Etude /cause de divorce fr
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SOMMAIRE Introduction I-Méthodologie II-Divorce 1- Données 2- Causes 3- Conséquences III-Annexes 1- Questionnaire 2- Tableaux-résultats ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DU DIVORCE EN MAURITANIE INTRODUCTION Dans le cadre des efforts déployés par le Secrétariat d’Etat à la Condition Féminine (direction de la famille et de l’enfant) pour promouvoir le niveau de la famille mauritanienne sur tous les plans, une étude qualitative sur les aspirations des familles a été réalisée au milieu de l’année 1998. De même un « mois de la famille » a été organisé durant la période du 14 juillet au 14 août de la même année. De plus, dans ce cadre, il a été défini une politique de la famille Au nombre des problèmes fondamentaux soulevés par cette étude, et par d’autres documents diagnostiques, figure la question du divorce, source d’importantes difficultés économiques et sociales vécues par la société mauritanienne, notamment à la suite des transformations profondes résultant du passage soudain à la vie sédentaire après que le milieu rural fut devenu hostile avec le début des années 70. Aussi, la nécessité se fit-elle pressante de réaliser une étude sur les causes et les conséquences du divorce. Ce phénomène socio-démographique n’a en effet jamais fait, auparavant, l’objet d’une étude spécifique, bien que les résultats des recensements et enquêtes montrent un taux de divorce élevé au plan national et une importante variation de ce taux en fonction du milieu et de la catégorie sociale. L’étude précitée s’est fondée sur deux éléments essentiels : Un premier élément concernant les données relatives au divorce telles que révélées par les résultats des recensements et enquêtes antérieurs ; et un second élément relatif au travail de terrain qui a porté sut un questionnaire adressé à 400 individus (ayant statut de divorcés) et sur des interviews détaillées d’un groupe témoin (15 informateurs privilégiés). Le présent rapport portera sur la méthodologie suivie pour la réalisation de ladite étude et sur les données relatives au divorce, à ses causes et à ses conséquences avec, en annexe, des tableaux mentionnant les résultats tirés du questionnaire 2 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE I) - METHODOLOGIE La méthodologie suivie pour la réalisation de l’étude, sur les causes et conséquences de divorce, repose sur trois principales composantes : • Recherche bibliographique et documentaire • Recrutement, formation d’enquêteurs de terrains ; • Etude de terrain au niveau de trois Wilayas : (Nouakchott, Nouadhibou, Trarza). 1 - Recherche bibliographique et documentaire : 1.1 - Collecte des données : Elle a consisté à : - Collecter des données et documents relatifs au divorce - Contacter toute personne ou Institution détenant l’information - Regrouper les rapports et statistiques - Analyser et classer les données en vue de leur exploitation Cette action a permis de déterminer l’ampleur du phénomène et son évolution 1.2 - Echantillonnage : Compte tenu des données et statistiques recueillies et regroupées, l’échantillon de l’étude a tenu compte de l’aspect genre des ethnies et des groupes socio professionnels en milieu urbain et rural. Sur la base de l’expérience passée et des limites de l’étude, l’échantillon a porté sur 400 personnes en situation de divorce réparties sur les trois wilayas proportionnellement à l’importance de la population de chacune (70,3% à Nouakchott, 20,3% au Trarza et 9,4% à Nouadhibou). 1.3 - Elaboration du questionnaire : L’enquête de terrain a touché deux catégories de populations à savoir des personnes divorcées des deux sexes et des personnes ressources en contact avec le phénomène du divorce et appelées à intervenir à cet effet notamment les cadis, travailleurs sociaux, Imam, antenne régionale du SECF et délégués de l’Etat Civil. Un type de questionnaire a été conçu sous forme d’enquête sociale-familiale. La dite enquête comportait les données nécessaires sur l’enquêtée tant au niveau de 3 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE son identification, sa condition de vie, ses ressources, sa relation avec son ex époux (se), ainsi que des questions relatives à son niveau de vie avant et après le divorce. 