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Panorama Les ETI en quête d’un second souffle // P. 32 Enjeux Grandir plus vite en attirant les talents // P. 33 Analyse Financement : l’ère de la désintermédiation // P. 34 Stratégie Etre plus conquérant à l’international // P. 35 ENTREPRENEUR MERCREDI 5 MARS 2014 // LESECHOS.FR PANORAMA // Les entreprises de taille intermédiaire ont poursuivi leur croissance durant la crise, mais elles en sortent fragilisées. Trop petites et trop peu nombreuses, beaucoup souffrent dans la compétition internationale. Les ETI enquêted’unnouveausouffle es ETI – entreprises de taille intermédiaire devraient être le Graal de la stratégie de relance du gouvernement. Ces entreprises définies p a r l eur no mbr e de sa l a r i és (entre 250 et 5.000) et leur chiffre d ’a f f a i r e s a n n u e l ( m o i n s d e 1,5 milliard d’euros) sont à la fois créatrices d’emplois, innovantes et fortement exportatrices. Combien sont-elles ? Environ 4.600, soit trois fois moins qu’en Allemagne et deux fois moins qu’a u Roya ume -Uni . L a t r ès grande majorité sont des entreprises familiales ayant leur siège social en province où elles assurent 75 % de l’emploi total et constituent 85 % des unités de production. Elles y garantissent la pérennité d’un tissu de sous-trai- L grâce, pour un tiers d’entre elles, à des implantations en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. « Les dirigeants d’entreprise de croissance portent la compétitivité de la France. Les aider à se développer, innover toujours plus, conquérir de nouveaux marchés et créer encore plus d’emplois doit être une priorité pour tous », affirme Alain Pons, président de la direction générale de Deloitte en France. Reste que ces anciennes PME peinent à grandir, souvent par manque de fonds propres : la grosse majorité d’entre elles ont moins de 350 salariés et leur développement basé sur l’autofinancement et le crédit bancaire (faute d’ouvrir leur capital) risque de souffrir des nouvelles normes prudentielles qui s’imposent aux établissements financiers. tants et de fournisseurs, chaque emploi dans une ETI générant, selon leur syndicat Asmep-ETI, 3,5 emplois indirects en moyenne. Résilientes à la crise, 70 % d’entre elles ont augmenté leurs effectifs au cours des cinq dernières années, privilégiant l’emploi sur la distribution des dividendes, affirme l’Asmep-ETI. De fait, les ETI représentent 23 % de l’emploi salarié en France (33 % de l’emploi industriel) et ont créé près de 80.000 emplois de 2009 à 2013 quand les grands groupes en supprimaient près de 50.000. Elles assurent 23 % des investissements, constituent le gros des troupes des entreprises cotées et surtout le bras armé de la France à l’international avec 34 % du total des exportations, Inquiétude H. de Oliveira/Expansion-RÉA 3 QUESTIONS À… ELIZABETH DUCOTTET PDG du groupe Thuasne « Ilfaut alignerles règlesfrançaisessur la moyenne desautres payseuropéens » lizabeth Ducottet, tout en dirigeant l’entreprise familiale, est coprésidente d’Asmep-ETI, syndicat des entreprises de taille intermédiaire et des entreprises patrimoniales. Elle lance un cri d’alarme sur la fragilité accrue des ETI françaises. E 1 Comment les ETI françaises ont-elles traversé la crise ? Elles ont plutôt bien résisté en faisant des efforts importants. Elles ont réussi parce qu’elles bénéficiaient de schémas de diversification optimisés, d’un développement à l’international solide, parce qu’elles sont rapides à la décision, qu’elles font preuve d’une b onne réactivité p our s’adapter à leur environnement. Mais leur capacité de résistance a ses limites. La crise n’est pas terminée et ces efforts ne peuvent pas durer éternellement. Trop de résilience aboutit à un essoufflement et le décalage de compétitivité avec nos concurrents européens s’accroît. Aujourd’hui, les dirigeants d’ETI sont inquiets et en appellent à des mesures d’urgence. 2 Quelles mesures ? Il faut rapidement aligner les règles – fiscales, sociales, juridiques – françaises sur la moyenne des autres pays européens, car, dans la partie commune qui se joue, nous avons les règles les plus dures et c’est un lourd handicap. La baisse des charges doit être la pierre angulaire du dispositif pour donner la priorité à l’emploi, avec des mesures simples, visibles, lisibles y compris par le dirigeant d’entreprise qui pourra en bénéficier de façon immédiate. En ce sens, le Cice est encore trop compliqué et ne portera véritablement ses fruits qu’en 2015. Cette baisse des charges doit être sensible, pas anecdotique, pour être véritablement incitative à l’embauche, comme le prévoyait d’ailleurs le rapport Gallois. On permettra ainsi aux ETI de s’adjoindre des compétences nouvelles dans les champs de l’innovation et de l’internationalisation et donc de gagner en compétitivité. Il faut également que notre fiscalité – notamment l’impôt sur les sociétés – soit du même ordre que ce qui a cours dans les autres pays européens. 