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92 Dossier I Migrations latino-américaines I Latino-américains en Europe de l’Est Une histoire d’affinités électives Par Francisco J. Rodríguez Abraham, Professeur adjoint au Centre d’Études latino-américaines, Université de Varsovie, Pologne Groupes d’étudiants latino-américains participants à une brigade internationale de travail agricol, région de Samara, Russie, août 1990 © Francisco J. Rodríguez Abraham Après avoir rappelé quelques éléments historiques des migrations latino-américaines en Europe de l’Est et dans l’ex-URSS, l’auteur présente les caractéristiques d’une “diaspora” peu nombreuse, dispersée et dépourvue de réseaux ou de structures d’entraide. Un coup de projecteur sur les spécificités d’une immigration en devenir. I hommes & migrations n° 1270 Jusqu’à aujourd’hui, les travaux consacrés à l’histoire et aux enjeux des migrations latino-américaines extrarégionales se sont portés essentiellement sur les expériences de l’Amérique du Nord, de l’Europe occidentale et, dernièrement, de l’Australie et du Japon, délaissant toute autre région du monde(1). Les raisons en paraissent évidentes : si des situations d’immigration se présentent également sous d’autres latitudes, leurs dimensions – à première vue – ne semblent pas aussi importantes. Pourtant, en approfondissant le champ d’investigation portant sur l’émigration latino-américaine contemporaine, nous commençons à découvrir que cette diaspora – pour l’appeler ainsi – nous emmène, par ses bifurcations, vers des destinations étonnantes, en Europe orientale et en Asie centrale, des contrées surtout considérées pour leur “exotisme” de la part des Latino-Américains. Dans cette partie du globe s’est pourtant construit tout un pan de l’histoire des migrations latino-américaines que nous essayons ici d’appréhender. Pour ce faire, nous mettrons en évidence la diversité des scénarios et soulignerons les nombreuses particularités historiques, sociales et culturelles propres à ces phénomènes migratoires. J’esquisserai une approche thématique de l’immigration latino-américaine dans des pays qui pourtant étaient considérés comme peu attractifs de la part des populations d’Amérique latine : il s’agit des anciens pays socialistes d’Europe orientale qui, depuis les élargissements des années 2004 et 2007, font déjà partie de l’Union européenne(2). En raison des bouleversements historiques connus de la seconde moitié du XXe siècle et des processus d’élargissement en cours, il devient aujourd’hui impensable de traiter ses sujets sans prendre en compte l’expérience migratoire sudaméricaine dans cette partie du globe. Par conséquent et en référence au titre de cet article, notre terrain d’étude sera circonscrit aux pays d’Europe orientale et de l’ancienne Union soviétique. Le territoire concerné laisse apparaître des éléments géographiques et politiques communs : spécifiques au passé de cette région, ils nous révèlent la présence d’une communauté latino-américaine issue de l’immigration et dotée de caractéristiques propres. Une présence récente Si ce n’est dans de rares cas isolés, il n’existait pas de communauté latino-américaine dans les pays d’Europe orientale jusque dans la seconde moitié du XXe siècle(3). Ce n’est que récemment, à partir des années 1960 et dans des conditions historiques sui generis, que s’amorcent les premières vagues d’immigration. Nous identifions trois périodes clefs propres au développement de la présence latino-américaine dans la région. Dans les deux premiers cas, cette présence prit la 93 94 Dossier I Migrations latino-américaines I forme d’une immigration à caractère potentiel, autrement dit les mouvements migratoires ne s’effectuaient pas nécessairement en vue d’un établissement définitif dans le pays d’accueil. Actuellement, la troisième période se démarque par l’objectif clairement défini d’une installation décidée. Les années de guerre froide La première période, qui s’étend des années 1960 à la chute du mur de Berlin en 1989, connaît deux grands groupes d’immigrants potentiels : les étudiants et les exilés