2. Recrutement et formation des enquêteurs de terrain 2.1. Recrutement La réalisation de l’enquête nécessitait la formation de trois équipes d’enquêteurs, appelées à travailler au niveau des trois wilayas couvertes par le projet. Afin d’éviter les problèmes de déplacement, il a été procédé au recrutement au niveau de chaque wilaya, ce qui a facilité l’exécution de l’enquête et assuré un bon déroulement du travail dans la mesure où ils appartiennent au milieu et en ont une meilleure connaissance. A cet effet, il a été procédé au recrutement de : 10 enquêteurs à Nouakchott 8 enquêteurs au Trarza 5 enquêteurs à Nouadhibou Les enquêteurs recrutés ont un niveau de formation universitaire en sciences sociales et humaines leur permettant d’effectuer un travail d’enquête et d’investigation eu égard aux facultés de contact et de relations humaines qu’ils ont. 2.2 - Formation : Les enquêteurs recrutés ont été soumis à un cycle de formation aux fins de les doter des habiletés nécessaires pour réaliser l’enquête, collecter l’information, la transcrire et initier et conduire un entretien permettant de recueillir le maximum de données. La formation a porté sur : • • • • • • la méthodologie de l’enquête ; la transcription des données et l’utilisation du questionnaire ; le comportement vis à vis de l’enquêté ; la conduite de l’entretien le respect de la personne enquêtée la confidentialité de l’information. Ceci appuyé par des travaux pratiques portant sur : • l’utilisation des questionnaires • la conduite de l’entretien 4 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE Trois ateliers de formation ont été organisés au niveau de chaque wilaya avec une durée de : • 4 jours à Nouakchott • 2 jours au Trarza • 2 jours à Nouadhibou 3 - Etude de terrain : Sous la conduite et la supervision du consultant, les enquêteurs ont exécuté l’étude de terrain, conformément à l’échantillon défini et à la répartition géographique et par milieu. Cette répartition est représentative, en fonction de chaque milieu (urbain, sub -urbain, rural et milieu social de l’enquêtée). C’est ainsi que, pour les populations rurales, l’on a retenu les Moughataa rurales de la wilaya du Trarza (Keur Macène, Mederdra, R’Kiz, Wad Naga) en raison de l’absence de centres urbains dans ces Moughataa, alors que Nouakchott et Nouadhibou représentent le côté populations urbaines dans l’enquête. Outre l’enquête auprès des populations ciblées, des entretiens avec 5 personnes témoins par wilaya ont été effectués. Les personnes témoins ont été choisies compte tenu de leur fonction et de leur statut social au niveau des wilayas. La durée de l’étude de terrain était de : • 7 jours à Nouakchott • 6 jours au Trarza • 2 jours à Nouadhibou II) - LE DIVORCE : Le divorce est un phénomène social différent du mariage, dont la fréquence varie d’une société à l’autre en fonction de l’héritage culturel, de la situation économique et des formalités et droits y afférents. Il va de soi que les sociétés humaines n’ont pas de législation uniforme à ce sujet. Il n’est donc pas surprenant que ce phénomène soit très répandu dans telle société et très rare dans telle autre. Dans le cas de la Mauritanie, on note que la conception du divorce chez la génération présente diffère de celle qu’en avaient les générations passées, qu’il s’agisse de l’homme ou de la femme. La société maure (bidane) considérait que le nombre de mariages de la femme était signe de son attrait et lui conférait par là même une certaine distinction sociale. Mais, en même temps, notre héritage culturel reconnaît que le maintien du lien conjugal jusqu’au décès de l’un des conjoints est 5 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE bien la preuve irréfutable de la pérennité de leur amour. Il arrive même que l’un des conjoints renonce à se remarier après son veuvage par fidélité à la mémoire de l’autre. D’une manière générale, le divorce est plus répandu dans la société maure (bidane) que dans les autres composantes de la population mauritanienne (négroafricains) chez lesquelles, au demeurant, on observe des différences entre les groupes Ouolof, Soninké et Hal Pular à cet égard. L’accroissement du taux de scolarisation des filles et le recul de la polygamie ont entraîné une augmentation relative du nombre de divorcées chez ces groupes. 1) Données statistiques sur le divorce : l’évaluation d’un phénomène fluctuant comme le divorce suppose l’existence, à travers des registres d’état civil, de données qui en accompagnent la dynamique. Ce qui n’est pas encore le cas eu égard au caractère récent de l'établissement de tels registres d’une part et du peu d’intérêt que le citoyen attache à la déclaration de divorce d’autre part. Nous avons donc constaté au cours du travail de terrain qu’il n’y a pour ainsi dire point d’enregistrement de divorce auprès des centres d’état civil, même à l’intérieur des quartiers de la capitale. La mouquataa de Arafat, pourtant la plus représentative des mouquataa de la capitale en matière de disparité