numéro spécial

Transcription

numéro spécial
APPEL À CONTRIBUTIONS
REVUE INTERNATIONALE PME
La croissance des entreprises : nouvel enjeu pour le management?
Rédacteurs invités
Karim Messeghem, Professeur, Université Montpellier 1
Didier Chabaud, Professeur, Université d’Avignon
Jean-Michel Degeorge, Maitre-Assistant, École nationale supérieure des mines d’Alès
Frank Lasch, Groupe Sup de Co Montpellier Business School
La croissance constitue un enjeu majeur. Certains pays comme la France en ont fait une
priorité nationale en repositionnant les dispositifs d’aide aux entreprises du champ de la
création d’entreprise vers celui de la croissance des entreprises (Hayat, 2012 ; Cour des
Comptes, 2012).
Cet enjeu sociétal entre en résonnance avec les préoccupations des chercheurs dans le champ
de la PME et de l’Entrepreneuriat. Les études consacrées à la croissance des firmes sont
désormais légion, ainsi qu’en témoignent de récents surveys et travaux de synthèse
(Davidsson et Wiklund, 2000, Coad, 2007, MacPherson et Holt, 2007, Shepherd &Wiklund,
2009, McKelvie et Wiklund, 2010, Janssen, 2011, Wright et Stigliani, 2012, Davidsson et
Wiklund, 2013). Les travaux se sont ainsi intéressés aux déterminants, aux processus et aux
conséquences de la croissance (Davidsson et al, 2005 ; Gilbert, et al., 2006 ; Janssen, 2011),
de même qu’à la diversité des trajectoires de croissance (Delmar, Davidsson et Gartner, 2003)
et à l’analyse spécifique des firmes à forte croissance (Chanut-Guieu et Guieu, 2011, ANR
Hypercroi).
Cependant, si les études empiriques se sont multipliées, des interrogations demeurent quant
aux progrès réels des connaissances, et au développement de cadres théoriques robustes
(Coad, 2007, Shepherd & Wiklund, 2009, McKelvie et Wiklund, 2010).
Sans doute a-t-on pu pointer – notamment à la suite des travaux de Davidsson, Delmar et
Wiklund – l’importance des considérations méthodologiques : ces auteurs ont ainsi montré
l’importance d’approches longitudinales et d’une vision multidimensionnelle de la croissance,
si l’on veut être en mesure de tirer des conclusions robustes des études empiriques. Plus
récemment, l’étude de Shepherd et Wiklund (2009) souligne que la diversité des choix
méthodologiques a joué un rôle important dans la limitation de l’accumulation des
connaissances sur la croissance des firmes.
Mais, si une certaine insatisfaction peut être ressentie sur un plan méthodologique, il apparaît
de plus en plus que les questionnements doivent passer d’une focalisation sur le taux de
croissance à une focalisation sur le mode de croissance, en cessant de considérer le processus
de croissance comme une « boîte noire » (McKelvie et Wiklund, 2010, Leitch, Hill,
Neergaard, 2010). De fait, Wright et Stigliani (2012) insistent sur la nécessité de se livrer à
une analyse fine du processus de croissance, en éclairant finement le rôle de l’entrepreneur
(who), le processus (how), son contenu (what) et son contexte (when and where).
L’un des champs qui ouvrent le plus de perspectives de recherche est sans doute celui de la
cognition. Ce champ qualifié par Wright et Stigliani. (2012) de « microfondations de la
croissance » s’intéresse à la prise de décision sous l’angle du processus de décision, des
représentations et des biais cognitifs de l’entrepreneur. Certains travaux ont souligné le rôle
des motivations dans la décision de croissance (Delmar et Wicklund, 2008). Des questions
restent posées sur les structures cognitives des entrepreneurs et la manière dont elles peuvent
évoluer, notamment sous l’impact des processus de croissance eux-mêmes (Séville et Wirtz,
2010). De même, la question de l’articulation entre représentation individuelle et
représentation collective est posée avec une grande acuité en particulier pour des projets qui
associent des équipes entrepreneuriales.