politiques. Durant cette période, l’Union soviétique et l’ensemble des pays socialistes ont promu une vaste politique de collaboration scientifique et culturelle avec les pays en voie de développement. Indépendamment des fins propagandistes propres au système, on peut reconnaître que, pour des milliers de jeunes de ce que l’on appelait encore le “tiers-monde”, les bourses offertes représentaient une opportunité unique d’accéder à l’éducation supérieure, alors pratiquement inaccessible dans leurs pays. En Amérique Les motivations latine, des milliers de jeunes provenant des proprement économiques classes moyennes et défavorisées profitèrent ne s’avèrent pas décisives. de cette possibilité. Nous ne disposons pas En revanche, l’espoir de données statistiques complètes qui et la quête de meilleures préciseraient l’ampleur du phénomène de perspectives d’avenir sont des éléments déplacement des jeunes latino-américains porteurs d’une force vers la Russie et l’Europe orientale en motrice conséquente pour qualité d’étudiants, mais nous savons que l’immigration, dans cette leur nombre se révèle significatif. En guise région du monde. d’illustration, dans les années 1980 et uniquement pour le cas péruvien, plus de 200 étudiants débarquèrent chaque année en URSS, et une trentaine d’universitaires s’installèrent dans chacun des pays socialistes satellites. Ainsi, quelque 400 jeunes péruviens voyageaient chaque année vers ces États pour y entreprendre leurs études supérieures. Leur formation universitaire s’étendait sur une période de six à sept ans, une durée suffisante pour susciter un déracinement difficile à surmonter dans de nombreux cas. Avec le temps, la plupart des individus en fin d’études s’établirent dans ces pays en tant que résidents, lorsqu’ils ne tentaient pas de rejoindre l’Europe occidentale. Ce phénomène s’explique par la combinaison de différents facteurs : l’acculturation, la “transculturation”, le déracinement, l’accession à des professions I hommes & migrations n° 1270 quasi inexistantes dans le pays d’origine et les nouveaux liens émotionnels et affectifs qui, pour de nombreux cas, se sont transformés en liens familiaux. Le parcours des réfugiés politiques était sensiblement différent. Ils arrivaient, forcés par les circonstances, fuyant les répressions. Si certains, guidés par leurs convictions, choisirent comme destination un État socialiste d’Europe orientale et essayèrent dès leur arrivée de s’adapter et de s’épanouir dans le pays d’accueil(4), pour la majorité, il s’agissait d’une simple étape de leur exil, avant de gagner, lorsque cela était possible, l’Europe occidentale. Au cours de cette même période, d’autres groupes peuvent être repérés : en premier lieu, des migrants originaires d’Europe orientale et leurs descendants retournant au pays, enthousiasmés par le projet de construction socialiste, généralement après la mort de Staline (c’est le cas des Uruguayens, des Argentins et des Brésiliens en Ukraine) ; puis des travailleurs cubains employés par des entreprises soviétiques – comme l’usine de produits électroménagers de Lvov ; ensuite une petite communauté latino-américaine d’origine ibérique, constituée de réfugiés (surtout des enfants) de la guerre civile espagnole, lesquels se consacrèrent postérieurement à la diffusion de la culture espagnole et ibéro-américaine en Union soviétique. Les années de transformations structurelles : 1989-2004 Quatre communautés d’immigrants potentiels se distinguent : étudiants, hommes d’affaires et employés d’entreprises étrangères, anciens émigrants venus de l’Europe de l’Est et Latino-Américains en exil venus chercher sur ce continent de nouveaux horizons. Le sort des étudiants s’est joué autour des changements politiques survenus au lendemain de 1989 et qui furent accompagnés d’une importante réduction du système de bourses d’études, voire, parfois, de sa suppression. Les pays satellites de l’ancienne Union Soviétique, nouvellement souverains de leurs décisions, obtinrent la possibilité de choisir la forme et l’importance de leur collaboration avec le tiers-monde. En pratique, la majorité