économique et sociale, n’a ainsi connu que deux cas d’enregistrement de divorce durant tout le premier semestre de l’année 2000. De même, les centres d’état civil de Nouadhibou, en dépit de la présence de 12 délégués de l’état civil dans cette ville, n’ont pas enregistré plus de deux cas de divorce durant l’année 1999. D’un autre côté, les registres des tribunaux, censés constituer une source de données relatives au divorce, ne fournissent pas grand chose dans ce domaine. Si l’on consulte les registres des tribunaux on constate que les cas de divorce enregistrés ne représentent qu’une proportion négligeable car seuls comparaissent devant ces tribunaux les couples ayant connu des conflits conjugaux. Les divorces ordinaires, eux, se font sans qu’aucune déclaration n’en soit faite devant les tribunaux. Il a été remarqué, à l’occasion du travail de terrain de cette étude, une grande disparité entre les jugements de divorce enregistrés en milieu urbain et ceux enregistrés en milieu rural. Il suffira de mentionner, à titre comparatif, que les cas de divorce enregistrés dans la mouquataa de R’Kiz ( Wilaya du Trarza) n’ont pas dépassé un seul cas pour l’année 1999 et un seul cas pour les premiers mois de l’année 2000, alors que le nombre de cas enregistrés au niveau de l’une des mouquataa de la capitale (Toujounine) atteignait 36 en 1998 et 24 en 1999, puis 30 pour le premier semestre de l’année 2000. 6 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE En plus du nombre limité d’enregistrements de divorce auprès des tribunaux, il se pose à ce sujet des difficultés d’ordre méthodologique portant sur la classification de ces jugements en fonction de leur nature et des causes y ayant présidé D’une manière générale, ces deux sources (tribunaux et centres d’état civil) ne peuvent être actuellement fiables pour déterminer l’étendue de cet important phénomène socio-démographique. Aussi faut-il, pour se rapprocher de la réalité, s’en tenir aux indications fournies par les résultats des recensements et enquêtes Les données actuellement disponibles sur le divorce sont fournies pour l’essentiel par le résultat des deux recensements opérés à ce jour dans le pays (1977 et 1988 ), en plus de quelques indications tirées de l’enquête démographique de 1965 et de l’enquête nationale sur la fécondité de 1981 Ce qui ressort d’emblée de ces différentes sources statistiques, c’est l’ampleur du divorce dans la société mauritanienne. Selon les résultats de l’enquête démographique de 19651, le taux de divorce pour la tranche d’âge 12 ans et plus ne dépassait guère 4,3% à l’époque pour les hommes alors qu’il atteignait 10,4% pour les femmes. Pour la tranche d’âge 15 ans et plus, ce taux était de 4,8% chez les hommes contre 10,9% chez les femmes. Il variait entre les milieux nomade et sédentaire. Les femmes divorcées représentaient 12,1% chez les nomades et 3,3% chez les sédentaires. Les hommes divorcés, eux, représentaient 5,7% en milieu nomade et 0,4% en milieu sédentaire. S’agissant de la variation du phénomène de divorce en fonction des groupes ethniques et des classes sociales, l’enquête2 montre que le groupe maure vient en tête avec 5% chez les hommes et 11,8% chez les femmes, alors que le pourcentage était assez bas pour les autres groupes : 0,2% chez les hommes Hal Pular et 3,1% chez les femmes ; 0,8% chez les hommes Soninké et 1,3% chez les femmes ; 1,9% chez les femmes Ouolof ( le pourcentage chez les hommes Ouolof n’a pas été mentionné). On a constaté que le taux de divorce était, à l’intérieur du groupe maure, plus élevé chez les couches subalternes comprenant les agriculteurs, les artisans traditionnels, les éleveurs. On constate par ailleurs que la proportion de femmes divorcées est considérablement supérieure à celle des hommes divorcés quels que soient le milieu, le groupe ethnique ou la classe sociale. Ce qui explique que le statut de divorcé est un statut provisoire chez l’homme alors qu’il peut durer bien plus longtemps chez la femme. 1 2 Enquête démographique 1965, pp 151 -152 IBID, p 161 7 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE Si telle était la situation dans les années 60, le premier recensement effectué en a donné, lui aussi, un certain nombre d’indications relatives au phénomène du divorce dont le taux était, selon les résultats dudit recensement, de 7,25% dont 85,5% concernent les femmes. Il a donc été observé que le taux de divorce a varié selon les sexes et les milieux. Il était 2,5% chez les hommes, sur le plan national, mais il croissait en milieu urbain (3,3%), baissait en milieu nomade (1,9%), et correspondait à la moyenne nationale en milieu rural sédentaire (2,5%). Pour les femmes, ce taux était de 12% au plan national, mais avec une forte croissance en milieu urbain (16%), suivi du milieu nomade (11,4%), puis du milieu rural sédentaire(10,7%). Il faut préciser ici que la limite de tranche d’âge inférieure varie entre hommes et femmes (respectivement 15 ans ou plus et 12 ans ou plus). 