3 Qu’attend-on aujourd’hui des ETI ? Sans doute trop de choses, notamment à court terme. Or ces entreprises sont inscrites dans le moyen et le long terme en particulier dans l’industrie, et c’est à cette échelle de temps qu’il faut juger de leur réussite. C’est pourquoi nous défendons la création d’un statut d’investisseur de long terme capable d’accompagner une entreprise sur des cycles longs de dix ou douze ans, avec un traitement particulier de la fiscalité de transmission. Je crois que cette proposition suscite l’intérêt des pouvoirs publics. Reste à passer aux actes. Propos recueillis par G. L. En outre, ces entreprises fragilisées par la crise envisagent désormais l’avenir avec inquiétude : en février 2013, 23 % d’entre elles déploraient une baisse de leur activité (sondage OpinionWay pour KPMG) et 17 % prévoyaient de réduire leurs effectifs. Même si le nombre de défaillances d’ETI a diminué en 2013 (– 4,9 %), selon les derniers chiffres publiés par Coface, quand la tendance générale est au contraire à la hausse (+ 4,3 %), cette catégorie d’entreprises avait payé un lourd tribut l’année précédente avec 45 faillites, un chiffre équivalent à celui enregistré en 2009 au plus fort de la crise. En 2013, le coût social et financier reste lourd. Enfin, ces entreprises de taille intermédiaire, sur lesquelles notre société en panne de croissance fonde tous ses espoirs, se disent pénalisées face à leurs concurrentes par les règles du jeu à la française. Fiscalité, charges sociales, contraintes juridiques, elles veulent tout remettre à plat. Ces entreprises se disent pénalisées face à la concurrence européenne. « Les ETI, familiales en particulier, doivent être préservées face à un environnement réglementaire et fiscal toujours plus contraignant », avertit Jean-Pierre Letartre, président d’EY en France. « L’accroissement des prélèvements obligatoires, particulièrement après le retournement de conjoncture de 2008, a contribué à réduire les capacités d’investissements des entreprises », ajoute Jacky Lintignat, directeur général de KPMG France. « Les ETI sortent fragilisées par dix années de hausse continue des prélèvement, avertit Elizabeth Ducottet, coprésidente d’Asmep-ETI. Il y a urgence à stopper cette dynamique, car le tissu industriel et l ’ e m p l o i d e n o s ré g i o n s s o n t aujourd’hui menacés. » — Georges Lucien « Plus d’un tiers de notre activité et de notre effectif est à l’international », souligne Philippe Robardey, PDG de Sogeclair. Photo DR François Lacoste, fondateur de NSE, estime que « le financement est ce qui fragilise le plus une ETI ». Photo DR Sogeclairaélargi NSEamisé sur sonchampd’action despaysàpotentiel l’origine, société de services en ingénierie, l’entreprise toulousaine Sogeclair (une dizaine d’implantations en France) a étoffé sa palette d’activités au fil des années, avec une offre de produits dans la simulation et la réalité virtuelle. Ses clients : l’aéronautique, le spatial, la défense, le ferroviaire, l’automobile. Philippe Robardey a repris il y a quinze ans les rênes de l’entreprise créée par sa mère en 1986. Habitué des croissances annuelles à deux chiffres, le groupe a depuis rejoint le cercle fermé des ETI françaises avec un millier de salariés et 104 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013. Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Benelux, Tunisie, Canada. « Plus d’un tiers de notre activité et de notre effectif est à l’international », souligne Philippe Robardey. La crise ? Sogeclair l’a mise à profit pour consolider sa croissance, sécuriser ses financements, réduire son endettement, dans une logique continue d’indépendance financière. Coté en Bourse depuis 1998, le groupe est encore majoritairement dans les mains de la famille (67 % du capital), qui revendique une belle rentabilité de 11 % en 2013. A Contre le « harcèlement réglementaire » Pour autant, le président du Medef toulousain ne décolère pas, notamment contre la dernière loi de Finances. « Il faut être capable de se structurer pour aller à l’international, c’est un parcours compliqué, or le Parlement a supprimé la possibilité qu’avaient les entreprises de déduire de leur bénéfice imposable en France les pertes de leurs filiales. Il a changé les règles en cours de jeu et réduit notre capacité à investir. Une loi votée en décembre remet en cause le résultat de douze mois d’activité. C’est insupportable et très démotivant. » Lors de la venue du président de la République à Toulouse en janvier dernier, Philippe Robardey qui se félicite d’avoir créé 120 emplois nets en France entre juin 2012 et janvier 2014 ne cache pas avoir eu des choses plutôt désagréables à dire au chef de l’Etat. « Sur la complexité de l’environnement des entreprises en France, sur le harcèlement réglementaire et fiscal dont elles font l’objet. » A bon entendeur… — G. L. e parcours est impressionnant. En 1976, François Lacoste était agriculteur. En 1983, il créait à Nizerolles (Allier) la société NSE (Nizerolles Systèmes Electroniques) avec cinq salariés. Trente ans plus tard, l’entreprise auvergnate emploie 800 personnes dont 550 en France sur une douzaine de sites et 250 à l’étranger. Tout à la fois concepteur, intégrateur de systèmes électroniques et prestataire de services (maintenance et réparation) pour l’aéronautique civile, la défense et le ferroviaire, NSE a réalisé 67 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013. « Pour réussir à