Allocution de Philippe Yvin au Rendez

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Allocution de Philippe Yvin au Rendez
RENDEZ-VOUS NUMERIQUE 2014
Grand Paris Express
« Inventons le métro le plus digital du monde »
Gaité Lyrique - vendredi 13 juin 2014
Allocution de Philippe Yvin
Président du directoire de la Société du Grand Paris
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le ministre, André Santini
Monsieur le président du comité stratégique, Jean-Yves Le Bouillonnec,
Mesdames et messieurs les élus, maires et parlementaires,
Mesdames et messieurs les partenaires de la Société du Grand Paris,
Mesdames et messieurs les contributeurs à l’Appel à manifestations d’intérêt,
Mesdames et messieurs les représentants des médias et des sites d’information,
Mesdames et messieurs, chers amis,
Permettez-moi tout d’abord de remercier chaleureusement tous les intervenants qui ont rendu
possibles ces échanges de très grande qualité, et tous ceux qui les ont enrichis grâce aux réseaux
sociaux. Merci à Philippe Lemoine de nous avoir fait partager sa vision des enjeux de la
transformation numérique. C’est un défi majeur pour notre économie, et naturellement pour les
transports.
Surtout je tiens à remercier, au nom de la Société du Grand Paris, tous les contributeurs à l’AMI à qui
cette matinée est dédiée. Je vous le dis avec beaucoup de satisfaction : nous avons été très surpris de
recevoir autant de contributions, d’une aussi grande qualité. Je mesure la responsabilité que cela
nous impose de prolonger cette collaboration et de donner vie à ce grand projet numérique que
vous avez commencé à dessiner avec nous. Vous avez fait un travail exceptionnel.
La méthode mise en place par la Société du Grand Paris pour concevoir et réaliser le futur métro,
vous le savez, c’est celle de la concertation et même, d’un véritable échange avec nos partenaires :
élus, acteurs économiques, associations et bien sûr les habitants de notre région. Je crois en effet
profondément à la nécessité de concevoir collectivement ce type de projet. C’est, au fond, le vrai
moment de fécondation des idées. Ce matin, sur la dimension numérique, nous souhaitons avoir une
nouvelle fois prouvé que notre volonté est d’agir pour les habitants, donc avec eux.
Ce rendez-vous qui nous rassemble autour du numérique n’est absolument pas la conclusion ou le
terme de notre parcours commun : c’est l’impulsion collective d’un processus que nous allons
entretenir dans la durée avec vous tous, qui forgez au jour le jour la vitalité de la région capitale. J’ai
été frappé par l’importance accordée ce matin à l’idée de créer plus de lien entre les voyageurs ou
entre les territoires. Ce lien, nous voulons aussi le tisser avec vous pour faire vivre une nouvelle
communauté : celle des pionniers du Grand Paris Express numérique.
Si nous avons entamé ce dialogue sur le numérique, c’est parce que c’est la seule démarche possible
à l’ère numérique, et c’est aussi par pragmatisme : grâce à l’AMI, vous nous aidez à dépasser nos
intuitions. Vous nous incitez à être ambitieux, à ne pas avoir peur d’expérimenter… Vous nous
communiquez votre enthousiasme et la richesse de vos idées. Tirant les leçons de cette première
phase, nous avons désormais la certitude de pouvoir inventer avec vous le métro le plus digital du
monde !
Ce projet de métro du Grand Paris, je vous le rappelle, répond à trois objectifs : il doit améliorer la vie
quotidienne des 12 millions de Franciliens ; il doit désenclaver des territoires aujourd’hui mal
desservis et les rendre plus attractifs ; il doit soutenir le développement économique et urbain de la
région Capitale.
Il ne s’agit pas de superposer un volet numérique à ces trois objectifs ; bien au contraire, nous
sommes persuadés que le numérique leur donnera une nouvelle dimension et fera émerger de
nouvelles opportunités pour les personnes, pour les territoires et pour les entreprises.
