Comment expliquer la croissance des Trente glorieuses

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Comment expliquer la croissance des Trente glorieuses
Comment expliquer la croissance des Trente glorieuses ?
Problématique ( !) : Montrer que, derrière des facteurs macro-économiques et des
institutions économiques bien visibles, se cache un rapport social particulier, plus difficile à
circonscrire et à analyser que les autres facteurs, mais que l’on semble pouvoir poser comme
élément constitutif du caractère « exceptionnel » de la croissance des Trente glorieuses.
I) Les Facteurs Macro-économiques de la Croissance des Trente Glorieuses
Idée générale : La croissance économique est l’effet direct de l’utilisation d’inputs
supplémentaires (croissance extensive) ou d’une utilisation plus efficace des inputs
(croissance intensive). Pendant les Trente glorieuses, le caractère intensif de
l’accumulation l’emporte largement ce qui, dans une approche en termes de
« comptabilité de la croissance », nous conduit à donner une place essentielle au
progrès technique.
1) Les facteurs d’une croissance extensive
Arguments mobilisables Maddison (1995) (Taux de croissance 19501973 : E-U 3.9, F 5.0, All 6.0, Jap 9.3. Dont « Volume » des facteurs de
production : E-U 2.2, F 1.8, All 1.9, Jap 4.2) CDM (Volume du capital
net : 1.1 pour 1951-1969). Appuis théoriques : Solow (1956), thèse du
rattrapage, Romer (1986)
2) La décomposition du résidu
Arguments mobilisables : Maddison, CDM, Denison : la décomposition
de la PGF laisse une partie importante de la croissance inexpliquée,
laquelle est attribuée au Progrès technique au sens étroit. Celui-ci
peut-être analysé à partir des 5 types d’innovations (Schumpeter).
D’où l’importance de l’organisation du travail L (OST…), de
l’organisation de l’entreprise (Chandler), des innovations
technologiques (Chimie organique : polystyrène 1930, Aéronautique :
avion Douglas 1935, Electrodomestique : Télévision 1936)
II) Des Institutions Economiques Favorables à la Croissance
Idée générale : Au lendemain de la 2GM, plusieurs institutions économiques
prennent une place importante dans la régulation de l'économie. Les institutions
internationales vont constituer un cadre sans lequel de nombreux facteurs
économiques n’auraient pu influencer la croissance. C’est également le cas de l’Etat
au niveau national, lequel va, de plus, intervenir plus directement dans la production
de richesses.
1) Les institutions économiques et monétaires internationales
Arguments mobilisables B-W (1944), GATT (1947), Plan Marshall
(1947), OECE (1947), CECA (1951), Traité de Rome (1957). Appuis
théoriques : spécialisation optimale (avantages comparatifs),
économies d’échelle, diffusion du progrès technique, pression
concurrentielle, question du financement de la croissance (pas
d’épargne préalable).
2) L’Etat producteur, régulateur, protecteur
Arguments mobilisables : Etat-keynésien régulateur de la conjoncture,
Etat interventionniste par les politiques structurelles. Effets sur la
croissance : 1) l’Etat contribue-t-il à la croissance équilibrée ? (d’après
le I, les modèles d’offre semblent bien représenter la croissance, or,
dans le modèle de Solow, par ex, « je suppose que tout ce qui est
épargné est investi » (Swan)) ; Si l’Etat n’avait pas évité les crises, n’y
aurait-il pas eu une croissance plus faible ? (effets d’hystérèse) ; appuis
théoriques : Harrod-Domar, Azariadis. 2) au travers de sa politique
structurelle, l’Etat a stimulé des secteurs clés, en particulier des
secteurs à rendements croissants (automobile, transports, secteurs où
notamment la concentration permet une réduction des coûts de
transaction), des secteurs générateurs d’externalités positives
(infrastructures, recherche, éducation), l’Etat a réduit l’incertitude
(planification indicative) ; appuis théoriques : modèles de croissance
endogène (Romer (1986,1990), Lucas (1988), Barro (1990).
III) L’Insuffisance des Facteurs Précédents et le Rapport Social particulier au Fondement de
la Croissance des Trente Glorieuses
Idée générale : Les facteurs de la croissance des Trente glorieuses que nous venons
d’analyser se retrouvent dans des périodes de l’histoire au cours desquelles la
production de biens et de service est nettement moins soutenue et longue. Comment
alors expliquer cette spécificité des Trente glorieuses ? Une institution est « un
ensemble de règles communément admises au sein d’un espace économique donné
et de moyens de faire respecter ces règles » (North). Or, pour un grand nombre de
ces règles, le fait qu’elles soient communément admises ne peut ni être imposé de
manière centralisée ni émerger spontanément des relations marchandes. Ce qui fait
la spécificité des Trente glorieuses semble alors résider dans le fait que l’harmonie
des institutions permettant une coordination économique et sociale générale et
efficace repose sur un rapport social spécifique à cette période.
1) Des facteurs macro-économiques et des institutions économiques non spécifiques
aux Trente glorieuses : une comparaison dans le temps
Arguments mobilisables : 1) Le progrès technique est-il moins fort
avant et après les Trente glorieuses ? Appuis : Asselain, paradoxe de
Solow (1987). 2) L’Etat est-il moins présent avant et après ? (oui avant,
bien que New-Deal ; non après : la crise de l’E-P est une conséquence
plus qu’une cause de la fin des Trente glorieuses) 3) Le développement
du commerce international est-il moins important avant et après ? (oui
avant mais non après, au contraire)
2) L’adhésion à un projet commun ou le rapport social particulier au fondement de la
croissance des trente glorieuses
Arguments mobilisables : 1) Le progrès technique n’est ni un don du
ciel ni un don de l’Etat ; il suppose une acceptation sociale et une
croyance dans les vertus du progrès. Par exemple, l’OST est un facteur
de la croissance des Trente glorieuses qui est un élément du
compromis salarial fordiste, la participation des agents économiques
(salariés en particulier) suppose une confiance qui n’est pas donnée a
priori (il y a toujours conflit pour le partage de la VA mais les règles
gérant ce conflit sont acceptées par (presque) tous). Appui : théorie
des contrats (Akerlof), Ecole de la Régulation. 2) Les institutions
internationales des Trente glorieuses naissent dans un contexte
historique particulier qui stimule la cohésion : l’après-guerre, l’après
dépression des années 1930, l’opposition au bloc communiste. 3) La
consommation de masse de produits standardisés : certes l’Etat y
contribue (salaire indirect lié à la politique sociale) mais c’est d’abord
un phénomène social (American Way of Life…).

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