l’international, il faut du temps, explique François Lacoste. Nous nous sommes concentrés sur des marchés porteurs comme le Canada pour l’Amérique du Nord, le Brésil pour l’Amérique latine, le Maroc pour l’Afrique, l’Inde pour rayonner sur Singapour et la Malaisie. » L « Il faut changer le modèle qui nous pénalise » Si le groupe n’a pas relâché ses efforts durant la crise, s’installant à Casablanca en 2008, à Sao Jose Dos Campos au Brésil en 2011 et à Bengalore en Inde l’an passé, la crise a néanmoins eu un impact : « Nous avons dû réduire nos effectifs en France, mais la baisse d’activité a été compensée par la croissance à l’étranger », souligne François Lacoste pour qui cette stratégie internationale a un coût élevé. « Le financement est ce qui fragilise le plus une ETI », insiste le président de NSE. Le groupe, qui avait accueilli des fonds d’investissement en 2001, est entré en Bourse en 2012, mais la majorité de son capital (61 %) est encore familiale. Confiant dans la capacité de son entreprise à aller de l’avant grâce à sa capacité d’innovation technologique et managériale – « Il faut savoir se remettre en cause, être capable d’anticiper, c’est ce qui fait la force des ETI » –, l’industriel reste pessimiste sur la relance de la compétitivité française. « En France, il faut changer le modèle qui nous pénalise. Aujourd’hui, notre compétitivité nous la forgeons avec nos filiales en zones dollar et low cost, ici, nous n’investissons plus que modérément, en nous concentrant sur la technologie et le pilotage du groupe. » — G. L. ENTREPRENEUR // 33 Les Echos Mercredi 5 mars 2014 ENJEUX // Dans un environnement très concurrentiel et un marché du travail rigide, les entreprises de taille intermédiaire se dotent de nouveaux outils pour trouver, fidéliser et faire évoluer les bons profils. Grandir plusvite enattirant lestalents T Franck Berguig, chef de produits chez Cegid Ressources Humaines, « et ne pas hésiter à s’investir sur les réseaux sociaux ». Autres impératifs : aller dans les écoles, « sponsoriser » des cycles de formation, créer des chaires de recherche et d’enseignement (comme l’a fait par exemple le groupe Toupargel à Lyon avec l’EM Lyon). Le groupe Gifi (équipement pour la famille et la maison, 4.600 salariés, 410 magasins, 977 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013) basé à Villeneuve-sur-Lot (47) a ainsi noué un partenariat avec la Cité de la formation de Marmande pour développer un BTS en apprentissage management des unités commerciales Gifi. Gifi, qui veut atteindre le cap du millier de magasins en 2025, mise sur cette formation pour satisfaire en partie ses besoins d’encadrement. Pour autant, les rigidités du marché du travail en France et la fragilité de la reprise poussent les dirigeants d’ETI à privilégier la promotion interne des compétences par rapport aux recrutements. Et, pour être performante, cette quête des talents doit se professionnaliser. « Jusqu’à présent les logiciels de gestion des talents étaient surtout l’apanage des grands groupes, mais aujourd’hui ces outils sont adoptés par les ETI et les PME, et le marché de la GPEC [gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, NDLR] est en pleine croissance », souligne Pascale Boyaval, directrice marketing, activité ressources humaines chez Cegid. DR r o u ve r e t f i d é l i s e r l e s compétences sont un enjeu majeur pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI), l’une des clefs de leur compétitivité dans la bataille concurrentielle qu’elles se livrent entre elles et avec les grands group es. Et cette guerre des talents va s’intensifier au fur et à mesure que la reprise économique se confirmera : 14 % des ETI européennes estiment ainsi que « le recrutement et la rétention des talents constitueront les principaux défis pour l’année à venir » (baromètre Sage Business Index*). En France, les ETI misent sur l’attractivité de leur modèle – circuits hiérarchiques courts, responsabilité individuelle – pour séduire les jeunes diplômés. Mais elles doivent aussi « travailler leur marque employeur » pour attirer les bons profils, estime Thierry Boukhari, directeur délégué de Gifi, défend une politique salariale visant à faire progresser les collaborateurs. Cartographier les compétences Ces outils permettent de cartographier les compétences et donnent aux salariés le moyen de construire leur parcours de mobilité en fonction des besoins de l’entreprise. Le tout étant accompagné d’un effort significatif de formation. « Chez nous, il avoisine 4 % de la masse salariale », explique Thierry Boukhari, directeur délégué du groupe Gifi. Cette entreprise familiale créée par son PDG, Philippe Ginestet, en 1981, mise sur ses compétences internes pour assurer son développement. « Nous sommes installés près d’Agen et cela peut paraître difficile d’attirer chez nous de jeunes diplômés et encore plus de les r e t e n i r, r e c o n n a î t T h i e r r y Boukhari. Nous y parvenons dans 80 % des cas grâce à notre politique salariale, à nos 200 métiers et à notre capacité à faire progresser nos collaborateurs. » Thierr y Boukhari en est le parfait symbole. Entré comme stagiaire au service paie en 2003, il a gravi tous les échelons pour devenir