lire - Notre Dame d`Espérance

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Isaac, l’enfant de la promesse
P. Jacques Nieuviarts a.a. – Notre-Dame d’Espérance – Parcours biblique – 11 décembre 2012
Le trait d’union entre Abraham et Jacob
Comparé à Abraham et à Jacob, Isaac fait l’effet d’un personnage assez terne. Les récits le
concernant s’inscrivent dans le cycle des récits concernant Abraham (ainsi sa naissance : Gn 21 ; le
« sacrifice » : Gn 22 ; son mariage avec Rébecca : Gn 24) ou son fils Jacob (ainsi la naissance d’Esaü et
Jacob : Gn 25,19-28 ; la bénédiction d’Isaac usurpée par Jacob : Gn 27 ; l’envoi de Jacob en Aram : Gn
28,1-5 ; le récit de la mort d’Isaac : Gn 35,27-29). Isaac semble ainsi n’apparaître qu’en fonction
d’Abraham et de Jacob. Seul Gn 26 le concerne directement. Ce chapitre raconte les démêlés d’Isaac
avec Abimélek et l’installation à Beer Sheva. Un récit très proche de Gn 20, l’histoire du temps
d’Abraham semblant se reproduire avec Isaac.
Presque partout la personnalité d'Isaac n'apparaît ainsi qu'en fonction de celles d'Abraham et de
Jacob. Toutefois le témoignage que rend Jacob à la piété de son père (Gn 31,53) et surtout
l'expression très célèbre et sûrement très ancienne évoquant le « Dieu d'Abraham, d'Isaac et de
Jacob », prouvent que la postérité ne considérait pas Isaac comme un personnage, et surtout comme
un croyant, d'arrière-plan.
On ne connaît pas véritablement, en fait, l’origine et l’histoire des traditions concernant Isaac, mais
l’histoire d’Isaac reflète la conviction théologique de toute l’histoire patriarcale : YHWH, Dieu
d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Ex 3,6 ; 1 R 18,36 ; Mt 22,32) conduit les promesses (Gn 24,7 ; 26,34.23 ; Ps 105,9) à leur réalisation. Isaac est le fils de la promesse (Gn 17,19.21 ; 21,1-2) qui donnera à
Abraham une descendance (Gn 21,12) aboutissant à Jacob, c’est-à-dire Israël, leur postérité (Jr 33,
26) dans la terre qui leur fut promise (Nb 32,11).
Isaac sera cité dans la généalogie de Jésus (Mt 1,2 ; Lc 3,34) et parmi les grands croyants dont l’épître
aux Hébreux retrace la foi (He 11,20). L’apôtre Paul rappelle qu’Isaac est le premier fils de la
promesse (Rm 9,7-10 ; Ga 4,28).
Isaac, l’enfant du rire
Isaac est le fils d'Abraham et de Sara (Gn 21,1-8). Son nom est expliqué par le rire d’Abraham (Gn
17,17), de Sara (18,12-15 ; 21,6) et des témoins de sa naissance (21,6) :
Dieu dit à Abraham : « Ta femme Saraï, tu ne l'appelleras plus Saraï, mais son nom est Sara. Je la bénirai
et même je te donnerai d'elle un fils ; je la bénirai, elle deviendra des nations, et des rois de peuples
viendront d'elle. Abraham tomba la face contre terre, et il se mit à rire car il se disait en lui-même : Un fils
naîtra-t-il à un homme de cent ans, et Sara qui a quatre-vingt-dix ans va-t-elle enfanter ? » (Gn 17,15-17)
Donc, Sara rit en elle-même, se disant : Maintenant que je suis usée, je connaîtrais le plaisir ! Et mon mari
qui est un vieillard ! Mais Yahvé dit à Abraham : Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant : Vraiment, vais-je
encore enfanter, alors que je suis devenue vieille ? Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ? A la
même saison l'an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils. Sara démentit : Je n'ai pas ri, ditelle, car elle avait peur, mais il répliqua : Si, tu as ri. (Gn 18,12-15)
Et Sara dit : Dieu m'a donné de quoi rire, tous ceux qui l'apprendront me souriront. (Gn 21,6)
Rire ou sourire de doute ou d’émerveillement. Et peut-être aussi, comme on le retrouve parfois dans
d’autres littératures, sourire – et bénédiction – de Dieu.