des établissements scolaires commencèrent à proposer leurs services moyennant des inscriptions payantes(5) et sans supprimer pour autant les accords universitaires. Les étudiants constituent encore aujourd’hui un groupe “d’immigrants potentiels” lors de leur séjour en Europe de l’Est, et sont encore nombreux à s’établir dans le pays des études. Quant aux hommes d’affaires et aux employés des entreprises étrangères, ils sont arrivés surtout durant la transition vers l’économie de marché et, avec le temps, il 95 96 Dossier I Migrations latino-américaines I Groupes d’étudiants latino-américains participants à une brigade internationale de travail agricol, région de Samara, Russie, août 1990 © Francisco J. Rodríguez Abraham est probable qu’un grand nombre d’entre eux cherche à s’installer définitivement. Après avoir vécu un certain temps en Amérique latine et subissant les contraintes de l’éloignement et de l’acculturation, certains des anciens émigrants originaires des pays d’Europe de l’Est décidèrent, suite à la chute des régimes communistes, de revenir avec leurs familles dans le pays d’origine. Les Latino-Américains en exil, marqués par des conditions de vie difficiles, tentèrent de rejoindre le continent européen pour s’offrir de nouveaux horizons. Leurs arrivées s’accélèrent avec la perspective des nouvelles intégrations dans l’Union européenne, synonyme d’un futur cloisonnement des frontières communautaires. La période des élargissements européens : 2004-2007 L’entrée d’une proportion considérable de pays d’Europe de l’Est dans l’Union européenne représente, pour les communautés d’immigrants latino-américains auxquelles nous nous intéressons, un événement majeur. Ces communautés ne cessent en effet de s’accroître en raison d’un afflux de nouveaux “Euro-Latino-Américains”(6). Du fait de leur ascendance européo- I hommes & migrations n° 1270 orientale, ils sont en mesure d’obtenir la citoyenneté de leurs ancêtres et de devenir des citoyens communautaires à part entière. Pour illustrer cette situation, signalons le cas de la communauté d’immigrants temporaires brésiliens : de 103 résidents en Pologne en 2003, cette communauté est passée à 387 en 2005. Il s’agit, dans sa grande majorité, d’une communauté constituée par des Brésiliens descendants d’anciens émigrés polonais(7). De nouvelles conditions se présentent également à l’intérieur même des pays récemment intégrés et susceptibles d’avoir une influence directe sur l’accroissement de la mobilité des immigrants latino-américains résidents. Il s’agit par exemple du futur et progressif élargissement des accords de Schengen aux nouveaux pays membres. Il n’est pas sûr que cette ouverture provoque un exode massif de Latino-Américains vers l’Est, mais nous soutenons que les flux migratoires devraient s’accroître dans cette région. Le profil des communautés latino-américaines Se confronter aux analyses des phénomènes migratoires, c’est vouloir répondre au problème fondamental qui consiste à définir le profil de la communauté en tant qu’objet d’étude. Si nous insistons sur la nécessité de réaliser des explorations plus élargies, nous pouvons pourtant avancer, à partir des observations préliminaires effectuées, que les communautés latino-américaines dans les pays de l’ancien bloc socialiste d’Europe orientale présentent actuellement certaines caractéristiques communes. Tout d’abord, en comparaison avec les autres communautés d’immigrants, ces communautés demeurent peu nombreuses. En Pologne, au début des années 2000, la communauté latino-américaine ne comptait qu’un millier de personnes(8). Ajoutons qu’en 1998 les citoyens latino-américains en Lettonie et en Slovénie ne représentaient qu’une trentaine de personnes, et 424 individus seulement en Hongrie(9). Par ailleurs, l’importance de la dispersion spatiale à l’intérieur du pays de résidence efface toute possibilité de visibilité pour les communautés. De plus, ces communautés sont constituées principalement par les diplômés des écoles supérieures, venus pour étudier en tant que boursiers dans les anciens États socialistes. Si, actuellement, de