Le processus de croissance constitue depuis les années 1970 un objet étude important. Depuis
les travaux de Greiner (1972), de nombreux auteurs ont tenté de caractériser les trajectoires et
les modèles de croissance, mais pour des résultats largement discutables (Levie et
Lichtenstein, 2010). De même les travaux précurseurs de Penrose (1959) ont souligné le rôle
des ressources dans les dynamiques de croissance des entreprises (Chanut-Guieu et Guieu,
2011). Pourtant, comme le soulignent Wright et Stigliani. (2012), la littérature reste
relativement silencieuse sur « les processus par lesquels les firmes entrepreneuriales accèdent
et configurent les ressources afin d’atteindre la croissance » (p. 10). Les travaux récents sur
les compétences dynamiques et les approches fondées sur les ressources ouvrent de nouvelles
voies de recherche et devraient permettre de mieux comprendre les processus de croissance
(Davidsson et al., 2009, Barney et al., 2011, Lockett et al., 2011). La faiblesse des ressources
amène également à des configurations originales qui peuvent être éclairées en retenant des
approches en termes de bricolage (Baker et Nelson, 2005) ou d’effectuation (Wiltbank, et al.,
2006). Au total, un ensemble de pistes s’ouvre, qui pourra peut-être gagner à être rapproché
de travaux francophones (Julien, 2001).
Les dimensions contextuelles sont également essentielles pour expliquer la croissance. La
littérature souligne le rôle de la proximité spatiale et des clusters en facilitant l’accès aux
ressources en particulier humaines et financières. L’écosystème entrepreneurial est une notion
intéressante pour comprendre comment les instances de régulation dans un territoire peuvent
favoriser des innovations sources de croissance pour les entreprises. La question du contexte
peut également aborder sous l’angle des formes de gouvernance des entreprises. Les
entreprises familiales favorisent-elles la croissance et quels modèles de croissance en
particulier?
Ce numéro spécial vise donc à proposer une mise en perspective des travaux existants sur la
croissance. Mais plus encore, il se propose d’ouvrir vers de nouvelles connaissances basées
sur de nouveaux cadres théoriques. Rendre compte de la complexité et de la nature multiforme
de la croissance suppose de retenir sur une approche multidimensionnelle (Delmar et al.,
2003). Ainsi, des problématiques abordées par différentes disciplines du management
pourront être retenues ; au croisement de la stratégie, de la GRH, de l’entrepreneuriat, du
marketing ou de la finance. Une attention toute particulière sera portée sur les articles
empiriques permettant d’aborder les phénomènes étudiés.
2
LES THÉMATIQUES
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Dimensions cognitives de la croissance
Modes de croissance, modèles et trajectoires de croissance
Croissance et gouvernance
Hypercroissance
Politiques publiques et croissance
Écosystème entrepreneurial et croissance
Croissance et dynamiques organisationnelles
Croissance et performance
Pilotage de la croissance
Financement de la croissance
Pôle de compétitivité 3.0 et croissance
Croissance et RSE
Invitation à soumettre des textes
Échéancier
Envoi d’une intention de soumettre un article
(environ 500 mots)
15 février 2014
Dépôt des articles complets
15 septembre 2014
Retour des évaluations et décisions aux auteurs
15 novembre 2014
Dépôt des articles révisés
15 février 2015
Dépôt des versions finales :
15 août 2015
Soumission des textes
Les intentions de soumettre un article devront être acheminées par courriel à [email protected]
avant le 15 février 2014. Pour les auteurs dont l’intention aura été retenue, il faudra soumettre
les textes sur la nouvelle plateforme électronique revueinternationalepme.com. Il sera
important d’indiquer qu’il s’agit d’un texte pour le numéro spécial.
Les textes retenus seront publiés dans le numéro thématique de
Revue internationale PME (vol. 28, nos 3-4, 2015)
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Baker, T. et Nelson, R.E. (2005). Creating something from nothing: Resource construction
through bricolage. Administrative Science Quarterly, 50(3), 329-366.
Barney, J.B., Ketchen, D. et Wright, M. (2011). The future of resource-based theory:
Revitalization or decline? Journal of Management, 37(5), 1299-1315.
