Présentation de fichiers provisoires

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Présentation de fichiers provisoires
Présentation de fichiers provisoires
Puisque le DECA est un projet à long terme dont la publication n’aura pas lieu de sitôt, nous
sommes d’avis qu’il pourrait être utile de mettre en ligne des fichiers incomplets, mais qui
contiennent déjà les attestations des sources créoles que nous avons dépouillées
systèmatiquement, à savoir :
A. Valdman et al. 1998 Dictionary of Louisiana Creole (DLC).
A. Valdman (dir.) 2007 Haitian Creole–English Bilingual Dictionary (HCED).
D. Fattier 1998 Atlas Linguistique d’Haïti. Cartes et commentaires, 6 vol. (ALH).
R. Ludwig et al. 21990 Dictionnaire créole–français (LMPT).
H. Tourneux & M. Barbotin 1990 Dictionnaire pratique du créole de Guadeloupe (T/B).
M. Barbotin 1995 Dictionnaire du créole de Marie-Galante (MBa).
R. Confiant 2007 Dictionnaire créole martiniquais–français (RCo).
J. E. Mondesir 1992 Dictionary of St. Lucian Creole (JMo).
P. Crosbie et al. 2001 Kwéyòl Dictionary (KD).
G. Barthèlemi 2007 Dictionnaire créole guyanais–français (GBa).
J. Le Dû & G. Brun-Trigaud 2011-2013 Atlas linguistique des Petites Antilles (ALPA)
Le dépouillement s’effectue selon l’ordre alphabétique des dictionnaires créoles, ce qui
entraîne que bon nombre de mots changent de position s’ils sont classés sous l’entrée de
l’étymon français (anfan, zanfan → enfant, lekay, zekay → écaille, chape → échapper). Les
fichiers se complèteront au fur et à mesure que la saisie des données progresse (en juillet 2015
elle est presque terminée). En ce qui concerne les attestations des mots dans les textes français
de l’époque coloniale (v. l’article kanari ci-dessous), la plupart des citations sont reprises de
la littérature existante (par exemple König 1939, Friederici 1960, Arveiller 1963), elles seront,
dans la mesure du possible, complétées par nos propres dépouillements. Nous tenons aussi
compte des recherches récentes concernant les français régionaux de la Caraïbe (cf. les
travaux de Silke Jansen et André Thibault dans la bibliographie povisoire).
Nous avons l’intention de terminer la saisie des mots créoles avant d’entreprendre des
recherches étymologiques en profondeur. Durant cette première étape de travail nous
consultons, pour les mots d’origine française, les dictionnaires du français moderne, NPR
(Nouveau Petit Robert), TLFi (Trésor de la langue française en ligne), et le FEW (Wartburg,
Französisches Etymologisches Wörterbuch). Néanmoins, il subsiste un résidu de termes à
l’apparence « française », mais – sauf erreur de notre part – introuvables dans les
dictionnaires consultés. Nous espérons que la compétence des locuteurs francophones,
dialectologues et autres spécialistes de variétés régionales ou historiques du français pourra
nous aider à combler les lacunes. Celles-ci se manifestent surtout dans la Deuxième Partie qui
contient les mots d’origine non-française ou inconnue, mais aussi dans bon nombre d’articles
de la Première Partie dans lesquels nos propositions étymologiques sont incertaines.
Nous préparons actuellement une banque de données qui offrira des possibilités plus
sophistiquées de recherche. En attendant, nous publions par la suite environ la moitié de la
Partie II du DECA. L’entrée kanari peut illustrer notre méthode de présenter les données et la
microstructure des articles :
kanari n. ‘jarre’
♦ Guy. « Les femmes y prennent garde & l’emportent pour l’accommoder & faire cuire,
soit en le faisant bouillir dans vn pot, qu’ils appellent Canary… » (Biet 1664, 357) ;
♦ Mart. « La boisson ordinaire que l’on appelle Oüycou se fait dans de grand [sic]
vaisseaux de terre, faits en façon de cloches, qui tiennent enuiron vn demy poinçon. Les
Sauuages les font eux-mesmes, & les appellent à l’imitation des Espagnols, Cannary. »
(Du Tertre 1654, 184) ; ♦ Ant. « Les Sauvages, & à leur imitation les Européens les
appellent Canaris ; nom generique qui s’étend à tous les vaisseaux de terre grands et petits,
& à quelque usage qu’ils soient destinez. » (Labat 1722-1, 397) ;
haï. canari ‘vase de terre cuite dans lequel on reçoit le sirop qui découle des formes’ (SDu
300) ; ‘vase de terre caraïbe’ (Faine) ; kannari, kanari ‘large earthenware vessel [for
storing water]’ (HCED ; ALH 747) ; ‘jarre à eau’ (ALH 753) ; ‘jarre ancienne en terre’
(ALH 754) ; ant. id. ‘marmite en terre cuite, ou son contenu’ (RGe canari) ; gua. kannari
‘faitout, marmite’ (LMPT ; MBa) ; mart. canari ‘vase dans lequel on fait cuire, et aussi le
mets lui-même lorsqu’il est cuit’ (Marbot 1846, 131) ; kannari, kannan (arch.) ‘terrine en
terre cuite’ (EJo 83 ; RCo) ; StLuc. kannawi ‘earthen cooking-pot, clay pot’ (JMo ; KD) ;
guy. kannari ‘marmite, faitout’ (GBa) ; tri. canari [sans traduction] (JTh 69) ;
► mart. kannari-makak ‘quatilé à grandes fleurs, Lecythis grandiflora’ (EJo 273) ; guy.