nouveaux étudiants continuent de s’installer en autofinançant leurs études, d’autres personnes s’incorporent en présentant des parcours migratoires sensiblement différents: les Latino-Américains d’ascendance européo-orientale, des Européens de l’Est qui, en qualité d’émigrants sur le retour, reviennent d’Amérique du Sud, des conjoints de 97 98 Dossier I Migrations latino-américaines I citoyens d’Europe de l’Est mais aussi des émigrants déjà “expérimentés” qui arrivent dans l’espoir de meilleures perspectives par rapport à leur précédent pays d’accueil. Autre observation : ce n’est pas une communauté a priori sujette à l’illégalité. Cela s’explique par des facteurs décisifs, tant au niveau culturel (par exemple, la méconnaissance de la langue limite les possibilités d’un afflux massif) qu’au niveau socio-économique (l’absence entre autres de réseaux d’immigration pleinement constitués et le fait que les travailleurs de moindre qualification soient déjà sous l’influence d’autres organisations)(10). Ensuite, comme nous l’avons souligné, on retrouve chez ces communautés un nombre élevé d’individus diplômés du supérieur. Beaucoup travaillent dans la sphère académique ou dans d’autres institutions et entreprises requérant un fort niveau de spécialisation. Certains exercent des activités directement liées à leur culture, surtout dans le domaine des services (traductions, enseignement des langues, gastronomie). Autre caractéristique de ces communautés : les divers systèmes d’entraide et d’association sont, d’une manière globale, tout juste naissants. S’il existait dans les années 1970 et 1980 des organisations étudiantes relativement actives, aujourd’hui les membres de la communauté latino-américaine n’ont pratiquement pas d’organes officiels qui puissent les représenter et les relations restent informelles. L’ensemble des caractéristiques ici énoncées explique la relative absence de visibilité des communautés originaires d’Amérique latine dans les sociétés d’Europe de l’Est. Les parcours personnels Dans cette partie du monde, l’immigration latino-américaine présente une grande richesse, du fait de la diversité des expériences vécues et de la variété des parcours migratoires. Rappelons que le contingent principal d’étudiants était constitué par des jeunes des classes moyennes et défavorisées, originaires des pays en voie de développement – non seulement d’Amérique latine mais aussi d’Asie, d’Afrique ou du Moyen-Orient(11). Pour la grande majorité, ce séjour réservait la possibilité d’un avenir professionnel dans leur pays d’origine. Cependant, avec le temps, ces prévisions n’ont pu se maintenir. Durant leurs premières années d’études, certains gagnèrent l’Europe occidentale après avoir expérimenté personnellement les duretés du “socialisme réel”. Ceux qui terminaient leur formation retournaient alors dans leur pays d’origine sans trouver toujours un emploi en accord avec leurs qualifications et leurs attentes(12). D’autres, après avoir établi de nouveaux liens affectifs et construit une famille, se virent obligés de repenser sérieusement leur I hommes & migrations n° 1270 avenir et trouver une autre destination de résidence. Ainsi, si certains restèrent dans leur pays d’études, d’autres tentèrent de construire leur avenir dans un troisième pays de destination(13). Les transformations entraînées principalement par la “perestroïka” (reconstruction) soviétique et le syndicalisme polonais produisirent de nouvelles opportunités pour les Latino-Américains, provocant des changements radicaux dans leurs projets de vie. L’expérience interculturelle En dressant un panorama des activités – surtout culturelles – réalisées, il est intéressant de constater qu’un petit groupe d’enthousiastes est parvenu à s’intégrer durablement dans leur pays de résidence. Les activités culturelles peuvent devenir un véritable espace d’interaction entre la société d’accueil et les associations d’immigrants. Dans certains cas, les organisations socioculturelles programmant des activités liées à la culture latino-américaine (citons pêle-mêle les agences de promotion culturelle, les