D R H e n 2 0 0 7 , a v a n t d ’ê t r e nommé directeur délégué en novembre dernier. « Depuis cinq ans, nous pratiquons la GPEC pour identifier les compétences clefs en interne et évaluer les attentes de nos collaborateurs. Nous utilisons un logiciel dédié pour les entretiens annuels de développement et un site Internet Gifi RH talents permet aux salariés d’identifier les opportunités de mobilité au sein du groupe. » Gifi, qui veut accélérer son développement à l’international, mise sur cette excellence RH pour y parvenir, qui lui vaut p our la seconde a n n é e d ’ê t r e c e r t i f i é To p Employers France par l’Institut CRF. — Georges Lucien * Etude réalisée par Populus auprès de 1.825 décideurs issus de moyennes entreprises (plus de 100 employés) dans 17 pays, du 31 juillet au 28 août 2013. ENTREPRISES FAMILIALES 24heurespour coacher lesleadersde demain Le groupe d’audit et conseil Deloitte a réuni pour deux journées d’échanges et de formation des responsables d’entreprises familiales. Il est toujours bon pour un dirigeant d’entreprise de prendre une bouffée d’oxygène, de s’offrir une parenthèse pour réfléchir sur son rôle, ses objectifs et ses perspectives. Mais les deux journées organisées récemment par le cabinet Deloitte sous le titre « Les 24 heures des nouvelles générations », sont un peu particulières : elles sont réservées à de jeunes dirigeants – ou futurs dirigeants – d’entreprises familiales. L’objectif ? « Leur permettre de sortir de leur solitude. Les repreneurs familiaux sont souvent mal perçus, parce qu’on s’imagine qu’ils sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche. En réalité, la reprise d’une entreprise familiale est souvent difficile : ils “en bavent” tous les jours et se sentent prisonniers d’un devoir de loyauté et de pérennité, « Il est bon de susciter le dialogue entre la génération en place et celle qui est appelée à reprendre. » CHRISTOPHE SAUBIEZ Associé expert entreprises familiales chez Deloitte sans pouvoir échanger sur le sujet. Lors du séminaire, ils peuvent partager avec d’autres dirigeants d’entreprise, qui vivent la même expérience », explique Christophe Saubiez, associé expert entreprises familiales chez Deloitte et organisateur du séminaire, qui s’est tenu en région parisienne. Si la « nouvelle génération » a entre 25 et 40 ans, le public est en réalité un peu plus large. « Les jeunes sont contents d’être entre eux, mais il est bon aussi de susciter le dialogue entre les générations, de bousculer les schémas établis entre la génération en place et celle qui est appelée à reprendre », précise Christophe Saubiez. Ainsi, on est à mi-chemin entre le séminaire professionnel et la « cousinade » : une quinzaine de familles sont venues en « clan », à 2, 3 ou 4 avec un parent, des frères et sœurs ou des cousins. C’est le cas par exemple de Bertrand Lajugie, directeur général délégué et représentant de la quatrième génération au sein du groupe Seeb (ingénierie et construction de machines-outils – 30 millions de chiffre d’affaires et 200 salariés dans quatre filiales), venu avec deux de ses cousins chercher « des contacts et des témoignages pragmatiques et informels, au-delà des formations par des experts »… Car c’est bien là l’objectif. « Nous souhaitons créer les conditions d’un échange fructueux entre les participants, qui sont réunis en huis clos. Ils peuvent parler entre eux de leur parcours, de leur aventure d’entrepreneur, mais aussi de leurs difficultés au sein de la famille », poursuit Christophe Saubiez. AVEC RÉCYLUM, RECYCLER LES LAMPES DE VOTRE ENTREPRISE, C’EST SIMPLE. « Des pistes pour avancer » Le programme du séminaire combine donc travail et détente. Côté travail, des présentations techniques, sur la fiscalité et les évaluations d’entreprise, mais aussi des ateliers et des tables rondes. A l’ouverture « officielle », en milieu de matinée, ils étaient ainsi une centaine de participants pour écouter les témoignages de quelques « stars » du « family business » comme Philippe d’Ornano (Sisley) ou Antoine Mayaud (Association Familiale Mulliez) sur le thème de « L’entreprise familiale : comment inventer de nouveaux modèles de croissance ? ». Au programme des festivités, de longues soirées d’échanges, autour d’un buffet, puis d’un verre de whisky tardif (très tardif pour certains), dans un cadre agréable mais sans prétention. « Nous avons rencontré des modèles d’entreprises très différents, mais constaté que nos valeurs étaient communes, conclue Bertrand Lajugie, qui est sorti du séminaire conforté dans ses choix. Un actionnariat familial très dispersé peut constituer une force pour l’entreprise, à condition que la structuration juridique repose sur de bons principes et que la famille ne soit pas un frein au développement de l’entreprise. » Chez d’autres, la réflexion est moins avancée. « Certains jeunes découvrent que leur cas n’est pas unique. S’ils ne repartent pas avec toutes les réponses, ils ont au moins des pistes pour avancer », résume Christophe Saubiez. Fort du succès de la rencontre, rendezvous est déjà pris pour l’année prochaine. — Cécile Desjardins - Récylum : RCS Paris B 482 323 946 Choisissez une solution simple pour recycler les lampes de votre