Isaac… et Ismaël !
Mais il faut rappeler la longue attente d’Abraham et de Sarah. La promesse de Dieu était-elle non
fiable ? C’est ce qu’à demi-mot Abraham dit à Dieu, comme une question ou un secret reproche (Gn
15,2-3). Et Dieu renouvelle à Abraham sa promesse, d’une terre et d’une descendance.
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Mais la naissance tarde, et Sarah dit à Abraham que du moins il ait une descendance par Agar, la
servante égyptienne. Mais Agar, à peine enceinte, en vient à une attitude de mépris à l’égard de
Sarah, qui lui rend la vie impossible. Agar fuit au désert. Mais l’ange de Dieu la réconforte, annonçant
la naissance d’Ismaël. L’ange communique ainsi le nom de l’enfant à venir.
C’est un peu plus tard, dans l’apparition des trois visiteurs au Chêne de Mambré, qu’est annoncé à
Abraham la naissance à venir d’Isaac. Ce qui fait rire ou sourire Sarah qui a entendu cette parole et
cette annonce (Gn 18). Isaac naîtra, selon cette promesse renouvelée. Abraham avait cent ans, dit la
Genèse (Gn 21). Et Sara dit : « Dieu m'a donné de quoi rire, tous ceux qui l'apprendront me
souriront » (Gn 21,6). L’enfant est circoncis à l’âge de huit jours (Gn 21,4). Et l’on fit un « grand
festin » le jour où Isaac fut sevré. L’adjectif « grand » n’est probablement pas neutre, ne rappelle-t-il
pas le grand projet de Dieu et la bénédiction qui repose sur l’enfant, pour une multitude, selon la
promesse renouvelée de Dieu à Abraham. Il faut ici relire Gn 17,15-21 :
Dieu dit à Abraham : Ta femme Saraï, tu ne l'appelleras plus Saraï, mais son nom est Sara. Je la bénirai et
même je te donnerai d'elle un fils; je la bénirai, elle deviendra des nations, et des rois de peuples
viendront d'elle. Abraham tomba la face contre terre, et il se mit à rire car il se disait en lui-même : Un fils
naîtra-t-il à un homme de cent ans, et Sara qui a quatre-vingt-dix ans va-t-elle enfanter ? Abraham dit à
Dieu : Oh ! qu'Ismaèl vive devant ta face ! Mais Dieu reprit : Non, mais ta femme Sara te donnera un fils,
tu l'appelleras Isaac, j'établirai mon alliance avec lui, comme une alliance perpétuelle, pour être son Dieu
et celui de sa race après lui. En faveur d'Ismaël aussi, je t'ai entendu : je le bénis, je le rendrai fécond, je le
ferai croître extrêmement, il engendrera douze princes et je ferai de lui une grande nation. Mais mon
alliance, je l'établirai avec Isaac, que va t'enfanter Sara, l'an prochain à cette saison.
Puis Sarah ne supporta pas l’idée qu’Ismaël partage l’héritage de son fils. Elle demanda alors à
Abraham de chasser Agar et l’enfant. Et Dieu redit à Abraham la promesse que l’on vient d’entendre :
Dieu lui dit : Ne te chagrine pas à cause du petit et de ta servante, tout ce que Sara te demande, accordele, car c'est par Isaac qu'une descendance perpétuera ton nom, mais du fils de la servante je ferai aussi
une grande nation car il est de ta race. (Gn 21,12-13)
La perte d’Isaac ?…
Vient le temps où « Dieu éprouva Abraham et lui dit : Abraham ! Abraham ! Il répondit : Me voici !
Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t'en au pays de Moriyya, et là tu
l'offriras en holocauste sur une montagne que je t'indiquerai. » (Gn 22,1-2). Un récit souvent appelé
en raison de cette introduction le « sacrifice d’Abraham », mais que la tradition juive, fidèle en cela à
l’ensemble du récit, désigne comme l’akéda, la ligature d’Isaac. Un texte qui a fait couler beaucoup
d’encre, inspiré les peintres et ouvert le chemin à combien de fantasmes. La littérature juive le
commente de façon imagée : le mauvais ange vient y tenter successivement Abraham et Sarah :
perdraient-ils ainsi ce fils si difficilement venu ? Mais il a été donné par Dieu, qui veille. Il demande
pleine adhésion à Abraham, à son projet, si sinueux puisse-t-il paraître… et c’est bien ce qu’en a
perçu déjà Abraham. De fait, le bras d’Abraham sera retenu, et c’est un bélier qu’Abraham trouve là,
qui sera offert en holocauste et non le fils. D’autres commentaires juifs insistent sur cette finale :
Abraham est parti offrir le fils, et ce qu’il a offert finalement, était une piètre victime, trouvée par
hasard là, un bélier. Il est offert « à la place » d’Isaac, ou littéralement, « en dessous » d’Isaac, signe
que dans l’obéissance à Dieu et à sa parole, sa Torah, l’homme est souvent si pauvre et démuni, du
moins le si peu qu’il engage… l’engage véritablement. Et ce grand texte est longuement lu et relu à la
fête de Roch Ha chana, fête du nouvel an juif. Méditation longue sur l’action de l’homme.
Mais de surcroît, en un temps où se pratiquaient les sacrifices humains (on en a trace pour le 8 ème
siècle – cf. Mi 6,8 – mais aussi au 6ème siècle, au temps de Jérémie) que l’on pensait demandés par
Dieu, manifestement, il n’en est pas ainsi. Les chemins de Dieu sont autres.
Et le texte mène, au « troisième jour », au lieu où Dieu se laisse voir (jeu de mot en hébreu sur le
nom Moriah). Ainsi Dieu se révèle-t-il et se laisse-t-il voir, alors que la Bible souvent se défie de ce
« voir » quand il s’agit de Dieu (cf. Ex 3 par exemple ! le buisson ardent).
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On observera qu’Abraham, monté avec ses serviteurs, revient seul. Désormais Isaac en quelque sorte
ne lui appartient plus. Il est fils de la promesse et pour la promesse, lui aussi, comme l’était Abraham.
Et en cet instant est redite solennellement à Abraham la promesse que Dieu lui a faite, et qui est bien
le filon que nous devons suivre et ne pas perdre de vue :
A ce lieu, Abraham donna le nom de Yahvé pourvoit, en sorte qu'on dit aujourd'hui : Sur la montagne,
Yahvé pourvoit. L'Ange de Yahvé appela une seconde fois Abraham du ciel et dit : Je jure par moi-même,
parole de Yahvé : parce que tu as fait cela, que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai
de bénédictions, je rendrai ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est sur
le bord de la mer, et ta postérité conquerra la porte de ses ennemis. Par ta postérité se béniront toutes
les nations de la terre, parce que tu m'as obéi. Abraham revint vers ses serviteurs et ils se mirent en route
ensemble pour Bersabée. Abraham résida à Bersabée. (Gn 22,14-19)
De l’au-delà du fleuve…
Après ces événements comme le dit souvent la Bible, façon de nous indiquer que nous ne devons pas
chercher une chronologie stricte mais suivre le chemin que trace la Bible par épisodes successifs, la
Bible nous dit en peu de mots la mort de Sarah. Et Abraham achète la grotte de Makpéla, à Hébron.
Elle sera le lieu de sépulture de Sarah et Abraham y sera inhumé lui aussi par ses fils (Gn 25,9).
Mais avant cet épisode, Abraham envoie son serviteur au pays d’Harân, trouver celle qui deviendra la
femme d’Isaac. Jacob ira lui-même et connaîtra là-bas d’autres histoires à rebondissements, nous y
viendrons. Le serviteur d’Abraham promet à son maître de réaliser ce qu’il lui a demandé. Il monte
en Harân et reconnaît Rébecca à la générosité de son geste lui offrant l’eau du puits à boire et
puisant même pour ses chameaux ! Et Rébecca accepte de suivre le serviteur d’Abraham, qui réalise
le projet du Seigneur (Gn 24,56). Elle quitta l’au-delà du fleuve, signifiant ainsi, le sait-elle, le passage
résolu vers le Dieu unique, Dieu de la promesse.
