déclarent
s’intéresser à la politique, mais que 43 % d’entre eux n’y attachent aucune
importance.
Pour ma part, je suis convaincu que tout le monde a des opinions politiques.
N’oublions pas que le mot politique signifie littéralement « les choses qui concernent
la polis, c’est-à-dire la cité ».
Dire qu’il y a trop d’embouteillages et que l’on devrait remplacer les voitures
individuelles par des autobus ou des cars, c’est faire de la politique. La politique,
c’est tout simplement la façon dont nous nous organisons pour vivre ensemble.
Voter est donc un droit, mais c’est aussi un devoir. Lorsqu’il nous échoue une telle
responsabilité, nous devons l’assumer. En exprimant un suffrage, nous choisissons
en notre âme et conscience, dans l’isoloir, la personne ou le programme qui nous
paraît le plus adapté pour répondre au bien de tous. Voter aujourd’hui, c’est aussi
accomplir le devoir de respecter les combats menés par ceux qui nous ont précédés
pour sauvegarder la démocratie et la République. Je me tourne plus particulièrement
vers les jeunes filles pour leur rappeler que l’instauration du suffrage féminin a été
plutôt laborieux et notamment dans notre pays puisqu’il ne s’exerce que depuis
1944. Un droit si chèrement acquis ne peut être ignoré. Il faut l’exercer.
La volonté de cette cérémonie, dite citoyenne, est de porter la lumière sur le droit de
vote à l’occasion de votre accession à la majorité civique. La carte d’électeur qui va
vous être remise n’est pas un vulgaire bout de carton à oublier au fond d’un tiroir.
Elle est un sésame, une clef qui ouvre les portes d’un avenir meilleur. Quant au
« Livret du citoyen », consultez-le ! La clarté de sa rédaction vous permettra de
mieux comprendre votre nouveau statut de citoyen.
La jeunesse a toujours insufflé de la vitalité et de l’enthousiasme. Gageons qu’avec
votre carte d’électeur en poche, vous allez à votre tour contribuer efficacement à la
vitalité de notre démocratie.
Je vous remercie.