entreprise. Avec le optez pour la sérénité : votre distributeur en fournitures de bureau, partenaire de Récylum, s’occupe de tout, de la livraison à la reprise de votre Lumibox® pleine. C’est simple, éco-responsable et conforme à la réglementation. Pour recevoir votre Lumibox® : www.recylum.com/service-lumibox 34 // ENTREPRENEUR Mercredi 5 mars 2014 Les Echos ANALYSE // Devant l’incapacité des banques, contraintes par un nouveau cadre réglementaire, à financer des projets de moyen et long terme, les entreprises de taille intermédiaire se tournent vers d’autres solutions. Financement : l’ère de la désintermédiation C ’e s t u n e é v i d e n c e q u i s’imp ose désormais à tous les chefs d’entreprise : les banques ne prêteront plus. Quand la reprise s’annoncera, et avec elle le retour aux investissements, il faudra trouver d’autres sources de financement. « En raison de leurs nouvelles contraintes réglementaires, les banques devraient être moins en mesure de financer à long terme, même les meilleurs projets. Elles doivent dès aujourd’hui mener une réflexion sur la structure, les produits et les maturités de leurs financements, devenus stratégiques », juge Emmanuel Gadret, associé responsable régions chez Deloitte. « La crise a montré qu’il était risqué d’être dépendant d’un ou deux partenaires bancaires traditionnels », confirme Alexandra Krief, responsable des évaluations « mid-market » chez Standard & Poor’s. Au cœur du problème ? Les financements à moyen et long termes, c’est-à-dire supérieurs à s i x a n s . Ave c u n p a r a d oxe terrible : « Plus grand sera le financement, plus il sera facile à o b t e n i r… , r é s u m e N a d i n e Veldung, associé gérant chez Oddo Corporate Finance. Les investisseurs jugent que les petits financements manquent de liquidité, et les frais d’étude, de structure, etc. sont identiques quelle que soit la taille du financement. » Audelà de 200 millions d’euros, le marché obligataire est actuellement une solution attractive. « Les investisseurs se bousculent sur ces montants de dette, que fonds prend alors des airs de c a m p a g n e m a r ke t i n g g r a n d public, ce qui peut constituer un avantage pour les entreprises qui ont la même cible commerciale. Les groupes immobiliers Capelli ou Réalités ont ainsi respectivement levé 15 et 7 millions d’euros (en décembre 2012 et juin 2013). Mais, outre les contraintes liées au visa de l’AMF, ces opérations comportent un risque « d’exécution ». « Il y a – jusqu’au dernier moment – un risque que l’opération ne se fasse pas car le marché n’est jamais garanti… », juge Nadine Veldung. De quoi expliquer leur relatif échec : il n’y a eu en tout et pour tout que 4 IBO en deux ans. La grande majorité des entreprises françaises mise sur le développement des Euro PP… 10 investisseurs professionnels (d e t y p e a s s u r e u r s o u f o n d s d’investissement) s’engagent – en amont et dans une négociation de gré à gré – à financer l’entreprise, sous forme d’obligations ou de prêt. l’entreprise soit de qualité “investissement grade” ou inférieure », estime Nadine Veldung. De fait, le marché de la dette « high yield » (entreprises notées BB ou moins) se porte très bien : fin janvier, le spécialiste des pièces automobiles Autodistribution (1,2 milliard de chiffre d’affaires) y a par exemple levé 240 millions d’euros sur cinq ans au taux de 6,5 %. Pour un financement moins élevé, mieux vaut se tourner vers les placements privés : entre 3 et « Des financements plus flexibles » Il en existe trois principaux types. Les USPP, tout d’abord. « Très mature, le marché américain des USPP permet d’obtenir des finan- Une charte pour accélérer le développement des placements privés C’est sous le nom de Charte de l’Euro PP que trois associations professionnelles, l’Afte (des trésoriers d’entreprise), l’Af2i (des investisseurs institutionnels) et l’Amafi (marchés financiers) ont publié mi-février leurs recommandations pour de « bonnes pratiques sur le marché des Euro PP ». Le texte propose un « cadre de relations » entre émetteurs et investisseurs, ainsi que des modèles juridiques types pour ces opérations, ce qui devrait permettre à ces financements d’être plus facilement et plus rapidement montés. « Les lignes de conduite que nous avons posées devraient permettre de mettre en place un tel financement en une dizaine de semaines », estime Hervé Labbé, directeur de la salle des marchés et des études macroéconomiques du groupe Orange et représentant de l’Afte au sein du groupe de travail qui a établi cette charte. Toutefois, le cadre ne se veut pas trop rigide. « Il faut, pour le moment, laisser la place à la négociation entre acteurs : d’une entreprise à l’autre, les situations sont trop différentes », ajoute Hervé Labbé. Au t a n t d i r e q u e l a g r a n d e majorité des entreprises françaises mise aujourd’hui sur le développement plus récent des Euro PP, marché sur lequel les ETI ont déjà levé quelque 7 milliards d’euros entre 2012 et 2013. Ses avantages ? « Les financements sont plus flexibles et peuvent prendre la forme de prêts ou d’obligations, cotées ou non. Ils sont accessibles dès 10 millions d’euros sur cinq, sept, voire dix ans », explique Alexandra