On repense ici à ce que dit le livre de Josué relisant cette longue histoire :
Au-delà du Fleuve habitaient jadis vos pères, Térah, père d'Abraham et de Nahor, et ils servaient d'autres
dieux. Alors je pris votre père Abraham d'au-delà du Fleuve et je lui fis parcourir toute la terre de Canaan,
je multipliai sa descendance et je lui donnai Isaac. A Isaac, je donnai Jacob et Ésaü… (Jos 24,2-4)
Ainsi, si Isaac n’a pas fait le chemin qu’un jour fit Abraham, Rébecca l’a fait. Et se garde dans le fil des
générations ce passage du fleuve pour quitter le pays où l’on adorait d’autres dieux. Passage au Dieu
unique, qui est la marque liée à la promesse.
Lisons dès lors la conclusion de ce récit magnifique :
Alors ils laissèrent partir leur sœur Rébecca, avec sa nourrice, le serviteur d'Abraham et ses hommes. Ils
bénirent Rébecca et lui dirent : Notre sœur, ô toi, deviens des milliers de myriades ! Que ta postérité
conquière la porte de ses ennemis ! Rébecca et ses servantes se levèrent, montèrent sur les chameaux et
suivirent l'homme. Le serviteur prit Rébecca et partit. Isaac était revenu du puits de Lahaï Roï, et il
habitait au pays du Négev. Or Isaac sortit pour se promener dans la campagne, à la tombée du soir, et,
levant les yeux, il vit que des chameaux arrivaient. Et Rébecca, levant les yeux, vit Isaac. Elle sauta à bas
du chameau et dit au serviteur : Quel est cet homme-là, qui vient dans la campagne à notre rencontre ?
Le serviteur répondit : C'est mon maître; alors elle prit son voile et se couvrit. Le serviteur raconta à Isaac
toute l'affaire qu'il avait faite. Et Isaac introduisit Rébecca dans sa tente : il la prit et elle devint sa femme
et il l'aima. Et Isaac se consola de la perte de sa mère. (Gn 24,59-67)
Nous disions en commençant qu’Isaac est un personnage terne. Il semble en effet si effacé tout au
long de ce récit. Il accueille Rébecca. C’est elle qui a comme Abraham quitté son pays, sa famille et sa
parenté pour répondre à l’appel de Dieu signifié par le serviteur d’Abraham, qui intervenait en son
nom.
La bénédiction volée ou… donnée
Il est difficile d’expliquer véritablement pourquoi, des deux jumeaux auxquels elle donnera
naissance, Jacob et Esaü, Rébecca semblera bien préférer le second né, Jacob. La psychanalyse
trouverait peut-être ici un terrain de choix. Peut-être, dans le droit fil du récit biblique, pouvons-nous
faire une hypothèse, expliquant cette étrange préférence au point de consentir ou même d’inspirer
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un stratagème peu honnête. La Bible connaît plus d’une situation de ce type… pour parvenir à garder
le fil de la promesse même lorsqu’il semble entré en méandres encombrés. Rien ne semble
encombré ici, mais la suite pourrait nous donner la clé : c’est Jacob qui, dans la lutte avec l’ange de
Dieu au gué du Yabboq, sera… anxieux encore de la bénédiction, appelé Israël (Gn 32), et donnera
naissance, parmi ses douze fils, à Juda, dont naîtra la tribu messianique et le messie (cf. Gn 49).
Toujours est-il qu’Esaü, étrangement préoccupé de chasse plus que de droit d’aînesse, cède celui-ci à
Jacob pour un brouet au retour de la chasse. Et c’est un chevreau du troupeau, cuisiné en ragoût
comme Isaac les aime, qui accompagné de lentilles préparées par la généreuse Rébecca, vaudra à
Jacob d’emporter la promesse. Au prix d’une duperie et d’un mensonge, on le sait (Gn 27,1-45).
Chemin très sinueux de la promesse, que Robert Alter désigne comme « récalcitrance humaine »
n’empêchant pas à la promesse de suivre son cours.