Prenons l’exemple de la qualité de vie : la révolution du mobile peut aujourd’hui créer une profusion
de nouvelles opportunités personnelles dans un environnement de métro. Nous voulons qu’un
voyage à bord du Grand Paris Express soit du temps actif, utile, du temps de développement
personnel, du temps choisi. Cela implique naturellement que les voyageurs aient accès à des services
et des contenus numériques en prise directe avec la vie quotidienne dans une grande métropole :
que ce soit la gestion des courses, la garde des enfants, les devoirs, l’optimisation du trajet, le
déplacement dans la gare ou le positionnement sur le quai. Tout ceci va reposer de plus en plus sur la
participation active des voyageurs et nous allons donc la susciter, la faciliter, la valoriser. Grâce à
l’AMI, vous nous avez aussi convaincu qu’il fallait investir sur la connaissance, sur la compétence, sur
les aspirations des voyageurs, et aussi sur le besoin de chacun d’entre nous de pouvoir communiquer
avec les autres dans un espace public, par exemple avec ceux qui partagent les mêmes centres
d’intérêt : un jeu, la connaissance du patrimoine du territoire traversé... Pourquoi un voyageur
passionné par l’histoire de telle ou telle commune ne pourrait-il pas lancer un dialogue, un défi, un
jeu aux autres voyageurs ? Cette idée, comme tant d’autres, est l’une de celles que vous nous avez
proposées en réponse à l’AMI et nous allons en tirer les conséquences.
Sur la question du désenclavement des territoires, vos contributions à l’AMI et les vidéos que nous
avons vues ce matin nous ont totalement convaincu : nous devons faire du Grand Paris Express le
grand canal d’irrigation numérique des 153 communes desservies et des 160.000 entreprises à
proximité. C’est un réseau qui a vocation à s’articuler avec tous ceux qui existent déjà, exactement
comme le métro. Mais sa configuration en rocade est unique, c’est le réseau de sécurisation par
excellence. C’est une réserve de puissance et de sécurité que la plupart d’entre vous ont
parfaitement identifiée comme telle. Au fur et à mesure que les technologies progressent – le Conseil
général de Seine-Saint-Denis se projette déjà, dans sa contribution, dans « l’ultra haut débit » chacun sait bien que la fracture numérique se reforme. Toutes les entreprises sont-elles égales
devant l’ultra haut débit en Ile-de-France ? Les PME et TPE ont-elles toutes accès aux services cloud
dans les mêmes conditions ? Bien sûr que non. Dans ce domaine comme dans les autres, le Grand
Paris Express peut jouer un rôle de rééquilibrage et d’anticipation, et c’est ce qui ressort très
clairement dans vos propositions.
Enfin, nous passerions à côté d’une autre grande opportunité historique si nous ne relevions pas le
défi de faire du Grand Paris Express un levier au service du rayonnement international de la région
Capitale. Les investisseurs doivent savoir qu’ils bénéficieront d’une infrastructure numérique de
dernière génération à l’échelle du Grand Paris. La conjonction du transport et du digital, en installant
par exemple des espaces de coworking dans les gares, est à même de transformer chacune des
communes desservies en autant de sites d’implantation des activités les plus innovantes au monde.
Cette infrastructure va produire de surcroît une quantité exponentielle de données numériques, qui
vont constituer une des sources majeures de l’innovation… Car je vous rappelle que le Grand Paris
Express, ce sont 205 km de métro automatique, 72 nouvelles gares… Le tout au service de 2 millions
de voyageurs par jour !
Sur tous ces sujets, vos contributions et les débat de ce matin ont été d’une grande richesse. Nous en
avons tiré les premiers enseignements, et nous sommes désormais en mesure de passer à une phase
plus concrète.
N’attendez pas aujourd’hui l’annonce d’un plan quinquennal. Car en matière d’innovation, c’est
précisément impossible. Il faut avoir une vision de ce que l’on cherche à accomplir, et avec l’AMI
grâce à vous maintenant nous l’avons. Mais c’est en restant agiles et souples que nous pourrons
saisir les opportunités et aboutir aux meilleurs résultats. Faire un métro digital, c’est se garder de
tout dogmatisme et rester disponible aux ruptures et aux surprises. Ce qui est essentiel, c’est de
créer l’environnement et les conditions propices à l’innovation, celles qui permettront aux
entrepreneurs et aux développeurs d’inventer encore et encore.
Il y a cependant des actions à engager rapidement.
Le sujet le plus urgent, car il impacte la conception même des ouvrages de génie civil, c’est de
prendre en compte dans nos études les spécifications techniques du réseau de fibre optique, du
réseau mobile et des datacenters, qui sont les trois dispositifs les plus structurants. Nous allons
demander aux maîtres d’œuvre de dimensionner ces réseaux en nous projetant dans le futur et nous
devons organiser leur exploitation opérationnelle de façon conforme aux pratiques des acteurs
numériques tout en valorisant au mieux notre patrimoine. Je souhaite donc mettre en place dès cet
été plusieurs groupes de travail pour réfléchir avec ceux d’entre vous qui utiliseront ces
infrastructures et parvenir au consensus le plus large possible.