Krief. Certains tablent sur quelque 10 milliards de financements Euro PP par an, grâce notamment à un changement réglementaire inter venu l’été dernier et qui devrait permettre aux assureurs français d’accroître leur mise sur ce marché. Surtout, émetteurs et investisseurs viennent de se mettre d’accord sur un « cadre de référence » qui devrait faciliter le développement de ces financements (voir ci-contre). Au-dessous de 10 ou 15 millions d’euros ? Les entreprises peuvent se tourner vers les particuliers et leur proposer des obligations à travers un IBO (pour « initial bond offering »). La levée de cements essentiellement obligataires, auprès d’investisseurs qualifiés, d’un montant minimal de 50 millions d’euros, sur cinq à quinze ans », explique Alexandra Dimitrijevic, responsable de la notation des entreprises en Europe chez Standard & Poor’s. Si des entreprises comme B onduelle ou plus récemment Neopost ont régulièrement fait appel à c e m a r c h é , i l n’e s t p a s forcément facile d’accès. « La documentation est importante et doit correspondre aux formats américains, avec notamment l’établissement des comptes selon les normes IFRS. C’est donc un mode de financement réservé aux entreprises qui ont une activité importante en dollars ou qui bénéficient d’une bonne notoriété sur le marché américain », ajoute Alexandra Dimitrijevic. Seconde solution, le marché allemand, dit des « Schuldschein », essentiellement constitué de prêts. « Il offre des financements de trois à sept ans, dès 25 millions d’euros », précise Alexandra Krief. Mais, là aussi, mieux vaut avoir une activité – et une réputation – sur le marché allemand. … Marché sur lequel les ETI ont déjà levé quelque 7 milliards d’euros entre 2012 et 2013. Reste alors la solution des fonds communs de placement obligataire, de t yp e Novo ou Micado. Si le premier peut apporter jusqu’à une cinquantaine de millions d’euros par opération, le second vise plutôt entre 5 et 10 millions d’euros. Mais encore faut-il répondre aux critères fixés par ces structures : s’afficher « entreprise de croissance » est indispensable pour séduire Novo (qui a récemment participé au placement privé réalisé par le groupe MK2). Micado, de son côté, cible les « ETI françaises cotées mais non notées », ce qui a permis à VM Matériaux d’émettre fin décembre un emprunt obligataire de 3,8 millions d’euros (à taux fixe de 6 % et remboursables in fine en décembre 2019). Chacun peut donc finir par trouver chaussure à son pied… même si les petites pointures sont plus rares. — Cécile Desjardins IBO : Réalités, 7 millions d’euros à 9 % sur six ans USPP : Neopost emprunte 50 millions de dollars sur six ans Spécialisé dans l’immobilier neuf, le groupe Réalités a mené en juin 2013 la plus récente « initial bond offering » (IBO) réalisée en France. C’était aussi la première à concerner une société non cotée. L’entreprise, qui visait 10 millions d’euros, en a finalement obtenu un peu plus de 7, à travers l’émission de 72.805 obligations au prix unitaire de 100 euros, à destination d’investisseurs particuliers ou institutionnels. Ces titres sont cotés sur le marché Alternext de Nyse Euronext à Paris, leurs intérêts étant versés semestriellement, en juillet et en janvier, depuis janvier dernier. Créé en 2003, le groupe a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 42 millions d’euros. C’est en complétant un placement privé de 175 millions de dollars, mis en place en juin 2012, que le groupe de traitement de courrier Neopost a levé fin janvier 50 millions de dollars. Conclu en octobre 2013, au taux variable de Libor 3 mois + 1,75 %, le financement a pris la forme d’une dette senior non garantie auprès d’un investisseur unique. La mise à disposition des fonds a été réalisée le 23 janvier. Le directeur financier de Neopost, Jean-François Labadie, a jugé que, « avec cette nouvelle tranche complétant notre placement privé, nous continuons à profiter des opportunités qu’offre le marché américain pour obtenir un nouveau financement dans de très bonnes conditions ». Neopost, coté au SBF 120, a affiché un chiffre d’affaires de 1,07 milliard d’euros en 2012, pour un endettement de quelque 800 millions à fin juillet 2013. Altrad Groupe Realités Jean-François Labadie/Photo DR Trois exemples récents de financements alternatifs Euro PP : Altrad obtient 100 millions d’euros auprès de 3 investisseurs Numéro un européen des échafaudages, le groupe Altrad a émis, en octobre 2013, 100 millions d’euros d’obligations par le biais d’un placement privé Euro PP, avec une maturité de 7 ans et pour un coupon de 4,4 %. Trois investisseurs – Natixis Assurances, le fonds Novo et Amundi – se sont engagés dans le financement de l’entreprise, qui devrait cette année dépasser les 700 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le groupe, qui a ouvert son capital à hauteur de 25 % au FSI en 2011, souhaitait ainsi diversifier ses sources de financement, jusqu’à présent exclusivement bancaires. ENTREPRENEUR // 35 Les Echos Mercredi 5 mars 2014 STRATÉGIE // Partir à l’étranger est un facteur d’accélération de croissance. Les ETI réalisent un tiers des exportations françaises. Mais certaines manquent d’ambition. Au-delà des clichés