id. ‘fruit sauvage en forme de marmite, apprécié par les singes’ (GBa) ;
► haï. bòs kanari ‘potier’ (ALH 1453/1, 19).
○ F.R.A. canari ‘marmite, faitout’ (Telchid) ; ‘récipient de cuisine en terre cuite ayant la
même fonction qu’une marmite’ (Thibault 2008c, 248). Pour les attestation dans plusieurs
variétés de français d’Afrique v. la bibliographie de Thibault 2008c, 249-250 et Thibault
2015, 139-140.
Esp. amér. (RD) canarí (voz caribe) ‘vasija de barro’. Usábase en Puerto Rico (Neves).
E/CTT canari(s), canaree, canary (obs) ‘a large earthenware jar, usu. made of red clay,
used for storing food or as a pot for cooking (< LAS canari ‘earthenware jar’/ FC canari
‘earthen pot’ < Carib) (Winer).
◄ Orig. amérind., voc. des îles. Emprunté par les Français au caraïbe insulaire, cf. Breton
1665/1892, 107 : canálli, grands Vaisseaux de terre dans lesquels les Sauuages font leur
vins.
Renault-Lescure 1999, 259 : mot d’origine karib (en kali’na kana:li), apparaît très tôt dans
les emprunts amérindiens faits par les langues européennes ; cité d’abord comme un mot
galibi, par Biet par exemple [v. la citation ci-dessus], il est utilisé comme mot du français
des îles par Breton. Du français d’Amérique où son emploi contemporain est limité, ce mot
s’est répandu dans le français d’Afrique. – GFr 125 ; TLF canari ; ALH 1, 346 ; Jansen
2012a, 120 ; 2012b, 94 et 96.
Le signe ♦ marque les attestations dans des textes français de l’époque coloniale. Suivent les
attestations dans les créoles de la zone américaine, rangées dans l’ordre géographique, c’est-àdire de la Louisiane jusqu’à la Guyane française et transcrites (saufs exceptions) selon
l’orthographe officielle de l’haïtien (v. HCED V-VI). Les exceptions, transcrites en italiques
grasses, sont les attestations relevées de textes anciens (p. ex. Ducoeurjoly ou Faine pour
l’haïtien) dont nous ne pouvons pas être sûrs de la prononciation. Après le signe ► suivent les
dérivés ou composés, y compris les produits de dérivation impropre (changement de classe
grammaticale). Après le signe ○ nous donnons des attestations du terme dans le français
régional, l’espagnol de la Caraïbe et l’anglais/créole de la Trinité & Tobago. La
documentation du dictionnaire du E/CTT de Lise Winer est particulièrement intéressante
parce qu’il contient beaucoup de mots du créole français de la Trinité, langue moribonde pour
laquelle nous n’avons que l’ouvrage de J.J. Thomas (1869) et la documentation de l’ALPA.
Les explications étymologiques sont fournies après le signe ◄. Pour les abréviations v. la
liste « Abréviations et signes » et la « Bibliographie provisoire ».
Dans la Partie II du DECA, nous avons essayé de systématiser dans la mesure du possible les
indications étymologiques. Dans les fichiers PDF mis en ligne, on pourra chercher les mots
d’origine espagnole (« Esp…. »), anglaise (« Angl….), africaine (« Orig. afric. »), d’origine
amérindiennes (« Orig. amérind. »), les onomatopées, etc. Les très nombreux termes d’origine
inconnue ou incertaine (marqués « Orig. inc. ») montrent que notre dictionnaire n’est qu’une
très modeste tentative de déblayer un terrain qui attirera, nous l’espérons, d’autre chercheurs
qui continueront les travaux que nous ne pourrons pas mener à terme.

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