Mais il faut alors fuir la colère noire d’Esaü qui tombe en pleurs devant son père qui, en sa vieillesse,
a bien pressenti la duperie, mais… a béni Jacob. Et à Esaü qui demande si son père n’a pas une autre
bénédiction pour lui, Isaac répond que la promesse est donnée. C’est ainsi. Rébecca suggère alors à
Jacob de fuir en Padan-Harân, chez son oncle. Rébecca ne remonte pas dans l’au-delà du fleuve, mais
Jacob un jour fera lui aussi ce chemin.
Mais regardons en cet instant Isaac. C’est bien Rébecca qui a indiqué à Jacob le chemin de cette
fuite. Mais curieusement, l’instant d’après, Isaac le confirme de façon étonnante :
Rébecca dit à Isaac : Je suis dégoûtée de la vie à cause des filles de Hèt. Si Jacob épouse une des filles de
Hèt comme celles-là, une des filles du pays, que m'importe la vie ? Isaac appela Jacob, il le bénit et lui fit
ce commandement : Ne prends pas une femme parmi les filles de Canaan. Lève-toi ! Va en Padân-Aram
chez Bétuel, le père de ta mère, et choisis-toi une femme de là-bas, parmi les filles de Laban, le frère de
ta mère. Qu'El Shaddaï te bénisse, qu'il te fasse fructifier et multiplier pour que tu deviennes une
assemblée de peuples. Qu'il t'accorde, ainsi qu'à ta descendance, la bénédiction d'Abraham, pour que tu
possèdes le pays dans lequel tu séjournes et que Dieu a donné à Abraham. Isaac congédia Jacob et celuici partit en Paddân-Aram chez Laban, fils de Bétuel l'Araméen et frère de Rébecca, la mère de Jacob et
d'Ésaü. Ésaü vit qu'Isaac avait béni Jacob et l'avait envoyé en Paddân-Aram pour y prendre femme, et
qu'en le bénissant il lui avait fait ce commandement : Ne prends pas une femme parmi les filles de
Canaan. Et Jacob avait obéi à son père et à sa mère et était parti en Paddân-Aram. Ésaü comprit que les
filles de Canaan étaient mal vues de son père Isaac… (Gn 27,46 – 28,6)
Ainsi Isaac renouvelle-t-il la bénédiction qu’il vient de donner à Jacob, mais aussi, confirmant la
parole de Rébecca (dont Rébecca a eu l’initiative !), il trace devant Jacob le chemin du Dieu unique,
symbolisé depuis le début de l’histoire d’Abraham (Gn 12,1) par ce franchissement du fleuve, dans
lequel les patriarches quittent le pays des pères où l’on adore d’autres dieux, pour faire choix du Dieu
unique. On verra ce qu’il en est de Jacob, du moins Isaac donne-t-il explicitement un ultime
consentement à cet itinéraire monothéiste, pour l’attachement au Seigneur, Dieu d’Israël. Mais Israël
est l’autre nom de Jacob. A ce point de notre parcours, disons donc le Seigneur Dieu d’Abraham.
La mort d’Isaac
Nous entrons alors résolument, avec cet épisode, dans le long cycle des récits concernant Jacob, qui
se concluera par le rappel de la descendance de Jacob : ses douze fils, ancêtres des douze tribus
d’Israël. Et sera dite alors, en peu de mots, comme pour Abraham et Sarah, la mort d’Isaac :
Tels sont les fils qui furent enfantés à Jacob en Paddân-Aram. Jacob arriva chez son père Isaac, à Mambré,
à Qiryat-Arba – c'est Hébron – où séjournèrent Abraham et Isaac. La durée de la vie d'Isaac fut de cent
quatre-vingts ans, et Isaac expira. Il mourut et il fut réuni à sa parenté, âgé et rassasié de jours; ses fils
Ésaü et Jacob l'ensevelirent. (Gn 35,26-29)
Ainsi Isaac représente-t-il le maillon solide de la promesse, entre Abraham et Jacob. Ces deux
personnages sont plus solidement campés que lui, en de longs récits. Isaac fait le lien. Nous l’avons
vu, il s’agit au plus profond du lien de la promesse, dans le choix du Dieu unique. C’est l’histoire de
cette promesse et du choix du Dieu unique, que trace la Bible en ces pages, à travers lesquelles, audelà des péripéties très colorées du récit, nous est donnée à lire cette histoire de la promesse et de
son chemin en terre humaine. ⃟
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