3
Chanut-Guieu, C. et Guieu, G. (2011). Stratégie et structuration des trajectoires
d’hypercroissance des PME. Une étude comparative. Management et Avenir, 2011/3(43), 3756.
Coad, A. (2007). Firm growth: A survey. Papers on Economics and Evolution, (2007-03),
Max Planck Institute of Economics, Evolutionary Economics Group, Jena, Germany, 72 p.
Davidsson, P., Achtenhagen, L. et Naldi, L. (2005). Research on small firm growth: a review.
European Institute of Small Business, 27 p.
Davidsson, P., Steffens, P. et Fitzsimmons, J. (2009). Growing profitable or growing from
profits: Putting the horse in front of the cart? Journal of Business Venturing, 24(4), 388-406.
Davidsson, P. et Wiklund, J. (2000). Conceptual and empirical challenges in the study of firm
growth. Dans D. Sexton et H. Landström (dirs.), The Blackwell handbook of entrepreneurship
(p. 179-199). Oxford, MA, Blackwell.
Davidsson, P. et Wiklund, J. (dirs.) (2013). New perspectives on firm growth. Cheltenham,
Edward Elgar Publishing.
Delmar, F. et Davidsson, P. (2001). Les entreprises à forte croissance et leur contribution à
l’emploi: le cas de la Suède 1987-1996. Revue internationale PME, 14(3-4), 164-187.
Delmar, F., Davidsson, P. et Gartner, W.B. (2003). Arriving at the high growth firm. Journal
of Business Venturing, 18(2), 189-216.
Delmar, F. et Wiklund, J. (2008). The effect of small business managers' growth motivation
on firm growth: A longitudinal study. Entrepreneurship Theory and Practice, 32(3), 437-457.
Greiner L. (1972). Evolution and revolution as organization growth. Harvard Business
Review, 50(4), 37-46.
Hayat, P. (2012). Pour un new deal entrepreneurial – Créer des entreprises de croissance.
Rapport de mission à l’intention de Mme Fleur Pellerin, octobre 2012.
Janssen, F. (2011). La croissance de l'entreprise: Une obligation pour les PME? De Boeck,
Bruxelles, 152 p.
Julien, P.A. (2001). Les PME à forte croissance et la métaphore du jazz. Comment gérer
l’improvisation de façon cohérente. Revue internationale PME,14(3-4), 129-161.
Leitch, C., Hill, F. et Neergaard, H. (2010). Entrepreneurial and business growth and the quest
for a « comprehensive theory »: tilting at windmills? Entrepreneurship Theory and Practice,
34 (2), 249-260.
Levie, J. et Lichtenstein, B.B. (2010). A terminal assessment of stages theory: Introducing a
dynamic states approach to entrepreneurship. Entrepreneurship Theory and Practice, 34(2),
317-350.
4
Lockett, A., Wiklund, J., Davidsson, P. et Girma, S. (2011). Organic and acquisitive growth:
Re-examining, testing, and extending Penrose’s growth theory. Journal of Management
Studies, 48(1), 48-74.
Macpherson, A. et Holt, R. (2007). Knowledge, learning and small firm growth: A systematic
review of the evidence. Research Policy, 36, 172-192.
McKelvie, A. et Wiklund, J. (2010). Advancing firm growth research: A focus on growth
mode instead of growth rate. Entrepreneurship Theory and Practice, 34(2), 261-288.
Seville, M. et Wirtz, P. (2010). Caractéristiques et dynamique de l’équipe dirigeante dans une
jeune entreprise en hyper croissance. Revue internationale des PME, 23(3-4), 43-70.
Shepherd, D. et Wiklund, J. (2009). Are we comparing apples with apples or apples with
oranges? Appropriateness of knowledge accumulation across growth studies.
Entrepreneurship Theory and Practice, 33(1), 105-123.
Wiltbank R., Dew N., Read S. et Sarasvathy S.D. (2006). What to do next? The case for
nonpredictive strategy. Strategic Management Journal, 27(10), 981-998.
Wright, M. et Stigliani, I. (2012). Entrepreneurship and growth, International Small Business
Journal, 31(1), 3-22.
5