Etre plusconquérant à l’international LA CHRONIQUE de Philippe Bloch Yves Vilagines [email protected] a q u e s t i o n n ’e s t p a s : « Combien de divisions ? ». Près de 90 % des ETI sont exportatrices, soit 4.100 en 2013, selon le dernier comptage des Douanes. La question est plutôt celle de l’intensité, de la détermination, de l’ambition et de la stratégie. « Beaucoup de PME de viennent des ETI avec l’international », assure Arnaud Leurent, consultant en organisation et stratégie. De même, un bon nombre deviennent de grandes entreprises en intensifiant leur présence partout dans le monde. L Volot regrette cependant que trop d’entreprises françaises subissent l’international faute de stratégies de conquête. Au Medef, il a été l’artisan d’un plan pour y remédier. Baptisé Stratexio, il doit permettre aux 18.000 entreprises qui réalisent de 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires à l’export d’aller encore plus loin. « Il s’agit de passer de l’état de sur vie à l’état de conquête », assure Jean-Claude Volot. Olivier Dhonte est le fondateur et président de Viseo, société de solutions de gestion informatiques. Au début, pour suivre ses clients à l’étranger, l’entreprise dépê- L’export, un premier pas L’ancien vice-président du Medef Jean-Claude Volot décrit le parcours classique : « Au-delà de 100 personnes, une volonté concomitante d’innovation et d’international émerge. » Le patron de la PME toulousaine Dedienne Aerospace détaille les trois volets de l’international : les achats, l’export et l’implantation. « Le “sourcing” de fournisseurs est un premier pas nécessaire, un bon moyen de se frotter aux procédures de dédouanement par exemple. » Puis vient l’export, souvent à la demande de clients, par opportunisme, voire l’implantation par nécessité dans des pays à bas coûts, poussée par les donneurs d’ordre. Ainsi, lorsque à la fin des années 1980, Plastivaloire investit dans une première usine en Pologne, c’est pour ne pas perdre le marché des façades plastiques de petits téléviseurs dont son client Philips délocalisait la production. Le patron Patrick Findeling a suivi. Aujourd’hui, la moitié des 24 usines du groupe de plasturgie sont situées à l’étranger. Mais, une fois implantée, l’entreprise en profite pour « grapiller » des clients. Jean-Claude 32 % DES EXPORTATIONS (EN VALEUR) Les ETI exportatrices sont 4.100 selon les Douanes et réalisent un tiers des exportations françaises. En comparaison, les 360 grandes entreprises exportatrices ont réalisé 40 % des exportations l’an dernier. ` SUR LE WEB Bâtir une stratégie •à l’international, les conseils d’Arnaud Leurent sur lesechos.fr Chine : l’expérience de Moret industries et les conseils de Dominique Jolly sur lesechos.fr Elizabeth Ducottet portera le flambeau des ETI françaises sur lesechos.fr • • chait quelques expatriés. Par la suite, elle a créé des filiales locales, par exemple aux Etats-Unis en 2005 pour accompagner L’Oréal. En parallèle, Viseo a créé une filiale de développement informatique au Maroc pour réduire ses coûts. Là où elle est présente, Viseo souhaite maintenant s’attaquer au marché local. « Nous avons un savoir-faire, des références, une équipe, une organisation, pourquoi ne pas avoir une stratégie plus agressive ? » reconnaît Olivier Dhonte. Répliquer les succès Passer de quelques clients locaux à l’ouverture d’un nouveau pays est une autre frontière à franchir. Et le plus souvent par croissance externe. Les ETI sont les mieux armées : un savoir-faire ou un produit éprouvé, et une surface financière suffisante. Le consultant Arnaud Leurent recommande de faire preuve de méthodologie pour répliquer le succès. A l’image de Solutions30, société d ’a s s i s t a n c e à l ’ i n s t a l l a t i o n d’équipements technologiques. Après avoir analysé son succès en France, le fondateur Gianeppi Fortis a cherché « des marchés avec la même structure pour faire un copier-coller ». L’entreprise de 95 millions d’euros de chiffre d’affaires est aujourd’hui implantée en Italie, au Benelux et en Allemagne. La dernière étape est celle de la globalisation, illustrée par ce que Gabriel Attias, asso cié chez Deloitte appelle « la stratégie des pays à rebond ». Force est de constater que conquérir l’Afrique depuis la France avec une structure de coûts européens est illusoire. Gabriel Attias recommande d’investir d’ab ord au Maroc puis de s’en servir comme plate-forme de conquête sur le continent. Et ainsi du Vietnam pour l’Asie ou de l’Argentine pour l’Amérique latine. n ’il est un cliché qui colle trop souvent à la peau des entrepreneurs français, c’est bien celui du malin plaisir que prendraient certains à se séparer de leurs collaborateurs à la moindre occasion ou à manquer d’ambition quant à la croissance de leur entreprise. Au prétexte que la dictature du court terme pousse parfois les dirigeants de grands groupes à tailler dans leurs effectifs pour satisfaire l’appétit insatiable des analystes financiers et faire monter leur cours de bourse, tous ne seraient que de cyniques personnages motivés par le seul profit financier. Et parce que la France manque cruellement d’ETI si on la compare à l’Allemagne, ils ne seraient que des petits joueurs incapables