19773 Considérant que le statut de divorcé est plus durable chez la femme que chez l’homme, le premier recensement a traité cet aspect sur la base du taux de divorce chez les femmes non célibataires. Il est apparu que la proportion de divorcées dans ce groupe atteignait 15,8% au plan national, qu’elle demeurait voisine de ce taux en milieu nomade (15,4%) et qu’elle décroissait un peu en milieu rural sédentaire (13,8%). Elle monte à 21% en milieu urbain. On peut en conclure de manière évidente que la proportion de femmes divorcées parmi les non célibataires est importante quels que soient le milieu et la tranche d’âge4 Les résultats de l’enquête nationale sur la fécondité de 19815 ont montré que 13,9% des femmes interrogées à l’époque étaient divorcées, mais cette proportion variait selon les groupes ethniques. Elle atteignait 20% chez les femmes maures et ne dépassait guère 3% chez les groupes négro-africains. Selon le deuxième recensement (1988)6, le taux de divorce était de 6,5% chez l’ensemble de la population âgée de 10 ans ou plus. Les femmes représentaient 83,4% de ce taux. La proportion d’hommes divorcés augmente néanmoins un peu en milieu urbain pour atteindre 18,1% (contre 81,9% pour les femmes). Elle se trouve en de ça de la moyenne nationale tous sexes confondus, atteignant 14,4% en milieu rural sédentaire (contre 85,6% pour les femmes ) et 17,2% en milieu nomade (contre 82,8% pour les femmes ). 2) Les causes du divorce : Partant des observations et de la réalité du terrain, l’on peut affirmer que les causes les plus répandues du divorce sont liées à des considérations d’ordre économiques, sources de difficultés à couvrir les pensions alimentaires et à faire face aux autres problèmes rencontrés par la famille. L’exploitation des registres des tribunaux montre que la cause principale des divorces prononcés par ces tribunaux réside dans les difficultés à prendre en charge la pension alimentaire ou dans R.G 1977, Volume II, pp 83 - 84 IBID, p 91 5 Enquête sur la fécondité (1981) vol I, p 43 6 R.G 1988, vol: II, PP.78-81. 3 4 8 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE l’absence de longue durée. Les deux choses découlent d’ailleurs l’une de l’autre car c’est bien en raison des difficultés économiques que l’on est amené à émigrer à la recherche de nouvelles opportunités, ce qui peut entraîner une longue absence. En général, outre l’aspect économique, les causes les plus répandues du divorce trouvent leur source dans le comportement des deux conjoints, dans l’ingérence de leurs parents, dans leur grande différence d’âge, dans la disparité de leur niveau d’instruction, dans l’état de santé de l’un d’eux ou, enfin, dans l’absence d’amour. Toutes ces causes sont le résultat d’un certain nombre de facteurs, mais il est utile de souligner que les changements subis par la société mauritanienne à l’issue de la sécheresse des années 70 ont eu un impact considérable sur l’expansion du phénomène du divorce. L’éblouissement devant la vie urbaine et la pression exercée par les exigences matérielles de celle-ci ont en effet soumis la solidité du lien conjugal à rude épreuve. Les tentations se font de plus en plus fortes – et efficientes – et les substituts deviennent de plus en plus nombreux selon la loi de l’offre et de la demande, et ce au moment où s’estompent les valeurs de la société traditionnelle dont les orientations et règles s’imposaient à l’individu. Les interviews du groupe témoin ont également permis d’identifier certaines causes de divorce qui peuvent être ainsi résumées : - La non conformité aux préceptes islamiques l’ingérence des parents et les conflits qui en découlent l’absence du choix du partenaire convenable la non préparation de la jeunesse à la vie conjugale le caractère onéreux des dots le passage de la vie nomade à la vie citadine la baisse du niveau économique du mari la faiblesse de la censure sociale l’ébranlement des valeurs en raison des coutumes acquises le mariage précoce et fortuit l’absence de franchise entre les deux conjoints l’attachement au luxe (superflu) conduisant à un plus grand endettement du mari le non- accomplissement, parfois, de ses devoirs par la femme la différence d’âge entre les deux conjoints la disparité des valeurs socioculturelles l’absence d’un code de la famille l’influence des médias extérieurs (films) l’état de santé de l’un des conjoints, y compris la stérilité la jalousie et le manque de confiance. 