En relation avec le déploiement des infrastructures, il y a une autre question importante que nous
devons traiter tout de suite : celle de la forme juridique la mieux adaptée pour construire, exploiter
et commercialiser ces réseaux. De nombreux contributeurs se sont dits prêts à investir avec nous et à
s’impliquer à nos côtés sur le long terme. Une société de projet organisant le co-investissement, puis
le déploiement et l’exploitation des infrastructures numériques n’aurait-elle pas une réelle
pertinence dans ce cas ? Le moment arrive de préciser nos positions avant la phase opérationnelle.
Nous allons donc engager avant l’été des études juridiques pour approfondir le mode de portage
de ces investissements, avec l’objectif de disposer d’une infrastructure numérique de dernière
génération qui serve sur le long terme l’ensemble des objectifs de la Société du grand Paris que j’ai
évoqués.
J’en viens à la question des données. Je vous annonce sans détour que nous allons ouvrir nos
données dès le second semestre. Le sujet a été largement traité tout à l’heure, vos réponses à l’AMI
sont sans ambiguïté, nous sommes convaincus qu’il faut y aller, et y aller dès maintenant : la
Société du Grand Paris va faire de l’Open data. Nous allons commencer par les données de
conception du métro et les données de modélisation du trafic voyageur, c’est-à-dire celles que nous
produisons ou que nous utilisons dans la phase d’étude. Nous réfléchirons le plus tôt possible avec
vous sur le format des données, sujet clé qui conditionne l’interopérabilité. Il y a le travail mené par
Henri Verdier à Etalab, mais aussi par Francis Jutand pour le Conseil national du numérique. Nous
serons présents, actifs et participatifs. Le Grand Paris Express va être, ainsi, un terrain
d’expérimentation de l’open data à très large échelle, et ce terrain c’est le vôtre.
Parallèlement à notre plateforme Open data, nous allons lancer un programme d’animation et de
soutien à l’innovation, un programme d’ « innovation ouverte ». Nous allons en préciser le contenu
avec vous dans le cadre d’ateliers que nous organiserons d’ici la fin de l’année. Bien que ce sujet ait
été abordé dans l’AMI, nous ne disposons pas d’éléments assez concrets en retour. Cela tient sans
doute au format écrit et nous devons changer de méthode, dialoguer avec vous dans un format
beaucoup plus interactif avec l’objectif de comprendre comment la SGP peut, au-delà de l’ouverture
des données, favoriser le travail des développeurs et des entrepreneurs.
Enfin, il me semble que l’ubiquité numérique ne permet pas de tout faire et que la proximité est
indispensable dans certaines circonstances. J’ai donc décidé de lancer la recherche d’un lieu sur le
tracé du Grand Paris Express pour l’installation d'un laboratoire d’innovation ouverte sur les
services numériques. La vocation de ce laboratoire sera d’accueillir l’ensemble des acteurs de la
filière de la mobilité connectée, francilienne ou non, et de leur offrir l’environnement pour
expérimenter leurs services en condition réelle.
Mesdames et messieurs, les transports publics et l’environnement numérique sont des piliers de
l’attractivité des métropoles mondiales ; toutes les études sur le sujet le confirment. Notre ambition
n'est donc pas superflue : elle conjugue transport et numérique et engendre des synergies que nous
voulons nouvelles, et inattendues. « Rien ne se fait de grand qui ne soit une espérance exagérée »
disait Jules Verne, qui a imaginé tant d’innovations qui allaient mettre parfois près de 100 ans à se
réaliser. Ce défi que nous voulons relever, c’est aussi notre contribution pour nourrir, en France, un
certain renouvellement de l'audace technologique.
Nous voulons enchanter le métro, pour reprendre une expression de Philippe Lemoine. Pour cela, la
Société du Grand Paris a besoin de vous. Avec le Grand Paris Express, nous offrons à tous les
entrepreneurs l’opportunité de bénéficier d’un terrain d’expérimentation inédit qui, si on sait être à
l’écoute des besoins et les anticiper, si on sait répondre par des services personnalisés, inventifs et
innovants, et bien oui, ce terrain porte en lui tous les germes pour devenir une vitrine de l’excellence
française. C’est un point majeur car comme l’a rappelé le Président de la République, François
Hollande, « une métropole parisienne plus forte en France, c’est aussi une France plus forte en
Europe » et dans le monde ! Mesdames et messieurs… c’est avec beaucoup d’enthousiasme que
nous bâtirons le Grand Paris Express pour tous et avec les Franciliens !
Je vous remercie,
Inviter les participants au cocktail amical proposé par la SGP
 Rendez-vous dans le Foyer historique de la Gaité