clubs de passionnés de tango, les associations culturelles latino-américaines, les clubs de capoeira, les écoles de salsa, etc.) n’ont pas été créées par des Latino-Américains, mais bel et bien par leurs voisins, citoyens du pays d’accueil, sans l’intermédiaire de réseaux communautaires. Ces organisations servent de relais pour la diffusion culturelle et sont aussi un solide facteur de cohésion pour les Latino-Américains dispersés dans le pays de résidence. Le travail d’entraide réalisé par les organisations et les collectifs d’immigrants s’appuie sur les moyens de communication les plus porteurs. C’est en reprenant les éléments les plus symboliques de la culture sud-américaine tels que la musique et le folklore, la littérature et l’art culinaire, les telenovelas et la médecine traditionnelle, entre autres, qu’ils permettent d’ouvrir une brèche favorable à l’insertion du fait culturel latino-américain dans le paysage toujours plus cosmopolite des villes et régions d’Europe de l’Est. Si nous voulons, comme nous le faisons ici, traiter des aspects relevant des pratiques interculturelles pour un phénomène particulier d’immigration, nous ne pouvons pas non plus passer sous silence certaines questions importantes, comme celle de la (re)construction de l’identité culturelle et nationale de l’immigrant. Dans ce contexte, il est possible d’observer des variations intéressantes en fonction du mode selon lequel l’individu se perçoit lui-même. En général, l’acculturation est limitée et les immigrés conservent une base identitaire liée à leur pays d’origine, mais enrichie par l’expérience personnelle découlant des situations interculturelles(14). 99 100 Dossier I Migrations latino-américaines I Richesse des expériences migratoires due à leurs contextes multiples En focalisant notre analyse sur les mouvements migratoires dans cette région du monde, nous pouvons noter que les motivations proprement économiques ne s’avèrent pas décisives. En revanche, l’espoir et la quête de meilleures perspectives d’avenir sont des éléments porteurs d’une force motrice conséquente pour l’immigration. Durant la guerre froide, le rôle joué par les convictions – ou du moins par les sympathies politiques – fut très important dans la prise de décision. En considérant les aspects avancés dans cette présentation, et tout en étant conscient du travail encore à réaliser, nous pouvons dire que la migration latinoaméricaine vers les pays d’Europe de l’Est et vers l’ancienne URSS possède des caractéristiques particulières. Étudier une telle expérience migratoire, qui s’est poursuivie en des contextes historiques, politiques et socioculturels variés et très souvent uniques, ne pourra qu’enrichir les connaissances actuelles que nous avons des phénomènes migratoires latino-américains de par le monde. ■ Article traduit par Mathias Bourrissoux Références bibliographiques • Dembicz, Andrzej, éd., Diálogo interregional entre Europa Centro-Oriental y América Latina, I-ra Reunión de Trabajo, Varsovia, 19-22 de Junio de 1996, Memorias, Warszawa : CESLA/Elektrim, 1977. • IOM (International Organization for Migration), Migration Trends in Selected Applicant Countries, [T.1 – Bulgaria, T.2 – Czech Republic, T.3 – Poland, T.4 – Rumania, T.5 – Slovakia, T.6 – Slovenia], Vienna, IOM., 2004. • Lastra Norambuena, Alfredo, “Huellas chilenas en Varsovia”, El Mercurio, Santiago, 10 janvier 1993. • Mattoza, Francesco, “Ciudadanías europeas. 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Nous prenons comme illustration le symposium “Émigration latino-américaine : comparaison interrégionale entre l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon”, organisé en décembre 2001 par le Centre japonais d’études régionales du musée national d’Ethnologie d’Osaka, au Japon. 2. Dix nouveaux pays ont intégré l’Union européenne, le 1er mai 2004 : la République Tchèque, Chypre, la Slovaquie, la Slovénie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte et la Pologne. La Bulgarie et la Roumanie ont réalisé leur entrée le 1er janvier 2007. Comme on peut le remarquer, il s’agit en majorité de pays des régions orientale, baltique et balkanique de l’Europe et qui, dans un passé récent, faisaient partie du bloc socialiste – certains en qualité d’États indépendants, d’autres en qualité de Républiques soviétiques ou yougoslaves. 