9 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE 3) Conséquences du divorce S’agissant des effets du divorce, il n’est point besoin de s’y appesantir. La rupture du lien conjugal n’affecte pas que les deux conjoints, mais ses conséquences s’étendent aussi aux enfants et aux parents. Elle engendre des problèmes dont les méfaits vont parfois au-delà d’une génération. L’exemple le plus frappant des effets négatifs de la dissolution du foyer est l’absence de prise en charge éducationnelle, sanitaire et psychologique d’un grand nombre d’enfants qui, dès lors, n’ont d’autres perspectives que la vie dans la rue, le vol et autres formes de délinquance ; alors que, nés totalement innocents, il eût été légitime qu’ils mènent une vie honorable à l’instar de leurs semblables qui ont échappé à ces effets. Outre ce phénomène de vagabondage, nous sommes en présence d’une longue liste de problèmes engendrés par le divorce, dont la pension alimentaire et la prise en charge sanitaire et éducationnelle ; toutes choses qui, dans la plupart des cas, restent exclusivement aux frais de la mère, ce qui, souvent, la pousse à emprunter des voies – qu’elle n’aurait jamais admises en temps normal – en vue d’assurer la satisfaction des besoins fondamentaux de ses enfants. Cet état des choses est singulièrement aggravé par l’absence d’un code familial. De nombreuses familles se trouvent en effet dans une situation d’embarras permanent du fait des coutumes, sans fondement aucun en droit musulman du reste, qui imposent à la partie ayant subi préjudice de ne point réclamer ses droits. Les interviews précitées ont montré que les conséquences du divorce se résument pour l’essentiel en : - la multiplicité des charges pour le mari (ayant répudié) les difficultés économiques pour l’épouse (répudiée) la vulnérabilité morale de la divorcée, pouvant la conduire à des écarts de conduite l’absence pour l’enfant de l’affection paternelle et les conséquences qui peuvent en découler pour son comportement. En général, ce phénomène est source de préjudices pour les conjoints, pour leurs enfants, et pour la société dans son ensemble. Nous ne nions pas que le divorce puisse être une solution, mais on ne doit y recourir que dans les cas extrêmes. Cela dit, les effets néfastes du divorce sont prévenus, au départ, à travers les solutions présentées par les dispositions juridiques du droit musulman en la matière. Mais la prépondérance des pratiques qui ont les coutumes pour cadre de référence a empêché l’application du code de la famille et contribué ainsi à l’aggravation des problèmes nés de la dissolution de celle-ci. 10 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE Références 1. SECF/FNUAP, Mois de la famille, Diagnostic. Nouakchott, juillet 1998. 2. SECF/ Dir. Famille et enfant, Les grandes lignes de la politique de la famille. Nouakchott, 1998. 3. Sidi Abdoullah Ould Mahboubi, Etude qualitative sur les aspirations de la famille mauritanienne Rapport final. SECF. Dir. Famille et enfant,Nouakchott, Janvier 1999. 4. Sidi Abdoullah Ould Mahboubi et Ahmed Baba Ould Moulaye, Migration, urbanisation et famille en Mauritanie. Association mauritanienne pour les études scientifiques de population, Juillet 1996. 5. Ministère de la justice «Projet code de la famille ». 6. Développement social, «la famille n°2 : Le rôle de la famille dans le processus de développement » Nation Unies, département des affaires économiques et sociales internationales. New-York, 1986. 7. Ministère du Plan et de l’Aménagement du Territoire, Dir. de la Statistique et de la Comptabilité Nationale. « Enquête nationale mauritanienne sur la fécondité, 1981 », Rapport principal, vol. I, Analyses des principaux résultats. Mars 1986. 8. Ba Amadou, Quelques aspects de la collecte des données démographiques en Mauritanie. Mémoire présenté à la faculté des études supérieures n° 16. Montréal, 1987. 9. Institut mauritanien de recherche socioculturelle, vol. I , juillet 1992 10. R.I.M. Ministère des Finances, Publique « Enquête démographique INSEE/SEDES, Paris, 1972. du de scientifique (IMRS), Enquête Plan et de la Fonction 1965, Résultats définitifs, 11. Abdellahi O. KEBD, Nuptialité et mobilité conjugale en Mauritanie, Ministère du Plan, FNUAP, 1994. 12. Office National de la Statistique (ONS), Recensement Général de la population 1977 13. (ONS), Recensement Général de la population et de l'habitat 1988. 11 ETUDE SUR LES CAUSES ET CONSEQUENCES DE DIVORCE EN MAURITANIENNE III) - ANNEXES: 1. Questionnaire 2. Tableaux - résultats 12