de se hisser un jour dans la cour des grands. C’est oublier un peu vite la nature même de l’esprit d’entreprise, qui consiste à décider un jour qu’un projet forcément fou mérite d’être vécu et surtout partagé avec une équipe d’hommes et de femmes prêts à conquérir le monde à nos côtés. S Meralliance est spécialisé dans les poissons fumés. Photo DR Meralliancesécurise safilière saumon àl’étranger et en France Franco-française jusqu’en 2008, l’entreprise bretonne a élargi sa gamme et ses bases, grâce à ses usines en Pologne et en Ecosse. En 1993, lorsque Gilles Charpentier reprend Meralliance, l’entreprise spécialiste des poissons fumés, créée vingt-deux ans plus tôt à Quimper, perd le quart de son chiffre d’affaires de 18 millions d’euros. Recentrée sur les m a r q u e s d e d i s t r i b u t e u r, l a société retrouve la forme, mais reste cantonnée à la France, ayant juste, depuis 2001, un acheteur en Norvège, haut lieu de l’élevage de saumons. La véritable première incursion à l’international est en Pologne, où l’entreprise sous-traitait déjà sa gamme premier prix. Meralliance y rachète une usine en 2008, qui aujourd’hui emploie 170 personnes et conditionne 2.500 tonnes de poissons pour la France, le Benelux et l’Allemagne. Puis Meralliance investit en Ecosse, autre haut lieu de production, dans une usine plus haut de gamme et pour y servir surtout le marché britannique. « Ma stratégie est de remonter vers la matière première, de créer une filière. Car nous sommes pris entre des producteurs très concentrés en Norvège et des distributeurs eux aussi très puissants », avoue Gilles Charpentier, le patron de Meralliance, qui emploie 950 salariés et réalise 155 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour sécuriser l’accès à la ressource, l’entreprise va investir dans une ferme d’élevage de saumons en Bretagne. Elle renforcera sa stratégie export hors d’Europe depuis sa base britannique pour exporter du saumon d’Ecosse. — Yv. V. Retrouvez l’intégralité de cette chronique sur lesechos.fr ATTIRER LES MEILLEURS TALENTS POUR L’ INTERNATIONAL, C’EST L’EFFET UBIFRANCE. Atalianpart àlaconquête de deux nouveaux marchés chaque année Après avoir investi en Europe, l’entreprise toulousaine de « facility management » aborde la Thaïlande et l’Indonésie. Une stratégie rodée La stratégie d’abordage puis de développement est rodée. La Turquie est un cas d’école. L’implantation date de 2012 avec le rachat d’une société de nettoyage de Etudes & conseils Prospection Communication UBIFRANCE vous met en relation avec le Volontaire International en Entreprise* adapté à votre projet : • vous accédez à un vivier actif de candidats formés, motivés et multilingues • notre service matching** peut pré-sélectionner ou rechercher un profil rare Plus de 8 OOO V.I.E contribuent actuellement au succès des entreprises françaises dans 13O pays. Franck Julien, petit fils du fondateur et actuel président du directoire d’Atalian, privilégie la croissance externe. Photo DR 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le mois dernier, Atalian a acquis une entreprise de maintenance technique de 13 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et le groupe a déjà en ligne de mire une cible dans la sécurité. Après la Turquie, les prochains pays d’implantation sont l’Indonésie et la Thaïlande. « En Europe, nous concentrons nos positions, mais nous ne créons plus de points d’implantation. Nous misons sur le très grand export où la croissance est plus forte et les taux de rentabilité meilleurs. Notre objectif est de tripler notre chiffre d’affaires à l’international d’ici à trois ans avec l’implantation dans deux nouveaux pays chaque année », assure Franck Julien. Pour tenir cet engagement, l’entreprise dispose d’une cellule interne audit et acquisitions chargée de répérer les cibles et de faire les premières approches. Les décisions de prises de participation sont, elles, du ressort d’un comité d’investissement où siègent tous les patrons de divisions du groupe. — Yv. V . Pour toute information : [email protected] ou 0 810 659 659 COÛT D’UN D'APPEL LOCAL L’Agence française pour le développement international des entreprises * Décision n° 16 du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi... « Faire progresser le nombre de VIE de 25% en 3 ans »... **rapprochement entreprise / candidat. Au rythme actuel, Atalian ne sera bientôt plus une ETI : le chiffre d’affaires atteint 1,3 milliard d’euros, dont 200 millions réalisés à l’international dans 16 pays, e t l ’e f f e c t i f d é p a s s e l e s 65.000 salariés, dont 22.000 à l’étranger… Créée en 1944 par Paul Julien sous le nom de TFN, l ’e n t r e p r i s e a p r o c é d é à 200 acquisitions en vingt ans, surtout en France, et fait ses premiers pas à l’étranger il y a six ans, pour suivre ses clients, en créant des filiales en Espagne (revendue depuis), en Slovaquie et en République tchèque. « Créer ex nihilo prend trop de temps, explique Franck Julien, petit-fils du fondateur et actuel président du directoire. Désormais, on privilégie la croissance externe. On recherche un entrepreneur, souvent du nettoyage, qu’on rachète à 51 % et puis, petit à petit, on consolide nos positions. »