3. Cela serait le cas d’Ana Cruz Domeyko Sotomayor qui, avec son mari polonais León Domeyko Markiewicz, quitte le Chili pour s’établir en Pologne en 1878. Madame Ana Domeyko était la fille de Ignacio Domeyko, grand scientifique polonais du XIXe siècle établi au Chili, pays dont il devint citoyen honorifique (voir Alfredo Lastra Norambuena, “Huellas chilenas en Varsovia”, El Mercurio, 10 janvier 1993, Santiago de Chile). 4. Francisco Rodríguez, “Los chilenos en Polonia”, in Dembicz, K., éd., Relaciones entre Polonia y Chile. Pasado y presente, Varsovia, CESLA, 2002, pp. 97-102. 5. En Pologne, par exemple, les quelques étudiants étrangers présents payent des cotisations annuelles allant de 2 000 à 6 000 dollars, selon la filière choisie. Ces paiements correspondent uniquement aux frais d’inscription. Les dépenses d’alimentation, de logement et les autres frais doivent être pris en charge par l’étudiant. Parmi les rares étudiants étrangers qui ne payent pas leurs études, on trouve les enfants d’immigrants polonais et quelques doctorants, qui réussissent à obtenir des aides complètes grâces aux accords interuniversitaires. 6. Francisco Mattoza, “Ciudadanías europeas. Eurolatinoamericanos : Capital humano para la Unión Europea”, site enplenitud.com. 7. Ewa Kępińska, Recent Trends in International Migration. The 2006 SOPEMI Report for Poland, CMR Working Papers, n° 15/73, Center of migration research, Warsaw University, 2006, voir le site, p. 21. 8. Francisco Rodríguez, “La emigración latino-americana en Polonia”, in Yamada, M., org., Emigración Latino- americana : Comparación Interregional entre América del Norte, Europa y Japón, JCAS, Symposium, series 19, Osaka, The Japan Center for Area Studies (JCAS), National Museum of Ethnology (Centre japonais d’études régionales du musée national d’Ethnologie d’Osaka, au Japon), 2003, p. 237-247. 9. Données de Newcronos, Eurostat, Adela Pellegrino, Migration from Latin América to Europe : Trends and Policy Challenge, Geneva, 2004, p. 19. 10. Francisco Rodríguez, op. cit. 11. En Russie, par exemple – selon les résultats communiqués par le ministre de l’Éducation de la Fédération russe –, depuis 1949, 76 000 citoyens issus de pays européens ont achevé leurs études supérieures, 66 000 issus des pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord, 53 000 d’Afrique centrale et d’Afrique du Sud, 112 000 des États asiatiques, 60 000 des pays latino-américains. Ces informations furent présentées à l’occasion du Sommet mondial des étrangers diplômés des Centres d’éducation supérieure de Russie (URSS), qui s’est tenu à Moscou, en mai 2003. Voir K. Vasilienko, “Reclutamiento para el pupitre”, Vremia Novostej On-Line, n° 82, 8 mai 2003. 12. Ce phénomène, évidemment, ne doit pas être compris comme une règle. En analysant le parcours des diplômés, nous voyons qu’ils ont réussi, pour une quantité considérable, à s’intégrer en tant que professionnels dans leurs pays d’origine. Sur ce sujet, nous renvoyons aux travaux réunis par le Congrès des diplômés des universités de Russie et d’ex-URSS (14, 15 et 16 mars 2007, Lima, Pérou). 13. Quelques publications apparaissent sur la thématique des expériences latino-américaines dans les pays du bloc socialiste. Citons en exemple le livre de Rodolfo Bueno Ortiz, Pasiones a la sombra del Kremlin, Editorial El Conejo, Quito, 1999, 399 p. 14. En Pologne, certains immigrants se perçoivent uniquement en tant que Polonais. Mais ce décalage apparaît surtout lorsqu’ils reviennent dans leur pays d’origine. À ce propos, les phrases qui ressortent des entretiens sont éloquentes : “Quand je suis en Équateur, je me sens polonais, quand je suis en Pologne, je me sens équatorien. Et j’aime vivre cette double appartenance entre ici et ailleurs” ; phrases citées par B. Parzych, “Inmigrantes latino-americanos, integración y funcionamiento en la sociedad polaca”, p. 72. 101